Lorsque Charles avait appris la mort de Moira, ça avait été un choc. Certes, en 2018 elle aurait eu 83 ans et il n'était pas certain qu'elle aurait pu être encore en vie, mais il aurait aimé pouvoir la retrouver pour lui expliquer, lui dire que ce n'était pas de sa faute, lui dire qu'il regrettait... En apprenant qu'elle avait trouvé la mort à 50 ans, moins de deux ans après qu'il soit parti, il n'avait pas voulu en savoir plus. Il avait supposé qu'elle avait perdu la vie lors d'une mission, et espérait juste qu'elle avait pu tourner la page et vivre heureuse.
Aussi, lorsque Lynda commença son récit, il n'était pas certain de vouloir l'entendre. Mais la curiosité était plus forte, et la possibilité de pouvoir entendre parler de la vie de Moira était tellement inespérée qu'il l'accueillait finalement de bon cœur. Elle les avait cherchés durant plusieurs mois, avant de finalement rentrer. Il espérait qu'elle ne l'aie pas trop mal vécu. Charles sourit lorsque Lynda expliqua qu'elle avait repris sa vie.
Il frissonna lorsqu'elle évoqua l'année 1985, l'année où Moira était morte. Il était tout de même anxieux de ce qu'il allait apprendre. Mais Lynda l'expliqua avec beaucoup de tact. Il y avait eu un incendie, Moira avait sauvé de nombreuses personnes, sacrifiant sa vie pour sauver des enfants... En apprenant cela, Charles se sentit un peu plus apaisé. Comme si cette information lui avait finalement manqué pour pouvoir correctement terminer son deuil.
Il écouta ensuite Lynda évoquer sa propre vie. Elle n'avait réellement connu sa mère et sa tante que par les histoires que son père lui racontait, prenant Moira comme modèle. Elle avait grandi avec le désir de venir en aide aux personnes qui souffraient, et était devenue médecin de guerre. Un bien noble choix, qui résonnait en Charles et faisait écho à ses propres convictions. En fin de compte, elle n'était pas un soldat. Elle sauvait des vies.
Il nota sa tentative d'humour, et songea qu'en effet, elle avait beaucoup de choses à lui dire. Il était habitué à ce que les gens s'ouvrent facilement à lui, il dégageait une sorte d'aura de confiance qui faisait que les gens se confiaient naturellement. Mais tout ce qu'elle lui avait dit lui avait fait du bien. Lorsque son regard croisa le sien, il lui adressa un sourire reconnaissant.
« Merci... Je pensais l'avoir perdue pour toujours, et par vos mots je la retrouve un peu. Je voudrais pouvoir vous dire... »
Il s'interrompit au milieu de sa phrase et ferma un instant les yeux, le visage contracté comme s'il était soudainement pris d'une atroce migraine. Il porta son index et son majeur à sa tempe et sembla se concentrer. Pour toute explication de cet étrange comportement, il dit :
« Il se passe quelque chose... »
Il resta ainsi quelques instants, ses yeux fixant un point inexistant, puis il baissa la main, releva la tête et regarda Lynda, une expression inquiète sur le visage. Avant qu'il ait eu le temps de préciser ce qu'il avait perçu, une voix paniquée appela Angel depuis le rez-de-chaussée, annonçant qu'ils avaient besoin d'aide.
« Dans la salle d'entraînement des mutants. Allez-y, je vous rattraperai. »
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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Charles remercia Lynda avec beaucoup de douceur dans la voix. Au début de son récit, Lynda n’était certaine que Charles veuilles entendre ce qu’elle avait à dire sur Moira mais finalement il semblait soulagé et satisfait de son histoire. En même temps, sa tante Moira était quelqu’un de tout aussi extraordinaire que Charles alors il n’y avait pas de tristesse à avoir. Même si elle était décédée jeune, c’était une femme d’exception et faire partie de sa famille était une véritable fierté pour Lynda.
Pourtant Charles s’interrompit dans sa phrase. Il semblait soudain soucieux de quelques chose. Lynda fronça aussitôt les sourcils, ne comprenant pas ce qu’il se passait. Elle le regarda porter deux doigts sur sa temps alors qu’elle reprenait les documents pour les poser avec précaution sur la table. Charles l’informa qu’il se passait quelque chose. Lynda n’eut pas le temps de répondre qu’elle entendit des cris et la voix de Luther qui l’appelait. Elle tourna la tête en direction de la verrière et vit de la fumée. Reportant une seconde son attention sur Charles, il lui indiqua l’endroit et qu’il fallait qu’elle y aille, il la rejoindrait. Lynda ne répondit pas, dès qu’il y avait quelque chose, elle se concentrait aussitôt et passer en mode militaire. Sans attendre, elle se leva, sortit du bureau et descendit les escalier quatre à quatre. Elle fit un signe - montrant le plafond du bâtiment - à une des bénévoles qui comprit l’instruction et se dirigea sur le côté de la salle de sport pour activer une manette et ouvrir les velux du toit. Quelques jours plus tôt, Lynda avait expliqué à Charlie que ces velux venaient d’être installés, et heureusement parce qu'ils servaient souvent finalement. Lorsqu’elle arriva à hauteur de la salle d'entraînement des mutants, elle regarda aussitôt Luther qui précisa :
“Ce n’est pas un feu! - C’est quoi alors? - J’en sais rien. - C’est Peter et Natan … encore. s’écria un réfugié en sortant de la salle d'entraînement - Non mais sérieux?! Que tout le monde aille vers le bar ou sortent. - Ok… allez tout le monde sort... maintenant”
Luther fit signe aux humains et ceux de la salle de sport de s’éloigner alors que les mutants sortaient les uns après les autres de la salle totalement enfumée. Lynda aperçu le fameux Peter et l’attrapa au vol par le col.
“Jsuis désolée Angel… - Il est où Natan. - Euh dedans je crois… Il est blessé, c’est grave. Mais la vapeur est brûlante, c’est une fournaise. - Vous avez mis le feu? - Non non c’est que de la vapeur.”
Le système des velux avait une manivelle spécifique pour la salle des mutants. Donc la fumée ne sortait pas, hormis par la porte. Lynda tourna autour d’elle pour chercher Luther, elle croisa le regard inquiet de Charles. Eux qui venait de parler de fumée et d’incendie…. Ironique. Luther arriva dans son champ de vision.
“On y va, j’ouvre les velux et tu sors Natan.”
Luther ne répondit pas il acquiesça. Lynda plaça son coude sur son visage pour faire une protection sommaire et fit un décompte avec ses mains et le signe d’entrer. Comme une tactique militaire. Une fois à l’intérieur, la vapeur était étouffante, presque suffocante. Lynda courut vers la manivelle des velux pour faire sortir toute la vapeur. Celle-ci se dissipa doucement. De loin, elle aperçut Luther qui avait Natan sur le dos, il était inconscient. Ils sortirent tous les deux en toussant. Lynda regarda rapidement et la plupart des personnes étaient sorties. Très bien. Il restait Jessy, Peter, Charles, et quelques mutants et bénévoles. Luther posa doucement Natan sur le sol. Il était brûlé à vif, c’était pas beau à voir. Ses vêtements étaient en lambeaux et les endroits où sa peau était visible, elle était calcinée, pleine de cloques. Jessy eut un cri de panique mais une des bénévoles la prit dans ses bras. Lynda s’agenouilla aux côté de Peter. Elle avait la gorge en feu mais cela passerait.
“Natan tu m’entends.”
Il ouvrit un œil. L’autre était collé par les chairs brûlées. Il gémissait, normal il souffrait atrocement. Lynda le regarda dans l’œil et parla d’une voix bien plus douce:
“Ça va aller… Je suis là. ok?”
il fit un léger signe de tête. Lynda inspira profondément, la tâche allait lui demander beaucoup d’énergie. Elle choisit de commencer par les jambes et de remonter doucement. Un bref regard à Charles qui ne devait pas tout comprendre. Mais cela n’allait pas tarder. Lynda plaça ses mains au dessus des jambes de Natan et une lumière blanche sortit de ses mains pour le soigner. Progressivement elle remonta vers le bassin, puis le torse, et termina par le visage. La peau de Natan retrouva une couleur et une forme normale, les cloques disparurent et même si ses vêtements restés en lambeaux, il guérissait. Lorsqu’il ouvrit les yeux et regarda Angel, elle sut qu’il était totalement guérit. Quant à elle, elle se sentait vidée de toute énergie, il lui faudrait plusieurs minutes pour se remettre. Elle ressentait également des douleurs un peu partout dans le corps. Lynda donnait véritablement de sa personne lorsqu’elle soignait quelqu’un. Natan se redressa doucement alors Lynda s’assit en arrière épuisée. Jessy vint derrière sa mère pour la soutenir.
“Ça va aller ‘man? - Ouais t’en fais pas.”
Lynda tapota sur la main de sa fille avec doucement mais l’instant d’après elle regarda tour à tour Peter et Natan. Le regard était tout de suite plus dur, plus ferme.
“Vous deux c’est fini vos duels. Si j’avais pas été là tu y rester Nat'. - Ouais je sais - Non pas de “je sais”, c’est fini point barre. Ok? - Ok Angel” répondirent les deux jeunes ensemble.
Elle désigna Natan du doigt en lui ordonnant d’aller se reposer à l’étage. Luther aida le jeune à se relever alors que Lynda fit de même de son côté avec sa fille pour appui au cas où. Elle tituba légèrement avant de respirer un bon coup et faire signe à sa fille.
“C’est bon la fumée se dissipe, les autres peuvent revenir. Mais plus de conneries hein, jpeux plus soigner aujourd’hui. - Ok Patron.”
Lynda regarda Charles, un sourire affaiblie se dessina sur ses lèvres mais elle gardait toujours le sourire alors il était sincère et non pour embellir la situation.
“Vous demanderez à Charlie, il se passe toujours quelque chose ici...” Elle fit un léger signe de la main en direction du monte-charges vers lesquels se dirigeaient Natan et Luther et continua: “Nous pouvons remonter tranquillement Charles.”
Lynda croisa le regard de Jessy qui d’abord surprise, se mit aussitôt à faire les grands yeux à sa mère. Elle ne dit rien mais Lynda savait ce que sa fille pensait. Ils remontèrent tous les cinq à l’étage. Natan et Luther se dirigèrent vers les chambres tandis que Charles, Jessy et Lynda arrivèrent devant le bureau de Lynda. Charles entra en premier. La gérante regarda sa fille et lui fit signe qu’elle allait bien: “Tu peux t'occuper des autres s’te plait. ça va aller… Je vais bien. - Ok mais t’es sûre - Certaine.” Jess’ se rapprocha de sa mère et murmura quelque chose de pas du tout discret: “Encore mieux en vrai ton prof’ de 90 ans.” Lynda ne put s’empêcher de sourire malgré l’embarras dans lequel Jessy venait de la mettre. “Allez files.”
Fière de sa remarque, Jessy parti par les escaliers tout sourire. Lynda se tourna vers Charles un sourire gêné aux lèvres.
“Veuillez m’excuser pour ma fille… Elle était présente quand j’ai remis la main sur ce fameux carton."
Lynda avança doucement dans son bureau après avoir refermé les portes baies. Tant bien que mal, elle s’assit sur la méridienne et souffla doucement. Ce coup-ci c’était limite. Heureusement qu’elle ne travaillait pas à l'hôpital avant le lendemain...
Lynda se leva immédiatement sans poser de question et se précipita hors du bureau pour ensuite descendre les escaliers quatre à quatre. Le temps que Charles prenne le monte-charge pour la rejoindre au rez-de-chaussée, il vit que le bâtiment était en train d'être évacué, mais il ne voulait pas sortir. Il retrouva la gérante devant la salle d'entraînement des mutants, emplie de vapeur, en train de parler avec un jeune mutant paniqué, celui qui était à l'origine de cette catastrophe.
Sondant l'intérieur de la salle, il constata que le mutant blessé était encore en vie, mais dans un état critique. Soucieux, il observa Lynda et son collègue militaire s'engouffrer dans la fumée, et en ressortir quelques instants plus tard avec le jeune garçon, gravement brûlé. Un hôpital se trouvait à quelques rues d'ici, aussi Charles annonça-t-il :
« Je contacte les secours. - C'est pas la peine. »
Il leva un regard interrogatif sur Luther. Lynda était peut-être médecin, mais elle n'avait sans doute pas les compétences ni le matériel suffisant pour soigner des blessures pareilles. Même avec des soins appropriés, il était malheureusement peu probable que Natan survive plus de quelques heures... Ses gémissements de douleur fendaient le cœur de ceux qui les entendaient, et pourtant Lynda paraissait étonnamment calme... L'habitude militaire, sans doute.
Il l'observa inspirer et expirer lentement, comme pour se concentrer, puis placer ses mains au-dessus des jambes du blessé. D'abord perplexe et inquiet, son expression se mua en surprise puis en émerveillement lorsqu'il vit la lumière blanche émaner de ses mains, et restaurer complètement le corps du mutant. Il comprenait mieux maintenant pourquoi les réfugiés l'appelaient Angel... Elle accomplissait de véritables miracles. Le professeur en resta sans voix.
La tâche l'avait de toute évidence fatiguée, mais elle prit sur elle pour sermonner les deux mutants qui n'en menaient pas large. Elle avait dû avoir sacrément peur pour eux. Et en effet, si elle n'avait pas été là... Elle parvint à se relever avec l'aide de sa fille, et sourit à Charles, évoquant le fait qu'il se passait toujours quelque chose ici. Le professeur lui rendit son sourire, ne pouvant cependant se départir d'un regard fasciné.
« En effet, vous ne devez pas vous ennuyer... »
Elle l'invita à remonter au calme, il la suivit en silence, tellement plongé dans ses réflexions qu'il entra en premier dans le bureau, oubliant momentanément toute notion de politesse. S'il s'extasiait facilement devant les manifestations de pouvoirs des mutants, cette démonstration l'avait ébloui. Lynda avait d'ors et déjà obtenu son attention, à présent elle avait son intérêt.
Il eut un bref sourire en coin lorsqu'il entendit la remarque de la fille de Lynda à sa mère, pas si discrète que ça. "Encore mieux" ? Lorsque Lynda s'excusa pour sa fille, il ne releva cependant pas pour ne pas la gêner, et se contenta d'acquiescer avec une petite moue signifiant que ce n'était pas bien grave. Il y avait plus important pour le moment que les remarques d'une adolescente. Une fois seuls, il exprima enfin son admiration.
« Vous avez un pouvoir merveilleux... »
Son sourire s'estompa néanmoins lorsqu'il vit Lynda s'asseoir tant bien que mal. Tandis qu'il la regardait avec tant d'intensité qu'on aurait dit qu'il voyait à travers elle, il fronça les sourcils puis ses yeux s'agrandirent, comme s'il venait de comprendre quelque chose de grave. Sa fascination toujours présente se teinta d'une légère inquiétude. Il s'approcha d'elle et lui dit avec sollicitude :
« Vous absorbez leur douleur... »
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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Charles ne releva pas la remarque de Jessy. Et Lynda l’en remercia intérieurement. Croisant son regard, elle ne put s’empêcher d’avoir un petit rictus en réalisant que sa fille avait raison. Charles était bel homme. Mais la douleur la rappela vite à l’ordre et l’ancienne combattante se traîna doucement jusqu’à la méridienne. Entendant la remarque de Charles sur son pouvoir, elle acquiesça en répondant non sans difficultés :
“J’essaie d’être à sa hauteur mais ce n’est pas toujours facile.”
Certes le pouvoir de Lynda était un magnifique pouvoir et elle en remerciait le ciel tous les jours d’en avoir acquis les facultés. Mais il était particulièrement difficile à gérer aussi parfois. Surtout après des “soins” aussi éprouvants comme celui-ci.
Elle releva les yeux vers Charles qui semblait subjugué. C’était un regard profond et intense comme s’il était en train de lire en elle comme dans un livre. Lynda ne ratait pas une miettes des expressions de son visage qui passèrent de l'incompréhension à la réalisation d’un fait puis à l’inquiétude. Cela l’intrigua d’autant plus qu’il avait détecté l’accident avant que Luther n’appelle Lynda. De la télépathie peut-être?
Lorsque Charles s’approcha doucement, Lynda fit un petit signe de la main pour prévenir que tout allait bien. En soit c’était la vérité, ses douleurs n’étaient que mentales pas physiques même si elle les ressentaient dans l’intégralité de son corps. Il parla de la douleur, Lynda ferma les yeux et hocha la tête de haut en bas en soufflant doucement. Elle se réinstalla sur l’assise et rouvrit les yeux pour plonger dans le regard de Charles:
“Oui en partie. Lorsque je soigne quelqu’un, j’absorbe sa douleur, ses blessures et je donne de mon énergie propre pour que la personne puisse guérir. Plus la blessure est importante, plus la douleur est forte pour moi. Mais cela reste mental, au bout de quelques minutes ou heures ça disparait. Cependant je ne peux pas soigner d’autres personnes si je suis dans cet état. Avec le temps et l’expérience à l’armée, j’ai appris à soigner des blessures de plus en plus graves mais cela reste toujours éprouvant.”
Parler de son pouvoir n’était pas commun pour Lynda. A partir du moment où les gens connaissait son pouvoir, ils ne s'intéressaient pas forcément au fonctionnement de ce dernier. Elle eut un sourire pensif en disant:
“C’est peu commun de parler de ce que je ressens vis à vis de mon pouvoir.”
Ses yeux remontèrent sur l’homme en fauteuil devant elle. Un frisson la parcourut. Une étrange sensation. Lynda voulait, à son tour, en savoir plus sur les pouvoirs de cet homme qui l’intruigait de plus en plus:
“Charles?...” commença-t-elle avant que l’on ne toque à la porte-baie. “Oui?”
Luther entrouvrit la porte lentement et passa la tête.
“Ça va patron? - Oui merci Luther - Juste pour t’informer, Natan dors et Peter est avec lui. Je pense qu’ils ont compris cette fois. - J’espère, même si j’ai été dure, je ne veux pas qu’ils leur arrivent quelque chose. - Je sais Patron, besoin de quelque chose? un remontant? - Tu sais bien que l’alcool est prohibée ici - Je sais mais t’es pâle Boss, tu en aurais bien besoin. - Oui je sais, c’était un peu plus compliqué que ce que je pensais. - D’accord, je te ramène quelque chose.”
Lynda n’eut pas le temps de rétorquer, Luther était déjà parti. Elle se tourna vers Charles en souriant avec sympathie:
“J’ai beau être la patronne, ils ne m’écoutent pas toujours…”
Luther revint quelques minutes plus tard avec une bouteille d’un vrai bon whisky et deux verres. Il les déposa sur le bureau de Lynda et ressortit sans un mot mais non sans un sourire pour les deux mutants en refermant la porte derrière, les laissant à nouveau seuls.
Lorsqu'il lui exprima à quel point il trouvait son pouvoir merveilleux, elle n'en ressentit pas de fierté et n'en tira aucun orgueil. En plus d'une grande force de caractère, d'une gentillesse et d'un optimisme naturels et d'une profonde dévotion envers ses pairs, Lynda faisait preuve de l'humilité des plus grands philanthropes. Charles se retrouvait en elle, et il ne pouvait s'empêcher de l'admirer.
Elle se confia sur ce qu'il avait perçu : soigner les corps lui coûtait de son énergie propre, mais elle devait également absorber leur douleur, et la ressentir dans son esprit. Certes, la souffrance n'était pas physique, mais Charles était bien placé pour savoir que les douleurs psychiques étaient très éprouvantes. C'était le prix à payer pour pouvoir aider les autres à se sentir mieux. Mais on le payait volontiers, lorsque l'on voyait le bien que cette souffrance engendrait.
Un sourire songeur sur les lèvres, elle remarqua que parler de son ressenti vis-à-vis de son pouvoir n'était pas commun. Pour Charles, c'était au contraire naturel, la base de son enseignement, l'évidence même. Pour pouvoir contrôler ses pouvoirs, il fallait les comprendre. Analyser les effets que la mutation avait sur les êtres était un réflexe pour le professeur, il l'avait fait sur Lynda sans même y penser.
Il nota que sa consœur se sentit troublée, et elle s'apprêtait à lui poser une question lorsqu'ils furent interrompus. Dans un réflexe étrange, il recula un peu son fauteuil pour ne pas être trop près de la gérante du refuge. Le collègue de Lynda, dont Charles apprit enfin le prénom, s'inquiétait pour elle, et lui proposa un remontant... malgré le fait que l'alcool soit interdit dans le refuge. Une fois Luther sorti, Charles adressa à Lynda un sourire paisible, radieux, et reprit la conversation là où ils l'avaient arrêtée.
« Quelqu'un m'a dit un jour... que c'était le plus merveilleux des dons que de pouvoir endurer la souffrance des autres sans en être brisé. Et que ce don trouvait sa source dans le pouvoir le plus humain qui soit... l'espoir... »
Cette phrase lui avait redonné l'espoir, elle lui avait redonné la force de se battre, à une époque où il s'était perdu. Elle était ancrée en lui, et il ne l'oublierait jamais. Elle lui revenait souvent à l'esprit, et il se la récitait comme un mantra, une forme de devise spirituelle qui l'aidait dans les moments de doute. Il l'offrait aujourd'hui à Lynda, car il était certain qu'elle la comprendrait.
« Vous alliez me poser une question ? »
On frappa de nouveau à la porte, et Charles eut un petit rire, échangeant un regard complice avec Lynda. Décidément, ils avaient du mal à aller au bout de leur conversation. Il fut néanmoins ravi de voir arriver une bonne bouteille de whisky. Le sourire de Luther lorsqu'il les laissa seuls le laissa un peu dubitatif, il s'en sentit même légèrement gêné. S'imaginait-il des choses ? Ou peut-être était-ce lui qui spéculait sans raison...
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Lorsque Luther sortit du bureau Charles reprit la conversation. Il évoqua une phrase qu’on lui avait dit sur ses pouvoirs. Lynda n’en revenait pas de ses mots. Elle resta béate devant ses paroles, tout en intégrant le sens au plus profond d’elle-même. Sans qu’elle s’en rende compte, les paroles de Charles eurent un effet apaisant sur sa douleur. Comme si elles étaient plus diffusent, moins envahissantes d’un coup. Lynda restée sidérée de l’effet que de simples mots eurent sur ses émotions. Il fallait qu’elle se souvienne de ces mots. La gérante était du genre à tout noter mais elle s'abstiendrait pour cette fois. A la place, ne bougea pas d’un millimètre, ses yeux verts plongés dans ceux, bleus de Charles, la bouche entrouverte légèrement où un simple mot sortit:
“Merci.”
En effet, le mot était particulièrement court et simple mais l’intonation utilisée par Lynda lui donné tellement de sens. De la reconnaissance, de l’acceptation de la douleur, le visuel de l’espoir que Lynda pouvait inspirer. N’ajoutant rien de plus, Charles lui rappela qu’elle voulait lui demander quelque chose. Elle entreprit d’ouvrir la bouche pour répondre mais fut interrompue à nouveau par Luther. La gérante échangea un regard accompagné d’un petit rire à Charles. Ils n’allaient pas y arriver. Puis elle croisa le regard et le sourire de Luther. C’était quoi cette expression, il s’imaginait quelque chose. Lynda supposa que Jessy avait dû faire sa commère auprès de lui et ne pris pas dessus. Elle se leva alors qu’ils étaient à nouveaux seuls et qu’ils ne seraient plus dérangés. Sur le ton de l’humour elle répliqua:
“Je pense qu’on va réussir à avoir cette conversation maintenant.”
Se dirigeant vers son bureau, elle saisit la bouteille et, après avoir lu l’étiquette, servit deux verres en posant enfin sa question à Charles:
“Vos pouvoirs ont l’air tout aussi intéressants, vous avez pu déterminer qu’il y avait un problème et le lieu exact en quelques secondes et vous avez également compris le fonctionnement de mon pouvoir… C’est quoi? de la télépathie?”
Tout en parlant, elle lui tendit le verre et se rassit sur son fauteuil de bureau pivotant. Charles était du même côté qu’elle alors elle se tourna vers lui pour faciliter la conversation. Ils étaient à moins d’un mètre l’un de l’autre et Lynda aimait bien regarder le visage, le regard ou les expressions faciales des personnes avec lesquelles elle discutait.
Les mots de Charles apaisèrent les douleurs psychiques de Lynda. Ils avaient résonné en elle comme ils avaient autrefois résonné en lui. Charles fut ravi de l'effet que ses mots avaient eu sur elle, et le remerciement de la guérisseuse le toucha. Apporter son aide et ses conseils, soulager les souffrances de ses semblables, c'était sa vocation. La réaction de Lynda le combla.
Charlie avait eu raison de penser qu'il fallait que ces deux êtres se rencontrent. Ils semblaient avoir beaucoup en commun, et tellement à partager, pour s'enrichir spirituellement l'un l'autre. Le professeur était impatient de l'inonder de questions sur le fonctionnement de son refuge et sur son chemin de vie. Mais c'était d'abord à lui de lui apporter quelques réponses.
Elle avait pu se lever, elle s'était rapprochée de lui en se plaçant dans son fauteuil de bureau, et elle ne le quittait pas des yeux. Une telle proximité aurait pu être gênante, perçue comme un envahissement de l'espace personnel, surtout lors d'une première rencontre. Mais avec elle, cette proximité paraissait parfaitement naturelle. Il prit volontiers le verre qu'elle lui tendit, et trinqua avec elle, un sourire léger aux lèvres.
« En effet, je suis télépathe. Vous soignez les corps, j'apaise les esprits... Je peux communiquer par la pensée, contrôler et manipuler les esprits - bien que je ne le fasse qu'en dernier recours. Ma mutation me permet également de projeter ma conscience hors de mon corps et de repérer les mutants. A titre d'exemple, je peux vous dire qu'il y a actuellement entre ces murs trente-deux humains et vingt-et-un mutants. Vingt-trois, en nous comptant. »
Il avait expliqué tout cela avec le plus de simplicité possible, sans vantardise aucune. Même si au fond de lui, il sentait bien que s'il faisait une liste non exhaustive de ses pouvoirs, c'était également parce qu'il espérait qu'elle les trouve aussi intéressants qu'elle l'espérait, voire même plus.
« Je suis également très empathique, et il m'arrive souvent de ressentir les émotions fortes, sans avoir cherché à les déceler. J'ai perçu la douleur de Natan, et la panique de Peter. J'ai perçu votre souffrance psychique... Quand un proche est en danger, je le ressens également. »
Cette forme de prescience, bien que perturbante et très éprouvante, avait permis à plusieurs occasions de sauver des vies. Mais il passa ce fait sous silence, considérant son exposé sur ses pouvoirs suffisant, pour le moment.
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La tension et les douleurs devenaient diffusent dans le corps de Lynda. Après avoir trinqué avec Charles, elle but une première gorgée de whisky. C’était le genre qu’il fallait déguster un minimum. Doucement elle se cala dans le fond du fauteuil et regarda Charles qui lui confirma qu’il était bien télépathe. Elle soignait les corps et lui les esprits. Cette phrase fit sourire Lynda qui trouvait un certain réconfort dans la mission qu’elle s’était donné. Elle n’était pas la seule. C’était tellement agréable de savoir que d’autres personnes dans le monde font la même chose que vous. Charles expliqua ses pouvoirs et plus Lynda l’écoutait, plus elle était subjuguée. Se redressant petit à petit elle plaça un coude sur l’accoudoir de son fauteuil de bureau et posa sa tête sur sa main. Son regard n’exprimait que de l'intérêt pour cet homme:
“C’est fascinant.”
Lynda l’écouta parler de son empathie pour les autres. Il avait senti la douleur et la panique des garçons, d’où son visage troublé quelques secondes avant qu’on appelle Angel. Lynda n’en revenait pas. Elle avait un sourire expansif aux lèvres. Tant de questions qui se bousculaient dans sa tête qu’elle ne savait pas par où commencer.
“Vraiment extraordinaire…”
Elle reprit une gorgée de whisky comme pour ordonner ses idées et savoir par où elle allait commencer mais une réflexion plus évidente que les autres s'imposait à elle :
“Il est logique au final qu’un homme tel que vous, tourner vers les autres, dévoué et empathique comme vous l’êtes soit directeur d’une école aussi spéciale.”
Elle releva les yeux vers son confrère mutant et reprit :
“Vous dites pouvoir repérer les mutants, c’est comme ça que vous avez fait avec Charlie, vous l’avez ressenti en vous? ou c’est en le rencontrant? Jusqu’à quelle portée vont vos pouvoirs? Ce sont vos méthodes de recrutement?”
Lynda ne pouvait plus s’arrêter. Déjà qu’elle était bavarde de manière générale mais si on la lançait sur un sujet tel que celui qu’ils avaient maintenant alors cette conversation pouvait durer des heures entières. Lynda se reprit sentant qu’elle avait peut-être abusé:
“Veuillez m’excuser mais plus notre conversation avance, plus je remercie Charlie. Je ne pensais pas rencontrer quelqu’un d’aussi investit et captivant.”
Le regard fasciné de Lynda flattait l'ego du professeur, et il s'efforçait de ne pas en être trop troublé. Il mesurait la chance qu'il avait d'être pourvu de ces pouvoirs. Avec ses dons, il pouvait aider ses semblables, et même les humains lorsque cela s'avérait nécessaire. Il pouvait se mettre au service d'une cause plus noble et plus grande que lui. Et il était certain qu'Angel ressentait la même chose vis-à-vis de son pouvoir de guérison.
Comme elle l'énonça elle-même, il était logique qu'un homme tel que lui ait décidé d'ouvrir une école pour mutants. Jusqu'à présent, il avait eu la prétention de penser que cette initiative était unique en son genre. Mais à présent, il se trouvait en présence d'une mutante qui avait mis en oeuvre un projet similaire, mieux, qui allait au-delà de ce qu'il avait accompli, puisqu'elle mêlait mutants et humains.
Elle commença à l'inonder de questions, ne lui laissant pas le temps de répondre. Il lui répondit par un sourire attendri. L'enthousiasme de Lynda était adorable. Lorsqu'elle s'excusa de s'être un peu emballée, il voulut immédiatement lui répliquer qu'elle n'avait pas à s'excuser, mais il resta bloqué un instant sur la suite de sa phrase, et notamment sur le terme "captivant". Il baissa les yeux sur son verre de whisky et sentit le rouge lui monter aux joues tandis qu'il lui répondait :
« Je vous en prie... Je vous retourne le compliment... »
Il entreprit de retrouver une contenance en toussotant doucement et en buvant une gorgée de whisky, puis il tourna le regard vers les verrières, observant la vie du refuge. Il s'efforça de retrouver une attitude convenable tout en espérant que Lynda au mieux n'aurait rien remarqué, au pire ne lui en tiendrait pas rigueur. Force était de constater qu'elle le troublait, et il n'était pas habitué à cela.
« La portée de mes pouvoirs est variable, selon leur utilisation, ou les cibles, ou encore ma concentration... Charlie est un cas particulier. Contrairement à la plupart des jeunes mutants que j'ai recueillis, il n'était ni perdu ni isolé ni en danger. Bien au contraire. Lorsque j'ai perçu son esprit, il venait de sauver des humains d'un immeuble en flammes et avait mis en déroute le mutant qui avait causé l'incendie. J'ai perçu son sens de la justice, ses rêves de grandeur, son désir d'utiliser ses dons pour protéger et défendre les faibles, à l'instar des Avengers qu'il admire tant. Je lui ai donc rendu visite et lui ai parlé de mon école. L'idée l'a très vite enthousiasmé. Le seul frein était ses parents, qui ignoraient sa condition de mutant. Mais suite à notre entretien, il leur a révélé sa nature, et ils l'ont accepté. »
Parler de Charlie lui avait permis de se concentrer sur autre chose que la femme charmante et fascinante assise devant lui et de dissiper l'émoi qui l'avait momentanément perturbé. Il posa son regard sur Lynda, et poursuivit :
« Je suppose à présent que s'il a pu si bien vivre l'arrivée de ses pouvoirs, c'est en grande partie grâce à vous... Parlez-moi de votre refuge. Qu'est-ce qui vous a mené à le créer ? Comment fonctionne-t-il ? Quelles sont vos aspirations pour cet endroit ? »
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Chacun est le maître de son destin, c'est à nous de créer les causes du bonheur" - Dalaï Lama
Lynda remarqua le léger sourire de Charles lorsqu’elle l’inonda de questions. La gérante était une femme passionnée dans tout ce qu’elle faisait et en l’espace de quelques instants, elle venait de le prouver à Charles sans s’en rendre compte. Cela aurait pu la mettre mal à l’aise mais elle assumait totalement ce côté curieux. En revanche elle devina qu’elle pouvait se montrer intrusive, c’est pourquoi elle présenta ses excuses à Charles. Ce dernier semblait vouloir répliquer mais aucun paroles ne sortit de ses lèvres. Lynda le regarda, attendrie, baisser les yeux vers son verre . Il semblait gêné par les paroles de la mutante. Mais pas dans le mauvais sens du terme car il conservait son sourire. Lynda l’écouta la remercier et lui retourna le compliment. Lynda n’en fut que plus touchée. Après un léger signe de tête pour le remercier du compliment à son tour, elle ne voulait pas lui montrer qu’elle était affectée par ses paroles alors elle tourna légèrement le visage vers son bureau et vit au loin le carton.
Elle songea alors au fait qu’il venait d’une autre époque. Surement une époque où les femmes n’étaient peut-être pas autant démonstratrices de leurs sentiments et de leurs choix. Cet homme avait fait irruption dans sa vie depuis quelques heures seulement et elle comprenait déjà les mots de sa tante qui disait qu’il était extraordinaire. En effet Charles n’était pas comme les autres.
Buvant une gorgée, elle reporta son attention sur lui alors qu’il s’était tourné vers la verrière. Les verrières prenaient toute la hauteur du mur alors même en position assis, il était possible de voir à la fois l’étage et le rez-de-chaussée. Lynda regarda le profit de l’homme qu’elle avait à ses côtés. Il semblait autant troublé par elle qu’elle par lui. Par délicatesse, elle ne releva pas et l’écouta en silence. Ses pouvoirs variés en fonction de plusieurs critères, comme un bon nombre des pouvoirs psychiques d’ailleurs. Il parla ensuite de Charlie qui avait démontrer des talents cachés d'héroïsme. Lynda n’en doutait pas moins de son protégé. Il était un féru de justice et fasciné par les Héros que l’on nommait les Avengers. D’ailleurs, quand il était revenu quelques jours plus tôt, il avait évoqué le fait qu’il avait sauvé des personnes dans un incendie. La suite par rapport à ses parents, Lynda n’avait jamais vraiment eut l’occasion d’en parler avec lui car à l’époque où elle avait connu Charlie, ses parents n’étaient plus là. Lorsque Charles supposa à son tour que si Charlie était ni isolé ni perdu c’était en partie grâce à elle, Lynda ne put s'empêcher un petit rire en repensant au gamin en train de chaparder dans la réserve.
“Quand j’ai recueilli Charlie, il était seul et affamé, je l’ai pris son mon aile pour qu’il puisse retrouver un semblant de famille ici…”
Puis il lui posa à son tour des questions mais cette fois sur le refuge. La première réaction de Lynda fut de faire un hochement de tête négatif pour le reprendre sur un point :
“Je n’ai pas créé le refuge…”
Laissant un moment de flottement, elle prit un gorgée de whisky avant de se lever et de se diriger vers la bibliothèque. Lynda attrapa un livre sur l’étagère - Utopie de Thomas Moore - et en sortit une photographie. Elle regarda les personnes sur la photo avec nostalgie et la donna à Charles. Sur l’image, on pouvait voir six soldats -dans le désert Irakien. Au centre Lynda (seule femme du groupe) était bras dessus bras dessous avec un soldat, ils étaient visiblement proches. Tous sur la photo avaient un immense sourire et une complicité évidente. Se rapprochant de Charles, elle désigna du doigt les personnes en même temps qu’elle parlait.:
“Voici mon unité de médecins urgentistes en Irak en 2011. Là les infirmiers et là les assistants médicaux. L’homme à mes côtés s’appelle Jack, c’est le père de ma fille, Jessy…”
Lynda se rassit et poursuivit en gardant un oeil sur la photo bien qu’elle soit restée dans les mains de Charles. Elle sentait l’émotion la gagner mais garda la tête froide au maximum, serrant les dents.
“Toute mon unité était au courant de mes pouvoirs, je n’avais pas de raisons de leurs cacher dans le sens où je soignais les malades d’une autre manière. C’était notre deuxième mission en Irak. On a été appelés sur un lieu d’extraction, il y avait beaucoup de blessés. Notre convoi médical a été attaqué et notre véhicule a roulé sur une mine. Je me suis réveillée en Allemagne, j’étais la seule survivante de mon unité. J’avais fait le choix de donner ma vie pour les autres mais ce sont les autres qui ont péri à ma place. J’ai mis du temps à me remettre de ça. Jessy était chez son grand-père…”
Lynda reprit une gorgée de whisky et continua son récit, le regard perdu dans le vide:
“En 2014, avec Jessy on s’est installées à New York dans l’espoir d’un nouveau départ, j’avais quitté l’armée mais je n’ai jamais oublié mes objectifs et mes convictions, je suis devenue médecin urgentiste au BronxCare Hospital et je suis entrée ici en tant que bénévole. Le refuge était exclusif aux anciens combattants. Mais j’ai rapidement découvert que d’autres anciens soldats étaient des mutants comme moi. Et le gérant de l’époque le savait aussi, mais il ne savait pas comment les humains réagirait alors il ne disait rien et garder l’existence des “soldats mutants” secrète. Un jour, il y a eu un soucis et j’ai utilisé mes pouvoirs devant tout le monde pour soigner un humain. A partir de là ça a changer…. Cet endroit est devenu un refuge pour anciens combattants et mutants, tout en gardant la couverture du refuge d’anciens de l’armée. Mine de rien, ils ont plus ou moins les mêmes problématiques. Exclus de la société par un passif trop lourd ou trop d’excès d’une part et d’autre part par des pouvoirs que certains ne contrôlent pas ou n’assument pas.”
Retrouvant un brin de mélancolie dans la voix, Lynda continua son histoire, mais en replongeant son regard dans celui de Charles. Comme s’il pourrait lui donner l’assurance de continuer:
“En 2016, j’ai repris la gérance du Refuge et je l’ai rebaptisé le “Jack’s Refuge” en l’honneur du père de ma fille…”
Lynda se leva et s’approcha de la verrière :
“Nous sommes financés par l’armée du point de vue de notre statut de refuge d’anciens combattants. Le refuge accueille ses nouveaux membres par un système de bouche à oreilles. Chaque membre actuel est libre de faire venir quelqu’un s’il estime qu’il sera à même de pouvoir assumer et comprendre le but de ce lieu. Chaque parrain est responsable de son filleul. Si le filleul ne respecte pas les consignes, c’est le parrain et le filleul qui doivent assumer ensemble. Ce système fonctionne aussi bien pour des humains que pour les mutants. D’ailleurs, un mutant peut faire venir un humain et vice versa. Pour l’exemple, je suis la marraine de Charlie car c’est moi qui l’ait fait venir et Charlie est en quelque sorte votre parrain car vous vous êtes présenté en donnant son nom.”
Lynda se retourna vers Charles, un sourire au coin des lèvres avant de poursuivre:
“Ici, l’alcool, la violence et le jugement sont prohibés. ce sont nos principales règles et jusqu’à présent tout le monde y trouve son compte. Avec le snap de Thanos, on as accueilli d’autres types de personnes, des personnes qui étaient simplement perdues.”
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