[Terminé] Réunion de crise Ft. Clint

Réunion de crise

Rocket et Clint

Après être sorti de la station de métro, je m'étais rendu à l'Héliporteur, sur l'ordre de Fury, pour lui faire mon rapport. Je lui avais livré tous les détails de ce qui s'était passé. J'avais tout expliqué d'une voix neutre, si dénuée de toute émotion que le colonel m'interrompit pour me demander si ça allait. J'évitai la question, signifiant simplement que je devais terminer mon rapport. Si je commençais à répondre à ce genre de questions, je savais que je risquais de m'effondrer.

Une fois cette tâche accomplie, je rentrai au QG, direction ma chambre. Là, je contactai immédiatement Laura, pour la prévenir que le moment était venu. Je l'avais informée depuis plusieurs mois déjà qu'il faudrait peut-être prochainement qu'elle et les enfants déménagent, pour se rendre dans un lieu sûr dont je n'aurais pas connaissance. Je lui avais donné les moyens d'établir une ligne sécurisée depuis cet asile temporaire pour qu'elle puisse me contacter sans que quiconque puisse localiser l'appel, mais cela prendrait plusieurs jours à être mis en place. Qu'importe. L'essentiel était qu'elle puisse se mettre en sécurité, elle et les gosses.

Puis j'envoyai un message aux autres Avengers, à mes partenaires du S.H.I.E.L.D., aux Gardiens de la Galaxie présents sur Terre, bref, à tous mes proches susceptibles de croiser la route de Wanda. Le message était court et clair :
Wanda Maximoff est passée à l'ennemi. Prudence si vous la croisez. Pour plus de détails, contactez Fury.
Puis je coupai mon téléphone. Je ne voulais parler à personne ce soir. J'étais pas en état de réfléchir. Le S.H.I.E.L.D. devait déjà mettre en place un plan d'action. Moi je pouvais rien faire ce soir.

Puis je pris une douche rapide et troquai mon costume de Hawkeye contre une tenue de sport. En prenant soin de ne croiser personne, je descendis dans la salle d'entraînement. Là, je passais une grande partie de la nuit à cogner dans un sac de frappe, jusqu'à ce que mes phalanges saignent et même après, jusqu'à ce que mon corps n'en puisse plus et que je m'écroule d'épuisement. Je dormis trois heures, à même le sol, sur le tapis de lutte.

Lorsque je m'éveillai, le soleil venait de se lever. Je ne me sentais ni fatigué ni en forme, j'étais en quelque sorte absent à moi-même. Je passai rapidement dans la cuisine pour avaler un café et un morceau de pain, puis par l'infirmerie pour panser mes mains écorchées, avant de sortir dans l'air frais du matin pour courir. Je rallumai mon téléphone, ignorant royalement les messages reçus et les appels manqués, voulant juste l'utiliser pour écouter de la musique pendant que je courais.

Au bout de deux heures de course, alternée avec des moments de marche rapide pour reprendre mon souffle, j'entendis mon téléphone sonner à nouveau. Je le pris, dans l'idée de raccrocher simplement, lorsque je reconnus le numéro de Rocket.
Bon… Okay, à lui, je voulais bien lui parler.
Il était là, au QG. Il me dit qu'il était venu dès qu'il avait pu. J'allais pas le rembarrer et lui dire de repartir, je l'aimais bien ce ptit gars.

« J'suis dans l'parc. Retrouve-moi sous la pergola. »

Rocket connaissait les lieux, il saurait de quel endroit je parlais. Un espace détente avait été installé derrière le bâtiment des sciences, avec des tables et des bancs pour se poser au soleil. C'était juste à côté du petit monument en mémoire de Stark, Natasha et Vision. En passant devant, je ne pus m'empêcher de penser à Wanda, espérant qu'on n'aurait pas à y graver bientôt son nom.
En sueur et exténué, je m'assis sur un banc en attendant que Rocket me rejoigne.

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Réunion de crise

Rocket et Clint

Le temps que Rocket arrive, je fermai les yeux quelques instants. J'étais épuisé, mais je savais que je n'arriverai pas à dormir. J'avais besoin de bouger, de me dépenser, j'avais besoin d'action, en attendant de savoir ce qu'on allait faire. Fury avait intérêt à mettre en place un plan d'action en béton. En attendant, si je m'allongeais sans être mort de fatigue, j'allais gamberger, et je voulais pas.

Rocket pointa le bout de sa truffe et vint s'asseoir à côté de moi sur le banc. Il posa sa petite patte sur mon bras en me demandant si je tenais le coup. Je serrai les dents et réprimai un frisson. J'avais la très désagréable impression d'être en deuil, et qu'il venait me réconforter d'avoir perdu quelqu'un. Mais c'était pas le cas, bordel. On l'avait pas encore perdue. Je la laisserai pas partir comme ça.

« Il faut bien. »

Je regardai sa patte avant de me lever et de m'éloigner de deux pas pour me tourner vers lui. Mon attitude était assez froide, mais c'était pas contre lui. Je pouvais pas encaisser ce genre de geste de soutien pour le moment. C'était un coup à ce que je craque. Je me doutais bien qu'il voulait juste me consoler, mais c'est pas de ça dont j'avais besoin.

« Pour le moment on sait pas où elle est, ni ce qu'elle compte faire. Faut qu'on la retrouve, qu'on la ramène à la raison. Est-ce qu'elle t'avait expliqué sa situation ? Son problème avec son double ? »

Je savais que Wanda et Rocket se connaissaient, puisque je les avais déjà vus ensemble au QG, mais je savais pas s'ils étaient proches au point qu'elle se soit confiée à lui. J'espérais que oui, au moins ça m'éviterait d'avoir à remuer le couteau dans la plaie en réexpliquant toute l'histoire.

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Réunion de crise

Rocket et Clint

Je voulais surtout pas qu'on cause de mon état émotionnel ou physique, qu'il me demande comment j'allais. Je préférai rester factuel, parler des problèmes qu'on avait et de ce qu'il fallait faire. Moi, c'était pas important. Ce qui comptait, c'était de retrouver Wanda avant qu'elle fasse des ravages.
Je levai donc les yeux au ciel lorsque Rocket me fit remarquer que je faisais peur à voir. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire ? Quand il ajouta qu'en gros on ne pouvait rien faire pour l'instant, je croisai à mon tour mes bras sur ma poitrine.

C'était un discours que je refusais d'entendre. Il était hors de question qu'on attende sans rien tenter. Il se rendait pas compte de ce qu'elle pouvait faire. Il l'avait jamais vue en action, décimer des dizaines d'ennemis sans bouger d'un pouce, juste par la force de son esprit et de ses pouvoirs psioniques. Tant qu'elle était dans le camp des gentils, ça pouvait aller. Mais maintenant qu'elle avait basculé, ça risquait de faire mal.

Je fus tout de même soulagé d'apprendre qu'elle l'avait briefé sur sa situation. Elle avait fini par retenir la leçon, et avait dû anticiper ce revirement. Ca me faisait ça de moins à expliquer. J'allais lui répondre, lorsque son ton se durcit et qu'il… commença à me faire la morale ? Je fronçai les sourcils et durcis le regard. Plus incrédule qu'énervé, je lui répondis :

« Je rêve ou tu es en train de m'engueuler ? »

Mais la petite boule de poils tenait bon, et ne lâcha pas le duel de regards. A la réflexion, il avait pas tord. Je m'étais pas changé depuis la veille, mes fringues avaient encaissé la nuit de sport plus la longue course de ce matin. J'étais clairement pas frais, et si je m'en rendais pas tellement compte vu mon état second, ça devait pas être agréable pour lui. Je finis donc par acquiescer en silence, et le laissai là pour remonter dans ma chambre.

Je pris une douche rapide et enfilai le premier jean et le premier tee-shirt qui me passaient sous la main. J'en profitai pour mieux soigner mes phalanges écorchées et refaire les bandages. Puis je pris deux bières dans mon frigo personnel, attrapai mon paquet de cigarettes dans ma table de nuit et ressortis dans le parc.

Je retrouvai Rocket à la même place où je l'avais laissé. Il s'était juste rassis. Je lui tendis une bière sans lui demander son avis, et bus une gorgée de la mienne avant de m'allumer une clope, tout en le défiant du regard de faire le moindre commentaire là-dessus. Je relançai alors la conversation d'un ton un peu amer :

« C'est bon, j'suis tout propre. On peut réfléchir à la façon de sauver Wanda maintenant ? »

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Réunion de crise

Rocket et Clint

Je fus surpris qu'il me réponde avec une telle assurance. Pour tout dire, je m'étais pas du tout attendu à ce qu'il ait une solution concrète à proposer. J'observai son bidule électronique avec un mélange d'étonnement et d'intérêt, sans toutefois oser y toucher, de peur de le dérégler ou d'activer un truc qu'il fallait pas.

« Beau boulot. »

Je n'arrivai pourtant pas à me réjouir de cette solution. D'une part, parce que Rocket avait l'air de dire que son gadget n'était pas encore opérationnel. D'autre part, parce que Wanda m'avait dit que les solutions classiques, type sérum ou autre procédé du même genre, ne pourraient pas fonctionner car c'était un problème psychique. Mais les explications de Rocket tenaient la route.

« Ca peut ptet marcher… En tout cas, faut qu'on essaie. Le plus compliqué restant sûrement de l'approcher assez pour pouvoir lui fixer ce truc au poignet. »

Et fallait espérer que ça fonctionnerait. L'espoir, ça avait jamais été mon truc. J'étais plus du genre à faire face aux situations quoi qu'il en coûte, et à toujours me préparer au pire.
Rocket parlait comme si c'était évident que la Wanda qu'on connaissait était toujours là, comme si on pouvait la faire revenir. J'en étais pas autant persuadé que lui. Et au risque de lui casser le moral, il fallait que je lui en parle.

« Rocket… On sait pas si notre Wanda existe encore. Il est possible que l'autre l'ait entièrement engloutie, qu'elle l'ait détruite. C'est la première chose qu'on doit chercher à savoir. Quand on saura si elle est encore là ou pas, on saura déjà un peu mieux ce qu'on doit faire. »

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Réunion de crise

Rocket et Clint

Rocket me taquina quand il constata ma réticence à observer son gadget de plus près. Grâce à sa petite blague, je crus comprendre un peu mieux le principe du bracelet. Ca fonctionnait un peu comme ces colliers qui envoyaient des décharges aux chiens quand ils devenaient agressifs. Je finis par prendre l'objet dans mes mains pour l'examiner, tout en sachant très bien que je n'y verrai rien de plus qu'un bracelet avec des bidules électroniques dessus. Mais si ça pouvait lui faire plaisir…

« Tant mieux, y'a certaines pulsions meurtrières dont j'ai pas du tout envie de me débarrasser. »

Est-ce que j'avais passé une grande partie de la nuit à cogner dans un sac de frappe en visualisant le beau visage de Loki ? Evidemment. Mais Rocket n'était pas encore au courant de toute l'histoire, et j'avais pas envie d'en parler pour le moment. Alors je me contentai de sourire pour lui faire comprendre que ce n'était rien d'autre que de l'humour noir, avant d'aborder des sujets bien plus sérieux.

Pour ce qui était d'accrocher ce truc au poignet de Wanda, je m'inquiétais pas plus que ça. Elle avait certes de grands pouvoirs, mais si on s'y mettait tous, on y arriverait bien. On avait bien joué au rugby avec le gant de Thanos en plein champ de bataille, et on s'en était pas si mal tirés. Bon… On n'avait pas totalement réussi, mais bref. Avec un peu de préparation, ce serait gérable.

C'est la suite qui m'inquiétait. Si on se rendait compte que ça ne fonctionnait pas ? Si on s'apercevait que Wanda n'était plus là ?
Je me doutais bien que Rocket n'apprécierait pas que j'aborde ce sujet. Ca m'empêcha pas de mal encaisser ses réflexions. Qu'est-ce qu'il sous-entendait par son "moi je crois en elle" ? Je serrai les dents, tentant de passer outre, en me disant que c'était la peine qui le faisait parler. Mais lorsqu'il me montra le monument en me servant sa petite leçon sur l'espoir et la persévérance, je ne pus me retenir de répondre avec virulence.

« Qu'est-ce que tu crois ? Que tu vas me motiver en m'agitant le nom de mes anciens co-équipiers comme un hochet ? Je les ai vus mourir, Rocket. Natasha est morte sous mes yeux. Tu crois que je n'ai rien tenté pour l'en empêcher ? Tu crois que je ne me suis pas battu de toutes mes forces pour que ça n'arrive pas ?
Mais c'est arrivé. J'vais t'livrer un scoop : on n'est pas dans un film. Les gentils gagnent pas toujours à la fin. »

Amer, j'écrasai mon mégot de cigarette sur la table de pique-nique derrière moi avant de continuer ma diatribe. J'avais jamais été un grand diplomate, mais là j'avais encore moins la patience de supporter les critiques d'un petit gars qui ne connaissait rien de ce que j'étais en train de vivre.

« Tu penses que j'ai pas envie d'y croire ? Tu penses que je tiens pas à Wanda ? Que j'vais la laisser tomber ? Je l'ai portée à bout de bras pendant des années ! Je l'ai vue sombrer petit à petit, depuis des mois je m'démène pour l'aider ! C'est elle qui m'a dit qu'il était possible qu'elle n'y survive pas. Tu crois qu'ça m'fait plaisir d'envisager cette possibilité ? Ben pourtant il faut bien que quelqu'un l'fasse. »

Je serrais tellement les poings que mes écorchures s'étaient remises à saigner, mais je m'en rendais pas compte, et je m'en foutais pas mal. Je commençais à trembler. J'étais au bord de l'explosion. Il était hors de question que je ferme ma gueule, que je laisse qui que ce soit sous-entendre que j'avais baissé les bras. Personne ne savait… Personne ne se rendait compte…

Codage par Never Utopia