En ce jour de Saint-Valentin, il avait régné une ambiance particulièrement légère et agréable à l'Institut. Les adolescents et jeunes adultes avaient joyeusement batifolé, et de nouveaux couples s'étaient même créés. Charles avait observé tout cela le sourire aux lèvres, nostalgique d'une époque révolue. Il se souvenait de sa jeunesse, lorsque jeune homme insouciant et volage, il avait enchaîné les conquêtes, sous le regard jaloux et désapprobateur de sa sœur. Que cela lui semblait loin à présent...
En ce jour spécial, il avait décidé de faire une faveur à ses élèves et collègues, en faisant s'arrêter les cours à midi. Ainsi, galantes et tourtereaux pourraient profiter de la fête des amoureux... dans un esprit de romantisme et purement platonique, bien sûr. Quant au professeur Xavier, il avait une visite à faire, et comptait profiter de ce temps libre pour se rendre à New-York.
Charlie, l'un de ses jeunes élèves, lui avait parlé d'un refuge dans le Bronx qui accueillait des mutants. Il était dirigé par une femme, Lynda, sur laquelle Charlie ne tarissait pas d'éloges. Elle l'avait recueilli durant les années sombres et avait pris soin de lui, comme de nombreux autres mutants. Le jeune homme termina en annonçant que Charles et Lynda gagneraient à se rencontrer, une idée avec laquelle le professeur était tout à fait d'accord. Il trouverait peut-être dans ce refuge des jeunes gens qui auraient besoin d'une éducation, et qu'il pourrait ramener à l'Institut.
Il prit donc sa voiture et se rendit seul dans le Bronx, impatient de rencontrer cette femme qui semblait avoir une cause similaire à la sienne. Il se gara non loin de l'adresse indiquée, se cala dans son fauteuil et se rendit devant le bâtiment. Celui-ci indiquait :
Jack's refuge Refuge pour anciens combattants.
Charles observa l'écriteau avec un mince sourire. Bien sûr... Tout comme l'Institut, cet endroit avait une couverture, pour protéger ses véritables pensionnaires.
Il frappa à la porte, n'osant entrer sans s'annoncer. Un homme grand et baraqué, à l'air patibulaire mais presque, vint lui ouvrir. Charlie avait indiqué au professeur la procédure à suivre pour pouvoir entrer et être amené à Lynda. Aussi Charles suivit-il ses conseils, et annonça-t-il avec un sourire aimable :
« Bonjour. Je me nomme Charles Xavier, et je viens de la part de Charlie Peace, pour voir Angel. »
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13 février 2024 - Appartement de Lynda et Jessy
Lynda était assise à son bureau. L’heure du repas approchait mais Jessy avait proposer à sa mère de faire à manger car elle avait remarqué que sa mère était très occupée. Après avoir passer une commande de boissons, Lynda avait fait un peu de comptabilité. Elle n’était pas comptable alors elle faisait le strict minimum pour l’experte qui viendrait dans les jours à venir. Alors qu’elle posait son dossier sur la pile des tâches accomplies, un post-it tomba. Lynda le ramassa intriguait. Le nom du professeur dont Charlie lui avait parler y était indiqué : Le professeur Charles Xavier. Bon sang, elle avait déjà vu ou entendu ce nom mais pas moyen de mettre le doigt dessus. Lynda garda le post-it en main tout en se calant dans le fond de son fauteuil de bureau. Réfléchissant durant plusieurs minutes, elle eut soudain une illumination. Lynda se leva d’un coup et se dirigea vers le salon où était entreposé sa bibliothèque.
“Ça va ‘man? - Ouais mais je cherche quelque chose qui me turlupine… - Non mais maman qui dit encore “turlupine de nos jours sérieux? - Rohh ça va toi… - Ahahah bon tu cherches quoi? - Mes notes de médecine, tu sais les recherches que j’ai fait sur les mutations et la génétique et la médecine ? - Ah oui c’est dans le carton à droite. - Merci Jess’ qu’est-ce que je ferais sans toi ? - Tu s’rais pommée ‘man.”
Lynda ria quelques instants avec sa fille en cherchant le fameux carton qu’elle trouva rapidement. Soufflant doucement dessus, elle l’ouvrit avec précaution car elle n’avait ouvert ce carton depuis plusieurs années tout en s’installant sur le canapé. Lynda sorti plusieurs documents avant de trouver ce qu’elle cherchait: La thèse du Professeur Charles Francis Xavier sur la mutation génétique et l’évolution de l’espèce humaine.
“Ah j’ai trouvé! - Trouvé quoi? - Ce que je cherchais. - Non sérieux?! Mais encore… - Quand Charlie est revenu au Refuge il a évoqué un professeur dans son école. Je savais que j’avais déjà entendu ce nom-là quelque part.”
Jessy s’approcha avec deux assiettes de salades composées et les disposa sur la table basse en s'asseyant à côté de sa mère. L'adolescente jeta un coup d’oeil au dossier que sa mère avait en main.
“ Et il raconte quoi ce … Professeur Xavier? - Il avait écrit toute une thèse sur l’existence à venir d’êtres humains dotés de capacités hors du commun à cause de la montée en puissance du nucléaire sur Terre. Il les a appelés “mutants”. - Ça c’est pas nouveau?” Lynda marqua une pause : “Il a écrit cette thèse bien avant la connaissance officielle des mutants dans le monde, sa thèse date… de 1962? - Hein?! mais il a quel âge aujourd’hui? - Ben... s’il n’as pas été snappé, il approche les 90 ans... - Et il est toujours prof? c’est bizarre non?! - Assez en effet.”
Lynda resta perplexe à cette révélation. 90 ans?! Et elle qui avait dit à Charlie de le faire venir dans le Bronx. Si elle avait su, elle se serait déplacer elle-même. Lynda secoua la tête et posa tout sur le côté du canapé.
“Je m’en occuperai plus tard.”
Mère et fille mangèrent en silence jusqu’à ce que Jessy reprenne la parole:
“Et il ressemble à quoi ton professeur? - C’est pas mon professeur, c’est celui de Charlie. Attends quand j’avais fais mes recherches j’avais une photo de lui quand il a écrit sa thèse donc la photo date des années 60.” Lynda fouilla dans le carton d’un main et sorti un article de journal avec une photo. “Ah mais il était beau mec en plus…” Lynda sourit à la remarque de sa fille. - Il as 90 balais Jess’! - Ben il a p’tet un fils de ton âge... - Non mais non, t’es pas possible. - Ben quoi à un moment donné ‘man, va falloir que tu te trouves quelqu’un. - Ok … Changement de sujet. Demain t’as cours jusqu’à quelle heure? - Le matin ouais mais pas l’aprem. On est mercredi demain. - Ok, tu viens au refuge? - Yep”
Le soirée mère/fille se termina devant un film romantique pour fêter la Saint-Valentin en avance. En regardant le film, Lynda resta nostalgique à l’idée de passer encore une Saint-Valentin en célibataire. Après bon elle avait sa fille avec elle mais ce n’était pas pareil. Dans le fond Jess’ avait raison, il faudrait que Lynda se trouve quelqu’un mais elle n’avait juste pas le temps. Entre l’hôpital, le refuge et le fait d’être mère, elle avait perdu l’habitude d'être une femme avant tout.
14 Février 2024 - Jack’s Refuge
Lynda avait passé la matinée à finir la compta et l’administration qu’elle avait commencé la veille. Quand l’heure du repas fut arrivée, elle avait rejoint sa fille à la sortie des cours pour aller manger en ville avec elle avant de revenir au Refuge pour l'après-midi. Jess’ avait insisté pour prendre un cours de Boxe avec sa mère alors elles s’étaient changés toutes les deux pour faire quelques prises. Sur le ring, Lynda avait pris deux paos de frappe alors que sa fille avait des gants de boxe. N’ayant pas de visibilité sur l’entrée du bâtiment, elle avait demandé à Luther de la surveiller lui-même.
Elle fut donc surprise de le voir arriver tranquillement et stoppa l'entraînement avec Jessy.
“Patron, y’a quelqu’un à l’entrée qui dit venir de la part de Charlie, il demande à vous voir. Il dit s’appelait Charles Xavier.”
Aussitôt Lynda eut un regard pour sa fille qui explosa de rire. *Il fallait qu’on en parle hier soir* songea Lynda. Souriant au rire de sa fille, Lynda reporta son attention vers Luther et répondit :
“J’arrive… tu peux le faire entrer, j'suis au courant de sa venue.”
Luther reparti vers l’entrée alors que Lynda enlevait son équipement. Une ancienne militaire se proposa de continuer l'entraînement avec sa fille alors elle lui donna les paos et sorti du ring. D’un pas accéléré, elle se dirigea vers les vestiaires et se changea à la hâte pour enfiler un jean et un chemisier. Elle prit le temps de se recoiffer dans le miroir avant de se diriger vers la salle principale. Luther était en train d’expliquer au professeur, la composition du bâtiment avec les différentes salles.
“... Le bar sans alcool se trouve juste ici et la salle de sport au fond. Après à l’étage on as les réserves et les salle de réunions anonymes…”
Le professeur était de dos. Lynda se rendit alors compte que l’homme était chauve mais surtout qu’il était en fauteuil roulant. Elle s’en voulut à nouveau de ne pas avoir proposé à Charlie de se rendre elle-même à l’institut.
“Bonjour, Professeur, je suis Angel...”
dit-elle en s’avançant pour lui serrer la main. Mais elle se figea littéralement en voyant son visage. Il avait l’air d’avoir un peu plus de 40 ans à tout cassé. Hormis le manque cruel de cheveux, il ressemblait à l'homme sur la photo qui datait des années 60, avec quelques années de plus certes mais il était très loin des 90 ans imaginés par la gérante du refuge. Lynda resta subjuguée devant le Professeur étonnement jeune et elle ne put s’empêcher de poser la question intriguée tout en repensant aux paroles de sa fille la veille:
Charles patienta devant l'entrée, le temps que l'homme revienne, sans doute après avoir demandé confirmation qu'il pouvait le laisser entrer. Son hôte parut plus détendu lorsqu'il revint le voir, et il commença même à lui faire visiter le refuge. Si l'entrepôt ne payait pas de mine de l'extérieur, il était beaucoup plus grand que ce que Charles avait imaginé. Se concentrant quelques instants, il sonda rapidement les lieux, découvrant la présence d'une cinquantaine de personnes, dont seulement une vingtaine de mutants.
Intéressant... Le refuge n'accueillait donc pas que des mutants. Cela souleva immédiatement de nombreuses questions dans l'esprit de Charles. Les humains savaient-ils que de nombreux mutants évoluaient à leurs côtés ? Avaient-ils des activités en commun ? Le but était-il, comme pour l'Institut, d'apprendre aux mutants à intégrer la société ? Charles lui-même espérait pouvoir à l'avenir ouvrir son école à des humains, et il était surpris de voir qu'ici cela se faisait peut-être déjà. Il avait hâte de rencontrer la gérante pour lui poser des questions.
Justement, une voix féminine s'éleva derrière lui, le saluant poliment, et l'appelant étonnamment par son titre de Professeur. Il se tourna vers elle et haussa légèrement un sourcil perplexe. Cette femme - mutante bien entendu, comme il s'y attendait - avait quelque chose de particulier dans le regard, sans qu'il parvienne à définir quoi. Mais surtout, elle le dévisageait d'un air très déconcerté, comme si elle s'était attendue à autre chose.
Intrigué par cette réaction hors du commun, il sonda rapidement son esprit, pour y apercevoir sa propre image, associée à sa thèse sur les mutations génétiques de 1962. Oh... La fameuse Angel avait donc fait des recherches sur lui... Pas étonnant en ce cas qu'elle aie l'air si surprise, elle avait dû s'attendre à voir débarquer un vieillard...
Comme l'homme à côté de lui n'était pas un mutant, Charles ne laissa rien paraître de sa découverte, et adressa à Angel son plus beau sourire tout en lui serrant la main avec beaucoup de douceur.
« C'est bien moi en effet. Mais je vous en prie, appelez-moi Charles. Et vous êtes Lynda n'est-ce pas, la gérante de cet établissement ? Charlie ne tarit pas d'éloges sur vous... »
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Lynda était particulièrement intriguée par cette rencontre. Comment avait-il fait pour rester jeune ? Etait-ce sa mutation? Lynda ne connaissait pas la mutation du Professeur mais pour gérer une école de mutants, il l’était forcément tout autant. Elle revint sur Terre lorsqu’il lui adressa parole en lui serrant la main. Le regard plongé dans le sien, la gérante eut alors pour lui un sourire naturel et bienveillant tout en acquiesçant ses paroles. Il l’avait appeler Lynda alors Charlie lui avait donc expliqué en partie qui elle était.
“Oui c’est bien moi. Je suis Lynda.”
La mention de Charlie fit sourire de plus bel Lynda alors qu’elle récupérait sa main doucement. Elle repensa au moment où il était arrivé au Refuge. Ce gamin était tout simplement génial. D’abord timide et méfiant, il avait su s’intégrer et avait passé plusieurs années parmi eux. Mais Lynda était tout à fait ravie pour qu’il s’épanouisse maintenant au sein de l’institut de Charles.
“Aahh Charlie est un adorable jeune garçon. Je l’apprécie énormément. Comme tous les gens qui sont ici à vrai dire.”
Elle montra des mains l’ensemble du refuge. Tous les gens qui venaient ici avait trouvé une sorte de seconde famille. Surtout durant les années sombres. Reportant à nouveau son regard sur son invité, elle lui proposa:
“D’après Charlie, nous avons beaucoup à nous dire et à partager. Aussi je vous propose d’aller dans mon bureau, nous y serons plus au calme.”
D’un geste de la main, elle désigna la direction à suivre pour monter à l’étage. Avant de se tourner vers Luther pour quelques recommendations:
“Luther, mets Joshua à l’entrée, de toute façon le bar est fermé… et je te laisse surveiller les différentes salles…”
Prenant la direction du monte-charge avec Charles, elle se tourna une seconde fois vers Luther:
“Ah et... je te laisse veiller à ce que Jess’ fasse un entraînement disons plutôt modéré, J’ai pas envie qu’elle se blesse… encore. - Bien Patron.”
Lynda se concentra alors sur Charles en se justifiant sur le fameux monte-charges très industriel qui se trouvait devant eux. Il était fermé sur trois côtés par des murs en béton mais la face avant du monte-charge était elle constituée de barreaux en aciers. Pour conduire à une passerelle à l’étage supérieur. Il y avait également des escaliers mais étant donné que son invité était en fauteuil, cette solution serait plus pratique.
“Je vous prie de m’excuser pour le manque de normes aux personnes atteintes d’un handicap, mais un ascenseur digne de ce nom est très coûteux. Et celui-ci fonctionne parfaitement bien.”
Lynda ouvrit la porte en acier et fit signe à Charles qu’il pouvait monter. Lynda referma derrière eux et appuya sur la télécommande pour monter.
“Je ne m’attendais pas à vous rencontrer si rapidement. Je dois vous avouer que j’ai fais quelques recherches sur vous lorsque Charlie m’as parlé de vous. Des recherches qui disons m’ont rendues perplexes.”
Une fois la surprise passée, Lynda se reprit et rendit son sourire à Charles, sourire qui s'élargit lorsqu'il évoqua Charlie. Sa façon de parler de ses pensionnaires était touchante, et le professeur fit nécessairement l'analogie avec sa propre situation. Il était lui aussi attaché à chacun de ses élèves, des plus perdus aux plus exemplaires.
« Oui, c'est un garçon étonnant, plein de vie, doté d'un grand sens de la justice. Je suis ravi de l'avoir en tant qu'élève. »
Elle lui proposa de se rendre dans son bureau, prétextant qu'ils y seraient plus au calme. Au vu des sujets sensibles qu'ils allaient aborder, il valait mieux en effet qu'ils soient seuls, loin des oreilles humaines indiscrètes. Charles acquiesça, satisfait de ne pas avoir à faire cette demande lui-même. Il l'observa donner ses directives avec un léger sourire en coin, notant que ses collègues l'appelaient "patron". Il y avait dans ce refuge un côté militaire que ne possédait bien sûr pas son école.
Le bureau de Lynda se trouvant à l'étage, ils n'avaient d'autre choix que de devoir utiliser un monte-charge. C'était certes archaïque, mais il avait vu pire. Il fit un geste rassurant de la main lorsqu'elle s'excusa de ne pas avoir une structure adaptée aux handicapés. Tout le monde n'avait pas la chance d'avoir sa fortune pour pouvoir effectuer les aménagements adéquat.
« Ne vous en faites pas pour ça, je peux m'adapter. »
Tandis qu'ils se retrouvaient seuls dans le monte charge, elle lui avoua qu'elle avait fait des recherches sur lui. Charles se demanda si elle avait cherché plus loin que sa thèse, s'interrogeant sur les informations qu'elle aurait pu dénicher. L'on disait que l'on pouvait tout trouver sur internet, et Charles avait pris part à quelques événements importants de son siècle. Que pouvait-elle bien savoir exactement ?
Bien que les employés d'Angel ne puissent plus les entendre, il décida de ne pas lui révéler qu'il avait lu ses pensées. En effet, il arrivait que les gens prennent peur ou s'offusquent en l'apprenant, ayant le sentiment d'avoir été en quelque sorte violés dans leur intimité. Or il ne voulait pas prendre ce risque lors de cette première rencontre, et tenait à faire bonne impression. Il leva vers elle un regard malicieux, eut un sourire énigmatique, et lui demanda :
« Oh... Et qu'avez-vous découvert ? »
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Rien que dans ses paroles, Charles semblait d’une gentillesse sans nom. Lynda n’avait le pouvoir de comprendre ou d’analyser les gens mais elle avait acquis par l’expérience une certaine facilité à cerner les personnes qui l’entouraient. Rien que de savoir que Charles était heureux de compter Charlie parmi ses protégés ravie la gérante du Refuge.
Lorsqu’elle se retrouva seule à seul avec Charles, Lynda sentit une petite tension montait en elle. Elle n’aurait pas su l’expliquer mais seulement la constater. C’est également pour cela qu’elle choisit de se montrer totalement transparente avec lui et de lui avouer rapidement qu’elle avait déjà faire des recherches sur lui. Ses recherches dataient de plusieurs années mais elle avait remis le nez dans son carton pas plus tard que la veille de leur rencontre.
Lorsqu’il lui demanda intrigué, ce qu’elle avait découvert, Lynda ne put retenir un léger rire. Le regard de Charles dégagé quelque chose de particulier mais Lynda ne se démonta pas pour autant. Ils arrivèrent à l’étage avant qu’elle ne réponde. Aussi elle entrepris de lui sourire silencieusement avant d’ouvrir le rideau de métal pour les laisser sortir. Elle fit signe que son bureau se trouvait sur leur droite tout en lui répondant:
“Je vais vous montrer, cela sera plus facile”
Lynda ouvrit les portes coulissantes de son bureau et laissa entrer Charles en premier. Le bureau de Lynda avait une décoration dite de style industriel. Un joli mélange d’acier noir et de bois. Son bureau possédait une fenêtre sur l’extérieur du bâtiment sur la droite et de deux verrières qui donnait sur le rez-de-chaussée du refuge. Le fond du bureau était une immense bibliothèque remplis de livres en tous genres, de la romance à la science, seule une porte vers une autre pièce était visible mais fermée. Le bureau de Lynda trônait au milieu de la pièce alors que devant les verrières se trouvait deux fauteuils en tissus et une table basse. De chaque côté de la baie vitrée d’entrée, il y avait des étagères avec diverses photos et récompenses militaires. Enfin un petit tableau noir avec des écritures à la craie était accroché au mur. Des informations administratives sur les commandes de boissons ou de fournitures y étaient mentionnés.
Lynda se dirigea vers les fauteuils et en décala un pour laisser de la place à Charles de s’installer. Puis elle ferma les portes baies pour aller ouvrir une des verrières, elle s’expliqua aussitôt:
“Quand je suis dans le bureau j’ouvre toujours pour entendre au cas où on m’appelle… Ce qui arrive très régulièrement…”
Puis elle se dirigea vers son bureau et prit le carton qui se trouvait dessus. Elle l’avait retrouvé chez elle la veille et l’avait apporté au Refuge pour prendre le temps de l’étudier avec attention. Lynda s’assit enfin sur le fauteuil en face de Charles et le regarda en souriant. Elle ouvrit la boite est en sortit la thèse qu’il avait écrit et la lui tendit:
“Si vous êtes le Professeur Charles Francis Xavier, vous pourriez m’expliquer comment vous avez pu publier une thèse sur les mutations génétiques en 1962?”
Le ton de la question n’était pas du tout interrogateur ou méchant mais plutôt dit avec humour et curiosité. Lynda gardait son sourire aux lèvres et posa ses yeux sur Charles afin de ne rien rater de sa réaction.
Lynda répondit à son air malicieux par un rire léger et un sourire silencieux. Elle le faisait mariner un peu, et Charles se prit au jeu, attendant patiemment, bien qu'il connaisse déjà la réponse. Il y avait quelque chose de très frais chez cette femme, qui semblait profondément gentille mais avec une force de caractère bien développée.
Elle le conduisit à son bureau qui, à l'image du sien, était plus qu'un simple lieu avec une table et des chaises pour discuter formellement. Elle avait sa propre bibliothèque, à laquelle Charles avait bien envie de jeter un œil : on en apprenait beaucoup d'une personne à ses lectures... Il remarqua également les photos de guerre et distinctions militaires, et comprit d'où lui venait cette autorité naturelle sur ses employés. Le professeur avait ses caméras et son esprit pour veiller sur son établissement, la gérante du refuge avait des verrières et des ouvertures, toujours attentive au moindre problème.
Comme Lynda déplaça un fauteuil pour permettre à Charles de se positionner devant la table basse, il se plaça docilement où elle souhaitait qu'il se place. Il l'observa prendre un carton sur son bureau, le poser sur la table basse, et en sortir sa thèse, qu'elle lui tendit. Il la prit avec délicatesse, comme un objet précieux, et caressa le titre avec ses doigts, un air nostalgique sur le visage. D'un ton rêveur, plus destiné à lui-même qu'à Lynda, il annonça :
« Je ne l'avais pas eue entre les mains depuis des années... »
Sa thèse avait suscité beaucoup de curiosité et d'intérêt dans le milieu scientifique lorsqu'elle avait été publiée, et ce dans de nombreux pays anglophones. Notamment chez les mutants qui, à l'époque, vivaient dans l'anonymat le plus complet, et s'étonnaient de lire des théories sur eux qui s'avéraient très pointues et vraisemblables. Charles avait mené de nombreuses conférences à travers l'Angleterre et les Etats-Unis pour étayer sa thèse et défendre implicitement la cause mutante. Jusqu'au départ de Raven, l'arrivée de la guerre du Viêt Nam, et le déclin du professeur...
La question d'Angel le sortit de sa rêverie. Il releva les yeux vers elle, vit son sourire curieux, et y répondit par un rire léger et espiègle. La situation était certes incongrue. Jusqu'à présent, personne n'avait remarqué cette anomalie temporelle. Après avoir hoché la tête et lui avoir adressé une moue impressionnée, il répondit :
« Je suis démasqué... Félicitations, vous êtes la première à vous en rendre compte. Eh bien, je pourrais vous l'expliquer, mais c'est une histoire difficile à croire, alors je vous demanderai de garder un esprit ouvert... »
Il laissa quelques instants de silence, d'une part pour ordonner ses idées afin de lui offrir l'explication la plus claire et concise possible, et d'autre part pour laisser un peu de suspense. Plongeant son regard clair dans les yeux en amande de Lynda pour ne pas perdre une miette de sa réaction, il commença son récit.
« Je suis né en 1937. J'ai toujours défendu ardemment la cause mutante, même dans une époque où notre existence n'était pas connue. J'ai d'ailleurs pris part à des événements qui ont conduit à la révélation de l'existence des mutants au monde. En 1983, avec un groupe d'amis, nous avons dû lutter contre un mutant extrêmement puissant et dangereux, qui voulait asservir et détruire l'humanité. Nous sommes parvenus à le vaincre au prix de nombreux efforts, mais alors une faille spatio-temporelle s'est ouverte et a propulsé les mutants présents trente-cinq ans dans le futur. Nous nous sommes retrouvés en 2018, quelques semaines avant l'avènement de Thanos. »
Il était plutôt satisfait de son résumé. Si les faits relatés étaient impressionnants, il les exposa avec beaucoup de simplicité et d'humilité. Ses actes parlaient pour lui, et il n'avait pas besoin d'y ajouter une quelconque vantardise qui aurait manqué d'élégance.
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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Lynda observait attentivement son interlocuteur. Il semblait légèrement nostalgique au simple toucher de sa thèse. Lynda avait donc vu juste c’était bien lui mais comment était-ce possible? Cette question ne cessait de se répétait dans sa tête. L’homme en face d’elle l’intriguait de plus en plus et elle comptait bien y voir plus claire avec lui.
Lynda était naturellement curieuse, toujours désireuse d’en savoir plus dans les domaines qui l’intéressent notamment la génétique et de la médecine. En l'occurrence, elle avait en face d’elle un expert sur les mutants et la génétique. Lorsque Charles confirma qu’il était démasqué, Lynda sourit de plus bel, fière de l’avoir percé à jour d’une part mais également très fière de le rencontrer. Demandait à un physicien de rencontrer Albert Einstein et il sera aux anges. C’était l’état dans lequel se trouvait Lynda à l’heure actuelle. Il lui demanda de garder l’esprit ouvert, Lynda ria doucement en répondant :
“Ne vous en faites pas pour ça. J’ai toujours eu l’esprit ouvert à de nouvelles connaissances.”
Lynda s'installa dans le fond du fauteuil, prête à écouter l’histoire de cet homme si surprenant. elle croisa les jambes et observa le Professeur. Dès lors que leurs regards se croisèrent, Lynda ne le quitta plus, buvant ses paroles. Né peu de temps avant la seconde guerre mondiale, Charles avait toujours défendu la cause des mutants. Mais lorsqu’il employa le pronom “nous” pour parler des mutants, une sourire discret se forma sur les lèvres d’Angel. Elle comprit aussitôt à qui elle avait à faire, même s’il le confirma dans la foulée. Il faisait parti des mutants qui ont été vus aux accord de Paris en 1973. La veille, elle avait pris le temps de reprendre ses notes et elle avait retrouvés des coupures de journaux parlant d’une femme à la peau bleue et d’un groupe de mutants. Parmi les documents qu’elle avait sorti du carton en même temps que la thèse, les coupures de journaux se trouvaient sur les genoux de la jeune femme. Elle n'eut donc qu’à baisser les yeux et prendre entre ses doigts le morceau de journal qui parlait de cet évènement. Cependant, elle revint rapidement sur Charles et ne prononça pas un mot pour le laisser terminer son histoire. La suite fut plus révélatrice.
Ce fut au début des années 80 que Charles et son équipe se sont retrouvés face à un mutant plus puissant. A l’issue de ce combat, les mutants présents se sont retrouvé projetés trente-cinq ans dans l’avenir. Étrangement, ce ne fut pas la révélation du bon temporel qui surpris Lynda - bien que cela expliquait de ce fait la jeunesse du Professeur - mais bien l’évocation de l’année 1983. Lynda fronça légèrement les sourcils en déviant son regard vers le carton, pensive elle demanda :
“Où a eu lieu cette confrontation avec le mutant?”
N’osant pas bouger, elle attendait la réponse de la part de Charles. Une fois sa pensée confirmée, elle se redressa et jeta un oeil dans le carton pour en sortir un carnet noir en cuir. Le carnet avait du vécu. A l’intérieur, Lynda y avait écrit tout ce qu’elle trouvait intéressant durant ses études sur la génétique et les mutants. Malgrés des pages cornées et jaunies, les écritures restaient lisible au travers des années. Des post-it et des marques-pages dépassaient à plusieurs endroits. Elle hésita un instant, jetant un regard à Charles qui semblait tout autant intrigué qu’elle. doucement elle l’ouvrit à une page bien spécifique et pris entre ses doigts une lettre qu’elle lut à voix-haute sans autre explication au préalable, si ce n’est la date.:
“Cette lettre a été écrite en 1983...
Cher Andrew,
Je suis actuellement au Caire. Ne t’en fais pas je vais bien. Même si j’étais au coeur du conflit qui a eut lieu, je m’en sors sans dommage. En revanche, j’en sors le coeur en peine. Je ne peux pas en dire trop car cela serait trahir des secrets que j’ai promis de garder. Mais saches que je vais bien.
Je me suis rendue au Caire avec un groupe qui tentait d’arrêter le phénomène qu’il s’y est produit. Ils ont réussi à nous sauver. A tous nous sauver. L’un d’eux m’a aidé à y voir plus clair sur certaines choses et je t’en raconterais plus de vive-voix. Il est extraordinaire… Je ne peux pas écrire son nom au cas où mais je lui dois la vie. Aujourd’hui il a disparut avec son équipe.
Après tout ça, je me suis retrouvée seule, d’où ma lettre pour te donner des nouvelles et te dire que je ne vais pas rentrer tout de suite. Je vais partir à leur recherche quelques temps.
Embrasses Kevin pour moi sans oublier Lynda.
Moira.”
Lynda regarda à nouveau Charles et ajouta un détail dont elle n’avait pas parler jusqu’à présent:
“Mon nom complet est Lynda Mac Taggert, je suis la nièce de Moira. C’est bien vous, l’homme qu’elle évoque dans sa lettre?”
Parler de sa tante pour laquelle elle avait eu tant d'admiration avait le don d'émouvoir Lynda. Mais malgré que ses yeux brillaient un peu plus, elle n'était pas le genre à pleurer devant les autres alors elle souffla doucement attendant la réponse de Charles.
Lynda buvait les paroles de Charles, tandis que celui-ci ne détachait pas son regard d'elle. Il y avait quelque chose dans ses yeux en amande qui le troublait... ou était-ce son sourire ? Quoi qu'il en soit, il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Mais son instinct semblait vouloir lui dire quelque chose, et son instinct se trompait rarement.
Lorsqu'il évoqua sa part de responsabilité dans la révélation de l'existence des mutants au monde, il la vit baisser les yeux sur des articles de presse, et il remarqua que l'un d'eux parlait des Accords de Paris, et de deux "monstres bleus". Elle avait donc bien poussé plus loin ses recherches... Ou était-ce une coïncidence ? Au moins elle ne peinerait pas à croire son récit.
Lorsqu'il eut terminé son histoire, Lynda fronça les sourcils, l'air songeuse. Elle lui posa une question qui le surprit, mais à laquelle il répondit néanmoins, sur un ton perplexe. Avait-elle également connaissance d'Apocalypse, du désarmement nucléaire de 1983, et de la vague sismique causée par l'un de ses Cavaliers ? Il la regarda extraire un carnet de notes du carton, duquel elle tira une lettre, écrite en 1983.
Les sourcils froncés, il l'écouta faire la lecture de cette mystérieuse missive. A mesure qu'il comprenait qui en était l'auteur, son expression se mua en étonnement, puis en stupéfaction. Lorsqu'il s'entendit défini comme un homme extraordinaire, ses yeux se teintèrent de tristesse. De nombreuses questions se bousculaient dans son esprit. Il regardait Lynda sans la voir vraiment, le regard perdu dans le vague, sous le choc.
Lorsqu'elle lui révéla son identité, Charles cligna des yeux et pencha légèrement la tête sur le côté, semblant d'abord ne pas comprendre. De toute évidence, la lecture de cette lettre l'avait bouleversé, et il ne cherchait pas à masquer son trouble. Il ouvrit la bouche, restant quelques instants sans voix, avant de parvenir à articuler d'une voix faible, presque murmurée :
« Je... Puis-je... ? »
Il avait tendu la main vers la lettre, et la prit avec douceur. Il la relut, plusieurs fois, se laissant envahir par des sentiments contradictoires. La tristesse, la nostalgie, le remords, mais également une forme de joie, comme une consolation. Il n'oubliait pas cependant la présence de Lynda. La nièce de Moira... Sans quitter la lettre des yeux, il lui répondit d'une voix chargée d'émotion :
« Je me suis toujours demandé ce qu'elle était devenue... J'ai appris qu'elle était morte deux ans après notre départ, et je n'ai pas voulu pousser plus loin mes recherches... »
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"Chacun est le maître de son destin, c'est à nous de créer les causes du bonheur" - Dalaï Lama
Lynda avait vu juste. Charles était bien l’homme de la lettre. Durant ses études et ses recherches, elle s’était toujours demandé qui pouvait bien être cet homme qui semblait si important aux yeux de Moira, sans jamais avoir de réponse. Charles était choqué. Il ne semblait pas comprendre au début puis à l’expression de son visage, Lynda comprit qu’il réalisait cela petit à petit.
Il resta sans voix durant plusieurs secondes où Lynda ne prononça pas un mot non plus; elle voulait lui laisser le temps de digérer la nouvelle. Visiblement ils avaient été important l’un pour l’autre et elle se devait de respecter cela. Lorsqu’il demanda à pouvoir lire la lettre, sans vraiment le demander, Lynda la lui tendit aussitôt en restant silencieuse. Elle ne le quittait pas des yeux et n’arrivait pas à déchiffrer les émotions que son visage laisser transparaître. Il y avait de la tristesse, mais aussi une sorte de soulagement. Un soulagement de savoir qu’elle allait bien et de savoir ce qui lui était arrivée.
Charles reprit la parole malgré l’émotion. Il avait su la date de sa mort mais il n’avait pas cherché à savoir plus. Peut-être par crainte de ce qu’il allait découvrir. Pourtant aux yeux de Lynda, Moira était une héroïne. Tout comme sa mère d’ailleurs. Lynda posa un regard nostalgique sur le carnet noir qu’elle caressait du bout des doigts en expliquant à son tour la vie de sa tante:
“J’étais petite donc je tiens toutes mes connaissances sur la vie de ma tante, de mon père, Andrew, qui est mentionné dans la lettre… Moira est restée plusieurs mois en Egypte pour comprendre ce qu’il s’était passé et pourquoi vous avez disparus. Et puis un jour, elle est rentrée. Elle a dit à mon père qu’elle avait eu des réponses mais qu’elle ne pouvait rien faire de plus. Elle a repris sa vie avec Kevin son fils. En 1985, j’avais 3 ans. Mon père m’as expliqué qu’il avait eut un incendie et que tante Moira avait sauvé la quasi-totalité des personnes piégée par les flammes. Cette nuit-là, elle a sauvé de nombreuses vies, majoritairement des enfants... C’était mon héroïne. C’est tout ce que je sais. Ma mère est décédée à ma naissance, elle était médecin. Donc les deux figures féminines de ma famille sont parties quand j’étais encore jeune. Mon père nous racontait, à moi et à Kévin, des histoires sur tante Moira et sur ma mère. Nous avons tous les deux grandi avec ces histoires. C’est pour ça que je suis devenu médecin, et que je suis allée dans l’armée. Pour aider et sauver le maximum de personnes. Mes pouvoirs sont un plus non négligeables mais je ne vis que pour les rendre fières et aussi pour être la figure féminine que ma fille mérite d’avoir.”
Lynda n’avait pas regardait Charles durant tout son monologue. Elle ne releva les yeux que lorsqu’elle eut terminé. Lorsque son regard croisa celui de Charles, elle eut un frisson. Un sentiment qu’elle n’avait pas ressenti depuis des années. Elle se sentait libre de parler de tout en face de lui. C’était intriguant et libérateur à la fois. Retrouvant le sourire, elle ne put s’empêcher une note d’humour pour dédramatiser la situation:
“Charlie avait raison lorsqu’il a dit que l’on aurait beaucoup à partager. Je doute qu’il s’imaginait que l’on aurait autant à se dire.”
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