11 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Chambre d'Emy
Le temps semblait passer de plus en plus lentement sur l’héliporteur du S.H.I.E.L.D surtout pour Emy. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas connu la terre ferme... Pourtant, elle savait parfaitement qu’elle ne pourrait pas y retourner, pas tout de suite. Les images de la mort de son frère continuait de la hanter, son emprise sur son pouvoir n’était plus ce qu’il était et elle n’arrivait plus à créer son bouclier mental pour éviter qu’elle ne devienne folle avec toutes les émotions et sentiments qui se trouvaient autour d’elle lorsqu’elle était avec des gens. L’avantage d’être au QG du S.H.I.E.L.D, c’était qu’elle avait une chambre pour elle toute seule et surtout, les murs avaient été renforcer dans sa chambre pour éviter qu’elle ne se prenne de plein fouet la douleur, les sentiments et les émotions qui se trouvaient sur l’héliporteur. Mais il y avait aussi un autre problème. Un problème qui ne semblait pas avoir de solution.
Emy soupira tout en jetant la télécommande de la télévision sur son lit. Elle regardait depuis des jours les mêmes programmes, lisait les mêmes livres et surfait sur Internet sans but. Le contact avec des humains lui manquait, mais elle savait qu’elle ne pourrait pas tenir des heures. Elle n’était même pas certaine de tenir pendant quelques minutes. Lorsque les infirmières ou les médecins passaient, ça allait parce qu’ils n’étaient qu’un ou deux. Mais s’il y avait plus de personnnes, elle ne se sentait pas bien du tout. On lui avait parlé d’un traitement, mais cela risquait d’altérer son pouvoir. Emy se refusait d’abandonner son pouvoir. Il avait toujours fait parti d’elle et elle ne se sentait pas de l’abandonner. La mort de son frère avait été une véritable torture pour elle, mais elle savait que si elle trouvait la bonne personne pour l’aider, elle serait capable de remonter la pente.
La jeune femme se leva de son lit et alla à la fenêtre. Les nuages étaient au rendez vous aujourd’hui. L’air frais lui manquait. Elle pouvait sortir parfois, mais elle ne restait jamais bien longtemps. Elle se perdit dans ses pensées pendant quelques instants. Elle avait envie que tout redevienne comme avant. Qu’elle ne soit pas obligé d’utiliser son arme lors de cette sortie pour aider la population... Elle s’en voulait, elle en voulait à Thanos pour son Snap qui avait causer tant de mal sur Terre pendant cinq ans... Elle avait un travail énorme à faire sur elle... Emy n’avait qu’un hâte : Reprendre les missions. Il était certain qu’elle allait devoir passer différents tests de nouveau, mais elle savait qu’elle allait les réussir. Ce n’était qu’une question de temps pour reprendre le contrôle sur son pouvoir...
On toqua à sa porte et Emy se demandait bien qui pouvait venir la voir. Depuis qu’elle était là, elle n’avait pas eu beaucoup de visite... Elle regarda sa montre et vit que ce n’était pas l’heure que les infirmières ou médecins passent. C’était bizarre, mais elle était bien trop curieuse pour ne pas ouvrir.
Charles avait reçu un appel du commandant Maria Hill, directrice adjointe du S.H.I.E.L.D. Ils était tous deux en contact depuis maintenant près de deux mois, depuis l'intervention des mutants dans l'affaire du Chasseur de têtes. Ils espéraient à terme pouvoir construire une forme de partenariat entre l'Institut et l'Agence. Pour l'heure, les échanges étaient surtout théoriques, même si Charles était déjà intervenu une fois, avec Raven, pour récupérer sur l'Héliporteur une adolescente très perturbée par Hydra, qui était à présent en rééducation dans son école.
Maria appelait à nouveau pour demander son aide au professeur. Il ne s'agissait pas cette fois de secourir une jeune femme, mais d'apporter un soutien psychologique à l'une des agentes du S.H.I.E.L.D. Elle lui fit rapidement le topo : Emy Carthew était une agente de trente ans, qui avait officié durant les années sombres, et avait subi un fort traumatisme en abattant son frère par accident. C'était une mutante, une empathe, qui était depuis totalement submergée par ses émotions et par son pouvoir. De nombreux médecins, psychologues, neurologues, avaient tenté de l'aider, sans beaucoup de succès. La commandant s'inquiétait beaucoup pour la santé mentale de son agente, et avait songé que peut-être, en spécialiste des mutations et doctorant en psychologie, le professeur pourrait tenter quelque chose...
« Vous avez bien fait de m'appeler, Maria. Quand puis-je venir la voir ? »
Le rendez-vous fut fixé pour l'après-midi même. Charles aménagea son emploi du temps : il devait donner un cours d'éducation civique à ses élèves à 14h, il passa donc la fin de la matinée à rédiger des notes pour que Hank puisse assurer le cours à sa place. Il se mit en route après le déjeuner, prenant le X-Jet pour se rendre sur l'Héliporteur, dont le commandant lui avait transmis les coordonnées actuelles. Ce fut elle qui l'accueillit, pour la seconde fois, lorsqu'il atterrit sur le pont de l'immense vaisseau aérien. Elle le conduisit dans une zone différente de la première fois, jusqu'à la porte d'une chambre, qui semblait bien plus chaleureuse que la cellule qu'avait occupée la jeune Kali. Charles leva alors la tête vers Maria et lui adressa un léger sourire.
« Vous souhaitez que je vous laisse seuls ? - Tout à fait. - Je commence à vous connaître, Charles. - En ce cas vous savez que vous pouvez me faire confiance. »
Elle lui rendit son sourire et lui demanda de la contacter lorsque l'entrevue serait terminée. Puis elle repartit dans l'autre sens. Charles attendit qu'elle soit hors de vue avant de toquer à la porte d'Emy. Il attendit qu'une voix féminine lui donne l'autorisation d'entrer avant d'ouvrir la porte. Il dut faire quelques manœuvres avec son fauteuil avant de parvenir à entrer, car la porte s'ouvrait vers l'extérieur, ce qui n'était pas le plus aisé pour lui, bien qu'il en ait l'habitude. Une fois cet obstacle franchi, il s'avança dans la chambre, sans toutefois refermer la porte, pour ne pas lui donner l'impression désagréable d'une intrusion forcée.
« Bonjour Emy. Je me nomme Charles Xavier. Je suis expert en mutation génétique et en psychologie. Maria Hill m'a parlé de votre détresse, et je pense que je pourrais vous aider, si vous acceptez de discuter un peu avec moi. »
S'il était facile pour lui de fermer son esprit, il était beaucoup plus complexe de bloquer ses émotions. Mais le télépathe avait appris à les contrôler depuis bien des années. Il s'était donc placé dans un état d'esprit extrêmement serein et confiant, afin d'apaiser la jeune empathe.
11 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Chambre d'Emy
Emy n’avait pas l’habitude d’avoir de la visite dans sa chambre. En fait, depuis qu’elle était arrivée sur l’héliport du S.H.I.E.L.D, les seules visites qu’elle avait, c’était les médecins et les infirmières. Elle avait pensé que Barton serait passé, mais il devait avoir des missions pour les Avengers ou tout simplement avait-il autre chose à faire ? Alors lorsqu’on frappa à la porte, Emy était trop curieuse pour ne pas laisser entrer la personne qui était derrière. Elle donna son autorisation pour entrer et elle fut surprise de voir un homme en chaise roulante. La jeune femme se leva avec l’intention de l’aider, mais elle se rendit compte assez rapidement qu’il pouvait le faire tout seul. Elle prit place sur le coin de son lit tout en ressentant un climat serein et confiant dans la chambre. C’était bien la première fois depuis longtemps que quelqu’un entrait dans sa chambre sans sentir l’anxiété à plein nez. La jeune femme était loin de se douter que c’était le professeur lui même qui le faisait. Elle pencha doucement la tête sur le coté lorsqu’il se présenta, lui disant qu’il était expert en mutation génétique et psycologie. On venait de lui envoyer un psycologue ? Les derniers qui étaient passés dans sa chambre n’avaient même pas trouver de solution. Emy croisa les bras contre sa poitrine avant de dire :
« Sans vouloir vous vexer monsieur, plusieurs personnes sont passées avant vous sans réussir à trouver une solution à mon problème... Qu’est-ce qui vous fait dire que vous pouvez y arriver ?»
La jeune femme était curieuse de le savoir et elle se rendit compte qu’elle était un peu amer. Amer parce que personne ne semblait trouver de solution. Triste parce qu’elle avait quand même tuer son frère, Ethan et que James, son plus jeune frère ne donnait plus de nouvelles. Elle n’avait même pas eu le temps de parler avec lui après la fusiade... De toute façon, est-ce qu’elle aurait pu ? La jeune femme baissa les yeux sur ses bras croisés et soupira. Elle devait lui raconter une fois de plus ce qui s’était passé n’est-ce pas ? Alors autant le faire maintenant.
«J’ai tellement l’habitude de raconter mon histoire... Si vous pouvez m’aider, je vous en serais reconnaissante à vie bien sûr...»
La brune soupira avant de fermer les yeux et de commencer son récit. Elle savait déjà d’avancer que les larmes allaient coulés, que la colère allait prendre le dessus et qu’elle allait avoir du mal à controler ses propres émotions, mais si elle devait passer par là une nouvelle fois... Ce Charles Xavier semblait être beaucoup plus calme et serein que la plupart des psycologues qu’elle avait déjà rencontré, peut-être qu’elle n’allait pas être submerger par les émotions de l’homme ?
«Pendant le snap de Thanos... Vous savez qui il est n’est-ce pas ?»
Elle ne savait pas d’où il venait, mais s’il était ici, c’était sans doute parce qu’il avait entendu parler de Thanos. Elle continua :
«Pendant ce snap de cinq ans, il s’est passé beaucoup de choses dans le monde, mais une chose s’est passée pour moi. J’étais en mission pour le S.H.I.E.L.D pour aider les habitants qui étaient au prise avec une bande de pilleurs. Il... il s’est passé plusieurs choses en même temps... J’ai du sortir mon arme de service et j’étais... j’étais loin d’imaginer que je serais celle qui ouvrirait le feu. Je n’étais pas la première... mais j’ai... j’ai tué quelqu’un.»
Sa voix tremblait encore à ce souvenir. Elle détestait s’en souvenir, mais elle n’avait pas le choix si elle voulait réussir à refaire son schéma mental. Son pouvoir était trop puissant pour l’instant, elle captait tout et elle ne pouvait pas reprendre les missions si elle ne le contrôlait pas. Elle n’était pas un danger pour les autres, c’est juste qu’elle mettrait en danger ses collègues si elle n’arrivait pas à avancer... Un sanglot s’étouffa dans sa gorge avant qu’elle ne reprenne.
«J’ai tué... J’ai tué l’un de mes frères. Ethan... Il n’avait que 23 ans, mais il a fait feu et je n’ai pas pu l’éviter. Je devais le maitriser... Au début, je n’ai pas vu que c’était lui, je le pensais en sécurité avec notre petit frère James... mais il semblerait que... que je n’ai pas été attentive... Il pillait les commerces avec d’autres jeunes... Je l’ai tué... je... je n’arrive pas à faire face...»
Elle tremblait, mais contrairement aux autres fois, elle ne ressentait pas les émotions de Xavier. En fait, c’était tout le contraire... Elle ressentait toujours cette sérénité en lui... Elle passa une main contre son visage et lui demanda :
«Pourquoi... pourquoi je ne ressens pas votre anxiété... Tous ceux qui écoutent mon histoire deviennent anxieux à un moment ou un autre... Je ressens juste... votre sérénité... et un peu de douleurs ?»
L'agente se montra plutôt sceptique face à sa présentation. Il ne pouvait pas l'en blâmer. De ce qu'il en savait, elle avait déjà vu passer nombre de médecins, et aucun n'avait été en mesure de l'aider. Mais il avait un atout, un atout majeur, qu'il n'avait pas encore dévoilé. Il était sans doute l'une des personnes les mieux placées pour comprendre ce qu'elle vivait. Il lui expliquerait tout cela, mais il tenait d'abord à s'assurer qu'elle soit ouverte à la discussion. Aussi, lorsqu'elle lui demanda ce qui lui faisait croire qu'il pouvait l'aider, il resta évasif.
« Si Maria m'a contacté, c'est qu'elle doit penser que mon aide pourrait vous être bénéfique. »
La mutante soupira, résignée à raconter son histoire, une fois de plus, tout en songeant que c'était probablement inutile. Le télépathe perçut néanmoins une mince lueur d'espoir, comme si elle pressentait que l'échange pouvait être différent avec lui. Il referma donc la porte de la chambre derrière lui et s'approcha d'Emy pour se placer en face d'elle, prêt à l'écouter.
Elle commença son récit, les yeux baissés, plongée dans ses souvenirs. Lorsqu'elle demanda s'il savait qui était Thanos, il répondit par un simple « Oui » neutre, afin de ne pas la perturber.
Le télépathe ne se contenta pas d'écouter les mots de l'empathe. Il plongea avec elle dans sa mémoire, visualisant la scène, se focalisant sur les émotions d'Emy. Il se concentra pour ne pas les absorber, afin de ne pas lui renvoyer l'anxiété qu'elle ressentait. C'était un exercice délicat, mais que fort heureusement il maîtrisait. Bien évidemment, il se sentait profondément désolé pour elle. Mais il ne laissa pas sa compassion transparaître, il prit de la distance avec ses propres émotions, afin qu'elle n'ait pas à les endurer.
Elle s'en étonna d'ailleurs. Ce n'était pas normal qu'elle ne perçoive pas, venant de lui, d'anxiété, de tristesse ou de pitié pour elle. Elle discerna néanmoins une légère douleur, preuve que son pouvoir d'empathie était soit très puissant, soit particulièrement exacerbé par un manque de contrôle. Charles adressa à la mutante un léger sourire. Il était temps de lui dévoiler sa nature, de lui expliquer la vraie raison qui légitimait sa présence ici.
« Je peux contrôler mes émotions. Je suis télépathe. Je comprends ce que vous ressentez. Je le comprends, car je l'ai vécu également. »
Il avait marqué une légère pause entre chaque phrase, afin de lui laisser le temps d'assimiler ces informations. Il voulait qu'elle entende que ses mots n'étaient pas des paroles en l'air, qu'il ne s'agissait pas d'un discours de compassion pour la soulager. Il la comprenait réellement. Et pour qu'elle le réalise pleinement, il fallait qu'à son tour, il se livre à elle.
« Nos pouvoirs sont liés à notre ADN, mais leur puissance et leur contrôle dépendent de nos émotions. Je ne vous apprends rien en vous énonçant cela… J'ai moi aussi perdu le contrôle. Il y a bien longtemps. J'ai cru devenir fou. Toutes ces voix dans ma tête… Toutes ces personnes qui souffraient… C'était devenu une vraie torture. J'en étais venu à m'injecter un sérum pour modifier mon ADN et annihiler mes pouvoirs. Je n'étais alors plus que l'ombre de moi-même. »
Il n'avait pas évoqué cette sombre période de sa vie depuis des années. Peu de personnes étaient au courant. L'évocation de ces souvenirs déplorables ne semblait pourtant pas faire naître en lui de tristesse ou de honte. Il ne s'apitoyait pas sur les erreurs de son passé - pas sur celle-ci, tout du moins. Il ne regrettait pas ce qu'il avait été alors. Cela faisait partie de lui. Il avait fallu qu'il touche le fond pour pouvoir remonter ensuite.
11 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Chambre d'Emy
Emy restait sur ses gardes depuis quelques temps. Elle qui avait toujours eu confiance en son pouvoir, elle venait à douter des gens parce qu’elle ne ressentait plus comme avant leurs émotions ou sentiments. Parfois, elle pouvait ressentir les émotions d’une autre personne que celle qui se trouvait devant elle. Du coup, c’était compliqué. Et maintenant, il y avait cet homme, Charles Xavier qui venait de frapper à sa porte. Elle se demandait quel était son domaine d’activité. Il lui expliqua et surtout, elle lui demanda pourquoi il pensait pouvoir l’aider. Il lui répondit que si l’agent Hill l’avait contacté, c’était sans doute parce qu’elle pensait que son aide pouvait être bénéfique. Emy haussa légèrement un sourcil, mais ne dit rien. Elle n’avait plus rien à perdre de toute façon. Puis, elle lui raconta son histoire, une fois de plus. C’était presque un automatisme maintenant. L’homme ferma la porte et vient se placer face à elle pour être prêt à l’écouter. Emy commença par le snap de Thanos et lui demanda s’il le connaissait. Peut importait où la personne vivait dans ce monde, tout le monde avait entendu parlé de Thanos, c’était presque une certitude. Elle raconta son histoire, étonnée de ne pas ressentir les émotions de celui qui l’écoutait. C’était... étrange. Il lui répondit alors qu’il pouvait contrôler ses émotions, qu’il était téléphate. Emy ouvrit de grands yeux. Il y avait toujours eu des rumeurs comme quoi ce pouvoir existait, mais elle n’avait jamais rencontrer la moindre personne qui le possède. Il lui dit qu’il comprenait ce qu’elle ressentait car il l’avait vécu aussi. Emy en était désolée. Parce que savoir lire les émotions et les sentiments des gens, c’était une chose, mais recevoir toutes les pensées des gens... ça devait être compliqué. Il lui expliqua alors que leurs pouvoirs étaient liés à leur ADN, mais que la puissance et le controle de ceux ci étaient liés aux émotions. La jeune femme ne pouvait qu’approuver. Depuis la mort de son frère, elle n’arrivait plus à controler ses émotions. Il lui raconta alors qu’il avait perdu le contrôle lui aussi un jour. Il avait pensé devenir fou car il entendait toutes les voix des gens dans sa tête, leurs souffrances. La jeune femme le regarda pendant qu’il parlait, essayant malgré tout de lire ses émotions, mais elle se butait à un mur. C’était presque agréable d’être devant quelqu’un qui contrôlait ses émotions. Il continua à lui raconter son histoire, lui disant qu’il en était même venu à s’injecter un sérum pour modifier son ADN et ne plus avoir son pouvoir. Emy ouvrit de grands yeux une fois de plus. Elle avait toujours été fière de son pouvoir jusqu’à maintenant. Et encore aujourd’hui, elle n’aurait jamais penser s’injecter quelque chose en elle pour l’annuler...
«Je n’ai pas à vous juger monsieur. Je pense que tout le monde touche le fond un jour ou l’autre... Vous êtes la preuve que vous vous en êtes sorti puisque vous êtes devant moi.»
Elle lui sourit légèrement. La jeune femme avait une conversation normale avec une personne sans se préoccuper de se protéger de ce qu’elle ressentait et c’était agréable. Elle se détendit un peu. Elle n’était pas en danger, elle le savait. Et si l’agent Hill avait décidé de faire venir Charles Xavier ici, c’était un avantage non ?
«Je dois vous avouer que c’est la première fois depuis longtemps que je peux avoir une conversation sans me préoccuper de me protéger... Il y a peu de personnes qui peuvent le faire... Mais j’aimerais vraiment reprendre une vie plus ou moins normale... J’ai besoin de sortir de cette chambre. J’étouffe en fait...»
C’était un sentiment qu’elle ressentait depuis plusieurs mois maintenant, mais on lui disait toujours que pour son bien, elle devait limiter les contacts humains... Et ça, ça commençait à être difficile.
Emy fut surprise du pouvoir de Charles. A l'évidence, elle n'avait jamais rencontré quelqu'un capable de lire dans les pensées ou de les contrôler. Pourtant, télépathie et empathie étaient des pouvoirs proches. Le professeur pouvait d'ailleurs percevoir les émotions des gens, même si c'était probablement différent du ressenti d'Emy. Il était en tout cas parfaitement conscient des ravages que l'empathie pouvait provoquer, malgré soi. Elle parut encore plus étonnée lorsqu'il évoqua le sérum qui avait supprimé ses pouvoirs à l'époque. Il lui sourit lorsqu'elle lui répondit avec bienveillance, et il compléta son récit.
« Je vous en prie, appelez-moi Charles. Je voulais que la douleur s'arrête. Les souffrances des autres me terrifiaient. Il m'a fallu du temps pour comprendre qu'en réalité c'était ma propre souffrance que je craignais. Lorsque j'ai pu l'accepter, j'ai pu reprendre le contrôle de ma vie et de mes pouvoirs. »
A travers son témoignage, il lui livrait bien entendu des conseils déguisés. Elle avait subi un traumatisme qu'il lui était très difficile d'affronter. Comme elle était rongée par des sentiments très nocifs, son empathie le devenait également. Et plus elle s'isolait par crainte de son pouvoir, plus la situation empirait. Elle lui confessa néanmoins vouloir reprendre une vie normale. Vouloir tenter de sortir de cette chambre qui n'était plus un refuge agréable.
« Il est important que vous soyez à l'écoute de vos propres besoins, de vos propres émotions. Actuellement, votre état psychique vous entraîne dans une contagion émotionnelle exacerbée par votre mutation. Vous prenez de plein fouet les émotions néfastes de ceux qui vous entourent, et les ressentez comme si elles étaient vôtres. Parallèlement, comme vous allez mal, vous ne pouvez pas percevoir autre chose que des émotions négatives. En toute logique, vous vous renfermez sur vous-même et redoutez le moindre contact social. Pourtant, tout refouler n'est pas la solution. Ce n'est jamais la solution. »
A présent qu'il avait présenté la situation, et expliqué ce qu'il percevait des problèmes d'Emy, il fallait lui proposer des pistes pour une convalescence. La rémission ne se ferait pas en un claquement de doigts, cela lui demanderait beaucoup d'efforts, de patience et de tolérance envers elle-même, mais elle était loin d'être un cas désespéré.
« Vous devez réapprendre à aimer votre pouvoir. A le considérer comme un don, et non une malédiction qui vous ronge. Voilà mon avis sur le plan théorique. Qu'en pensez-vous ? Cela vous paraît-il envisageable ? »
11 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Chambre d'Emy
Emy était surprise de se retrouver devant quelqu’un qui pouvait lire les pensées, il est vrai, mais d’un autre coté, elle se rendit compte que Charles pouvait être d’une grande aide pour la suite des évènements de sa vie. Il lui faisait suffisament confiance pour lui raconter quelques passages de sa vie, surtout lorsqu’il avait touché le fond à cause de son pouvoir. Emy l’écoutait avec attention. Il s’en était sorti, c’était déjà ça. La jeune femme sentait naitre de l’admiration pour l’homme. Ce dernier lui demanda de l’appeller Charles et lui expliqua qu’il voulait que la douleur s’arrête parce que la douleur des autres le terrifiaient. Il avait prit beaucoup de temps pour comprendre que c’était sa propre douleur qui lui faisait peur. La jeune femme se doutait bien que c’était à peu près la même chose pour elle-même. Puis, elle lui parla du fait qu’elle voulait reprendre une vie normale. Les missions, les discussions avec les autres agents du QG, les repas avec les collègues, tout ça lui manquait. Elle avait vraiment l’impression de passer à coté de plein de choses. Charles lui dit alors qu’il était important qu’elle soit à l’écoute de ses besoins, de ses émotions. Il lui expliqua aussi que le traumatisme qu’elle avait vécu n’aidait pas à contrôler son pouvoir, elle percevait énormément les sentiments négatifs des autres, ce qui entrainait aussi le fait qu’elle ne puisse pas ressentir les émotions ou sentiments positifs. La jeune femme fronça les sourcils. Bien sûr, l’isolement n’aidait pas, refouler un pouvoir n’aidait pas non plus. Mais ce n’était pas elle qui avait décidé de rester dans cette chambre.
«On m’a demandé de rester dans ma chambre le temps de trouver une solution... D’un coté, ça m’arrange parce que je ne croise pas les autres qui pensent que je suis en train de devenir folle... mais d’un autre coté, je commence à sentir ce sentiment de solitude qui pèse beaucoup trop sur ma conscience... Je n’ai jamais été complètement seule ces dernières années et actuellement, c’est vraiment dur...»
Bien sûr, elle avait demandé plusieurs fois qu’on la laisse sortir, mais le plus souvent, la demande était refusée. Elle devait patienter, c’est ce qu’on lui disait. Alors, la jeune femme attendait... Elle baissa les yeux et écouta ce que Charles lui dit. Apprendre à aimer de nouveau son pouvoir... Est-ce qu’elle l’avait seulement déjà aimé ? Sans doute dans une partie de sa vie oui. Il lui demanda alors ce qu’elle en pensait et si c’était envisageable. Emy leva les yeux vers l’homme et prit le temps de réfléchir avant de répondre :
«Je pense que c’est envisageable oui. La seule condition pour que j’y arrive, c’est que je revois des gens ou alors que je ne sois pas enfermée ici, dans cette chambre. Etre toute seule dans un endroit perdu au milieu de nul part ne me dérange pas. Mais rester au QG du S.H.I.E.L.D, toute seule, ce n’est pas la meilleure des idées... Mais je reçois des ordres alors je ne peux pas désobeir...»
La jeune femme baissa de nouveau les yeux et joua nerveusement avec ses doigts... Elle espérait vraiment qu’une solution allait se présenter à elle. Elle était prête à faire n’importe quoi pour aller mieux...
Dès la première remarque d'Emy, le professeur sut quoi lui répondre. Il était justement venu pour lui apporter cette solution. S'il parvenait à trouver le moyen de l'aider, elle pourrait peu à peu reprendre pied, retrouver le contrôle de ses pouvoirs et de sa vie. Et par extension, car c'était cela surtout que le S.H.I.E.L.D. attendait, pouvoir redevenir opérationnelle en tant qu'agente et retourner sur le terrain.
La solitude lui pesait, bien évidemment. A rester trop longtemps seul avec soi-même, on rumine beaucoup trop de choses, on se renferme sur soi, on ne peut que ressasser ses erreurs. Ils l'avaient enfermée pour son bien, et c'était sans doute la chose à faire au début, mais il y avait trop longtemps qu'elle n'interagissait plus qu'avec des médecins, des infirmiers, des psychiatres, des personnes venues évaluer son état psychique, la forçant inconsciemment à ne se préoccuper que de cela. Elle était prête à envisager une rémission, à condition de pouvoir sortir. Il ne pouvait qu'approuver.
« Je suis entièrement d'accord avec vous, vous ne pouvez plus rester enfermée ici. Je pense pouvoir les en convaincre. Mais pour cela, il nous faut leur prouver que vous êtes capable d'affronter le monde. L'avantage de votre mutation, c'est qu'elle ne représente un danger que pour vous-même. Le plus grand risque est que vous perdiez le contrôle, et que cela finisse par vous détruire. »
Ce n'était pas un risque minime, bien entendu, mais ce qu'il voulait dire par là, c'était que s'ils pouvaient démontrer qu'elle pouvait reprendre le contrôle de sa mutation, même partiellement, même temporairement, le danger serait bien moindre, et ils lui laisseraient petit à petit plus de liberté.
« Nous allons commencer par travailler le contrôle de vos propres émotions. Fermez les yeux… Concentrez-vous sur votre respiration… Dans un premier temps, ne pensez à rien. »
Il continuait de bloquer ses propres émotions, et alla même plus loin en créant comme une bulle de sérénité autour d'eux, la protégeant de toute perturbation psychique extérieure.
« Si des pensées ou des émotions parasites surviennent, chassez-les en douceur. Vous pouvez par exemple les visualiser sur un tableau d'école et les effacer avec une brosse. Ou les imaginer dans des bulles de savon et éclater les bulles. »
Il se basait sur des techniques simples de relaxation et de méditation. Pour pouvoir affronter les émotions des autres et la peur que cela engendrait chez elle, il lui fallait avoir un état d'esprit paisible, le plus clair et tranquille possible.
« A présent, je veux que vous cherchiez dans votre mémoire un moment particulièrement heureux. Un souvenir qui vous fait du bien, qui vous réconforte et vous apaise. »
Il aurait pu s'en charger lui-même, comme il l'avait fait avec Erik, en allant chercher la zone la plus sereine de son système mémoriel. Mais il était important que la mutante se prouve à elle-même qu'elle en était capable.
« Que voyez-vous ? »
Est-ce que cela le concernait ? Non, pas vraiment. Est-ce qu'il n'aurait pas tout simplement pu lire en elle pour avoir cette réponse ? Bien sûr que si. Mais il songeait surtout que cela ferait du bien à Emy de raconter, pour une fois, autre chose que son traumatisme. De pouvoir partager un souvenir agréable, apaisant, réconfortant.
Codage par Never Utopia
HRP:
Je pars du principe que sa technique fonctionne, vu qu'il fait tout pour, mais surtout n'hésite pas à m'envoyer un mp si ça ne va pas ^^
11 avril 2024 - Héliporteur du S.H.I.E.LD - Chambre d'Emy
Emy avait attendu cette aide venue d’ailleurs depuis tellement longtemps qu’elle se demandait si elle allait pouvoir garder le contrôle de ses propres émotions. Le simple fait de pouvoir discuter librement de son pouvoir avec Charles l’aidait déjà beaucoup parce qu’il la comprenait. Il était passé par là, du moins, ce n’était pas totalement la même chose, mais il était tombé plus bas que terre pour mieux revenir. La jeune femme était prête à faire n’importe quoi pour pouvoir sortir de cette chambre bientôt. Alors, Charles lui dit qu’elle avait raison, qu’elle ne pouvait plus rester enfermée dans cette pièce. Ce n’était pas bon pour elle. Mais elle devait être capable d’affronter le monde, comme avant. Il rajouta que sa mutation n’était un danger que pour elle-même. Elle approuva d’un léger coup de la tête. Effectivement, depuis quelques temps, elle sentait qu’à l’intérieur, son pouvoir commençait à prendre trop de place. Si elle ne faisait rien, il allait prendre toute la place... Emy décida de s’asseoir en trailleur pour être mieux et lorsque Charles lui demanda de fermer les yeux, elle était prête. Elle ferma les yeux et se concentra sur sa respiration. Ses mains sur ses cuisses, elle inspirait et expirait plusieurs fois afin de se vider la tête. Ce n’était pas un exercice facile en soi. Emy avait en permanance des idées qui revenaient en tête, mais elle essaya de les chasser. D’ailleurs, Charles lui donna quelques astuces pour le faire et bizarrement, elle y arriva assez bien.
La jeune femme continuait d’écouter les paroles de l’homme en face d’elle. Il fallait qu’elle lui fasse confiance, elle avait besoin de retrouver sa propre confiance en soi. Elle avait perdu le contrôle de son pouvoir depuis trop longtemps maintenant, il fallait que ça s’arrête. Les sourcils légèrement froncés, Emy devait trouver un souvenir heureux, qui l’apaisait, qui la réconfortait. Il n’était pas évidant d’en trouver un... Depuis quelques années, sa vie n’était qu’une descente aux enfers, douce et lente. Elle essaya de remonter un peu le temps. Sa rencontre avec Barton peut-être ? Oui, ça va été une révélétion... Elle avait même eu un petit coup de coeur pour Haweye, mais il n’était pas accessible... et puis, elle était beaucoup plus jeune que lui lorsque c’était le cas... Elle pensa alors aux premières discussions qu’elle avait eu avec lui et tout de suite, elle se sentait déjà se détendre. Clint lui manquait beaucoup aussi... Elle entendit la voix de Charles lui demander ce qu’elle voyait.
«Je vois... Clint Barton... Il a été mon instructeur lorsque je suis arrivée ici... Il a toujours été là pour m’écouter... Il... il me manque.»
Sa voix tremblait légèrement. Elle savait que Haweye avait autre chose à faire ces derniers temps, mais Emy se sentait de plus en plus isolée dans sa petite chambre. Ses mains se mirent à trembler sur ses cuisses alors qu’elle perdait pied sur ce qu’elle voyait. Elle fronça de nouveau les sourcils pour essayer de trouver quelque chose de plus apaisant... Ses premières réussites au centre de tirs. Elle avait toujours été doué lorsqu’il fallait apprendre quelque chose et encore une fois, c’était une réussite. Elle se concentra sur la réussite, la fierté d’avoir enfin trouver sa place.
«Je me vois... au centre de tirs... en fait, à mes débuts. Je sens cette fierté de faire partie du S.H.I.EL.D...»
Elle ne savait pas si elle devait ouvrir les yeux, mais elle ne le fit pas. Elle garda les images en tête pour s’apaiser. Des gens comptaient sur elle et elle devait se remettre sur pieds assez rapidement sinon, elle pouvait perdre sa place au sein de l’organisation... Elle ouvrit doucement les yeux et dit à Charles :
«Je n’arrive pas... à trouver quelque chose de plus apaisant... J’ai toujours été confronté au stress et tout... Même dans mon enfance, je n’ai pas souvenirs d’avoir un moment apaisant...»
Les techniques qu'il lui proposait fonctionnaient, puisqu'Emy parvenait à faire le vide dans son esprit. Rien que cette petite réussite devait signifier beaucoup pour elle, qui était sans cesse tourmentée. Bien sûr, ce n'était pas une solution miracle qui allait balayer tous ses problèmes et les faire disparaître d'un seul coup. Cela demanderait de la pratique, de la patience, de la détermination. Mais elle semblait prête à s'investir pour aller mieux.
Elle chercha un souvenir heureux et apaisant, et finit par en trouver un. Charles s'attendait à ce qu'elle évoque un moment de son enfance, mais elle parla de Clint Barton qui l'avait formée au S.H.I.E.L.D. Ah oui… L'Avenger faisait également partie de l'agence, en effet. Charles avait du mal à l'imaginer en mentor bienveillant. Le professeur écouta avec attention mais ne fit aucun commentaire, il ne porta aucun jugement verbal. Il ne réagit qu'aux sentiments exprimés par Emy, lorsqu'elle avoua que son instructeur lui manquait.
« Concentrez-vous sur le positif, mettez le reste de côté pour le moment. »
Elle évoqua ensuite ses premiers entraînements, ses débuts dans l'agence, la fierté qu'elle ressentait d'en faire partie. Puis elle ouvrit les yeux et s'excusa presque de ne pas avoir de souvenir plus apaisant. Charles lui adressa un sourire rassurant et lui répondit :
« C'est très bien. Si ces souvenirs vous apaisent, vous n'avez pas besoin d'aller chercher plus loin. Une bonne préparation psychique me paraît essentielle, vous devez vous mettre dans de bonnes conditions pour affronter le monde. Un état d'esprit serein est indispensable si vous voulez pouvoir vous confronter à la douleur des autres sans en être brisée. »
Il reprenait là un conseil qu'il avait lui-même reçu lorsqu'il était au plus mal. Il adaptait la formule au cas d'Emy, bien entendu. Cette méthode avait fait ses preuves avec nombre de mutants un peu trop émotifs.
« Je vous recommande de faire ce petit exercice de relaxation mentale avant chaque rencontre, chaque sortie. Ce pourra paraître fastidieux et rébarbatif dans les débuts, mais à force d'entraîner votre esprit à trouver la paix intérieure, vous y parviendrez de mieux en mieux et bientôt vous n'aurez plus besoin d'y consacrer beaucoup d'énergie ou de concentration, cela deviendra presque naturel. »
Bien. A présent que la première étape était acquise et qu'il estimait avoir exposé l'essentiel de sa théorie, il était temps de passer à la pratique. En douceur bien sûr, il ne s'agissait pas de la propulser dans la fosse aux lions. Mais une rapide mise en situation, à ses côtés, permettrait à Emy de se conforter dans l'idée qu'elle pouvait prouver à ses supérieurs de quoi elle était capable.
« Bien. Si nous tentions une petite sortie ? Je vous propose une simple marche dans les couloirs. Je serai près de vous, je veillerai à ce que tout se passe bien. Dès que ça devient difficile, on revient. »
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