[Terminé] Secrets Partagés

Dès les premiers mots de Kali, Jean sentit qu’elle avait touché un point sensible : remettre en doute les sentiments que la malheureuse blessée portait aux trois jolies têtes blondes l’avait heurtée, sinon vexée. Elle n’avait formulé aucun reproche à l’égard de la télépathe mais celle-ci, éprouvant par vague percutante les émotions de son amie, n’avait pu s’empêcher d’en éprouver une certaine culpabilité… Pressant ses lèvres l’une contre l’autre d’un air sincèrement désolé, la rousse s’était penchée vers celle qui était allongée pour lui dire, doucereuse : « Je ne voulais pas te faire de la peine, excuse-moi. Je te crois. » Hésitant à poursuivre, elle ne put finalement s’empêcher de conclure, à voix basse et en baissant le menton, comme si elle se sentait fautive de penser cela : « Je ne veux pas que tu souffres, c’est tout… » Lourde de sens, cette phrase laissait entrevoir toute l’inquiétude que Jean éprouvait à ce sujet : elle se doutait, sans trop savoir pourquoi et sans pourquoi l’expliquer, que la quête amoureuse de Kali ne trouverait pas une issue favorable… Et qu’elle allait en souffrir. Cette idée lui causait déjà une peine immense mais, en regardant la jolie rousse, elle s’était promis de l’accompagner et de l’épauler si cela devait se passer ainsi. « Essaie de ne pas trop te prendre la tête avec tout ça… Tu as besoin de te reposer et de te remettre sur pieds. C’est le plus important pour l’instant. »

Lui adressant un dernier sourire complice, qui espérait peut-être alléger la déception qu’elle lui avait involontairement causé, Jean s’était levée de sa chaise pour rejoindre le couloir, où elle put croiser le chemin d’une infirmière : lui confiant ses inquiétudes concernant l’état de Kali, le Phoenix avait ensuite continué son chemin pour rejoindre le hall, afin de s’enquérir de deux boissons chocolatées réconfortantes. Ce n’était sûrement pas le breuvage gourmand qui allait guérir la mutante mais… Cela pourrait peut-être apaiser son coeur tourmenté ?

Remontant à l’étage en tenant une boisson dans chaque main, elle fut alertée par l’infirmière croisé quelques minutes plus tôt. « Alors ? » S’empressa-t-elle de demander, les sourcils légèrement froncés. « Je soupçonne que Kali a attrapé quelque chose pendant son séjour chez nous. Écoutez, votre visite avait l'air de lui faire extrêmement plaisir, alors je vous propose de rester encore une quinzaine de minutes, le temps que j'aille vérifier quelque chose dans son dossier, d'accord ? Je crains de devoir la garder un peu plus longtemps. » Oh… La dernière phase était à la fois grandement triste et terriblement alarmante. Comment Kali, qui était si pressée de sortir, allait prendre cette nouvelle ? Mordillant le coin de sa lèvre, la rouquine avait mordu le coin de sa lèvre tout en hochant son menton de haut en bas, dans un signe de compréhension. « Je vous remercie… » Retournant dans la chambre de Kali avec lenteur, Jean s’était arrêtée quelques secondes devant la porte de sa chambre, essayant de faire le vide dans son esprit pour ne pas inquiéter sa jeune amie, qui avait suffisamment de choses à gérer.

« Me revoilà ! » Lança-t-elle d’une voix aussi joyeuse que possible en pénétrant dans la chambre, s’avançant auprès de Kali pour lui tendre sa boisson ; elle avait l’air frigorifiée. « Tu as toujours froid ? » Penaude, la rousse avait déposé sa boisson sur la table pour s’approcher des fenêtres, voulant vérifier par elle-même si elles étaient fermées, ce qui était le cas. « Non, ne t’inquiète pas… Je comprends totalement. » La mine de Kali devenait de plus en plus pâle, et ses yeux se teintaient de plus en plus d’une lueur fatiguée… Qu’est-ce qu’elle avait ?! « Avant que je parte, tu as besoin de quelque chose ? Tu veux que j’aille chercher une autre couverture ? » En même temps, est-ce judicieux de couvrir quelqu’un qui a de la fièvre ? Elle n’en savait rien, n’avait que trop peu de notions de santé pour pouvoir l’affirmer, elle avait juste envie d’être utile, de soulager le mal qui faisait tant souffrir son amie. « Tu nous manques aussi… Ne t’inquiète pas, tu vas revenir très vite, j’en suis sûre. » C’était un mensonge et elle en avait conscience mais, que pouvait-elle dire d’autres ? Elle ne voulait pas être porteuse de mauvaises nouvelles, et Kali était suffisamment abattue pour l’instant. Lui adressant un sourire suave, elle était restée quelques minutes de plus puis, voyant que sa comparse était de plus en plus fatiguée, elle s’était délicatement levée pour remettre sa veste, tout en lui disant d’une voix douce, calme et basse, pour ne pas la déranger : « Je repasserai dès que je peux, en attendant, tu te reposes, d’accord ? » Sur ces mots, elle sortit de la chambre pour rejoindre le couloir, le coeur lourd d’inquiétudes.