Mon ironie fait mouche, une fois de plus. Elle tente tellement de se persuader qu'elle est une bonne personne, malgré ses erreurs, malgré sa dangerosité, sa nocivité. Elle sait, pourtant, qu'elle n'est pas vraiment une héroïne dans cette histoire. Mais elle m'affirme qu'elle ne tue pas d'innocents, tout en semblant m'accuser de le faire. Alors qu'elle se penche vers moi pour me le dire, je me penche aussi, dans la latitude que me permettent les menottes, et rétorque avec conviction :
« Moi non plus. »
Aucun mutant n'est innocent. La majorité d'entre eux a provoqué des dégâts terribles, voire mortels, à l'apparition de leurs "pouvoirs". Beaucoup ont tué, peut-être sans le vouloir. Et ils sont tous impliqués dans la mise en danger du monde. Ceux qui s'estiment inoffensifs donneront plus tard naissance à d'autres monstres qui précipiteront l'humanité à sa perte. Tout cela, j'en suis convaincu depuis mon enfance. Mais comme je l'ai déjà dit à l'agente, il est inutile que j'essaie de lui faire comprendre mon opinion.
Elle pense que ma haine est due au fait que je suis un mutant. C'est là qu'elle fait erreur. Je n'en suis pas un. La confusion est logique, elle m'a vu utiliser mes capacités spéciales. Mais elle n'a aucune idée de qui je suis réellement, des sacrifices que j'ai dû faire pour en arriver là. Et encore une fois, je ne compte pas le lui expliquer. Mais son sourire narquois et son analyse parfaitement fausse m'arrachent un rire moqueur.
« Vous ne comprenez vraiment rien ! Cessez de jouer les profiler, vous êtes ridicule. Retournez donc sur le terrain tuer des non innocents avec votre gros flingue, en bonne américaine que vous êtes. »
Elle se lève. Passe derrière moi. Qu'est-ce qu'elle manigance ? Le miroir en face de moi ne me permet de voir que le haut de son corps, le reste étant caché par le mien. Je serre les poings, me crispe à nouveau. Est-ce qu'elle va poser ses sales pattes sur moi ? Non, elle ne me touche pas. Mais je sens une étrange chaleur au niveau de mes cotes, puis plus rien. Plus de gêne, plus de douleur. Elle vient de me soigner ?? Elle a... utilisé ses pouvoirs de mutante sur moi ?? Quelle horreur. Mes sourcils se froncent d'incompréhension, ma bouche se tord en un rictus consterné.
Elle ne fait aucun commentaire sur cet acte que je ne comprends pas et qui m'écœure au plus haut point. Elle revient devant moi, avant de finalement se diriger vers la porte de la salle. Ca y est, elle va passer le relais à quelqu'un qui ne se contentera pas de bavasser. Elle attend une réaction, une parole de ma part. Je ne dis rien. Je sers les dents. Je n'éprouve à son égard qu'antipathie et mépris.
Je suis prêt à endurer la torture. Je ne me fais pas d'illusion, ils finiront par m'arracher les informations qu'ils veulent avoir. Mais je compte bien leur donner du fil à retordre. Ils devront se salir les mains. Je n'ai en réalité aucune idée de la lente descente aux enfers que je m'apprête à vivre au cours des prochaines semaines…
Le 30 septembre 2024, Héliport du S.H.I.E.L.D, Salle d’interrogatoire numero 1
Emy ne pouvait pas faire plus que ce qu’elle avait fait jusqu’à maintenant. Elle ne savait pas qu’elle pouvait avoir un controle si grand sur ses propres émotions. Au moins, elle se rassurait avec cet interragoire. Parce qu’elle avait toujours pensé qu’elle aurait sauter à la gorge de Joshua en le voyant. Il avait causé tellement de dommages pendant la mission... Elle s’en était sortie sans trop de mal. Un bras brulé... Ce n’était rien contrairement à Aemon et Rocket... La jeune femme serra les poings pour ne pas faire jaillir la colère qui la menaçait. Non, il fallait qu’elle garde son sang froid. Elle n’était pas là pour donner les coups, elle était là pour essayer de d’éviter tout ça. Mais il semblerait que les choses ne se passent pas toujours comme l’on le voulait. Emy était passée derrière Joshua pendant qu’elle parlait et elle avait utilisé son pouvoir contre lui... enfin, pour lui. Le libérer dans la douleur donc il souffrait.
Sa réaction ne se fit pas attendre. Il était dégouté, elle le voyait. Mais ce n’était pas grave. De toute façon, il allait avoir besoin de toute sa force pour résister aux gars qui allaient venir prendre le relais. Elle se dirigea vers la porte avant de lui dire qu’ils étaient dans une impasse et que ses collègues allaient sans doute être plus persuasif qu’elle. Elle avait laissé passé quelques secondes avant de tourner la poignée et de lancer :
“J’ai retiré la douleur de vos cotes... pour que vous profitiez un peu plus des prochaines douleurs. Mes collègues viendront vous chercher dans quelques instants”
Quelques instants... sans doute quelques heures pour le laisser poirauter pendant des heures... mais elle se dit qu’elle n’avait pas à le dire. Emy passa la porte et la referma. Elle venait d’échouer sur cette mission, mais elle savait que les autres allaient avoir des résultats... Elle l’espérait. En attendant, elle allait rentrer chez elle. Sa mission était terminée.
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