« Vous savez que dans ce monde, il y a des mutants et des optimisés, des gens normaux et des êtres venus d’ailleurs. »
Accroupie au côté de mademoiselle Malicia, celle de droite ne détourne pas les yeux du dessin de celle-ci. Son visage, toujours doux et apaisé malgré quelques traces de tristesse, se contente d’acquiescer. On sait. On ne peut pas l’ignorer, pas après les événements liés aux mutants dans les années 70 et 80 ainsi que la résurgence des super-héros depuis les années 2010. On comprend également le problème, même s’il est possible qu’on se trompe : elle fait partie des surhumains.
Mutante, au plus probable, considère Phoebe. Avec une mutation problématique, considère Céleste. Peut-être le Jack’s n’est pas le lieu le plus adéquat, finalement, considère Mindee.
Lorsqu’elle avait 17ans, mademoiselle Malicia a découvert être une mutante. C’est tard et surement bouleversant ; on sait que beaucoup de mutants découvrent leurs pouvoirs avec l’adolescence et la période de profonds changements qu’elle implique, même si cela n’a pas vraiment été notre cas. Enfin, pour la mutation secondaire si.
Lorsqu’elle avait 17ans, mademoiselle Malicia a découvert être une mutante "pas de la meilleure des façons". Emergence destructrice, donc. Suffisamment pour manquer de tuer quelqu’un ; ce qui n’est guère difficile, en réalité. La grande majorité des pouvoirs n’étant pas seulement esthétiques peuvent tuer, au même titre que des armes. Sauf que les armes, on apprend généralement à les utiliser ; quoi que les certains Etats des US aient de nombreux accidents faute de formation.
« En résumé, je peux absorber la conscience de quelqu’un. »
Transfert télépathique, biochimique ou bioélectrique ? Les deux pourraient tuer, notamment s’ils ne sont pas maitrisés. Vous pensez que c’est pour cela qu’elle craint les contacts physiques ?
« S’il est mutant ou optimisé, je peux prendre son pouvoir pendant quelques heures à quelques jours… »
Tu as ta réponse, Mindee. Le moindre contact, c’est dur. D’où les réticences et les gants. D’où l’isolement social. D’où la nécessité d’apprendre. Lui parle-t-on de l’Institut ?
« Si je vous touche maintenant, je pourrais avoir accès à quelques-uns de vos souvenirs et si vous avez des pouvoirs, je pourrais m’en servir… »
Trois sourires, même si seul celui de notre impliquée directe est visible alors qu’elle tourne le regard vers mademoiselle Malicia. On n’est pas effrayées. On ne sait pas ce que c’est que d’avoir peur de ses pouvoirs mais on n’est pas effrayées par notre interlocutrice. On comprend que ses capacités l’isolent et il s’agit désormais de trouver comment avancer dans le contrôle de celles-ci. Une réponse aisément trouvée.
« C’est pour cela que je m’isole des autres. J’ai trop peur de ne plus contrôler ce pouvoir que je n’aime pas, que je n’arrive pas à cerner et à contrôler. C’est mieux pour tout le monde, je vous prie de le croire.
- Si vous nous touchiez maintenant, vous auriez accès à tous nos souvenirs, explique tranquillement celle de droite. C’est une partie de nos pouvoirs.
- Esprit-Ruche, intervient celle du centre, revenant à son dessin avec tout autant de tranquillité que la précédente. Nous sommes des télépathes interconnectées, avec une intelligence gestalt.
- Si vous cherchiez une information que vous ne trouveriez pas dans votre cerveau, reprend celle de gauche, vous iriez instinctivement chercher dans les nôtres. Pareil en cas de nécessité de réflexion intense. »
Somme toute, expression d’autant plus adéquate, elle ferait parti de notre "on" si mademoiselle Malicia nous volait ainsi. Enfin, si elle restait elle-même.
« Quand vous dites "absorber la conscience de quelqu’un", renchaine la plus proche, à droite, celle-ci supplante la vôtre ou coexiste avec ? »
Pour avoir une conscience partagée, on dispose de quelques compétences dans ces parties qui peuvent sembler étranges à la plupart des gens. Inconscient, conscience, pensée, voix intérieure, tout cela est très concret pour nous puisque l’on vit des états altérés de chacun.
« Si nous sommes trop curieuses, dites-le nous, déclare celle du centre, continuant de dessiner l’autre mutante à l’exception de sa tête. Nous pensons pouvoir vous aider, doublement.
- Le travail que nous allons officier dans le nord de l’Etat, poursuit celle de gauche, la plus éloignée, tout en vérifiant l’absence d’oreilles indiscrètes, est pour une Institution privée destinée à l’aide aux mutants, notamment dans le contrôle de leurs capacités.
- Si ce que nous faisons vous aide et que vous voulez apprendre à cerner et à contrôler vos capacités, nous pouvons vous donner l’adresse, déclare-t-on à trois avant que la plus proche de mademoiselle Malicia ne lui fasse un clin d’œil. Cela ne sera peut-être pas mieux que votre isolement mais ça vaut le coup d’essayer. »
Sans que cela se ressente dans nos voix, on est ironiques : on pense que cela sera mieux que son isolement. Néanmoins, on ne veut pas la brusquer puisque cela entrainerait sa résistance et donc diminuerait ses chances d’effectivement venir à l’Institut.
« Nous ne vous proposons pas d’essayer votre pouvoir sur nous, plaisante celle de droite avec un sourire, mais nous en sommes curieuses. Absorption de conscience, de souvenirs et de capacités surhumaines…
- Vous avez une sorte de mimétisme biologique, énonce celle de gauche en taisant un terme plus violente de "vampirisme" du fait du drain. Si vous touchez suffisamment peu de temps, l’individu que vous absorbez…
- Reste-t-il conscient et conserve-t-il ses pouvoirs également, demande celle du centre, également en recherche de dédramatiser les premières mauvaises expériences d’utilisation du pouvoir. Si oui, nous vous proposerons peut-être un test à l’avenir. »
C’est moi qui m’y colle si on tente vraiment cela, impose Phoebe. Super, comme ça mademoiselle Malicia aura une humeur massacrante, expose Céleste. C’est probablement trop tôt pour qu’elle aborde son pouvoir comme un jeu, suppose Mindee. Cela arrivera si elle vient à l’Institut Xavier. J’espère qu’on conserve les pouvoirs volés sinon la forme adamantine ne tiendra pas. Et Phoebe non plus, du coup.
« Pardon, reprend celle de droite avec un petit pouffement. L’isolement ne nous est pas familier. Par contre, si vous êtes curieuse d’une démonstration de nos capacités, n’hésitez pas. »
Une rencontre qui pourrait changer le cours des choses..
22 juillet 2024, Central Park, New-York
Toutes les trois écoutent ce que Malicia dit et dans un sens, c’est agréable de se sentir écouter. Parce qu’il y a longtemps que la mutante n’a pas été écouter de la sorte. La dernière fois, c’était Remy qui l’avait écouter, quand elle était revenue du Snap. Il l’avait aidé malgré le petit incident qui s’était passé à la fin… La jeune femme secoua la tête et donna les explications de son isolements aux triplées. La plus près de Malicia la regardait pendant que les deux autres continuaient son chemin. Après leur avoir expliquer ses pouvoirs, celle de droite lui dit que si elle les touchait maintenant, elle aurait accès aux souvenirs des trois car cela faisait partie de leurs pouvoirs. Malicia avait donc raison, elles étaient mutantes ou optimisées aussi. Cela la rassurait car elle n’était pas encore certaine d’être prête à parler de ses pouvoirs à des humains « normaux ». Celle du centre lui expliqua que leur pouvoir s’appelait l’Esprit Ruche, qu’elles étaient des télépathes interconnectées. Par exemple, si Malicia prenait le pouvoir des triplées, qu’elle cherchait une information et qu’elle ne la trouvait pas, elle irai chercher dans le cerveau de l’une des triplées et ainsi de suite. La mutante ouvrit de grands yeux parce que le pouvoir des triplées lui semblaient être puissants. Elle n’était pas certaine de pouvoir le contrôler si elle venait à l’absorber… Puis, une autre question venait de celle de droite, lui demanda si la l’absorption de la conscience de quelque venait à cohabiter avec la sienne ou la supplantait. Puis, celle du centre lui dit que si elles étaient trop curieuses, il fallait leur dire.
« Il y a cohabitation. En fait, quand j’ai absorbé la conscience de quelqu’un, j’ai tous ses souvenirs en tête en plus des miens et parfois, il est difficile de savoir si c’est mes souvenirs ou les siens qui reviennent quand je suis à un endroit familier. Et non, vous n’êtes pas trop curieuse. Il est normal de demander des informations. »
Celle qui était le plus à gauche lui dit alors que le travail qu’elles allaient effectués dans le nord de l’Etat était pour une Institut privée destinée à aider les mutants. Est-ce que c’était le même endroit que Remy lui avait parler ? Malicia fronça les sourcils. Si en un an, on lui parla deux fois de ce genre d’endroits, peut-être qu’elle devrait aller y faire un tour. Mais ce genre d’institut n’est pas pour les plus jeunes, ceux qui découvrent leurs pouvoirs ? Malicia était maintenant trop vieille pour ce genre de choses sans doute…. Les triplées lui proposèrent de l’aider, de lui donner l’adresse pour pouvoir contrôler ses capacités. La mutante ne savait pas trop quoi en penser. Est-ce que cela serait possible ? Controler son pouvoir ? Les questions continuèrent pour les triplées qui étaient curieuses et Malicia ne pu s’empêcher d’avoir un petit sourire. Effectivement, son pouvoir posait beaucoup de questions, mais elle était prête à y répondre sans doute. On lui demanda si elle touchait quelqu’un pendant peu de temps, est-ce qu’il restait conscient et conservait-il ses pouvoirs ? Si c’était le cas, elles lui proposaient un test à l’avenir. La jeune femme fronce les sourcils. Quel genre de test ? Elle n’était pas certaine d’être prête à ça… Elle répondit alors :
«La dernière fois que j’ai absorbé la conscience et les pouvoirs de quelqu’un, c’était assez bref, mais la personne est resté dans un état second pendant quelques temps. Il faut savoir que même si j’absorbe vos pouvoirs, vous les conserver sauf si, le contact dure trop longtemps et entraine… votre mort. »
C’était arrivé une fois, parce que Malicia se défendait d’un mutant qui la suivait dans New-York, bien avant le snap. Personne n’avait compris ce qui s’était passé et personne n’avait chercher à aller plus loin. Celle de droite lui dit alors que si elle voulait une démonstration de leurs pouvoirs, elle pouvait le demander. Malicia était d’une nature curieuse aussi. Les pouvoirs des autres mutants étaient quelque chose qui l’impressionnait.
« Votre pouvoir me semble être quelque chose d’énorme, de grand… Je ne sais même pas si je pourrais le contrôler si je l’absorbais… Comment cela fonctionne ? »
L’Esprit-Ruche surprend, voire impressionne, mademoiselle Malicia. On le comprend et ne s’attarde pas. On sait que notre mutation empiète sur le concept d’individualité, puisque l’on n’est pas réellement des individus séparés au sens où la plupart des gens l’entendent et pensent l’être. Néanmoins, de notre point de vue, ce sont les gens qui sont étranges. Isolés voire esseulés. On ne raffole pas de nos séparations, même quand on en a marre des autres. Se prendre la tête avec est toujours mieux que d’être isolée et esseulée. Evidée.
Vraisemblablement, mademoiselle Malicia sait ce que s’est que de partager sa tête, sa conscience. Que son pouvoir déclenche une cohabitation nous facilite une familiarité avec celui-ci tout en envisageant qu’il soit dérangeant pour elle. D’une part, elle n’est pas habituée à être "deux-en-une" là où on est naturellement "trois-en-une". D’autre part, on anticipe qu’il puisse y avoir une lutte pour le contrôle entre les deux consciences, là où les nôtres ne nous laissent pas la possibilité de nous posséder mutuellement. Pas de transfert d’esprit, seulement une interconnexion entre eux. Cependant, les explications qui suivent la cohabitation nous laissent perplexe : la manière dont elle est décrite laisse présager justement une absence de cohabitation, pour nous, puisque mademoiselle Malicia doute de qui elle est. S’il y avait cohabitation, elle l’identifierait facilement ; elle en aurait conscience, puisqu’il y aurait deux consciences justement. En tout cas, c’est ainsi que cela se passe chez nous : on sait toujours qui est qui, qui pense quoi et qui fait quoi, quand bien même c’est constamment présent. Peut-être est-ce une question d’habitude également : on existe ainsi, pas elle.
« Et non, vous n’êtes pas trop curieuse. Il est normal de demander des informations. »
Celle de droite, au plus proche de mademoiselle Malicia, acquiesce avec contentement. Elle l’observe ensuite réagir à l’évocation de l’Institut, nous amenant à penser que l’information n’est pas nouvelle. Cela pourrait être problématique, soit parce que mademoiselle Malicia a déjà fait le choix de ne pas y aller soit parce qu’elle sait qu’elle ne peut y être élève du fait de son âge ; chose n’étant, de notre point de vue, nullement un problème puisqu’il est possible d’y faire des candidatures spontanées pour des posts divers et que cela s’assurera que mademoiselle Malicia ait un salaire régulier, possiblement en tant qu’enseignante d’art si le post est libre. On trouve rapidement des réponses à nos questions, la facilité d’avoir trois cerveaux qui s’y penchent, et on perçoit bien les doutes chez notre interlocutrice. On l’en distrait rapidement, à l’aide d’une proposition se voulant comme une non-proposition.
« La dernière fois que j’ai absorbé la conscience et les pouvoirs de quelqu’un, c’était assez bref, mais la personne est resté dans un état second pendant quelques temps, déclare-t-elle après une réflexion assez marquée alors que celle de droite continue de la regarder et de regarder son dessin pour nous trois. Il faut savoir que même si j’absorbe vos pouvoirs, vous les conserver sauf si, le contact dure trop longtemps et entraine… votre mort. »
Nos trois visages deviennent graves, même si on sait qu’il s’agit probablement d’une peur de mademoiselle Malicia plus que d’un risque sur un bref contact. Pour dire vrai, on ne sait même pas si la forme adamantine peut mourir ; et on n’a pas envie de le découvrir.
« Combien de temps faudrait-il pour qu’il y ait danger de mort, demande celle de gauche, la plus éloignée.
- Et qu’entendez-vous par "quelques temps", demande celle du centre, inquiète.
- Nous avons un moyen d’éviter la douleur, probablement l’état second, explique celle de droite, mais il faut limiter le risque. »
Notre pouvoir lui "semble quelque chose d’énorme, de grand", on sourit toutes trois avec un peu de fierté enfantine. Le contrôler…
« L’Esprit-Ruche ne se contrôle pas, dit-on à trois. C’est un état, passif.
- Nous ne saurions dire s’il est puissant, poursuit celle du centre, dubitative. Nous vivons ainsi depuis notre naissance et ce n’est pas agréable, pour nous, d’être limitée à la "normalité" mentale.
- Dans votre tête, vous n’avez qu’une voix intérieure, suppose celle de droite, confiante. Nous en avons trois. Une chacune. Cependant, nous savons toujours qui est qui ; il n’y a pas de mélange si nous ne le voulons pas.
- Nos consciences sont partagées, déclare celle de gauche, explicative. Nous savons également ce que font les autres, où elles sont, ce qu’elles ressentent… Et nous pouvons accéder à leurs sens, si nous le souhaitons. »
On arrive bien à synthétiser notre différence, alors même qu’elle est fondamentale avec la conception d’individu mental pour la plupart des gens. L’habitude d’essayer de rattraper le résumé de notre ancien supérieur à la Mairie, qui nous définissait comme les "sœur talkies-walkies". Après, sans doute y a-t-il d’autres subtiles différences auxquelles on ne pense pas ; par manque de connaissance de cette "normalité" dont on parlait tout à l’heure.
« La limite, c’est le contrôle, assure-t-on à trois. L’Esprit-Ruche en lui-même ne nous permet pas de nous manipuler mentalement. Heureusement. »
Il y a la télépathie pour ça mais on évite de le préciser, pour l’instant. Elle, elle est réellement puissante et peut être effrayante à la mesure ; surtout considérant que l’on y a été formées. Cependant, on n’utilise pas nos télépathies sur nous-mêmes car cela perturbe pas mal l’Esprit-Ruche. La subtilité télépathique est difficile à faire lorsqu’on partage la conscience puisque la personne sur qui on la fait est consciente qu’on la fait. On sait que d’autres télépathes pourraient l’utiliser contre nous mais on a un joker pour cela. Enfin, pour à peu près tout ; y compris la douleur que pourrait causer mademoiselle Malicia durant une tentative d’user de ses pouvoirs "innocemment".
On n’en parle pas pour l’instant, décide Phoebe. On va la perdre si on parle trop, s’inquiète Céleste. Vous pensez qu’on lui donne envie d’essayer, se demande Mindee. On n’y est pas encore et ce n’est pas le but. Je suis pas certaine que le concept tente beaucoup de gens. Certes mais si elle souffre d’isolement à cause de sa mutation ça peut lui faire envie une mutation qui évite l’isolement et n’est pas dangereuse pour autre chose que la pudeur. Mindee, tu es accompagnatrice des élèves et tu tentes déjà d’en faire de même avec le personnel ? Vous pensez que l’on pourrait demander à monsieur McCoy de faire un bracelet inhibiteur pour permettre à mademoiselle Malicia de bloquer ses pouvoirs à volonté ? Phoebe, si on convainc mademoiselle Malicia de venir à l’Institut il faudra faire de notre mieux pour que ça se passe bien pour elle. Oui. Ça marche. Excès de zèle ! Comme avec le Baron Zemo. Nan, ça on évite. Il faut qu’on rachète les hauts bleus d’ailleurs. Mindee, elle avait oublié ! J’aimais beaucoup ces hauts… Je sais !
« Là, par exemple, reprend celle de droite après pratiquement six secondes d’absence, nous nous sommes perdues dans nos pensées. Elles vont vite et, comme nous sommes trois, nous conversons entre nous. Constamment.
- Avantage ou désavantage, ça dépend des moments et des humeurs, renchaine celle de gauche. Cependant, cela fait que nous exprimons un fil de pensée continue, d’où notre manière de parler "étrange".
- Et que nous avons tendance à être très franches, renchéri celle du centre. Nous n’avons pas de censure entre nous et, en cas de difficultés, nous oublions d’en avons avec les autres. »
On n’a pas l’habitude de mentir tout simplement car on ne peut pas se mentir entre nous et qu’on oublie que les autres ne sauraient pas forcément quand on ment ou pas. Non, pour nous, l’hypocrisie n’est pas un mensonge : c’est une forme extrême de flagornerie. Flagornerie qu’on assume parfaitement.
« D’ailleurs, rebondit celle de droite, quand vous nous parliez de votre cohabitation avec la conscience absorbée, vous nous donniez plutôt l’impression d’un mélange que d’une cohabitation.
- Vous ne distinguez plus réellement qui vous êtes, poursuit celle du centre, mais vous n’avez pas cet espèce de partage ou de dualité, non ?
- Sans doute pourra-t-on vous aider à vous y retrouver, affirme celle de gauche. Pour nous, c’est naturel de savoir qui est qui, au niveau des données. »
Une rencontre qui pourrait changer le cours des choses..
22 juillet 2024, Central Park, New-York
Malicia était impressionnée par les pouvoirs des trois filles, sans doute parce que c’était un grand pouvoir. Elle ne comprenait pas totalement comment cela fonctionnait, mais ça semblait être complexe. Une fois maitrisée, sans doute que c’était plus facile… Malicia parla alors de son pouvoir, de sa capacité d’absorption. Quelque temps. La notion de temps était vague avec le pouvoir de Malicia. D’ailleurs, les triplettes lui demandaient déjà combien de temps il fallait pour qu’il y ai danger de mort, qu’est-ce qu’elle entendait par quelques temps et elles avaient un moyen d’éviter la douleur, même l’état second, mais il fallait limité de le risque. Malicia le regarda avant de répondre :
« Je pense que ça dépend de la personne qui se trouve en face de moi. Par exemple, une personne normale, sans pouvoir, le contact peut durer une a deux minutes avant la mort. Pour une personne mutante qui aurait la capacité de régénération, je ne suis pas certaine que je puisse vraiment tuer cette personne puisque son corps serait en permanence en train de se régénérer. Sans le vouloir un jour, j’ai tué un mutant… Mais son pouvoir était faible. Maitrise du feu. Ce qui n’était pas assez fort pour contrôler mon propre pouvoir. Il est mort en quelques minutes, je dirais cinq à peu près. Il y a un an, sans le vouloir et pour me sauver, l’un de mes amis mutants a touché mon bras. Sur le coup, il n’a pas réagit, mais quelques secondes plus tard, il était dans un état de grande fatigue. Il a gardé le contact pendant deux minutes même pas. Mais il s’en ai remis ne vous en faites pas. »
Malicia écouta ensuite les explications des triplettes concernant l’esprit-ruche. C’était impressionnant quand même. alors, si elle avait accès à ce pouvoir, elle serait sans doute perdu. Elle les écoute lui dire que la limite, c’est le contrôle, qu’elle ne leur permet pas de se manipuler mentalement les unes des autres, heureusement. Malicia pencha doucement la tête sur le coté parce qu’à partir de ce moment, elles se perdirent dans leurs pensées, ça se voyait. Celle de droite lui dit qu’elles étaient perdues dans leurs pensées, qu’elles allaient vite et qu’elles avaient carrément une conversation entre eux. Celle de gauche ajouta que ça pouvait être un avantage ou un désavantage en fonction des moments et des humeurs. Elles avaient aussi tendance à être très franche entre elles et parfois, elles oubliaient d’avoir de la censure avec les autres. Malicia leur sourit doucement. Cela ne la dérangeait pas, au contraire. Elle préférait les personnes qui étaient franches que celles qui tournaient autour du pot. Malicia était toujours assise au sol en train de dessiner lorsque celle de droit lui dit que lorsqu’elle parla de cohabitation avec la conscience absorbée, elles avaient plutôt l’impression que c’était un mélange qu’une cohabitation. Malicia hocha la tête. C’était ça.
« En fait, c’est comme si nous étions deux dans un seul corps. Vous arrivez à vous distinguez parce que vous le faite depuis toujours. Moi, je n’ai pas l’habitude alors quand j’ai le pouvoir ou la conscience d’une autre personne avec moi, il est compliqué de m’y retrouver. Comme si l’une ou l’autre des consciences voulaient prendre le dessus. La dernière fois que cela m’est arrivé, c’est avec mon ami, Remy. Mais bizarrement, je n’ai pas eu cette sensation de mélange de conscience. J’ai bien sûr eu ses souvenirs, mais j’arrivais à faire la différence. Mais je n’ai pas compris pourquoi »
Que les temps nécessaires à avoir les différents stades d’effets soient variables en fonction des quantités de données à absorber nous semble logique, lorsque mademoiselle Malicia l’énonce. Sachant qu’une ou deux minutes avant la mort pour une personne sans pouvoir, c’est déjà beaucoup. La précision quand aux capacités de régénération nous interroge un instant, jusqu’à ce que l’on suppose qu’il s’agit là de son hypothèse nous concernant ; régénérer pour éviter la douleur. C’est à la fois plus simple et plus compliqué. Néanmoins, c’est hors sujet, surtout lorsque ledit sujet en arrive à un homicide involontaire. On s’immobilise toutes les trois et on se force à ce que seule celle de droite, proche de mademoiselle Malicia, la regarde. "Pouvoir faible"… est-ce cela l’excuse ? Tenir plus de deux minutes une personne avec un "pouvoir faible" ? Tenir près de cinq minutes une personne avec un "pouvoir faible" ? Cette situation nous inquiète, principalement car on envisage désormais que mademoiselle Malicia ne puisse pas lâcher volontairement lorsqu’elle commence à drainer quelqu’un. Une explication parmi d’autre quant à ce meurtre qu’elle se justifie par un pouvoir grandement inférieur au sien, de son point de vue. Les kinésistes de manière générale peuvent être très dangereux car très vite létaux. Bien moins que cinq voire deux minutes. Pour un pyrokinésiste, mettre le feu à un être humain est généralement aisé. D’une certaine manière, c’est bien plus puissant que notre Esprit-Ruche.
« Il y a un an, sans le vouloir et pour me sauver, l’un de mes amis mutants a touché mon bras. Sur le coup, il n’a pas réagi, mais quelques secondes plus tard, il était dans un état de grande fatigue. Il a gardé le contact pendant deux minutes même pas. Mais il s’en est remis ne vous en faites pas. »
Notre trouble doit se voir, au moins sur celle de droite. On change de sujet pour parler de nous mais on n’en oublie pas cette histoire. On aura besoin de plus de détails pour comprendre.
Tout comme les détails qu’on fournit à propos de notre état, qui impressionne toujours plus mademoiselle Malicia. Qui nous égare aussi, chose habituelle et présentée comme telle. Cela a le mérite de faire sourire l’autre mutante, la situation étant bien moins tragique que celle énoncée l’échange d’avant. Echange qui en revient à elle, même si on a effectivement plus important à comprendre désormais que le partage de conscience. Quoi que celui-ci puisse être lié à l’éventuelle impossibilité de lâcher, ou autre explication quant au décès précédent ; lequel éclipse le fait qu’un mutant touchant moins de deux minutes ne ressente qu’une grande fatigue, chose nous arrangeant puisqu’on peut s’immuniser à la fatigue.
Mademoiselle Malicia penche aussi pour l’hypothèse que notre aisance avec notre "identité" vient du fait que l’on est constamment à plusieurs. C’est parfaitement possible. Elle, en revanche, n’a pas l’habitude et lutte effectivement pour le contrôle. Ce qui peut être un problème, notamment si la personne touchée reste elle-même consciente ; une copie de sa conscience créée par la mutation ? Cela signifierait, dans notre cas, nous retrouver à cinq ?
« La dernière fois que cela m’est arrivé, c’est avec mon ami, Remy. Mais bizarrement, je n’ai pas eu cette sensation de mélange de conscience. J’ai bien sûr eu ses souvenirs, mais j’arrivais à faire la différence. Mais je n’ai pas compris pourquoi.
- Peut-être parce que vous le connaissiez et que vous identifiez les souvenirs, commence à supposer celle de droite.
- Peut-être parce qu’il vous connaissait et ne luttait pas pour le contrôle, continue de supposer celle du centre avant que celle de gauche ne suppose à son tour :
- Peut-être parce que vous n’avez pas absorbé sa conscience, puisqu’il est resté conscient. »
Nous concernant, ça sera facile : on se connectée à la conscience donc on pourra discuter avec, songe Phoebe. Quatre-en-une avec une deux-en-une, ça va commencer à faire des layer, songe Céleste. Il va falloir lui parler de la conscience, également, songe Mindee.
« Quand vous devez lutter, reprend celle de gauche, est-ce que la personne est consciente ou inconsciente ?
- Si elle est consciente, continue celle du centre, cela signifie que vous copiez la conscience ; donc que vous ne l’absorbez pas.
- Si elle est inconscience, conclue celle de droite, cela signifie que vous absorbez la conscience et, comme l’a prouvé votre ami Remy, que vous pouvez réussir à rompre le transfert avant cette étape. »
Soit avoir une utilisation plus facile et moins dangereuse de ses pouvoirs. Une utilisation qui passe par l’exercice, pour savoir quand et combien de temps. Difficile de savoir ce qui serait le plus simple : copie ou absorption. La copie est moins "vampirique", d’une certaine manière, mais pose le problème de la lutte. L’absorption est plus violente mais permet de savoir s’arrêter. En théorie.
« Lorsque vous touchez quelqu’un, commence-t-on à trois, êtes-vous paralysée ? Ou rencontrez-vous des difficultés à lâcher ? »
Son ami Remy a touché mademoiselle Malicia, elle n’était pas à l’initiative du contact. Peut-être est-ce là le secret nécessaire à des essais contrôlés de son pouvoir : qu’ils soient à l’initiative des autres. On n’en est pas encore sûres mais il faut que l’homicide involontaire ne se reproduise plus jamais. Heureusement, elle n’a pas l’air d’être hantée par cela. On ignore ce que cela fait de culpabiliser pour un meurtre, les seules victimes qu’on ait potentiellement faites étant un ou deux gardes du World lors de notre "évasion" et on n’a jamais su si on les avait tuées ; sachant que la forme adamantine, en plus de nous protéger de toute douleur et fatigue, nous prive de la moindre émotion. Pratique, puissant. Peut-être notre pouvoir le plus létal, quoi que la télépathie puisse l’être également. Hors sujet, en tout cas.
Une rencontre qui pourrait changer le cours des choses..
22 juillet 2024, Central Park, New-York
Le pouvoir de Malicia semblait être si complexe maintenant qu’elle expliquait ce qu’elle ressentait ou ce qu’elle vivait. Peut-être qu’elle devrait penser à aller à cet institut ? Peut-être que quelqu’un pourrait l’aider à comprendre ce qu’elle était et peut-être que quelqu’un aurait une solution pour elle. Elle se promit de demander aux triplettes ce qui serait possible de faire dans cet institut. Pourquoi pas s’occuper des arts ? Ce serait une bonne idée. Malicia secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à ça. Bien sur, sa condition serait meilleure, mais pour le moment, elle discutait avec les trois têtes blondes en face d’elle.
Ces dernières lui posent de nouvelles questions auxquelles la jeune femme essaye de répondre. La dernière fois qu’elle avait été touché par quelqu’un, c’était Remy. Il n’avait pas réagit tout de suite, sinon elle ne serait plus là pour en parler, mais il avait éprouvé une grande fatigue par la suite. Le pauvre avait mit quelques temps à s’en remettre. Il n’y avait pas eu de mélange de conscience cette fois. Les trois filles lui dirent que c’était peut-être parce qu’elle le connaissait et qu’elle savait quelles étaient ses souvenirs et ceux de Remy, peut-être parce qu’il la connaissait et qu’il ne luttait pas pour le contrôle et parce qu’elle n’avait pas chercher à absorber sa conscience parce qu’il était resté conscience. Malicia fronça les sourcils. Toutes ces théories étaient plausibles bien sur. Il fallait qu’elle trouve quelqu’un, en plus des triplettes, qui puisse l’aider… Elles lui demandèrent si, lorsqu’elle luttait, la personne était conscience ou pas. Parce que si elle était consciente, elle ne faisait que copier la conscience, elle ne l’absorbait. Si la personne est inconscience, elle pouvait l’absorber la conscience de la personne et comme elle l’avait prouvé avec Remy, elle pouvait réussir à rompt le transfert avant. Malicia passa une main sous son menton. pour réfléchir. C’était peut-être la logique oui. Les trois lui demandèrent alors si, lorsqu’elle touchait quelqu’un, elle était paralysée ou si elle avait de la difficulté à lâcher.
« Je ne suis pas paralysée. Enfin, plus maintenant. Lorsque ça m’est arrivé la première fois, j’étais paralysée, mais je pense que c’était surtout parce que je ne savais pas comment réagir. J’ai parfois de la difficulté à lâcher prise, mais ça dépend du contexte. Lorsque je m’en suis pris un jour au mutant qui voulait m’agresser, je ne l’ai pas lâcher parce que je voulais qu’il meurt… Pour Remy, c’est différent, c’est lui qui m’a lâcher et ce n’est pas moi qui a été au contact donc ce n’est pas pareil. Je n’ai jamais essayer de faire d’utiliser mon pouvoir de mon propre gré, il y avait toujours un élément déclencheur. Là maintenant, si je décidais de faire une expérience avec vous, peut-être que j’arriverais à me contrôler parce que je sais que c’est une expérience… mais je ne sais pas si ce sera le cas. »
Et elle n’avait clairement pas envie de tester sans en être sur !
Mademoiselle Malicia nous dit ne plus être paralysée. "Enfin, plus maintenant". La première fois, oui, mais par le choc ; tétanie face à l’inconnu et l’impossible, non dû à son pouvoir émergeant. Elle en a conscience et semble avoir accepté cet accident comme ses funestes implications. Était-ce vis-à-vis du mutant pyrokinésiste ? Même après sa première fois, elle continue à avoir de la difficulté à lâcher prise ; probablement parce que sa première fois n’est pas si éloignée que cela, considérant la dangerosité d’utilisation de son pouvoir. "Ça dépend du contexte". Le stress de l’émergence peut donc toujours jouer dans le choc, probablement, et une paralysie conséquente ou une absence de réaction. Cependant, sur plusieurs minutes, cela nous semble extrêmement long. Peut-être parce qu’on est habituées à réagir en termes de secondes, sous la pression ou pas.
« Lorsque je m’en suis pris un jour au mutant qui voulait m’agresser, je ne l’ai pas lâcher parce que je voulais qu’il meurt… »
Après un instant de surprise, on ferme nos lèvres et rabaisse nos sourcils. Tout en continuant d’écouter en quoi s’est différent avec son ami Remy, chose qu’on sait déjà, on considère le fait qu’il s’agisse d’un homicide volontaire. Mademoiselle Malicia est dangereuse par son pouvoir mais aussi sa personnalité. On ne la blâme pas, surtout s’il y a eu tentative d’agression, mais c’est un problème si elle est capable d’aller jusqu’au meurtre. La légitime défense implique de ne pas infliger plus à autrui que ce qu’autrui nous a fait ; c’est stupide, mais c’est ainsi. En tuant quelqu’un, on sort de la légitime défense ; quand bien même la défense était légitime.
« Je n’ai jamais essayer de faire d’utiliser mon pouvoir de mon propre gré, il y avait toujours un élément déclencheur. »
Celle du centre et de gauche échangent un regard à cette demi-vérité, puisque l’exception est énoncée juste à l’instant, mais on comprend l’intention. Celle de droite continue de fixer mademoiselle Malicia avec douceur. A l’évocation de faire une expérience avec nous, elle ne peut s’empêcher de détourner les yeux vers celle de gauche un instant.
Pas aujourd’hui, non, confirme Phoebe. Il faudra demander conseil à monsieur Xavier avant de le faire, considère Céleste. Il y a pas mal de choses à voir avant même si on avance bien, en effet, confirme Mindee.
« Pour les premières expériences, répond celle de droite, sans doute ne serez-vous pas celle qui initie le contact ; afin que l’autre puisse l’interrompre à loisir.
- Si vous en venez à être au clair sur le fonctionnement de votre pouvoir, continue celle de droite, peut-être pourrez-vous alors toucher à votre tour.
- Il faut faire par étape, termine celle du centre, pour progresser de façon structurée et à votre rythme. »
On ne sait pas trop quoi dire de plus. D’une manière générale, on aborde l’accompagnement à l’apprentissage d’une mutation comme un projet d’animation, puisqu’on a été formées à ceux-ci sur le tas. Objectifs Généraux, maitriser le pouvoir et que la personne se sente bien avec. Objectifs Intermédiaires, les étapes nécessaires à arriver aux OG. Actions, les ateliers permettant d’atteindre les OI. Quelque chose qui prend du temps, parfois des années, et se fait régulièrement. Il nous semble improbable que cela ne fonctionne pas puisque les projets d’animation ont l’avantage d’être bien plus adaptables que les cours magistraux, par essence même éloignés de leur apprenant. Cependant, il y a une certaine parenté avec les travaux pratiques. On ne s’est pas encore intéressées à comment les accompagnements aux pouvoirs se passent à l’Institut mais, Mindee étant accompagnatrice référente des élèves, on se doute qu’on pourra mettre en place des projets personnalisés pour répondre aux besoins ; pour peu que ça ne soit pas déjà le cas.
« Si vous vous présentez à l’Institution dont nous vous parlions et que vous y êtes acceptée, conclut-on à trois, nous pourrons surement faire quelque chose sur la durée. »
Une rencontre qui pourrait changer le cours des choses..
22 juillet 2024, Central Park, New-York
Parler de son pouvoir, Malicia ne l’avait jamais fait autant qu’avec les triplettes. En fait, elle en parlait rarement parce que les gens la regardaient toujours avec des yeux bizarres. Oui, Malicia était dangereuse. Pour elle-même et pour les autres. Parce qu’elle ne contrôlait rien du tout. Parce qu’elle ne pouvait pas y arriver. Ce pouvoir, ce n’était pas possible de le contrôler. Mais peut-être que si elle avait vu quelqu’un comme Charles Xavier donc elle ne connaissait pas encore l’existence, peut-être alors elle aurait compris certaines choses. Mais elle était trop vieille maintenant pour intégrer ce genre de structure. Personne ne prenait des adultes. Elle pourrait peut-être être professeur d’arts et encore, ce n’était pas certain qu’on l’accepte, malgré toute la bonne volonté du monde des trois soeurs.
Elle parla du fait qu’elle n’avait jamais utiliser son pouvoir de son plein gré, qu’il y avait toujours quelque chose qui déclenchait le truc. Et c’était vrai. Elle n’avait jamais utilisé son pouvoir autrement que lorsqu’elle était en danger ou sans faire exprès. Celle de droite lui dit alors que pour les premières expériences, elle ne sera pas celle qui allait initier le contact, mais ce sera l’autre, pour qu’il puisse l’interrompre à loisir. Malicia fronça les sourcils. Elle n’était pas certaine de bien vouloir le faire ça… Celle de droit continue en disant que si elle comprenait le mécanisme de son pouvoir, elle pourrait à son tour initier le contact à souhait. La mutante était sceptique. Elle n’était pas certaine qu’elle puisse comprendre ce pouvoir… Celle du milieu continuant en lui disant qu’il fallait le faire par étape, progresser de manière structuré et à son rythme. La jeune femme regarda son dessin avant de répondre :
« Vous avez sans doute raison. Mais il faudrait déjà trouver quelqu’un qui soit assez fou pour tester mon pouvoir. Sincèrement, si la personne est prête à perdre conscience, à être faible pendant quelques minutes à quelques heures et qu’elle est prête à frôler la mort, pourquoi pas ? »
Avait-elle vraiment dit ça ? Elle voulu se mettre une gifle. Pourquoi est-ce qu’elle avait dit ça ? Elle allait sans doute avoir la mort d’une autre personne sur la conscience et cette fois, ce ne serait pas vraiment de sa faute puisque la personne allait sans doute accepter de faire l’expérience. Elle ne voulait pas aller trop loin, mais parfois, son pouvoir était capricieux. Les trois lui dirent que si elle se présentait à l’Institution donc elle parlait et qu’elle était acceptée, elles pourraient sans doute faire quelque chose sur le long terme. Malicia fronça de nouveau les sourcils.
« Je suis sans doute trop vieille pour être accepter en tant qu’élève mesdames… »
C’était la vérité, à 24 ans, 27 ans en âge réel, elle avait sans doute passé l’âge d’être accepter dans cet institution… Sauf peut-être qu’en tant que professeur ou formateur.
« Mais je pense qu’il y a toujours une solution pour que je puisse être accepté… »
Elle regarda ses crayons et sa peinture à ses pieds. Le fait d’être professeur d’arts commençait doucement à lui plaire et l’idée germa dans sa tête…
Mademoiselle Malicia n’est pas à l’aise lorsqu’on lui parle de projection sur des entrainements vis-à-vis de ses pouvoirs. Pas convaincue non plus. De plus, elle a un choix à faire : un choix qu’elle sait, inconsciemment au moins. Elle regarde son dessin, cette représentation distante et sécurisée qu’elle se fait de la réalité, puis elle nous regarde nous, qui sommes peut-être représentées sur son dessin, dans son monde, mais n’y appartenons pas. Le choix est aussi complexe à faire que simple à expliciter : cette bulle qu’elle s’est créée et la solitude distante mais sécure avec le monde qu’elle lui permet. Ou. Ou ledit monde et ses dangers, de la sociabilité aux autres en passant par elle-même. La zone de confort solitaire ou la zone de risque sociable.
Au faut que l’on ait sans doute raison, on lève toutes trois nos sourcils avec un petit mouvement de têtes qui ne signifie rien de plus qu’un "n’est-ce pas ?" satisfait. Quant à "déjà trouver quelqu’un qui soit assez fou pour tester" son pouvoir, celles de droite et du centre tournent leurs visages vers celle de gauche.
« Sincèrement, si la personne est prête à perdre conscience, à être faible pendant quelques minutes à quelques heures et qu’elle est prête à frôler la mort, pourquoi pas ? »
Je suis pas particulièrement prête à frôler la mort mais je refuse que l’une de vous ne le face, grogne Phoebe. Je pense que mademoiselle Malicia a une vision très négative de ses capacités considérant les informations qu’elle nous a données, considère Céleste. Ou alors on a une vision trop positive des nôtres et on sous-estime les siennes, songe Mindee.
Il nous faut un peu moins de deux secondes pour échanger puis on en revient à mademoiselle Malicia. "Sans doute trop vieille pour être acceptée en tant qu’élève", c’est le cas. "Mesdames", ce n’est pas le cas !
« Mais je pense qu’il y a toujours une solution pour que je puisse être accepté…
- Nous n’y sommes pas élèves, précise celle de droite en se relevant, ses jambes commençant à lui faire sentir que la position accroupie n’est pas idéale à maintenir. Nous avons demandé à intégrer le personnel.
- Sachant que, non content de nos compétences, intervient celle de gauche, nous avons été recrutées parce que monsieur Xavier pouvait nous aider.
- Nous sommes assistantes, précise celle du centre, mais les postes ont été ouvert pour nous. Nous aidons mais ne répondons à aucun besoin préexistant. »
Monsieur Xavier, monsieur McCoy et les élèves de l’Institut se débrouillaient bien avant nous et auraient pu continuer de le faire sans nous ; sauf peut-être monsieur McCoy, qui voulait une assistante avant notre arrivée. Il y avait donc un besoin préexistant, sur trois. Toujours est-il que nous sommes lucides sur un point : si notre démarche est reconnue pour ce qu’elle est, si notre travail sera apprécié pour ce qu’il apportera, c’est bien l’étrangeté de notre passé et le fait qu’on ait été sincères sur celui-ci comme celui que monsieur Xavier peut nous aider à le résoudre qui a décidé de notre intégration à l’Institut. C’est un homme bon et on n’est pas sures qu’il serait capable de se retenir de tendre la main s’il perçoit un espoir pour une personne. Sachant qu’il souhaite donner de l’espoir, aussi. Comme il l’a fait lorsque l’on a fait face au fait que l’on est artificielles.
Artificielles.
Nous ne répondons à aucun besoin préexistant.
C’est une contradiction. Si on est artificielles, si on a été créées artificiellement, si quelqu’un s’est donné la peine de nous créer, c’est qu’on répond à un besoin. Lequel ? On l’ignore. On a besoin de temps et de courage pour y réfléchir. De personnes de confiance aussi, pour en parler, si elles nous le demandent. On est trop franches, on le sait. Sans cela, sans doute cherchera-t-on à résoudre les choses sans aide extérieure, comme on l’a toujours fait.
Pendant huit secondes, on reste silencieuses. On se regarde, nos gorges se serrent. On reste calme néanmoins. On se maitrise.
« Présentez votre candidature à un post ou deux, dit-on à trois. Soyez sincère lors de votre entretien d’embauche, même si les questions qui y seront posées sortirons totalement de ce cadre. C’est comme cela que nous avons fait. »
Doucement, celle de droite revient prendre sa position auprès de notre propre dessin, au côté des deux autres qui se décalent simultanément pour lui redonner sa place.
« Quand à vos pouvoirs, commence celle de droite.
- Nous sommes assez folles, continue celle du centre.
- Et si nous ne vous touchons que quelques secondes, cela devra aller, conclut celle de droite, avant que l’on reprenne à trois.
- Sachant que nous pouvons nous immuniser à la fatigue voire à la perte de conscience. »
Comment la forme adamantine et le vampirisme mimétique interagiront-ils ? Est-ce que l’immunité télépathique signifiera que mademoiselle Malicia serait capable de copie nos pouvoirs mais pas nos données cérébrales ? Ou est-ce que sa copie parviendra à tout prendre sans difficulté, outrepassant notre stase biologique ? Il n’y a pas trente-six moyens de le savoir. Tant que l’on n’est pas privées de nos pouvoirs, de la forme adamantine, le contrecoup devrait être plus que contrôlable. Néanmoins, si l’on veut une réelle maitrise des capacités de mademoiselle Malicia, il faudra aussi tester sur nos formes charnelles ; sinon, comment savoir combien de temps est sécure pour d’autres personnes ? Lorsqu’on en sera à là, on doit bien avouer être beaucoup moins sereines que derrière notre protection adamantine. S’il est bien une chose que l’on craint, c’est de perdre notre monde ; or, c’est plutôt une bonne définition de la mort. Et on a déjà perdu deux d’entre nous… même si elles doivent être de retour. Ont-elles quitté notre Monde, elles ?
Une rencontre qui pourrait changer le cours des choses..
22 juillet 2024, Central Park, New-York
Malicia n’avait sans doute pas découvert la moitié de ses pouvoirs. Parce qu’elle faisait tout pour les obliger. Elle faisait tout pour éviter les contacts. Les conséquences avaient été terrible les premières fois, presque traumatisante. Elle n’avait pas oublié dans quel état avait été Remy… Il avait eu du mal à s’en remettre, plusieurs minutes. Remy… Qu’est-ce qu’il devenait maintenant ? Elle secoua la tête doucement avant d’entendre les trois filles lui dire qu’elles n’étaient pas élèves à l’Institut, mais faisait partit du personnel. Malicia avait donc bien compris. Elle même était sans doute trop vieille pour être une élève, mais faire partie du personnel ? L’idée commençait doucement à lui plaire. Ne plus être toute seule, ne plus être obliger de compter les sous pour savoir si elle allait pouvoir manger… Elle aimait beaucoup vivre de son métier, mais parfois c’était difficile. Remy lui avait parlé d’une institution aussi il y a un an, mais est-ce que c’était la même ? Elle n’en était pas certaine. Les trois soeurs lui dirent alors qu’elle pouvait présenter sa candidature à un poste ou deux et qu’elle devait être sincère dans son entretien, même si les questions sortent du cadre. La jeune femme pencha légèrement la tête sur le côté. Il faut dire qu’elle n’avait jamais eu d’entretien d’embauche de toute sa vie… Mais elles avaient raison. Il fallait être sincère.
« Alors, je vais le faire. Vous avez les coordonnées de cette institution ? Une adresse mail peut-être. Je n’ai pas d’ordinateur chez moi, mais je devrais pouvoir me débrouiller avec ceux du café du coin. »
Et puis, elle n’avait rien à perdre. Si l’entretien ne marchait pas, ce n’était pas très grave, elle pourrait toujours revenir à Central Park pour faire ses tableaux non ? C’était presque sa deuxième maison. Les trois soeurs étaient toujours devant leur dessin, rajouta que, concernant ses pouvoirs, elles étaient assez folles et que si elles la touchèrent pendant quelques secondes seulement, ça devrait aller. Elles étaient immuniser à la fatigue voir la perte de conscience. Malicia les regarda avec de grands yeux.
« Comment est-ce possible ? D’aussi loin que je me souviens, aucun mutant ne l’est… Enfin, je crois. »
La jeune femme passa une main dans ses cheveux. Remy avait une capacité à encaisser les choses, les Stepford avaient la capacité à résister à la fatigue… Le monde était bien curieux. Mais Malicia doutait encore de son pouvoir. Elle était loin de s’imaginer aussi que quelques semaines plus tard, elle allait se rendre compte que même les êtres anthropomorphiques n’étaient pas du tout immunisé… Malicia regarda de nouveau son dessin qu’elle avait enfin terminé. La représentation des soeurs étaient parfaite.
« En tous les cas, mesdames… mesdemoiselles, vous venez de me faire accepter une chose que je n’accepte pas depuis des années. Je pense que je vais essayer de postuler dans cette institue. Je ne sais pas de quoi la vie sera faite demain alors autant tenter. Et peut-être que là bas, on pourra m’aider. »
Elle avait enfin un mince espoir de comprendre qui elle était…
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