[Terminé] C'est l'histoire d'une araignée et d'un bouclier ...

Le hic, quand j’oublie ma timidité, c’est que je commence à être sacrément bavard. Et je me demande à quel point ça peut finir par porter sur les nerfs des gens. Bon. Sam a pas l’air agacé ou quoi que ce soit. J’ai même l’impression que… ça l’amuse ? Ouais, possible. Je sais bien que tout le monde arrête pas de me répéter d’être moi-même, ce genre de pensée positive qui aide à s’accepter… je devrais arrêter d’écouter les cours de yoga de tante May hein.

Bref, j’en étais où ? Nan parce qu’en plus de trop parler, je réfléchis trop. Et en plus, ça part souvent dans tous les sens. Du coup, je finis parfois – souvent – par perdre le fil. Sauf quand je suis vraiment concentré sur un truc, là ça va. Donc là, faut que je me concentre sur Sam. C’est pas mal ça. J’en suis capable. Par contre, vu tout ce que je suis en train d’engloutir, va falloir que j’aille courir autour du labo pour me défouler avant de reprendre.

Je finis par hocher la tête à ses paroles, les yeux un peu trop écarquillés, alors que mes pensées se bousculent un peu sans que j’essaie de les arrêter. « Je sais que… ça va pas aller en s’arrangeant. C’est normal après tout. Je veux dire. J’ai signé pour ça quoi. » Même si je suis pas sûr, tous les jours, de ce que ça impliquera réellement pour moi, surtout dans quelques années. Est-ce que je vais vraiment enfiler les chaussures de Tony ? Façon de parler quoi. L’analogie avec les lunettes était quand même un poil plus classe. Est-ce que j’en aurais envie ? Est-ce que c’est nécessaire ?

Ouais, ouais, je repars encore dans tous les sens. Mais c’est pas comme si ça s’arrêtait vraiment à un moment ou à un autre dans la journée. C’est juste rangé dans un coin la plupart du temps, attendant la moindre occasion pour sortir et me polluer la tête. Tu parles d’un héritage hein. Mon visage s’illumine quand même d’un sourire au reste. « C’est important ouais ! Surtout que je sais pas toi, mais perso, ça me tombe toujours dessus sans que j’ai prévu quoi que ce soit. Genre, je vais chercher de la bouffe chinoise et PAF un mec qui braque une supérette ! » Bon, à la réflexion, il a ptet des occupations un poil plus… importantes ? Ouais, un truc du genre.

Au reste, mon regard continue de pétiller et c’est avec bien plus d’assurance que je reprends. Je me rends même pas compte que, pendant un instant, on pourrait presque oublier que j’ai que 18 ans en cet instant précis. « Je maitrise déjà la nanotechnologie de Tony. J’ai eu l’occasion de m’exercer et… le résultat est plus que satisfaisant. Oh, j’aurais bien des petites améliorations à faire évidemment, mais tout est perfectible comme on dit. » Mais là, pour son bouclier, y a un challenge de taille qui forcément me vend un peu du rêve. « Je vais surtout bosser à ce qu’on pourra faire et comme ça, j’aurais des idées à te proposer dès que possible. »

Je me frotte quand même la nuque au reste, songeur. « Je sais que les études c’est important et tout. Mais ce qu’on fait ici aussi non ? Et c’est un peu compliqué de faire la part des choses. De trouver du temps pour tout. J’aimerais bien que les journées fassent carrément plus de 24 heures perso. » Je suis même pas sûr que j’aurais assez de temps, même comme ça. « Tu fais comment toi ? Pour tout gérer ? » Quoi ? Autant demander à des gens qui ont l’air d’avoir de la bouteille. Pas qu’il soit vieux hein, juste qu’il est plus expérimenté. Et genre, il a une vie perso ? Une copine ? Bonne question hein. Si oui, il fait comment pour tout concilier ? Ca se fait de demander ça plus précisément ou pas ? Je me rends pas compte.

Encore une fois, je me sens rougir à entendre les paroles de Sam. Je veux dire, c’est pas n’importe qui qui est en train de me parler. Ca reste le nouveau Captain America, c’est pas l’épicier du coin. Pas que je porte pas d’attention à ce que l’épicier pourrait penser hein mais… enfin… bref. Voilà quoi. Juste que ça fout potentiellement encore un petit coup de pression supplémentaire. Et le sentiment de faillir si je suis pas à la hauteur de la confiance que Tony avait envers moi. Mais aussi les autres. Si je me rate ? Si je commets tellement d’erreurs que je… que ça tue des gens ? J’essaie de chasser cet élan de panique qui me prend de temps à autre, sans que je le vois venir et je me focalise sur ce que me dit Sam. Avant de tousser un rire à ses paroles. « Tu te rends compte ? Rester toute la journée enfermé ? Derrière un bureau ? Déjà qu’en cours, au bout d’une heure, je pète un câble, j’ose pas imaginer ce qui pourrait se passer sans que je puisse parcourir la ville. » J’ajoute, songeur. « … tu vas devoir faire beaucoup de trucs genre… administratifs ? Avec ton nouveau rôle ? » Si c’est le cas, je le plains. Déjà que le côté politique, à sa place, je serais pas jouasse. Oh, je sais bien que quelqu’un doit le faire hein, mais clairement, je serais mauvais dans ce rôle. « Si j’ai ma place parmi vous, c’est aussi parce que vous avez ce qu’il faut pour… bah que je me sente à ma place. Tu vois ? »

Un sourire un peu timide au reste. J’avoue que ouais, je vois bien la différence d’âge des fois. Surtout au niveau des priorités de vie. Je dois être à l’heure en cours quand lui a rendez-vous avec le Président. Bon, j’exagère … un peu. Mais pas tant que ça je pense. « Je ferais ce qu’il faut pour continuer de mériter votre confiance en tout cas. Je veux dire… tu peux compter sur moi et tout. » C’est ptet pas aussi solennel que ça devrait l’être, surtout avec une croûte de pizza entre les mains, mais j’espère qu’il a pigé l’idée.

Au reste, j’ai une grimace alors que je hoche la tête, fixant un instant le vide. « En même temps, même quand je m’ennuie, j’irais pas jusqu’à vouloir les problèmes. Je crois. » J’arque un sourcil, avant de continuer, d’un ton léger. « Donc là, ce que je comprends, c’est que même avec les années, c’est toujours un truc avec lequel on doit composer, c’est ça ? » Suivi tout le temps par les ennuis, quoi qu’on fasse. En même temps, ça fait partie du job de super-héros j’imagine. Et si je hoche la tête à ses paroles, j’ai quand même un temps, pensif. « Je sais que mes études et tout, c’est important. Mais ce qu’on fait ici aussi non ? Enfin, c’est pas vraiment comparable hein, mais si je peux aider sur ton costume ou autre chose en lieu de faire ce que font tous les étudiants. J’ai… j’ai besoin de me rendre utile ici aussi. » Alors ouais, ça me fait des journées à rallonge, mais faut bien que ça serve d’être insomniaque et hyperactif ! « Donc je serais prêt quand ce sera nécessaire, tu peux compter sur moi. » Bon, là encore, j’ai pris un ton un peu trop solennel, mais j’ai encore du mal à savoir comment gérer tout ça.

On peut dire que j’ai été intronisé chez les Avengers de façon originale. C’est ptet pour ça que, parfois, j’ai un peu de mal à me sentir vraiment légitime. En plus du fait que je sois le gamin du groupe. J’irais pas jusqu’à dire que ça m’arrangerait que quelqu’un de plus jeune que moi, mais d’un autre côté, je sais pas trop comment je le prendrais s’il se débrouille mieux que moi. Bref, la question se pose pas pour le moment de toute façon et c’est tant mieux. Mais j’avoue que ouais, possible que je sois content de voir à quel point Sam semble se soucier de… bah de moi en fait. Je sais, ça fait bizarre dit comme ça, mais pourtant, je vois dans son regard, dans ce qu’il dit, qu’il est vraiment attentif. Et c’est cool. Outre le fait que ça colle à l’image que je me suis toujours fait de Captain America – quand l’ancien était pas occupé à m’en coller une quoi, ça donne aussi l’impression qu’ici, chacun commence à vraiment trouver sa place. Après tout ce qui a pu se passer ces derniers mois, j’me dis que c’est plutôt cool.

Et j’ai quand même un rire à sa répartie, secouant la tête alors que j’ai enfin vidé mon assiette. Un exploit, au vu de tout ce que j’avais pu mettre devant. « C’est gentil, mais je suis à peu près sûr que tu gères 10 fois mieux que moi tout ce que tu fais. Perso, j’ai l’impression d’être dépassé à peu près 90% du temps. Mais avec les 10% qui restent, je compense et… je finis par m’en sortir. » Souvent, je sais même pas totalement comment j’ai fait, mais c’est le résultat qui compte non ? « Je me dis qu’ici, avec vous, je devrais gérer de mieux en mieux. » En tout cas, j’espère. Et surtout, en trouvant la place qui est la mienne parmi tout ce petit monde. Je sais, je sais, je suis légitime. A force de le répéter dans ma petite tête, ça finira peut-être par rentrer.

Un large sourire au reste et je lève un pouce dans sa direction. « Promis, les études, c’est le plus important. De toute façon, j’ai une bourse Stark et j’ai pas le droit de me foirer. » Bon, vu mes résultats actuels, je vois pas trop comment je pourrais me rater, mais je vais pas trop trop me vanter pour le moment, pas avant d’avoir fini le premier semestre en tout cas. Après, on verra. Je pourrais bomber le torse au moins cinq minutes. « Et euh… j’ai… pas ton numéro. Mais j’ai celui du QG, ça marche aussi non ? » Je bats des cils, un peu indécis, avant de reprendre, tout aussi rapidement. « Mais ouais, carrément ! L’idée, c’est de lié la technologie à la pratique. Ta pratique même ! Ce que t’as pu déjà faire avec Falcon et ce que tu vas faire en étant Captain. Je veux dire, je suis certain qu’on arriver à tout combiner pour que ce soit… toi. En super clinquant. » Et il a raison sur un point – bon, pas qu’un – on est vraiment une super bonne équipe.

Je me rends bien compte que je suis en train de m’emballer et que je suis un vrai moulin à paroles. Mais visiblement, ça fait plus marrer Sam qu’autre chose. Et, en cet instant précis, je me sens vraiment à ma place. Je me dis qu’on peut arriver à faire de grandes choses ensemble. Grâce à lui, parce qu’il a accepté de reprendre le flambeau de Captain et d’endosser un rôle vraiment difficile à porter. Je m’en sors plutôt bien de mon côté, si on met de côté le fait que tout le monde me voit comme l’héritier du plus grand génie du siècle.

Ouais, ouais, pas de pression.

Bref. J’en étais où ? Ah ouais, cette discussion me fait carrément plus de bien que je l’aurais pensé et je sens plus sûr de moi en cet instant. Pas que j’en ai besoin mais… bon si, un peu. J’ai un hochement de tête à ses paroles. « Vrai que j’écoute beaucoup mon instinct. T’en as qui appellent ça ma petite antenne. » Soufflé avec un sourire malicieux pour cette expression qui résume cette chair de poule qui me prend dès qu’un truc sort de l’ordinaire. On peut plus vraiment dire que j’ai des réflexes ou des réactions totalement humaines, mais je sais comment les utiliser pour aider les gens. Et les sauver, autant que possible. « Je vais essayer de continuer comme ça alors. »

Je sais pas comment, mais je retrouve quand même avec le numéro de Sam enregistré dans mon téléphone. J’ai quand même eu un doute, sans savoir sous quel nom l’enregistrer. Et puis, je me décide pour un simple Sam parce que, même si c’est hyper cool d’avoir LE Captain America dans mon répertoire, c’est pas super discret quoi. Et ça ferait désordre si je le perds en cours de route. « Je te donne le mien alors ! » Lâché avec un enthousiasme digne d’un gamin de 5 ans. Mais je le vis bien.

« On se voit quand tu veux ! Et vraiment, t’en fais pas pour ce qui est du boulot, je suis capable de tout gérer. » J’ai une moue avant de reprendre, me frottant la nuque. « Et puis, quand j’ai pas trop de trucs à faire, je finis par m’ennuyer de toute façon. » Autant dire que ça arrive un peu trop vite pour que je m’oblige pas à avoir 10 000 projets en tête. Et je me connais, dès ce soir, je vais commencer à griffonner quelques schémas. Je suis sur le point de repartir de plus belle quand mon téléphone se met à vibrer. Et je vois le nom de Bruce apparaitre, accompagné d’un tu fais quoi ?. « Merde ! J’avais pas vu l’heure ! » Je gobe littéralement ce qui reste sur mon plateau et je me relève brusquement avant de souffler en direction de Sam, la bouche à moitié pleine. « On ch’revoit vite ! Okaych ? » J’agite la main avant de filer à toute vitesse, vraiment content de savoir que je suis réellement à ma place ici. Et ça, c’est cool.