[Terminé] Et si Jean Grey devenait Madame Summers ?

ET SI JEAN GREY DEVENAIT MADAME SUMMERS ?

Face à son reflet de jeune mariée, après le départ de Raven, Jean n’avait pu s’empêcher d’avoir une pensée émue pour ses défunts parents. Certes, elle n’était pas tout à fait orpheline car elle avait eu la chance inouïe de grandir auprès de Charles, qui l’avait toujours considérée et aimée comme si elle avait été sa fille naturelle mais, en ce jour si spécial, il était difficile pour elle de ne pas se questionner : est-ce que sa mère aurait été fière d’elle ? Est-ce que son père aurait aimé la conduire jusqu’à l’autel ? Est-ce qu’il aurait apprécié Scott ? Certainement… Il était difficile de ne pas l’apprécier. Scott était charmant, dans tous les sens du terme. Chassant la larme qui chatouillait le coin de son oeil d’un revers de la main, Jean avait par la suite adressé un sourire à son miroir, s’apprêtant alors à rejoindre la cérémonie qui n’attendait qu’elle…

À côté de la large porte ouverte pour permettre aux invités d’entrer, Hank lançait des regards pressés vers la montre noire qui serrait son poignet. Il était ponctuel, beaucoup trop d’ailleurs. Le moindre retard l’agaçait au plus haut point mais, lorsqu’il vit au loin le visage de sa compagne et de son fils, ce dernier vêtu d’un mini-costume si semblable au sien, il avait tout de suite oublié les horloges. Un sourire niais se dessinant sur ses lèvres tandis qu’il creusait ses sourcils dans un nid attendri, il avait tendu ses bras vers son fils :

« Qu’est-ce qu’il est mignon ! Il me ressemble de plus en plus ; n’est-ce pas mon ange que tu ressembles à papa ? »

Fit-il d’une voix presque gâteuse en prenant l’enfant à la peau bleue dans ses bras, sa main d’homme entourant son poignet minuscule pour le soulever dans les airs afin de moment un geste d’au revoir envers Raven. La belle mutante s’éloignait d’un pas chaloupé sous l’oeil amoureux de son compagnon, qui berçait tendrement leur fils contre lui. Selon son propre avis, il était bien le plus beau bébé du monde mais, était-il encore objectif ? Loin de se douter que les alliances avaient disparu, Hank déposait une myriade de baisers sur la joue de son fils tandis que la belle mariée s’avançait enfin…

La remarquant en premier, Hank avait redressé son visage pour l’observer quelques secondes avant de s’asseoir sur la première chaise vide en bordure de rang, appuyant son fils sur son genou et le tenant d’une main, tandis que de l’autre il extirpait l’écrin contenant les deux alliances de sa poche intérieure. Curieux. Elle était bien légère… Du moins, il avait l’impression, ou plutôt la sensation, que quelque chose clochait. L’ouvrant discrètement, il découvrit avec stupeur qu’elle était vide… VIDE ! Non non non non ! Les sourcils froncés, il avait secoué la boite en espérant voir tomber les deux bagues, en vain. Oh misère… Comme tout homme perdu au milieu d’une tempête, Hank leva machinalement les yeux vers son épouse en fronçant ses sourcils et en écarquillant les yeux, lui faisant silencieusement comprendre qu’ils avaient un problème. Un gros problème même. Mais que pouvaient-ils faire ?

Le coeur battant à tout rompre, Jean s’était avancée d’un pas mesuré vers son futur époux, aux côtés de celui qui était son père, avec l’inconscience propre à ceux qui goutent au bonheur ultime : un sourire béat aux lèvres, quelques larmes de joie ayant trouvé échappatoire sur ses joues, elle avait glissé sa main dans celle de Scott pour se positionner face à lui. D’ailleurs, elle ne voyait personne. Elle ne voyait pas Logan qui fumait encore son cigare au milieu de la salle, ni le regard ému de Charles, ni le désarroi de Hank… Il n’y avait que lui. Que l’homme qu’elle aimait. Tout était parfait. Ou, plutôt, tout aurait dû l’être mais…

La cérémonie avait à peine eu le temps de commencer qu’un grondement sourd se fit entendre à l’extérieur de la salle des dangers. Jean voulut d’abord croire qu’il ne s’agissait que d’un orage particulièrement virulent, et fut d’ailleurs l’une des rares personne à ne pas se tourner vers la source de ce bruit : elle croyait encore qu’elle aurait droit à un mariage paisible. Mais lorsque les portes s’ouvrirent pour laisser apparaître Erik, Jean perdit son sourire et son bouquet en un seul mouvement.

« Qu’est-ce qu’il fait ici… »

Demanda Jean d’une voix étranglée par une colère teintée de tristesse, car elle savait à présent que le maître du magnétisme n’était pas venu pour les féliciter. Mais encore sous le coup de la fatalité, de la déception et de l’animosité, le Phoenix était resté immobile contrairement à Raven qui n’avait pas attendu pour s’avancer et l’affronter. Hank non plus n’avait rien dit lorsqu’Erik l’avait désigné comme de la racaille, principalement parce que l’avis d’un homme tel que lui n’avait que trop peu de valeurs à ses yeux mais, en voyant que sa femme s’avançait vers lui, il l’avait inconsciemment imité… Seulement il avait encore leur fils dans les bras, alors il ne voulait pas prendre de risques avant d’y être obligé.

« Le meilleur cadeau que tu puisses leur faire, c’est de te barrer d’ici. »

Logan ayant appuyé ses dires, le mutant s’était rapproché de Hank en posant un bref regard sur l’enfant qu’il portait, avant de poser ses yeux froids sur Magnéto, le fixant avec un air de défi : ici, le maître du métal n’impressionnait personne depuis bien longtemps.
Au milieu de la tension palpable qui régnait dans la salle des dangers, au point que tous les mutants étaient debout et s’apprêtaient à intervenir en cas d’attaque, les babillages de l’enfant résonnaient comme une musique mélodieuse.

Enfin, la jeune mariée sembla sortir de sa léthargie en voyant son alliance, et celle de son époux, éviter dans les airs : fronçant ses sourcils sous la contrariété, la rouquine s’était pleinement tournée vers le mutant en tressaillant de colère, tandis que sa main se tendait vers celui-ci afin de les dérober les alliances, qui volèrent jusqu’à sa propre paume. S’il souhaitait se battre, il avait mal choisi son jour.
Elle n’était pas véritablement effrayante dans sa robe toute dentelée de blanc, avec son visage séraphique et sa taille moindre mais, dans ses yeux, brillaient deux flammes qui annonçaient une colère vivace de laquelle il valait mieux se méfier. Calmement, elle avait fait quelques pas pour se positionner face à Erik, son regard plongé dans ses yeux pour lui accorder quelques mots, d'un ton qui était encore calme mais qui camouflait à peine la tempête furibond qui approchait :

« Je te conseille de partir, Erik.  Je ne te laisserai pas gâcher mon mariage alors… Va-t-en. »

ET SI JEAN GREY DEVENAIT MADAME SUMMERS ?

Le mariage était indéniablement en train de virer au fiasco. Si la nature s’était d’abord présentée comme la première perturbatrice de ce qui devait être une journée parfaite, Erik avait décidé de porter sa pierre à l’édifice : voilà qu’il avait interrompu la cérémonie en prenant en otage l’enfant de Raven et Hank, bien que Jean ne le pensait pas réellement capable de s’en prendre à un innocent… Ou si ? Elle savait que le Maître du Magnétisme pouvait se montrer belliqueux et impulsif mais, pas au point de faire du mal à un enfant tout de même…

« Relâche mon fils, Erik. »

Visiblement, Hank n’était pas aussi sûr qu’elle. Ses mots hachés par la colère ne firent qu’accroître la tension palpable qui régnait dans la pièce, comme si tout le monde prenait enfin conscience du danger que représentait l’intrus ne rougissant guère de honte. Il avait déboulé au milieu de la cérémonie de mariage et arraché un enfant des bras de son père, mais ce n’était sans doute pas suffisant pour le satisfaire. Il était venu pour se donner en spectacle, et sa représentation n’était pas encore terminée.

Après avoir lancé un regard vers Raven, le Fauve avait posé des yeux féroces sur l’homme qui osait toucher son fils de la sorte, sans encore se rapprocher d’eux ; il craignait que ses mouvements potentiellement abrupts ne blesse l’enfant qui tendait ses petites mains vers lui, sans encore pleurer. Mais Hank maintenait autant que possible le contact visuel avec Norton pour le rassurer, s’efforçant de rester dans son champs de vision tout en conservant son calme, lui lançant même parfois des sourires ambigus qui ne le rassuraient point ; et pour cause, l’enfant ressentait bien évidemment l’angoisse tortueuse de ses parents aux aguets.

L’insulte d’Erik glissa une nouvelle fois sur la peau de Hank sans le blesser ; il acceptait volontiers d’être qualifié de minable si cela voulait dire ne pas lui ressembler. De toute façon, les mots qui étaient prononcés ne l’intéressaient guère : il n’y avait que son fils qui comptait et il se tenait prêt à intervenir au moindre mouvement suspect… Il aurait préféré ne pas avoir à intervenir, mais Lehnsherr ne lui avait pas laissé le choix, pas plus qu’à Jean.

Tandis que Raven et Hank se jetaient sur Erik dans un seul et même mouvement, tout en prenant garde à ne pas blesser leur enfant, Scott était intervenu en usant de ses pouvoirs et en sommant l’intrus d’interrompre sa folie ; mais comment raisonner un esprit comme le sien ? Un bras enlacé autour du cou de son fiancé, Jean avait senti qu’une colère furieuse grandissant dans son ventre… Une colère étrange. Ou peut-être pas tant que ça. Il était bien légitime d’être en colère dans pareilles circonstances mais, au fond d’elle, elle sentait que sa colère bouillonnait et était sur le point de jaillir comme la lave d’un volcan : fermant les yeux quelques secondes tout en resserrant brièvement son étreinte autour de Scott, la rouquine avait essayé de contenir son chagrin, son animosité, sa rancoeur et sa hargne mais…

« La fête est finie pour toi, Erik. »

Ses yeux soudainement dorés s’illuminèrent tandis qu’elle tendait une main vers Magnéto pour délivrer l’enfant qui était prisonnier de ses bras, le rendant à sa mère sans encore accorder un regard à celle-ci ; ses iris furieux ne délogeaient pas du visage d’Erik, et ce dernier avait commencé à perdre son sourire. À son tour de trembler.

Faisant un pas vers Magnéto, Jean avait légèrement levé le menton tout en crispant ses doigts qui étaient tendus vers lui, les ramenant vers sa paume tandis qu’elle envahissait mentalement l’esprit du mutant malgré le casque qu’il portait ; insufflant une souffrance terrible dans le corps de l’homme venu gâcher la cérémonie de son mariage, la Phoenix l’avait contemplé rugir de douleur quelques secondes avant que son casque ne se brise, retombant sur le sol sous la stupéfaction générale. Même les sbires d’Erik le toisaient avec surprise, ne sachant plus tellement s’ils étaient du bon côté, aujourd’hui…

« Partez. »

Leur dit-elle d’une voix calme mais froide, sans quitter Erik des yeux. Il pouvait encore partir indemne mais son honneur, lui, resterait dans la salle des dangers…

ET SI JEAN GREY DEVENAIT MADAME SUMMERS ?

Le mariage, qui aurait dû être si parfait et idyllique, avait tourné à l’affrontement. Comment les choses avaient pu dégénérer ainsi ? Après les caprices de la météo furibonde, voilà qu’une nouvelle tempête venait de saccager le jour tant attendu des jeunes mariés ; Jean avait observé, avec une résilience presque abattue, la décomposition de son mariage au fil de la journée, s’évertuant à conserver son calme et sa joie de vivre pour ce jour si spécial. La robe. L’électricité. Le vent. La pluie. L’orage. Et maintenant ça… La jeune femme avait enduré, et avec une large patience, bien plus qu’elle ne l’aurait pensé. Il était temps que cela cesse.

Maintenant que Norton était en sécurité dans les bras de ses parents, les mutants rassemblés se levèrent d’un mouvement complice pour se dresser devant l’intrus au nom bien connu ; Erik. Ce dernier, devenu la cible du Phoenix, était pris au piège dans des entraves psychiques qui le faisaient horriblement souffrir, mais auxquelles il ne pouvait échapper malgré ses hurlements. Elle s’était dressée devant lui, véritable furie de feu aux yeux devenus dorés, brisant son casque légendaire à la seule force de sa volonté et le maintenant sous sa coupe par sa main tendue vers lui ; sentant qu’elle était proche de la déraison, et qu’il lui serait désormais difficile de revenir en arrière tant l’Oiseau de Fer exultait de rage et de rancoeur à son égard, la rouquine avait presque sursauté en sentant la présence de son fiancé dans son dos. Dans un désir bien louable d’apaiser le Phoenix qui s’éveillait, Scott avait glissé ses deux mains sur son ventre tout en soufflant quelques mots conciliants à son oreille ; il avait compris, il allait partir, il fallait seulement le libérer.

Le libérer. Après ce qu’il avait fait ? Il avait osé s’en prendre à un enfant ! Le menton tourné vers Scott, Jean avait basculé son visage de l’autre côté pour apercevoir Raven, comme si elle cherchait son approbation. Après tout, c’était son fils qui avait été la première victime de Magneto… Et comme elle semblait du même avis que Scott, la rousse avait peu à peu défait son emprise douloureuse autour d’Erik, jusqu’à ce que celui-ci retombe misérablement sur le sol dans un bruit de heurt. Le visage de Jean était encore fermé et ses yeux étaient encore luisants lorsque, faisant un léger signe de la main en sa direction, elle l’avait expulsé hors de la salle avec le peu de ses sbires ayant eu le courage de l’attendre.
Les portes de la Salle des Dangers se refermant dans un vacarme mesuré, Jean avait légèrement levé son menton tandis que son regard reprenait sa teinte bleutée, et que sa respiration retrouvait un semblant de calme. Un léger contre-temps, rien de plus. Elle essayait de se convaincre qu’il ne s’agissait là que d’un bref retard dans le déroulement de la cérémonie… Rien de plus…

Se retournant vers Scott en glissant sa main dans la sienne pour y chercher du soutien, elle reprit d’une voix plus faible et plus douce :

« Je… La cérémonie peut reprendre ? »

Pleine d’espoir, la jeune future mariée ne savait pas encore que les alliances avaient été égarées. Et c’est d’ailleurs ce que Hank était en train de murmurer à l’oreille de Raven, en espérant qu’elle trouve une solution avant qu’on les demande… Mais il fallait trouver une solution vite. D’ici quelques secondes, un nouveau drame allait secouer la cérémonie… Encore…

ET SI JEAN GREY DEVENAIT MADAME SUMMERS ?

Les galères s’enchaînaient à la vitesse de l’éclair, à ce rythme, c’était presque un miracle que le Manoir tienne encore debout. Enfin, peut-être qu’il allait s’effondrer quand la vérité concernant les alliances aura éclaté au grand jour… Si une tension palpable régnait encore dans l’air, si bien que les invités se toisaient sans rien dire, compatissants avec les jeunes mariés et leur cérémonie si durement entachée par les événements, Hank, lui, avait soudainement blêmi. Erik avait été rapidement chassé de son esprit sitôt qu’il s’était rendu compte que les alliances avaient été égarées ; impensable d’en parler à Jean et Scott, ces derniers avaient suffisamment essuyé de contrecoups pour l’instant, c’est pourquoi, il s’était tourné vers Raven. Sa femme, brillante et ô combien intelligente, avait levé les yeux au ciel et il avait alors grimacé, lui accordant ce qui semblait être un sourire à mi-chemin entre le « je suis désolé » et « je sais que je suis un idiot » ; néanmoins, comme toujours, il savait qu’elle allait réparer ses conneries. Tout en continuant de bercer Norton dans ses bras, Hank avait observé la belle mutante s’éloigner tout en pressant ses lèvres l’une contre l’autre, se retournant vers les jeunes mariés qui s’avançaient de nouveau vers l’autel, pour la seconde fois de la journée.

Raven en mission pour régler le problème des alliances mystérieusement disparues, Hank avait accordé un sourire de circonstance à Scott avant de s’approcher discrètement du prêtre, lui murmurant alors de faire durer la cérémonie le temps que Raven revienne avec les précieuses bagues ; ce dernier, sans nul doute atterré de la poisse des futurs épousés, avait d’abord cru à une blague avant d’hocher son visage de haut en bas, les yeux écarquillés. Peut-être que ce n’était un mariage qu’il leur fallait mais un exorcisme, pensait-il tout bas.
Mais bien loin de penser que leurs bagues avaient disparu, Jean tenait la main de Scott en le dévorant des yeux, un grand sourire suave aux lèvres. Elle semblait fatiguée, un brin éprouvée par toutes les malchances et péripéties ayant courbé leurs nuques, mais elle était heureuse. Enfin, elle allait pouvoir épouser l’homme qu’elle avait toujours aimé. Cette fois, personne ne pourrait se mettre en elle et lui.
Sous les paroles de Scott, tout le monde avait repris sa place ; rapidement, tous les invités s’étaient assis sur les bancs installés face à l’arche fleurie, tandis que le prêtre se plaçait au centre de l’estrade en bois, un peu plus haut que les jeunes mariés. Alors que ces derniers se tenaient toujours la main, il reprit d’une voix hésitante et tremblante :
« Chère Jean… Cher Scott… Vous voilàààà tous deux présents devant D…Dieu pour… Pour… Euh… Excusez-moi… »
Tapotant son front perlé de sueur à l’aide de sa manche, il avait dégluti avec difficulté tandis que Jean lançait un regard interrogatif vers Scott… Oh non. Il n’allait pas être malade, quand même ?
« Nous sommes tous réunis en ce j-jour pour céleb-celebrrb-célebrer… L’union de… »
N’ayant pas compris qu’elle lui faisait peur, Jean avait froncé ses sourcils d’un air sincèrement contrit avant de se pencher vers le prêtre pour lui demander s’il se sentait bien mais, ce dernier, apeuré, avait reculé d’un pas pour s’éloigner d’elle, marchant sur les pans de sa robe et trébuchant au sol dans un bruit de cognement plutôt fort. Il venait de se taper la tête. Il était inconscient. Inconscient.
« Ce n'est pas vrai… »
Avait-elle murmuré en le fixant d’un air ahuri, avant de se précipiter auprès de lui pour s’assurer qu’il respirait encore. « Un médecin, vite ! » Cria-t-elle en se redressant, ayant soudainement envie de pleurer. La robe. La panne de courant. La tempête. Erik. (Les alliances). Et maintenant le prêtre dans le coma. Qu’est-ce qui pouvait bien arriver de pire ?

ET SI JEAN GREY DEVENAIT MADAME SUMMERS ?

La cérémonie de leur mariage était une véritable catastrophe et, l’idée que les invités ne retiendraient que les tragédies successives lui tordait rudement l’estomac. Pourtant, après le passage rocambolesque d’Erik et de ses sbires, elle avait bien cru que les drames étaient terminés ; c’était sans compter sur le malaise du prêtre qui, souffrant d’une peur terrible à la simple vue de la mariée après démonstration de ses pouvoirs, s’était évanoui en plein milieu de son discours… Elle aurait dû en être surprise mais, tenant son bouquet entre ses mains et se retenant de le déchirer en mille morceaux pour expier un peu de sa nervosité, Jean n’en avait éprouvé qu’une profonde lassitude. Évidemment. Le prêtre qui perd connaissance. Elle aurait dû s’y attendre.
ㅤㅤAlors que Scott éclatait de colère avec raison, Jean s’était précipitée auprès de l’homme inconscient en se penchant au-dessus de lui pour s’assurer qu’il allait bien, véritablement inquiète de son état. Elle sentait toujours son esprit et son crâne ne semblait souffrir d’aucune blessure donc… Les choses auraient pu être pires. Elle en était donc réduite à se réjouir d’avoir un prête inconscient à son mariage plutôt qu’un prêtre mort…
« On ne peut pas le laisser comme ça… »
Elle entendit son futur-mari lui demander d’être calme, mais avait plus l’impression qu’il se parlait à lui-même qu’autre chose ; heureusement, d’ailleurs, parce qu’elle n’aurait pu accéder à cette requête. Si elle ne criait pas et ne pleurait pas à chaudes larmes, Jean commençait à se dire que le ciel et les dieux étaient contre eux. Assise sur le sol sur ses genoux, sa robe traînant à même le sol mais la poussière était définitivement le dernier de ses soucis, Jean avait mordillé l’intérieur de sa joue en fixant un point invisible pendant que son fiancé réagissait avec bien plus de vivacité en organisant l’évacuation du pauvre prêtre. Ce dernier allait donc partir pour l’hôpital le plus proche en compagnie de Kurt, et Jean ne savait pas trop ce qu’elle devait faire ou dire, maintenant. Elle n’osât point se tourner vers les invités, qui étaient pourtant ses amis et sa famille, jusqu’à ce que la douce présence de Scott la ramène à la réalité.
« Y a-t-il quelqu’un dans cette salle qui peut s’ordonner en ligne pour nous marier ? »
Après tout ce qui venait de se produire, Scott n’abandonnait pas et voulait toujours l’épouser… Sincèrement émue, mais peut-être rendue fleur bleue par les  derniers évènements, Jean avait remonté sa main pour la déposer sur la sienne, entrelaçant leurs doigts avec tendresse tout en lui adressant un sourire à la fois affligé et complice, quand bien même ses yeux brillaient de quelques larmes.
ㅤㅤLe prêtre venait de disparaître et son fiancé s’efforçait de le réconforter du mieux qu’il le pouvait, alors qu’il était lui-même en proie aux mêmes sentiments qu’elle… Elle n’avait pas besoin de raisons supplémentaires pour être follement amoureuse de lui mais, en cet instant, ses yeux plongés dans les siens, elle était certaine de son choix. Elle allait passer le reste de ses jours avec lui, et rien ne pouvait la rendre plus heureuse que cette perspective.
« Je t’aime aussi. »
Lui avait-elle murmuré d’une voix chevrotante avant de s’aider de son bras pour se redresser sur ses jambes, parcourant l’assemblée du regard. Une demi-seconde après, le bras de Hank se relevait tandis qu’il finissait de pianoter sur son téléphone portable pour se faire ordonner sur un site internet :
« Moi ! »
Un grand sourire aux lèvres, le Fauve avait néanmoins lancé un regard entendu à Raven à propos des alliances avant de s’approcher devant l’estrade pour reprendre le flambeau du prêtre tragiquement disparu, se raclant la gorge avant d’entamer son discours.
« S’il vous plaît, reprenez vos places ! La cérémonie reprend. » Une fois que les convives — et les futurs mariés, avaient obéi à cette demande, Hank reprit, arborant toujours son sourire jovial : « Je propose qu’on aille à l’essentiel, nous avons eu suffisamment d’émotions fortes jusqu’ici, euh… Scott, veux-tu prendre pour épouse Jean, pour l'aimer fidèlement dans le bonheur ou dans les épreuves, tout au long de votre vie ? »