"Tout ce qui est intéressant se passe dans l'ombre, décidément. On ne sait rien de la véritable histoire des hommes." Louis-Ferdinand Céline
14 Janvier 2024 - QG des Avengers
La mission était terminée. Aaron et Clint étaient de retour au QG des Avengers dans le bâtiment du S.H.I.E.L.D.. La fin de la mission avait été laborieuse. Entre l’arrivée du fameux Loki et le léger dérapage de Clint. Aaron songea rapidement au fait que son équipier n’était plus le même qu’avant. Les années l’avait changé. smith songea au fait qu’il faudrait qu’ils aient une conversation. Pour l’heure, la téléportation s’était bien passée. Aaron les avaient ramenés directement dans la salle de réunion qui avait servi au briefing. Les deux hommes échangèrent un regard avant que Hill n’arrive dans le bureau :
“Alors? - Alors c’est fait, on sait avec qui ils bossent et surtout on as ça.” Aaron conclut sa phrase en montrant la clé USB sur laquelle il avait collecté des informations. “Une grande partie semble cryptée mais bon ça devrait pas être un problème.”
Aaron jeta un œil à Clint toujours silencieux alors que le Commandant Hill posa une question aux ils auraient dus s’attendre : “Et avec qui ils bossent?” Aaron reporta à nouveau son regard, cette fois-ci plus inquiet, sur Clint. Cette rencontre l’avait marqué, Smith l’avait bien compris. Mais ce n’était pas Aaron de révéler le nom de cet ordure alors il laissa le temps à Clint de le faire. Maria Hill comprendrait.
Les minutes passèrent et les deux hommes expliquèrent ce qu’ils avaient vus et entendus au Commandant Hill jusqu’à ce que celle-ci décide que le Débriefing était terminé et que les deux hommes pouvaient disposés. Se dirigeant vers le vestiaire pour remettre leurs tenues de civils, les deux hommes marchaient côte à côte quand Aaron se tourna alors vers Clint et l’arrêta :
“Dis Clint c’était quoi exactement ce qu’il s’est passé avec l’agent Hydra juste avant qu’on parte?”
Aaron n’était pas dupe et il avait besoin de savoir, besoin de comprendre. Son équipier devenu ami n’était plus le même et il voulait l’aider. Alors autant ne pas y aller par quatre chemins et ce n'était pas le genre ni d'Aaron ni de Clint de tourner autour du pot.
Le chaos de la salle de contrôle laissa place au calme de la salle de débriefing. On était de retour au bercail. J'échangeai tout juste un regard avec Aaron avant que la commandante arrive pour nous demander un rapport. Les dents serrées, le corps encore sous tension, je laissai mon partenaire répondre aux premières questions, le temps de faire redescendre l'adrénaline et la pression. Les mains jointes derrière le dos, la tête droite, je fixais le mur, dans une attitude très militaire.
Quand Maria demanda avec qui Hydra bossait, je perçus du coin de l’œil le regard d'Aaron. Il n'avait pas l'air de vouloir répondre à cette question, et attendait que j'en parle moi-même. Le regard dur, le visage le plus inexpressif possible, je répondis d'une voix sans timbre :
« Loki. Il nous a repérés et nous a compromis, révélant mon identité et mon statut d'Avenger. »
Avec l'appui d'Aaron, je répondis à toutes les questions de notre supérieure, m'efforçant de me montrer le plus détaché et le plus professionnel possible. A vrai dire, je répondais de manière si factuelle et avec si peu d'émotions qu'on aurait pu croire le rapport d'un putain de robot.
Lorsqu'elle nous libéra, j'accompagnai Aaron en gardant un visage très fermé. Mes affaires de civil n'étaient pas au vestiaire, mais je me doutais que je n'allais pas pouvoir me dérober tout de suite, que mon coéquipier allait avoir des questions à me poser. Et même si j'étais pas vraiment d'humeur à y répondre, je lui devais bien quelques explications.
Lorsqu'il m'arrêta pour me poser une question, je m'attendais à des interrogations sur Loki et notre soi-disant collaboration passée. Aussi fus-je surpris de l'entendre évoquer l'agent d'Hydra. D'autant plus qu'il ne s'était rien passé de particulier avec ce type... Je fronçai les sourcils et répondis sur un ton plus froid que je ne l'aurai voulu :
« Ce qu'il s'est passé ? J'l'ai juste empêché d'te tuer... »
Je poussai la porte du vestiaire et y pénétrai pour me diriger vers les lavabos et plonger ma main gauche sous l'eau froide. Mon coup de poing dans le mur l'avait fait un peu gonfler, et la peau était bien écorchée au niveau des métacarpes.
"Tout ce qui est intéressant se passe dans l'ombre, décidément. On ne sait rien de la véritable histoire des hommes." Louis-Ferdinand Céline
Aaron et Clint était plus que des amis depuis le temps qu’ils se connaissaient et au vu des missions qu’ils avaient fait ensembles, ils étaient devenus des frères d’armes. Aaron avait beaucoup d’estime pour son équipier. Passer du rang d’espion gouvernemental à super héros ce n’était pas rien. Mais le poids d‘être un Avenger ne devait pas être une partie de plaisir tous les jours. Aaron le comprenait maintenant, son ami avait changé.
En le stoppant dans le couloir, aaron avait d’abord penser à évoquer Loki mais il ne voulait pas que son ami se renferme sur lui-même et qu’il devienne impassible comme il l’avait fait durant le debrief alors il avait plutôt évoqué l’accès de colère de Clint sur la fin de mission. Mais la question n’eut pas l’air de lui plaire. Il fronça les sourcil et précisa qu’il l’avait juste empêcher de tuer Aaron. Il était vrai qu’Aaron avait senti une balle sifflait dans ses oreilles, par réflexe, il avait baissé la tête mais il s’était douté que l’agent d’Hydra visait mieux que ça surtout pour une cible immobile. donc Clint avait dû lui sauvé la mise.
Clint n'ajoute rien de plus avant d’arriver dans les vestiaires et Aaron voulait que cette conversation preste privée alors il attendit d’être entrer dans la pièce. Une fois dans les vestiaires pour hommes Aaron ferma la porte derrière lui et jeta un rapide coup d’oeil pour vérifier que personne n’était présent. Ils n’étaient que tous les deux. Smith se pointa alors aux côtés de Clint qui était toujours devant le lavabo, un filet d’eau coulait sur sa main écorchée. Les restes d’un autre accès de colère contre un mur. Aaron choisit alors la diplomatie en adoptant un ton qui se voulait plus calme : “ Je sais que c’était pour l'empêcher de me tuer et je t'en remercie mais tu as bien failli le tuer si je n’étais pas intervenu… et puis …” Aaron hésita un bref instant mais finalement il fallait p’tet mieux y aller franchement “ Et puis, tu as failli faire pareil avec Loki. Même si c’est un enfoiré ce mec, c’est pas ton genre de tuer les gens de sang froid, surtout s’ils te tournent le dos.”
Voilà c’était dit… Aaron s’approcha de Clint et posa un main sur son épaule en ajoutant : “Tu sais, j'suis pas dupe, j’vois bien que ça va pas alors vide ton sac, on est amis non? J’peux encaisser...”
Aaron attendit qu'on soit dans le vestiaire, seuls, pour continuer à me poser des questions. En soit c'était une bonne chose et j'appréciais cette discrétion. Mais qu'étais-je censé lui répondre ? Oui, j'avais failli tuer ce type. Et alors ? C'était une pourriture, un agent d'Hydra, qui n'avait pas hésité une seule seconde avant de tirer, lui. Et de plus il connaissait mon identité, s'il n'avait plus fait partie de l'équation, ce problème aurait été réglé.
Puis Aaron évoqua Loki, me balançant que c'était pas mon genre de tuer des gens de sang froid. J'arrêtai le robinet d'eau froide et restai figé quelques instants, le regard fixé d'abord sur ma main, puis remontant doucement sur le tatouage qui ornait tout mon bras, du poignet à l'épaule. Pas mon genre... Qu'est-ce qu'il en savait...
« On s'est pas vus depuis huit ans Aaron. Les gens changent. »
Depuis 2014, beaucoup de choses s'étaient passées. J'avais subi un premier coup au moral et à mon éthique quand le S.H.I.E.L.D. m'avait enfermé comme un vulgaire criminel, puis assigné à résidence, m'empêchant de faire mon boulot qui comptait tant pour moi. Puis, Thanos, la perte de Laura et des enfants, la perte de tout espoir... Cinq années passées à sombrer un peu plus dans la rage et les tueries, pour éviter de sombrer dans la folie. Enfin, la perte de Natasha, mon meilleur repère au sein de l'organisation... Aaron ne pouvait pas savoir. Il ignorait même que j'avais une famille. Mais j'étais bien loin à présent du camarade insouciant et bienveillant que j'étais à l'époque...
Posant sa main sur mon épaule, il m'encouragea à me confier, à exprimer ce que j'avais sur le cœur. Je poussai un profond soupir. J'étais incapable de tout expliquer. Même à Wanda, même à Laura, je n'avais pas tout dit. C'était au-dessus de mes forces. Je portai mon regard sur mon propre reflet dans le miroir, pour éviter le sien, et répondis avec une tristesse contenue :
« Qu'est-ce que tu veux qu'j'te dise ? T'étais pas là Aaron. T'as pas vécu ces cinq ans. T'as pas vécu la perte... »
Ma gorge se serra. Incapable de terminer cette phrase, je serrai le rebord du lavabo, baissai la tête, fermai les yeux et secouai la tête de gauche à droite.
"Tout ce qui est intéressant se passe dans l'ombre, décidément. On ne sait rien de la véritable histoire des hommes." Louis-Ferdinand Céline
8 ans la vache. Clint avait raison, les gens changent en huit longues années. Lui avait changé et Aaron aussi. Chacun avait traversé des épreuves. Certes Aaron n’en n’avait pas vu autant que Clint mais il avait souffert tout autant à son retour. Perdre sa famille fut pour lui la plus douloureuse des épreuves. D’ailleurs, l’homme ne savait pas vraiment comment il avait fait pour garder la tête froide. Doucement il sourit en répétant songeur ce que Clint venait de dire : “Ouais les gens changent…”
Lorsqu’Aaron essaya de délier la langue de son ami, celui se mura dans un silence pesant. Aaron voulait attendre qu’il s’exprime de lui-même. Il le laissa et recula de quelques pas en tournant le dos aux lavabos et au miroir, posant son postérieur contre le rebord du meuble, l’homme croisa les bras sur son torse et son regard se perdit dans le vide du vestiaire alors que les mots de Clint résonnèrent. Ce dernier parla non sans une légère pointe de reproches. Il n’était pas là durant ces fameuses cinq années. Non Aaron n’était pas là mais il n’avait pas choisit de ne pas être là et s’il avait pu, il aurait échangé sa place sans hésiter et aujourd’hui Clara serait en vie et lui serait au fond d’une tombe. L’idée de pensée qu’il ne la reverrait plus lui arracha une grimace alors que les mots arrivèrent à son esprit. Il n’a pas connu la perte des proches, il ne pouvait pas comprendre…. Bien sur que si il pouvait mais Clint ne connaissait pas son histoire alors il ne savait pas tout. Aaron garda les bras contre son torse et serra les dents en inspirant longuement avant de se tourner vers Clint en le pointant du doigt. Le ton n’était plus le même, il était plus dur : “Ouais j’étais pas là. Ok, je le sais déjà ça. Mais j’y peux rien… En revanche viens pas me dire que j’peux pas comprendre… J’ai tout perdu depuis que je suis revenu.”
Son doigt arrivait sur le torse de Clint alors qu’il se tourna à son tour vers le lavabo pour faire couler de l’eau entre ses doigts et s’en mouiller le visage. En remontant vers son reflet, il croisa le regard de Clint : “Quand je suis parti pendant cinq ans, ma femme et ma fille sont restées seules. Ma femme s’est fait assassinée et j’ai rien pu faire j’étais pas là. Ma fille a disparut et j’ai aucune piste pour la retrouver… J’étais pas là pour elles, j’étais pas là pour les protéger.”
Il se tourna vers Clint plus dur, plus froid: “Ouais j’étais pas là pendant cinq ans. Mais viens pas me dire que jpeux pas comprendre Clint. Tu n’as pas le droit.” Aaron n'était pas en colère contre Clint, mais contre lui-même de ne pas avoir été là pour protéger sa famille qui était aujourd'hui détruite à jamais.
La voix d'Aaron se fit plus dure. Mince, apparemment j'avais touché un point sensible. J'avais pas voulu lui reprocher son absence, il y était pour rien, c'est pas ça que j'avais voulu dire... Je rouvris les yeux et tournai la tête pour voir son index pointé sur mon torse. Je baissai brièvement le regard sur ce doigt inquisiteur, avant de relever la tête vers lui, les sourcils froncés sous l'incompréhension. Comment ça, il avait tout perdu ?
Intrigué mais toujours un peu sur les nerfs, j'attendis, interdit, qu'il ait fini de se rafraîchir. J'étais pas un grand bavard, et c'était pas mon genre de poser des questions si les gens voulaient pas répondre. Là, je sentais bien que j'avais juste besoin d'attendre, et il allait m'expliquer ce qu'il voulait dire. L'aveu tomba, et je me sentis soudain très con. Je me radoucis immédiatement, même si mon visage resta tendu, mais cette fois plus à cause de la stupéfaction.
Merde... Sa femme était morte pendant qu'il n'était pas là... Je n'osais imaginer ce qu'il avait dû ressentir lorsqu'il était revenu. En fait si, je l'imaginais très bien. Il mit d'ailleurs des mots très justes là-dessus : il n'était pas là pour les protéger... Je comprenais tout à fait ce qu'il voulait dire. Mon regard se teinta de tristesse et de sincère compassion.
« Je savais pas... »
J'avais l'air bien con maintenant... Qu'est-ce que je pouvais lui dire de plus ? A aucun moment j'aurai pu imaginer... Quand on le voyait, toujours le sourire aux lèvres, toujours motivé pour partir en mission... Comment il faisait ? La perte de Laura et des enfants m'avait anéanti. J'avais laissé la noirceur m'envahir. Comment il arrivait à garder le cap, à pas péter les plombs ?
« J'suis désolé pour Clara. »
Je me sentais vraiment comme un idiot, empoté, j'osais pas bouger. Je lui aurai bien mis la main sur l'épaule dans un geste illusoire pour le consoler, mais vu qu'on venait à moitié de s'engueuler, j'étais pas sûr qu'il le prenne bien. Mais c'était mon partenaire, et un ami, et je voulais me rattraper, éviter de passer encore pour un connard.
« Ecoute, si j'peux faire quoi que ce soit pour t'aider à r'trouver Elena... »
C'était tout ce qui lui restait. Peut-être que l'espoir de la retrouver était ce qui le faisait tenir. Et même s'il avait aucune piste, il fallait qu'il continue à essayer.
"Tout ce qui est intéressant se passe dans l'ombre, décidément. On ne sait rien de la véritable histoire des hommes." Louis-Ferdinand Céline
Clint était intrigué et choqué. En même temps c’était normal, peu de gens au S.H.I.E.L.D. savait qu’Aaron avait une famille et le peu qui le savait ne les connaissait pas forcément. En gros hormis Barton et les Baskerville, les seuls à connaître l'existence de Clara et d’Elena c’était Hill et Fury. Sans compter un ami du service informatique qui avait fait toutes les recherches demandées par Aaron, sans résultats d’ailleurs. A croire qu’Elena n'était même plus sur Terre.
Une fois tout déballé sur ce qu’Aaron avait “perdu” depuis son retour, un lourd silence se mit en place. Clint ne dit que quelques mots qui étaient teintés de tristesse et de compassion. Aaron acquiesça lorsqu’il dit qu’il ne savait pas:
“Peu de gens savaient tu sais. J’ai essayé de garder le cap et je me suis plongé dans le boulot pour oublier mais j’oublie rien.”
Aaron avait tout fait pour garder le moral et le sourire durant ses heures de travail mais voir tout le monde autour de lui retrouver les siens alors que pour lui justement c’était l’inverse… C’était pas le plus évident. Le pire c’était le soir, quand la journée de boulot se terminait et qu’il se retrouvait tout seul chez lui le soir. Clint s’excusa pour Clara. Les mots arrachèrent une grimace à Aaron qui se frotta le visage pour reprendre contenance en respirant un bon coup. Il releva les yeux vers son ami qui lui offrait son aide en cas de besoin pour aider à trouver sa fille. Un simple signe de tête pour toute reconnaissance et un semblant de sourire. Aaron avait réussit à en parler à quelqu’un. Une part de lui s’en sentait soulagé mais pour combien de temps. Alors Aaron reporta son attention vers son partenaire. Lui était passé à la casserole, chacun son tour.
“Et toi? il t'est arrivé quoi pendant les cinq dernières années? Mets toi à table Barton....”
Le ton était donné, Aaron croisa les bras sur son torse et attendit patiemment. Aaron avait bien remarqué les changement “physiques” la coupe de cheveux, le tatouage mais de là à changer entièrement un homme au point de le transformer en tueur. Il avait bien sur se passer un truc particulier, quelque chose d’horrible dans sa vie qui lui avait fait perdre tout espoir.
Aaron expliqua que peu de gens étaient au courant. Il s'était plongé dans le boulot pour essayer d'oublier. Mais c'était impossible d'oublier, bien sûr. Cependant je comprenais tout à fait ce qu'il voulait dire par là. J'avais fait la même chose après le retour à la normale. Si dans un premier temps je m'étais consacré à ma famille, j'avais rapidement éprouvé le besoin viscéral de retourner sur le terrain, de me plonger dans le boulot jusqu'au cou, de me sentir utile à quelque chose, pour éviter de trop penser.
Aaron grimaça quand je lui adressai mes condoléances pour Clara. Le même genre de grimace que je faisais quand on me parlait de Natasha. Purée, on était vraiment pareils lui et moi. C'était dingue... Je me retrouvais beaucoup en lui. Sauf que lui avait réussi à ne pas péter les plombs. Il me sourit quand je lui proposai mon aide pour retrouver Elena. Je lui rendis son sourire. Il était inutile d'en parler d'avantage. S'il était comme moi, ces quelques aveux avaient déjà été suffisamment douloureux, et il n'avait pas besoin qu'on s'éternise sur le sujet.
Il ramena donc la conversation sur moi en me demandant des explications, sur un ton amical mais tout de même péremptoire. Cette fois j'allais pas y couper. Et en même temps, je lui devais bien cette réponse. Je hochai la tête mais mis un moment avant de répondre. Je savais pas trop comment m'y prendre, vu qu'il lui manquait un paquet d'informations. Il allait peut-être pas être ravi d'apprendre que je lui avais caché l'existence de ma famille, alors qu'à l'inverse je faisais partie des rares personnes à être au courant pour la sienne. Mais il fallait bien que je commence par là, pour qu'il comprenne la suite.
« Avant ça, j'ai des gens à t'présenter... »
Dézippant ma combinaison, j'en sortis une photo que j'emmenais toujours avec moi en mission. Je l'avais dernièrement changée pour une plus récente, prise quelques semaines plus tôt, au moment de Noël. Nous étions tous les cinq dessus, devant le sapin, exhibant fièrement nos cadeaux, tous souriants, une belle famille heureuse. Je la tendis à Aaron, et lui indiquai avec l'index, sans toucher la photo :
« J'te présente Laura Barton. Le grand dadais là, c'est Cooper. La fille avec l'arc s'appelle Lila. Et le ptit dernier c'est Nathaniel. »
J'avais un léger sourire attendri sur les lèvres, heureux de pouvoir lui présenter ma famille, mais en même temps je guettais sa réaction, un peu anxieux. Je préférai prendre les devants et expliquai, pour éviter de le vexer :
« Les présentations se font un peu tard, je sais... Quasiment personne au sein du S.H.I.E.L.D. n'est au courant. Même les Avengers l'ont appris assez tard, et parc'que j'ai pas eu l'choix. »
"Tout ce qui est intéressant se passe dans l'ombre, décidément. On ne sait rien de la véritable histoire des hommes." Louis-Ferdinand Céline
Barton mis un peu de temps à s’y mettre, en même temps il n’était pas le plus loquace qui soit mais il avait compris qu’il n’y couperait pas et Smith n’allait pas céder non plus. D’ailleurs ce dernier le regarda en train réfléchir. Sans doute qu’il cherchait par où commencer. Pas de soucis, Aaron serait patient, pour une fois. Puis quand Clint parla pour dire qu’il avait des présentations à faire, Aaron fut intrigué et fronça les sourcils mais il n’ajouta rien et attendait de voir venir. Lorsqu’une photo arriva devant son nez et il la saisit comme quelque chose de précieux. En même temps cela devait l’être pour être dans la combinaison de Clint même en mission. Sur la photo il reconnut aussitôt son partenaire, Clint, mais en charmante compagnie.
Aaron resta interdit lorsque son ami “fit les fameuses présentations”. Allons bon! Il avait une famille et pas des moindres, 3 enfants?! Sérieusement?! Smith eut un léger sourire en coin. Clint se justifia aussitôt sur le pourquoi du comment du secret de sa famille. Il était vrai qu’Aaron eut un p’tit sentiment d’amertume d’apprendre une telle existence que maintenant mais en même temps cela pouvait se comprendre vis à vis de Clint.
“Ah ben merde alors. Si j’m’attendais à ça…”
Aaron détailla un peu plus la photo et remarqua que la cadette. Elle devait avoir à peine plus de 11/12 ans peut-être 13 maximum, l’âge qu’à Elena actuellement. Il ne pu s’empêcher de faire l’amalgame. Avec un sourire sincère il répondit en relevant les yeux vers Clint:
“Tu as là une belle famille, tu sais ça?”
Puis il songea rapidement au sujet principal de la conversation qui était qu’il avait perdu quelqu’un. de tout coeur il espérait que Clint ne soit pas dans la même situation que lui. L’enfer qu’il vivait actuellement, il ne le souhaitait à personne. En rendant la photo à Clint il demanda simplement:
Je fus soulagé de voir le sourire en coin de Aaron. A priori il ne m'en voulait pas, ou si c'était le cas il ne le montrait pas. Il fut surpris bien sûr. Je dissimulais très bien leur existence depuis des années, et personne ne m'aurait imaginé en père de famille. C'était pas un truc qui avait l'air fait pour moi à première vue. Et pourtant... j'aurais tout donné pour eux. J'aurais sacrifié ma vie pour ma famille.
J'acquiesçai fièrement quand mon partenaire m'annonça que j'avais une belle famille. Laura et les enfants étaient mon oasis au milieu du désert, mon ancre au milieu de l'océan, mon oxygène au milieu de l'espace. J'avais une chance inouïe de les avoir, de pouvoir les voir régulièrement, et je savourais chaque moment passé avec eux, comme des moments hors du temps, loin de toute cette folie.
Quand Aaron me demanda ce qui s'était passé, je réussis à garder un léger sourire, mais mes yeux se teintèrent de tristesse. On y était. Le moment que je redoutais, celui où je devais ressasser un passé extrêmement douloureux. Reprenant la photo, je la glissai précautionneusement dans ma combinaison avant de répondre :
« Thanos... »
J'avais besoin de m'asseoir. Je fis quelques pas pour me poser sur un des bancs du vestiaire. Me penchant légèrement en avant, je posai mes avant-bras sur mes cuisses et joignis mes doigts, baissant le regard sur mes mains. Je ne voulais surtout pas regarder Aaron, je ne voulais surtout pas voir ses réactions. Gardant le regard fixé sur mes pouces qui se tapotaient l'un contre l'autre, je commençai à expliquer :
« Il me les a pris tous les quatre. A l'époque je vivais avec eux, j'étais assigné à résidence. Il m'a fallu du temps pour savoir c'qui s'était passé. Et quand j'l'ai su... J'ai trouvé ça injuste. Que tant d'innocents soient morts... et que tant d'ordures continuent à vivre... J'me suis fixé une mission. Traquer et éliminer les gangs, les mafias, tous les criminels qui osaient encore fouler cette terre. Pendant cinq ans j'ai parcouru le monde et j'ai... tué... sans pitié... sans espoir... Jusqu'à c'que Natasha vienne me sauver. »
C'était dit. J'avais réussi à tout balancer sans que ma gorge ne se serre, sans que les larmes ne montent. Mais je sentais de nouveau ce vide atroce en moi, en repensant à ce que j'étais devenu.
Accueil
