Les chiens étaient donc plus grands quand ils étaient dans de plus grands espaces. Grands et costauds. Le Slime ne savait pas que les chiens pouvaient avoir une utilité telle que protéger quelque chose ou quelqu'un. Il avait toujours cru que les humains adoptaient des animaux pour leur tenir compagnie, ce qui en soit était étrange puisque les humains ne comprenaient pas les animaux et inversement. Même si des fois, les humains agissaient comme s'ils comprenaient les animaux. Le Slime avait cru, à un moment, que c'était le cas, mais on lui avait expliqué que non, les humains faisaient juste semblant ou devinaient en observant l'attitude.
Le Slime avait essayé par le passé mais les animaux avaient tendance à le fuir quand il s'approchait trop d'eux, sans qu'il sache vraiment pourquoi. Il n'avait donc pas eu le loisir de les observer de près vivants. Et puis, ils ne l'intéressaient pas autant que les humains. Mais il restait curieux de la relation que les humains entretenaient avec les animaux. Ils cajolaient certains, en chassaient d'autres, en mangeaient encore d'autres, c'était difficile de savoir comment agir devant un animal pour passer pour un humain.
L'humaine, en tout cas, semblait avoir de l'affection pour les chiens. Le Slime se demanda ce qu'elle entendait par "les chiens peuvent être dangereux", mais cette question était bien moindre dans sa tête que la raison pour laquelle elle n'avait pas de chien actuellement. Et surtout, devait-il la protéger ou jouer avec elle ? C'était encore plus difficile maintenant qu'il savait que les chiens pouvaient changer de rôle. Mais ils n'étaient pas dans une ferme, donc ce devait être un chien pour jouer qu'elle voulait.
"Mmmh, et vous n'avez pas trouvé de chien ? Il y a plein de chiens en ville, ça doit être facile d'en trouver un, non ?"
Il était impensable pour le Slime d'acheter un animal. S'il était certes familier des concepts de monnaie qu'utilisait les humains, il l'avait toujours utilisé pour acheter quelque chose qui n'était pas vivant. Donc l'idée d'acheter un être vivant lui était inconnu, donc sa définition de "trouver un chien" consistait à en trouver un qui n'était avec personne. Ce qui laissait un choix assez énorme.
Donner des explications sur la vie à la campagne était une bonne façon de Laura de se rappeler qu’elle avait vécu une belle partie de sa vie à sa ferme. Elle avait toujours aimé la liberté. Bien sûr, elle avait toujours vécu avec la peur au ventre car elle avait fait partie du S.H.I.E.L.D, que son mari faisait toujours parti de l’organisation et qu’elle n’était pas à l’abri de subir une attaque quelconque si on trouvait des informations dans les dossiers du S.H.I.E.L.D. Sa famille et elle avait eu de la chance pendant des années, mais ils avaient du fuir la ferme lorsque la Sorcière Sombre s’en était prise à Clint. Laura avait eu peur pendant des semaines, n’ayant pas eu de nouvelles pendant des semaines… Et maintenant, ils apprenaient à vivre dans la ville de New-York, avec leurs voisins. Bien sûr, cela changeait de la vie à la campagne, mais ce n’était pas un soucis pour Laura qui s’adaptait très bien. Les enfants avaient aussi une de ces capacités à s’adapter même si elle se doutait que ce n’était pas facile pour les trois…
Avec le jeune homme, ils parlèrent des animaux de compagnie, des animaux de la ferme et des chiens. Laura avait prit le temps de répondre aux questions du jeune homme qui semblait en avoir beaucoup en tête encore. Il lui posa alors une autre question, lui demandant pourquoi elle n’avait pas trouver de chien, lui trouvant qu’il en avait plein en ville, que c’était facile d’en trouver un. La jeune femme eut un petit sourire et lui répondit :
« Effectivement, il y a beaucoup de chiens dans la ville, mais certains appartiennent à des personnes et d’autres ne devraient pas être dans la rue. Certains ont été abandonné, si je m’écoutais, j’adopterais tous les animaux qui sont abandonné… Mais je n’ai pas encore réfléchi à reprendre un chien dans la nouvelle maison. Je ne sais pas si les enfants seraient contents d’avoir un autre chien… Ils ont été très affecté par la perte de leur premier chien… »
En fait, ils n’avaient pas pu l’emmener avec eux. Elle avait trouvé une personne pour s’occuper de lui, mais ce n’avait pas été de gaité de coeur… Laura décida de ne changer légèrement de sujet avant de demander au jeune homme :
« Vous semblez être très intéressé par les chiens… Vous n’en avez jamais eu ? »
Certains animaux étaient abandonnés ? Par quoi ? Par qui ? Le Slime savait que les humains domestiquaient les animaux, et savait que tous n'étaient pas domestiqués, mais il ne comprenait pas pourquoi les humains se donnaient tant de peine pour finalement abandonner leurs animaux. C'était étrange. En tout cas, cette humaine ne voulait pas les abandonné, et ses enfants non plus. Le Slime avait appris que les enfants n'étaient pas des humains miniatures, mais des humains encore incomplets, et que les humains plus complets veillaient sur eux jusqu'à ce qu'ils le soient.
C'était assez surprenant comme il lui semblait tout comprendre auprès de cette humaine, presque aussi bien qu'avec l'humaine du restaurant, qui avait aussi pris beaucoup de temps pour lui expliquer les choses. Et il comprenait beaucoup mieux qu'avec la dernière humaine avec qui il avait parlé, qui était sûrement l'humaine la plus compliquée qu'il n'eut jamais rencontrée. L'humaine lui demanda s'il avait déjà eu un animal. Le Slime ne savait pas domestiquer, et il avait un certain handicap de ce côté, dont il fit part à l'humaine :
"C'est difficile pour d'approcher les animaux. La plupart me fuient dès qu'ils sont trop près de moi. Je dois être très discret si je veux pouvoir en approcher un."
Et par approcher un, il voulait dire pour le manger. Depuis le temps que le Slime chassait dans New York, les animaux de la ville et de ses environs avaient appris à se méfier de l'odeur subtile d'humidité saline que dégageait la créature, si bien qu'une fois, le Slime avait provoqué un véritable chaos en s'infiltrant par erreur dans un chenil. Les aboiements par centaines avaient fini par le faire fuir pour aller dans un endroit plus calme.
Laura prenait le temps d’expliquer les choses au jeune homme. Elle avait tout son temps devant elle et surtout, elle se rendait compte que le brun avait vraiment besoin de ses explications. Est-ce qu’il venait d’une autre planète ? Sans doute parce qu’il était émerveillé par tout ce qu’il voyait et surtout, il était curieux d’avoir des explications. Avec son passé d’agent de liaison du S.H.I.E.L.D, Laura savait qu’il existait plusieurs espèces d’êtres qui venaient sur Terre et aussi des mutants, même si ces derniers étaient plus difficiles à reconnaitre puisque c’était des humains à part entière. Elle n’avait pas peur de rencontrer de nouvelles créatures, au contraire, elle trouvait que c’était merveilleux de pouvoir apprendre à connaitre d’autres cultures, comme lorsqu’elle pouvait encore voyager dans d’autres pays.
Laura parlait des animaux depuis un moment avant de demander au jeune homme s’il avait déjà eu des animaux. Ce dernier lui dit alors qu’il était difficile d’approcher les animaux parce que la plupart le fuyaient lorsqu’ils étaient trop proche de lui et il devait être très discret pour en approcher un. Laura pencha légèrement la tête avant de dire :
« Certains animaux ressentent la peur ou l’anxiété que l’on dégage… Peut-être que vous dégagez quelque chose qui les perturbe… Je veux dire, je sais que certaines personnes ne sont pas très amis avec les animaux parce qu’ils ont peur. Le jour où on n’a plus peur, les choses se passent bien. »
Laura était loin de savoir que c’était parce que le jeune homme mangeait les animaux… Bon, elle ne serait pas plus choqué que cela s’il le lui disait, parce que c’était sa manière de se nourrir, mais dans un autre sens, elle ne serait pas non plus rassurer de se trouver à ses cotés s’il y avait des animaux dans le coin… Elle se dit alors que si elle ne posait pas les questions, elle ne serait pas alors elle demanda :
« Je peux vous poser une question ? Vous n’êtes pas obligé de répondre bien sûr »
Le jeune homme leva la tête vers le ciel en réfléchissant à ce que l'humaine venait de dire sur les animaux. La peur ? Pourtant, le Slime n'avait pas peur des animaux. À part des araignées, qui lui fichaient une frousse incontrôlable, aucun animal ne l'avait jamais effrayé. Il se mit à caresser sa barbe naissante, un geste que le Slime reproduisait de ce qu'il avait observé des humains, et qu'il adoptait désormais quand il réfléchissait sous cette forme. Ce qu'il n'avait pas reproduit, en revanche, c'était le comportement qu'aurait du avoir son menton en le faisant : au lieu de rester statique comme tout mâchoire correctement constituée, l'extrémité de son menton se déforma légèrement sous la pression de ses mains, comme le ferait un caoutchouc qu'on presse avant de le relâcher.
La réflexion du Slime fut coupée par une nouvelle question de l'humaine, qui apportait un élément étrange : elle voulait lui poser une question mais il n'était pas obligé de répondre. Pourquoi ? Une question devait avoir une réponse, non ? Les humains posaient-ils des questions en s'attendant à ne pas avoir de réponse ? C'était vraiment étrange.
"Vous pouvez me poser une question si vous voulez", répondit-il d'un air presque interrogateur, "je ne vois pas pourquoi je n'y répondrais pas."
Laura prenait le temps de répondre aux questions du jeune homme, mais elle avait aussi beaucoup de questions qui lui venaient en tête. Parce qu’elle se rendait bien compte qu’il n’était pas de ce monde. Enfin, du moins pas de cette galaxie. Le fait qu’il pose beaucoup de questions concernant les animaux étaient déjà un indice. L’ancienne agent de liaison au S.H.I.E.L.D sentit son esprit interrogatif prendre le dessus. Les habitudes avaient la vie dure. Laura regarda le jeune homme se perdre dans ses pensées, pensif. Il venait de passer une main contre sa barbe naissance et pendant un instant, Laura eut l’impression que son menton était fait de caoutchouc… C’était vraiment bizarre, mais elle se dit qu’elle avait peut-être rêver. Ou pas. Elle lui demanda alors si elle pouvait lui poser une question et surtout, il n’était pas obligé de répondre. Il semblerait que le fait qu’elle lui dise qu’il n’était pas obligé de répondre le perturba un instant. Il lui dit qu’elle pouvait poser sa question et qu’il n’avait aucune raison de ne pas répondre. Laura eut un petit sourire.
«Vous n’êtes pas obligé de répondre parce que la question pourra vous paraitre déplacer… Enfin, c’est ce que l’on dit lorsqu’on n’est pas certain que la question plaise. Oui, nous pouvons poser des questions, mais parfois certaines mettent les gens mal à l’aise et ils préfèrent ne pas répondre. C’est pour cela que je vous dis cela. »
Elle regarda son appareil photo avant de regarder de nouveau le jeune homme et lui poser sa question :
« Avec toutes vos questions, je viens à penser que vous n’êtes pas de notre monde… Je me trompe ? »
Ce n'était pas la première fois qu'un humain demandait au Slime s'il venait d'un autre monde. Cette idée lui avait toujours semblé absurde, mais il se souvenait que l'humaine du restaurant, qui lui avait posé cette même question, lui avait expliqué qu'il y avait des "extracteurs-aistres", des êtres qui venaient d'autres planètes. La question paraissait alors moins bizarre à ses yeux. Mais il n'était pas d'un autre monde, il était terrien, simplement pas humain. Mais ça, il ne voulait pas l'avouer. Il voulait passer pour un humain.
Et de ce côté, l'humaine du restaurant lui avait involontairement appris autre chose de terriblement efficace pour faire croire qu'il était humain : le mensonge. Il ne le maîtrisait pas vraiment, mais ça avait l'air de fonctionner quand on donnait aux humains une explication satisfaisante à sa curiosité et aux choses qu'il ne comprenait pas. Et pour ça, il décida de reprendre ce que la femme du restaurant avait d'abord essayé de deviner.
"Oh, je vois. Non non, je suis bien de la Terre, mais j'ai vécu longtemps tout seul assez longtemps, loin de la ville vous voyez."
Il espérait franchement qu'elle voyait, parce que ce n'était pas son cas. Loin de la ville et tout seul, il ignorait simplement de quoi il pouvait s'agir, mais c'était apparemment une excuse suffisante pour justifier son ignorance. Il ignorait aussi que si ses mensonges fonctionnaient souvent, ce n'était pas à cause de leur crédibilité, mais parce qu'il ne reproduisait pas le langage corporel de quelqu'un qui ment. On pouvait donc aisément croire qu'il disait la vérité. Tant qu'il ne disait rien d'abracadabrant.
Laura avait décidé de poser la question afin de savoir s’il ne venait pas d’un autre monde. Au cours des années qui s’étaient écoulées, la jeune femme savait qu’ils n’étaient pas les seuls sur cette planète. Ce n’était plus un secret pour personne maintenant. Il y avait les supers héros, il y avait les méchants, il y avait des êtres d’un autre monde… Elle se doutait bien que le jeune homme devant elle n’était pas de ce monde, enfin, c’est ce qu’elle pensait. Mais il semblerait que parfois, elle se trompait. Son instinct n’était plus ce qu’il était visiblement… Il avait prit une seconde pour réfléchir avant de lui dire qu’il était bien de la Terre et qu’il avait vécu trop longtemps seul, loin de la ville. Laura haussa un sourcil. Est-ce que c’était la vérité ? Elle ne savait pas, mais elle décida de ne pas prolonger l’interrogatoire.
« Cela n’a pas du être facile de revenir dans la ville… Vous n’êtes pas trop perdu ? »
Un instinct d’ancien agent de liaison était toujours présent. Peut-être qu’en posant les bonnes questions, elle allait en apprendre un peu plus sur le jeune homme. Jouer avec les mensonges et les mots, peut-être que ce n’était pas très catholique, mais parfois, cela avait fait parti du jeu… Laura regarda l’heure sur son téléphone. Elle avait encore du temps devant elle de toute façon et puis, elle n’était pas très loin de chez elle. Elle regarda le jeune homme avant de lui demander :
« Vous aviez une raison particulière de vivre en dehors de la ville ? Je veux dire, ce n’est pas commun… »
Était-il perdu ? D'une certaine façon, il l'était : le monde des humains était vaste et il y avait des myriades de choses et de concepts à découvrir. Mais est-ce que ça le dérangeait ? Pas le moins du monde. Le Slime adorait se perdre, errer sans savoir où il se trouvait, car il découvrait toujours de nouvelles choses, comme c'était le cas aujourd'hui avec cette humaine qui lui parlait de tant d'animaux dont il ignorait l'existence.
"Je me perds souvent, oui", répondit-il avec un sourire charmeur, "Mais ça ne me dérange pas. J'aime beaucoup cette ville, il y a tant de choses à voir."
L'humaine avait encore des questions, mais le Slime était d'humeur joyeuse et pour cette fois, il parvenait sans problème à conserver son attention sur toute la conversation, même s'il ne put cacher un regard curieux vers le téléphone. Bon, il savait ce que c'était et elle lui avait montré plus tôt, mais il se demandait surtout ce qu'elle y avait gardé, une curiosité dont il n'avait pas encore compris le malaise qui pouvait en ressortir.
En tout cas, il comprit la question et la réponse vint très naturellement :
"Oh, ce n'est pas très intéressant, j'étais différent et je cherchais l'isolement. J'ai changé."
Il ponctua cette affirmation d'un rire. Les humains aimaient rire. Le rire détournait l'attention des humains. Et c'était bien, parce que le Slime n'avait pas la moindre envie de parler de son passé. Surtout, il ne voulait pas être à nouveau dans l'état d'esprit qu'il avait eu lorsqu'il avait rencontré l'humain malade. Il n'aimait pas l'ancien lui. Il se souvenait de la faim.
Laura trouvait cette conversation intéressante d’autant qu’elle se doutait que le jeune homme n’était pas de ce monde, mais ce dernier prétendait le contraire. Est-ce que c’était une façon de se protéger ? Sans doute, la mère de famille décida de ne pas trop aller loin dans ses questions et fit semblant de le croire. Il semblerait qu’il venait d’un coin reculé de la Terre et qu’il venait de découvrir la ville. La jeune femme lui demanda s’il n’était pas trop perdu, mais il lui répondit qu’il se perdait souvent, mais que cela ne le dérangeait pas, il adorait la ville parce qu’il y avait tant de choses à voir. Laura lui sourit doucement et lui dit :
« Effectivement, il y a beaucoup de choses à voir, mais pour ma part, je préfère le calme de la campagne. Je dois avouer qu’après avoir passer quelques années à la campagne, la vill n’est plus aussi attractive pour moi… »
Et puis, elle prenait de l’âge et elle préférait le calme. Pour les enfants, c’était une bonne chose parce qu’ils avaient eu presque toute la vie à la campagne et la découverte de la ville était aussi une bonne chose. Cela leurs permettaient de voir autres choses. Laura regarda l’heure sur son téléphone et vit l’intérêt du jeune homme pour l’appareil. Il ne connaissait sans doute pas d’où il venait. Elle lui demanda alors pourquoi il avait été vivre en dehors le ville. Il lui répondit que c’était parce qu’il était différent qu’il cherchait l’isolement, mais maintenant il avait changé. Laura lui sourit lorsqu’il rigola. Il ne semblait pas être traumatiser de son isolement, au contraire, il semblait même bien le vivre.
« C’est une bonne chose que vous puissiez vous faire à votre nouvelle vie. Je trouve que l’être humain est fascinant pour se remettre sur pieds n’est-ce pas ? »
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