Cela faisait presque quinze jours sur Wanda était rentrée de Prague. Les cicatrices physiques n’étaient à présent plus présentes grâce à la technologie que possédaient le QG des Avengers. Mais en revanche, les cicatrices psychologiques étaient toujours bien présentes. Wanda n'avait pas repris du service et ce n’était pas encore prévu au programme. De ce fait, les journées étaient longues au QG mais malheureusement les nuits aussi car les cauchemars que faisait Wanda l’empêcher de dormir convenablement. La raison? Sa mission à Prague oui mais pas que. Certes cette mission de sauvetage d’une civile s’était avérée être une réussite car Wanda a sauvé la civile mais elle avait pris une sacrée déculottée par des optimisés d’Hydra. Signe d’ailleurs était toujours actif et qu’ils avaient leurs propres optimisés prêts à en découdre avec les Avengers. Pour l’instant ce n’était pas là priorité mais Wanda avait tout de même fait son rapport. La seconde raison à ces nuits cauchemardesques : Vision. Ou plutôt la mort de Vision. Toutes les nuits sans exception depuis la chute de Thanos, Wanda rêvait de la mort de Vision, parfois entremêlée des morts d’autres Avengers comme Clint ou Bucky ou encore le souvenir de son frère mort depuis plusieurs années. En fait, Wanda rêvait de la mort de façon général depuis plusieurs mois maintenant. Et rêver de mort et de souffrance n’était pas ce qu’il pouvait y avoir de plus réjouissant pour passer ses nuits.
C’est pourquoi après plusieurs heures à tourner en rond dans son lit, Wanda décida de se relever. Elle regarda un film à la télévision de la salle commune. En fait chaque Avenger avait ses quartiers propres avec une chambre, un bureau ou un salon et une salle de bain privée. Et puis il y avait les espaces communs : cuisine, salon, salle à manger, salle de réunion, piscine et spa…. Depuis plusieurs semaines, Wanda n’avait pas quitter les locaux de l’Avengers Facility, elle connaissait donc à présent les habitudes de chacun et elle savait qu’à cette heure tardive, elle ne croiserai personne. Le salon sembla donc approprié pour passer quelques heures avant d’aller trouver le sommeil par épuisement.
Après 2h de télévision, il était à présent 3h30 du matin. Wanda était certes fatiguée mais elle ne voulait pas dormir tout de suite pour autant. Éteignant la télévision elle alla s'asseoir sur le sofa en face de l’immense baie vitrée. La pièce était plongée dans la pénombre, juste éclairé par des spots de sécurité nocturne. Wanda fixa l’extérieur, assise sur ce canapé dans le noir d’une nuit sans lune. Les lumières de New York donnait l’impression de voir le monde entier en pleine lumière. New york était une ville qui ne s’éteignait jamais… Le monde continuait de tourner et pour Wanda était là comme figée, à se demander ce qu’elle faisait là… Depuis quelques temps, elle remettait beaucoup de choses en questions et ce soir c’était son existence entière qu’elle remettait en question. Certes, la jeune femme était présente ici dans un but que Clint s’était évertué à lui faire comprendre à son retour de Prague. Maintenant elle était une Avenger et les gens comptaient sur elle pour défendre l’humanité. Mais hormis cette vie d’Avenger qui l’attendait, Wanda n’avait connu que souffrance, deuil et culpabilité. Etait-elle réellement fait pour ce rôle? Avait-elle les épaules pour surmontaient tout ça? Ou au contraire était-elle en train de sombrer? De tomber dans un vide sans fond dont elle ne se relèverait peut-être jamais….
Je vis le gros poing vert m'arriver dessus, mais étonnamment je n'eus pas le temps de l'esquiver. L'impact fut violent, le choc me souleva de terre et me propulsa sur plusieurs mètres. J'atterris avec fracas sur la table basse qui se brisa sous mon poids. Endolori, le souffle coupé, je vis Banner s'approcher de moi à grands pas lourds, fou de rage. Son grondement tonitruant emplit la pièce.
Pourquoi tu l'as laissée faire ? C'est de ta faute si elle est morte !
Je ne pouvais pas bouger. Je ne pouvais pas répondre. Il n'y avait rien à répondre. Le géant vert m'attrapa et me souleva comme si j'étais une vulgaire poupée de chiffons. Ses mains immenses se serrèrent autour de mes côtes, me broyant le corps. Je poussai un hurlement de douleur.
Mon cri se poursuivit tandis que je me redressai dans mon lit, en sueur. Je ressentais encore une douleur sourde à l'abdomen, comme un écho de ce cauchemar. La respiration haletante, je mis quelques instants à reprendre pied avec la réalité.
Voilà qui était nouveau... Généralement, mes rêves étaient peuplés par Natasha qui me suppliait de la laisser partir, par les visages de mes enfants, par le sang de tous ceux que j'avais tués. C'était la première fois que le cauchemar dépassait la réalité. Jamais Banner ne m'avait reproché la mort de Natasha. Il faut dire que nous n'avions jamais abordé le sujet. C'était toujours très sensible, même si plusieurs mois avaient passé. Mais c'était peut-être justement parce qu'on en avait jamais parlé que ça me tracassait inconsciemment...
Je me levai lentement, enfilai un bas de jogging et un tee-shirt. J'avais la gorge sèche et le corps bouillant. Une boisson fraîche me ferait du bien. Sans faire de bruit, je sortis de mes quartiers pour me rendre dans la cuisine. Mais en passant dans le salon, je perçus une présence... Les lumières étaient éteintes, mais j'avais une très bonne vue, même dans l'obscurité. Je reconnus la silhouette de Wanda, assise face à la baie vitrée. Je regardai l'horloge : 3h40...
Salut. Tu dors pas...
On ne s'était pas vraiment revus depuis son passage au centre médical. J'avais passé huit jours à crapahuter à travers tout le continent à la poursuite d'un type qui m'avait donné du fil à retordre. Après l'avoir ramené au S.H.I.E.L.D., j'étais retourné dans le Missouri pour passer quelques jours avec ma famille, et je n'étais revenu qu'avant-hier.
Contempler la ville de nuit était d’une beauté sans nom mais cela avait aussi le don de tout remettre en question. Wanda était concentrée sur ce qu’elle avait devant les yeux, elle n’entendit pas que quelqu’un se trouvait derrière elle. Ce ne fut que lorsque Clint pris la parole qu’elle se retourna vers lui. La jeune femme ne sursauta pas, elle avait pris l’habitude d’être surprise de cette façon. Vision aimé bien faire cela. C’est dingue comme tout ce qui se passait dans sa vie actuelle lui rappelait Vision. Wanda se retourna donc vers Clint, un sourire au lèvres, comme pour cacher ses pensées nocturnes.
“Salut Clint… T’arrives pas à dormir toi non plus?”
Clint et Wanda n’avaient pas passer beaucoup de temps ensemble depuis sa sortie du centre médical. L’archer l’avait aidé à rejoindre ses quartiers à sa sortie mais dans les jours qui ont suivis, il est parti en mission. Bien sur, ils s’étaient donnés des nouvelles par messages mais pas en direct. Ensuite, il avait pris le temps de rendre visite à sa famille ce qui était tout à fait normal. Wanda savait que pour Clint sa famille était son bien le plus précieux. Elle n’avait jamais eu la chance de rencontrer sa femme Laura ou ses enfants mais elle savait que clint tenait énormément à sa famille. Alors quand il était rentrés quelques jours plus tôt, elle ne l’avait pas dérangé car la jeune femme savait que même si Clint adorait son métier, il n’était jamais facile pour lui de partir loin de sa famille.
Elle passa sa main sur la canapé à côté d’elle pour faire signe à Clint de s'asseoir à ses côtés et reporta son attention à nouveau sur les lumières de New York de nuit.
“Tu as fais un cauchemar ?”
Clint n’était pas le genre à faire la causette et Wanda le savait bien mais il faisait toujours un effort quand il était avec elle. Et parfois ces deux-là n’avaient pas forcément besoin de parler pour savoir qu’ils étaient là l’un pour l’autre.
Wanda tourna la tête vers moi, le sourire aux lèvres, me demandant si moi non plus je n'arrivais pas à dormir. Oh, si. Avec les journées que je me faisais, quand venait le moment de se coucher, je tombais de sommeil et dormais comme un bébé. Mais y'avait pas beaucoup de nuits réellement sereines. Dès que j'avais pas l'esprit occupé par une mission, j'avais tendance à gamberger, à ressasser des mauvais souvenirs. Et forcément, la nuit, ça ressortait encore plus.
Elle me fit signe de venir m'asseoir auprès d'elle, puis me posa la question que j'allais lui poser. Généralement, quand on se retrouve seul, assis dans le noir, à quatre heures du matin, c'est qu'on n'est pas au mieux de sa forme. Restait à savoir si elle s'était réveillée après un mauvais rêve, ou si elle n'avait pas dormi du tout. Depuis Prague, elle n'était pas retournée sur le terrain. L'échec de sa mission avait dû sacrément la chambouler.
Ouais...
Je n'en dis pas plus. Je n'étais pas du genre à me lamenter sur mon sort, ou à raconter mes malheurs. J'estimais que de toute façon, ça n'aurait servi à rien. Les cauchemars n'allaient pas s'arrêter pour autant. Il faudrait du temps avant qu'ils disparaissent. J'avais rien contre ceux qui avaient besoin d'en parler, d'extérioriser. Moi j'extériorisais autrement. Si je n'avais pas vu Wanda seule dans le noir, je serais probablement allé courir un peu avant de me recoucher.
J'vais m'chercher un soda en cuisine, j'reviens.
Dans la cuisine, je m'ouvris une bouteille fraîche de coca. Je fis aussi bouillir du lait, dans lequel j'ajoutai du miel. Puis je retournai dans le salon, m'assis à côté d'elle et lui tendis la tasse chaude.
Pour toute réponse au cauchemar, Clint répondit un simple ouais sans pour autant s’attarder sur le sujet. En même temps ce n’était pas son genre. Wanda commençait à cerner le bonhomme et hormis s’il voulait faire passer une leçon ou pour un entraînement, il n’était pas tellement loquace. Dans le fond, cela ne dérangeait pas la jeune femme car elle savait que le simple fait qu’il soit à ses côtés la réconfortait. Par moments, les mots n’étaient pas nécessaires, seul la présence et le regard suffisait à faire comprendre à l’autre l’état d’esprit du moment.
Clint ne s’assit pas de suite, il précisa qu’il allait se chercher quelque chose à boire. Wanda fit un signe de tête discret tout en gardant le regard vers la ville nocturne. Nulle besoin de répondre de toute façon. Il s'affaira en cuisine quelques minutes avant de revenir s’asseoir à ses côtés avec un verre de soda pour lui et une tasse fumante qu’il tendit à Wanda. Décidément, l’archer la connaissait bien. La sorcière rouge eut un léger sourire en coin avant de prendre la tasse de lait chaud dans ses mains. Comme pour se réchauffer - ou alors par instinct- elle serra la tasse entre ses mains pour sentir la chaleur. Un petit “Merci” se fit entendre bien qu’il était à peine audible.
La question tant redoutée de la présence de Wanda ainsi dans le noir se fit entendre. En même temps, il était évident que Clint n’allait pas encaisser qu’elle avait juste envie de regarder les jolies lumières de New-York. Il y avait forcément une autre raison. Wanda ne bougea pas d’un pouce, hormis ses doigts qui se baladaient le long de la tasse bouillante. Elle gardait le regard fixé devant elle en répondant simplement: “Je n’ai pas sommeil.”
Un vulgaire mensonge car en réalité la jeune femme était épuisée mais elle avait juste peur. Peur de s’endormir et voir et revoir encore et encore le visage de l’homme qui partageait sa vie. Mais Clint ne pouvait pas savoir qu’elle faisait maintenant ce petit rituel régulièrement la nuit depuis qu’elle était rentrée de Prague. Une fois ou deux, elle avait croisé Bruce ou Sam qui venait prendre un verre d’eau. Donc si les autres Avengers n’en n’avaient pas parlé à Clint, il ne pouvait pas savoir. En revanche, le mensonge serait de courte durée et Wanda le savait car si Clint détaillait son visage, il verrait bien ses traits tirés et ses cernes apparentes. Mais comment expliquer que Wanda repensait à tous les êtres qu’elle avait perdus… Ses parents, Pietro, Nat, Vision… Toutes ces personnes qui lui manquait et qu’elle ne reverrait jamais. Elle ne pouvait mentir à Clint. C’était un fait, Clint était son mentor et un ami proche, comme un grand frère de remplacement, un grand frère de coeur. Elle ferma les yeux un instant, et reprit la parole: “ En réalité, je n’arrive pas à trouver le sommeil car trop de pensées néfastes. Je n’arrive plus à dormir alors que je suis fatiguée.”
Wanda prit la tasse et me remercia. Bien des fois j'avais préparé du lait au miel pour ma fille lorsqu'elle était petite. Mes réflexes de père étaient revenus quand j'avais vu Wanda seule dans le noir. Si j'avais dû cacher durant longtemps l'existence de ma famille à mes collègues, à présent tous les Avengers savaient que j'avais une femme et trois enfants. Ceux qui n'étaient pas venus dans ma ferme quelques années plus tôt avaient pu les voir à l'enterrement de Tony. Même si c'était effrayant que tant de personnes soient au courant, c'était aussi agréable de pouvoir enfin montrer cet aspect de ma vie.
Elle répondit à ma question en disant simplement qu'elle n'avait pas sommeil. Je la fixai un moment, haussant un sourcil incrédule et souriant en coin, l'air de dire qu'elle allait pas me la faire à moi. Elle avait les traits tirés, le teint pâle, de grosses cernes. Elle ne me regardait pas, peut-être fuyait-elle mon regard. Je me contentai d'attendre qu'elle m'en dise plus, certain qu'il y avait plus que ça. Elle finit par fermer les yeux et m'avouer qu'elle n'arrivait pas à dormir à cause de pensées néfastes.
Quand Lila était petite, elle faisait des angoisses nocturnes. Elle se réveillait souvent au beau milieu de la nuit en hurlant. Du coup on lui préparait un lait chaud avec du miel. Ça l'apaisait.
Des pensées néfastes... Tu m'étonnes. Avec tout ce qu'elle avait vécu, c'était sûr qu'elle pouvait pas bien dormir. Les toubibs auraient dû lui donner des somnifères ou des calmants. Ils auraient dû se rendre compte qu'elle souffrait de stress post-traumatique ou un truc dans le genre. Bon, en même temps, Wanda était sortie quelques heures après avoir été soignée, on leur avait peut-être pas vraiment laissé le temps de s'assurer qu'elle allait bien.
J'vais t'dire un truc... T'en fais c'que tu veux... Quand j'suis en mission, je dors comme un bébé. J'ai l'esprit occupé, le corps fatigué, du coup je passe des nuits tranquilles. Mais dès qu'je reste à rien faire, là j'me mets à gamberger... Et du coup les cauchemars reviennent.
Je bus une gorgée de soda, avant de poursuivre mon explication. Je parlais pas de mon cas pour me faire plaindre ou pour qu'elle pense à autre chose. Je savais précisément où j'allais avec mon exemple. J'avais un avis clair, et j'allais pas me gêner pour le lui dire, même si ça lui ferait pas forcément plaisir.
C'est pas bon pour toi de rester ici, enfermée, à rien faire de tes journées. N'importe qui deviendrait cinglé. Faut qu'tu t'bouges. Même si ça t'fait peur. Quand on tombe de cheval il faut remonter en selle.
Clint expliqua que quand sa fille était petite, elle faisait des terreurs nocturnes. du coup il avait pris l’habitude de lui préparer une tasse de lait chaud avec du miel. C’était à présent Wanda qui en avait une entre les mains, avant même qu’elle ne dise ce qu’elle avait sur le coeur à l’archer. Lisait-il en elle comme dans un livre ouvert? En tout cas, Wanda pris une gorgée de cette boisson lactée et sentit en elle une infinie douceur et un apaisement quasi instantané. La jeune femme ferma les yeux alors que Clint lui annonça le fond de sa pensée.
En même temps, ce n’était pas le genre à ne pas dire ce qu’il pensait. Que cela fasse plaisir ou non, quand il voulait s’exprimer sur un sujet, il ne mâchait pas ses mots. Pour Clint c’était simple, en mission il n’avait pas le temps de réfléchir et il dormait comme un bébé, mais quand il était au QG, il “gambergait” comme il disait, et de fait il faisait des cauchemars. Il pensait donc que la place de Wanda était en mission et non enfermée ici. Ce que Clint ignorait car Wanda n’avait pas encore pu lui dire c’est que le terrain pour l’instant n’était pas dans ses priorités. Elle but une autre gorgée de lait et se tourna doucement vers Clint pour lui expliquer toute la situation:
“Je suis d’accord avec toi tu sais, mais le truc … C’est que depuis Prague je n’ai pas eu l’autorisation de retourner sur le terrain….” La sorcière marqua une petite pause pour laisser quelques secondes à Clint afin qui digère cette première nouvelle “Le fait est que mes pouvoirs sont un peu détraqués depuis mon retour. Je n’ai donc pas l’autorisation de retourner sur le terrain sauf cas exceptionnel…”
Wanda repris une gorgée et termina : “Donc comme toi, je réfléchis trop et je ne trouve plus le sommeil… Même si c’est le chat qui se mord la queue car sans un sommeil réparateur et des bonnes pensées, je ne retrouverais pas la totalité de mes pouvoirs.” Voilà c’était dit Wanda ne tournait plus rond...
Elle était d'accord avec moi. Mais... Bah ouais, forcément, y'avait un "mais". Sinon on aurait pas été là, dans le noir, en pleine nuit, à avoir cette discussion. Le S.H.I.E.L.D. ne la laissait pas retourner sur le terrain. Je pensais immédiatement que c'était parce qu'elle avait été blessée et qu'elle avait failli mourir, et mon appel furieux à Rhodes avait peut-être pesé dans la balance. En même temps, c'était pas tellement logique, moi j'y étais retourné quelques heures à peine après avoir été sérieusement blessé, à l'époque d'Ultron. Mais bon, en ce moment, il n'y avait pas de grosse crise mondiale, peut-être qu'ils voulaient ménager un peu leurs agents...
Nan, c'était pas ça non plus. Ses pouvoirs étaient détraqués. Ah, ça c'était plus emmerdant. J'avais bien vu ce que ça donnait quand elle perdait le contrôle. Valait mieux pas être en face. Si elle devenait un danger pour elle et pour les autres, c'était normal qu'on ne l'envoie pas en mission. Bon... Sur ce plan-là, j'allais pas pouvoir l'aider beaucoup. Je n'avais pas de super-pouvoir, je ne savais pas trop comment ça fonctionnait ces trucs-là. Mais je restais quand même sur mon idée de base.
Ouais... Je maintiens que tu réfléchis trop. Faut qu'tu t'occupes l'esprit et le corps. Tu peux pas retourner sur l'terrain, okay, mais rien qu'ici t'as des tonnes de choses à faire. J'conçois qu't'en aies pas forcément envie... Mais tu vas pas t'enterrer dans tes mauvaises pensées et dans l'inactivité... c'est pas vraiment ton genre.
Je lui souris, repensant à notre conversation en Sokovie. Malgré la peur et les remords qu'elle avait éprouvés alors, elle avait choisi de se relever et de se battre. Elle n'avait pas baissé les bras. Elle était devenue une Avenger, et j'étais sûr qu'elle pouvait surmonter tout ça.
Après, pour ton histoire de pouvoirs détraqués, faudrait qu't'en parles avec quelqu'un qui s'y connaît. Genre Banner.
Clint écoutait Wanda sagement. La jeune femme se doutait bien qu’il ne pourrait pas l’aider vis-à-vis de ses pouvoirs mais elle avait besoin de dire à quelqu’un que cela n’allait pas. clint était peut-être la seule personne qui n’avait pas peur de Wanda pour ce qu’elle était. Non, en fait la seule personne qui n’avait pas peur de Wanda c’était Wanda elle-même. Mais justement en ce moment, elle avait peur de ce qu’elle était en train de devenir. Peur de perdre le contrôle, peur de se retrouver seule et sans famille, sans personne sur qui compter. Au fond, elle savait que Clint ne lui tournerait pas le dos aussi facilement mais le doute persistait et c’était le doute et la peur qui faisait que Wanda avait à ce point du mal à se confier à lui. Pourtant des personnes qui la connaissait moins comme Banner ou Wilson serait plus disposés à lui tourner le dos que quelqu’un comme Clint.
Wanda restait bien en face de la baie vitrée comme si elle s’attendait à ce que Clint lui confirme qu’elle était en train de devenir folle. Mais ce ne fut pas le cas. Clint confirma en revanche ce qu’il avait dit plus tôt : que Wanda réfléchissait trop et qu’il ne fallait pas qu’elle reste à rien faire. Elle ne pouvait pas retourner sur le terrain et bien soit, elle devrait alors trouver des occupations ici au sein du QG. Dans le fond, l’idée n’était pas mauvaise. Mais une part de Wanda se disait qu’elle n’en serait pas capable. Cette petite voix dans la tête qui broie du noir et qui as le don de nous donner le cafard. En ce moment c’était cette petite voix qui tournait en boucle dans l’esprit de Wanda et il serait difficile de la délogée.
Les derniers mots de Clint résonnèrent dans son esprit. Non ce n’était pas son genre en effet mais la sorcière rouge n’était plus que l’ombre d’elle-même ces dernières semaines. Hawkeye ajouta encore quelques mots pour préciser que Wanda devrait parler de ses soucis de pouvoirs à quelqu’un de compétent comme Banner par exemple. Mais la jeune femme n’entendit cela que de loin. Elle était restée bloquée sur le fait que ce n’était pas son genre...
Wanda chuchota alors : “Je ne sais plus vraiment quel est mon genre en toute franchise Clint. Si cela se trouve je ne suis plus faite pour être une Avenger. Thanos m’a tout pris et j’ai cru que je m’en étais remise mais c’est faux. C’était se voiler la face que de croire cela. Mon esprit débloque. Je vois Vision partout et tout le temps et c’est encore pire quand je dors.” Elle ferma les yeux alors que les larmes lui montaient aux bords des yeux. Lorsque la sorcière les rouvrit, les larmes coulèrent doucement : “Il me manque chaque jour, chaque heure et chaque minute. Tout mon être le réclame et je ne sais pas comment faire pour y remédier... “ Tournant son visage plein de larmes vers Clint : “Je ne peux pas vivre sans lui Clint, je n’y arriverai pas.” La jeune femme s'effondra sans attendre une seconde de plus. C’était ça le coeur du problème. C’était la perte de Vision. Wanda n’arrivait pas à surmonter cette épreuve et elle avait besoin à cet instant de tout le soutien de Clint qui était là, à ses côtés...
Mon sourire n'avait pas l'air de lui remonter le moral. Au contraire, elle avait l'air encore plus abattue. Bizarre... D'habitude, il suffisait que je lui dise de se bouger pour qu'elle accepte et qu'elle se bouge. Elle avait une bonne force de caractère, et si elle doutait beaucoup d'elle-même, elle n'avait souvent besoin que d'une petite impulsion pour se motiver. Mais là...
Elle gardait les yeux fixés droit devant elle et elle me répondit en chuchotant, comme si elle avait honte, ou peur, de ce qu'elle disait. Ouais, elle était bel et bien paumée. Elle ne savait plus vraiment qui elle était, qui elle devait être. Elle parla de Thanos. Puis de Vision. Oh, bordel. C'était ça, le problème. C'était pas le fait qu'elle ait été blessée en mission, ou qu'elle ait peur de mal faire. En fait elle était encore en deuil. La mort de Vision me paraissait bien lointaine et secondaire, mais pour Wanda, qui avait manqué cinq années, c'était encore récent. Et la fin d'année, avec cette ambiance festive et familiale, ne devait pas l'aider.
Je l'observai fermer les yeux. Malgré la pénombre, je distinguai nettement ses larmes couler. C'était l'avantage - ou l'inconvénient - d'avoir une vue excellente. Et merde... J'avais jamais été très à l'aise avec les gens qui pleuraient. Je savais pas quoi leur dire, comment réagir. Quand elle m'avoua à quel point Vision lui manquait, sa peine me fendit le cœur. Elle tourna son visage vers moi en m'annonçant qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui. Je sentis comme un vide dans ma poitrine et ne pus que murmurer avec inquiétude :
« Hey... »
Elle fondit en larmes. Je passai doucement ma main derrière son dos pour la tourner vers moi et la prendre dans mes bras. Je ne savais que trop bien ce qu'elle pouvait ressentir. Comment j'avais pu ne pas m'en rendre compte plus tôt ? Mais quel con... Elle m'avait pourtant parlé un peu de Vision quand j'étais revenu en ville, mais j'avais pas capté à quel point il comptait pour elle, à quel point son absence lui pesait. Je la serrais dans mes bras, lui apportant le peu de réconfort que je pouvais lui donner, lui permettant aussi de pleurer autant qu'elle le voulait. Je ne trouvai rien à répondre, à part un triste :
« Je sais... Je sais... »
Il n'y avait rien à dire de toute façon. Il n'y avait aucun discours magique, aucun mot qui pourrait atténuer sa peine.
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