[Terminé] Look at my eyes, tell me what your see † M&M's

♱ Look at my eyes, tell me what your see ♱

Personne à qui dire je t'aime, tout le monde sur qui cracher ma haine. - M.M

       Il était malade et il a voulu se soigner par conséquent. Ça avait l’air d’un mot utilisé pour dire plein de chose, de mon point de vue, ça ressemble à “vécu”... Me l’avait-on dit ? Si c’est le cas, ça m’était complètement sortie de la tête. Preuve que seule ma mémoire olfactive était efficace à comparaison du reste de mes qualités mémorielles. Ou alors, je n’avais réellement pas entendu que ce dernier avait été présenté comme un docteur, pas plus venant du concerné en question. Il disait avoir fait des “expériences”, ce mot me disait vaguement quelque chose. Je l’avais souvent entendu, les gens l’utilisaient en tout cas dans beaucoup de situations lorsqu’il parlait d’un sujet sans forcément de liens avec ce qu'on abordait ici. “Ma première expérience était super” ; “Il n’a pas assez d’expérience pour travailler chez nous”, etc... Bla bla bla. Ça avait l’air d’un mot utilisé pour dire plein de chose, de mon point de vue, ça ressemble à “vécu”...
       Mon premier vécu était super... Il n’a pas assez de vécu pour travailler chez nous. Voyez, ça colle. Mais du coup, “j’ai fait des vécus”... Ça veut dire quoi ? De toute évidence, ça la conduit à être ce qu'il est aujourd'hui. Même si je ne comprenais pas trop le sens de sa phrase, où la signification exacte de ce mot, c’était sans aucun doute quelque chose de négative. Oui, ces expériences devaient être ce qu’était le pacte avec le diable dans les films. Puisqu’il n’y avait rien de bon soigner sa maladie en devenant cette étrangeté de la nature que nous étions finalement tous deux. Il n’était vampire que depuis quelques mois, je devais l’être de ma naissance contenue du fait que mon corps n’avait jamais rien avalé d’autres que le sang humain lui-même. Oui. Que ce soit au début par intraveineuse ou bien par voie orale par la suite.

        Je restais silencieuse par la suite, faisant le tri dans ma mémoire. Je me demandais d’ailleurs, pour quelle raison l’on m’avait mis du coup avec cet homme ? Était-ce pour me confier à un être capable de me comprendre ? Ou bien parce qu’il était finalement un docteur ? Les deux ? Quelque part, cela ne faisait pas grande différence selon moi. Dans le sens où pour le moment, beaucoup de choses entre nous semblaient peiner à trouver une quelconque similitude. Et si j’aurais pu dire que la soif de sang-humain nous rapprochait, au final, ce n'était pas vraiment le cas. Oui, ce n’était pas si exceptionnel que ça au final, puisque nous n'étions pas les seules créatures à pomper le sang des humains et je ne songeais pas forcément à la chauve-souris, mais aux êtres plus minuscules, comme les punaises de lit ou les moustiques. Lui et moi partagions juste une apparence plus humanoïde. J'étais donc réservée, légèrement détachée, sans pour autant être désintéressée.
       J’avais des attentes, je m’étais imaginée beaucoup de choses, la déception était inévitable. Il ne me restait donc plus qu’à redescendre sur Terre et ne pas trop me faire de film à l’avenir. Après lui avoir révélé que je ne le connaissais pas me concernant, avec des mots... Simples. Il me révéla que ma rencontre avait eu lieu quand j’étais bébé. Ah. Effectivement, je n’aurais pas trop réussi à me souvenir de lui. Je le fixais sans doute avec un peu trop d’insistance, alors même que je m'étais muée dans le silence. Eh bien que mes yeux fussent toujours cachés derrière les carreaux sombres de mes lunettes de soudage, cela ne devait pas changer grand-chose à cette impression de le juger du regard. Bien que je ne le juge pas vraiment. Je réfléchissais à nouveau. Je cherchais à comprendre pourquoi Rodriguez et Cataleya aurait causé un tel événement, puisque ma disparition devait être de leur ressort.

       Une réflexion interne qui fut brisée rapidement par la reprise de parole du docteur Vampiro. Sa demande me surprenait, en suivant le SHIELD, si je l’avais fait par choix, je savais au fond que c’était un peu l’illusion d’un choix. Car jamais on aurait laissé en liberté une gosse capable de trucider un humain mâle adulte comme s'il ne s'agissait que d'une pâte feuilletée. Je me contentais simplement de remonter ma manche sans répondre, lui tendant mon bras. Qu’on puisse ou non prendre de mon sang, ne changeait rien pour moi en vérité. Leur curiosité quant à ce que j’étais vraiment, c’était leur curiosité à eux.