Otto- Fenris “ Être solitaire est un choix ; la solitude ne l'est pas. ”
La Louve était debout sur le pont, attendant dans la pénombre. Le souffle glacé de la nuit faisait danser ses cheveux, essayant en vain de lui faire perdre l'équilibre. Impassible, Fenris observait l'horizon, les lumières de la ville se reflétant dans ses yeux. C'est donc cela son nouveau monde. Des mégapoles polluées et bruyantes où s’agglutinaient les vermisseaux terriens. Une vision d'horreur pour la canidé qui appréciait les grands espaces sauvages et boisés. Ici, au milieu du béton, il n'y avait que quelques parcs. Des parcs. Des enclos à nature. Les seuls animaux présents étaient soit domestiqués, soit cloitrés dans des cages. Seuls quelques volatiles évoluaient librement au milieu des vermisseaux, esquivant leurs coups de pieds ou appréciant leurs dons de miettes de pain. Ces aviens avaient des ailes, mais préféraient demeurer là dans cet environnement vicié. Pourquoi ? Ils avaient le monde à portée d'aile et pourtant... Avaient-ils trouvé leur place en ce monde, aussi triste fusse-t-elle ? Quelle chance ils avaient...
La Louve serra le poing, comme prête à fracasser quelque-chose. Malheureusement, il n'y avait rien à casser sur son perchoir, hormis un drapeau. Soufflant finalement du nez, résignée, elle regarda les buildings de Manhattan et s’imagina les détruire un par un sous sa forme originelle. Une manière d'annoncer au monde son existence, de dire "j'existe". Elle était le "Fléau des 9 Royaumes" et Midgard était l'un de ces Royaumes. Mais ils avaient tous oublié son nom. Aujourd'hui il n'y avait plus que ces gardiens et Thor, Thor, Thor. Ce guerrier meurtrier qui avait combattu tant de fois à travers les Royaumes, détruisant ses ennemis avec rage, était désormais adulé et célébré par les Midgardiens. Cet assassin qui avait provoqué la mort de sa maitresse Hela, pourtant dirigeante légitime d'Asgard. Elle lui ferait un jour payer ce crime. Un jour. Un jour où elle aurait les moyens de le faire. Il demeurait un dieu, au même titre que Loki, Odin et Hela. Elle n'était qu'un monstre, un Fléau. Rien de comparable.
Loki. Où était-il donc passé ? Sans Loki et ses conseils, ses instructions, elle était désormais livrée à elle-même. Elle pouvait aisément subvenir à ses besoins, certes. Les forêts de l’État de New-York ou de Pennsylvanie suffisaient encore à combler son appétit insatiable. Mais... que faire d'autre ? Quelle était sa raison d'être ? Elle n'avait plus de maitresse, plus de conseiller. Elle était seule, terriblement seule. Une Louve sans meute. Se mêler aux Midgardiens était exclu. Ces faibles vermisseaux étaient des paradoxes ambulants. Ils créaient des règles arbitraires qu'ils transgressaient constamment. Ils étaient égoïstes, orgueilleux, se surestimaient par rapport aux autres espèces peuplant ce monde. Ils se permettaient de tuer des animaux, oubliant qu'ils en étaient. Qui pouvait donc apprécier une espèce aussi destructrice, aussi méprisable ?
Fenris rajusta une mèche derrière une oreille, offrant désormais toute sa chevelure au courant d'air. Cette forme Midgardienne... Ce n'était pas elle. Elle était une Louve, une majestueuse Louve. Et pourtant, elle commençait à s'habituer à ce corps, ce visage, ces sensations. Elle se sentait également moins vulnérable que sous forme lupine ou canine. Un cadeau de Loki pour demeurer presque invulnérable, même en passant inaperçu au milieu des humains. Toutefois, tant qu'elle gardait sa capuche sur la tête. Autrement, des paires d'yeux la fixait régulièrement. Elle n'arrivait d'ailleurs toujours pas à interpréter ces regards particuliers. De toute façon, elle ne leur opposait qu'une œillade méprisante, comme avec tous les autres Midgardiens. Enfin, même sur ce perchoir, dans cette nuit glaciale, il y avait peu de chance qu'elle trouve une raison à son existence. Surtout si elle était seule à y réfléchir. Avant de retourner sur le plancher des vermisseaux, la Louve avança jusqu'au bord de l'édifice et scruta l'East River. Ce dernier était d'un noir d'encre. Néanmoins, même si cela ne représentait pas un réel danger, la Louve n'avait pas l'intention d'y faire trempette. Les circonstances et son état d'esprit ne s'y prêtait guère.
Pour ces premières nuits sous le mois de mai il faisait anormalement froid pendant quelques soirées. Comme si la fraîcheur nous disait au revoir une dernière fois. D'ordinaire, tu n'allais pas souvent à Brooklyn étant surtout actif à Manhattan et dans le Queen. Néanmoins, tu avais une conférence sur l'évolution atomique et le fait que le quartier soit très peuplé a permis de faire en sorte qu'il y avait foule pour ton exposé. Ce quartier avait un certain charme, surtout quand on sait que le célèbre Steve Rogers a grandi ici. Tu enfiles ton manteau en sortant de la salle et tu pars en direction du pont. Avec les nombreuses places qui étaient prises tu avais été obligé de garer ta voiture un peu plus loin. Un peu de marche ne fait jamais de mal et cela permettrait d'admirer le paysage d'une ville qui petit à petit plonge dans les bras de Morphée. Ces moments de calme t'apaisaient et après une longue journée de travail il n'y avait rien de mieux.
En arrivant vers le pont, tu ne pouvais pas t'empêcher de penser à ton épouse, Rosalie. Celle-ci devrait dormir à cette heure tardive et tu dois prévoir de faire attention à ne pas la réveiller en rentrant. Tu sors de ta poche ton portable pour voir les messages que tu avais et rien de bien grave était présent. Tant mieux, peu de rendez-vous pour demain. Cela signifiait une journée plus tranquille et cela n'était pas pour te déplaire. Ton attention se tourna immédiatement vers la silhouette qui apparaissait petit à petit dans l'obscurité et tu ranges alors ton portable. Il s'agissait d'une demoiselle qui était immobile devant l'horizon de New-York. Appréciait-elle la vue ? Il était pourtant un peu tard pour cela et d'instinct, tu t'inquiétais de savoir si elle n'était pas perdue, ou quelque chose du genre. En effet, un sentiment naquit en toi en te disant que cette personne n'allait pas spécialement bien, peut-être un chagrin d'amour, une déprime ?
« Bonsoir madame, tout va bien ? »
Tu t'étais approchée d'elle avec prudence. Normalement, il était mal avisé de parler aux inconnus. Seulement, tu n'étais pas homme à laisser une pauvre âme en détresse seule dans cette obscurité. Il serait dommage qu'elle reste planter sur son perchoir et à ressasser ses rancœurs. D'ailleurs, les rues de Brooklyn n'étaient pas réputées pour être des lieux sûrs. Si tu pouvais l'aider de n'importe quelle manière, en contactant un hôtel où quelque chose tu le ferais. Peut-être que cette fille te dira simplement que tout va bien et qu'il n'y a pas lieu à s'inquiéter. D'ailleurs ce n'est peut-être qu'un sentiment infondé de ta part que de croire qu'il existe un certain mal-être chez cette dame. Il est possible que tout va bien dans le meilleur des mondes. Si c'est le cas, il n'y aura pas de quoi insister et tu passeras ton chemin sans poser plus de problèmes. Depuis, ton aventure avec un gardien de la galaxie et un agent du Shield, tu semblais d'humeur héroïque en ce moment.
« Vous savez il fait un peu froid dehors, je serais vous je rentrerais chez moi. »
Tu espérais que tu ne passais ni pour un pervers, ni pour un type qui donne des ordres qui pourraient être ennuyeux. En effet, tes paroles étaient sincères et tu ne voulais déranger personne. Tu attendais simplement la réponse de ton interlocutrice avant de passer ton chemin. Te prenais-tu pour un psychologue ? Si jamais la demoiselle te déballait tous ses problèmes, saurais-tu être un sage conseillé ? Il était parfois amusant de voir dans quelle situation tu pouvais te mettre parfois.
Le Fléo des neuf royaume n'était pas la seul a être en errance cette nuit la. Une autre âme déambulait dans la ville a cette heure tardive, peut être tout aussi tourmenté que celle de la louve. A la différence près que celle ci était dépourvue d'enveloppe physique et flottait dans les limbes du monde astral, invisible, impalpable. peut être certaines personne particulièrement sensibles ou éveillée pouvaient éventuellement ressentir sa présence, comme une circulation d'énergie inhabituelle, un sentiment froids et mélancolique, un élan de rage peut être... certains décrivaient parfois sa présence comme un flux d'air froids lorsqu'elle frôlait un passant d'un peu trop près, mais pour ces choses la, chacun avait son propre ressentit, généralement si subtile qu'il passait totalement inaperçu et se confondait avec les effets de l'environnement tout a fait naturel.
Alors qu'elle traversait le pont presque désert en flottant au dessus tel un spectre, elle n'y vit qu'un homme et une femme en pleine discussion. Un couple, peut être, ou plutôt des inconnus qui venaient de se rencontrer au vu de la façon dont l'homme abordait la femme. Bella ne pu s'empêcher de ressentir un élan d'envie en voyant a quel point celui ci semblait prévenant envers la dame, s'inquiétant de savoir si elle allait bien, et si elle n'avais pas froid. Pas de regards lubrique, ni de proposition douteuse, que de la bienveillance. Une preuve que les hommes bons existaient encore dans ce monde corrompu. Toujours en lévitant légèrement au dessus du duo sans que ces derniers ne puissent la voire ni l'entendre, elle resta un instant a les regarder, oubliant même celui qu'elle cherchait a espionner depuis tout ce temps. Un moment simple et bienveillant dans la vie de deux inconnus, un temps de répit pour l'esprit tourmentée de la voyageuse astral, qui après un dernier regards a l'homme qui semblait si prévenant, passa son chemin pour continuer son errance, toujours avec le même bute en tête... peut être que la prochaine fois serai la bonne
Otto- Fenris “ Être solitaire est un choix ; la solitude ne l'est pas. ”
Fixer le vide en espérant y trouver quelque-chose. Cela résumait un peu les réflexions de la Louve. Ses capacités avaient toujours été moindres à ce niveau là. Néanmoins, elle était suffisamment intelligente pour l'avoir compris. Elle était une créature magique, le Fléau des 9 Royaumes, elle avait été conçue pour obéir pas pour réfléchir. Elle était simplement un animal un peu plus intelligent que la moyenne qui avait désormais la possibilité de s'exprimer verbalement. Une forme humaine comme leurre pour dissimuler sa véritable nature, majestueuse, bestiale, destructrice. Combien de temps cela allait-il encore durer ? Loki avait disparu mais ses conseils perduraient. Se montrer telle qu'elle était vraiment sonnerait inévitablement le début d'une furieuse bataille contre les Gardiens de la Terre contre qui elle pourrait potentiellement perdre. Ces derniers avaient aussi des monstres à lui opposer et ils ne viendraient sûrement pas un par un.
Interrompant sa contemplation des ténèbres de l'East River, elle releva la tête en entendant une voix à côté d'elle. Tournant lentement la tête, elle posa un regard neutre sur le Midgardien à lunettes qui s'était vraisemblablement adressé à elle. Étrange. Ce dernier n'avait pas le même regard que la plupart des Midgardiens quand elle retirait sa capuche. Silencieuse, la Louve se mit donc à réfléchir à comment interpréter ce regard qu'elle ne connaissait pas. Était-ce de l'inquiétude ? Était-il concerné ? Fenris en oublia de répondre et regarda l'individu s'approcher doucement et s'adresser de nouveau à elle. Cette fois-ci c'était clairement de la sollicitude. Le Midgardien avait peur qu'elle prenne froid. La belle affaire. Une Louve prendre froid. Même sous forme humaine, cela relevait du domaine de l'impossible. Quoi qu'il en soit, il s'agissait de répondre cette fois-ci.
« Je...pas avoir...chez moi. » Répondit-elle d'une voix neutre. Fronçant les sourcils en penchant légèrement la tête, la Louve se mit à réfléchir. Avait-elle déjà eu un chez soit ? Il y avait bien ces différentes tanières dans lesquelles elle avait élu domicile mais... Non. A bien y réfléchir, elle s'était contentée de suivre sa Maitresse, son foyer devenant celui que Hela avait choisi. De toute façon, un Fléau pouvait-il prétendre à un foyer ? Il détruisait, massacrait, annihilait. Construire, façonner, ériger n'étaient pas dans sa nature. « Jamais...avoir...eu...chez moi. » Conclut-elle. Poussée par la curiosité, la Louve ne peut s'empêcher de demander. « Et vous ? Avoir un...chez vous ? Avoir place... dans monde ? » Le Midgardien avait-il trouvé sa place dans le monde ? Etait-ce le cas pour tous les Midgardiens ? Ou bien étaient-ils tous dans le même cas qu'elle à chercher leur place ? Pour répondre à ces questions, Fenris allait devoir se reposer sur un esprit moins limité que le sien. Sur celui d'un Midgardien... Quelle humiliation...
Un air légèrement frais te faisait trembler un petit instant, tu te blottis alors un peu plus dans ton manteau et tu te contentais d'écouter la jeune inconnue que tu venais d'aborder. La première chose qui t'interroge, c'est sa façon saccadée de parler comme si elle avait du mal à s'exprimer convenablement. N'était-elle pas originaire de ce pays ? C'était en tout cas l'hypothèse la plus probable, selon toi. De plus, celle-ci t'affirme qu'elle n'a pas de chez soi ce qui te conforte encore plus dans cette idée. Par cette réponse de sa part, ta compassion et ta tristesse intérieure ne font que grandir un peu plus. Les personnes se focalisent beaucoup trop sur les gens médiatiques comme les scientifiques tel que toi ou encore sur les héros. À force de regarder la lumière, ils en oublient l'obscurité de la misère et de la pauvreté. Dans cette situation, il est toujours difficile d'agir en ne faisant pas des caisses et en étant par lourd par rapport à la situation difficile de la jeune-femme.
Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'elle t'annonce n'avoir jamais eu de chez soi. Jamais ? Pas une seule fois dans sa vie ? Tu avais du mal à te l'imaginer. Tout le monde dans sa vie a eu un moment un toit où se réfugier, même si cela était éphémère. Tu secoues alors la tête de honte. Qu'en savais-tu ? Toi qui avais toujours eu une maison dans laquelle t'abriter. Comme à ton habitude tu ne sais réellement pas comment réagir à cette situation. La question de la femme aux yeux d'émeraudes te pris de cours. Oui, tu avais un chez toi, mais une place dans ce monde... Ce n'était pas sûr. Ton père voulait que tu prennes cette place dans ce monde et il pouvait être terriblement violent pour que ce soit fait. Pour toi, être un homme de science renommé n'était pas forcément une preuve que tu avais ta place symbolique sur cette terre, ce n'était sans doute que de la poudre aux yeux, une façade que tu souhaites bien montrer à la société.
« Et bien… Oui j’habite dans une maison. Néanmoins, seule quelques rares élus ont une réelle place dans ce monde. Disons que je fais semblant d’en avoir une pour faire bonne figure. »
Tu prends un temps pour enlever tes lunettes, prendre également un mouchoir et puis de les nettoyer avant de te les remettre sur le nez. Cette femme semblait avoir des questions existentielles sur la raison d'être sur cette terre. Tu ne savais pas vraiment quoi lui répondre d'autre au final. Ton domaine, c'était le nucléaire et l'énergétique, tu n'étais pas réellement doué pour la psychologie et le ressenti de l'autre. De plus, le fait que cette dame soit à la rue aujourd'hui ne doit sans doute pas aider pour le moral et pour l'estime de soi. L'un des rares point positif était qu'elle ne semblait pas souffrir plus que cela du froid. Pour ce qui était de toi, tu étais toujours coincé dans l'idée de l'aider franchement ou de t'en aller pour ne pas l'importuner plus dans ta soi-disant générosité. D'un geste de la main, tu te contentes de lui indiquer le chemin qui va te mener vers ta voiture. Avec un léger sourire timide tu ajoutes d'une voix calme.
« Marchons un peu voulez-vous ? Parfois se déplacer permet d'éclaircir ses idées. Oh, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Otto. » Tu emboîtes alors le pas en continuant dans tes propos. « Vous savez il y a beaucoup d'association qui permettent d'avoir des refuges dans New-York pour des gens dans le besoin. Peut-être que je pourrais les appeler demain pour réserver une place au nom de madame... À quel nom d'ailleurs pourrais-je réserver ? »
Tu portes alors un regard interrogatif à ta nouvelle camarade de promenade. Il était vrai que tu ne lui avais pas encore demandé comment elle s’appelait.
Otto- Fenris “ Être solitaire est un choix ; la solitude ne l'est pas. ”
Le vent soufflait toujours sur le pont de Brooklyn. Mais personne ne rejoignait pour le moment sa famille ou son domicile. Le Midgardien semblait souffrir du froid... mais également de la situation dans laquelle se trouvait la Louve. Elle pouvait le sentir. Une attitude toute à fait singulière. Les Midgardiens n'étaient pourtant pas censés être des créatures faibles ET égoïstes ? S'agissait-il là d'un cas particulier ? D'un élan soudain mais éphémère ? Il était pour l'heure encore trop tôt pour le dire. Enfin, le Midgardien semblait plutôt loquace et prêt à répondre à ses interrogations. Sa réponse néanmoins ne la satisfit qu'à moitié. Oui, l'homme avait une maison, un foyer, mais pour ce qui était de sa place dans le monde, seuls quelques élus l'avaient. Pour les autres, ce n'était que faux semblants, qu'illusion, qu'hypocrisie.
Sur le point de se renfrogner, la Louve accepta d'accompagner un peu le Midgardien qui devait avoir encore des réponses à lui fournir. Pour ce qui était d'éclaircir ses idées cependant, il ne fallait pas trop compter là dessus. Il ne tenait qu'à cet "Otto" de se montrer assez savant pour conserver son attention. Ce dernier lui parla de refuges, d'associations, de réservations. De quoi s'agissait-il ? Lui proposait-elle de côtoyer d'autres Midgardiens ? De se réfugier avec eux ? Son unique besoin était d'avoir des réponses à ses questions. « Quels sont... élus ? » Demanda-t-elle ignorant totalement le laïus de son hôte. Ce dernier allait cependant peut-être se vexer et refuser de lui répondre. Hésitant un instant, la Louve essaya comme avec le chauve de la dernière fois de contourner la question. « Dangereux...donner...nom... Pas...besoin... refuge... » Fenris avait volontairement omis de dire que la simple idée de côtoyer ces faibles humains, sans cervelle pour la plupart, lui donnait des envies de massacre de masse. Seuls quelques-uns se distinguaient du commun, comme ce monstre chauve capable de communiquer, d'ordonner par la pensée. Était-ce également le cas de cet Otto. Autant par curiosité que par précaution, la Louve ne put s'empêcher de l'interroger. « Êtes-vous monstre ? Avoir force cachée ? »
Alors qu'elle posait sa question, son regard perçant se posa sur trois Midgardiens habillés de noir empruntant le pont au loin. Ces derniers avaient posés un regard particulier sur elle et cet Otto. Reniflant l'air, elle ferma brièvement les yeux. Son instinct ne la trompait jamais. Elle sentait de l'agressivité, elle pressentait la suite des évènements. Elle avait déjà vécu cette situation en simple spectatrice en passant près d'une ruelle de la ville. Néanmoins, il était hors de question que ces vermines insignifiantes s'en prennent à son Midgardien. Il pouvait lui apporter des réponses, elle en avait besoin. « Moi...oui... » Dit-elle en répondant à sa propre question avant de poursuivre. « Eux... méchants... agressifs... Vouloir... mal. » Affirma-t-elle en désignant les trois individus qui se rapprochaient d'un geste de la tête. Elle se voyait déjà arracher le bras de l'un, éventrer un autre... mais avait-elle le droit ? Elle ne devait pas se faire remarquer. La situation allait pourtant l'exiger. Elle pouvait également emporter cet Otto et survoler d'un bond les vermines. Que devait-elle faire ? Il fallait faire un choix... un choix difficile... impossible pour la Louve. « Vouloir... moi... défendre ? » Demanda-t-elle finalement, prête à l'action.
Il fallait s'habituer à cette façon de parler, à cette manière saccadée que ton interlocutrice avait. Acceptant ton invitation, elle emboîta le pas avec toi et la conversation pouvait alors continuer. Tu étais réellement surpris par sa question que tu avais interprétée de plusieurs manières. Qu'est-ce qui pouvait être considéré comme un élu et qui était exactement les élus qui avaient le droit d'avoir une place dans ce monde ? Tu prends un moment pour réfléchir à cela, son interrogation était pertinente. D'instinct tu désignerais ceux qui ont le pouvoir sois financier, sois surnaturel et qui peuvent par leurs seules volontés faire plier le monde, selon leurs désirs. Prenons l'exemple des Avengers qui ont une place attitrée en tant que protecteur de la planète terre. Malgré leurs erreurs et leurs penchant pour causer des dégâts, personne ne pourrait se permettre de contester leurs importances dans cette société, surtout lorsqu'ils ont aidé à faire réapparaitre la moitié de l'univers.
« Un élu est quelqu'un qui n'a pas besoin de faire semblant et qui est aimé pour ce qu'il est et non pour ce qu'il veut faire paraitre. Steve Rogers, peut être un exemple de ce que l'on peut appeler un de ces élus. »
Tu ne prends pas la peine d'expliquer en détail qui était Steve Rogers, tout le monde savait qui était Capitaine America. Tu étais surpris lorsque la jeune-demoiselle ne souhaitais pas te donner son nom. Elle était méfiante envers toi ? Ce serait te juger durement, selon toi, car tu avais tout fait pour ne pas paraitre désagréable ou avoir une mauvaise idée derrière la tête. En tout cas, c'était son choix et tu l'acceptais, comme tu acceptais le fait qu’elle estime ne pas avoir besoin de refuge. Décidément, ton interlocutrice était une personne taciturne, solitaire, plutôt méfiante et non-sociable. Sa carapace intérieure semble être très difficile à briser et ce n'est pas à toi de faire ce travail. Tu haussas un sourcil lorsqu'elle te demande si tu étais un monstre et si tu avais une force cachée. De prime abords tu ne comprenais pas sa question. Est-ce un problème de traduction de sa part ? Te pose elle la question en voulant savoir si tu avais des capacités hors-normes ?
« Veuillez me pardonner, mais je ne saisis pas bien votre question. »
Tu observes alors ta comparse taciturne se tendre comme un arc à l'approche de trois personnes qui avancent dans la pénombre. Cela semblait une réaction plus de l'ordre animale qu'humain et d'une manière peu commune ton interlocutrice t'affirme être un monstre et comme si cela ne suffisait pas, les trois personnes qui se rapprochent de vous n'ont pas de bonnes intentions et sont agressifs. Ta réaction première était de lâcher un sourire, pensant qu'elle plaisantait. Cependant, son regard déterminé ne laissait apparaitre aucune blague. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Elle possédait des capacités surnaturelles ? Pourquoi te l'annonçait elle comme cela ? En général, les mutants n'annoncent pas leur véritable nature. Celle-ci te demande si elle doit te défendre et tu es un peu perdu par la situation. De toute façon il y avait un seul moyen de savoir si elle disait la vérité, mais il fallait lui mettre des limites afin qu'il n'y ait aucun drame.
« Euh... Eh bien, les gens qui sont effrayés n'insistent généralement pas sur leurs mauvaises actions. Il serait préférable de ne pas faire de dégât autant matériel qu'humain, selon moi. Pensez-vous être capable de simplement les impressionner ? »
Dans la confusion c'était la meilleure possibilité que tu pouvais envisager avec cette réponse à ta protectrice. Cela permettrait de ne pas voir une pile de cadavre pendant cette soirée, mais cela pourrait montrer le potentiel de cette inconnue. D'ailleurs, les prédictions de la demoiselle semblaient être fondés, tu aperçois l'un des hommes vêtus en noir sortir un couteau de sa poche. Tu espères alors que ton interlocutrice pourra tout de même s'en tenir au plan.
Otto- Fenris “ Être solitaire est un choix ; la solitude ne l'est pas. ”
La définition d'être "Elu" dispensée par le Midgardien à lunettes était assez déroutante pour la Louve. Des êtres aimés pour ce qu'ils étaient, qui n'avaient pas besoin de faire semblant. Et qui était ce Steve Rogers ? Elle même ne faisait pas semblant et pourtant Hela l'avait aimé pour ce qu'elle était: le Fléau des 9 Royaumes, une formidable créature apocalyptique. Elle était donc une élue et pourtant, elle ne trouvait pas sa place dans ce monde. Quoique. A bien y réfléchir, depuis qu'elle possédait cette forme humaine... était-elle en train de faire semblant ? Loki lui avait vivement recommandé de ne jamais montré sa véritable forme. Pourquoi ? Parce que sa forme majestueuse ne pourrait pas être aimée ? Il l'avait mise en garde que les gardiens de la Terre viendraient assurément s'opposer à elle, pour la neutraliser ou la détruire. Après tout, ce Thor faisait partie de ces gardiens et il était responsable de la mort de sa Maitresse Hela. Pourquoi agirait-il différemment cette fois ?
Fenris haussa un sourcil lorsque ce Otto se déclara incapable de comprendre sa question. Etait-il un monstre ? Avait-il des capacités hors normes ? Ce n'était pourtant pas si compliqué. Enfin. Peut-être que son incompréhension résultait du fait qu'il n'était qu'un simple Midgardien, faible et insignifiant. Dommage. Malgré tout, il pouvait encore servir. Il semblait être plus intelligent que la moyenne Midgardienne. En tout cas, plus que tous ces Midgardiens qui lui lançaient souvent des regards étranges. Il fallait le garder en bonne santé, en vie et apte à répondre.
La Louve souffla du nez. Encore des limites. Encore des brides. Comme avec Loki. Ne pas faire de dégâts. Ne pas se faire remarquer. C'était toujours la même rengaine. Enfin, le Midgardien à lunettes refuserait peut être de poursuivre leur conversation si elle ne se pliait pas à ses exigences. Les Midgardiens étaient censés être égoïstes. Pourquoi se soucier du bien être d'êtres qui leur voulait du Mal ? Une nouvelle question que le Fléau des 9 Royaumes ne manquerait pas de lui poser, une fois la troupe de vermisseaux dispersée. Prenant les devants, elle s'avança avec un oeil mauvais en direction des trois vermines, laissant son Midgardien derrière. Arrivée à quelques mètres d'eux, elle s'arrêta, plongeant son regard au fond des prunelles de chacun des blousons noirs. Fermant alors brièvement les yeux, Fenris poussa un grognement puissant, assourdissant, son grognement lorsqu'elle était sous sa véritable forme. Le pont trembla légèrement, aux alentours, les alarmes de voitures se déclenchèrent occasionnant une véritable cacophonie. Surpris, apeurés, reculant, l'un d'eux tombant même sur son postérieur, les trois vermisseaux battirent en retraite à toute vitesse, se bousculant dans leur fuite. Toujours sous le coup de son grognement, la Louve poussa un hurlement qui déchira à nouveau la nuit, un hurlement lupin, long, puissant. Soufflant du nez, recouvrant un calme relatif, Fenris leva la tête et observa les alentours en entendant des hurlements semblables au sien retentir. Malgré la distance et la cacophonie des alarmes, elle pouvait les percevoir. Des loups ? Ici ? En ville ? Elle revint à la rencontre de son Midgardien à lunettes avec une mine interrogative. « Loups... dans ville ? » Demanda-t-elle naturellement ?
Observant Otto, elle haussa un sourcil. Ce dernier semblait avoir changé d'attitude. Elle avait pourtant fait ce qu'il avait demandé. Simplement impressionner les trois vermisseaux. Avait-elle mal fait les choses ? Non, il devait forcément y avoir une autre explication.
Durant tes études, les cours d'histoires étaient pour toi un moyen de s'échapper de la réalité et de se laisser allez aux grandes épopées de l'époque. Tu avais appris une fois qu'une attaque d'une créature inconnue était survenu dans une région française faisant à ce titre des centaines de morts. Aucun citoyen n'avait vu le monstre et il n’y avait que les traces de blessure et de désolation qu'avait pu commettre cette créature nommée : la bête du Gévaudan. Quel ne fut pas ta surprise lorsque tu vis les grognements impactant de ta comparse de route, à tel point que cela fait même trembler légèrement le pont et activait les sonnettes d'alarmes et des voitures aux alentours. La couleur du visage de tes agresseurs devint blanche de stupeur et l'un d'eux tomba à la renverse. Il ne fallait pas attendre longtemps pour voir ces pauvres hommes prendre leurs jambes à leur cou. Un cri lupin s'échappa alors de la gorge de la femme, quant à toi tu étais bouche bée, les yeux écarquillés de surprise.
« C’est… »
Irréaliste ? Certes, tellement que tu n'arrives pas finir ta phrase. Naturellement des doutes et des craintes viennent se diluer dans ton esprit. Était-ce une personne possédant le gène X et que l'on nomme plus communément mutant ? Difficile à dire et ses réactions, sa voix saccadée et ses hurlements bestiaux font plus ressembler à un animal dans un corps de femme. Encore une fois, de nombreuses hypothèses pouvaient venir te questionner. Toi qui es en contact avec le S.H.I.E.L.D devais-tu les informer d'un tel être dans la nature ? Pour le moment, en aucun cas. La femme-louve t'avait sauvée des griffes de brutes prêts à te faire les poches et il serait mal venu de ta part de la dénoncer aux autorités. Ton interlocutrice semblait être concentré sur quelque chose et te posa une question afin de savoir s'il y avait des loups dans cette ville. Tu étais toujours subjugué par ses capacités et lorsqu'elle parlait de monstre elle ne plaisante surement pas.
« Et bien… Il me semble que le zoo de Prospect Park a récemment accueilli des loups. Ce sont sans doute eux qui ont répondu à votre appel. »
Tu avais appris, par quelque collègue zoologue, que les animaux pouvaient sentir la crainte et être sur la défensive par la suite. Tu devais absolument te calmer pour ne pas éveiller les soupçons de la louve. Ta voix était toujours sous un ton de surprise, mais tu devais apporter de la logique dans les paroles de ton interlocutrice. Tu l'invitas alors à nouveau d'un geste de la main à poursuivre votre chemin et à continuer d'avancer. Certes, intérieurement tu n'étais pas en confiance. Néanmoins, tu avais déjà vu par le passé un raton-laveur tenir debout sur ses deux jambes. Cela fait bien longtemps que l'extraordinaire est venu s'immiscer dans l'ordinaire. Tu devais changer l'angle de ta vision. Tu devais partir du principe que tu ne parlais pas à quelqu'un de véritablement humain et tu devais aborder cette personne sous un angle un peu plus bestiale. De plus, la femme était assez méfiante à ton égard, mais tu devais avoir quelques informations à son sujet, afin de combler le vide de ton étonnement et de tes questions.
« J’espère que vous ne trouverez pas trop dangereux le fait que je veuille en savoir un peu plus sur vous. Cela est simplement pour avoir des réponses à mes questions. C’est un sentiment naturel et qui ne vous est pas étranger je suppose ? » Dis-tu avant de tourner ton regard vers le sien. « Bien, je me lance. Qui êtes-vous ? »
Tu t'arrêtes alors, laissant à la personne le temps de comprendre que cette information était importante pour toi. Après tout c'est un échange. Tu fais l'effort pour ne pas t'effrayer de la situation, malgré ses capacités et tu as déjà répondu à quelques-unes de ses questions. En espérant, qu'elle ne se fâche pas.
Otto- Fenris “ Être solitaire est un choix ; la solitude ne l'est pas. ”
Le Midgardien à lunettes semblait éprouver des difficultés pour se remettre. Avait-il été également impressionné ? La Louve n'avait pas songé un seul instant que cet Otto puisse être impacté par sa démonstration. Elle ne lui voulait pourtant aucun mal à lui. De plus, c'est lui qui avait souhaité ce petit spectacle à défaut d'un autre beaucoup plus violent, mais plus silencieux. Enfin, ce dernier eu quand même la politesse et assez de contenance pour répondre à sa question. Oui, il y avait des loups dans la ville. Dans un "zoo". Qu'est ce que c'était ? Elle avait parcouru la ville sans croiser un seul loup, mais elle avait déjà vu ce mot, "zoo", écrit en grand. Elle se souvenait avoir vu des grilles, des cages à travers l'entrée du "zoo". « Loups ? Enfermés ? Pas libre ? » Demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Les loups étaient prisonniers en ville ? A bien y réfléchir, elle n'en avait jamais vu lors de ses chasses, ni senti... « Humains... vraiment... monstres... » Affirma-t-elle avec un bref regard de mépris.
Fenris hésita un instant à poursuivre son chemin avec cet "Otto". C'était un Midgardien mais, était-il responsable lui particulièrement ? Probablement pas. Le Fléau des 9 Royaumes n'avait que faire du sort des loups du "zoo" en réalité. Non, il s'agissait du simple fait que les humains puissent enfermer des loups et donc... qu'ils n'hésiteraient pas avec elle. Agissaient-ils ainsi avec d'autres animaux ? Cela serait sans doute sa prochaine question. Néanmoins, le Midgardien la devança avec un petit laïus. Ce dernier ne lâchait pas le gigot. Il souhaitait à tout prix savoir qui elle était. N'avait-il pas déjà eu une réponse suffisante ? Il avait même eu une démonstration. Oui, la Louve était curieuse, très curieuse. Mais autant d'insistance commençait à l'agacer...
Tournant la tête pour plonger un regard noir dans celui du Midgardien, la Louve s'emporta. Conservant un ton calme mais terriblement froid, elle posa une main sur le torse de Otto et commença à le repousser sans effort vers un des bords de la passerelle. « Midgardien... vous être... pas dangereux... Vous faible... Insignifiant... Moi forte... Monstre... Fléau...» S'arrêtant alors que le dos du Midgardien touchait la rambarde, elle poursuivit, ne le lâchant pas des yeux. « Mais vous... pouvoir... donner... informations... à Gardiens... Gardiens...tuer monstres... Combattre moi... Parce que moi... exister. » Relâchant sa pression, elle se détourna et posa son regard vers la ville à l'autre extrémité de la passerelle. « Et si vous... faire ça... Humains mourir... beaucoup... tous... » L'avertissement était clair. Se retournant vers le Midgardien à lunettes, elle fronça les sourcils. « Vous...vraiment... savoir...qui moi être ? Vraiment ? Vous imaginer... monstre... avec...ce que vous... avoir entendu. Et vous... être toujours... loin...réalité. » Le regard de la Louve était noir, mais sincère. Se détournant, elle se remit à marcher et s'arrêta comme pour attendre que le Midgardien lui emboite à nouveau le pas. Elle avait toujours des questions à poser. « Humains... enfermer autres...créatures... dans zoo ? Pourquoi ? »
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