[Terminé] Pour le bien de l'agent Carthew

Sujet: Re: [Terminé] Pour le bien de l'agent Carthew Mar 30 Mar 2021 - 10:48

Pour le bien de l'agent Carthew

Joseph et Charles

Charles n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour formuler sa réponse. Sa rencontre avec Emy était encore fraîche dans son esprit, et le professeur possédait une excellente mémoire, quasi eidétique.

« En dehors de l'incident qui l'a plongée dans cet état de trouble névrotique, nous n'avons que très peu évoqué sa vie personnelle. Comme elle est maintenue en isolement depuis plusieurs années, je ne suis pas certain qu'elle ait beaucoup d'amis ou de proches en dehors de son travail. Elle a cependant évoqué son instructeur, Clint Barton, comme une personne comptant beaucoup pour elle, peut-être serait-il en mesure de l'apaiser. »

Il n'avait malheureusement pas d'autres pistes concernant son entourage. Mais le métapsychologue pourrait sans doute en apprendre plus, c'était plus dans ses cordes. Elle était sa patiente, elle lui faisait confiance, elle se confierait probablement à lui.
Le professeur enchaîna sur la seconde partie de la question, concernant le fonctionnement de ses pouvoirs.

« Vous avez tout comme moi beaucoup étudié les pouvoirs mutants. Je ne vous apprendrai probablement rien en vous disant que la maîtrise des pouvoirs et leur fluctuation dépend beaucoup des émotions. Emy est enfermée dans une spirale de négativité, et ce depuis bien trop longtemps. Elle a en elle les armes pour reprendre le contrôle, mais elle doit apprendre à se réapproprier ses pouvoirs, à ne pas les considérer comme un fardeau mais comme un don, bénéfique pour elle et pour les autres. Pour cela elle doit reprendre confiance en elle.
Je lui ai proposé quelques exercices simples pour contrôler son propre état émotionnel, et pour faire le tri dans le tourbillon d'émotions qu'elle reçoit lorsqu'elle est en contact des autres. Nous avons constaté avec satisfaction que lorsqu'elle parvient à se trouver dans un état serein, elle arrive à ne pas focaliser son pouvoir uniquement sur les sentiments négatifs. »

Il s'arrêta là dans ce premier exposé, ne voulant pas submerger son presque confrère d'informations. Le professeur était un passionné, lorsqu'il s'agissait de parler du contrôle de la mutation, il pouvait être intarissable.
Puis il revint sur une phrase que le docteur avait prononcée, et qui avait éveillé la curiosité du télépathe.

« Vous avez parlé de moyens de ne pas lui faire subir votre présence. Quel genre de recherches effectuez-vous ? »

Codage par Never Utopia

Joseph nota mentalement le nom de Clint Barton comme personne à contacter plus tard. Il n’aurait pas besoin de faire la moindre recherche à son sujet, étant donné qu’il avait déjà eu accès au résumé de son dossier lors de sa première prise de contact auprès du S.H.I.E.L.D., ce qui lui permit de se concentrer sur ce que lui énonçait le Pr. Xavier. Sa méthode était intéressante, on y ressentait l’expertise en matière de capacités mutantes mais aussi en contact humain. Il constata néanmoins le premier désaccord qu’il avait avec lui depuis le début de cette conversation : la notion de « don ».
Rowles n’aimait pas que l’on utilise ce terme. Capacités, pouvoirs, c’étaient des mots neutres, mais un don impliquait intrinsèquement une forme de divinité dans le pouvoir. S’il était d’accord sur le fait d’apaiser sa patiente quant au fardeau que représentait son pouvoir, le fait de la pousser, par ce simple mot, à le développer, était selon lui une erreur qui pourrait plus tard avoir des conséquences malheureuses. Cependant, son interlocuteur n’était pas thérapeute et n’avait probablement pas saisi les conséquences. C’était finalement le but de leur échange.

Gardant ses pensées pour lui, il se focalisa sur le résultat qui, pour le moment, était sans conteste un progrès non négligeable vers la guérison de l’agent Carthew. Il nota par ailleurs la passion dans les tonalités de sa voix, ce qui le fit sourire, lui-même partageant ce sentiment quant à sa propre profession, et c’est avec cette même flamme, toute mesurée mais bien présente, qu’il répondit à la dernière question du professeur :

« Oh, il s’agit de recherches principalement chimiques. Il est toujours très difficile d’isoler les mutations d’une personne, mais il est plus aisé d’isoler les effets d’une mutation sur une autre personne, bien qu’il faille agir au cas-par-cas. En ce qui concerne l’agent Carthew, mes recherches se basent sur la théorie des phéromones.

Comme vous le savez, beaucoup d’animaux communiquent par phéromones dans l’air, en particulier dans le monde des insectes. On sait aussi qu’un enfant est particulièrement réceptif aux émotions qui l’entourent. Il s’avère que cette communication fonctionne par transmission de phéromones. Si ma théorie est juste, mais ce n’est encore qu’une théorie, la mutation de l’agent Carthew l’a dotée de récepteurs hypersensibles à ces phéromones.

Aussi, j’ai chargé un laboratoire de travailler sur un produit, un genre de médicament en somme, qui permettrait à une personne de temporairement cesser d’émettre des phéromones. De cette façon, l’agent Carthew pourrait discuter librement avec moi, ou un ami, sans avoir à subir les émotions de son interlocuteur.

Bien sûr, tout ça n’est encore que théorique et il y a de nombreux paramètres biologiques à prendre en compte, j’ignore encore quand exactement nous aurons un résultat, mais nous faisons des progrès. »

Joseph se rendit compte qu’il avait à son tour monopolisé la conversation et décida donc de conclure là, guettant la réaction et, il l’espérait, l’intérêt que démontrerait le Pr. Xavier.

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Pour le bien de l'agent Carthew

Joseph et Charles

Charles haussa les sourcils d'un air à la fois intrigué et très intéressé. La réponse du docteur Rowles le rassura. Le télépathe avait été plusieurs fois confronté, indirectement ou non, à des produits dont les effets visaient à inhiber les pouvoirs mutants, voire à modifier l'ADN directement, et ce genre de substance était souvent bien mal utilisée, et bien trop instable pour être bénéfique sur le long terme. Mais le docteur n'était pas dans cette démarche.

Sa théorie était passionnante, et son idée très ingénieuse. Il ne s'agissait pas de tenter de "soigner" la mutation ou d'en bloquer les effets, mais de permettre aux autres de ne pas déclencher le pouvoir concerné. Le professeur était particulièrement rassuré par l'idée que ce soit du cas par cas. Ainsi ce genre de produit ne pourrait pas être détourné ou utilisé à des fins néfastes contre les mutants.
Dans le cas d'Emy, l'hypothèse des phéromones était parfaitement plausible.

« C'est brillant. »

Bien sûr, ce genre de recherches prenait du temps, et le médicament ne serait pas opérationnel tout de suite. Il y aurait sans doute toute une batterie de tests à faire, pour s'assurer qu'il n'y aurait pas d'effets secondaires dangereux pour les personnes à qui ce produit serait administré. Ce qui amenait une autre question :

« Mais en attendant que ces recherches portent leurs fruits, comment comptez-vous procéder ? Emy n'est pas qu'une mutante avec un problème de contrôle, elle est avant tout une femme qui a vécu un très fort traumatisme. Une psychothérapie me paraît primordiale pour sa rémission. J'imagine d'ailleurs que c'est pour cela que le S.H.I.E.L.D. a fait appel à vous. »

Codage par Never Utopia

Joseph fut ravi de la réponse du Pr. Xavier. Non seulement il appréciait son idée, mais il l’approuvait. Ce n’était pas qu’il était impressionné comme le serait n’importe quelle personne ayant à peine compris ce qu’il venait d’entendre, mais bien l’approbation d’un homme de science. À présent, il était certain qu’il faudrait que tous deux se rencontrent de nouveaux, dans un cadre moins professionnel.

Ce sentiment fut d’autant plus grand lorsque son interlocuteur redéfinit l’agent Carthew comme une personne avant d’être une mutante. Encore un point d’accord entre eux qui promettait des échanges passionnants à l’avenir.

« Vous avez raison », répondit-il de son habituel ton calme et appaisant, « Et je vous assure que cet aspect ne m’a pas échappé. Les mutations, ou toute autre origine de capacités extraordinaires, sont un facteur complémentaire à la psychologie classique. Je comprends que vous puissiez penser que je centralise mon analyse sur ce point, mais rassurez-vous, je ne suis pas du genre à prendre ce raccourci. La psyché d’un métahumain n’est en rien différente de celle d’un autre, elle est simplement soumise à des éléments supplémentaires.

Pour ce qui est de l’agent Carthew, la mise en place de sa thérapie est la raison même de la discussion que nous avons aujourd’hui. Cependant, il est primordial de mettre en place un environnement confortable où elle puisse se détendre, d’où les questions que j’ai avancées jusqu’ici. Une rencontre directe est exclue tant qu’elle sera en mesure de lire mes sentiments, ce qui lui donnerait des pistes, vraies ou fausses, sur ce que je cherche à obtenir d’elle, ce qui nuirait grandement à la thérapie.

Je songe donc à commencer nos échanges par une correspondance écrite et quelques séances par vidéo. Ce n’est honnêtement pas l’idéal, mais c’est le mieux que l’on puisse espérer pour le moment. »

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Joseph et Charles

Les échanges étaient très intéressants. Joseph et Charles avaient beaucoup de traits communs : deux hommes de science, tous deux des génies dans leur domaine, deux gentlemen, philanthropes, dotés d'une intelligence supérieure qu'ils mettaient au service de la communauté. Charles comprenait tout à fait pourquoi Raven pensait que le docteur Rowles allait lui plaire, et pourquoi elle disait qu'ils se ressemblaient.

Tous deux passionnés par leurs métiers respectifs, ils considéraient leurs patients et leurs élèves en premier lieu comme des personnes, ils voyaient l'être humain avant de voir le mutant. Charles s'était toujours refusé à considérer les mutants comme supérieurs aux hommes, bien que ce soit le cas dans les faits. Les mots du docteur Rowles abondaient dans son sens. La psyché d'un mutant était la même que celle d'un humain, avec des éléments supplémentaires à prendre en compte. Sa formulation était parfaite, et le professeur se la nota immédiatement en mémoire, certain de pouvoir la réutiliser dans ses cours.

« C'est une analyse très juste. »

Le télépathe acquiesça également aux divers aménagement que le métapsychologue prévoyait pour Emy. Charles avait été dans une démarche similaire, en bloquant ses propres émotions lorsqu'il avait rencontré l'empathe. Ce n'était bien sûr pas à la portée de tout le monde, et il était impressionné par l'ingéniosité de Joseph pour remédier à ce problème.

« Emy vous fait confiance, et je pense qu'elle a raison. Vos méthodes sont remarquables.
Accepterez-vous de me tenir informé de ses progrès ? Sans entrer dans les détails de sa thérapie bien entendu. »

A présent qu'ils avaient fait le tour - du moins l'estimait-il - de la question qui l'avait amené à ce cabinet, Charles avait bien envie d'en apprendre plus sur Joseph. Il savait déjà plus de choses qu'il ne le laissait paraître, Raven avait été très efficace dans ses recherches. Mais il ne jugeait pas un livre à sa couverture, et préférait des échanges verbaux à une prise d'informations indirecte.

« Dites-moi docteur Rowles… Votre profession est unique en son genre, du moins il me semble que vous êtes l'instigateur de cette métapsychologie… Qu'est-ce qui vous a mené sur cette voie ? »

Codage par Never Utopia

Ils étaient parvenus à traiter efficacement le problème et à s’accorder sur les méthodes à employer, Joseph fut même flatté de voir ses propositions aussi bien reçues. Cependant, la requête du professeur était un problème, en relation avec la déontologie liée à son métier.

« Je suis navré, Pr. Xavier, mais je ne peux pas accéder à votre demande. Comprenez bien que mon rapport avec l’agent Carthew repose avant tout sur un contrat de confiance, qui implique que je ne ferai rien sans qu’elle soit présente. Ceci dit, je comprends vos intentions et je vous encourage à prendre vous-même des nouvelles auprès d’elle, je suis certain que ça lui apportera du réconfort. »

Le regard de Joseph s’était teinté d’une pointe de sévérité, non dans le but d’intimider, mais bien de manifester que cette clause n’était pas négociable. Son interlocuteur dû d’ailleurs s’en apercevoir car il décida de clore la discussion là-dessus et d’aborder un sujet plus personnel : la raison d’être de sa vocation.
Pour Joseph, parler de son métier était toujours plaisant, même s’il avait dû se heurter à de nombreux réfractaires à ses théories comme à ses méthodes. L’origine de son intérêt pour les mutants était évidemment sa propre nature, mais la raison pour laquelle il avait créé la métapsychologie était toute autre. Il se leva avec un sourire et s’approcha de sa petite bibliothèque, plus pour réfléchir que pour y chercher un quelconque ouvrage parmi tous ces volumes qu’il connaissait par cœur.

« C’est une question assez complexe en vérité. Un grand nombre de facteurs m’ont amené à ce choix. Mes études m’ont mis sur une voie, la presse mondiale et la littérature ont excité ma curiosité, la presse scientifique a attisé ma passion, j’irai même à dire que mon ego s’est repu d’un profond désir de faire ses preuves et d’écrire son nom dans l’histoire. Un ensemble de facteurs assez banal au final. Est-ce que vous lisez, Pr. Xavier ? »

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Pour le bien de l'agent Carthew

Joseph et Charles

Charles ne prit pas ombrage de la réponse négative de Joseph. Après tout, le psychologue était soumis à un code déontologique strict, il se devait de préserver le secret professionnel qui serait au cœur de ses rapports avec Emy. Cela ne fit en fin de compte qu'accentuer la bonne opinion que le professeur se forgeait sur Joseph au fil de cette conversation.

Lorsque son hôte se leva pour se diriger vers sa bibliothèque, celle-là même que Charles avait repérée dès son entrée dans le cabinet et qu'il avait immédiatement eu envie de voir de plus près, il pivota son fauteuil pour s'en approcher à son tour. Il écouta Joseph répondre sans vraiment donner de détails concrets. Lorsqu'il lui demanda s'il lisait, Charles prit la perche qu'il lui tendait et dévoila :

« Beaucoup. Vous l'aurez deviné, le sujet des mutants et de leur intégration dans la société m'intéresse fortement, et je me documente beaucoup sur le sujet. J'ai d'ailleurs lu votre thèse. »

Il n'estimait pas nécessaire de lui cacher cette information. Après tout, lorsque deux hommes de science se rencontraient dans un cadre professionnel, il n'était pas illogique qu'ils fassent des recherches préalables. Charles n'en dit néanmoins pas plus pour le moment, ne voulant pas couper le docteur dans l'élan de son explication.

Codage par Never Utopia

Joseph esquissa un sourire à l’évocation de sa thèse. Après tout, il s’agissait du travail qui avait lancé sa carrière, bien qu’elle n’ait pas eu le succès escompté lors de sa présentation au jury. Il se souvenait encore de cette salle où il fit sa présentation, de l’air dubitatif des professeurs et anciens élèves qui assistaient généralement aux présentations de thèse, aux murmures perplexes qui circulaient dans la salle lorsqu’il annonçait sa conclusion. Mais surtout, il se souvenait de Clara, elle aussi en fin de thèse, qui avait séché un cours pour la toute première fois juste pour assister à sa présentation et lui donner courage. Il se souvenait avoir distraitement porté sa main à sa poche, caressant nerveusement la petite boîte dans laquelle se trouvait l’anneau qui allait changer sa vie.

Cet élan de nostalgie transforma le sourire de Joseph, qui se fit moins fier mais plus sincère, emprunt d’une pointe de tristesse. Quelques courtes secondes s’étaient écoulées avant qu’il ne reprenne le cours de la conversation.

« Vous devez vraiment être passionné pour avoir lu entièrement cet essai maladroit. J’étais jeune alors. Je manquais d’expérience et de recul, même si la thèse de votre illustre homonyme me fut d’une grande aide sur ce point. Avec le temps, j’ai apporté des corrections par des articles, des études, etc. Il n’est pas aisé de créer une nouvelle branche, j’ai tâtonné de nombreuses fois, mais je dois admettre être assez fier du résultat. J’espère un jour trouver une jeune personne pouvant reprendre les rennes après moi. »

« De préférence avec plus de charisme que moi, en tout cas. », conclut-il avec un petit rire distingué.

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Joseph et Charles

Charles eut un mince sourire lorsque Joseph évoqua son "illustre homonyme", mais il se garda bien de faire le moindre commentaire. Les deux hommes se connaissaient peu, et si le professeur appréciait les méthodes du docteur Rowles, il ne savait pas encore s'il pouvait lui faire confiance. Il resta donc silencieux sur cette homonymie singulière, car il était plus simple de mentir lorsqu'on ne disait pas de mensonge.

Il répondit poliment au rire distingué de Joseph en émettant à son tour un discret rire. Il n'était cependant pas dupe : ce trait d'humour servait à masquer une montée de nostalgie qui avait attristé quelques instants le regard du docteur. En bon gentleman, Charles fit mine de n'avoir rien remarqué et rebondit sur ses paroles plutôt que sur ses émotions.

« La croissance démographique des mutants a considérablement augmenté au cours de ce dernier demi-siècle, je ne doute pas que votre branche attirera de nombreux adeptes. »

C'était un fait avéré, les mutants étaient de plus en plus nombreux. D'une part, la révélation de leur existence au monde avait facilité leur intégration et nombre d'entre eux n'avaient plus besoin de cacher leur nature. D'autre part, le gène étant à présent dominant, des parents mutants donnaient naissance à des enfants mutants. D'ici quelques décennies, les mutants auraient supplanté l'espèce humaine.

« Avez-vous reconsidéré votre conclusion, ou pensez-vous toujours qu'un conflit mondial entre humains et mutants est inévitable ? »

La réponse du docteur l'intéressait fortement. Pour avoir lui-même contribué à enrayer un conflit de ce genre, le télépathe savait qu'il suffisait malheureusement de peu de choses pour que la cohabitation dégénère en guerre. Il gardait espoir, mais il n'oubliait pas ce qu'il avait déjà traversé.

Codage par Never Utopia

De nombreux adeptes. Si seulement, songea le psychologue, si seulement. Il n’avait pas spécialement envie d’entrer dans le débat pour le moment. Pour beaucoup, encore aujourd’hui, la métapsychologie était une chimère inutile, au mieux cosmétique. Même si certains de ses confrères commençaient à sérieusement s’y intéresser, il fallait admettre que la psychologie avait un retard de plus en plus grand à rattraper. Encore une fois, le Pr. Xavier lui offrit l’opportunité d’échapper à cette discussion, mais sa question, en revanche, était difficile.

Pour Joseph, la conclusion n’avait pas changé. Le conflit entre humains et mutants était inévitable. L’Histoire avait prouvé à plusieurs reprises que lorsqu’une minorité devient une majorité, elle passe du statut d’opprimé à oppresseur. De plus, avec les connaissances sur la génétique concernant les mutants, il était de plus en plus évident qu’ils devenaient la « race supérieure ». Et de fait, ce ne pouvait qu’aboutir à des conflits. Devait-il mentir ? Rassurer cet homme ? Non, ce ne serait pas bien.

« Je crains hélas que cette conclusion ne soit de plus en plus d’actualité. Pas de façon aussi alarmiste, je le concède, mais en réalité, ce conflit est déjà en cours. Comme je vous disant tantôt, les métahumains ne sont jamais que des humains, dotés de capacités supérieures. Donnez à quelques personnes dépourvues de ces capacités un aperçu de ce qu’ils peuvent faire, et vous engendrez la peur. Donnez à des métahumains la certitude qu’ils sont supérieurs, et vous obtenez des oppresseurs. Donnez à ces deux camps les preuves scientifiques de l’évolution de l’espèce humaine vers un nouveau stade, et chacun s’en servira pour nourrir sa cause.

Ainsi est l’être humain : il craint ce qu’il ignore, rejette ce qu’il ne comprend pas, mais lorsque la réalité s’impose à lui, seuls les plus solides mentalement sont à même d’en ressortir grandis. Les autres sombrent dans la peur, la folie ou la haine, pour autant de raison qu’il existe d’individus sur Terre et au-delà. Mon métier touche beaucoup la seconde partie, comme vous l’aurez compris. Il s’agit de donner aux gens la capacité d’accepter sans se sentir menacé.

Je vous demandais tantôt si vous lisiez, vous intéressez-vous également aux œuvres de fiction ? Les édits scientifiques sont certes enrichissants, mais il est tout aussi intéressant de voir comment l’homme sait poser des mots sur ses sentiments. Edgar Allan Poe, Howard Phillips Lovecraft, Stephen King, pour ne citer qu’eux, abordent de façon fascinantes le rapport de l’humain à l’étrange, à l’inexplicable, et les effets produits sur la psyché. Bien sûr, il s’agit de faire le tri entre la fiction et la réalité, mais dans le monde actuel, vous admettre que la frontière entre ces deux mondes s’est nettement amincie. »

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