Cela ne faisait que quelques jours à peine que Kurt se trouvait a l'institut et il avait encore du mal à réaliser. On pouvait même dire qu'il se sentait un peu dépaysé, limite perdu, peu habitué à autant de calme. De plus, il avait encore du mal à affronter le regards des autres sur son apparence, et donc, passait pas mal de temps dans sa chambre.
Mais ce soir là, le jeune mutant avait trouver le courage de quitter le cocon rassurant de sa chambre pour marcher un peu dans les couloirs, appréciant la chaleur et la tranquillité des lieux. Au bout d'un moment, il s'arrêta dans une bibliothèque et observa les livres qui y étaient présentés, pensant qu'il devrais prendre le temps de les lire. Il ne se rendait pas compte à ce moment la que quelqu'un venait d'entrer dans la pièce...
D’une démarche silencieuse, propre au vent sage qui circule entre les branches des arbres, la Tornade avance dans les couloirs du Manoir, veillant sur les portes closes qui renferment des mutants paisiblement endormis dans leurs lits ; elle devrait en faire de même, surtout quand l’horloge furieuse lui incombe minuit passée. Déjà ? S’étonne-t-elle tout bas. Elle n’a pas sommeil. L’insomnie est venue la cueillir et voilà qu’elle vagabonde dans les dédales de l’Institut sans savoir où aller. Fine silhouette enveloppée dans une peau ambrée, que le sable envie sans se l’avouer, Ororo finie par pousser la porte de la bibliothèque en quête d’un bon livre pour l’accompagner cette nuit.
Pieds nus, la princesse kenyane referme délicatement la porte pour ne point faire de bruits, se pensant également seule dans cette vaste salle ; qui viendrait ici par une heure pareille ? Sa longue chevelure semblable à un éclair argentée ramenée sur son épaule, elle déambule un instant entre les étagères, tend sa main pour attraper un livre et…
« Kurt ? »
Sa voix ne semble pas surprise, bien que l’expression de son visage traduit un étonnement presque évident. Sa main suspendue revient rapidement auprès de son corps, abandonnant le livre à peine extirpé de son étagère, tandis qu’elle se rapproche du jeune mutant d’un air sincèrement inquiet :
« Est-ce que tout va bien ? »
Codage par Libella sur Graphiorum
The Phoenix
Watch me. I will go to my own sun and if I am burned by its fire I will fly on scorched wings and I'll rise !
La bibliothèque dégageait une atmosphère chalereuse et accueillante, le jeune mutant s'y sentit tout de suite bien, même si pour le moment, il hésitait à céder à sa curiosité en prenant l'un des nombreux livres exposés: il ne lui appartenaient pas. Alors qu'il était occupé à regarder les titres, il sursauta presque à l'arrivée de Ororo, alors qu'il se tournait vers elle pour lui répondre, avec un certain embarras
"Oui ça va, je n'arrivais juste pas à dormir..."
Allait-elle se contenter de cette excuse ou l'avait elle suffisemment cerner pour savoir que Kurt avait attendu que tout le monde dorme pour enfin oser visiter l'institut ? Même à cet instant, il avait reculer de quelque pas pour se réfugier dans une zone d'ombre, comme si instinctivement, il voulait échapper au regard de son aînée
"A qui ils dont tout ses livre? J'en avait encore jamais vu autant"
Demanda il en lancant un regard admiratif sur les étagère qu'il découvrait à peine...
La Tempête eut un pincement au coeur en voyant que le jeune homme se dissimulait dans l’ombre, peut-être, pas craindre d’être jugé ou méprisé pour l’apparence qui était la sienne. Ils étaient encore trop nombreux, les mutants de son monde, à souffrir et à errer dans la douleur… Mais que pouvait-elle faire de plus ? Un instant, Ororo voulut faire un pas vers lui, tendre sa main pour l’inviter à rejoindre la lumière mais, alors que ses doigts s’avançaient avec douceur, son bras était sagement retourné auprès de sa hanche. Elle ne voulait pas le brusquer. Elle n’avait pas les pouvoirs télépathiques de Jean mais elle n’en avait guère besoin pour comprendre que Kurt avait vécu des moments difficiles… Chacun son rythme de chagrin, pensa-t-elle.
« Je comprends… Vivre dans un nouvel endroit est toujours un peu perturbant au début. »
Lui adressant un sourire emplit d’une tendresse qui n’était point mensongère, Ororo avait fait quelques pas dans la pièce tout en parcourant les étagères de son regard sombre, amusée par la remarque du jeune homme.
« Il est vrai que nous en avons beaucoup… Le professeur possède une grande collection et je dois t’avouer que j’en ai pas lu un grand nombre pour ma part mais, tous ces livres sont à disposition des élèves alors… Si tu veux en emprunter un, tu peux. Tu aimes quel genre de livres ? Je peux peut-être t’aider à en choisir un… »
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Kurt demeura immobile dans l'ombre pendant que Ororo tentait de le mettre en confiance. Le jeune mutant savait pourtant qu'ici, il n'avais pas a se dissimuler, et que personne ne lui demanderai de se battre a mort avec qui que ce soit pour survivre. Mais les traumatismes restent encré un bon moment avant de s'apaiser. Kurt appréciait pourtant la façon dont Tornade s'adressait a lui, comme un égale, et non une bête de foire.
"Je suis très bien ici, c'est juste déstabilisant d'être autant au calme, de ne rien avoir a prouver"
Cependant, il appréhendait un peu la rentrée, lorsqu'il n'aurait pas d'autre choix que de sortir du cocon rassurant de sa chambre pour assister aux cours. Il espérait être prêt d'ici la et comptait sur la bienveillance des autres élèves, tout en osant pas trop y croire. Après tout, de tout ceux qu'il ait pu croiser, ils avaient tous une apparence humaine. Préférant ne pas y penser, Il reporta son attention sur les livres et répondit a la question de Ororo, en osant légèrement sortir de l'ombre:
"Quand j'étais enfant j'aimais beaucoup les livres de contes, mais ca fait une éternité que je n'ai pas pu en lire un"
Il sembla malgré tout enjoué par l'idée que les livres étaient ici en libre service, mais il y en avait tellement ici qu'il ne savait pas du tout lequel choisir
L’aveu du jeune mutant fit trembler son coeur, car la douce entrevoyait ici toute la souffrance, la solitude et la peur qu’il avait dû éprouver au fil de sa vie. Avait-il déjà connu le réconfort d’une main tendue ? D’une épaule sur laquelle se reposer ? Avait-il déjà été bercé par des yeux qui ne le jugeait pas mais qui l’acceptait comme il était ? Pressant ses lèvres l’une contre l’autre tout en glissant ses paumes autour de ses coudes, Ororo s’était encore approchée d’un pas, comme pour lui signifier qu’elle n’était ni effrayée ni dégoutée par lui.
« C’est très juste. Ici, tu n’as rien à prouver, à personne. »
Mais était-ce suffisant pour le rassurer ? Comme elle en doutait, et l’air de rien, attrapant quelques livres au passage pour en admirer la couverture, elle avait rajouté :
« Tu sais… La plupart des élèves qui arrivent ici sont comme toi, au début. Ils ont peur du regard des autres, du jugement… Parfois, ils sont effrayés par leur mutation, ils ne savent pas trop où est leur place. Et c’est normal. Tu es chez toi maintenant, et personne ici ne te regardera avec différence. »
Lui accordant un nouveau sourire emplit de tendresse, Ororo s’était tournée vers lui pour l’observer quelques secondes avant de se hisser sur la pointe des pieds pour atteindre un livre imposant qui trônait en haut d’une étagère. Sa couverture bleue était plus épaisse que les autres et semblait plus ancienne, et la Tornade le tenait entre ses mains avec grand soin.
« Le Petit Prince… Tu connais ? »
Lui demanda-t-elle en se rapprochant de lui pour lui tendre le fameux livre, sans perdre son sourire. Elle espérait que le livre lui plairait, et qu’ils gardent en mémoire certains passages. « On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux. »
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Les paroles rassurantes de Ororo avaient réussi à mettre en confiance le jeune mutant qui finit par sortir entièrement de l'ombre pour enfin faire face à la tornade, qui se montrait si douce, bienveillante et accueillante envers lui. Est-ce que chaque personnes de cette école était ainsi ?
"Je n'en doute pas un seul instant, il faut juste que je m'habitue à ce nouveau mode de vie, mais je commence a me sentir bien ici"
Dit-il, en prenant peu à peu le dessus sur son intimidation. Il l'écouta ensuite lui parler des autres élèves, toutefois, un doute persistait, encore et toujours,
"Mais ils ont tous une apparence humaine, non?"
C'était en effet ce qui chagrinait le plus le jeune Kurt, qui avait le malheureuse habitude qu'on le remarque pour son physique hors norme, au point de vouloir à tout prix se cacher du regard des autres. Lorsque Ororo lui demanda si il connaissait "Le petit prince", le jeune mutant secoua négativement la tête. Si il avait peut être connu l'histoire par le passé, il ne s'en rappelait plus
"Je ne crois pas non, ou alors je ne me rappelle plus"
Le voyant sortir de l’ombre pour s’avancer vers elle, Ororo avait entrouvert ses lèvres pour se retenir de sourire outrageusement avec gaieté, se réjouissant intérieurement d’avoir réussi à lui donner confiance mais ne voulant pas le mettre mal à l’aise non plus ; il valait mieux agir comme si tout cela relevait d’une normalité absolue. Détournant, donc, le regard, la Tornade s’était penchée au-dessus de quelques livres abandonnées sur le rebord du meuble pour les replacer correctement sur les étagères.
En entendant la question de Kurt, elle se retourna instinctivement vers lui tout en tenant un livre dans chaque main, devinant combien la réponse qu’elle allait lui fournir ne serait pas celle qu’il espérait :
« Eh bien… La plupart, oui, c’est vrai. Mais ils ont tous — ou pratiquement tous, vécu des choses douloureuses vis-à-vis de leurs mutations. Et si c’est une triste réalité, il en ressort tout de même une bonne chose : ils sont très tolérants envers les autres. Ici, personne ne se moquera de toi. Et tu sais pourquoi ? Parce qu’ils n’ont aucune raison de le faire. Tu es très bien comme tu es. »
Plus maternelle qu’elle ne l’aurait voulu, mais il fallait avouer que c’était dans ses habitudes de jouer les louves protectrices, Ororo fit bien vite de détourner la conversation sur un livre qu’elle affectionnait particulièrement, et dont elle était sûre qu’il plairait également à Kurt. Comment ne pas aimer le Petit Prince ? Appuyant le bas de son dos contre le meuble, elle avait croisé ses bras contre son buste féminin avant de reprendre, un doux sourire aux lèvres :
« Je te conseille de le lire, il est très touchant et le message est… Enfin, tu verras ! Je ne vais quand même pas te raconter la fin. »
Un léger rire s’extirpant de ses lèvres, la mutante s’était finalement redressée en lui proposant, hésitante :
« Tu veux qu’on aille boire quelque chose de chaud ? Je peux nous faire un chocolat chaud si tu veux. »
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Une fois entièrement sortit de l'ombre, Kurt confia ses craintes a la Tornade qui l'écouta et sembla les comprendre, elle fit même le nécessaire pour le rassurer sur ce point précis.
"Les moqueries j'ai finit par m'en accommoder depuis le temps, le pire c'est de voire la peur dans les regards. Beaucoup me prennent pour un démon et peut être qu'ils ont pas tout a fait tort..."
Même si cela lui semblait ridicule, et d'ailleurs, il se montra embarrassé par cette dernière révélation, il avait eu, plusieurs fois au cour de sa vie, de nombreux doutes sur le sujet. Etait-ce pour faire taire ces rumeurs qu'il s'était refugié corps et âme dans la religion ?
La question restait en suspends et ce n'était pas un sujet qu'il avait particulièrement envie d'aborder. Heureusement, Ororo lui conseillait actuellement un livre avec pour titre "Le petit prince" dont elle vantait les mérites, en assurant qu'il lui plairait. Kurt prit l'ouvrage entre ses main pour en regarder la couverture, puis le résumé, avant de répondre, l'air convaincu:
"Je le lirait et je vous en direz des nouvelles"
Dit-il en lui adressant un de ses premier sourire de la soirée. Il la regarda par la suite lorsqu'elle lui proposa de prendre un chocolat chaud et eu un temps d'hésitation avant de finalement répondre timidement
"je ne veux pas vous ennuyer..."
Bien qu'il ait malgré tout envie d'accepter l'offre, sans pour autant oser le dire clairement
Entendre qu’il s’était accoutumé des moqueries aurait pu la rassurer, mais ce ne fut point le cas ; il n’y avait rien de réconfortant au fait qu’il avait appris à composer avec la méchanceté de ses semblables, mais qu’il redoutait davantage leur peur que leur cruauté. Ses sourcils courbés par la peine, le regard tendre mais affligé, Ororo avait un instant voulu le prendre dans ses bras ou au moins lui accorder un geste de réconfort mais, il subsistait encore une barrière qui l’empêchait de se montrer aussi tactile avec le nouveau venu.
« Bien sûr qu’ils ont tort ! Crois-moi Kurt, tu n’as rien d’un démon et tu n’as rien d’effrayant non plus. Ta mutation n’est pas une malédiction, ni une maladie. Tu n’es pas malade et tu n’es pas monstrueux. »
Hochant légèrement son visage comme pour essayer de le convaincre de la véracité de ses propos, car elle avait réellement envie qu’il prenne confiance en lui et qu’il soit en paix avec son apparence, la Tornade avait fini par détourner la conversation sur le fameux livre qu’elle lui tendait, en espérant qu’il lui plaise.
Un sourire se dessinant sur ses lèvres à son air ravi, elle lui avait alors proposé d’aller boire un chocolat chaud mais… Il avait eu l’air d’hésiter. Est-ce qu’elle le mettait mal à l’aise ? Peut-être qu’il voulait être seul… Mais ne l’était-il pas depuis trop longtemps déjà ?
« Tu ne m’ennuies pas, puisque je te le propose… »
Mordillant le coin de sa lèvre sans perdre totalement son sourire face à lui, Ororo avait fait quelques pas dans la pièce pour se rapprocher de la porte, lui lançant alors d’une voix enjouée et appuyée :
« Tu me suis ? Allez, viens… Je mettrai des petits chamallow dans ton chocolat chaud, là, tu ne peux pas refuser ! »
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