« Je sais qu’il va falloir que je ressorte. » Je relève les yeux vers Lockheed, installé sur un rebord, qui me fixe en penchant la tête. « Mais y a rien de pressé. J’ai pas envie de voir du monde. » J’esquisse un sourire en l’entendant. « D’accord, j’irai chercher un milkshake. A la framboise oui. » Sérieux, je sais que si je pouvais, je me nourrirais que de ça, mais il est pire que moi en fait.
Perchée sur l’un des innombrables piliers de notre refuge, je suis entourée de pics acérés et de rivières d’un bleu électrique, magique, qui sillonnent la vallée en contrebas. Mes doigts courent sur le papier, remplissant les feuilles de formes et de couleurs. J’ai toujours dessiné, pour me souvenir, pour oublier, simplement pour m’occuper.
Les cauchemars sont toujours là, à dire vrai, ils sont revenus en même temps que moi. Mais ils ne sont plus aussi effrayants qu’avant. Je les ai combattus, je les ai vaincus, une nouvelle fois. Ils ne sont plus aussi effrayants. Ce qui n’empêche pas les images de revenir encore et encore. Et les dessins continuent de se succéder, comme pour les exorciser. Ça ne marche pas des masses non. Toutefois, contrairement à avant, ce ne sont plus les seules choses que je dessine. Peut-être qu’ils me manquent un peu. Vite fait. Toujours est-il qu’ils sont là eux aussi, comme si les dessiner pouvait m’aider à les retrouver. Même si ce sont des traits un peu grossiers qui les représentent.
Je n’ai pas beaucoup de souvenirs d’avant, de quand j’étais petite, vraiment petite, j’entends, avec les parents et tout. Mais je sais que je ne suis pas l’artiste de la famille comme on dit. C’est Piotr ça, lui il dessinait super bien. Ou c’était Piotr, j’en sais rien. Peut-être que je suis l’artiste de la famille finalement. Peut-être que je suis la seule survivante de la famille. C’est un peu déprimant ça aussi e vrai. Mais je crois que je m’en fous.
Casque sur les oreilles, assise en tailleur, bloc-notes sur un genou et crayons roulant autour de moi, je fredonne sans y penser. Oui, je connais Flowers. Et non, je reconnaitrais jamais que j’aime bien Miley Cyrus, ça va pas la tête ?
Il y a un intrus.
Je me fige. « Quoi ? » Quelqu’un est entré. Ici ? Mais comment ? Qui… Je me redresse précipitamment, fourrant toutes mes affaires dans le sac à dos élimé qui me suit partout.
Les nuages aux teintes crépusculaires défilent autour de moi, ondulant tels des aurores boréales. Mais je ne distingue rien d’autres. Je connais chaque pierre et chaque recoin de ce monde. Les yeux fermés, je me concentre pour ressentir les variations. Ici. Cache-toi. Je rejoins Lockheed d’un saut, arrivant un peu au-dessus d’un portail. Un portail magique. Chez moi. Un énorme portail magique. Et un seul homme. Il compte faire débarquer une armée avec son truc ou quoi ?
« Hey ! Je peux savoir ce que vous foutez chez moi le vieux ? »
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Mercredi 11 Décembre – 09 : 19 A.M.
Au cours des années depuis mon introduction en tant que Sorcier Suprême, j’ai été amené à explorer 51 dimensions. Etudier l’univers, les dimensions et les mondes qui s’y trouvent afin d’en protéger la Terre est une tâche accomplie depuis des millénaires par les Sorciers Suprêmes. Les ressources littéraires de Kamar-Taj, dont certaines ont été recopiées afin de se trouver également au sein des Sanctuaires, sont nombreuses sur le sujet ; même si toutes n’aboutissent pas à des arts mystiques, pour des raisons diverses. Les Sanctuaires eux-mêmes permettent d’éviter des invasions à grande échelle ou l’absorption de la Terre dans une autre dimension, comme cela a été tenté en 2017 par Dormammu et les Zélotes. Cela n’empêche pas les portails de téléportation de petite envergure, comme les Asgardiens l’ont prouvé maintes fois, ou les phénomènes naturels liés à l’Yggdrasil, comme la Convergence en 2013. Parfois, l’étude s’accompagne d’exploration.
Dans la religion catholique, les Limbes sont un territoire de l’au-delà situé aux marges des enfers. Sans fondement dans clair dans la Bible, elles ont émergé au XIIIe siècle au sein de la pensée scolastique et se divisaient en deux entités. Le limbe des patriarches qui aurait reçu les âmes des justes morts entre la faute d’Adam et la résurrection du Christ ; grosso-modo la salle d’attente pour les gens bien ayant eu le malheur de naitre entre le moment où le premier humain aurait fait la première connerie et celui où le Dieu créateur aurait arrêté de bouder parce que sa progéniture avec une humaine qu’il boudait moins que les autres avait été tuée par lesdits autres en lui demandant de ne pas bouder encore plus. Je suis conscient de l’existence de Celui-au-dessus-des-Autres, créateur du Tribunal Vivant et du Multivers dans lequel notre univers se trouve, et je pense qu’il a mieux à faire que répéter à l’infini une relation toxique avec les humains. Le second limbe est celui des enfants, qui recevrait les âmes des enfants morts avant d’avoir été baptisés ; grosso-modo, les victimes d’un vice de procédure n’ayant rien fait pour mériter l’enfer mais ayant passé l’arme à gauche avant d’avoir pu se faire pardonner la connerie originelle qu’ils n’ont pas faite et que tous les patriarches précédemment évoqués se sont fait pardonner par l’aller-retour de Jésus. Il va donc falloir attendre qu’il revienne et reparte pour que les nourrissons que Dieu a rappelés à lui avant leur baptême puisse Le rejoindre, je suppose. Ça doit être une question d’administratif : l’heure du départ est fixée indifféremment de si les papiers sont en ordre. Même l’omniscience ne peut rien contre l’administration. Ce qui pose la question de l’omnipotence, d’ailleurs. Sarcasme mis à part, c’était surtout une menace employée par l’église pour que les nourrissons soient baptisés le plus vite possible. Et, si cela fonctionnait vraiment ainsi, ce serait le lieu où la majorité des gens iraient à présent que l’athéisme est la croyance majoritaire. Ce qui m’impressionne : comment peut-on être athée dans un monde où Thor dispose de produits dérivés ?
Nonobstant ces considérations théologales, les Limbes telles que connues des Maîtres des Arts Mystiques sont une dimension effectivement dotée d’un aspect infernal. Des désolations volcaniques parcourues de rivières luminescentes sous un horizon de flammes et un ciel couleur sang. Même là, la vie s’est frayée un chemin. "Ici se trouvent les dragons". C’est, d’une certaine façon, bien mieux que des démons : moins d’intérêt à récolter les âmes humaines afin de les transformer en de nouveaux démons. Je me méfie néanmoins de ce qui semble être des engeances de Seth à la même mesure que celles de Cthon. Après, tant qu’elles restent chez elles, on reste chez nous. Malheureusement, le chaos de la mutation est venu mettre son nez ici aussi.
L’affaire ne présentant pas de danger immédiat, c’est un autre Maître des Arts Mystiques qui s’est occupé de cette investigation. Par le miroir et l’astral, il a pu obtenir des informations ; dont la nature mutante des portails de téléportation menant aux Limbes. Ils sont réguliers. Quotidiens. Le fait d’une jeune blonde dont on pourrait synthétiser la vie en un mot : paumée. Lorsqu’il n’est pas question de se réfugier dans les Limbes en compagnie d’un dragonnet, qui a dû la prendre en affection ou veut l’utiliser sachant que l’un et l’autre ne sont pas mutuellement exclusifs, il est question de petits boulots et de difficultés sociales. D’un foyer pour enfant. D’une personne brisée. Le rapport m’a fait soupirer.
« Cela me semble une affaire pour Maître Drumm, ai-je dis sans quitter les yeux de mon livre.
- Il ne peut malheureusement pas se téléporter, m’a rappelé Grem, commençant à rattraper les raisons de mon soupir précédent.
- Allez-y ensemble.
- Sauf votre respect, Docteur, mais les interactions de la jeune femme que j’ai observées me laissent penser que ce n’est pas la diplomatie dont elle a besoin. »
Là, le soupir est pour ça. Je critiquais le principe du limbe pour enfants puisqu’il s’agissait de l’absence de formalité administrative empêchant d’accéder au paradis à l’instant. Or il se trouve que je récupère les cas sociaux des Maîtres des Arts Mystiques et que cette affaire va impliquer que la téléporteuse ne passe même pas par Kamar-Taj avant d’atterrir chez moi.
Las, je ferme mon livre. Je lève le regard vers Grem alors que ma main s’abaisse et que l’ouvrage se volatilise, retournant sur mon bureau. Les yeux hétérochromes fixent le Disciple alors que ma main couturée de cicatrice s’en va jusqu’à la jupe de ma robe sans manche d’un bleu royal, au-dessous des sept ceintures de cuir ou de tissage aux boucles cuivrées qui enserrent ma taille et ma robe contre la tunique de denim et le pantalon sombre. Pantalon qui se réfugie sous des bottes de cuir lassées de bande de tissus d’un bleu royal similaire à celui qui sangle mes avant-bras, au-dessus de mes mains, et contraste avec le rouge profond de la Cape de Lévitation. Les fermoirs en or de celle-ci renvoient à l’Œil d’Agamotto qui repose sur mon torse, symbole de ma fonction. Se redressant, ma main récupère l’Anneau de Téléportation de bronze à mes ceintures puis je me positionne de manière à ouvrir un portail.
« Restez-ici, demande-je à Grem, mes Apprentis ont besoin de supervision.
- Ils sont donc vos Apprentis ?
- A temps partiel lorsqu’ils ne boudent pas, réponds-je avec sincérité. Je m’en voudrais qu’ils détruisent le Sanctuaire en mon absence. »
Le portail étincelant se forme devant mon bureau, dévoilant les bibliothèques qui couvrent le mur derrière moi ainsi que ma propre personne alors qu’il me dissimule bureau et fenêtre pour le décor pittoresque d’une dimension qu’il n’est pas faux de qualifier d’infernal. Le souffle chaud qui s’en échappe agite ma robe, la Cape et mes mèches de cheveux jusqu’ici ordonnées. Le portail étincelant ne touche pas le sol mais est suffisamment grand pour que je le franchisse d’un pas sans me baisser. Ce que je fais.
J’ai visé le dragon et obtenu le dragon. Celui-ci est rejoint par la gamine, sautant à son secours. Bras le long du corps et portail dans le dos, je plisse les yeux pour la détailler. Taille moyenne, corpulence fine, cheveux blonds, prête pour aller à l’école publique d’un quartier de la classe moyenne inférieure au mieux. Elle est surprise. Elle est territoriale. Elle est vulgaire. Elle m’arrache un sourire amusé.
« Je viens vous voir tous les deux, réponds-je avec un parler rapide. Se présente-t-on ou préférez-vous que je vous nomme "le dragon et sa gamine" ? »
Mes appuis sont corrects et, tout détendu que je sois par habitude de me trouver dans des situations dangereuses, je filtre la lumière au sein de mon corps pour être prêt à réagir. La Cape de Lévitation se charge de ma défense corporelle et je me charge de la physique comme de la mentale.
Depuis le temps que j’ai trouvé cet endroit, je n’ai jamais vu personne d’autres s’y perdre. Lockheed ne compte pas, puisque c’est aussi chez lui. Bon d’accord… Cette affirmation n’est qu’à moitié vraie. Il y a bien eu, en de rares occasions, des traces de passages. Ou du moins une impression dérangeante. Mais je n’y ai jamais vu personne de visu. Et j’ai pourtant parcouru ces terres incroyables en long, en large et en travers. Ses eaux bleues luminescentes, ses pics acérés et son ciel de feu me sont plus familiers que ce que les gens appellent le monde réel. C’est chez moi. C’est chez nous.
Autant dire qu’apprendre que quelqu’un peut non seulement y pénétrer, mais qu’en plus, il le fait quand j’y suis, ne me plait pas. Si le premier clampin du coin trouve un moyen d’ouvrir un portail, notre refuge n’en sera plus un. Et c’est hors de question. J’ai cherché trop longtemps un lieu où me sentir en sécurité. J’ai lutté trop longtemps, contre trop de monde, pour accepter une telle intrusion. J’ai trop souffert pour laisser quelqu’un piller et polluer mon monde et mon refuge. Et c’est toujours ce que font les hommes.
Mon regard s’attarde sur celui qui est sorti de ce portail de téléportation et qui me fait maintenant face. Plutôt grand et bien bâti, bien coiffé, bouc bien taillé… Trop propre sur lui. Et vieux. Il pourrait passer pour un dentiste ou un avocat. Quelle horreur. Si ce n’est son accoutrement. Je peux comprendre l’intérêt de se démarquer d’un vendeur de tapis ou d’un détective privé, mais n’a-t-il aucun bon sens, ou même un infime sens de la mode ? Pourquoi ressentir ce besoin de se faire remarquer par des tenues totalement improbables ?... Même si je dois reconnaître que, tout aussi ostentatoire et empruntée soit-elle, elle n’est pas dénuée d’un certain charme. On va dire ça comme ça. Je détaille sa tunique bleue roi et les bandes sur ses avant-bras. La multitude de ceintures en cuir qui enserrent sa taille. Pourquoi autant de ceintures ? C’est un tantinet ridicule non ? Il s’en sert peut-être pour attacher les gens. Un sourire relève le coin de mes lèvres. « Du BDSM tu crois ? »
Il interrompt mon examen en me répondant. Okay, il a le droit à toute mon attention et ça ne me plait pas des masses. Ah pas toute mon attention finalement. Sa cape. Elle est chouette sa cape et elle… bouge toute seule ? Ce n’est pas le moment. Secouant la tête, j’aperçois Lockheed qui volète autour de nous, avant de venir se poser sur un promontoire presque face à lui, poussant un cri à son intention. Je soupire et le rejoins d’un bond, atterrissant souplement à ses côtés. « Il dit que je ne suis pas sa gamine. » S’il pense me vexait en m’appelait comme ça, il se trompe.
Je penche la tête sur le côté en observant sa cape, qui bouge alors que le vent est inexistant. « Elle est sympa votre cape. Ils font la même pour mec ? » Et sa babiole aussi est cool. Celle autour de son cou. J’aime bien. elle m’irait bien ! « Et ce n’est pas un dragon. C’est mon ami. » Ami, confident, protecteur. Qui vient d’ailleurs se poser sur mon épaule, cognant sa tête contre la mienne comme le ferait un chat. Je le grattouille sans quitter l’intrus du regard. « Pourquoi se présenter ? ça ne me dira pas ce que vous venez faire chez nous. » Je me penche pour regarder derrière lui, à travers le portail toujours ouvert. Du bois, des livres, une cheminée. Un bureau ? Mais qui a une cheminée dans son bureau ? Ouais, question stupide je sais. Un sale con qui se croit partout chez lui. Mais il semble être seul. « Vous n’avez pas répondu à ma question. Vous êtes chez nous, ce sont nos règles. Pourquoi vous êtes-là ? Vous comptez le fermer ce portail ou vous avez peur de pas savoir en rouvrir un ? » Petit sourire de ma part. Nouveau cri de la part de Lockheed. Beaucoup trop sociable pour un dragon. « Il s’appelle Lockheed. » Un soupir. « Magik, je suis Magik. Enchantée de faire votre connaissance. » Je mime une révérence, Lockheed lâchant mon épaule pour s’y reposer aussi rapidement. « Maintenant vous avez tente secondes pour me répondre avant que ça ne me gonfle sérieusement. »
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Je perçois d’autant plus facilement le dégout de la gamine qu’elle ne fait rien pour le cacher. Tout comme ses doutes. Il m’est plus facile de lire les expressions et la gestuelle d’une humaine que d’un dragon. Je me laisse donc détailler tout en observant également. La fixation sur mon bassin est plus longue que sur le reste mais l’aparté sarcastique est rassurant quant à son implication. Il ne m’empêche pas de froncer les sourcils de perplexité et d’enchainer pour ne pas me mêler de ce que je n’ai pas envie de savoir. Comprendre la vivacité de pensée et le déficit d’attention de la gamine est suffisant comme information. Sachant que je vais voir jusqu’où le dragon et elle sont capables de se concentrer. Pour elle, le déficit est confirmé dans les secondes suivantes. Observatrice néanmoins.
Le dragon s’assure un certain contrôle du terrain en profitant de son vol. Cela ne dure pas mais doit réclamer de l’attention à la Cape. Lorsqu’il se pose face à moi et s’exprime, j’acquiesce de la tête et du buste en une salutation respectueuse. Puis je me fends d’un sourire en coin lorsque j’ai une traduction dont j’ignore l’exactitude. Je vais donner le bénéfice du doute, d’autant que la propriété seule est contestée. Reste à savoir si c’est vrai et si la propriété est inverse. Un peu comme entre la Cape et moi.
« Elle est sympa votre cape. Ils font la même pour mec, provoque la gamine en me déclenchant un pouffement nasal face au manque de profondeur de ses insinuations. Et ce n’est pas un dragon. C’est mon ami.
- On dirait que les apparences sont trompeuses, accorde-je avec un sarcasme, dont je ne suis pas certain que la gamine soit capable de comprendre les différentes couches, et un sourire lorsque l’ami vient se poser sur l’épaule de la gamine avant de manifester son affection féline ; ce qui me renforce dans l’idée qu’il s’agit de l’humaine du dragon et non l’inverse, même si le dragon lui laisserait croire ce qu’elle veut tant qu’elle se comporte comme lui le veut. Je n’avais pas réalisé que j’avais affaire à un garçon manqué et non une fille réussie.
- Pourquoi se présenter, demande l’autre en agissant exactement comme le "propriétaire" d’un chat le ferait et comme ledit "animal de compagnie" le réclamait, me laissant blasé. Ça ne me dira pas ce que vous venez faire chez nous.
- Je viens vous voir tous les deux, rappelle-je avec simplicité, sachant que se présenter évitera de s’appeler "l’ami, le gamin et le vieux con" ; même si le titre est vendeur. »
Je m’abstiendrais de toute blague sur les blondes, pour des raisons personnelles plus que par absence de correspondance entre celle qui me fiat face et lesdites blagues. Je me contenterais aussi de l’Ami et de la Gamine pour l’heure, s’il le faut. Elle est bavarde et fournit beaucoup d’informations tout en confirmant pourquoi il ne fallait pas envoyer quelqu’un qui n’est pas habitué aux provocations et au passif-agressif comme mécanisme de défense.
L’entêtement de la gamine à vouloir plus de détail sans les demander explicitement et en passant pour une tête de mule désagréable m’amuse. Son territorialisme est celui d’une personne qui n’a pas grand-chose, incluant la maturité de partager le peu qu’elle a par empathie avec les autres qui ont aussi peu qu’elle. On dit que c’est ce mécanisme qui fait la générosité des gens pauvres… elle est pauvre mais elle est adolescente aussi. Adolescente qui m’amuse lorsqu’elle met en doute mes capacités à sortir d’ici ; par provocation plus que par test, évidemment. Puis son ami intervient en ma faveur, étant surement le plus mature des deux. Comme anticipé.
Lockheed.
Un soupire de la gamine. Un remerciement de la tête de ma part.
Magik. "Je suis Magik". La présentation de la gamine est faite cette fois et elle ne dévoile qu’un pseudonyme se voulant edgy par son double-sens d’autant plus ironique qu’elle tire ses pouvoirs d’une mutation et non de la dimension présente. Même s’il est possible de considérer le Gène X comme magique ; voire plus que les Arts Mystiques dont les mécanismes sont constants et liés à des formes avancées de physique. L’enchantement de la gamine est aussi ironique que sa référence le signifie tandis que cette seconde partie force le dragon à quitter son perchoir un instant.
« Maintenant vous avez tente secondes pour me répondre avant que ça ne me gonfle sérieusement.
- Je suis le Docteur Stephen Strange, Sorcier Suprême des Maîtres des Arts Mystiques de Kamar-Taj et Protecteur de la Terre face aux menaces provenant d’autres Dimensions, comme celle-ci, dis-je avec simplicité et la vitesse habituelle, ayant besoin d’une demi-douzaine de secondes pour étaler titres et Ego. J’enquête sur les passages réguliers entre la Terre et les Limbes afin de déterminer s’il y a danger ou besoin de mon aide. Maintenant que c’est énoncé, j’espère que votre répartie sera à la hauteur des mérites de mon rang et que vous ne vous contenterez pas d’un "ni danger ni besoin, bye-bye". »
Je conclus après une vingtaine de secondes de paroles en écartant légèrement mes mains couturées de cicatrices en un geste signifiant à Magik que j’accueille son meilleur sarcasme. Si Lockheed, ou Magik d’ailleurs, a un minimum de culture concernant la Terre, ce qui n’est pas impossible même si improbable je l’accorde, je ne doit pas lui être inconnu. Tous les mondes de l’Yggdrasil me connaissent d’une certaine façon, même s’ils sont très liés à la Terre, et j’ai encore accru ma réputation lors de la Guerre d’Infinité en dévoilant que j’étais gardien de la Pierre du Temps ; le gardien qui l’a donné à Thanos, d’ailleurs. "N’y avait-il aucun autre moyen ?" est la question que les humains se posent car ils savent que je suis un héros. Je me doute que d’autres mondes n’ont pas forcément cette même perception. Après, tous doivent reconnaitre que mon plan a marché : tout le monde est de retour. En un mot comme en cent même si mon Ego préfère le développement, je suis à prendre au sérieux.
Je devrais m’estimer heureuse qu’il soit plutôt… flegmatique ? Ouais, flegmatique ça sonne bien. Mais en vérité, c’est quelque peu agaçant, frustrant, qu’il ne réagisse à aucune provocation. Non pas que cela risque de m’arrêter, mais je le trouve trop tranquille pour un envahisseur. Parce que c’est exactement ce qu’il est, d’autant plus qu’il se comporte comme s’il était déjà en terrain conquis. N’exagère pas. Groumpf. C’est tout ce que j’ai à dire.
Mes yeux se plissent quand il s’incline, face à Lockheed. Je ne suis pas assez débile pour croire qu’il se montrerait si respectueux face à une gamine, et une partie de moi se satisfait de ça. La plupart du temps, les gens se moquent plus ou moins ouvertement de moi et de mon dragon. Personnellement, je m’en tamponne, ils sont trop stupides pour voir au-delà des apparences, et ils ne trouveraient pas leur trou du cul dans l’obscurité si on ne leur montrait pas le chemin. Et, évidemment que ça vient du fait qu’on est chez nous, dans les Limbes, et que Lockheed est clairement bel et bien vivant. Mais… cette déférence est agréable. Tu sais que je m’en moque également n’est-ce pas ? Pas moi.
Je penche la tête sur le côté alors qu’il semble reprendre mes mots. Il lit dans les pensées ? Non je le fatiguerais plus vite que ça je pense. « C’est super sexiste comme phrase vous savez ? L’expression garçon manqué. » Je sais, ce n’était pas le sujet… Pourquoi il veut nous voir ? Un sourire relève le coin de mes lèvres alors qu’il continue. « J’aime bien ce titre. Rappelez-vous juste que ce n’est pas moi qui vous ai traité de vieux con à l’origine. » C’est déjà une bonne chose qu’il reconnaisse l’être. Vieux et con donc.
Mais puisqu’il est là pour nous voir, tous les deux, il est visiblement de bon ton d’accéder à sa première requête. Ce que je finis par faire, non sans faire savoir mon mécontentement à mon ami insistant. Polie et souriante, une vraie maîtresse de maison.
Et c’est à son tour de se présenter.
Oh. La. Vache. On dirait un gamin qui récite sa poésie. Mes yeux s’écarquillent en l’écoutant déblatérer tous ses titres et autres machins pompeux digne du Moyen-âge. Et je fronce les sourcils en le dévisageant, sans trop savoir par où commencer. Trop d’informations, trop de possibilités de vannes, c’est difficile.
« Vous répêtez tous les jours devant votre miroir ? Ça se voit un peu, c’est pas méga naturel. Faudrait un peu améliorer ça je pense… pour avoir l’air moins con je veux dire. » Je hausse les épaules, après tout, ça me regarde pas. « Strange, c’est votre vrai nom ou vous l’avez choisi pour coller avec accoutrement et surnoms ? » Qu’il le veuille ou non, la question se pose. « Vu comment vous parlez de vous-même, vous avez l’air super important, au moins dans votre tête. Vous êtes… sorcier ? Genre Harry Potter ? Et je suis censée vous connaître ? » Je jette un regard incertain à Lockheed qui pousse un cri. Il a combattu Thanos. Etcetcetc. Ah. Quand même. « Vous avez aidé à ce qu’on revienne. Cool. C’était super cool. Merci vraiment. » Sisi je suis sincère.
« Du coup pour répondre au reste… Je me fous de votre rang. Sans vouloir vous offenser. » Je grimace. « Mais il n’y a pas de danger, nous n’avons besoin de rien, merci de votre sollicitation, au revoir. » Je continue de le fixer et soupire de nouveau. Je me téléporte jusqu’à un rocher non loin de lui, m’asseyant en croisant les jambes alors que la curiosité prend un peu le dessus. « Pourquoi vous enquêtez sur ça ? Qu’est-ce que ça peut faire qu’on passe de la Terre aux Limbes ? En quoi ça intéresse le grand sorcier suprême magique de… Les gens vous appellent pas vraiment Sorcier Suprême blablablaaaa si ? Ça doit être méga relou. Je préfère vieux con, c’est plus rapide. Et pourquoi docteur ? Et vous avez eu quoi aux mains ? »
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Un garçon manqué pour désigner une fille est en effet sexiste mais obtenir cette réplique de la part d’une personne voulant m’attaquer sur ma masculinité et n’ayant rien à répondre lorsque je lui parle de la sienne me laisse considérer que j’ai gagné cette manche. C’est presque décevant mais je passe rapidement à autre chose. L’appréciation de "L’ami, le gamin et le vieux con" de la part dudit gamin déclenche une connivence du vieux con que je suis et je me rappellerai parfaitement que c’est moi qui me suis nommé ainsi : à Magik de trouver autre chose. Ou de montrer qu’elle peut être guidée par une opposition constructive et une forme inhabituelle de respect ; comme avec Dominique. Je n’ai pas peur du conflit et je suis suffisamment misanthrope pour ne pas avoir besoin d’une gentillesse plate voire fausse et hypocrite dans mes relations. C’est pour cela que je suis ici, d’ailleurs.
Qui je suis surprend Magik et lui offre du grain à moudre dans sa rébellion de principe. A sa surprise succède son rôle et j’écoute ses provocations avec attente de voir jusqu’où elles iront. Attaque sur le quotidien, voilà qui dépasse un peu la moyenne. Surenchère sur ce point, c’est passable. Attaque sur mes compétences, c’est moins bien.
« Strange, c’est votre vrai nom ou vous l’avez choisi pour coller avec accoutrement et surnoms ?
- Dixit la mutante qui se fait appeler "Magik", souligne avec une nonchalance accompagnée de connivence ; même s’il est possible de considérer l’échange comme ex-aequo voire pour elle, puisque je ne réponds pas à la question.
- Vu comment vous parlez de vous-même, vous avez l’air super important, au moins dans votre tête. »
Santé mentale, c’est mieux. Après, je suis effectivement la personne la plus importante de l’Histoire récente et ce à l’échelle universelle : Thanos a réussi à faire le Snap grâce à moi et Stark a réussi à défaire les deux grâce à moi. Tout a fini par se passer comme prévu. Après un million et six cent quatre essais dont je suis le seul à me souvenir. Les autres savent juste que j’avais le plan. Enfin, ceux qui me connaissent. Que Magik pose la question me donne envie de lui répondre que seules les personnes ayant vécu dans les parties civilisées de l’univers ces cinq dernières années sont sensées me connaitre mais je m’en abstiens puisqu’elle va chercher le renfort de son dragon et n’est donc plus réellement dans la joute verbale. Dommage, j’aurai bien aimé m’impressionner d’avoir eu l’air tellement con dans ma présentation que mon interlocutrice ait l’intelligence d’avoir besoin d’une confirmation que je suis un sorcier en plus d’un sorcier suprême. Cela étant ajouté au point précédent, évidemment. Je m’en abstiens néanmoins et me concentre sur l’information qu’elle a une culture humaine : Harry Potter.
« Vous avez aidé à ce qu’on revienne, conclut-elle après une explication de Lockheed, m’amenant à acquiescer pour confirmer comme remercier le dragon. Cool. C’était super cool. Merci vraiment. »
J’ai un pouffement guère convaincu par sa bonne foi mais je note qu’elle fait partie des Snapés. Et qu’elle poursuit bien vite "pour répondre au reste". Le moment de sincérité est passé et les défenses reviennent au galop : elle se "fout du rang", au point d’avoir besoin de confirmation pour le sorcier sans doute, "sans vouloir m’offenser", avec une ironie certaine. Puis, comme prévu, elle m’éconduit. Sachant que, comme prévu toujours, le fait de m’être autoqualifié de vieux con m’épargne la créativité qu’elle aurait pu faire preuve dans l’utilisation d’un surnom et, jusqu’ici, l’utilisation de ce surnom-là aussi. Comme je le supposais, Magik n’est pas méchante mais juste paumée.
Au point qu’elle se contredise avec la vélocité et l’énergie de la jeunesse. "Cassez-vous", disent les mots, "mais attendez", disent les gestes : la téléportation à mon côté, que je laisse faire sans bouger. "Je m’en fous", disent les mots, "mais je suis curieuse", disent les gestes : réutilisation du titre avec déformation à but provoquant. Ensuite arrive son incapacité à analyser toutes les informations données par ledit titre considérant les questions posées précédemment et auxquels les premiers mots ont répondu "pas de danger, besoin de rien, merci bye-bye" tandis que les seconds s’intéressent aux réponses… puis l’égarement au fil de son esprit.
« Les gens m’appellent Docteur car j’ai deux doctorats, réponds-je simplement après le flot de question dont la dernière me fait jeter un regard à mes cicatrices manuelles. Et que c’est plus court. Mais je prends note de votre préférence, gamin. »
Mes yeux quittent mes mains pour en revenir à l’autre lorsque je m’adresse à lui. Bras le long du corps, je fixe Magik avec la satisfaction d’avoir suffisamment bien placé les éléments pour qu’elle les réutilise comme je l’entends.
« Maintenant, puisqu’on veut tous les deux des réponses, pourquoi ne pas marchander ? Echange d’informations équivalent. »
Je lui laisse un instant de réflexion avant de poursuivre.
« Est-ce que je m’entraine devant le miroir ? Est-ce que Strange est mon vrai nom ? Est-ce que je suis du genre d’Harry Potter ? Pourquoi j’enquête sur les Limbes ? Qu’est-ce que cela peut faire que vous passiez des Limbes à la Terre ? Qu’ai-je eu aux mains ? »
Après m’être remis en marche, j’avance jusqu’au rocher où Magik se trouve. La Cape se décroche de mes épaules afin de léviter sur place alors que je me retourne pour m’assoir au côté de la jeune fille.
« J’ai déjà répondu à l’appellation et au titre universitaire, ça fait deux infos, signale-je comme si de rien était en regardant mon interlocutrice. De plus, la Cape de Lévitation est unique. Trois à zéro. Votre tour. »
Il est possible que je sois un peu – je dis bien un peu – curieuse. Je suis toujours mécontente qu’il ait osé se pointer chez nous comme si c’était un Walmart, mais son monologue quant aux raisons de sa présence ici est… divertissant ? Surprenant ? A mourir d’ennui ? Un mélange des trois. Etrange donc. Comme lui. Docteur Stephen Strange. Sorcier suprême j’ai déjà oublié la fin de ses interminables présentations. Lockheed le connaît, je ne sais absolument pas comment, mais il connaît tout, donc ce n’est pas étonnant, et il a l’air de vouloir être agréable. À défaut d’autre chose. Alors oui, je suis curieuse.
Je hausse les épaules. « Magik me convient parfaitement, c’est ce que je suis. » Il se moque, mais il ne me répond pas. Je redemanderais plus tard au pire, si je suis toujours d’humeur à la discussion… Et je vais peut-être éviter de m’en prendre au grand sorcier blanc. Même si ça pourrait être amusant. Ou pas. Il a fait en sorte qu’on revienne, mais ce n’est pas pour autant qu’il a combattu Thanos seul, ni qu’il a réussi seul. Du coup, je suis potentiellement plus puissante que lui. Toutefois, ce n’est pas le moment, j’ai bien compris.
Je pense que c’est important que tu lui parles. Il peut avoir des choses intéressantes à te dire. Quoi ? Mais n’importe quoi ! Je ne déconne pas quand je dis qu’il est curieux aussi. Ou peut-être qu’il sait des trucs en plus, ce ne serait pas étonnant. Bref comme vous l’aurez compris, je suis partagée. J’ai envie qu’il se casse de notre refuge, et en même temps, j’aimerais comprendre ce qu’il fait là. Je n’ai pas envie de lui parler ou d’être sympa, mais en même temps, si je ne lui parle pas, je n’aurais jamais de réponse. Les gens c’est nul. Les relations humaines, c’est beaucoup trop compliqué.
Et puis, ce n’est pas comme si je craignais quelque chose face à ce vieillard, ici encore moins qu’ailleurs. S’il veut vraiment parler, autant le faire sur mon territoire.
Hum. Deux doctorats, ça fait combien d’études ça ? Carrément trop. Trop intelligent donc, je n’avais pas trop de doute à ce sujet, et ça ne change rien de toute manière. Je tique sur le gamin, mais c’est de bonne guerre, d’autant qu’il le dit pas pour être blessant. Enfin je ne crois pas.
J’aime beaucoup moins la façon dont il me regarde après, en mode satisfait. Ah. Merde. Nouveau cri de Lockheed, qui m’incite à accepter. Comme si je pouvais refuser de toute manière. Comme si j’avais envie de refuser. J’ai envie de l’envoyer péter, sans avoir envie. De toute façon, dans le pire des cas, quoi que je dise, il ne saura pas si ce sont des conneries ou pas, pas vrai ? « Un échange ça me va. »
Il reprend toutes mes questions, même les plus idiotes posées pour l’emmerder. Il va répondre à tout genre pour de vrai ? Une partie de moi trouve ça cool. Une toute petite partie. Et s’il vient s’asseoir à côté de moi, mon regard reste fixée sur la cape. « Elle est trop cool. » Quelques mots m’échappant d’une voix rêveuse et mes joues rosissent malgré moi quand je m’en rends compte. Il s’assoit à côté de moi et je toussotte en lui jetant un coup d’oeil, alors qu’il mentionne justement ladite cape. « La Cape de Lévitation… Elle est vivante ? Enfin je veux dire, indépendante ? C’est elle qui décide de rester là ou c’est vous ? »
Je soupire. Okay. « Vous ne m’avez pas vraiment posé de questions. » Je me tourne un peu pour lui faire face, Lockheed étant installé un peu plus en hauteur. Voilà pourquoi je n’ai pas besoin de surveiller mes arrières. Pourquoi je n’ai besoin de personne d’autre. Il est là. « Je n’ai pas de doctorat. Et j‘adore les milkshakes à la framboise. Et ceux au chocolat. » Je désigne mon ami. « Lui a une préférence pour la framboise. » Illyana, fais un effort. Hé ce sont des informations ! Il n’a qu’à être plus précis ! Je n’ai pas besoin de tourner la tête pour le voir décoller pour se rapprocher de nous. « Je ne sais pas ce que vous voulez savoir. » Je fronce un peu les sourcils et joue avec un fil qui dépasse de mon jeans troué. « Ce n’est pas une dimension. C’est ma dimension. Mes limbes. Je les ai créés quand j’étais gamine. » Je suis quasi sûre à 100 % de les avoir créés. « Il n’y a personne d’autre qui y circule et il n’y a jamais eu personne d’autre… Sauf vous aujourd’hui. » Je le fixe. « Je ne suis pas une menace. » Un silence. « J’essaie en tout cas. »
Je me relève d’un bond et m’approche de la cape, levant les mains pour montrer patte blanche. « Et toi tu viens d’où ? » Je penche la tête sur le côté et tends la main. « Salut. »
Logic will get you from A to B. Magic will take you everywhere.
Those who don’t believe in magic will never find it
"Magik" convient parfaitement au gamin. "C’est ce qu’elle est". Je redresse légèrement la tête et plisse tout aussi légèrement les paupières à cette insistance. J’ai déjà argumenté que le Gène X est scientifiquement plus magique, plus difficile à expliquer, dans ses effets que les Arts Mystiques. Néanmoins je ne perçois aucune canalisation chez "Magik". Aucun art mystique. Aucune magie. Se pourrait-il que ce soit de l’ignorance et de la croyance ? Cela irait avec l’aspect "perdue" de la jeune femme mais remonterait donc à loin dans son passé. Pas forcément au Snap, sauf si ses pouvoirs se sont manifestés après le Blip. Il me semble cependant qu’on continuait de parler des Mutants dans les cours d’Histoire donnés aux enfants des années 2.000 et plus ; même si c’était bien moins d’actualité que dans les années 80 et 90.
Les deux doctorats donnent à réfléchir, tout comme la nouvelle occurrence de l’appellation "gamin". L’ami, le gamin et le vieux con. Rien n’est dit pour être blessant ; pas chez moi en tout cas. Je canalise la joute verbale par association de différentes idées proposées. C’est un échange. Il est même formalisé. J’acquiesce à l’acceptation de mon marchandage. Je fais les premiers pas.
Difficile de retenir un sourire face à la popularité de la Cape de Lévitation, toujours supérieure à la mienne et tout autant présente. Je ne suis plus certain pour Jean Grey mais je sais que Dulac, Raven, Mac Taggert et Kayser l’ont appréciée à sa juste valeur ; souvent plus que moi, à l’exception de Raven. Magik s’ajoute donc à cette longue liste.
« La Cape de Lévitation, entreprend d’hésite l’adolescente après un toussotement face à mon installation à son côté… Elle est vivante ? Enfin je veux dire, indépendante ? C’est elle qui décide de rester là ou c’est vous ? »
Je lui souris sans rien dire et le sourire devient plus sincère lorsqu’elle soupire et souligne que le jeu est biaisé car je n’ai pas réellement posé de questions. À elle de choisir ses réponses, donc. Ses informations. Le fait qu’elle se tourne vers moi montre qu’elle est prête à le faire. Alors je la laisse agir à son rythme et me contente de la regarder.
Elle n’a pas de doctorat. C’est plus une provocation qu’une réponse mais c’est par mimétisme et c’est fair-play. Elle adore les milkshakes à la framboise et ceux au chocolat. C’est sincère et c’est de sa propre initiative, m’apprenant l’importance de la nourriture pour elle. Ou au moins des boissons suscitées. Lockheed a une préférence pour la framboise. J’accepte toute information sur lui aussi, n’étant pas familier des "dragons" autre que ceux de Muspelheim.
Lockheed qui s’en vient nous rejoindre, attirant mon regard quelques instants avant que Magik ne reprenne la parole pour énoncer qu’elle ne sait pas "ce que je veux savoir". Je l’ai déjà énoncé. Il est plus probable qu’elle ne sache pas comment y répondre. Comment prouver ses dires précédents : "ni danger ni besoin, bye-bye".
« Ce n’est pas une dimension, insiste-t-elle alors qu’elle manifeste un geste anti-stress, ayant sans doute le besoin de posséder ce lieu ; ou d’y appartenir. C’est ma dimension. Mes limbes. Je les ai créés quand j’étais gamine. »
J’acquiesce sobrement. J’ai très envie de lui montrer la dimension miroir et de lui expliquer que le contrôle sur un lieu que l’on invoque ne signifie pas qu’il n’existait pas avant nous ou qu’il nous appartient mais je préfère me taire. Avoir raison c’est bien, être productif c’est mieux. Surtout que je pense que Magik cherche à se convaincre elle-même avant de me convaincre moi. Ce dont elle n’a pas besoin de me convaincre, c’est de sa solitude. Malgré la présence de Lockheed, "il n’y a personne d’autre qui y circule et il n’y a jamais eu personne d’autre". Sauf moi. Je suis anticonformiste. Elle en revient à moi.
Elle me fixe. Elle m’énonce qu’elle n’est pas une menace.
Je la fixe. Je m’apprête à acquiescer.
« J’essaie en tout cas. »
Eternelle problématique des mutants : essayer de ne pas être des menaces malgré eux. Les artistes mystiques apprennent à canaliser des effets par des techniques, s’ils n’arrivent pas à les contrôler alors il ne se passe rien. Les mutants manifestent des capacités généralement sous les affres du stress de l’adolescence, s’ils n’arrivent pas à les contrôler alors il peut y avoir des morts. Je ne saurais dire ce qui crée le plus de mort dans les écoles américaines : les attaques à l’arme à feu ou les émergences de pouvoirs mutants. Je sais juste que les secondes sont plus rares.
Magik m’interrompt alors qu’elle s’en va jusqu’à la Cape, levant ses mains comme pour montrer à un animal qu’elle n’est pas menaçante. Je regarde la Cape puis penche la tête du côté de l’adolescente pour lui demander de se laisser approcher. Lorsque Magik tend la main, la Cape lève elle aussi un coin de sa partie basse et m’amène à lui faire les gros yeux pour qu’elle ne tape pas sur la main qui s’approche d’elle ; comme un chat envoyant un coup de patte à un humain inconnu. Ce qu’elle fait tout de même.
« Elle est vivante et indépendante, fais-je remarquer en tachant de ne pas montrer mon agacement envers la Cape comme le fait que j’essayais de lui donner l’ordre de se laisser toucher. Elle a sa volonté propre et, considérant la technique avec laquelle a été tissée sa laine, elle est probablement originaire du japon du XVIIe siècle. »
Je marque une pause avant d’ajouter, blasé.
« Du fait qu’elle soit plus vieille que moi et qu’elle m’ait choisi, non l’inverse, il est plus probable que je sois son humain que l’inverse. »
D’où le fait qu’il n’y avait rien d’insultant à ce que Magik soit la gamine de Lockheed et non l’inverse. Chacun ses relations, néanmoins.
« Cela ne compte que comme une réponse, dis-je à Magik avec connivence alors que je me détourne de ses interactions avec la Cape. Quant aux questions à vous poser… »
J’ai envie d’attaquer directement sur les sujets sensibles mais je vais devoir m’en abstenir. Améliorer les choses au mieux, ne pas les aggraver au pire. Alors je me contente de tendre ma main gauche, baguée de l’Anneau de Téléportation, devant moi et d’agiter ma main droite en cercle. Les étincelles réapparaissent et ouvrent un portail de la taille d’une assiette sur le comptoir d’un bar se trouvant non loin du Sanctuaire, à New York, et où des soirées speed dating sont régulièrement organisées. La proximité du Sanctum fait que les épiciers sont habitués aux tours de magie mais ce n’est pas réellement le cas de la barmaid, surprise.
« Bonjour, lui dis-je simplement tandis que je ramène mes mains sur mes cuisses. Trois milkshakes, s’il-vous-plait. Deux framboises, un chocolat. »
Une pause alors qu’elle ne sait pas réellement quoi faire et se contente d’être starstruck. Je tâche de retenir la satisfaction qu’éprouve mon égo comme l’agacement qu’éprouve ma patience.
« Mettez-les au nom du Docteur Strange, précise-je donc pour la sortir de sa rêverie. Et bienvenu à Greenwich Village. »
Je laisse le portail se refermer alors que je retourne mon visage vers Magik.
« Comment avez-vous créé ces Limbes, finis-je par demander, toujours tranquille. Lockheed n’en est-il pas originaire ? »
J’hésite à lui proposer de l’aide vis-à-vis de ne pas être une menace mais je préfère m’en abstenir pour l’instant. J’ai des idées pour les prochains instants.
J’avoue, une partie de moi aimerait bien pouvoir rester calme et tout quoi qu’il se passe, comme lui, Professeur… Docteur Strange. Mais ça doit être chiant d’être aussi sérieux et impassible que ça tout le temps. Je me demande si c’est naturel ou si c’est juste une façade tiens. Probablement qu’il doit parfois péter un plomb aussi, non ? Ce serait à tester. Pas maintenant soit, j’ai accepté de discuter, autant aller jusqu’au bout et voir ce qu’il veut réellement. Il l’a déjà dit Illyana. Mouais. On verra.
Mais je joue le jeu donc, quand bien même ce ne sont pas forcément les informations qu’il aurait souhaitées. Ou du moins pas toutes. Si on discute, la moindre des choses, c’est d’essayer d’être sincère. T’as vu, j’ai retenu des trucs des séances ! Toute façon, c’est pas comme si je mentais d’ordinaire. J’ai pas mal de défauts, mais je suis franche, c’est déjà bien !
Et puis, si je donne des informations, ça me donne le droit d’avoir des réponses non ? Ou d’aller voir la cape ! … qui n’a pas vraiment l’air ravi de mon approche. Je tourne légèrement la tête vers l’homme quand il prend la parole et je ssecoue la tête. « Je ne voulais pas te faire peur. Ou te… que tu te sentes obligée ! » Je m’adresse évidemment à elle, pas à lui, même si je le regarde de nouveau en fronçant les sourcils. « C’est elle qui vous a choisi ? » Je fixe la cape et murmure dans un souffle. « ça veut dire qu’il est pas si nul que ça ? Ou que t’es juste perchée toi aussi ? » La question se pose ! Venant de moi, ça pourrait sembler un peu ironique j’en conviens. « Et t’as plus de 400 ans ? Vache, ça en fait des trucs à raconter. » Les yeux un peu écarquillés, j’ai une moue. « Encore désolée. J’aurais pas aimé non plus qu’on me fasse ça. » En mode tout sourire, salut, ça va. « J’aurais réagi pareil. » Du coup, c’était encore plus con de l’avoir fait. Mais quand même ! Une cape magique quoi ! Je ne pouvais pas passer totalement outre non plus !
Je reviens vers Strange, le remerciant vaguement d’un signe de tête. C’est plutôt cool étant donné que j’ai posé au moins mille questions. Je le suis des yeux, notant qu’il doit faire ses trucs magiques avec les mains, et je penche la tête sur le côté. Sérieusement ? Okay, je l’aime bien. J’entends distinctement Lockheed soupirer, et je jurerai le voir lever les yeux au ciel. N’empêche qu’il s’approche aussi ce ventre sur pattes !
Oh. J’aurais dû m’en douter. Je reste un moment à dévisager l’homme en silence et reprends ma place près de lui, les jambes repliées en tailleur. Lockheed en oublie même les milkshages que tient le doc et vient se poser sur ma cuisse. « Quand j’étais petite, je voulais… Je voulais un lieu où me réfugier, pour être en sécurité. Protégée. Tous les jours, je priais et je voulais… J’avais besoin de ce lieux. Mon refuge. Notre refuge. Et j’y suis arrivée.» Je marque une hésitation. « Vous savez, les choses vous paraissent toujours plus grandes quand vous êtes gamins, et en grandissant, vous vous dites ‘ah ouais, bof’ ?… Ce n’est pas le cas ici. Elles ont grandi avec moi. Elles sont devenues immenses. » Avec une pointe d’orgueil et de fierté, mon regard dérive autour de nous, admirant pour la milliardième fois les volutes rouges orangées. Chez moi.
Ma main passe sur la tête de Lockheed, et un sourire enfantin étire mes lèvres quand je reprends la parole. « Il a toujours été avec moi. » Le concerné pousse plusieurs cris et je hausse les épaules. « Peut-être qu’il existait avant. Mais c’est parce que je l’ai appelé qu’il est venu. J’avais besoin de lui et il est venu m’apporter son aide. Et je l’ai aidé en retour. » Je lève les yeux vers Strange. « Il était là avant les Limbes. Enfin je veux dire... » Je pointe ma tête de l’index. « Je l’entendais déjà, avant de créer notre refuge. Avant qu’il ne… » Je fronce les sourcils. « … devienne réel pour les autres. » Je n’aime pas ce terme, mais je n’en ai pas d’autres. C’est sans doute pour ce genre de phrases qu’on me prend pour une folle. Je frotte mon nez contre le crâne de Lockheed, avant d’évaluer l’homme par en-dessous. « Vous croyez que je mens ? »
Sans attendre de réponse, je me redresse. « On peut avoir les milkshakes ? » Coup de bec du dragon. « … S’il vous plait. »
Logic will get you from A to B. Magic will take you everywhere.
Those who don’t believe in magic will never find it
Magik ne voulait pas faire peur à la Cape. Cela me dessine un sourire en coin car ce n’est pas le cas. Elle ne voulait pas non plus que la Relique se sente obligée. Mon sourire s’agrandit puisqu’elle ne s’est en rien sentie obligée : la preuve, elle a viré la main.
« C’est elle qui vous a choisi, me demande le gamin en m’amenant à acquiescer pour confirmer avant qu’il se retourne. Ça veut dire qu’il est pas si nul que ça ? Ou que t’es juste perchée toi aussi ? »
La première question est prévisible donc décevante. La seconde plus appréciée de mon côté. La Cape ne répond pas du sien. Elle a peut-être quatre cent ans mais elle ne parle pas, à défaut d’être inexpressive lorsqu’on la connait. Actuellement, elle attend. Observe. Obtient des excuses qu’il m’aurait été impossible d’avoir moi. Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis. Toujours. Les gens…
« Les deux. »
J’accueille le signe de tête de Magik avec simplicité et en diminuant la satisfaction de l’avoir obtenu. On avance rapidement, même si les choses n’y paraissent pas forcément. Je ne suis pas doué avec les gens sauf lorsqu’ils sont aussi cons que moi. D’où la concentration au Sanctuaire de New York, d’ailleurs. Actuellement, je m’en sors plutôt bien. La gamine revient s’installer auprès de moi et prend une position durable. L’ami vient s’installer sur elle. Seule la Cape reste à distance de la socialisation.
Le récit de la "création" des Limbes est celui de Magik. De sa fuite. De son besoin de sécurité. De protection. "Tous les jours". Je me tiens droit et penche légèrement la tête en arrière, grave. J’ignore ce qu’elle a pu vivre pour en venir à être paumée et ainsi défensive mais j’ai désormais une idée de la durée : sa vie. Pauvre gamine. Sais-je que les choses nous paraissent toujours plus grandes lorsqu’on est nous-même petit ? Oui. Sais-je que les choses nous paraissent toujours plus petites lorsqu’on grandit ? Non. Parce que je les étudie suffisamment pour me rendre compte que plus j’en sais et plus je sais que j’en sais peu. Paradoxe de l’infini. Paradoxe que Magik semble expérimenter avec les Limbes. J’inspire sans rien dire puis suis le regard de la "propriétaire" des lieux sur ceux-ci. Les mondes sont grands. Celui-ci ne fait pas exception. Je ne sais ni où il se trouve ni dans quelle dimension il se trouve. Je le suppose cependant fini. Impossible de voir le ciel et les étoiles. Impossible de voir un quelconque horizon. Ce qui n’est pas inhabituel. J’ai déjà visité plus étrange. Même si je m’interroge aussi sur ce qui produit l’air respirable ici. Peut-être n’en a-t-on qu’une quantité limitée ; quoi que cela ne me semble pas crédible, sans quoi on ne pourrait rester ici aussi longtemps qu’on ne l’a déjà fait. Beaucoup de mystères à découvrir ici. Au premier rang desquels Magik. Est-il des mutants suffisamment puissants pour créer des mondes ? Cela signifierait effectivement que le Gène X crée des divinités. Sachant que la plupart des divinités sont bien loin d’être démiurgiques et souvent même inférieures à certains mutants très puissants. Ou humains très entrainés. Comme moi.
« Il a toujours été avec moi, déclare Magik à propos de Lockheed, m’amenant à la regarder lui caresser la tête comme à un chat. Peut-être qu’il existait avant. Mais c’est parce que je l’ai appelé qu’il est venu. »
Créer la vie est le pouvoir le plus puissant qui soit : celui qui permet de créer n’importe quel pouvoir, via le Gène X ou un autre analogue. Il n’y a guère de limite à ce que la vie, particulièrement la vie intelligente au sens humain, est capable de faire. Nous en sommes tous des exemples. Calme, je rends son regard à Magik sans avoir peur d’elle. J’ai déjà côtoyé des mutants plus instables et dont je savais la dangerosité capable de toucher l’espace-temps lui-même. Sans parler de ces putains de télépathes. Je considère donc ce qu’elle me dit et ce qu’elle me montre. D’un point de vue critique, cependant. Dans l’optique où je ne sois pas assis à côté d’un démiurge, qui reste la plus grande probabilité, l’histoire que Magik me raconte ressemble simplement à un appel d’un Lockheed présent dans les Limbes et ayant guidé Magik jusqu’à lui. Pour l’entraide. Il l’aurait donc choisie elle, non l’inverse. Télépathie transdimensionnelle, j’ai déjà expérimenté. Astrotélépathie, pas encore. L’intelligence permet d’user de l’une pour ne pas avoir à le faire de l’autre même si très peu de télépathes semblent réussir à le faire. Quant au lien psychique, j’en possède un également avec la Cape donc cela me semble très naturel. La Cape est toute aussi vivante que Lockheed, après tout.
« Vous croyez que je mens, demande Magik en ouverture de son exposé, m’amenant à la fixer avec tranquillité, avant de changer de sujet par peur de ma réponse. On peut avoir les milkshakes ? »
Lockheed se permet d’intervenir afin que la politesse soit rajoutée et ma tranquillité s’accompagne d’un pouffement puis d’un levé de sourcils. Je retends la main gauche afin de rouvrir un portail étincelant vers le même comptoir, espérant que la barmaid ait été suffisamment rapide pour les faire durant les explications. C’est le cas et le porte-gobelet au trois-quarts remplis disparait de devant la personne pour réapparaitre entre mes deux mains couturées de cicatrices, positionnées afin de le réceptionner.
« Merci, dis-je à la barmaid avant de laisser à nouveau le portail se refermer et de tendre la commande à Magik et Lockheed. Les voilà. »
L’un des avantages de la célébrité est les réductions et autres cadeaux que les gens qui nous admirent nous font. D’avoir contribué à sauver l’univers fait que je n’ai plus que rarement à m’inquiéter de trouver la monnaie pour payer un sandwich ; ou quoi que ce soit d’autre. Avec le voisinage du Sanctuaire de New York, on s’arrange à coup de service même s’il arrive de devoir remettre les dettes à zéro.
« Je ne pense pas que vous mentiez, non, réponds-je sincèrement, sans hésitation. Après, les vérités peuvent être subjectives. »
J’hausse les épaules avec nonchalance.
« Ce n’est pas ce qui m’importe le plus actuellement. »
Je me réinstalle avant de soupirer et de faire un tour d’horizon.
« Les miens et moi allons avoir besoin de temps pour étudier correctement ce monde, continue-je avec un certaine distance, avant de revenir pour la fixer. J’aimerai votre permission de le faire. »
Bon, je suis loin d’être le premier Maître des Arts Mystiques à venir ici. Nos connaissances de ce domaine remontent au moins a XIIIe siècle et je ne serais pas surpris qu’un membre de l’Ordre ait été impliqué dans la connaissance qu’en ont eu les chrétiens ; que cela soit avant, leur faisant découvrir, ou après, allant vérifier leur découverte. C’est un point néanmoins inconnu de Magik et je vais éviter de l’expliciter.
« Comment saviez-vous que l’on a nommé ce lieu "les Limbes" ? »
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