Si Wong avait pu arriver et tout résoudre d'un claquement de doigts, je lui en aurait été grée. J'avoue que je suis fortement dépassée par tout ça, comme une ceinture blanche de judo à un tournoi de free fight.
Surtout quand l'homme que j'ai ramené confirme la dangerosité des deux propositions et surtout le fait que je ne pourrais pas participer. Impossible pour moi de faire de la projection astrale ou de contrôler mes rêves. Vais-je devoir rester sur le banc de touche ? J'espère que non.
La suite me fait déchanter quelque peu. La projection astrale semble déjà dangereuse de base, mais si l'on doit rajouter en plus le risque de se faire attraper par l'entité et de mourir, cette technique vaut-elle vraiment la peine ? Pas sûre que je sois la plus apte à en juger.
Une troisième technique est abordée, suscitant immédiatement une réaction côté Spider-Man. Je suis bien contente d'avoir compris que celle-ci n'est pas dite sérieusement, mais plus comme un avertissement, car sinon je serais déjà en train de faire mon sac pour rentrer chez moi. Cela me fait d'ailleurs me poser une question dont la pertinence douteuse fait que je ne la formule pas à voix haute : Cauchemar a-t-il été impacté par le snap de Thanos ? Est-ce quelque chose que nous pourrions évoquer ? Je le garde pour moi pour l'instant.
L'option de la conjuration semble douteuse également. Il s'agit d'une solution encore moins fiable que les autres et qui a le potentiel d'affecter l'humanité entière et ce, sans même parler de rater la chose.
C'est le silence complet de mon côté. Je ne me sens à l'aise avec aucun des moyens proposés et je commence sincèrement à douter de mon utilité dans tout ça. Dominique, lui, se propose comme sacrifice pour la conjuration.
Je tique. Il faut un sacrifice en plus pour l'amener ? Ça commence à faire beaucoup de points négatifs. En tout cas, je suis heureuse de voir que la réaction est unanime. Non.
Presque immédiatement, l'idée est rejetée et Drumm enchaine sur son plan qui n'est autre que celui de Milena. Deux équipes, une dans l'astrale et l'autre dans... un lit. C'est un peu ignorer les problèmes inhérents aux deux solutions pour prier que cela marche, mais je n'ai pas mieux à proposer. Et, alors que je m'apprête à m'exprimer pour affirmer mon choix, Illyana reprend la parole.
Elle a l'art de poser les bonnes questions. Si l'on pouvait contourner cette histoire de sacrifice, la conjuration serait le moyen le plus sûr de procéder - enfin, pour nous, puisque cela implique d'emprisonner tous les rêveurs. Puisque son idée n'est pas mauvaise, je renchéris :
- Est ce que nous sommes obligés de le contraindre pour qu'il puisse venir ? N'y aurait-il pas moyen de l'appâter dans la réalité ou dans les limbes sans le forcer à venir ? Cela nous permettrait d'éviter la case sacrifice, bien qu'il faudrait être plutôt convaincants au niveau des arguments et dudit appât.
Samedi 1er Février 09:36am (New York) 08:21pm (Katmandou)
Voir Kazaroff s’incliner sans encouragement est une surprise, témoin voire traitresse de la tension présente chez les individus rassemblés. Même s’il ignore les enjeux politiques internes aux Maîtres des Arts Mystiques, le Spiderman démasqué suit le mouvement initié par les autres. Il n’y a que Magik qui dévie de cela avec son habituelle concurrence dans l’insupportabilité. Wong lui accorde donc l’attention qu’elle mérite.
Les explications obtiennent le commentaire des préparations que Strange "voulait que Spiderman face". Cela amène Wong à fixer le jeune homme, voire adolescent, avec insistance pour qu’il continue de développer. Rien ne vient car tout est sans doute dit alors il finit lui-même son explication.
L’intervention suivante de l’élève Avenger se fait comme tout élève le fait par éducation : en levant le doigt. Wong peine à croire que Spiderman confirme qu’il ne faut pas exterminer les humains. Après une seconde de pause pour délibérer s’il faut y répondre ou non, le Sorcier s’en abstient car il ne saurait condamner une marque de stress. Il pourrait le faire du pouffement de Kazaroff cependant : c’est raccord avec le caractère habituel de l’Apprenti à mi-temps mais c’est donc aussi lassant qu’à l’ordinaire. De même que le souffle long et lent d’un élève qui n’a aucune envie d’être là. Habituel. Il n’est que Strange pour encore "supporter" l’homme. Même celui-ci ne se supporte plus. Et mise sur cela pour que tous le laissent accomplir la conjuration.
Maître Drumm tente de l’interrompre pour lui rappeler la place que Kazaroff aime tant prendre mais cela n’encourage ce dernier qu’à plus d’explication, laissant Wong des plus sévères.
Spiderman y réagit avec un manque d’assurance prononcé afin de comprendre d’abord. Puis de douter de ses capacités alors qu’il est le seul à avoir eu l’occasion de les préparer. Même si c’est au début. Les yeux de Wong se plissent alors qu’il est question que la première "victime" de Cauchemar n’ait pas eu l’occasion de recroiser cela "depuis des semaines" ; depuis le temps où il a commencé à apprendre les rêves lucides, peut-être ?
Magik surenchérit face à Kazaroff avec une approche bien plus assurée et accusatrice. Un aparté ironique que Wong délaisse car il préfère rester silencieux pour écouter Maître Drumm mener l’équipe et répondre à l’un des deux membres qui n’y appartient pas. D’abord la réponse à Spiderman. Ensuite les questions rhétoriques à Kazaroff. Le Sorcier Suprême reste silencieux afin de ne pas fausser l’autorité du Disciple. Il acquiesce simplement en appui au fait qu’il ne faut pas déplacer le problème. Puis lorsqu’il est question de faire deux groupes pour exploiter les deux méthodes qui n’assurent pas un mort à la fin ; à défaut de n’assurer qu’il n’y en ait pas. Maître Kayser n’a pas besoin de mot pour soutenir son… excellente question d’ailleurs considérant le geste de main sur la tête que Wong ne sait pas réellement interpréter d'ailleurs… et son plan ; qu’il s’agit de son plan à l’origine. Plan dans lequel elle prend la partie astrale.
« Je peux le faire, confirme sobrement Wong. Reste à avoir l’autre volontaire. »
Un regard en biais à Kazaroff, ne sous-entendant nullement qu’il pourrait y avoir une certaine appréciation à le frapper, puis c’est le binôme de celui-ci qui reprend avec la même attitude qui précédemment. Magik. Effrayée. Questionnant sans jamais poser de question. Apportant une nouvelle approche déjà conseillée à Spiderman : essayer de comprendre Cauchemar. Ce que ça veut. Pourquoi aujourd’hui ? Oh, et il y a un petit sourire en coin de la part de Wong au fait que Strange soit suffisamment crétin pour insulter Cauchemar.
Wong laisse passer la crise d’adolescence pour sélectionner avec attention les éléments pertinents qui s’y trouve, stoïque face à la tempête blonde. Puis face à son exacte opposée, depuis la couleur des cheveux jusqu’au comportement.
« Des discussions qui ont été retranscrites avec Cauchemar lors des études ayant menées à la rédaction du Livre des Esperitz, explique sévèrement Wong avant de faire quitter audit Livre des Esperitz son flanc pour le montrer à Magik en aparté, l’entité n’est pas intéressée par les dimensions physiques. Si on l’y conjure, si on l’y invoque, si on la force à y venir… elle se vengera. Tout simplement. »
Voilà qui doit éclairer plusieurs points et se ponctue d’un signe de tête interrogatif afin d’en vérifier la compréhension.
« Les Limbes appartenant à la réalité, puisqu’il s’agit d’une autre planète et non d’un domaine du rêve où Cauchemar en aurait autant la propriété que le rêveur, c’est "du pareil au même". Quand à trouver quelque chose qui intéresse l’entité des rêves mais ne se trouve pas d’ores et déjà dans un rêve… je crains que ce ne soit une fausse route. »
Après un tour d’horizon des personnes présentes, Wong reprend.
« Je resterais ici. Cauchemar et moi avons une relation mouvementée qui, je pense, complexifierait votre tâche. Spiderman, votre entrainement aux rêves lucides vous prédispose à l’équipe des rêveurs. Kazaroff, votre haine de vous-même et votre passif vous prédisposent à l’équipe astrale. »
Avec une inspiration nasale, le Sorcier Suprême fixe celle qui fera l’inverse de ce qu’on lui dit et celle qui fera ce qu’on lui dit ; alias Magik et van Saar.
« Ce qui laisse une place dans chaque équipe. »
Dès que les choses auront été décidées, Wong demandera mentalement au Sanctuaire qu’il a défendu en compagnie de Strange puis seul de faire venir un canapé trois places, dos à la porte donnant sur le balcon. C’est ainsi que pourront atterrir les corps inconscients des gens dont il séparera le corps astral ; chose qu’il fera au pied du canapé, là où se trouve une nape blanche marquée d’un sceau étrange. Le Sceau de Cauchemar.
Plus ça va, plus je sens une certaine… panique qui m’envahit. Pas la panique qui va me faire partir en courant hein. Mais un truc plus insidieux, qui vous ronge de l’intérieur. Une espèce d’angoisse version XXL quoi. Parce que, sans le Doc, j’ai l’impression qu’on est tous complètement paumés. Ou alors, si c’est pas leur cas, ils font sacrément bien semblant.
Leurs échanges sur Cauchemar et ce qui serait le mieux à faire ou pas est clairement pas pour me rassurer. Entre leurs histoires de corps astral et je sais pas quoi, y a TELLEMENT de trucs qui pourraient mal tourner que ça me file le tournis. Et, pour une fois, je garde le silence. Je suis même super calme, alors que mon regard se perd un instant à fixer le corps endormi du Doc. Et, forcément, je me sens coupable. Est-ce que ça se serait passé comme ça si j’étais pas venu le voir ? Si j’avais tout gardé pour moi ? Il aurait ptet pas eu ces problèmes-là. Bon, je me serais ptet jamais réveillé à un moment ou à un autre et ça aurait pas été terrible, je veux bien le reconnaitre. Mais… c’est pas comme ça que ça doit fonctionner. Je dois pas reporter mes problèmes sur d’autres et là, j’ai le sentiment que c’est exactement ce qui s’est passé, qu’il est à la place où j’aurais dû être.
J’écoute presque distraitement les échanges, quand ils commencent à parler de faire des équipes pour attirer l’attention de Cauchemar. Enfin, j’crois bien. Finalement, Wong – je crois bien que c’est son nom – prend la parole et donne des directives plutôt claires. J’ai une inspiration, avant de finir par hocher la tête quand il me place dans l’équipe des rêveurs. J’arque quand même un sourcil à ses paroles. « Une relation mouvementée hein… » Je sais pas pourquoi, mais ça non plus, ça me rassure pas vraiment. Et je me frotte la nuque, mon regard se perdant un instant dans le vide. « Je m’entraine depuis des mois. On va dire que c’est le moment de confirmer que j’ai pigé tous ces fichus exercices hein… » Un vague sourire, qui gagne pas mon visage, alors que j’attends de voir qui va se porter volontaire pour compléter le reste de l’équipe. J’avoue, je sais pas si j’ai envie de voir Magik avec moi ou si je vais pas juste m’inquiéter qu’il risque de lui arriver un truc si je me rate.
Tambourin est le plus vif à intervenir lorsque Dominique expose le plan où les risques sont les plus maîtrisés, où le prix est connu, et le second doit bien reconnaitre que l’accusation habituelle est un préjugé fondé mais, au contraire, il a écouté. Il a compris. Il a des arguments, lui. Des arguments qui font que Tambourin doit s’en aller du regard vers la Déserteuse en un regard que Dominique connait.
La Déserteuse n’est pas sans réaction non plus : la surprise. Elle est la deuxième personne à l’avoir côtoyé le plus ici, après Doc Mute, et elle n’a pas eu l’occasion de voir les changements apportés par le Queens Center Mall. Ni de connaitre son histoire. Il s’est forcé à être sympa lorsqu’elle est arrivée, parce qu’il s’était déjà fait remonter les bretelles vis-à-vis de son comportement pour l’accueil de Tambourin, et cela a encore mieux fonctionné pour la repousser : elle est partie. Comme les autres. Sans qu’il ait à être actif dans ce rejet. C’était beau. Elle n’a rien à dire et se contente de sourire à Tambourin, amenant Dominique à sourire également et à se détourner.
Le Tribunal merci, l’Ignorant En Magie intervient pour énoncer qu’il est le seul auquel le Doc a demandé d’apprendre les rêves lucides. Heureusement que c’est lui qui en sait le moins ! Après, Strange a aussi demandé aux Apprentis qui sont restés suffisamment longtemps à son côté de l’apprendre afin de pouvoir progresser plus vite lorsqu’ils seraient en capacité de se projeter astralement ; combiné inventé par le prodigieux Strange à l’époque où il était lui-même apprenti. Chose à laquelle Dominique a répondu qu’il se concentrait sur les arts qu’il pratiquait et non ceux qu’il ne pratiquait pas. Outre le fait qu’il voulait bien qu’on lui foute la paix lorsqu’il dormait, aussi. C’était avant le Queens Center Mall. Dominique ne commente en rien.
Pas plus que lorsque l’IEM, trois mots c’est trop long, lui renvoie son regard en feignant de ne rien comprendre. Dominique le fixe blasé avant de changer de personne. Et il fait bien parce que le manque d’assurance d’une des deux personnes à avoir sensément sauvé l’univers dans l’assemblée est navrant. Concours de circonstances, selon toute probabilité. Ces choses-là peuvent donc être positives ? Bien sûr que non : Ironman, mentor de Spiderman si Dominique ne s’abuse, a laissé la vie pour sauver l’univers. Une vie contre une quasi-infinité. Un choix pragmatique.
Un choix n’étant pas inédit.
Un choix qui amène la Folle à jouer les effarouchées. Qui mieux qu’elle pour n’en avoir rien à foutre ? Okay, c’est probablement juste un mécanisme de défense et c’est pour cela qu’elle se retrouve à la SPA du vieux con, le Sanctuaire Pour Andouilles, mais elle pourrait tenir mieux son rôle ! Dominique n’a pas de Cape. Pas de Relique. Pas d’importance. La mention de sauver son âme lui offre un sourire narquois et il se retient de dire qu’il lui ferait un doigt d’honneur si jamais les anges ne sont pas eux-aussi des extraterrestres et récupèrent son âme à son trépas ; chose improbable s’il en est.
Tambourin explique à IEM le plan de Dominique et celui-ci croise les bras tout en se détournant de la scène pour regarder les autres. La Déserteuse d’abord. Doc Mute ensuite. La Folle enfin ? Ouais, aller. Dans son impertinence, elle arrive à avoir de la pertinence : le vieux con, déjà, même si elle se rattrape à défaut de le rattraper lui. La compréhension de ce que veut Cauchemar. La compréhension que, comme Dominique le disait, "S’faire des ennemis est à peu près la seule chose qu’on est certains d’être capable d’faire, là."
« Et, tu crois que l'on va gentiment te dire oui, l’interroge Tambourin en ramenant son attention à lui sans qu’il prenne la peine de répondre autrement qu’un regard blasé. Sacrifier toi ou l'un d'entre nous pour espérer le réveil de Strange ? Ce serait déplacer le problème à toi ou au sacrifié. Non, pour moi, la meilleure tactique est celle de… »
Dominique inspire profondément en croisant les bras sur son torse. La meilleure tactique de Tambourin est de patte-patte la Déserteuse ? S’il semble de plus en plus clair qu’ils sont en couple, Dominique ne comprend pas en quoi se positionner au-dessus de la seconde est pertinent pour le premier. Un peu de patriarcat pour soutenir son plan ? Ça a super-bien marché avec le vieux con.
Deux équipes pour prendre toutes les formes de danger possible. Dans l’espoir que ceux qui sont dans la dimension astrale puissent réveiller ceux qui peuvent se faire emprisonner dans les rêves. Si c’était aussi simple, pourquoi ne pas commencer par là avec le vieux con ?
Deux personnes dans le monde astral et trois personnes dans le monde des rêves. Cinq donc. Reste à définir qui va glander puisqu’ils sont sept. Au hasard : la Folle et lui ? Ça serait l’occasion d’essayer la conjuration pendant que tout le monde est occupé. Dominique inspire par la bouche.
Tambourin dans le monde des rêves, la Déserteuse dans le monde astral. Ça laisse deux places dans l’un et une place dans l’autre. Plus les deux qui restent sur place. A écouter la Folle, elle va clairement en faire partie. Sachant que Doc Mute a l’air de son côté. Oh, donc trois pour ne pas aller dans les équipes proposées.
Sauf que Wong est d’accord avec le plan. C’est beau en fait : il y a l’équipe des Disciples du Sorcier Suprême, porteurs du titre de Maître et d’accord entre eux, ainsi que celle des autres, depuis les Apprentis jusqu’aux pièces rapportées. Ça peut faire trois équipes du coup. Astral, Rêve, Conjuration. Sauf que même le Sorcier Suprême Secondaire préfère rester sur place ! Les équipes de un, c’est vraiment la classe.
« Une relation mouvementée hein, est un commentaire de la part de l’IEM qui prend Dominique de court mais le fait sourire car il n’aurait pas dit mieux ; même s’il l’aurait dit avec un peu plus de défit dans la voix. Je m’entraine depuis des mois. On va dire que c’est le moment de confirmer que j’ai pigé tous ces fichus exercices hein…
- Et je m’entraine depuis des mois à l’art invocatoire, enchaine Dominique en décroisant les bras et changeant sa tenue pour la robe cramoisie d’Apprenti avant de coller ses bras contre son torse et d’écarter ses avant-bras vers les autres. Avec Strange. Les Zélotes et Dormammu. Le premier Thanos et Tiamut. Le second Thanos. Merna. A quel moment n’a-t-il pas sacrifié des vies, qu’il s’agisse de la sienne ou de celles d’autres ? »
Paumes tournées vers ses interlocuteurs, Dominique attend une réponse.
« Z’êtes pas prêts, soit, conclut-il avec sincérité. On teste votre méthode d’abord, Maîtres. »
Laissant ses avant-bras retomber le long de son corps, Dominique acquiesce simplement. Il s’en va ensuite se placer devant le canapé conjuré par Wong, faisant disparaitre ses bottes pour ne pas faire de trace sur le drap où est inscrit le sceau ; et donc risquer de modifier celui-ci. Face au Sorcier Suprême Secondaire, Dominique se pare d’un sourire en coin.
« Allez-y, faites-vous plaisir. »
Le choc de la paume n’est pas quelque chose d’inédit, là non plus. Il sent son corps astral se détacher de son corps physique, devenant un fantôme translucide et nageant dans les dimensions physiques comme dans de l’eau. Puis les choses commencent à changer alors qu’il est projeté… non pas en arrière, ou sur l’un des côtés, mais bien à travers les trois dimensions afin d’en atteindre une quatrième à l’intérieur. C’est comme si son environnement se replie sur lui-même et se déforme jusqu’à passer au travers dudit environnement pour arriver dans un lieu de lumières et de fractales. Un lieu calme. Cristallin. Au sein duquel des tentacules arc-en-ciel qu’il ne saurait décrire comme en deux ou trois dimensions pulsent jusqu’à joindre une étoile multicolore. Une étoile qui ouvre un œil.
Informations supplémentaires:
La projection du corps astral à travers les dimensions est inspirée des actions de l’Ancienne dans la scène Ouvrez les yeux. Ce n’est cependant pas totalement la même chose : on ne projette que la forme astrale, pas la physique, et on ne va que dans une dimension assez proche, pas dans d’autres univers/mondes. Toute personne projetée par Wong se retrouvera, en plus du canapé, guidé jusqu’à la forme astrale de Cauchemar. L’œil regardera tous les présents face à lui en même temps ; sa taille est inconcevable.
Pour ceux qui vont aller dormir, je vous laisse gérer les endormissements et les rêves. Réussir à attirer Cauchemar impliquera de vous placer dans les pires cauchemars de votre personnage et, cela, vous êtes les seuls à savoir lesquels ils sont. Allez-y, faites-nous rêver !
Jeunes gens… C'est sans doute très précautionneux de votre part d'établir des tactiques, des suppositions et d'éventuelles anticipations. Le problème est que la réflexion a ses limites et qu'il faudrait pouvoir passer à l'action. Je peux concevoir qu'au vu de votre complicité vous soyez d'accord avec la jeune Kayser sur comment procéder, je peux éventuellement avoir un brin d'estime sur la très lourde décision que pourrais avoir Kazaroff, je peux accepter le manque d'expérience de Magik et de Van Saar sur le fait de vouloir naïvement attirer Nightmare dans le domaine physique alors que maître Wong a très clairement expliqué que cela n'était pas possible et je peux même avoir de l'empathie envers l'homme-araignée qui doit sans aucun doute se sentir dépassé par les événements. Cependant, j'ai la désagréable sensation que vous êtes en train de vous disperser. Vous êtes tous en train de refaire le monde alors que l'esprit du sorcier suprême est enfermé dans un sablier. Vous vous devez d'agir, alors décidez-vous. Cela vaut aussi pour toi, petit-frère.
« Avec Strange. Les Zélotes et Dormammu. Le premier Thanos et Tiamut. Le second Thanos. Merna. A quel moment n’a-t-il pas sacrifié des vies, qu’il s’agisse de la sienne ou de celles d’autres ? »
Garde ton calme. Arrête de serrer ton poing de cette manière. Tu te demandes ce qu'il connaît réellement du sacrifice, de l'impact que cela engendre. Dois-je te rappeler que j'ai moi-même donné ma vie pour l'Ordre en tenant mes positions face aux zélotes ? Cela doit être pour cela que le mot sacrifice te siffle autant dans les oreilles. Tu me reproches de l'avoir fait dans le passé et tu reproches au docteur Strange de ne pas m'avoir empêché de le faire. Passe à autre chose, veux-tu ? S'il affirme cela, c'est qu'il a lui aussi sans doute, une expérience de vie. Au final, il accepte. Non sans vous balancer une dernière crotte de nez, mais il se résout à vous faire confiance. Il se place sur le canapé qui avait sans doute été téléporté par le sanctuaire sur demande de maître Wong et le népalais vient frapper son thorax avec l'aide de sa paume. Le corps physique se couche totalement et c'est comme si la vie avait quitté le pauvre apprenti. Il n'en était rien, son corps astral avait sans aucun doute déjà engagé son périple.
« Oh quel dommage. J'aurais pu l'écouter pendant des heures… » Après ce sarcasme mal placé, tu viens tourner les talons. « Je prends sa chambre pour l'expérience. Ça lui apprendra de frimer. »
Un dernier regard à Milena. Tu en as eu beaucoup aujourd'hui… Une fois, cela fait, tu commences à aller dans la direction de cette fameuse chambre en levant la main une dernière fois à tes compagnons jusqu'à ton grand plongeon. Tu finis par quitter la chambre du docteur pour arriver à la chambre de l'idiot. Tu t'installes dans son lit double comme si tu étais chez toi. Si j'étais toi Jericho, je ne me forcerais pas à dormir de la sorte. Cela risque de te prendre un peu de temps. Il faudrait que tu puisses avant tout acheter un somnifère ou quelque chose du genre. Parce qu'en réalité, il n'existe pas qu'une seule phase de sommeil. Il y a d'abord la transition entre l'éveil et le sommeil léger, vient ensuite le sommeil profond où ton corps se régénère et après, il y a le sommeil paradoxal. C'est ce sommeil qui va particulièrement nous intéresser, car c'est avec cette phase que les rêves apparai… Jericho ? Je n'y crois pas… Tu t'es déjà endormi. Il faut dire que dans ce domaine, tu es clairement le champion.
- - -
Quelques heures après dans l'esprit de Jericho… Dans sa phase paradoxale.
Je cours au milieu de la plage. Je me souviens maintenant… Je suis sur les plages de Port-Au-Prince et je suis un garçon de cinq ans. Je gambade et je suis heureux, mais cela ne dure pas et je me prends le pied dans le sable. C'est bizarre, c'est comme si j'avais déjà vécu cela auparavant. Je m'effondre la tête la première et c'est seulement grâce au sable que je parviens à ne pas me faire trop mal. Seulement, je reste un petit garçon de cinq ans qui vient de tomber et je commence à beaucoup chagriner. Pourquoi est-ce que j'étais en train de courir déjà ? Ah oui… C'était parce qu'on voulait faire la course avec mon grand-frère et voir qui est le plus rapide. Autant dire qu'il avait gagné. Cependant, je suis en train de pleurer et je tente tant bien que mal de sécher mes larmes. C'est alors que j'aperçois une main tendue vers moi. Mon regard se tourne vers cette main et vers ce visage. Le soleil m'aveugle la vue, mais elle s'adapte. Celui qui m'aidait à me relever, c'était Daniel et il avait dix ans.
« Allez, c'est bon… T'es plus fort que ça non ? Viens, il est temps de rentrer. Maman nous a fait à manger. »
J'attrape sa poigne en me remettant sur mes guiboles. Après avoir passé du temps à la plage, nous faisons ensemble le chemin inverse pour retourner à la maison. Tout le long du trajet, je ne le lui lâchais pas cette main. Nous étions tout le temps ensemble et nous jouions toujours tous les deux. Daniel prenait son rôle très à cœur envers moi. Il me disait tout le temps qu'il avait été mis au monde pour me protéger. J'ai beau être tombé dans cette plage, là, je suis content d’être avec lui et je profite de l'instant présent. Mes yeux croisent les siens et il me sourit, je fais de même. Nous ne tardions pas à arriver chez nous. C'était une maison modeste bien loin des quartiers pauvres de Haïti. Je pus sentir d'ici l'odeur du poulet à l'Haïtienne et je regarde notre mère à la fenêtre qui était en train de nous faire signe pour que l’on puisse venir. Je le regarde et il me regarde. On recommence à refaire la course jusqu'à l'intérieur de la maison. Comme à son habitude, il me dépasse et il arrive avant moi dans l'enceinte du bâtiment. Je le rejoins ensuite et…
Je cligne des yeux. Il fait si sombre dans cette maison.
L'ambiance a changé. Je sentais que j'étais à nouveau un adulte sans aucune transition apparente. L'intérieur était plus sombre et les murs étaient décrépis. Le bâtiment semblait abandonné et j'entendais des grincements inquiétants… « Daniel, tu es là ? » Il ne me répond pas. D'ordinaire, il me répond tout le temps, mais pas là. Qu'est-ce qu'il passe ici ? J'ai une étrange sensation. Il n'y a ni ma mère qui est présente et encore moins mon grand-frère. Mais c'est bizarre… J'ai l'impression de ne pas être tout seul.
’’Je peux le faire,’’ un clignement de cils et un léger hochement de menton comme réponse muette, sans qu’elle ne détourne encore les yeux de son interlocuteur ’’Reste à avoir l’autre volontaire.’’ Wong tourne ses billes sombres vers Dominique comme pour le désigner comme étant celui-ci, et Milena balaye plutôt les autres membres de leur équipe d’un regard vague et nullement intrusif, seulement curieuse de savoir qui va se porter volontaire avec elle, avant qu’une nouvelle fois, presque d’un élan inconscient, ses iris se lancent en direction de Jericho pour s’attarder sur sa personne, peut-être pour y chercher un peu de soutien mais aussi du courage. Prenant ensuite une fine inspiration nasale qui l’oblige à redresser son menton, elle tourne sa figure vers Wong lorsque la voix grave de celui-ci la ramène vers lui : le Sorcier Suprême Secondaire reste auprès du Sorcier Suprême, Dominique accompagne Milena dans l’astral tandis que Peter est désigné pour aller faire la meilleure sieste de sa vie (non), ce qu’il accepte avec une résilience teintée d’amusement ’’Je m’entraine depuis des mois. On va dire que c’est le moment de confirmer que j’ai pigé tous ces fichus exercices hein…’’ qui lui dit que c’est pas du tout rassurant, dit comme ça ? Les sourcils légèrement courbés vers l’intérieur de ses paupières, elle inspire une nouvelle fois en passant la pointe de sa langue sur ses dents du haut, n’ayant pas vraiment le temps d’en penser davantage puisque Dominique rompt rapidement le silence, mais Milena incline plutôt son menton vers le bas en songeant qu’un tel discours n’est pas franchement nécessaire dans de telles circonstances ; non pas qu’elle juge que les membres de cette escouade ont besoin d’être maternés, mais plomber l’ambiance avec un « vous n’êtes pas prêts », qu’il soit véridique ou non, ne change pas concrètement les choses. Mais c’est Dominique, et elle n’est même pas surprise de le voir s’illustrer dans pareille maladresse.
Aussi, elle se garde bien de le reprendre à ce propos et se contente plutôt d’observer son corps physique retomber sur le canapé apparu quelques secondes auparavant, en retenant son souffle. « Oh quel dommage. J'aurais pu l'écouter pendant des heures… » son menton ondule pour permettre à ses yeux de se poser de nouveau sur Jericho et, tout comme elle a déploré les paroles de Dominique, elle condamne intérieurement cette injonction perfide qui, elle non plus, n’apporte rien de positif à la nervosité déjà ambiante et palpable. « Je prends sa chambre pour l'expérience. Ça lui apprendra de frimer. » elle soutient son regard sans dévier, et sans rien laisser transparaître de la réprimande intérieurement formulée à son encontre, songeant qu’il n’a guère besoin de l’entendre avant la tâche qu’il s’apprête à accomplir.
Elle déglutit, Milena, avant de se placer devant un canapé apparu et encore libre, ses mains se tordant avant qu’elle ne relâche son étreinte autour de cette dernière pour tendre ses bras vers ses pieds, levant le menton pour dire à Wong, d’une voix que l’on sent déterminée mais néanmoins craintive ’’Allez-y.’’ Elle hésite à fermer les yeux, quelques secondes avant le choc, mais n’a même pas le temps de prendre une décision ou d’accomplir son idée avant que la paume de Wong vienne à sa rencontre : elle le sent, dans une sensation indescriptible mais non douloureuse, que son corps astral se désolidarise de son corps physique en étant projeté en arrière. Elle devient alors comme les fantômes tels qu’on se les figure dans les films d’horreur bas-de-gamme, foncièrement translucide mais parfaitement fidèle au corps physique, qui vogue dans les dimensions en suivant un chemin sur lequel elle n’a aucune emprise, guidée jusqu’à l’entité qui détient Strange. L’endroit où elle se trouve — et semble perdurer désormais, est suffisamment étrange pour qu’elle fronce les sourcils en l’observant, sans d’abord ressentir la peur à laquelle elle s’attendait puisque le lieu est curieusement calme… Trop calme d’ailleurs, peut-être ? Elle cherche ses complices de l’oeil, mais c’est sur un autre qu’elle pose les siens : ses sourcils se froncent alors davantage tant elle est impressionnée par le décor qui se profile devant elle, si bien que ses lèvres s’espaçant de quelques degrés sous la surprise. Ils sont au bon endroit mais… Où est Strange ?
FIGHT LIKE A GIRL ᭸ I am my mother's savage daughter, the one who runs barefoot cursing sharp stones. I am my mother's savage daughter, I will not cut my hair, I will not lower my voice.