Je dois avouer que la communication entre nous passe pas vraiment bien. Je suis direct, pas de sous entendu, c'est blanc ou noir, mais pas gris. Et avec ce gars, quoi qu'il pense de moi, je crois qu'on parle pas le même langage. Il me salue, seulement ça ? Alors j'ai rarement vu le boss d'un club se déplacer, pour souhaiter la bienvenue au gros bonnets, ou personnes "importantes" sans arrière pensées. Il se fout de moi ou je suis vraiment un crétin. Et il cherche visiblement quelque chose mais décoder ses paroles, c'est pas gagner. Il peut pas parler comme tout le monde et aller droit au but ?
- Ben Je vais pas dire que c'est pas sympa...
Je vois que peu importe ce que je peux dire, il me prend pour un crétin, ça se voit et je le sens. Il chercher quoi ? A se faire du profit sur mon dos en prenant une commission sur les affaires que je pourrais faire dans son club ?
Ah mais quand on le titille un peu, il montre les crocs, et bien allons-y ! Je vois que je l'agasse et c'est pas peu dire. Il veut pas m'offrir de job, il veut seulement me dire "bonjour". Il me prend vraiment pour une bille !
Je comprend que comme dans beaucoup d'endroits de la ville, il est facile de trouver des contrats, mais c'est pas une nouveauté. Dans le milieu de la pègre, y a toujours de quoi se faire du blé. Y a toujours un type qui veut qu'on fasse la peau à un autre ou qu'on lui fasse assez peur pour qu'il récupère du fric. Bref, mais je comprend bien que ce qu'il se passe dans son club passe par sa vigilance. Il laisse pas faire les gens sans y prendre un truc au passage.
- Ca je le sais. Y a pas un endroit dans cette ville, dans le genre de votre club ou on peut pas faire affaire. Mais je suppose que vous laissez faire contre une petite commission ?
Sinon, ce serait pas logique. On parle pas avec les gros bonnet sans raison, alors oui, y aussi le côté "je sais que vous venez dans mon club" et "Je peux me servir de ça contre vous". J'ai vu ça des milliers de fois. Ce sont des services qu'ils cherchent. Et son club reste un petit paradis pour tous les truands du coin...
- Ne me dites pas que vous ne faites que de la relation publique.
J'aurais eu du mal à y croire. Ce genre d'individu ne sont pas irréprochable. Et je voulais savoir quel état son prix. Parce que si je faisais affaire dans son club, je pouvais parier qu'il le saurait et qu'il voudrais sûrement avoir sa part. Sinon, quoi ?
MALICE
BLACK ANGEL Le meurtre suppose et couronne la révolte - celui qui ignore le désir de tuer aura beau professer des opinions subversives, il ne sera jamais qu'un conformiste.
En le voyant ainsi, il est presque impossible de deviner qu’il a été enlevé, séquestré et torturé par son père voilà neuf jours ; sa peau n’est plus aussi translucide mais on devine encore les courbes de la fatigue, de la douleur, de la peur, et les hématomes ne se sont pas évaporés, seulement cachés sous les vêtements minutieusement choisis. À la surface, tout fait sens, tout est opaque, tout est lisse ; à l’intérieur, en revanche, tout est brisé. Mais il ne le dira pas, Ezekiel. À personne. Pas même à Shufen, pas même à sa jumelle, pas même à Hector. Personne ne doit savoir, personne ne doit voir. « Ben Je vais pas dire que c'est pas sympa… » Le ‘’mais’’ caché derrière les dernières syllabes est tellement explicite qu’Antoine n’a guère besoin de le formuler pour qu’Ezekiel l’entende : sortant ainsi de ses pensées, attendant la suite de cette phrase, il penche légèrement son menton sur le côté en laissant ses sourcils prendre de la hauteur, patientant quelques secondes avant de réaliser que la formule ne connaitra point de continuation. Joignant de nouveau ses mains sur la table, le russe racle discrètement sa gorge avant de reprendre, d’une voix qu’il s’efforce de maintenir calme mais dont les accents sont cruellement agacés : « Vous ne devez pas beaucoup fréquenter ce genre d’endroits pour en être surpris, sans vouloir vous vexer. » Pure rhétorique diplomatique puisque, dans le fond, Ezekiel s’en balance pas mal de le froisser ou non. « Je ne viens pas saluer toutes les personnes qui passent la porte, seulement celles qui me semblent importantes. » Troisième fois qu’il le dit, ça va peut-être finir par remonter au cerveau de son interlocuteur, même s’il doute de plus en plus qu’Antoine en possède un. « Et puisque vous êtes une figure relativement importante, puisque votre nom est connu dans ce milieu, je suis venu vous saluer parce que c’est ce qui se fait. Ou alors je me trompe de personne et vous n’êtes pas celui que je crois ? » Un soupir irrité est extirpé par ses narines quand il referme ses lèvres pour ne pas en dire davantage car il sait, lui, qu’il ne se trompe pas de personne. Est-ce qu’Antoine a oublié qui il est ? Ce qu’il a fait ? Pourquoi son nom et ses méfaits sont connus de tous ? Est-ce qu’il doit lui faire un PowerPoint pour lui expliquer pourquoi il est venu simplement le saluer ?
Si ça ne tenait qu’à lui, Ezekiel se serait levé de sa chaise en l’abandonnant à cette table sans plus de ménagement pour sa sensibilité mais, puisqu’il représente l’établissement et davantage le Club, il est forcé d’annihiler un peu son manque de patience et de faire bonne figure. Dieu que c’est difficile. « Ca je le sais. Y a pas un endroit dans cette ville, dans le genre de votre club ou on peut pas faire affaire. Mais je suppose que vous laissez faire contre une petite commission ? » Sa première réponse est traduite par un bref hochement de menton, qui n’a rien de honteux puisque, là encore, c’est ce qui se fait partout ailleurs. « En effet, mais il n’y a rien de surprenant, n’est-ce pas ? » Antoine serait bien l premier à s’en offusquer mais comme il ne cesse de l’étonner, Ezekiel s’attend à toutes les réponses possibles et inimaginables. « Ne me dites pas que vous ne faites que de la relation publique. » - « Pas que, non. Mais je ne joue pas les rabatteurs non plus. » Principalement parce qu’il a autre chose à foutre et que les mafieux qui traînent dans les parages s’en sortent sans son aide — ce qui l’arrange. Récupérer des commissions au moindre effort est un avantage considérable, il ne va pas le nier, l’affreux garnement. « Voilà comment ça se passe… »puisque de toute évidence vous êtes un demeuré qui ne comprend rien à rien« Lorsqu’un contrat est établi, le Devil’s prend effectivement une commission. C’est normal, puisque nous permettons aux deux parties de se retrouver dans un endroit neutre, n’est-ce pas ? » Il n’attend pas vraiment de réponse car il en est convaincu : bien sûr que c’est normal et si Antoine n’est pas du même avis, il s’en moque royalement. « Nous prenons 20% sur le contrat en question ; certains ‘’employeurs’’, dirons-nous, le prennent en charge, d’autres pas. C’est à négocier directement pendant la signature du contrat. » Puisque son verre est vide, il tourne son menton pour faire signe à l’une de ses serveuses d’en apporter un autre, ce que la blonde s’empresse de faire. « En échange, nous nous assurons que le salaire promis sera honoré et que la personne employée ne sera pas lésée. Nous gardons l’argent le temps que la ‘’mission’’ soit accomplie et une fois que celle-ci est achevée, nous nous chargeons de le transférer. Est-ce clair ? » Prenant son verre dans sa main gauche, il l’apporte à ses lèvres pour en boire une gorgée, en attendant la réponse de son interlocuteur.
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Je vois bien qu'il ne m'apprécie pas plus que ça, et relation publique ou pas, il a des intérêts à faire ça. Je vois ses mimiques et ses grimaces qui ne trompent personnes. Mais faire le demeuré est souvent payant. Et n'oublions pas que j'aime agacer, piquer. Ca m'amuse beaucoup et le petit jeu de dupes révèle souvent la vraie personnalité des gens. Et là, j'ai tout de même pousser le bouchon un peu loin. Je ne suis pas simplet, loin de là, je ne suis pas non plus subtile, c'est vrai, mais je sais qu'il ne fais pas ça gratuitement. Il essaye de fidéliser un certains type de clientèle pour en tirer profit. Et nous y voilà, il explique les choses... enfin !
- Et comment procédez vous, un accord tacite ? C'est un peu léger. Ou vous avez une telle réputation qu'on essaye pas de vous gruger...
Je pense plus à la seconde option. Je ne le connais pas, mais je pense qu'il en impose assez pour avoir cet effet là sur ses connaissances, ses habitués. A moins qu'il fasse signer un accord tacite, filmé... Y des caméra après tout dans son club. Et comment s'assurer que les partis ne tricheront pas. Je veux dire, est-il vraiment au courant de tout ce qui se passe réellement dans son club. J'ose croire que oui.
- Votre club est grand. Vous devez avoir des indics partout pour vous assurer qu'on ne vous doublera pas.
Cela parait logique. Mais est-ce que je dois le croire et devenir un de ces réguliers pour avoir des contrats ? Il faudrait qu'ils soient vraiment juteux pour en tirer un profit, même si quelques fois, je le ferais bien juste pour le plaisir. Mais si je pouvais avoir la promesse d'un revenir régulier, même avec une perte de commission au passage, ça pouvait être intéressant.
- Et je suppose que vous ne mettez pas en relation les parties... Vous veillez juste à prendre votre part et veillez à ce que le contrat soit respecter... Comment ?
Les indics ne devaient se trouver juste dans le club. Cela voulais dire que j'allais avoir droit à des chiens de gardes ? Pas franchement rejouissant... Mais bon, je continuais de jouer les débiles et posais des questions douteuses.
MALICE
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« Et comment procédez vous, un accord tacite ? C'est un peu léger. Ou vous avez une telle réputation qu'on essaye pas de vous gruger… » curieux, le petit gars Les mains toujours mollement jointes sur la surface lisse et boisée de la table ronde, Ezekiel rehausse le coin de ses lèvres avec un sourire presqu’amusé, les yeux rivés sur son interlocuteur qui démontre les premiers signes d’intelligence. Enfin, la conversation devient intéressante et le bouclé délaisse même son ton sarcastique pour lui répondre sur le ton de la complicité. « Je vous laisse deviner. » Les Italiens ont essayé, ils doivent encore s’en mordre les doigts et n’ont pas fini de maudire le russe qui, confortablement installé sur sa chaise, abaisse ses épaules pour tenter de détendre la contraction de ses muscles : il y a presque deux mois, il abattu l’un de leurs chefs en lui plantant une balle entre les deux yeux et gardé son fils captif dans l’une des pièces secrètes pour le torturer jusqu’à ce qu’il devienne son larbin. Autant dire qu’il ne fait pas dans la demi-mesure, et que si certains associés ont déjà songé à le doubler, ils ont vite abandonné l’idée. Pour leur propre survie. « Votre club est grand. » Il hoche son menton de haut en bas en caressant inconsciemment le paysage de son établissement de ses yeux verts. « Vous devez avoir des indics partout pour vous assurer qu'on ne vous doublera pas. » Le russe pousse légèrement ses lèvres en avant tout en remontant ses épaules durant quelques secondes, plus amusé qu’autre chose ; il n’est pas assez sot pour croire qu’il peut nier cette vérité immuable, mais le fait est que personne ne sait à quoi ressemble les employés qui sont ses yeux et ses oreilles ici. « Je ne vais pas révéler tous nos secrets, vous comprenez pourquoi. » Glissant de nouveau sa main autour de son verre, il l’apporte à ses lèvres pour en boire une fine gorgée, avant de reporter son attention sur son interlocuteur, avec lequel la communication semble grandement s’améliorer tout à coup. L’argent, visiblement, rassemble tous les peuples. « Et je suppose que vous ne mettez pas en relation les parties... » Il penche légèrement son menton sur la gauche puis sur la droite, dans un mouvement très rapide, qui signe que la réponse n’est pas aussi tranchée ; est-ce qu’ils offrent un cadre propice à ce genre d’échanges ? Oui. Est-ce qu’ils jouent les rabatteurs ? Non. « Vous veillez juste à prendre votre part et veillez à ce que le contrat soit respecter... Comment ? » Beaucoup de questions d’un coup, et le leader du Devil’s Club esquisse un sourire en coin tout en appuyant son dos contre sa chaise, avant de boire une dernière gorgée de sa boisson, ses yeux descendant un instant sur la table avant de remonter vers le visage d’Antoine. « Comme je viens de vous dire, il y a des éléments qui ne sont pas communiquées, aux deux parties. Nous sommes neutres. Mais si cela vous angoisse… Sachez que le business tourne, et que je n’ai, jusqu’ici, pas entendu la moindre plainte concernant ce système. » A-t-il vraiment besoin de le préciser ? Le Devil’s est connu pour ça dans le monde de la Pègre, et si Antoine se retrouve à cette table, ce n’est sûrement pas sans raison.
Il est intéressé, Antoine, même s’il donne l’impression d’être le gosse récalcitrant qui ne veut pas écouter ce que dit la maîtresse. Ezekiel le voit et s’en amuse, penchant son menton sur la gauche puis sur la droite d’un air secrètement hésitant, avant d’attraper la canne appuyée contre la table et de se lever d’un geste agile, en faisant reculer sa chaise derrière lui. « Suivez-moi. » Dit-il dans ce qui semble être à la fois un ordre et une invitation ; un savant mélange qu’il maîtrise à la perfection mais qui ne l’aide pas à se faire apprécier. Il lui fait signe de la main et, sans véritablement surveiller s’il lui emboite le pas ou non, Ezekiel traverse le night-club pour rejoindre le sous-sol, qui cache une salle secrète hautement prisée par les hauts membres de la Pègre. Sur le trajet, Antoine peut remarquer que l’accès y est hautement sécurisé et surveillé, si bien qu’on ne peut espérer gruger les nombreux mutants qui, s’ils saluent respectueusement le maître des lieux, lancent des regards méfiants en direction du nouveau. De nombreux digicodes sont nécessaires pour finalement arriver dans une vaste salle dominée par les couleurs chaudes, le bois et le rouge, mais aussi le vert par les plantes soigneusement entretenues. Contrairement au night-club au-dessus, ici, l’on n’entend rien de la musique assourdissante qui enflamme la piste de danse, mais une fluette sonorité de jazz accompagne l’air. Autour des banquettes vermeilles, des tables de poker ou de blackjack, quelques hommes en costards car, ici, le crime est en col blanc : des personnes fortunées qui se réunissent pour discuter affaires ou simplement se détendre. « C’est ici que vous pourrez vous enrichir. » Lorsqu’ils remarquent Antoine, certains hommes le saluent d’un coup de menton, avant de poursuivre leurs discussions ou leurs parties de cartes, sans plus de cérémonie. Puisqu’ils sont tous des pointures dans le monde de la Pègre, difficile de les impressionner. « Je ne vous souhaite pas bon courage, je ne doute pas du fait que vous trouverez de quoi vous… amuser ? » Il rehausse l’un de ses sourcils en offrant un petit sourire joueur à son vis-à-vis.
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Le ton change. On voit que les bonnes questions ont été posées. Je ne joue plus au malin. Fini le test. Je comprend le garçon assis près de moi. Je sais qu'il a de quoi maintenir un certain standing. Il est plus reconnu que connu. Il est craint et il ne craint pas grand monde. Il connait tout le monde mais peu de personne le connaissent vraiment. Je vois qu'il ne vaut mieux pas jouer trop avec lui. Et si la dupe est avéré, je crains que la personne qui ne le trompe ne le paye le prix fort. Même si j'ai joué au demeuré, j'ai pu récupérer des infos précieuses sur le personnage et je le comprend mieux maintenant. On trouve enfin un terrain d'entente et je pense qu'une certaine collaboration peut m'aider à ne pas rester sans "travailler" trop longtemps.
Il garde toutefois une dose de mystère et je comprend aisément pourquoi. Mais pour avoir longtemps fréquenter les différents milieux de la pègre, je sais combien certains réseaux sont étendus et le sien doit l'être, je n'en doute même pas. Il doit évidemment tout savoir sur toutes les personnes qui l'intéressent vraiment. Surtout celles qui font des affaires avec lui.
- Je ne vais pas révéler tous nos secrets, vous comprenez pourquoi... Comme je viens de vous dire, il y a des éléments qui ne sont pas communiquées, aux deux parties. Nous sommes neutres. Mais si cela vous angoisse… Sachez que le business tourne, et que je n’ai, jusqu’ici, pas entendu la moindre plainte concernant ce système.
Clairement, il sait ce qu'il se passe chez lui et il sait également qui font des affaires chez lui. Ce qui veux dire qu'il est impossible de le duper. Et je crois comprendre qui si les affaire fonctionnent si bien, c'est que la machine est bien huilée. Je souris à mon tour comprenant très bien ce dont il parle. Mais je ne suis pas du genre de duper. Je suis cash et je n'aime pas non plus qu'on se moque de moi. Je sais réglé le problème de façon nette et précise en utilisant mes qualités de "négociateur". Mais on est enfin sur la même longueur d'onde et il s'apprête à me montrer l'envers du décor. Du moins, cela paraît logique.
- Suivez-moi.
Il vient de vider son verre et j'en fait autant. Il se redresse en prenant sa jolie canne - elle est vraiment un artifice qui va avec le reste - et m'ouvre le chemin. Je sais que je vais voir des choses que peu de personnes voient. Visiblement, s'il le fait c'est qu'il sait que je ne le trahirais pas, que je ne suis pas le genre de gars à me jouer de lui et surtout une balance ou un indique. Alors je peux enfin me dire que j'ai mis la main sur la perle rare qui me permettra de rendre mon quotidien bien meilleur.
Je savais que cet endroit recélait des secrets bien gardés. C'était évident que je n'avais vu qu'une partie de ce que je pouvais voir. La partie tout publique, qui laissait paraître que l'endroit était respectable, mais l'envers du décor était tout autre. La face caché de New York s'offrait enfin à moi. J'avais depuis longtemps espéré pouvoir l'infiltrer et prendre part à des affaires juteuses, quitte à avoir à y perdre un peu au passage, mais au moins, pouvoir avoir un revenu régulier, et des contrats en tout genre, sous le couvert de son réseau. C'était un partenariat qui pouvait avoir un certain charme quand on le faisait avec les bonnes personnes. Son réseau semblait être la solution à mon isolement. Cela permettait aussi quelque part de "m'allier" à des personnes qui pouvaient m'apporter autant que je pouvais leur apporter, tout en gardant une autonomie à laquelle je tenais particulièrement. Seul le travail était le contrat de ce partenariat particulier.
Je lui emboitait le pas et descendait en sous sol. Le surveillance, la sécurité était accrue. Une évidence qui me paraissait logique étant donné ce qu'il pouvait se passer en ces lieux. Des gros bonnets devaient circuler dans cette partie du bâtiment gardée secrète et jalousement gardée. L'ambiance était tout autre, une odeur de tabac fort, comme des cigares flottait dans l'air et une certaine odeur de vieux malt. On avait changé radicalement de décor et cela sentait également les portefeuilles bien garnis. Des notes de musique douce, et rythmée de jazz égaillait un peu l'ambiance feutrée mais vivante de l'endroit. Des cliquetis caractéristiques venaient se mêler aux notes de musique. Des tables de jeux se déployaient sur une grande surface. Et des salutations timides sillonnaient les pas de l'homme qui marchait devant moi. Il se stoppait enfin vers moi et montrait fièrement l'étendu de son empire.
- C’est ici que vous pourrez vous enrichir.
Mais c'est qu'il y avait du beau monde dans cette partie de l'établissement et il avait raison, il y avait de quoi s'enrichir, mais pas que...
- Je ne vous souhaite pas bon courage, je ne doute pas du fait que vous trouverez de quoi vous… amuser ?
Il me connaissait mieux que moi même. Il avait sûrement eu vent de ma pseudo addiction au jeu. Je la contrôlais depuis longtemps, à moins que ce soit l'inverse... mais peu importait, j'allais pouvoir allier l'utile à l'agréable. J'avais donc trouvé l'endroit rêvé.
- Si vous me prenez par les sentiments...
Tout était dis. Je pouvais lui rendre son regard complice et son sourire. Il fallait espérer que nos affaires, quelle qu'elles puissent être soit fructueuses. Et rien ne nous empêchait de parler de temps à autres. Mais peut-être avait-il des personnes à me recommander...
- Je ne suis pas familier de ce genre d'endroit, vous vous en doutez, mais vous avez sûrement des gens à me conseiller plus que d'autres ? Et vous même, vous auriez peut-être besoin d'une personne comme moi...
Je ne cherchais pas vraiment à faire ami-ami, mais curieusement, le jeu de dupe passé pour le jauger, et sûrement réciproque, on pouvait parler librement, simplement. Il me paraissait très intelligent et démontrait ce côté sans pitié que j'aimais et qui n'était sans me rappeler un trait fort de ma propre personnalité. Mais comment me voyait-il au juste ?
MALICE
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Si Antoine ne montre pas véritablement qu’il est surpris de découvrir cette seconde salle tenue secrète, au moins semble-t-il ravi d’y être convié et d’être dans la confidence de son existence ; nul doute que cette ambiance feutrée est davantage en adéquation avec ce qu’il imaginait comme être un haut-lieu de la Pègre, où les cols blancs qui dirigent les organisations influentes peuvent jouer aux cartes sans craindre qu’on vienne les déloger pour une quelconque raison. Ça, c’est la partie immergée de l’iceberg puisque, à première vue, il n’y a rien de plus que ce que l’on peut observer mais, que se passe-t-il dans les petits salons isolés, dont l’accès est strictement réglementé ? Peut-être qu’Antoine ne va pas tarder à le savoir.
En grimpant sur son tabouret, allongeant son bras sur le comptoir du bar tenu par un serveur — toujours le même, Ezekiel penche légèrement son menton sur le côté en voyant l’éclat pétillant qui surgit dans le regard de son interlocuteur, lorsque celui-ci effleure les tables de jeux qui se situent de l’autre côté de la pièce, et au-dessus desquelles s’élèvent une épaisse fumée grise. « Si vous me prenez par les sentiments… » Le sourire déjà présent sur ses lèvres s’agrandit lorsqu’il voit le regard complice qu’Antoine lui adresse, son menton se détournant ensuite du mutant pour voguer vers les fameuses tables, où quelques personnes élégamment vêtues s’adonnent à quelques jeux de cartes, également plongées dans une conversation dont les bribes semblent être innocentes ; mais le sont-elles vraiment ? « Votre amour pour le jeu est donc vrai. » Ce n’est en rien un reproche, puisque l’addiction de son interlocuteur serait plutôt à son avantage, mais cela l’amuse visiblement puisqu’il en revient à ce dernier, faisant un simple geste de la main pour que le serveur se rapproche d’eux avant deux verres, qu’il remplit avec un whisky ambré. « Je ne suis pas familier de ce genre d'endroit, vous vous en doutez, mais vous avez sûrement des gens à me conseiller plus que d'autres ? » Il pourrait, mais ce serait dans un grand conflit d’intérêt en plus d’être un incident diplomatique à l’intérieur du Devil’s ; le leader du Club est censé être neutre, et faire le rabatteur pour les illustres personnages assis non loin ne l’intéresse pas réellement. Néanmoins, puisqu’il n’est pas totalement dénué d’empathie — ça dépend avec qui, certes, Ezekiel peut comprendre que ce monde soit quelque peu intimidant pour celui qui n’a pas l’habitude de le côtoyer, bien qu’il s’étonne silencieusement de la possible timidité d’Antoine, lui qui apparaissait comme tant sûr de lui. « Et vous même, vous auriez peut-être besoin d'une personne comme moi... » Glissant sa main autour de son verre, qu’il fait lentement tourner contre ses doigts courbés, il ne quitte pas Antoine du regard en rehaussant l’un de ses sourcils, sans se départir de son sourire amusé. « Peut-être… » Il hausse légèrement les épaules d’un air incertain, plutôt réjoui de l’audace de son vis-à-vis, qu’il a sûrement mal considéré au début de leurs échanges. « ….Qui sait ? » Laissant planer cette possibilité qui n’est pas tant incertaine, Ezekiel apporte son verre à ses lèvres pour en boire une gorgée, avant de le reposer calmement sur la surface du comptoir, sans éloigner sa main de ce dernier puisqu’il joue avec, dans un geste plus machinal qu’autre chose. « L’homme, là-bas, avec la broche en forme de trèfle sur la veste… » Il marque une petite pause pour qu’Antoine puisse identifier l’homme en question, sans que lui ne le cherche du regard afin de ne pas attirer l’attention sur eux. « Il cherche quelqu’un pour un contrat qui, je suis sûr, va vous intéresser. » Reprenant son verre pour le finir d’une seule traite, il redresse ses épaules en déposant de nouveau son regard sur le visage de son interlocuteur. « Pour ma part, j’attends encore de me faire un avis tranché à votre propos. »
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Les odeurs mêlées de tabac froid et de parfum haut de gamme étaient un peu acres, mais elles reflétaient la saveur douce amer de cet endroit où flottait une ambiance de billets, de jetons qui cliquetaient entre les mains de joueurs avides de victoire. Elle reflétait un monde sans pitié ou tout le monde veut sa part d'un butin trop petit pour tous. La partage n'est pas de mise, mais la bienséance est une obligation au risque de ne plus pouvoir s'enivrer de ce cocktail de testostérone et de cher de poule. Les sensations sont à fleur de peau. Je les connais mieux que personne. Le jeu est ma compagne fidèle depuis des années, tout comme l'alcool qui coule dans mes veine comme une rivière chaude et apaisante. La gorgée de ce whisky gentiment offert par mon voisin de bar est à n'en pas douté une cuvée très spéciale. Je sais reconnaître les arômes, les subtilités d'une boisson qui est aussi ma compagne dans ma vie de solitaire endurcie.
- Une homme comme vous connaît tout sur tout le monde, cela ne fait aucun doute.
Le moment est à la détente. Le jeu joué précédemment s'est transformer. La confiance relative règne et le conversation est plus... normale. Les regards échangés sont plus francs et le ton de voix est plus neutre. Je ne doutais pas qu'il savait s'assurer que personne ne parle de son petit paradis et qu'il avait les moyen de faire pression d'une quelconque manière. Son réseau était donc bien implanté et je n'avais plus de raison de douter d'avoir trouvé une perle rare. Et malgré les sous entendu, son vouloir de rester neutre, s'il y trouvait un intérêt quelconque, il pouvait donner des "conseils" pour que les affaires se passent et qu'il récupère son bénéfice au passage. Il fallait bien payer les factures après tout !
Et quand je me dit près à même accepter de travailler accessoirement pour lui, il n'est pas contre. Evidemment il ne le dira pas ouvertement, mais s'il me connais aussi bien que je le crois, il se pourrais qu'un jour ou l'autre, il fasse appelle à moi. Une personne de son envergure doit forcément avoir des ennemis à faire chanter ou encore à faire disparaître. Il veut toutefois voir ce que je vaut et c'est bien normal. Mais il ne refuse pas de me donner un nom, sans le nommer, mais il me fait l'honneur d'un "cadeau" pour disons, ma première visite...
- L’homme, là-bas, avec la broche en forme de trèfle sur la veste…
Je suis son regard et je fait style de regarder l'assistance de loin en regardant au passage le dit homme. Et il m'assure qu'il cherche un homme de main.
- Il cherche quelqu’un pour un contrat qui, je suis sûr, va vous intéresser.
C'est un geste qu'il ne ferait pas en temps normal, il me le fait savoir, il veut me tester, voir ce dont je suis capable, voir si ma réputation est à la hauteur. Il me fait donc une fleur qui m'en est pas vraiment une. Et il n'hésite même pas à me le faire clairement savoir.
- Pour ma part, j’attends encore de me faire un avis tranché à votre propos.
- Je ne doute pas que vous saurez très bientôt ce que je peux apporter à ce monde qui est aussi le vôtre. Et nous auront peut-être le plaisir d'en reparler autour d'un verre...
Je le trouve fort sympathique. Il ne m'apprécie pas pour autant, je le sais, je le sens. Les gens comme nous, sans la moindre empathie, savent se reconnaître entre eux. Ils dégagent ce petit quelque chose de familier et reconnaissable par eux seuls. D'apparence normal pour un non initié, on apparaît pour des gens un peu spéciaux, mais ils ne savent pas, ne comprennent pas. Mais entre nous, on se reconnait et on peut s'apprécier dans une certaine mesure et ce gars là me plaît bien.
MALICE
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