[Terminé] Une amitié de confiance [pv Rocket]

Assise sur le canapé à mordre mon coussin de douleur de par ma peau alors à vif et de par les coutures de Rocket qui si elles se voulaient délicates étaient tout de même fortement insupportables. Les mots du petit être étaient aussi réconfortants qu’ils pouvaient l’être et je les appréciés vraiment tout autant que j’appréciais sa présence à mes côtés – même si de base sa présence était due à la demande de Bucky. Et puis finalement tout s’était bien déroulé et j’avais à présent un nombre incalculable de points de suture et un t-shirt qui a chaque mouvement me rappelait qu’ils étaient encore là. Pourtant, je me voyais mal me promener dans mon propre appartement en mode topless est encore moins avec un invité, peu importe qui il était. Il me demanda de ne pas ébruiter l’affaire de ses soins, cela m’allait parfaitement bien et puis ce n’était pas mon genre de raconter ce genre de choses à qui veut bien l’entendre. Ce n’est pas comme si j’avais du monde autour de moi pour écouter ce genre de faits divers. Et puis le sujet dériva sur des sujets plus futiles comme la découverte d’un nouvel alcool et le repas à venir que je voulais partager avec lui. Je le remerciais une dernière fois pour l’effort qu’il avait fait de venir me voir, de prendre soin de moi. Même si lui trouvait cette attention logique et normale, j’avais tout grandi et évolué dans un monde où ce n’était pas le cas.

Nous avons donc trinqué tous les deux avant que le repas s’impose à nous naturellement. Je voulais me lever pour tout préparer mais la grimace sur mon visage ou alors le fait que je devais encore être trop pâle et trop faible pour faire quoi que ce soit, incita Rocket à prendre les devants pour mettre le repas à réchauffer. Je le regardais faire en silence. Je n’avais pas grand-chose à dire de plus en soit et puis je reste moi, l’éternelle silencieuse. Pourtant je pense que j’ai d’ores et déjà fait des efforts avec lui.

Alors qu’il part dans le coin cuisine de mon minuscule studio, je le regarde lentement en réprimant un léger spasme qui me parcourt. Par réflexe, j’attrape le plaid qui se trouve au pied du canapé pour le poser sur mes genoux et une partie du haut de mon corps. Dans la foulée, je me replace sur le côté pour que cela soit mon bras qui s’appuie sur le dossier du canapé et non mon dos tout en regardant Rocket. Une réflexion un peu irréfléchie s’impose alors à mon esprit. Est-ce qu’il est ainsi de naissance ou est-il devenu ainsi des suites d’expériences ? La question me semble soudainement très intime et intrusive et je me retiens donc de la demander. Mon regard part dans le vide sans que je ne m’en rende vraiment compte et finalement je ne vois pas rocket revenir à mes côtés sur le canapé.
Ce n’est que lorsqu’il reprend la parole que je réagis aussitôt en battant des cils avant de reposer mon regard sur lui. Un sourire plus délicat et plus tendre se pose alors sur mes lèvres tandis que je lui réponds :

« De rien, c’est le moins que je puisse faire… »

Je ne crains d’avoir rien de plus à lui dire mais la sonnerie du timer retentit alors, ce qui me permet de souffler un peu pour trouver de la conversation. Ou alors est-ce que c’est la fatigue qui commence à se faire sentir avec l’adrénaline qui retombe. L’un ou l’autre sont possibles mais je ne veux pas y penser. Je le regarde partir à nouveau pour ramener le repas avant de me réinstaller docilement pour être prête à manger. Je pense que cela me fera le plus grand bien et j’espère que le repas plaira à Rocket pour qui cela semble être une première.

« Bon appétit à toi Rocket. »

Je prends une des boites et prépare mes baguettes pour commencer à piocher dedans avec le sourire tout en le regardant faire également du coin de l’œil. Je me demande comment il va s’en sortir avec les baguettes mais heureusement sur la table, il y a également des couverts plus traditionnels au cas où. Et puis en l’observant un sujet tout à fait logique me vient à l’esprit et je me dois de lui demander, même si je risque d’avoir le retour de flammes. Tant pis, c’est un risque que je suis prête à courir :

« Tu le connais depuis longtemps Bucky ? Comment vous vous êtes connus, via les Avengers ? »

Outres les pensées versatiles qui hantait mon esprit, je tentais tant bien que mal de rester dans la conversation que m’offrait le petit Gardien même s’il ne semblait pas beaucoup plus bavard que moi. Peut-être faisait-il en sorte de me faire la conversation pour combler les silences que je nous imposais à tous les deux. Ou peut-être simplement se sentait-il plus à l’aise avec moi pour d’avantage se dévoiler. Dans les deux cas, sa présence était pour moi une source de réconfort même si je me doutais que cela ne serait qu’éphémère. Tout est toujours éphémère, les relations, les amitiés, les connaissances. Je le sais depuis le plus jeune âge que je ne dois pas m’attacher pour ne pas souffrir par la suite mais il y a cette lueur d’espoir dans mes yeux, dans mon esprit qui fait que je m’attache tout de même. Et cela même si je sais que le futur me le fera payer.

Rocket semblait avoir lu en moi comme dans un livre ouvert en disant que personne n’avait jamais pris soin de moi. C’était à la fois vrai et faux. Il n’y avait qu’une personne qui l’avait vraiment fait jusqu’alors et c’était le soldat de l’hiver et pourtant Bucky n’avait pas autant pris soin de moi que depuis que je l’avais revu il n’y que quelques semaines de cela. Lorsque nous étions tous les deux des agents l’ambiance était différente, nous prenions soin d’une certaine manière l’un de l’autre mais sans que cela se voit et se ressentent vraiment. Nous étions juste une présence pour l’autre lorsqu’il en avait besoin.

Je ne répondis pas aux mots du gardien car finalement il n’y avait rien à redire et puis le repas arriva finalement sous nos yeux et l’odeur fumante de ces mets me combla alors que je tentais une fois de plus de chasser mes pensées sombres en souhaitant un bon appétit à Rocket. Le plus naturellement du monde, je me saisis des baguettes et commence à grignoter en regardant le petit être à mes côtés qui semblait plus mal à l’aise qu’autre chose avec ces ustensiles. Un fin sourire se présenta sur mes lèvres alors qu’il me demandait un petit cours expresse pour une dernière tentative avant de capituler. Je posais alors en riant ma boite de nourriture mais gardait mes baguettes en mains pour lui montrer. Lentement et plus naturellement que je ne l’aurais cru, je me rapproche de Rocket pour lui montrer ma façon de tenir. De ma main libre, je lui remplace les siennes entre les doigts de ses pattes tout en lui expliquant :

« Tu dois les mettre comme ça, et celle-là ne doit pas bouger, c’est juste celle-ci qui bouge et tu attrapes comme ça. Je te montre. »

Je remplace mes baguettes et d’un délicat mouvement des doigts je coince une bouchée entre les deux petites piques de bois avant de la porter à mes lèvres sans que mes yeux ne quittes Rocket qui tentait de faire de même.
Alors qu’il tente de se nourrir malgré les difficultés, je me permets de changer de sujet ou plutôt de trouver un vrai sujet de conversation qui me permettra de faire un peu mieux sa connaissance. L’entendre me parler de Bucky en tant que héros me fait chaud au cœur. Il le mérite vraiment d’avoir ce statut même si je sais qu’il ne s’en sentira jamais digne. Mais même s’il a commis des atrocités, je sais qu’au fond de lui c’est un homme bon.

« C’est bien qu’il ait eu un ami comme toi. Je sais que le fait que Rogers ait vieilli l’a beaucoup touché. »

Je savais beaucoup de choses de la vie de Barnes, avant sa transformation, pendant et après. Il avait été un soldat quasiment toute sa vie, il ne connaissait que ça. Savoir qu’il pourrait dans cette époque trouvé en quelque sorte un peu de paix me rassurait même si les derniers mois ne semblait pas avoir été de tout repos :

« Vous êtes proches  tous les deux de cette … sorcière ? »

Je n’avais pas idée d’être aussi indiscrète en posant cette question mais c’était plus de la curiosité pure et simple. Pour autant, cela ne me dérangerait pas si rocket évinçait la question.

Avoir une soirée relativement normale n’était pas des plus courants dans ma vie de tous les jours. C’est peut-être pour cela que je prenais le temps de profiter même si mes pensées douloureuses ou sombres n’étaient jamais bien loin à veiller à me faire une piqure de rappel de temps en temps. Cependant l’utilisation hasardeuse des baguettes de Rocket eurent le mérite de me faire sourire et même un peu rire. Rien de bien extravagant certes mais cela me faisait penser à autre chose et c’était déjà un cadeau des plus précieux.

C’était alors tout naturellement que j’eue envie de connaitre un peu mieux celui qui était venu me rendre visite, qui avait accepté de me soigner, de prendre soin de moi… Tout ça parce que Bucky, son ami également, le lui avait demandé. Je me doutais alors que Rocket et lui devaient être proches mais je voulais comprendre un peu mieux leur relation. Rocket ne fut pas cachotier et s’exprima avec sincérité. Je le ressentais alors qu’il parlait de Bucky. Il semblait être satisfait de cette amitié en eux. La mention de Steve me rendit nostalgique. Je savais qu’Hydra les avaient séparés durant bien des années et finalement les retrouvailles avaient été de bien courte durée. Bucky m’en avait déjà parlé et même s’il comprenait le pourquoi des agissements de Rogers, il avait quand même ce vide en lui. N’ayant pas grand-chose à formuler, je restais muette face à ses déclarations et je préférais poser une autre question, en rapport avec l’actualité et la fameuse sorcière dont tout le monde entendait parler aux informations. Une information ne m’échappait pas néanmoins. C’était Bucky qui était proche d’elle. Il faudrait que j’aille taquiner le soldat à ce sujet à l’occasion. Pour le reste du récit de rocket, je devais avouer que je ne savais pas tout l’histoire. Par exemple, j’ignorais qu’il y avait une histoire d’alter-ego mais j’imaginais assez que ce genre d’informations n’avait pas franchement été ébruité et c’était plutôt logique. Quant à Hydra, s’il disposait d’informations par le biais de Loki, je n’en n’avais pas été informée. J’étais régulièrement écartée de ce genre de réunions d’informations parce que finalement ils savaient que je n’étais pas une agente fidèle.

« J’espère que cela ira pour elle. »

A ma grande surprise, Rocket ne me posa pas de questions sur mon amitié avec Bucky. Peut-être que ce dernier lui avait dit qui j’étais. Mais il est vrai que je me gardais alors bien le secret de lui en parler au cas où Bucky ne lui aurait rien dit. J’avais encore du mal à me confier et pourtant je savais d’ores et déjà que s’il me le demandait, je lui dirais tout sans détours. Il avait été tellement gentil avec moi, c’était normal que je lui dise la vérité. La conversation redevint plus joviale avec son remerciement pour le repas. Je lui souris alors doucement en terminant à mon tour mon repas :

« Mais de rien, c’est normal. Tu as fait beaucoup pour moi ce soir. »

Il est vrai que s’il n’était pas venu me rendre visite, j’aurais passé la soirée et la nuit à me vider de mon sang sur le lit, peut-être même sans m’en rendre compte. Sa visite me faisait du bien et je n’avais pas franchement envie qu’il s’en aille… Mais comment le lui annoncer, le lui demander ? Et en aurais-je seulement le courage. A la place, je rangeais doucement les boites vides et je nous resservais alors chacun un verre, avant de lever le mien pour trinquer avec lui.

« A notre rencontre Rocket. »

Les verres se heurtèrent doucement avant que je ne vide le mien d’une traite. Je crois qu’il me faudrait un peu plus d’alcool pour réussir à me désinhiber suffisamment pour avoir plus de conversation d’une part et l’audace de lui demander de rester d’autre part.

Parler d’une femme que je n’avais jamais croisé ni même aperçu en vrai était à la fois étrange et perturbant. Si les gens arrivaient à lui pardonner tous les actes qu’elle avait pu commettre alors peut-être que j’arriverais à me regarder à nouveau dans le miroir. Cependant je gardais précieusement cette réflexion pour moi-même, écoutant les dires de Rocket qui espérait sérieusement que la sorcière ne souffre pas trop de son séjour en prison. Je me reteins alors également de lui faire remarquer que toutes les informations qu’il me donnait n’était pas encore rendues public et que peut-être, il n’avait pas à m’en parler. Reposant mon regard timide sur mes propres mains, j’évitais soigneusement d’enfoncer le clou par rapport à cette femme qui semblait être un sujet complexe à évoquer.

A la place l’on parla de la relation qu’il avait avec Bucky qui était pour moi ce qui se rapprochait le plus d’un frère, d’une famille mais Rocket ne semblait être au courant de ma relation avec le soldat puisqu’il me posa une question que j’avais redouté depuis qu’il était entré dans le studio. Nous y étions, j’allais devoir révéler à un ami de Barnes que je faisais partie du camp adversaire, que j’étais pour lui une ennemie alors qu’il venait de me soigner.

« Je … Il ne t’a rien dit ? »

Peu rassurée et hésitante, je n’osais alors pas relever les yeux vers lui afin d’éviter au maximum sa réaction et son potentiel mépris envers ma personne. Non bien évidemment qu’il ne lui avait rien dit et que je devrais faire cette révélation moi-même. Bucky n’était pas un grand bavard et peut-être même qu’il ne s’était même pas imaginé que rocket reste aussi longtemps en ma présence pour que nous puissions avoir une véritable conversation. Je bu alors mon verre cul sec pour me donner un quelconque courage et j’inspirais alors un bon coup avant de reprendre la parole, toujours aussi craintive :

« Je… J’ai connu Bucky il y a plusieurs années, il … enfin nous étions tous les deux dans le même camp… »

Je n’osais pas regarder Rocket et préférait alors me resservir un verre avant de poursuivre :

« Lui a déserté il y a quelques temps maintenant et moi je suis restée, pas forcément par choix mais plutôt par peur des représailles et par mon incapacité à leur tenir tête… »

Sans prononcer le nom d’Hydra, je me doutais que rocket comprendrais aisément où je voulais en venir mais j’espérais également qu’il ne me juge pas trop pour appartenance à ce groupe mais plutôt à notre moment passé tous les deux.

« Ce sont eux qui m’ont fait ce que j’ai dans le dos… »

Enfin mes yeux embués de larmes qui ne tarderaient pas à couler se relever vers la boule de poils, implorant silencieusement un pardon impardonnable. Je le savais pertinemment, je venais de perdre un ami potentiel mais la vérité devait être dite.

Avouer mes fautes n’avait pas été simple et pourtant j’avais réussi à demi-mots à dire d’où je venais et pourquoi ou plutôt par qui j’avais été blessée ce soir. Pour autant je ne me sentais pas digne de reconnaissance ou de gratitude de la part de Rocket. Il avait très rapidement compris de qui je parlais et avait même montré rapidement les crocs en prononçant le nom de l’Hydre. Egoïstement j’avais espéré qu’il ne me comparerait pas à tous ces monstres qui peuplaient l’organisation criminelle mais n’était-je pas comme eux après tout. Je restais avec eux et j’accomplissais toujours des missions à leur profit. D’une certaine manière, je ne valais pas mieux, pire je mériterais toute insulte ou châtiment que l’ami de Bucky pourrait dire ou commettre à mon encontre. Ne relevant pas la tête pour répondre à Rocket, je lui avouais alors tout ce que Bucky représentait pour moi :

« Il m’a sauvé la vie quand j’étais plus jeune, il a été présent pour moi malgré toutes les manipulations qu’Hydra lui a fait subir. Chaque fois qu’il m’oubliait, je lui rappelais qui j’étais et désormais à mes yeux il est ce qui se rapproche le plus d’une famille. Un grand frère qui a toujours pris soin de moi. Après quand il est parti, je sais qu’il s’est rappelé de moi mais quand on s’est retrouvé, il pensait que j’étais morte depuis longtemps. Il dit vouloir me sortir de là mais avec toute l’histoire avec la sorcière sombre et moi qui n’est pas été trop présente ces derniers temps, je pense qu’il n’a tout simplement pas eu le temps… »

La simple pensée que Bucky puisse risquer sa vie et sa liberté pour moi me brise le cœur et m’arrache un frisson alors je préfère répondre tout simplement à la question de Rocket :

« D’une certaine manière, en restant chez eux, je peux informer Bucky de l’avancée de la mission qui le concerne. Parce qu’Hydra n’a pas renoncé à lui. Ils le traquent et espère bien remettre la main dessus. Mais peu à peu, ma crédibilité s’étiole et ils ne me font plus vraiment confiance. Ce genre de « punition »c’est pour me faire comprendre que je dois filer droit et leur obéir. »

L’alcool déliant nos langues, la sincérité se fait plus facile entre nous et les confidences également. Rocket me conseille à son tour tout en me parlant de lui. Je relève doucement les yeux vers lui et accuse le coup. Seuls trois survivants sur des centaines d’exploités. Naturellement, mon regard croise le sien en même temps que ma main se pose sur sa patte, par compassion :

« Je suis navrée pour toi Rocket et tous ceux qui ont péris. »

De ma main de libre, je me resserre un verre. J’avoue je commence à perdre le compte et en soit je m’en fiche totalement. Je resserre également Rocket au passage en ajoutant :

« Je suis contente de te connaitre, à nous deux on se sentira un peu moins fracassés. »

Un léger sourire termine ma phrase alors que je me redresse d’un coup, oubliant mes douleurs je songe à l’idée d’aller dormir mais je ne veux pas rester seule. Baillant à m’en décrocher la mâchoire, je m’étire doucement avant de regarder Rocket dans les yeux à nouveau. Toute ma sincérité et ma douceur se fait alors ressentir lorsque je lui demande :

« Est-ce que tu veux bien rester avec moi cette nuit ? Je n’ai pas envie de rester seule. »

Je lui montre mon lit deux places où il aurait alors toute la place nécessaire en ajoutant :

« Je te laisse mon lit si tu veux… »