From the shadows I rise. || Tobias Lane

The heart of everything; Sa mère, Dalia, était une peintre de talent, formée au Beaux Arts de Paris, logée par une bonne famille contre quelques heures de babysitting. Des amis de ses parents. Elle gardait leur cadet, un gamin plutôt facile, mais son attention a rapidement été accaparée par leur ainé, à peine plus vieux qu'elle et un sourire à se damner : Zackary. Quelques années, une période de relation à distance et un déménagement à Londres plus tard, les premiers cris de Tobias franchissaient ses lèvres. Bien plus tard, on lui racontera qu'au moment de sa naissance, les lumières de la salle d'accouchement se sont toutes éteintes d'un coup et qu'ils ont dû terminer dans le noir jusqu'à ce qu'on installe des lampes mobiles. Bien plus tard, il comprendra que les ombres ont toujours fait partie de lui, avant même que son premier souffle ne brûle sa gorge.
Zackary est décédé quelques années plus tard d'un cancer du poumon, un non fumeur à l'hygiène de vie somme toute parfaitement acceptable. Dalia, elle, a été diagnostiquée avec un Alzheimer précoce à l'âge de 42 ans.

In the shadows I thrive; Les ombres ont toujours été là, patientes, joueuses. Là où des enfants donnent voix à un ami imaginaire, jouent seul avec des bouts de bois, Tobias a commencé à sculpter des formes d'animaux dans leur petite cours à l'arrière de la maison à partir de l'âge de 3 ans. Il leur parlait, il leur donnait des ordres, et si aucuns n'étaient dotés de la moindre conscience, c'est Tobias lui-même qui les animait. Pendant longtemps, sa mère trouvait ces jeux mignons, mais lorsqu'elle a réalisé les ombres qui s'animaient autour de son fils, son regard a changé. À cette époque-ci, le démon n'avait pas encore commencé à interagir. Il était trop tôt, la connexion trop étroite peut-être. Il n'y avait que le petit Tobias, son sourire espiègle et les silhouettes de quelques loups qui couraient à ses pieds.
C'est à l'âge de 12 ans que les choses se sont compliquées, et pour une chose aussi habituelle qu'une appendicite. C'est de là que provient la plus vieille cicatrice de Tobias, parce qu'il s'agit de la première fois qu'il a voyagé dans les ombres. De la première fois qu'il a entendu cette voix dans sa tête. Il était dans son lit d'hôpital, après l'opération. Il récupérait tranquillement, assommé par les anti-douleurs, la respiration de sa mère assoupie sur le fauteuil à côté, et c'est comme si l'intérieur des couvertures l'avait absorbé. Encore aujourd'hui, il a l'impression de se souvenir de mains sombres et translucides attraper ses bras et l'attirer comme le monstre imaginaire qui attend sous le lit des enfants. Ce monstre existe. Ce monstre lui parle depuis ce jour. Sa mère et le personnel de l'hôpital l'ont cherché pendant des heures avant de le retrouver dans un placard à produits, confus et terrorisé, une cicatrice noire à l'aine. Ne pas le retrouver dans son lit a été éclipsé par cette marque sombre qui a soulevé autant de questions que d'attention, et le hasard - ou peut-être surveillaient-ils l'hôpital, ou peut-être déjà le gamin - a fait que l'information est remonté jusqu'au SHIELD.

They're watching; À partir du moment où le SHIELD a été notifié de l'existence ou de l'évolution des pouvoirs de Tobias, leur présence a été plus importante. Il n'a jamais su s'ils étaient déjà au courant avant ou s'ils l'ont découvert avec les évènements de l'hôpital, et personne n'a jamais voulu lui répondre franchement. Il a été observé, étudié, et lorsque Tobias a admis entendre cette voix dans sa tête, c'est un suivi psychiatrique qui lui a été imposé durant des années. Encore aujourd'hui, il doit rencontrer un psychologue agréé par le SHIELD très régulièrement afin de s'assurer que tout va bien. Ou en tout cas, qu'il est en capacité de se maitriser.
Au début, les rencontres étaient simples, brèves. On vérifiait qu'il ne faisait pas n'importe quoi, on mettait en place des techniques pour canaliser son potentiel, lui permettre d'éviter les problèmes. Et puis les choses se sont accélérées avec le temps. Tobias avait besoin d'une certaine discipline, d'un peu plus que de simples visites thérapeutiques. Et sa mère qui commençait doucement mais surement à perdre ses facultés n'aidait en rien. Il est devenu nécessaire de mieux l'encadrer, alors un marché a été conclu : Tobias rejoindrait l'académie du SHIELD, et le SHIELD s'occuperait d'installer confortablement sa mère à New York. Oh, il était certainement bien jeune pour ça, précoce comme la maladie de sa mère, mais les raisons de son intégration officielle à l'organisation et des entrainements plus assidues étaient légitimes, et le sont encore aujourd'hui. Et avec des capacités comme les siennes, ç'aurait été un véritable gâchis de ne pas l'exploiter. S'il n'avait pas été volontaire, il aurait pu s'en plaindre un jour. Ce n'est certainement pas le démon qui leur en voudra.

Oh snap; C'est étrange comme la disparition de la moitié d'un monde peut le rendre aussi silencieux et calme. Peut-être que l'humanité est trop bruyante, ou peut-être qu'un tel évènement force une sorte de réalisation, un recul sur tout et rien à la fois. Tobias n'a pas disparu, durant ces cinq années, et sa mère non plus. Et c'est peut-être pour ça que le SHIELD a permis qu'il monte en grade. Peut-être parce qu'ils n'avaient pas le choix avec leurs effectifs diminués. Le monde avait beau être silencieux, il n'a jamais cessé de tourner et, dans la peine, le deuil et la confusion de ce qui s'est passé, bon nombre d'entités malveillantes continuaient à chercher à tirer leur épingle du jeu. Un jeu qui, lui non plus, n'a jamais été mis en pause. Alors Tobias jonglait entre les missions et l'état de sa mère qui se dégradait. Il s'est trouvé un appartement que la résurgence des disparus l'a forcé à abandonner. Il a un peu plus pris ses aises dans ce nouveau rôle que le SHIELD lui permettait de jouer et, petit à petit, a développé son réseau et véritablement embrassé son potentiel.

Aujourd'hui, sa mère ne le reconnait plus. Elle passe ses journées à peindre des paysages impossibles, des montagnes dans le ciel et des arbres à l'envers, parce qu'elle ne sait plus faire la différence entre le haut et le bas. Elle ne parle plus vraiment, les lèvres fébriles et le regard vide les trois quart du temps. En de rares occasions, lorsque Tobias lui apporte l'un de ses propres tableaux, elle souffre d'un éclair de lucidité, analyse avec intelligence l'œuvre qui lui est présentée sans s'alarmer du visage de son auteur, mais les nuages reviennent vite griser sa conscience. Et Tobias pleure des coups de poignards que cette situation enfonce dans son cœur.
Maintenant encore, le monde continue de tourner. Les ombres continuent de danser. Et Tobias, bon grès mal gré, continue d'avancer.