[Institut Xavier] Genesis Bearskin

Genesis naît en 2001, dans une réserve amérindienne de l’Ontario. Ses parents, Rosemary et Willis, on fait depuis peu la rencontre d’un pasteur pentecôtiste itinérant et se sont convertis à l’évangélisme. La famille quitte la petite communauté pour s’installer dans un village de Caroline de Nord, aux États-Unis, où les parents de Genesis fréquentent assidument le groupe religieux, profondément conservateur.

Genesis reçoit une première éducation à la marge du système scolaire américain, dans l’école de la congrégation, qui enseigne des valeurs morales réactionnaires et une approche du monde fondée sur le créationnisme. Le petit garçon, qui sent confusément que son identité est mal adaptée à cet univers moral, passe le plus clair de son temps seul et s’intègre peu aux enfants de son âge.

La situation change profondément en 2009 lorsque, âgé de huit ans, Genesis donne précocement les premiers signes de ses pouvoirs. Il guérit une camarade de classe qui s’est écorchée le genou. Quelques jours plus tard, il soigne la brûlure que sa mère s’est faite aux fourneaux. Rosemary et Willis sont aussitôt convaincus que les facultés de leur fils sont un don de Dieu et la congrégation s’empare des talents de l’enfant.

Des cérémonies de guérison divine sont désormais régulièrement organisées sous un grand chapiteau en bordure du village et attirent des Pentecôtistes de tout l’Est américain. Pendant ces années, Genesis est la plupart du temps épuisé, au bord de l’évanouissement, contraint d’utiliser ses pouvoirs sur des dizaines et des dizaines de gens. Il est un enfant maladif, chétif et malheureux.

L’attaque de New York bouleverse encore les pratiques de la congrégation. Face à cette calamité venue d’autres mondes, la doctrine de la communauté évolue vers une foi millénariste : c’est la conviction en la fin du monde prochaine, en la nécessité de sauver son âme et de se préparer au Jugement Dernier. Les parents de Genesis participent à la fondation de l’EPUA, l’Église Pentecôtiste de l’Universelle Apocalypse. Cette faction schismatique de la communauté est fondée sur la guérison divine comme principe sotériologique, sur la prédication itinérante et sur la rupture avec la corruption du monde moderne. L’EPUA, influencé par le survivalisme, forme également une proto-milice.

L’EPUA prend la route. Genesis accompagne ses parents à travers les États-Unis. Il est le coeur de grandes cérémonies évangélistes où les malades défilent devant lui pour être soignés. Lui-même survit tant bien que mal à cette utilisation intensive de ses pouvoirs. Déscolarisé, éreinté et terriblement seul, il vit dans un état de démoralisation permanent, hanté par le sentiment d’imposture. Ses parents parviennent à dissimuler ses tentatives de fugue au reste de la communauté.

En 2013, après l’attaque de Londres par les Elfes Noirs, l’Église Pentecôtiste de l’Universelle Apocalypse entame des tournées internationales. C’est en Afrique que Genesis rencontre le plus vif succès, dans des cérémonies qui réunissent des milliers de personnes. Il s’évanouit plusieurs fois en public, des incidents que le pasteur présente comme des moments d’extase divine. L’EPUA commence à faire l’objet d’enquêtes de plusieurs gouvernements pour ses dérives sectaires, des soupçons de malversations financières et la manière dont elle traite les enfants de sa communauté.

À partir de 2014, les principales personnalités de l’EPUA, dont les parents de Genesis, font l’objet de mandats d’arrêt par les autorités étasuniennes et canadiennes. L’EPUA s’installe définitivement en Afrique, où ses activités évangélisatrices et son lobbying intégriste lui attirent rapidement l’attention du Wakanda. Une bataille d’influence s’engage entre le Wakanda, qui s’efforce de convaincre les autres gouvernements africains d’ordonner la dissolution de l’EPUA, et cette dernière, forte de fidèles toujours plus nombreux.

À quinze ans, Genesis fugue avec Lumbabo, le fils de travailleurs humanitaires wakandais en Eswatini. Les deux garçons ont développé une amitié forte. C'est à travers de Lumbabo, en accédant aux informations du reste du monde, que Genesis commence à comprendre sa situation de mutant. Lumbabo aide Genesis à se cacher dans  le grenier de ses parents. Ils passent de longues heures à discuter ensemble et l’amitié se teinte d’une attirance mutuelle. Les deux garçons échangent leurs premiers baisers. Mais au bout de deux semaines, Genesis apprend que sa mère est tombée malade. Tiraillé entre sa famille et ses premiers tendres sentiments, il finit par retourner à l’EPUA pour y soigner sa mère.

Lumbabo milite auprès de ses parents pour qu’à leur tour, ils tentent de convaincre les autorités wakandiennes d’intensifier leurs efforts contre l’EPUA. Entre 2016 et 2018, le Wakanda parvient à faire interdire l’Église dans de nombreux pays africains et l’EPUA se réfugie dans le Cabo Delgado. Cette retraite en terre musulmane provoque la militarisation de l’EPUA, qui constitue des milices en réaction à la pression des factions armées. Pendant quelques mois, l’EPUA devient l’une des protagonistes de la guerre civile complexe du Cabo Delgado, s’alignant avec les forces du gouvernement du Mozambique et conduisant parfois des actions qualifiées de terroristes par la communauté internationale.

Tout change brutalement en 2018. Le Snap fait disparaître la quasi totalité des figures de proue de l’EPUA dont les parents de Genesis. Gen s’échappe de la congrégation en lambeaux et parvient, après plusieurs mois, au Wakanda, où il a l’espoir de retrouver Lumbabo. Mais le royaume est encore en train de se reconstruire après la bataille contre Thanos et la disparition de son roi. Gen n’y trouve ni Lumbabo, ni sa place. Il erre pendant près d’un an dans l’est de l’Afrique, avant de s’embarquer sur un cargo pétrolier à destination des Amériques, où il accoste deux mois plus tard.

Commence pour lui une vie d’errance entre le Canada et les États-Unis, où il survit parfois des semaines entières dans la nature, en chassant et en fourrageant. Il travaille dans les restaurants routiers, les fermes ou les rares chantiers encore en cours, s’embarque sur des chalutiers de pêche. Il ne reste jamais plus de quelques semaines au même endroit : dès que les guérisons qu’il prodigue gratuitement commencent à attirer l’attention, Gen reprend la route sans laisser d’adresse.

C’est une vie rude et parfois difficile, dans une Amérique dépeuplée et en ruines. Genesis, qui avait appris à manier les armes à feu dans son enfance et à se battre au Mozambique, est plus d’une fois obligé de jouer des poings pour se défendre. Mais c’est aussi pour lui la découverte de la liberté et de l’indépendance : après s’être débattu dans la prison idéologique imposée par son éducation, Gen a enfin l’opportunité de penser par lui-même et de faire ses propres choix. Les idées de révolte longtemps ruminées dans la solitude sa jeunesse s’expriment comme autant de possibilités.

Il a des relations passagères avec des hommes, au hasard de ses escales : ici un pêcheur, là un garçon de ferme ou le fils d’un garagiste. Il se tient à l’écart des églises et des temples, mais prête une oreille attentive aux nouvelles qu’on s’échange dans les restaurants routiers. Pendant cinq ans, Genesis réfléchit à sa place dans le monde et au sens de ses pouvoirs.

Il pousse ses voyages jusqu’à Bearskin Lake, mais la communauté où il est né et qu’il n’a jamais connue a disparu : la plupart de ses habitants se sont volatilisés dans le Snap et les survivants ont migré vers d’autres réserves. Genesis essaie de glaner, ici ou là, des bribes de la culture de ses ancêtres, mais la crainte d’être absorbé dans une nouvelle communauté fermée et dogmatique freine ses efforts.

Les années passent et, à mesure que Genesis laisse son passé et l’EPUA derrière lui, il commence à éprouver le besoin de faire davantage avec ses pouvoirs. Il tente d’en apprendre plus auprès des médecins de campagne, se hasarde en de rares occasions dans les villes pour accéder aux bibliothèques municipales, et grappille des miettes de connaissance qui le laissent toujours insatisfait.

Au début, lorsque les disparus du Snap réapparaissent brutalement, l’existence de Genesis ne change guère. Il s’aventure moins souvent en ville, trouve davantage de malades sur son chemin, mais son errance demeure la même. De plus en plus à la marge de la société, dans un monde en recomposition, Genesis est un jeune mutant en quête de sens.

Jusqu'au jour où l'attention de l'Institut Xavier se fixe sur lui.