C'est l'histoire d'une araignée qui devrait regarder dans son dos...

Bon, au moins, elle en rajoute pas une couche sur ma taille ou je sais pas quoi du genre qui ferait que je suis pas crédible en étant… bah moi en fait. Ce qui est quand même un comble quand on y pense. Et non, je suis pas susceptible. Pas en temps normal en tout cas ! Bizarrement, la discussion s’enchaine, comme si on venait pas d’arrêter des sales types qui sont encore pas totalement maitrisés. Faut dire que, perso, je crains pas vraiment que la situation m’échappe et j’ai comme l’impression que c’est aussi son cas. Et elle m’intrigue carrément plus que quelques voleurs à la tire qui savent même pas prendre un virage correctement.

« Je suppose que oui. » Que je suis un gentil donc. En même temps, je me vois pas trop me définir autrement pour être honnête. Ca me viendrait pas à l’idée d’agir autrement non plus. Et je secoue la tête à sa question. Elle peut même m’entendre rire doucement. « Nan, ça ira. Je sais que c’est pas toujours… tout blanc ou tout noir. Et puis, j’aime bien. Les pas gentils qui essaient de changer. C’est tellement plus facile d’être du bon côté quand tu l’as toujours été. Alors, essayer de basculer, c’est… appréciable. » Ou quelque chose du genre. Forcément, elle me rend encore plus curieux.

Et, après une petite discussion avec la… peluche donc, je demande à K.A.R.E.N. un petit coup de main. J’arque un sourcil à sa question avant d’inspirer, hésitant une seconde. « C’est… mon IA. Elle m’aide pour tous les gadgets en fait. » Même si je saurais faire sans. J’ai fait sans d’ailleurs, pendant des mois, avant que Tony me file mon premier costume high-tech. Et je me demande vaguement si je saurais vraiment m’en passer aujourd’hui. Faudrait quand même que j’y pense plus sérieusement, histoire que je me retrouve pas coincé si – quand – ça arrive. « Ouais ! C’est tout nouveau ! J’avais pas encore eu le temps de les tester en situation réelle alors bah… j’en profite. » Bon, je devrais peut-être pas être aussi enthousiaste, ça fait pas super pro. « Plusieurs heures. » Je préfère pas trop préciser, surtout devant des types comme ceux qui nous entourent. Mais forcément, elle peut entendre une pointe de fierté dans ma voix.

Fierté qui augmente d’un cran en voyant qu’elle réussit pas aussi facilement que je l’aurais imaginé à découper ma toile avec son épée magique là. Le mur prend même avant et je souffle, dans un murmure, un « cool » , avant de reprendre, non sans toussoter, histoire de garder un semblant de… je sais pas trop quoi en fait. « Content de voir qu’elle résiste une demie-seconde donc. » Soufflé d’un ton amusé quand même. Je suis pas dupe, je sais qu’elle fera pas le poids, mais c’est un truc à tenter. Les armes magiques donc. Plus qu’à demander à Thor s’il veut bien jouer de sa hache quand on se croisera.

… okay ça sonne un peu bizarre.

Bref.

J’ai un haussement d’épaules quand elle me dit que je suis bizarre. « Tu sais, j’ai déjà pris une tape sur la main d’une cape pendant que j’étais dans l’espace parce que j’avais pas été assez poli. Alors maintenant, il m’en faut beaucoup pour me surprendre. » J’ai mis la barre assez haut, j’avoue. « Et c’est bien, il a raison. Pas de raison de tuer les gens pour rien. Enfin, c’est pas rien, je te l’accorde, mais… le résultat est là. Ils ont perdu, on a gagné. Et… les flics arrivent dans… » « Trois minutes M. Parker. » « Trois minutes donc. Le temps pour nous de dégager de là. » J’ai un temps d’arrêt à sa question, avant de reprendre, hésitant à peine le temps d’un battement de cils. « Tu veux vraiment qu’on partage un milk-shake ? Tous les deux ? Ce serait cool ! » Et j’agite une main dans les airs. « J’ai un peu de temps pour le moment, le monde a pas besoin d’être sauvé de suite. » Et puis, c’est pas tous les jours qu’on me propose ça en plus.

Quelle était la probabilité que je me retrouve dans cette situation ? A non seulement vouloir jouer les justicières du dimanche, mais à tomber par hasard sur – le vrai – Spiderman et qu’on se mette à papoter comme si les autres vilains n’étaient pas là ? Si la première partie est grandement due à mon petit ami, le reste est plus dû au fait que j’ai appris, un peu, à être sympa et à sociabiliser, grâce aux autres. Et oui, je sais, je pense un peu trop à eux, ça me gave aussi. Ce sont tes amis, c’est normal qu’ils te manquent. Hummm.

Toujours est-il qu’on papote avec Spidey, et que son rire et sa réponse me surprennent un peu. La tête penchée sur le côté, j’ai une moue et je hausse les épaules. « J’ai toujours trouvé ça ringard et trop stéréotypé les méchants qui essaient de devenir gentils. » Une gratouille sur la tête de Lockheed sans y penser. « Mais je suppose que c’est ce que je fais. Sans être non plus une méchante pure et dure. Enfin peut-être que si. J’en sais rien. » Un nouvel haussement d’épaules. Faut dire que je m’en fous un peu. Si je dois tuer pour survivre, je le ferais. Oui, j’essaierais de trouver une autre solution avant.

« T’as une IA perso ? Trop classe ! » Hé ! « Presque aussi classe qu’avoir un dragon en ami. » Personne peut teste contre toi, tu le sais bien. « C’est toi qui l’a créé ? Tu sais faire ça en plus de sauter partout et d’être un ninja ? » Je le fixe un instant et hoche la tête quand il répond en s’emballant en une demi-seconde. Je dirais bien que ça pète un peu le truc de super-héros, mais toutes ses réactions là, ça le rend moins… parfait ?... plus humain. J’aime bien du coup. « T’as raison, c’est l’occasion ou jamais ! Et ça marche super bien en plus. Félicitations ! » Une moue appréciatrice alors qu’on continue de parler toiles, gadgets et autres machins. J’observe les mecs scotchés et un sourire amusé étires mes lèvres. « Des heures coincés ici. Qui sait ce qu’il peut arriver durant tout ce temps ? » Une nana avec une épée magique qui veut s’amuser à découper la toile par exemple. Je galère un peu, mais j’y arrive. Et je suis sûre que j’y arriverais mieux la prochaine fois. C’est une nouvelle matière, mais maintenant qu’elle connait, elle ira plus vite, non ? Peut-être, c’est difficile à dire avec ton épée Illyana. Ouais, je lui demanderais de retester plus tard, c’est ça. Mon sourire revient un peu à sa répartie. « Sachant que le métal ne résiste pas davantage, c’est plutôt pas mal oui. » Je me suis souvent demandé ce qu’elle vaudrait contre les griffes de Wolverine. Tu crois qu’il le connait ? Je sens Lockheed qui me juge un peu fortement, et je laisse filer un soupir. C’est une interrogation tout à fait appropriée je trouve.

Je m’arrête, sac en main, et je relève la tête vers lui. « Une cape ? » Il ne peut pas y en avoir d’autres, si ? Ils étaient ensemble lors du snap. « Celle de Strange ? Moi aussi ! Pourtant j’ai été hyper polie, j’ai dit bonjour et tout !... Mais je crois qu’elle a un caractère aussi merdique que celui de son propriétaire. Elle ne l’a pas choisi pour rien. » Je souris. « Je suis contente de ne pas être la seule qu’elle a envoyé paître. » Mon amour-propre n’a pas été touché, mais au moins, je sais que ça ne vient pas de moi. Sac sur le dos, je ne peux qu’acquiescer, quoi qu’un peu à contrecœur. « Non, ce n’était pas rien. » De me voler Lockheed, pas le sac. Mais… « Oui, c’est bien. » Et trois minutes, c’est plus que suffisant en effet. C’est quand même hyper pratique d’avoir une IA. Je suppose que c’est l’IA qui lui a soufflé, sinon ses sens d’araignée sont plus flippants que ce que je pensais.

Et le voilà de nouveau un peu trop enthousiaste pour pas grand-chose. Sûre et certaine qu’il n’est pas beaucoup plus vieux que moi. Je lève la main. « J’ai pas dit partagé, on partage pas les milkshakes. Mais ouais… tous les deux. » Je le dévisage en souriant. « Ce serait cool. » Une hésitation. « Tu m’emmènes ? »

Comme quoi il faut toujours demander, parce qu’il accepte. Et c’est TROP cool ! Accrochée à lui, j’écarquille les yeux, laissant filer un rire ravi de gamine dans un ou deux virages. Il nous dépose devant un dîner que je lui ai indiqué, et je vois la serveuse qui nous fixe avec des yeux ronds. Ah j’aurais peut-être mes boissons gratos ! « C’était trop bien ! on recommence quand tu veux ! » Bon, lui, il fait ça tout le temps, mais quand même.

« Tu veux quoi ? » J’entre tout en parlant et m’arrête devant la serveuse. « Un milskshake framboise pour moi et… » Je le laisse parler, avant de rajouter. « Oh, et vous avez des céréales ? Dans un bol. » Je fronce les sourcils, sort Lockheed de ma poche et l’approche de mon oreille. « Quoi ? Oh. Deux milkshakes framboise plutôt s’il vous plait. » Je regarde Spiderman. « Ça t’embête si on prend à emporter ? »

On va pas se mentir. La plupart du temps, en cas d’agression, les gens passent leur chemin. Pas parce qu’ils sont pas concernés, mais parce que c’est bien plus compliqué que ce qu’on pense de s’interposer. Risquer sa vie pour des inconnus, sans la moindre garantie de s’en sortir, sans savoir ce qui va se passer ou même si lesdits inconnus vont pas vous en vouloir de les avoir aidés … ou de pas réussir à les aider. Bref, je suis habitué à intervenir tout seul alors là, forcément, quand je vois qu’une fille m’aide – aussi bizarre qu’elle puisse être – je suis plutôt content. Voir que quelqu’un d’autre a envie d’aider son prochain, même si c’est surtout parce qu’ils ont essayé de lui piquer sa peluche, ça me rassure un peu sur l’humanité.

Et on discute, comme si de rien était. Comme si des types étaient pas collés au mur par mes toiles et qu’on était pas dans une ruelle un peu glauque. « Je parle pas de méchants mais de pas gentils Note la subtilité. » Soufflé d’un ton léger, sans me vexer du fait qu’elle trouve ça trop ringard ou stéréotypé. « Moi tout ce que je retiens, c’est que tu m’as filé un coup de main. Et c’est cool. » Un hochement de tête au reste. « Ouais, elle s’appelle K.A.R.E.N. Et c’est presque aussi classe, mais pas totalement. » Index agité en direction dudit dragon avant de hausser une épaule. « Nan, c’est… » Un regard autour de nous, comme pour m’assurer que personne d’important risque d’écouter, me moquant bien des types qu’on vient de mettre à terre. « … Ironman. Quand il m’a offert mon premier costume high-tech. » J’ajoute, sans me rendre compte de la nostalgie qui pointe dans mes paroles. « J’ai eu de la chance hein. » Bon, je parle pas du contrôle parental, ça ferait encore moins sérieux ou pro je crois.

Bon, en tout cas, mes toiles marchent encore mieux que prévu et je suis super content. J’arrive pas à m’en cacher, mais au point où j’en suis. Je garde quand même un regard admiratif sur son épée, me retenant de lui demander à l’analyser plus longuement. Par contre, j’entends K.A.R.E.N qui continue son monologue, avisant sa taille, la matière et j’en passe. Pour rien, parce qu’on a pas ce qui m’intéresse le plus, à savoir d’où elle vient. « C’est pas mal ouais… cool. » Super cool même. Je commence déjà à sautiller sur place, ça fait au moins cinq minutes qu’on parle sans bouger là. Mais là, on évoque la cape de Dr Strange et j’ai un nouveau hochement de tête. « Mais j’ai été poli aussi. Ou pas. Je sais plus, je me rappelle plus en fait. C’était… un peu le bordel en fait. On était dans l’espace, ça bougeait dans tous les sens et puis après on était ailleurs, sur une autre planète et… » Evidemment, comme d’hab quand je m’enflamme, je parle beaucoup trop vite. Mais je m’arrête tout seul, laissant filer un rire au reste de ses paroles. « Evite de lui dire qu’il a un caractère merdique. Remarque, ça marche aussi pour la cape. » Je me tapote le nez, songeur, avant d’agiter une main dans les airs.

L’idée boire un milkshake me plait – surtout que ça reste plus fun que de me paumer à chercher des cadeaux qui vont pas plaire à tante May. Alors je l’embarque avec moi, toussant un rire quand on atterrit. « Y en a que ça fait hurler de terreur tu sais. » Bon, c’était juste la première fois que j’ai embarqué MJ. Depuis, elle a appris à trouver ça cool. Ou cache assez bien son jeu pour que j’ai l’impression qu’elle aime bien. Faudrait que je lui demande un jour tiens. Bref. J’agite la main pour saluer la serveuse. « Salut ! » Je la vois s’agiter et appeler ses collègues. L’un d’eux sort son téléphone pour me prendre en photo. Rien d’inhabituel donc. « Des céréales ? J’aime bien les céréales. » Bon, visiblement, la peluche a pas envie de ça. « Euh… un milkshake chocolat pour moi. S’il vous plait. » La serveuse continue de me fixer longuement sans bouger. « A emporter donc ! » J’aime autant éviter qu’on me dévisage tout le long quand même. « On pourrait avoir un selfie Spider-man ? Ce serait génial ! » Ah ouais, ça aussi j’ai l’habitude. Paume levée vers le haut, je m’accroche au plafond pour redescendre tête à l’envers à leur hauteur. « Ooooh, c’est trop cool ça ! Merci ! » Selfie avec les deux concernés, avant que je regagne ma place. « Vous êtes connue vous ? » Soufflé en direction de la blonde, à qui je laisse le loisir de répondre ce qu’elle veut pendant que je cherche un billet de 20 dollars dans mon costume. « Ah mais non ! C’est offert par la maison ! » Mon billet entre les doigts, je songe à ma virée à la banque pour renégocier mon prêt étudiant et je me sens un peu con, avant de secouer la tête et de glisser l’argent dans la boite à pourboire. « Allez, on est repartis ! » J’attrape la hanse du sac en papier contenant les milkshakes et je fais un signe de la tête à ma comparse du jour.

Et, sans lui laisser le temps de dire ouf, j’attrape Illyana par la taille pour grimper au sommet d’un des immeubles que je connais dans le coin. « J’adore venir là. » Je m’assois sur le rebord, jambes dans le vide, relevant alors le bas de mon masque pour pouvoir choper la paille. On est pas mal là, non ?  

Cette rencontre improbable est tout sauf déplaisante. Elle est marrante cette fille, même si j’ai un peu de mal à la suivre. Bon, beaucoup de mal. Mais comme dit, elle m’a filé un coup de main et, parfois, croiser des gens qui raisonnent pas de façon aussi manichéenne que moi, c’est pas forcément une mauvaise chose. Ca m’aide aussi à évoluer.  Ou à me rendre compte à quel point je suis naïf. Les deux sont pas totalement incompatibles, je sais bien. « J’ai eu de la chance de le connaitre oui. C’était quelqu’un de génial. Et ouais… c’est dommage qu’il soit plus là. » Euphémisme pour dire à quel point c’est dur à vivre et que, si je m’habitue, la douleur est toujours là.

Un hochement de tête pour confirmer que ouais, c’était pas du petit voyage. « Il t’a dit ça ? Sérieux ? Il est quand même… vachement impressionnant quand même tu trouves pas ? » Et j’ai un haussement d’épaules au reste. « Pas trop non. Enfin, je l’ai croisé plusieurs fois, mais je suis pas sûr que ce soit le genre de type que je pourrais bien connaître. Tu vois l’idée ? » Je me frotte le menton quand elle continue et je souffle, songeur. « Il veut t’embaucher dans sa team ? Ca t’intéresserait ? » Ce serait marrant que je connais un membre de leur… groupe ? Association ? Je sais pas trop comment qualifier ça.

Et autant dire que je suis content de voir que ça lui a plu la petite virée dans les rues de New-York. « Je trouve ça cool moi. » J’hésite à lui demander de le répéter pour que je l’enregistre et que je le fasse écouter à MJ avant de me dire qu’elle aimerait ptet pas que j’ai promené une fille comme ça. Même si je pensais pas à mal. Je pensais jamais à mal de toute façon. Sauf avec MJ. Mais euh, pas à mal dans le genre… bon bref. C’est pas le sujet. Hum.

Finalement, je me prête au jeu du selfie, comme c’est souvent le cas et je l’embarque de nouveau sur un des toits de la ville cette fois. « Je peux aussi te filer le numéro d’urgence si t’as besoin de me joindre. Je suis pas tout le temps perché sur ce toit. Même si ce serait trop cool. » Et reposant. Sacrément reposant. Bon, j’aurais probablement la bougeotte au bout de deux minutes, mais c’est un détail. J’ai un temps, réfléchissant à sa question, avant de secouer la tête. « Non. Je sais que ça peut paraitre stupide mais… ça leur fait plaisir. Et je me dis que c’est bien de montrer que quelqu’un qui veille sur eux est accessible. Qu’on les prend pas pour des moins que rien ou des quantités négligeables. Tu vois l’idée ? » C’est parce que je les protège que je dois me croire supérieur après tout. Surtout pas.

J’ai pas le temps de lui dire à quel point ce serait sacrilège de gâcher du milkshake qu’elle… ouvre un portail. Je laisse échapper un sifflement impressionné avant de rester bouche bée quand je vois le dragon voleter entre nous. « Okay, c’est le truc le PLUS COOL que j’ai pu voir. » Je suis Loockheed des yeux, agitant la main pour lui dire bonjour en retour. « Ravi de te rencontrer… en vrai ? » Un truc du genre non. « C’est… il vient de là-bas ? De l’autre côté ? Et c’est quoi exactement ? » Milkshake posé sur le rebord de l’immeuble, je me penche, comme pour essayer de mieux voir ce qui se passe derrière le portail. C’est tellement stylé !

Je me demande si, un jour, ça fera moins mal de parler de Tony. Ou de penser à lui. Tout le monde me dit qu’il faut laisser faire le temps, mais j’en sais rien, j’ai l’impression que, tout le temps, on essaie de me rappeler mon héritage, le rôle que je dois prendre pour être à la hauteur de ce qu’il attendait de moi, ce genre de trucs qui me font parfois – souvent – appréhender d’être… moi. Ouais, je sais, c’est pas trop clair, mais c’est tout aussi brouillon dans ma tête de toute façon. Tant que ça reste dans ma tête et qu’on me demande pas d’en parler, ça me va. Encore que, à la réflexion, ce serait peut-être pas mal que je m’ouvre à quelqu’un non ? Je veux dire vraiment, pas juste pour évoquer des généralités. Forcément, je pense à MJ, mais je saurais pas par quel bout attaquer tout ça en vrai.

Je réprime un soupir, avant de hocher la tête à sa question. « Un peu quand même. Le type il a fait une bulle de protection géante pour éviter qu’on meure au moment du crash du vaisseau spatial dans lequel on était. Je veux dire, c’était pas rien. » Tout en parlant, j’ai mimé le vaisseau, le crash et tout, incapable de rester immobile quand je parle de toute façon. « Et il a fait comment pour trouver ton chez-toi ? C’était pas impressionnant ça ? » Et j’ai un rire au reste de ses paroles. « Mais du coup… tu sais où le trouver non ? » Elle est marrante à râler sur lui comme ça et je suis à peu près sûr qu’elle ira toquer à sa porte. « C’est pas un engagement à vie non plus. Enfin je suppose. Tu peux toujours tester et aviser si ça te correspond ou pas. Nan ? »

Bon, j’imagine que ça me regarde pas trop. Perso j’ai trouvé ça hyper cool de rejoindre les Avengers, malgré tout le drame qu’il y a pu avoir autour. Un groupe de super-héros qui connaissent vachement plus la vie que moi, c’est pas tous les jours qu’on peut trouver ça. Et qu’on peut en faire partie. Mais j’ai comme un doute sur le fait qu’elle raisonne comme moi. C’est même tout le contraire. « … bin, c’est plus facile d’envoyer un SMS que de trouver un spot, de dessiner une araignée et de chercher la lumière dans la nuit. Surtout que bon, je suis plus dispo la journée que la nuit en vrai. » Je me tapote le nez, songeur, avant de hausser une épaule à sa remarque. « Je saurais pas te dire, je me force pas. A être de bonne humeur. » Et je le suis pas tout le temps. Je crois. Surtout ces derniers mois. Je suis presque content d’avoir le visage couvert au reste, quand elle me dit que je fais pas semblant et que les gens m’aiment bien, vu que je me sens un peu rougir. Mais j’ai surtout du mal à me dire que je suis dans la case super-héros quoi qu’on en dise. Je reste encore l’araignée sympa du quartier. « C’est ça. Il y a pas une personne qui mérite plus qu’une autre d’être aidée. Et je suis pas plus important non plus, loin de là. » C’est pas de la fausse modestie, juste un constat.

Et je m’attendais carrément pas à la suite. A ce portail et à voir Lookhead en vrai donc. « C’est complètement dingue. C’est un genre d’univers parallèle ? Ou un truc que vous avez créé tous les deux ? » Du coup, ça serait quoi exactement ? « Mais attend… c’était CA le chez-toi où le Dr Strange a débarqué ? » Bon, les Limbes par contre, ça me dit rien. Enfin ses Limbes à elle donc. Alors forcément, j’ai l’impression que je vais exploser de curiosité là. « … et y a d’autres gens que vous qui peuvent y aller ? A part Strange, il compte pas lui, il peut aller partout. » Je suis même pas sûr qu’il ait vraiment de respirer ou s’il fait pas juste semblant pour pas effrayer le commun des mortels. Encore que, ça, il doit s’en moquer.

Je me doute que je dois avoir l’air d’un gamin un peu trop enthousiaste quand je parle du crash du vaisseau, mais souvent, ça me permet de pas penser au reste, à tout ce qui a pu se passer une fois qu’on était sur cette planète. J’ai quand même un frisson qui me parcourt l’échine et que j’ignore avec toute l’énergie dont je dispose. Le déni, c’est bien. Ca permet de pas se focaliser constamment sur ce qui va pas. Un truc du genre.

… ouais, ouais, je vais réfléchir à tout ça. Une autre fois. Là, je suis plutôt focalisé sur ce qu’elle me raconte et, surtout, sa rencontre avec le Doc. « Il cherchait Lockheed ? Sérieux ? » Tête penchée sur le côté alors que je regarde la peluche, avant de finir par hocher la tête. « Remarque, à sa place aussi j’aurais envie de le trouver si j’avais entendu parler de lui. Surtout en étant genre un des plus grands magiciens vivant sur terre. » Ou un truc du genre. Enfin, c’est ptet mage plutôt que magicien. Ca fait un peu trop spectacle à Las Vegas sinon… d’un coup, j’imagine le Docteur Strange en train de sortir un lapin de son chapeau dans un show où un type déguisé en Elvis Presley serait derrière le bar. Autant dire que l’idée a quelque chose d’improbable et que j’ai du mal à pas partir en fou-rire nerveux. « En tout cas, s’il a réussi à vous trouver, c’est que vous êtes sacrément… magiques. » J’imagine. Ou alors, je raconte n’importe quoi, ça peut aussi. Faudrait ptet que je me renseigne un peu plus sur la façon dont tout ça fonctionne hein, ce serait utile.

« Tsais, entrer chez les Avengers a changé beaucoup de choses pour moi. C’est toujours cool de voir qu’on peut compter sur d’autres personnes. Qu’on est pas seuls. C’est important. » Et j’ai un haussement d’épaules au reste de ses propos. « Bien la première fois qu’on me dit que je suis terre à terre tiens. » Par contre, les yeux levés au ciel ça, je connais. Mais je me démonte pas, bien au contraire. Et je continue de lui expliquer ma vision des choses, ce qui a pas l’air de lui déplaire. « Mmmh… je dirais que les superhéros ont en plus une certaine… responsabilité. Je veux dire, on a des pouvoirs, des capacités, ça doit être mis au service de ceux qui en ont le plus besoin. » Pour rétablir un certain équilibre. En tout cas, c’est ma vision des choses.

Par contre, au reste, j’ai de nouveau un sifflement admiratif. « Attends, attends… t’as… CRÉÉ un monde ? Toi ? Comme ça ? PAF ? Wow. » C’est dingue ça. Et j’agite une main en l’air à la mention du Doc. « Il fait souvent ça. Probablement parce qu’il se pense chez lui à peu près partout. C’est ptet un truc de mages ça. » Je me marre quand même à sa remarque pendant qu’elle continue de ronchonner. Je me dis que, si elle va rejoindre le groupe du Doc, ça va être sportif entre eux. Mais qu’il doit attendre que ça en vrai. Au reste, je l’écoute avec attention sans l’interrompre, levant une ou deux fois l’index pour faire un commentaire avant de me raviser. « Ouais, personne ferait ça. Je crois. » Ou ptet que si. Après tout, c’est justement en disant que c’est un truc de dingue que ça passe tout seul si on le fait. Vu que personne s’y attendrait. Et du coup PAF ! « Les gens ont toujours peur de ce qu’ils connaissent pas. C’est pas nouveau. Déjà qu’un simple pouvoir mutant, ils paniquent, alors imagine un autre monde où ils sont dépendants d’une seule personne pour en sortir. » Ca en ferait fuir plus d’un. Perso, ça me rend curieux. Je me demande si tout est identique au mien. Au notre. Si les lois de la physique sont les mêmes ou pas. Si on pourrait faire d’autres trucs complètement dingues. Mon cerveau carbure à 100 à l’heure alors que je repense aux thèses que j’ai pu lire sur les autres dimensions mais là, ça prend une autre tournure. Je veux dire, la théorie, c’est bien, mais là j’ai un exemple concret sous les yeux. Et le petit scientifique que je suis sait plus où donner de la tête pendant une minute. « C’est pas génial les scènes de crime ouais. » Le fait qu’elle parle de tuer des gens aussi naturellement me fait quand même un peu bizarre, mais y a trop d’informations pour que j’arrive à totalement me focaliser dessus. Et je reprends mon milkshake, toujours aussi songeur. « T’es consciente que genre… personne sait faire ça ? Que Loockheed et toi vous êtes uniques ? » Parce que, vu la façon dont elle en parle, on pourrait presque croire qu’elle trouve tout ça parfaitement normal.