Ce décor psychédélique et digne des plus grandes hallucinations eut alors raison des deux femmes qui se retrouvèrent en bien fâcheuse posture. Et finalement ce qui devait arriver arriva et Soraya perdit l’équilibre pour se trouvée emportée dans un vide illusoire mais néanmoins parfaitement réel pour leurs esprits et leurs corps.
Lynda eut un réflexe primaire mais sans doute celui qui leur sauva la vie à toutes les deux, c'est-à-dire de se tenir à une des lattes du parquet qui s’était retrouvée tordue par la rotation de l’espace. La gérante du refuge n’était pas certaine que cette latte soit belle et bien tordue mais pour sa main qui s’était aggripée à celle-ci c’était bien le cas. Et finalement l’autre main tenant Soraya se trouva mise à rude épreuve puisque la demoiselle se retrouva dans le vide la seconde suivante.
« Ne lâches pas ma main surtout… »
Lynda fut obligée de crier tant les bruits des alentours entre la vacarme de l’environnement et celui de la bataille qui se déroulait nous loins d’elle était assourdissant. Bien évidemment la mise en garde de Strange fut vaine puisqu’elles étaient déjà toutes les deux dans une situation très périlleuse même si Lynda avait encore un peu plus de poigne, arrivant à s’accrocher afin de ne pas tomber. Mais l’environnement instable qui évoluait autour d’elle changea à nouveau prenant un autre sens et surtout réalignant les lattes faisant lâcher prise à Lynda qui chuta à son tour avec Soraya qu’elle tenait toujours par la main. »
« Stepheeeennnn »
L’appel au secours n’était peut-être pas sa priorité étant donné la situation mais Lynda espérait de tout cœur qu’il puisse les aider ou du moins sauver Soraya. Même dans l’adversité, Lynda n’avait pas de pensée pour elle-même, seule sa protégée comptait.
Il est dans le plancher mais le plancher se déplace. Nageant dans la matière, Il est pris dans la vague de celle-ci. La vague devient tourbillon et Il se souvient avoir déjà connu cela. La Machine à Laver. Une ennemie redoutable, encore pire qu’ici : il y avait de la matière aqueuse en plus de la solide. Peut-être doit-Il, comme pour pourfendre le monstre tremblant, réussir à trouver la source d’énergie et à la dévorer. C’est douloureux alors que l’énergie passe à travers Lui. Il s’en souvient. Cela l’a sonné, la dernière fois. Il ne fera pas cette erreur, cette fois…
Il entend les appels des humains entre eux. Lui n’a personne pour l’aider. Tout le monde Le trahit toujours. Plus vite que Lui n’arrive à trahir. Ça Le rend triste, alors qu’Il est aux prises avec le plancher à chercher une prise électrique pour l’arrêter. Pourquoi continuer ? Pourquoi souffrir ? N’est-Il pas mieux à dormir ? N’est-Il pas mieux à rêver ?
Non ! Ses rêves peuvent se réaliser ! Il n’abandonnera jamais ! Il y arrivera !
L’humain va se fatiguer. Lui non. Il est pleinement reposé. Et probablement bientôt essoré. Cependant, pate après pate, Il essaie d’avancer. Il arrive à avancer.
« Sssssssssss, ronronne-t-Il de satisfaction. Ssssss ? »
Le plancher a arrêté de tourner. L’humain s’est fatigué. Lui va vaincreeeeeeeeeeee !
Le plancher a recommencé à tourner. Dans l’autre sens. Lui va vomiiiiiiiiiiiiiir !
***
Lorsque la jeune Soraya me dit qu’elles font ce qu’elles peuvent, illustrant l’évidence avec énergie alors qu’elle tâche en effet de garder l’équilibre sur le sol, je me retiens de lui répondre d’user du décor ; lui ne bouge pas. Au risque d’être inutilement agréable, je ne pense pas que Mac Taggert fasse parti des meubles. Ou du moins pas de ceux qui ne sont pas affectés par la modification dimensionnelle. Elle commence à dégrafer son parquet pour s’y tenir et je n’ai pas besoin de plus pour comprendre que c’est foutu.
Évidemment.
Je ne suis pas surpris mais délaie ma téléportation pour m’en aller léviter jusqu’au bureau, dont j’espère que le flanc tiendra sous mon poids et qui a encore quelques épaisseurs boisées pour me retenir moyennant blessures si ce n’est pas le cas, avant d’envoyer la Cape…
« Sssssssssss... »
Évidemment.
Evidemment qu’il ne faut guère de tours de manège à la créature pour comprendre comment s’adapter à la situation, elle vient de le faire avec l’entièreté de la dimension. Reste à savoir ce qu’elle prépare et comment l’interrompre. J’immobilise ma main puis teste quelque chose de simple : le sens inverse. Ce n’est pas très créatif mais cela semble efficace, interrompant le sifflement d’un autre monde.
« Stepheeeennnn ! »
Voilà un autre sifflement que je n’apprécie pas entendre et mon regard s’en va aux deux civiles qui déchantent et déchoient. Un geste de ma main secondaire vers elles et la Cape se jettent à leur encontre avec une vivacité qui lui permet d’atteindre Mac Taggert avant que Soraya n’atteigne le mur. Mais pas de beaucoup.
Relâchant le tourbillon de l’autre pièce, je prends la position d’invocation d’un Portail de Téléportation et l’anneau d’étincelles apparait puis s’élargie entre elles et moi, leur dévoilant leur bureau avec le bon sens. Un instant plus tard, j’expédie les trois dans les dimensions physiques. Le portail étincelant reste un instant ouvert, afin que la Cape me rejoigne et que je puisse dire simplement.
« C’est Docteur. »
Après un clin d’œil, je referme la séparation entre elles et moi. Elles sont désormais de l’autre côté du miroir et n’ont plus aucun moyen de voir ce qui advient de celui-ci. De quoi les maintenir en sécurité et en suspens.
Mes bras se ramènent contre mon torse, poignets croisés contre l’Œil d’Agamotto, afin de me préparer pour le réel affrontement. Il est temps d’en finir avec ce je-ne-sais-quoi. Ensuite, je pourrais tâcher de comprendre ce que c’est que ce délire et comment elles ont mis la main sur l’artefact.
Alors que la gravité, qui lui semblait bien réel malgré l'illusion, pour peu que cela en soit une, l'attirait irrésistiblement vers un vide inconnu et angoissant, Soraya s'accrocha de toute ses forces a la main de Lynda et espérait que celle ci tienne bon également.
"Je lâcherais pas!"
Promis-elle, en forçant le ton elle aussi, pour couvrir le vacarme. Qui que soit ce drôle de type qui faisait valser des paillettes, il affrontait la créature sans avoir l'air de se soucier des dégâts collatéraux. Lynda finit par l'appeler a l'aide. "Stephen". Au moins maintenant, elle connaissait son nom. Mais ce qui devait arriver arrivé: Lynda venait de lâcher prise et ce fut dans un cri de détresse que les deux femmes tombèrent dans le vide... heureusement, le "valseur de paillettes" entendit l'appel, mais ce n'est pas lui qui vola a leurs secours. C'était sa cape. Atterrissant sur celle ci, Soraya mit un temps a se remettre de ses émotion. Réalisant qu'elles étaient a présent toutes deux installée sur la cape qui volait en direction du bureau, C'est par une remarque un peu enfantine que Soraya témoigna son soulagement et son admiration devant ce qu'elle vivait a cet instant précis:
"On se croirait sur un tapis volant!"
Une fois en sûreté dans le bureau stable, Soraya eu juste le temps de voire le sorcier, ou plutôt "le génie", quitte a enchainer les références des contes orientaux, autant le faire jusqu'au bout, qui se permit de reprendre Lynda sur le fait de l'avoir appeler par son prénom. "C'est Docteur"
"Docteur en quoi ?"
ne pouvait-elle s'empêcher de demander, juste après que le Docteur Stephen ait disparut dans son tourbillon de paillettes
"c'était qui ce type ?"
questionna-elle, curieuse. Sa culture sur les "Super-Héros" se limitaient aux Avengers, qu'elle ne connaissait pour la plupart que par leurs codename
La situation était loin d’être idéale mais en même temps, Lynda avait conscience que celui qui avait été autrefois son collègue de travail avait la situation bien en main même s’il était particulièrement occupé avec cette « chose ». Lynda tenait Soraya de toutes ses forces quand ce fut le décor qui finalement lâcha.
Tombant dans un vide sans fin, Lynda appela Stephen à l’aide. Sans leurs répondre, le sorcier envoya la cape qui attrapa les deux femmes et les emporta vers un portail pour les ramener sur la terre ferme. Lynda tenait encore la main de Soraya et elle eut tout juste le temps de relever les yeux pour croiser le regard de Strange qui précisa son appellation favorite avec un air hautain qui fit rouler les yeux de Lynda d’agacement.
Le portail se referma une fois la cape repartie aux côtés de son maître. Lynda et Soraya étaient à nouveau seules dans le bureau de la gérante, sans intrus et sans magie. La question de Soraya était légitime alors que Lynda gardait son regard dans le vide, là où se trouvait le portail un peu plus tôt.
« Un connard… »
Rares étaient les personnes que Lynda ne portaient pas dans son cœur mais Stephen Strange en faisait partie de par son arrogance et ses nombreuses manies de monsieur je-sais-tout. Relativisant toutefois à la situation elle ajouta avec une pointe de frustration :
« … qui nous a sauvé la vie, certes mais c’est un abruti quand même. »
Les yeux de la gérante se posèrent sur l’étendue de son bureau dont des feuilles virevoltent encore dans la pièce, dont certains livres n’étaient plus sur les étagères et dont les meubles étaient pour la plupart tombés sur le côté. Un autre soupir se fit entendre alors qu’elle songeait que même s’il était plus que détestable, Strange venait de contracter une dette que Lynda se sentirait obligée de payer d’une façon où d’une autre.
« En tout cas, mon bureau est dans un sacré bazar… »
Alors qu’elle terminait tout juste sa phrase, de nouvelles étincelles apparaissaient devant elles, laissant revenir un Stephen Strange qui visiblement s'était occupé de la fameuse créature magique. Lynda croisa les bras devant elle, à la fois soulagée de le voir en vie et renfrognée de voir cet homme qu'elle a toujours connu comme étant arrogant et fier. Elle aurait pu prendre la parole et le remercier comme il se doit mais elle préféra garder le silence afin de le laisser commencer.
Il n’a pas vomi. Il est trop puissant pour cela ! Ou l’humain fatigue trop… c’est peut-être ça aussi, puisque le changement de sens ne dure guère longtemps. Après, Il ne saurait remettre en question Ses propres forces. Il va y arriver !
Il en était à où, déjà ? Pas qu’Il ait la tête qui tourne mais les pattes, les ailes et la queue ne sont pas tellement stables non plus. Heureusement, la matière dans laquelle Il nage le retient de couler. Ou de flotter. Ou de… Il n’a plus l’esprit clair. Il doit se ressaisir et se saisir de l’humain. Le premier pas vers Sa grandeur ! Certes, Il va devoir battre des ailes pour y aller mais c’est une image ! Le premier pas, non Sa grandeur !
Oui, Il est tout petit. Cependant, c’est un avantage pour s’approcher discrètement. Il entreprend cette approche furtive, faisant de son mieux pour ne pas ronronner comme un serpent.
Puis le plancher commence à exploser par endroit !
Tous ses poils et ses membres s’hérissent. Il préférait la machine à lavé plutôt que les explosions ! De plus, celles-ci lui compliquent le passage jusqu’à l’humain. Pour sûr, c’est l’humain qui les fait. A ses yeux, la seule chose plus problématique qu’un humain stupide est un humain intelligent. Il ne sait pas encore dans quelle catégorie classer le magicien… mais Il a plus pressant à faire. Survivre, nommément.
Est-ce que les explosions et l’énergie qui les causes pourraient lui faire du mal ? Lui faire mal, certes, mais du mal... Il n’a pas envie de savoir. Ainsi, lorsqu’elles s’approchent trop de Sa position, Il n’a d’autre choix de sortir de la matière comme un Xrtz volant. Toutes dents et toutes griffes dehors, même celles qui ne pointent pas vers sa proie, Il s’élance vers l’humain qui est désormais trois.
Ses yeux s’écartent autant que leurs pupilles fendues le Lui permettent alors que Son esprit malmené commence par se dire qu’Il voit triple à cause de la machine à laver. Puis les deux autres agissent pour le piéger dans des rayons lumineux et Il comprend.
Il a perdu.
A nouveau.
Le désespoir.
La panique.
Qu’importe combien Il se débat et tente de nager dans l’énergie, Il n’y arrive pas. Rien n’y fait. Il va retourner dans la boite. Il ne veut pas.
« Xrtz’ll b gd, couine-t-Il, supplie-t-Il. Xrtz’ll srv ! »
Rien n’y fait. L’humain s’en moque. Comme le précédent. Et celui d’avant.
S’Il pouvait pleurer, Il le ferait. Il ne peut pas. Il ne peut rien faire.
Comme toujours.
Il envisage de faire le mort. Cela a parfois trompé les humains. Il essaie.
Un portail d’étincelle et les voilà hors de la copie, dans la dimension des humains. Un portail d’étincelle et la boite est tendue vers lui. Il ne peut plus faire le mort.
Alors il se débat. Couine. Siffle. Supplie. Promet.
« Xrtz’ll b gd ! Xrtz’ll srv ! Xrtz’ll nt btrl ! Nt th bx ! Nt th bx ! Pls ! Hv mrc. Hv mrc ! Nt… nt th bx ! Pls ! »
***
Mes poignets sont croisés contre l’Œil d’Agamotto alors que je canalise la lumière à travers l’entièreté de mon corps et en grande quantité. Je n’ai guère de temps avant que la créature ne profite de l’absence de rotation de sa pièce pour agir à nouveau mais je n’ai besoin que de quelques secondes. Une deuxième paire de bras s’écarte de la première, toujours jointe, pour se positionner le long de mon corps. Une troisième en fait de même, un peu plus éloignée. Une quatrième, en position de croix au niveau de mes épaules, puis quatre autres remontant toujours plus vers le ciel. Une impulsion pour libérer l’énergie et démultiplier les copies illusoires de moi-même et de la Cape ; deux suffiront.
Alors que mes doubles entreprennent de léviter de part et d’autre de moi et de concentrer la lumière dans leurs avant-bras, je ramène mes mains tendues au niveau de mon torse. L’énergie lumineuse de traverse à nouveau pour former un éclair orangé qui s’en va rebondir sur le plancher de la salle miroir, le pulvérisant partiellement au passage. Les dégâts deviennent vite importants et, lorsque la créature s’extirpe du sol pour les éviter, mes deux Images projettent à leur tour des brumes dorées pour la prendre en feu croisé. C’est efficace, l’étrangeté finissant rapidement immobilisée par la télékinésie lumineuse et criant sa frustration plus que sa douleur ; enfin, je l’espère. Interrompant mon projectile, je soupire en détaillant le monstre. Des recherches m’attendent à Kamar-Taj, une fois que tout cela sera fini.
Reprenant une position adéquate, c’est un nouveau portal de téléportation que j’invoque à destination du bureau de Mac Taggart. Je le traverse en premier, me dirigeant droit vers la Macchina di Kadavus, puis mes deux doubles me suivent, leurs poussées lumineuses maintenant toujours la créature prisonnière. Artefact lévitant entre mes deux mains, je le tends vers eux avec un silence froid et ils propulsent leur prisonnier lumineux jusqu’à l’intérieur de celle-ci, leurs expressions identiques. Après que la créature ait disparue à l’intérieur de la boite contenant la lumière, le symbole d’Agamotto se reforme sur celle-ci et la lumière disparait. Je me concentre un instant et la Macchina di Kadavus en fait de même, arrivant sur mon bureau au Sanctum, tandis que je ferme mes mains pour chasser l’air transporté ; et donner de la mystique à ce "tour de magie". Redressant le dos et ramenant les bras le long de mon corps, je dissipe les deux doubles dont l’énergie lumineuse s’en revient en moi et regarde tour à tour les deux femmes.
Mac Taggert a l’air ravi. Je me demande s’il n’y a pas un peu de soulagement derrière sa posture défensive affichée mais je ne le demande pas. Soraya, à l’inverse, a l’air soulagée même s’il y a peut-être un peu de défensif. Encore une fois, c’est un détail.
« Comment et où, demande-je sobrement, faisant un aller-retour du regard. Comment et où l’avez-vous obtenue ? »
« Un connard… » Suite a cette réponse craché par Lynda comme du venin, Soraya ouvrit des grands yeux surpris, voire choquée pendant quelques instant. D'aussi longtemps qu'elle connaissait La gérante du refuge, les fois ou celle ci c'était lâché a dire un "gros mot" se comptait sur les doigts d'une seule main. Quand Lynda poursuivit, la jeune femme ne pu s'empêcher de sourire:
"Ce n'est pas un vrais connard alors, sinon ils nous aurait laisser nous écraser comme des crêpes..."
Malgré l'opinion contradictoire que Lynda semblait avoir sur le magicien, Soraya de son coté ne pouvait s'empêcher de voire celui ci comme le génie d'Aladin, ou du moins, comme un personnage issu d'un conte ou d'une légende. Jamais elle ne se serait douter du haut de ses dix-neuf ans qu'il existait au sein même de New-York un sanctuaire appartenant a ces dernier, et même si on le lui avait raconter, elle n'y aurait pas vraiment cru, avant de découvrir par un malheureux hasard le "djinn en boite"
Durant quelques minutes, Soraya lanca un regard circulaire au bureau, qui était dans un état encore pire que lorsqu'elle l'avait elle même occupé en se laissant dépassée par les taches administrative durant l'absence de Lynda.
"Je t'aiderai a tout remettre en ordre"
Promis-elle, juste avant que l'homme a la cape volante ne réaparaisse, Etant visiblement venu a bout de la créature. Sans passer par quatre chemins, il demanda d'ou cela venaitet Soraya ne chercha pas a mentir: elle l'avait juste trouvée
"C'etait tombé dans la rue, je l'ai juste ramasser en pensant que quelqu'un l'avait perdu ca ressemblaita une sorte de casse-tête ou de boite secrète, c'est pas écrit dessus que c'était truc magique. Après ca s'est mit a briller bizarrement et la bestiole en est sortit"
Insulter une personne n’était pas dans les habitudes de Lynda. Ce n’était pas représentatif de la personne qu’était Lynda envers les autres. Toujours douce, attentive aux besoins des autres, loin d’être dans le jugement ou dans la méchanceté avec autrui. Non Strange n’était pas un vrai connard même s’il adorait se comporter comme tel mais Lynda était parfois excédée par sa façon hautaine d’être désagréable. Du Stephen Strange tout craché en somme… Du Docteur Stephen Strange, pardon !
Soupirant bien malgré elle en constatant le désordre engendré dans son bureau, Lynda se redressa sans vraiment s’en rendre compte quand le halo de lumière fit à nouveau apparaitre le sorcier dans la pièce, ou plutôt les sorciers puisqu’il avait des doubles qui ne tardèrent pas à disparaitre mais c’était surement une façon de montrer qu’il était capable de le faire.
Strange parla le premier sans préambule et Lynda se tut, laissant l’opportunité à Soraya de répondre en premier. Cette dernière fut limpide sur les détails de sa découverte alors que la gérante du refuge oscilla son regard entre sa protégée et son ancien collègue.
« Soraya me l’a apporté et nous étions en train de chercher ce que cela pouvait être lorsqu’elle s’est mise à bouger après m’avoir donné un coup de jus. »
Le regard déterminé, Lynda considéré qu’elle n’était pas en tors dans le sens où la boite se serait surement ouverte dans son bureau ou dans la rue derrière le refuge. Dans un sens, elle était soulagée que cela soit tomber sur elles et non sur une personne lambda qui n’aurait pas su expliquer le pourquoi du comment.
« J’imagine que nous n’avons plus rien à craindre de cette … chose ? »
Quand on pose une question comme celle que je viens d’énoncer, on s’attend à ne pas aimer la réponse. "C’était tombé dans la rue", en parlant d’un artéfact destiné à contenir des énergies dimensionnelles et le faisant d’une créature d’un autre monde, est particulièrement déprécié. L’innocence, puisque je préfère la considérer ainsi qu’en tant qu’inconscience, de Soraya aurait pu causer des pertes humaines. Néanmoins, je doute fort qu’il y ait innocence ou inconscience concernant la personne qui a déposé cela là-bas : elle voulait que quelqu’un libère la créature. Quant au fait que "c’est pas écrit dessus que c’était un truc magique", si. Sinon il n’y aurait pas le symbole des Maitres des Arts Mystiques sur chaque facette de la Macchina di Kadavus.
Ne pas répondre… plus que mon air dépréciatif ne le fait pour moi.
Mac Taggert apporte des précisions sur son implication dans l’histoire et sur l’espace, puisque la boite s’est ouverte dans le bureau et non dans la rue où elle a été trouvée. Dommage, cela m’aurait apporté des informations supplémentaires. Cependant, c’est préférable ainsi : moins de victimes potentielles. Surtout que les idiots ont plus tendance à sortir leurs téléphones pour filmer le danger qu’à le fuir, ce qui continue de me donner envie de les laisser faire face à leur façon et de voir les résultats qu’elle donne dans le cadre de la sélection naturelle. "Heureusement", j’ai prêté le serment d’Hippocrate.
« J’imagine que nous n’avons plus rien à craindre de cette… chose ?
- Non, réponds-je simplement et immédiatement. L’être qui l’a laissé dans la rue, en revanche… »
Bras le long du corps, je ferme les poings. Il n’est pas question de suffisamment les serrer pour me faire mal mais le geste me vient naturellement puisqu’il s’agit du second artéfact apparaissant à New York en trois semaines. Après, celui-ci a été activé accidentellement, il n’y a aucun reproche à faire là-dessus, contrairement au précédent.
« Mademoiselle, il faut me montrer l’endroit exact, reprends-je à destination de Soraya, dont j’ignore le nom de famille, avant de me retourner vers Mac Taggert. Il va falloir déterminer la cible de ce piège. Attaque terroriste… ou tentative vous visant vous. »
J’ignore si Soraya pourrait avoir des ennemis capables de toucher à des artéfacts et des créatures d’autres mondes. Néanmoins, concernant Mac Taggert, c’est aisément possible ; ne serait-ce que pour atteindre Charles Xavier. Comme cela fait déjà un mois et demi que j’attends qu’il trouve le temps de discuter avec moi, je me dis que ça sera peut-être l’occasion de lui mettre la pression.
« Je vous suis, dis-je en désignant la porte du bureau, indifférent à l’état de celui-ci. Exposez-moi les antécédents qui pourraient vous valoir un ennemi capable de traficoter avec la magie en chemin. »
S’il vous plait ? Pas s’il vous plait ? J’ai un doute et considère que le fait que cela leur plaise ou non est secondaire. Il leur plait surement plus de rester en vie et d’éviter que similaire problème ne se reproduise que de faire semblant de m’apprécier. Un bon point pour Mac Taggert : elle n’essaie pas.
Si Lynda relatait les faits en confirmant ses dires, Soraya ne pu que remarquer le léger rictus du "Docteur en on sait pas quoi" quand elle dit qu'elle ne savait pas que l'objet était magique. La jeune femme ne pu s'empêcher de répondre sur un ton un peu bourru:
"Ben Quoi ? J'ai pas apprit a lire les hiéroglyphe moi"
Au moins, le dénommé Strange assura que la chose ressemblant a l'image qu'elle se faisait d'un djinn ne les mettrait plus en danger. Plutôt balaise le Docteur!
"Qui aurait l'idée de laisser un truc pareille trainer dans la rue ? Quoi que, plus rien ne m'étonne ici, on est dans le Bronx..."
Le Doc' magicien lui demanda ensuite de lui montrer ou elle avait trouvé la boite de malheur et Soraya sortit, invitant Lynda et l'homme a la suivre pour montrer l'endroit exacte, sur le trottoir a quelques pas du refuge. La question suivante laissa la jeune femme perplexe. Qui pourrait vouloir s'en prendre a elles, ou plus généralement, au refuge ? Et dans quel but ? Elle répondit avec un haussement d'épaule:
"Il y a des personnes qui me soulent, tout comme je dois être soulante pour certains, j'en sais rien, mais de la a les qualifier d'ennemis c'est un peu exagéré, c'est comme ca pour tout le monde"
Elle attendit ensuite les dires de Lynda, voire si elle, de son coté, pourrait avoir des personnes qui pourraient lui en vouloir, sans vraiment y croire. Lynda était pour elle l'image de la bienveillance et de la gentillesse, elle imaginait mal que cette femme qu'elle admirait pouvait s'être attiré les foudres de qui que ce soit
La première fois que j’ai vu cette image, ce symbole peint sur les murs de la Grosse Pomme, mon cœur a failli lâcher.
Je l’avais dit, je le savais et maintenant le danger est là. Ils sont là.
Alors j’ai disparu à cet instant de la surface de New York. Je ne sors plus sans être couverte, je fais attention à la moindre apparition, à la moindre possibilité qu’on puisse me tracer que ce soit par les caméras ou par n’importe quel autre moyen...
Et je me suis éloigné de tout le monde, de tous. Tous ceux que je pouvais voir, tous ceux qui m’ont donné l’illusion que tout cela n’était que du passé, qu’il était possible de peut-être avoir un avenir qui ne soit pas teinté de sang, pas teinté de pourpre… Illusion, ce n’était que cela, une illusion que ce symbole a brisé entièrement. Une illusion que je me suis créé, jeune fille naïve qui espère encore.
Ils avaient tort, tous ceux qui m’ont dit qu’il y avait un espoir. Ils avaient tort et la menace gronde dans les ténèbres, si proche que j’ai l’impression de sentir le sang dans chacune de mes respirations. Le goût du fer, le goût de la mort.
Mais pourtant, malgré ma prudence, il y a une personne que je voudrais prévenir ici, à New York, dans le Bronx même. Celle à qui je dois la vie. Celle qui m’a sauvé à l’Institut. Elle pourra prévenir Charles dans la foulée, je le sais. Il faut que j’y aille, discrètement.
Alors ce matin, je me suis levée et après m’avoir habillé assez discrètement, j’ai pris mes affaires, les carnets même dans mon sac au cas où et j’ai pris la direction de ce lieu où j'avais réussi à la repérer. Un lieu étrange d’ailleurs, le Jack’s Refuge. S’il semble qu’il soit un refuge et lieu d’accueil pour les vétérans, j’ai pu voir qu’il y avait de nombreux gamins qui trainaient autour. J’ai l’impression qu’il y a autre chose mais je ne préfère pas creuser, pas maintenant. Moins j’en sais, mieux ce sera pour tous.
Je passe par les toits. Les caméras des rues sont plutôt orientés vers les trottoirs et pour ce qui est du métro, vaut mieux pas en parler, c’est presque impossible de passer sans se faire repérer par au moins une caméra, une horreur. Non, la voie des airs est encore la meilleure solution à l’heure actuelle. Alors je cours et arrive au bout d’un moment non loin du bâtiment, à vrai dire, il n’y a qu’un seul immeuble qui nous sépare, soit moins de 200 mètres de distance. De ce toit plat, je m’installe, et sors l’appareil photo que je porte sur moi. L’un de mes meilleurs investissements, le seul que j’ai pu faire en même temps. Et là encore, je l’utilise, pour observer à travers la lentille de l’objectif le bâtiment, pour repérer les lieux. Je n’ai pas envie de me faire avoir aussi facilement. Je cherche les caméras, s’il y a des flics ou autres, les gens autour puis la façade du batiment par laquelle je vois sortir tout d’abord une jeune femme, suivie de peu et de Lynda, puis d’une personne que je ne pensais pas revoir…. Le Sorcier Suprême… Strange.
Mais qu’est-ce qu’il fout là ?!
Je fixe son visage à travers l’appareil photo. Je ne peux pas l’oublier celui-ci, pas après notre rencontre si mémorable. Et maintenant, alors que je regarde le trio qui a l’air d’être ensemble, je me demande si je dois ou non venir. J’avoue qu’en vrai, maintenant que je suis devant, j’ai des doutes, des grands doutes même. Que ce soit elle ou lui, ou même cette jeune fille qui se trouve avec eux, j’ai peur qu’en m’approchant, je les mette en danger justement… Je reste là, quelques instants de plus, les épiant avant de prendre la décision de revenir un autre jour, peut-être de nuit, ou alors juste laisser un mot à Lynda sur son bureau. Mais aujourd’hui, j’ai un mauvais pressentiment et je ne veux pas prendre de risques… en tout cas pas celui d’être la cause de quoique ce soit qui puisse leur arriver.
Aussi silencieusement que je suis venue, je repars, sautant sur le toit derrière pour prendre aussitôt de la distance. Il n’y a comme preuve de ma venue que des traces dans la poussière et la saleté du toit qui m’a servi de point d’observation en face du Jack’s Refuge et une photo que j’ai prise des trois ensembles enregistrée sur la carte SD de l’appareil photo.
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