Mercredi 14 février, 21h30. En cette soirée de Saint Valentin, la plupart des établissements vendant nourriture et boisson sont bondés de couples mielleux et hypocrites, de célibataires aigris et de mâles et femelles en chasse. Je ne souhaite pas participer à cette fête ridicule. Je cherche seulement un endroit calme et fonctionnel pour boire un café. Ma machine est en panne, et je ne pourrai obtenir les pièces pour la réparer que demain matin. Si je veux pouvoir tenir mon planning, j'ai besoin d'énergie pour encore quelques heures, j'ai donc besoin de ce café.
Je trouve un pub qui ne semble pas bondé, j'y entre et commande un café noir. Pas de sucre, pas de lait, pas de café allongé, j'insiste pour un café noir, serré, et il a intérêt à avoir du goût. Le barman me paraît assez antipathique, mais je n'en ai cure. Je ne compte pas m'éterniser, ni revenir. Pas d'attaches, pas de routine repérable. Je vis ainsi depuis plus de cinq ans.
Je m'installe à une table au fond du pub, la plus éloignée possible du comptoir et des autres clients. Comme à chaque fois que je sors, j'ai pris avec moi une petite mallette contenant des accessoires essentiels en cas d'attaque. Il s'agit d'être toujours prudent et paré à toute éventualité. J'ai également emporté mon carnet de notes, que j'entreprends d'ouvrir pour relire les observations de la journée. Cette créature semi-extraterrestre est très intéressante à étudier, bien que son âge pose des problèmes comportementaux. Ces adolescents sont si pénibles...
Je suis plongé dans ma lecture en attendant que mon café refroidisse, mais je ne suis pas pour autant inattentif au monde qui m'entoure. Sentant un être s'approcher de moi, je relève la tête en redressant mon carnet pour que des yeux indiscrets ne puissent s'y poser, et ne peux masquer ma surprise devant l'homme qui se tient debout près de ma table.
KoalaVolant
Dernière édition par PNJ le Mer 3 Juin 2020 - 1:28, édité 1 fois
"Jalousie, oh jalousie... Tu tues l'amitié des êtres que l'on a aimé. Jalousie, oh jalousie... De t'en faire des ennemis jurés et combien la vie te haït..." - DESCREA
14 Février 2024 - Dans un bar du Queens
Aujourd’hui c’était la Saint Valentin. Non pas que j’en sois un fervent adorateur mais c’était ma première St Valentin sans ma Clara. Elle me manquait terriblement et cette journée n’avait pas aider pour apaiser ma souffrance. Le seul point positif de ces derniers temps c’était que j’avais une piste sérieuse pour retrouver ma fille. Il était temps d’ailleurs, je ne tenais plus en place. Lùthien m’avait prévenu que l’on partaient dans quelques jours. J’étais prêt. Mais ce soir c’était un tout autre sujet. Je ne voulais pas rester seul chez moi alors je suis sorti.
Même si je n’étais pas hyper enthousiaste à l’idée de me saouler, j’avais envie et j’avais besoin de prendre un verre. Beaucoup d’endroits dans Brooklyn me rappelaient Clara ou Elena alors j’avais décider de me diriger vers un autre quartier. C’est comme ça que je me suis retrouvé dans le Queens, dans un bar qui semblait remplis de personnes comme moi, pas franchement ravis de cette journée si spéciale.
Après quelques bières, je me sentais un peu mieux. Non pas que l’alcool avait déjà de l’effet sur moi. Non je tenait bien l’alcool mais après un certain nombre de bières, mon côté bisounours ressortait plus qu’à son habitude. Déjà que j’ai connu pour être un plaisantin mais alors là c’était un cran au dessus.
J’étais assis au bar, j’ai pris ma 4ème bière en main et je me retournais vers la salle afin d’aller m’installer à une table, lorsque je reconnus quelqu’un de je n’avais pas vu depuis un bail. Un scientifique du S.H.I.E.L.D avec qui je m’entendais bien. Enfin il était toujours un peu spécial mais dans le fond il restait courtois et poli avec tout le monde. Même si j’ai toujours pensé qu’il avait un soucis avec moi vis à vis de ma mutation et de mes pouvoirs, je ne lui en ai jamais tenu rigueur. Lui était humain donc bon c’était normal qu’il ne se sente pas forcément à l’aise.
Décidant d’aller le saluer, je pris ma bière en main et je m'avançai vers lui, un sourire chaleureux aux lèvres.
“Joseph? Ça fait un bail? Comment vas-tu depuis le temps?”
N’étant pas certain de sa réaction, je préférais rester debout mais cela me ferai plaisir de discuter un peu avec une vieille connaissance tel que le docteur Hammond, aussi particulier soit-il...
L'agent Aaron Smith... Un amas de muscles sans beaucoup de cervelle, un clown, anciennement policier, qui ne devait son intégration au S.H.I.E.L.D. qu'à sa mutation... Comme beaucoup d'autres. Se croyait-il exceptionnel parce que son code génétique avait été altéré, parce qu'il était une erreur de la nature ?
La surprise passée, je m'efforce de lui sourire. Je me montre toujours courtois, il est important de sauvegarder les apparences. Même s'il me répugne de par sa nature, il n'a pas un mauvais fond. L'homme a une bière à la main, à son teint légèrement rosi je suppose que ce n'est pas sa première. Il ne semble pas ivre pour autant, mais son enthousiasme et sa familiarité sont méprisables.
" Monsieur Smith ! Quelle étonnante surprise ! Que faites-vous seul dans ce pub miteux, durant la fête des amoureux ? "
De mémoire, l'homme est marié, et père de famille. Mais je n'ai plus accès aux dossiers du S.H.I.E.L.D. depuis longtemps. D'ailleurs, en fait-il encore parti ? Il faudra que je tire de lui cette information avant la fin de notre conversation. J'ai consacré beaucoup d'efforts à disparaître des radars, ce n'est pas pour qu'un petit soldat de plomb vienne tout compromettre à cause d'une malheureuse rencontre de hasard.
A contrecœur, je me montre donc amical et l'invite d'un geste de la main à prendre place à ma table.
"Jalousie, oh jalousie... Tu tues l'amitié des êtres que l'on a aimé. Jalousie, oh jalousie... De t'en faire des ennemis jurés et combien la vie te haït..." - DESCREA
Je me pris une bonne claque aux paroles de Joseph. Même si son sourire était visible sur ses lèvres, le ton employé sonnait faux. Il n’était pas si content de me revoir visiblement. Pire il me vouvoiya ce qui me refroidit aussitôt. Même après toutes ces années, il n’avait toujours pas confiance en moi. Non pas que je m’attendais à lui faire un câlin mais quand même. Je resta silencieux quelques instants alors qu’il me demandait ce que je faisais là - qualifiant au passage le pub de miteux et me balançant en pleine tronche la saint Valentin.
Essayant de garder bonne figure devant lui, je répond doucement en m’asseyant en face de lui.
“Hé bien, je suis là parce que justement je ne fêterais pas la fête des amoureux - comme vous dites - aujourd’hui.”
Au passage je repassais au vouvoiement pour rétablir un équilibre. Je ne voulais pas le froisser en le tutoyant mais à la réflexion c’était un homme de principe alors soit j’irais dans son sens. Je pris un gorgée de bière et lui demanda à mon tour ce qu’il faisait ici :
“Et vous alors que faites-vous de ce genre d’endroits? Ce n’était pas vraiment dans vos habitudes.”
Je lui souris à nouveau car je ne voulais pas le vexer où quoi que ce soit. Je venais en ami vers lui mais s’il ne voulait pas, je me retirerais sans problème. C’est juste que pour une fois c’était sympa de voir quelqu’un que je n’avais pas revu depuis longtemps. Me montrant légèrement curieux, je lui demanda des nouvelles :
“Qu'est-ce que vous devenez alors ? ça fait longtemps qu’on ne s’étaient pas revus”
Aaron Smith ne fêterait pas la Saint Valentin. Avait-il eu une dispute avec madame Smith ? Peut-être était-il divorcé, ce ne serait pas étonnant, de nos jours la plupart des couples mariés ne tenaient pas la distance plus de dix ans. Les gens ne croyaient plus en l'amour pour toujours, ils vivaient dans une société de consommation où au moindre problème le produit devait être remplacé.
L'agent mutant prend place en face de moi, me demandant à son tour ce que je fais ici. Il est vrai que je n'ai pas une réputation de soûlard ni de fêtard, d'ailleurs je ne bois pas de l'alcool présentement, mais bien un café. Aussi puis-je lui répondre la parfaite vérité sans prendre de risque.
" Et bien c'est fâcheux voyez-vous, ma cafetière est en panne. A cette heure, ce genre d'endroit est ma seule alternative. Mais en fin de compte, ce n'est pas si déplaisant, puisque cela me permet de revoir un ancien collègue. "
En revanche, pour la question suivante, la vérité est bien entendu exclue. Ne sachant pas s'il fait encore partie du S.H.I.E.L.D., ni s'il a été actif au cours des cinq dernières années, je ne peux pas commettre d'imprudence. Il me faut jouer la carte du disparu, comme je le fais depuis plus de cinq ans.
" J'ai malheureusement fait partie des disparus de Thanos. Je me suis éveillé avec cinq années à rattraper, et beaucoup de questions à résoudre. Depuis je mène ma petite barque du mieux que je peux. Et vous Aaron, travaillez-vous toujours pour l'Agence ? "
Le S.H.I.E.L.D. n'était pas une organisation aussi secrète que la CIA ou autre agence gouvernementale, mais on évitait généralement d'en parler ouvertement dans des lieux publics, d'où mon emploi du terme "Agence".
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Joseph ne posa pas de questions sur Clara et en soit je lui en était reconnaissant. C’était toujours compliqué pour moi d’en parler. Peut-être penserait-il que j’étais en froid avec elle ou autre mais bon tant pis. S’il ne me demandait pas je ne lui dirais pas.
Le docteur me parla de son problème de cafetière. Cela me faisait sourire doucement en effet, il n’était pas le genre d’homme à boire de l’alcool alors c’était logique de le voir avec une tasse de café noir devant lui. Prenant sa remarque à cœur, je lui répondis un sourire aux lèvres:
“Vous remercierez votre cafetière pour moi, ça me fait plaisir aussi de vous revoir. A vrai dire, depuis mon retour, je vois toujours les mêmes personnes, c’est bien que de temps en temps de changer.”
Je lui demanda alors ce qu’il devenait et ce qu’il m’expliqua avait comme un air de déjà vu. Lui aussi avait été snapé et donc avait disparu durant cinq années. La différence avec moi c’est que lui n’était pas marié et n’avait pas d’enfants. Il me demanda à son tour si je travaillais toujours au même endroit. L’Agence… C’était l’autre nom du S.H.I.E.L.D. lorsque l’on aient dans un lieu public. Je lui répondis avec franchise car je n’avais rien à lui cacher:
“Oui, j’y passe pas mal de temps en ce moment, ça me permet d’oublier … Le reste. Et j’me sens utile…. J’ai aussi été snapé comme vous et le retour fut disons… Compliqué.”
Levant ma bière comme pour triquer, je retrouva doucement mon sourire qui devenait légendaire depuis le temps et je me repris:
“Enfin, nous sommes là et bien vivants alors à notre santé Joseph.”
Smith se laisse avoir par ma petite flatterie. Il semble croire que je suis heureux de le revoir. Sa candeur et sa joie de vivre pourraient presque être touchantes. En tout cas elles sont aisément exploitables. Il est même étonnant que personne n'aie tenté de le manipuler... Un si bon soldat, motivé, entraîné, prêt à se sacrifier pour la cause... Il me ferait presque de la peine.
Il me confirme qu'il travaille toujours pour le S.H.I.E.L.D. Voilà qui est fâcheux. Je n'ai rien contre lui, si ce n'est sa nature infâme, qu'il n'a pas choisie. Mais il pourrait être un témoin gênant, s'il venait à parler de moi à ses collègues. Je ne peux pas le laisser repartir. C'est malheureux. Je savais bien que m'attarder dans un lieu public n'était pas une bonne idée.
" Oui, je comprends. Le monde a évolué sans nous, et ce n'est pas facile d'y retrouver sa place. "
Tandis que je lui réponds, je pose ma mallette sur mes genoux et l'ouvre, afin d'y ranger le carnet posé sur la table. J'en profite pour prendre discrètement un petit flacon de somnifère et le ranger dans ma poche. Je ne pensais pas avoir à l'utiliser ce soir, mais malheureusement pour l'agent Smith, rien ne saurait me détourner de ma cause, et il est un obstacle que je ne peux laisser au travers de ma route.
Comme il lève sa bière pour trinquer, j'y vois une occasion parfaite. Saisissant la perche qu'il me tend bien aimablement, je lui rends son sourire et lui réponds :
" Oh mais je ne vais pas trinquer avec un café ! Allez, c'est un soir spécial, j'imagine que je peux m'accorder une petite folie. Que diriez-vous d'un petit shot de rhum ? "
J'amorce le mouvement pour me lever, espérant qu'il va accepter. Je doute qu'il ne le fasse pas, c'est un bon vivant. Il me suffira de commander au comptoir, et de verser le somnifère dans son verre.
"Jalousie, oh jalousie... Tu tues l'amitié des êtres que l'on a aimé. Jalousie, oh jalousie... De t'en faire des ennemis jurés et combien la vie te haït..." - DESCREA
J’avais réussi à rester évasif sur ce que ma vie était devenue. Pourtant c’était simple. C‘était le néant. Et dans le fond heureusement que le S.H.I.E.L.D. était là pour m’occuper l’esprit car sinon je pense que j’aurais sombré depuis longtemps dans les tourments. Joseph expliqua qu’il me comprenait. Ce n’était pas facile de revenir dans un monde après tant d’années d'absence. A ses mots, je ne répondis rien car je savais que si je m’épenchais sur le sujet, j’allais m’effondrer. Premièrement, ce n’était pas mon genre dans un lieu public ou devant des personnes que finalement je ne connaissais que très peu et deuxièmement Clara n’aurait pas aimé que je m'apitoie sur mon sort. Mais pardonnes-moi mon ange, c’est tellement dur de vivre et d’avancer dans un monde où tu n’existe plus.
Soufflant un bon coup, je repris mon masque habituel de mec souriant et bienheureux et je levais ma bière pour trinquer à la vie avec Joseph. Pour mon plus grand plaisir, il précisa qu’il pouvait s’autoriser un petit écart et me proposa un shot de rhum. Comment refuser?
“Avec plaisir”
Alors que Joseph partit en direction du comptoir pour commander, j’entrepris de trouver mon portable dans ma poche pour envoyer un sms à Clint. J’étais censé le retrouver le lendemain pour une séance d'entraînement au corps à corps et pour parler du voyage à Alfheim mais vu comment la soirée s’annoncer, je préférais annuler car je savais que je ne serais pas très frais le lendemain. J’écrivis donc le sms à la hâte avant de ranger mon téléphone ‘Salut Clint, pour demain, je préfère qu’on reportent, la soirée s’annonce disons plus alcoolisée que ce que je pensais...Je te rappelle demain en fin de journée. A+ Aaron’
Alors que je remettais le téléphone dans ma poche, Joseph revint avec plusieurs shot de rhum... En effet, la soirée s’annonçait alcoolisée et ce n’était pas pour me déplaire en fin de compte. Prenant le verre qu'il me présentait, je lui signe de trinquer avec moi avant de l'avaler cul-sec
Smith accepte le rhum avec grand plaisir, comme je l'avais prévu. C'est parfait. Je pars donc au comptoir commander plusieurs petits verres. L'avantage des shots, c'est que ça se boit cul-sec, l'alcool entre donc plus vite dans le sang et fait plus rapidement effet. Il en sera de même pour le puissant somnifère, que je verserai discrètement dans trois shots, afin d'en diluer le goût.
Alors que j'attends l'arrivée de ma commande, accoudé au comptoir, je me retourne vers Smith et le vois pianoter sur son téléphone. Je sens mon cœur s'emballer, tandis que je me demande à qui il parle, et surtout de quoi. Il faudra que je vérifie son téléphone, afin de m'assurer qu'il n'a pas laissé d'indice compromettant, ou qu'il n'a rien dit sur moi. De toute façon le téléphone terminera éteint, batterie enlevée, puce cassée, les composants disposés dans différentes poubelles. Hors de question de me faire avoir par une bête géolocalisation.
Je reviens à la table, et place les trois shots empoisonnés devant lui, les trois autres devant moi. J'en lève un, avec le sourire, et trinque avec lui.
" A notre nouvelle vie. "
Tandis qu'il lève la tête pour vider son petit verre d'une traite, j'en profite pour verser le contenu du mien sur le sol. Puis je fais mine d'avoir du mal à faire passer l'alcool, comme s'il me brûlait la gorge. Je plaisante sur la force du rhum et ajoute qu'il vaut mieux boire ce genre de breuvage d'un coup. Je l'incite à prendre le second shot, et renverse le mien à nouveau, sans qu'il ne s'en rende compte.
Je ne le quitte pas des yeux, gardant un sourire imbécile sur mon visage. Je constate que son regard devient un peu vitreux, et qu'il cligne des yeux plusieurs fois, comme s'il peinait soudainement à rester éveillé. Il a pâli également. Le somnifère fait vite effet. Je perds mon sourire et le regarde avec inquiétude, lui demandant :
" Ouh, vous n'avez pas l'air bien... Costaud ce rhum, hum ? Vous voulez prendre un peu l'air ? "
"Jalousie, oh jalousie... Tu tues l'amitié des êtres que l'on a aimé. Jalousie, oh jalousie... De t'en faire des ennemis jurés et combien la vie te haït..." - DESCREA
Joseph trainqua avec moi ce qui me faisait plaisir quand on sait qu’il n’était jamais très sociable avant alors maintenant que le monde avait changé cela n’était pas mieux. Après mon premier shot je me laisse à quelques confidences à Joseph :
“Vous savez Joseph, je pense que vous êtes quelqu’un de bien. Même si on as jamais été très proches, vous faites partis des gens pour lequel j’ai un profond respect.”
J’étais sincère. Dans le fond avec le taf qu’on fait, on as jamais vraiment le temps de se poser, de faire connaissance avec les personnes avec lesquelles on travaillent. Je ne connaissais pas vraiment Joseph mais il m’avait semblait que c’était un homme bien dans le fond. Sans doute quelqu’un qui n’avait pas eu la vie rêvée. Les bruits de couloir au SHIELD disaient qu’il était jaloux des mutants. Qu’il aurait aimé avoir des pouvoirs. Personnellement j’avais des pouvoirs mais je ne me sentais pas différent d’un autre, pas supérieur. J’étais moi point barre.
La second shot fut avalé cul sec comme le premier. Et doucement mais surement ma tête commença à tourner. De manière générale, je tenais plutôt bien l’alcool mais bon… peut-être le mélange bière/rhum accumulé avec la fatigue et le moral. J’avais la tête lourde… comme si j’avais un poids énorme dans le crâne. J’entendais Joseph qui me demandais si j’allais bien. J’articula quelques mots en gardant le sourire :
“Ouais… plus costaud que je le pensais… Surement Clara qui m’envoye un message de l’au-delà pour me dire de m’arrêter de boire…”
Soudain, j’écarquillais les yeux. Quel con! Je venais de balancer à l’homme en face de moi que j’avais perdu l’amour de ma vie… Je voulais me reprendre mais c’était trop tard. Et j’avais toujours cet enclume à la place du cerveau. Je voulais sortir. Je balbutia en me levant :
“Ouais… Je … sortir…”
Je me leva doucement et avec difficultés. Le meilleur moyen de passer pour un ivrogne… Bravo Aaron! J’aurais pu me téléporter jusque dehors mais c’était prendre le risque d’être vu. alors je me redressa et marcha jusqu’à la sortie en adressant un sourire au barman.
Une fois dehors, je sentis que j’avais été suivi, Joseph était là. Il m’entraîna sur le côté du bar, dans un ruelle. Peut-être pensait-il que j’allais dégobiller mais non à la place, j’utilisa le mur comme soutien et j’essayais de comprendre ce qu’il m’arrivait… Je me suis senti mal après le premier shot… A moins que… Il m’avait drogué? J’articula tant bien que mal:
“C’est toi? y’avait quoi dans le verre?”
Me sentant plus lourd encore, je finis par me laisser tomber sur les genoux... Je n'allais pas tarder à m'évanouir...
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