« La confidence avec un bon ami jamais, sans l'offenser, ne s'exerce à demi. L'amitié reçoit les confidences de l'amour ; l'amour reçoit-il les conseils de l'amitié ? Refuser la confidence, c'est admettre la non-confiance. »
« Chaud devant ! » S’écrit-elle en déboulant dans la cuisine comme une torpille rousse lancée à vive allure dans le champ de guerre du plan de travail. La jeune femme, faisant fi des regards intrigués tournés vers elle, se précipite aux abords du four pour en ouvrir la porte, de laquelle s’échappe déjà une épaisse fumée noire ; elle a PEUT-ÊTRE accidentellement oublié le gâteau fait spécialement pour son amie encore à l’hôpital, mais elle n’en perd point son sourire jovial. Secouant le torchon propre qu’elle tient dans sa main pour disperser la fumée, Jean se poste devant le four avec son fameux petit sourire aux lèvres, se disant que, bon, c’est l’intention qui compte, non ? Et puisque Kali est à l'hôpital, elle n’aura peut-être pas suffisamment d’appétit pour y toucher… Oui, il fallait espérer que la pâtisserie serve juste de façade. Mais elle n’est pas la seule à avoir eu cette pensée. « Kali est encore à l’hôpital, tu veux vraiment l’empoisonner en plus du reste ? » Un petit grognement s’échappe de ses lèvres tandis qu’elle donne un coup de coude à Scott, venu se faire un épais sandwich et s’étant arrêté juste derrière elle pour admirer le carnage : dans le moule en verre, se présente donc un brownie cramé et pas du tout régulier, qui donne l’impression de tout, sauf d’être comestible. « Tu dis n’importe quoi, il est très bien mon gâteau ! » Fière d’elle malgré les moqueries de Cyclope, la jeune rousse utilise ses pouvoirs pour extraire le plat brûlant de la grille pour le déposer sur le plan de travail de la cuisine, sans se départir encore de son sourire. Il a juste un peu trop cuit, pas de quoi en faire un drame.
Pas. De. Quoi. En. Faire. Un. Drame.
Mais plus ses yeux observent le gâteau (ou le truc cramé noir), la rousse réalise que Scott n’a peut-être pas totalement tort… Ne voulant pas lui faire le plaisir de lui donner raison, la rouquine continue donc son petit cinéma : sur un large plateau en bois, elle dispose le brownie sec et épais, si dur qu’on aurait pu assommer quelqu’un avec (Scott serait le premier). Et c’est ainsi que, portant sa pâtisserie cramée, la jeune femme quitte la cuisine pour rejoindre les garages, d’un pas léger. Plus léger que le brownie en tous cas.
Grimpant dans la petite voiture que Charles venait tout juste de lui offrir, une citadine sécuritaire qui lui convenait tout à fait, elle avait déposé son « gâteau » à côté d’elle, hésitant même à lui mettre la ceinture au cas-où elle freine trop vite. Un gâteau comme ça, il ne faut pas le perdre. Quittant l’Institut, donc, elle rejoint l’hôpital du Queens et son parking sous-terrain en étant impatiente de rejoindre son amie, qu’elle n’a plus vu depuis bien trop longtemps. Après s’être renseignée à l’accueil de l’hôpital, Jean (et son gâteau infâme) se dirige vers l’ascenseur pour rejoindre l’étage indiqué par l’hôtesse, puis la chambre de Kali ; comme la porte est entrouverte, la rousse s’infiltre discrètement à l’intérieur en raclant sa gorge un peu fort pour manifester sa présence, jusqu’à pouvoir déposer ses yeux sur le visage de son amie, tout sourire aux lèvres. « Je viens te tenir compagnie ! Tu te sens mieux ? Je t’ai fait un gâteau. On le mangera plus tard. » Ou jamais. C’est même mieux, jamais.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
Réfugiée sous les draps de son lit, Kali trouvait que la température avait chuté ces derniers jours. La jeune mutante n'en avait évidemment pas dit un mot aux cortèges d'infirmières qui se succédaient régulièrement dans sa chambre, non pas par un sentiment anti-humain, mais parce qu'elle était d'une humeur massacrante.
Pourquoi ? Pour plusieurs raisons très simples : elle avait encore mal, elle était entourée d'humains dans ce qui ressemblait de plus en plus à une cage pour elle et surtout... elle ne pouvait pas se défouler. Ses mains et ses jambes étaient régulièrement agitées de tics nerveux et, si chaque pas ne l'avait pas fait souffrir, Kali se serait déjà mise à courir en rond dans sa chambre.
Il lui tardait de retrouver l'institut, principalement pour les Cuckoos, Jean et... son gymnase. Le trio ne lui avait d'ailleurs pas rendu visite pendant la semaine, ce qui ne signifiait évidemment pas grand chose - elles avaient accessoirement un travail - mais ne l'empêchait pas de se poser des questions, toutes contribuant à sa mauvaise humeur. Et c'est alors qu'elle ressassait une nouvelle fois ce fait que ses sombres pensées furent interrompues par une Jean sortie de nulle part.
Tel le rayon de soleil qu'elle était, Jean dissipa ces nuages noirs, faisant même apparaitre un des rares sourires de Kali. D'un geste, elle l'invita à rentrer :
- Entre, ne t'inquiètes pas on devrait être tranquilles pour un moment, une infirmière vient tout juste de passer.
La fréquence de contrôle avait baissé, le bleu commençant déjà à se résorber, son crâne ne la faisait plus souffrir, alors que la sortie pointait le bout de son nez en fin de semaine. Pour répondre à la question de Jean, la jeune mutante rabaissa légèrement les draps, soulevant son haut pour montrer ledit bleu de la taille d'un ballon de football, au violet irisé de jaune.
- J'ai moins mal et il commence déjà à disparaitre. Pareil pour les brûlures et mes maux de tête ont disparu. J'ai vraiment hâte de sortir. Tu ne veux pas manger le gâteau tout de suite ? Il y a un distributeur au rez-de-chaussée avec des boissons chaudes si tu veux.
Sans plus attendre, elle rabaissa son haut, remontant au passage le drap jusqu'à son menton. Un frisson la parcourut, alors qu'elle reprit la parole.
- J'ai l'impression que la climatisation a été réglée un peu trop fort. Je me gèle.
Toujours souriante, Kali posa le genre typique de question qu'elle ne poserait pas à n'importe qui :
- Comment ça se passe à l'institut ? J'imagine que l'humeur doit être un peu morose. Et euh... comment vont les Cuckoos ? C'est étrange de ne plus manger avec vous à midi - encore plus étrange de voir que je m'étais habituée à cette routine d'ailleurs.
Et à la nourriture de l'institut. Parmi toutes les choses qui aurait pu lui manquer, elle n'avait pas soupçonné à quel point une bonne alimentation serait placée haut dans sa liste...
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« La confidence avec un bon ami jamais, sans l'offenser, ne s'exerce à demi. L'amitié reçoit les confidences de l'amour ; l'amour reçoit-il les conseils de l'amitié ? Refuser la confidence, c'est admettre la non-confiance. »
Craignant tout d’abord de déranger la blessée dans son repos, Jean fut accueilli avec bonheur, si bien que ses doutes se dissipèrent aussitôt qu’elle vit le sourire jovial qui entourait la bouche de son amie. Refermant soigneusement la porte après son passage, la rouquine aux cheveux longs traversa tout d’abord la pièce pour déposer le gâteau sur une étroite et longue table armée de roulettes, avant de se détester de sa veste légère, qu’elle abandonna mollement à côté du plat. « Elles sont sympa ? » Questionna-t-elle à propos des infirmières, un sourire mutin prenant place sur ses lippes car, elle connaissait fort bien la sociabilité de sa comparse, qui était proche de zéro. Si elle estimait les soignantes et trouvait même leur compagnie agréable, on pouvait s’estimer heureux !
Mais Jean perdit rapidement son sourire en découvrant l’énorme hématome qui siégait sur le corps de Kali… Bras croisés contre sa poitrine, elle s’était avancée de quelques pas tout en tordant sa bouche dans une grimace compatissante, les sourcils incurvés. Elle imaginait fort aisément l’affliction de son amie, et espérait que sa visite allait pouvoir lui changer les idées tout en lui mettant du baume au coeur. S’il le fallait, Jean était prête à revenir tous les jours, même après les cours à l’université ! « Ma pauvre, ils ne t’ont pas loupé hein… » Avait-elle marmonné en tirant la chaise pour pouvoir s’asseoir à côté du lit de Kali, reprenant presque aussitôt la parole en croisant ses jambes : « Je suis contente que tu ailles mieux, cela signifie que tu vas bientôt pouvoir sortir. D’ailleurs, je pourrai venir te chercher si tu veux ? » Le gâteau ? Quel gâteau ? Ah, le mortier derrière… Un sourire plaisantin aux lèvres, Jean avait repoussé la question de Kali d’un simple geste de la main, en essayant de la distraire de cette pâtisserie qui n’en était pas vraiment une : « J’irai chercher des boissons chaudes tout à l’heure. » Cela était le signe qu’elle était gourmande, donc qu’elle avait faim, donc c’était forcément de bon présage pour son rétablissement !
Nouant ses mains autour de son genou le plus élevé, Jean avait penché son menton sur le côté sous la mention de la climatisation trop forte, car elle trouvait qu’il faisait plutôt chaud, dans cette chambre. « Tu veux que je regarde ? » Sans attendre de réponse de sa part, le Phoenix s’était levée de sa chaise pour rejoindre le petit boitier accroché au mur, y jetant un coup d’oeil en fronçant quelque peu ses sourcils… La climatisation n’était pas en route. « C’est la fatigue qui doit te rendre frileuse… » Concluant ceci, et retrouvant en même temps l’ébauche d’un sourire, Jean s’était dirigée vers l’armoire afin d’en sortir une couverture qui semblait un peu rêche, mais qui était néanmoins épaisse. Revenant auprès de son amie, elle avait soigneusement disposé la couverture sur celle-ci, d’un geste presque maternelle, avant de rasseoir, avec le même sourire aux lèvres. « Forcément, nous avons tous été sous le choc de ces attentats, tu t’en doutes… » Pressant ses lippes l’une contre l’autre, la rousse avait glissé sa main dans ses cheveux pour les repousser en arrière, en appliquant son dos contre la chaise, comme pour prendre inconsciemment de la distance avec ces terribles évènements. Ils étaient terminés, tout cela était derrière eux à présent. « Elles vont bien ! Enfin, elles sont fidèles à elles-mêmes. » Un léger rire emportant ses lèvres, sans méchanceté aucune, Jean avait froncé son petit nez en penchant légèrement son menton sur le côté, pas réellement surprise que Kali demandent de leurs nouvelles. « Tu nous manques beaucoup, on a hâte que tu reviennes. »
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Comment sont les infirmières ? La question a le don de me prendre au dépourvu et c'est avec une hésitation qui en dit long que je répond :
- Oh euh... elles sont sympathiques, je crois.
Étrangement, la communication monosyllabique a tendance à ne pas favoriser la découverte de la personnalité d'autrui. Mais Jean commence bien à me connaitre, puisque son sourire me dit qu'elle n'a pas posé la question innocemment. Un petit rire m'échappe lorsqu'elle examine ma blessure - ils ne m'ont pas loupé ?
- Oh, j'ai le plaisir de t'informer que j'ai gagné cette dure bataille contre la boite de conserve. Kali 1, raviolis 0.
La proposition d'aller me chercher pour qu'on sorte ensemble - de l'hôpital - me ravit. C'est avec une joie non dissimulée que je lui réponds :
- Si tu peux, ce serait vraiment super.
Si j'avais pu, je serais sortie immédiatement. Mais il y a malheureusement un énième protocole à respecter et je suis clouée à mon lit jusque là. L'idée d'avoir une boisson chaude à partager avec Jean dissipe un peu de mon agitation, alors que l'adrénaline fait malgré elle place à de l'endorphine.
C'est avec un brin de surprise et de confusion que j'apprends que la climatisation n'est pas en route. Bizarre. Je suis naturellement frileuse - si je ne grille pas sous le soleil du Texas, j'attrape froid - mais la température ambiante semble pourtant raisonnable. Tout comme Jean, je passe à quelque chose qui m'intéresse beaucoup plus : les Cuckoos. Et l'institut, aussi.
Je sens d'ailleurs que les attentats sont un sujet sensible, alors que ma camarade rousse expédie le sujet - je ne reviendrais donc pas là-dessus.
La nouvelle que les trois sœurs se portent bien me fait deux effets diamétralement opposés. D'un côté, je suis heureuse que l'évènement ne semble pas trop les avoir affectées et de l'autre, je me demande pourquoi - si c'est le cas - elles ne sont pas venues me voir. J'ai l'impression que mon coeur devient simultanément plus léger et lesté de plomb. Contradictoire. Comme beaucoup de mes sentiments.
C'est avec un sourire doux-amer que j'écoute Jean me dire que je lui ai manqué à elle et aux Cuckoos. Je la crois - pour elle. Je ne sais pas trop quoi penser pour ma sainte trinité.
Une expression de gêne que je ne saurais contrôler envahit mon visage. C'est là quelque chose de rare mais... approprié.
- Hum... Jean... J'aimerais te parler de quelque chose.
Je sens déjà que les mots commencent à se mélanger dans ma tête. La gêne n'est pas dû à ce que je vais dire, mais plutôt au fait que c'est la première fois que je vais aborder ce sujet avec quelqu'un d'autre. De ma vie. Alors certes, j'en ai perdu quatre, mais ça reste énorme. Et je ne sais pas comment l'aborder. Enfin, j'ai bien une idée d'approche, cependant... on a vu mieux.
- Tu euh... ne va pas souvent explorer dans ma tête, hein ?
La question est réthorique. Je sais qu'elle n'est pas d'un naturel fouineur - enfin, avec ses pouvoirs en tout cas. Néanmoins, j'aimerais bien une réponse. Déjà parce que si elle dit oui, ce sera un sacré poids en moins et que si elle dit non, je vais pouvoir amener ce que j'ai à dire de façon un peu plus naturelle.
Je me connais un peu trop pour me mentir - ça va être un désastre.
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Elles sont sympathiques, je crois. La réponse, plus que bancale, fait légèrement froncer les sourcils de Jean mais elle ne perd pas son sourire, bien trop heureuse de retrouver son amie après ces derniers évènements, même si celle-ci est toujours aussi sauvage en présence d’inconnus. Elle ne s’attarde donc pas sur cette idée, puisque l’essentiel est que Jean n’est plus considérée comme une inconnue et qu’elle a droit, elle, à de vraies phrases de la part de Kali. « Je viendrai te chercher, alors. Tu n’auras qu’à m’envoyer un SMS pour me dire quand tu sors. » Un doux sourire aux lèvres, la rousse penche légèrement son menton sur le côté tout en observant minutieusement sa comparse, se disant tout bas qu’elle a eu de la chance… Ces attaques ont été d’une telle violence, l’issue aurait pu être totalement tragique. Finalement, Kali s’en sort plutôt bien, même si elle ne méritait pas de subir un nouvel évènement traumatique, avec tout ce qu’elle a déjà vécu. Mais Jean essaie de ne pas trop y penser, se disant qu’elle est vivante et c’est tout ce qui compte à présent.
Après quelques brefs échanges concernant la climatisation de la chambre et l’installation d’une couverture supplémentaire pour la frileuse du jour, Kali annonce vouloir lui parler de quelque chose. Intriguée, évidemment curieuse, le Phoenix hausse brièvement ses sourcils tout en inclinant très faiblement son visage sur le coté, affichant alors une position d’écoute favorable : « Bien sûr, dis-moi ? » Jean s’attend à ce que Kali évoque la journée effroyable et terriblement éprouvante l’ayant conduite sur ce lit d’hôpital, en songeant que son amie à besoin de se confier, d’extérioriser la peur, la douleur et la colère éprouvées en étant la cible de ces criminels, et elle est toute disposée à l’écouter et à la rassurer du mieux qu’elle peut. « Tu sais bien que tu peux tout me dire. » Rajoute-t-elle en lui offrant un sourire complice, l’encourageant à prendre la parole et essayant d’instaurer un climat confortable, où Kali serait libre de tout exprimer, même le pire. Mais son amie commence plutôt par poser une question, concernant l’intrusion ou non de la télépathe dans son esprit : Jean écarquille alors légèrement les yeux en secouant vivement son menton de gauche à droite, ne voulant absolument pas que Kali imagine de telles choses de sa part. « Jamais ! » Lance-t-elle avec aplomb, son buste se redressant légèrement tandis qu’elle reprend, plus sincère que jamais : « Jamais sans ton accord. Jamais je ne me permettrai de faire une telle chose Kali, je te promets. » Maintenant que c’est dit, et qu’elle est sûre que Kali la croit, Jean ne peut s’empêcher de reprendre la parole pour demander, les sourcils légèrement froncés : « Pourquoi tu me demandes ça ? » Elle est loin, très loin, de s’imaginer ce que Kali s’apprête à lui annoncer.
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La curiosité de Jean ne lui échappa pas. Pour autant, la jeune mutante ne se renferma pas sur elle-même. Ses joues devinrent simplement... plus rouges. Particulièrement quand son amie lui rappela qu'elle pouvait tout lui dire. Oh Jean, si tu savais, pensa-t'elle.
Mais la réaction de cette dernière à la suggestion qu'elle ait pu faire un tour dans son esprit fut plus exacerbée qu'elle ne le pensait. Levant rapidement ses mains en signe de paix, Kali prit la parole en ayant attendu qu'elle ait posé sa question.
- Ne t'inquiètes pas, je ne t'accusais pas de quoique ce soit. Et d'ailleurs tu sais très bien que ça ne me dérange pas que tu ailles faire un petit tour dans mon esprit. C'est juste que... euh... je voulais savoir si tu étais déjà au courant de ce dont j'allais te parler.
Luttant contre ses frissons, Kali s'assit en tailleur, prête à aborder un sujet difficile pas celui des Cuckoos, mais un autre.
- Ecoute euh... la première fois qu'on s'est croisées, pour acheter ma moto et bien j'ai cru que... oh c'est débile.
Elle prit son visage dans ses mains, déjà mortifiée de honte devant sa propre stupidité.
- J'ai cru que tu me faisais des avances dans le taxi quand tu as mis ta main près de la mienne. Oui je sais c'est stupide !
Fit-elle d'une voix légèrement plus aiguë qu'à l'ordinaire. Le temps qu'il lui avait fallu pour qu'elle se rende compte de son erreur avait été si long qu'elle doutait encore à ce jour de ses capacités mentales et émotionnelles.
- Enfin, c'est pas le sujet mais... fallait que je te le dise quoi.
Elle aurait cru qu'un poids se serait levé en elle, mais tout ce qu'elle ressentait en ce moment même était une gêne si intense que la jeune mutante devait se retenir de se cacher sous les draps.
- Et puis j'ai rencontré les Cuckoos et euh...
Une grande inspiration plus tard, elle lâcha enfin la bombe qu'elle retenait depuis si longtemps.
- Jean. Je crois que je suis éperdument amoureuse d'elles. Pluriel.
Elle enchaina, comme par un besoin de se justifier. Sa cadence augmentait et elle hésitait maintenant beaucoup moins, mue par un désir de vider son sac.
- Je sais que je ne les connais pas depuis si longtemps que ça mais on est connectées à un niveau que je ne pensais pas possible, que je n'ai jamais connu avant. Elles sont si attentionnées, matures, intelligentes... Okay non, je ne vais pas faire de liste ça va durer trop longtemps. Bref. Je les admire autant que je les aime.
Oh. C'était la première fois qu'elle le disait à voix haute. Qu'elle l'admettait. C'était un sentiment assez libérateur mais aussi... effrayant.
- Seulement... je ne sais pas quoi faire. C'est la première fois que je tombe amoureuse. Je ne sais pas comment aborder le sujet ou si je devrais même l'aborder. J'ai peur de leur dire la vérité, mais l'idée qu'elle puisse me rejeter me terrifie.
Son regard s'abaissa, contemplant le relief de ses jambes sous le drap. C'était un euphémisme. Kali ne supporterait pas un rejet, elle le savait. Et pire encore, elle serait incapable de blâmer les Cuckoos : ce n'était pas une mince affaire que d'accepter une fille comme elle dans leurs vies.
- Jean... qu'est ce que tu penses que je dois faire ? Sa voix était maintenant ténue, affectée par la crainte du rejet.
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« La confidence avec un bon ami jamais, sans l'offenser, ne s'exerce à demi. L'amitié reçoit les confidences de l'amour ; l'amour reçoit-il les conseils de l'amitié ? Refuser la confidence, c'est admettre la non-confiance. »
C’était gravé sur le visage de Kali : ce qu’elle avait à lui annoncer était d’une gravité sans nom, il n’y avait aucun doute là-dessus. Bien évidemment, la jeune mutante se mit à imaginer le pire dans le silence de sa propre expression figée, et tout passait dans son esprit à une vitesse folle : la maladie incurable, la trahison enfin avouée, le mensonge, le départ à venir… Les sourcils légèrement crispés, d’une manière imperceptible pour ne pas être remarqué par l’interlocutrice qui s’apprêtait à parler, et qui ne devait pas être interrompue dans son élan, Jean était immobile dans la position qu’elle avait précédemment adopté, les bras posés sur ses genoux croisés, le menton un peu en avant, les paupières faiblement écarquillées, le coeur battant un peu trop fort sous l’appréhension éprouvée… Qu’est-ce que son amie allait lui annoncer ?! Les mauvaises nouvelles n’avaient visiblement pas fini de pleuvoir…
Ayant la gorge soudainement sèche, Jean l’avait raclée en se voyant néanmoins rassurée sur un point : Kali ne la pensait pas fouineuse au point de scruter son esprit sans son consentement. De toute façon, cela ne semblait pas être le noeud du sujet. « Je t’écoute. » Avait-elle dit d’une voix aussi posée et calme que possible, bien qu’il était évident qu’elle redoutait ce qu’elle allait entendre. « Ecoute euh... la première fois qu'on s'est croisées, pour acheter ma moto et bien j'ai cru que... oh c'est débile. » L’encourageant d’un bref haussement de sourcil, elle avait gardé le silence jusqu’à l’entendre poursuivre : « J'ai cru que tu me faisais des avances dans le taxi quand tu as mis ta main près de la mienne. Oui je sais c'est stupide ! » Est-ce qu’elle se souvenait avoir fait ça ? Elle ne le remettait pas en doute mais devait avoué que cela n’avait nullement été une manoeuvre en ce sens car, à l’époque, elle était encore amoureuse de Scott. Du moins, elle pensait l’être. Elle savait aujourd’hui qu’il n’en était rien. Néanmoins, elle n’eut aucune réaction sur l’instant, préférant prendre le temps d’analyser ce que Kali venait de lui dire… Mais, là encore, il y avait une suite. Et cette suite allait lui faire oublier cette histoire de mains.
« Et puis j'ai rencontré les Cuckoos et euh... Jean. Je crois que je suis éperdument amoureuse d'elles. Pluriel. » Là, le visage de Jean avait subi une transformation presque comique : plissant ses paupières en fronçant ses sourcils, la jeune femme avait avancé son menton vers l’avant comme pour questionner le sérieux de sa comparse mais, se rendant compte qu’elle était plus sérieuse, la rousse s’était repris. Très bien. Kali amoureuse. Cuckoos. Pluriel. Rien que ça ! « Au pluriel ? » Oui, c’était visiblement le point qui la surprenait le plus ! Elle comprenait sans mal qu’on puisse trouver les trois soeurs attirantes, car elles étaient divinement belles, mais… Les trois en même temps ?! « Tu es amoureuse des trois ? » Demanda-t-elle clairement pour être sûre, se disant qu’elle avait probablement mal compris. Mais le malentendu, le vrai, n’avait pas fini de s’étendre….
« Je sais que je ne les connais pas depuis si longtemps que ça mais on est connectées à un niveau que je ne pensais pas possible, que je n'ai jamais connu avant. Elles sont si attentionnées, matures, intelligentes... Okay non, je ne vais pas faire de liste ça va durer trop longtemps. Bref. Je les admire autant que je les aime. » Connectées à un niveau qu’elle ne pensait pas possible ? Qu’elle n’a jamais connu avant ? La suite des éloges avait entraîné un terrible quiproquo dans l’esprit de Jean : elle pensait, alors, qu’il y avait déjà eu un rapprochement entre les quatre demoiselles. Voilà qui changeait tout. Enfin, presque. « Seulement... je ne sais pas quoi faire. C'est la première fois que je tombe amoureuse. Je ne sais pas comment aborder le sujet ou si je devrais même l'aborder. J'ai peur de leur dire la vérité, mais l'idée qu'elle puisse me rejeter me terrifie. » S’il avait eu un rapprochement, il n’y avait aucune raison pour que Kali soit rejetée. Sûre de ce qu’elle avait compris, Jean avait avancé une main pour la poser sur celle de son amie blessée, lui adressant alors un sourire à la fois complice et encourageant : « Tu me parles d’une connexion entre vous, alors il n’y a pas de raison qu’elles te rejettent ! Peut-être qu’elles ressentent la même chose pour toi mais qu’elles n’osent pas te le dire ? » Néanmoins, même si elle ne voulait pas se l’avouer, toute cette histoire soulevait un certain trouble dans l’esprit de la mutante, car elle avait du mal à entrevoir ses trois amies engagées dans une quelconque relation amoureuse, dès lors qu’elles éprouvent de grandes difficultés avec le plus banal des gestes physiques. Mais peut-être que leur relation n’avait rien de physique ? Curieuse, Jean avait bien envie d’en savoir plus mais elle respectait l’intimité de ses amies. Même si c’était difficile. Être télépathe, ce n’était pas tous les jours simples !
Qu’est-ce que Kali devait faire ? Elle ne s’adressait pas à la meilleure personne pour avoir des conseils… « Ma vie amoureuse est, soit le désert, soit le néant alors je ne pense pas être la personne la mieux placée pour te conseiller. Néanmoins, je te dirai de jouer la carte de l’honnêteté… Au moins, tu seras fixée. » Se sentant privilégiée d’être dans la confidence, car cela témoignait d’une grande confiance de la part de Kali, elle avait rajouté, avec un franc sourire aux lèvres : « Cela me fait plaisir que tu m’en parles. » Véritablement touchée de ce témoignage amical, Jean était restée quelques secondes silencieuse avant de revenir au sujet épineux, proposant alors : « Si tu n’oses pas leur parler en face, tu peux toujours leur écrire une lettre ? Qu’en penses-tu ? C’est très romantique, les lettres. »
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Kali ne sut pas comment prendre la poker face de Jean. Etait-ce une façon de lui dire qu'elle savait ? Ou que cela ne lui faisait ni chaud ni froid ? Ce serait à discuter plus tard. Peut-être. Il y avait plus urgent pour le moment.
Sa réaction face à la révélation du siècle fut bien plus compréhensible. Oui. Les trois. Elle aurait bien voulu s'étendre un peu plus là-dessus, mais ressentant le désir de justifier leur relation, Kali était déjà passée à autre chose.
Pour une fois, la main posée sur la sienne avait le mérite d'être claire. Encore horriblement gênée, la jeune mutante s'était laissée allée à un petit sourire, avant d'expliciter leur connexion et la raison pour laquelle elle restait encore dans le flou vis-à-vis des sentiments des Cuckoos.
- La connexion dont je te parle, c'est lié à notre passé. On a... beaucoup de similarités, beaucoup d'empathie pour ce que l'autre a vécu. J'ai envie de les accompagner et de les protéger et j'espère que c'est réciproque. Mais le problème c'est que tout ça n'a rien de romantique en soi. Mes sentiments sont nés de leurs personnalités et de ces similarités - rien ne garantit que ça soit le cas de leur côté. Et euh...
Il fallait lui expliquer pourquoi trois et non une. Ca n'allait pas être simple.
- Bien qu'elles aient des personnalités différentes que j'adore, elles viennent par trois, pas une de moins.
Il y en avait bien deux de plus mais c'était vendre la peau de l'ours avant de l'avoir retrouvée.
- Elles fonctionnent à trois, pensent à trois et vivent à trois. Je ne peux pas et ne veux pas les séparer. De toute façon je les apprécie toutes autant.
Ce fut au tour de Kali d'être surprise par la déclaration de Jean : sa vie amoureuse était un désert ?
- Personne ne t'intéresse ?
Après, elle en aurait parlé pendant le télépotin, non ? Peut-être pas, rien ne l'obligeait à le faire, surtout qu'elle n'était pas le cerveau de réunion.
- Je pense que tu as raison. Il faut que je prenne les devants. J'ai bien peur que si je n'aborde pas le sujet avec elles, elles ne le feront jamais.
Le sourire de Jean fut contagieux - cela lui faisait également plaisir de pouvoir en parler à quelqu'un et particulièrement sa comparse rousse.
- Tu sais, je te considère comme ma meilleure amie. Alors qui de mieux que toi pour parler de mes sentiments ?
L'histoire de la lettre fit tirer une grimace à Kali.
- J'ai euh... déjà involontairement essayé ça avec toi. Pour savoir si tu avais des sentiments pour moi. Et disons que si ce n'est pas très explicite j'ai l'impression que ça ne marche pas du tout. Et je crois que je ne suis pas mentalement prête pour un rejet épistolaire.
Elle eut un petit rire nerveux. Rire qui se finit en un tournis inattendu.
- Je crois que j'ai un petit coup de fatigue.
Kali s'allongea, la pièce n'arrêtant pas de tourner pour autant. Il lui semblait pourtant avoir bien dormi. Peut-être était-ce le soulagement d'avoir enfin avoué ce qui la tracassait depuis un moment ? Un peu de sucre lui ferait du bien.
- Désolé Jean, ça te dérangerait de me ramener un chocolat chaud ? Et je prendrais volontiers un bout de ce que tu as ramené, qu'importe son état.
Un petit sourire amusé flotta temporairement sur ses lèvres. Le petit côté évasif de Jean n'était pas des plus subtils.
I need relief, a failure's coming on Just breathe in deep, it's taking far too long I need relief, this weakness carries on Please be a dream, or was it all along?
« La confidence avec un bon ami jamais, sans l'offenser, ne s'exerce à demi. L'amitié reçoit les confidences de l'amour ; l'amour reçoit-il les conseils de l'amitié ? Refuser la confidence, c'est admettre la non-confiance. »
À côté de l’amour voué aux Cuckoos — les trois, c’était important de le préciser puisque c’était ce qui interpellait le plus la jeune mutante, cette histoire de main interprétée comme une invitation amoureuse était obsolète, presque, dérisoire. Pour preuve, Jean l’avait déjà oublié et ne comptait pas remettre ce sujet sur le tapis. Elle en avait un autre en tête, bien plus intéressant. « Les trois, tu es sûre ? » Demanda-t-elle dans un élan de grimace perplexe, qui ne relevait aucun jugement de valeur ni de caractère dénigrant ; il lui semblait seulement, dans son esprit romantique qui jugeait l’amour comme un sentiment unique, qu’on puisse aimer plusieurs personnes à la fois. Ainsi, puisqu’elles étaient amies, et de proches amis, la télépathe s’était permise une théorie qui allait peut-être déplaire à sa comparse, mais qui méritait qu’on l’évoque. Les amis, ce n’est pas seulement se soutenir, c’est aussi confronter une réalité qu’on ne veut peut-être pas voir. « Je comprends que tu puisses être attirée par Mindee, Céleste et Phoebe, elles sont divines ! Mais très différentes les unes des autres, du point de vue de la personnalité. Je ne veux pas te vexer Kali, ni remettre en doute tes sentiments mais… Ne penses-tu pas que tu es seulement attirée par elles ? Et dans attirance, je pense aussi à la fascination, l’admiration… Elles sont peu ordinaires, dans le bon sens du terme, mais j’ai du mal à croire qu’on puisse être amoureuse de plusieurs personnes à la fois. » S’excusant presque pour sa franchise — c’était pourtant le signe de son amitié sincère et véritable, la rousse avait creusé ses lèvres dans un sourire désolé mais tendre, en espérant ne pas froisser celle qui était une précieuse amie, qui se livrait à des confidences courageuses.
Courageuses, mais un peu floues. Trop floues. Si bien que Jean avait décidé de les rendre nettes en les interprétant.
Après les paroles de Kali, le Phoenix avait compris qu’elle s’était trompée : rien de romantique n’avait été partagé entre les quatre demoiselles. Les sentiments de Kali, pour l’instant inavoués, n’étaient peut-être pas partagés… Voilà qui compliquait sérieusement la situation. « Il n’y a jamais rien eu d’ambiguë entre vous ? Des regards prolongés ? Des mains qui s’effleurent ? Mauvais exemple… » Malicieuse pour détendre l’atmosphère, Jean avait lancé un sourire taquin et complice à Kali pour la distraire, avant de redevenir sérieuse. Les questionnements de son amie l’étaient, alors elle allait s’efforcer de l’aider à trouver une issue favorable à ses émois amoureux. « On est d’accord sur ce point, je doute que les Cuckoos évoquent ce sujet avec toi, même si elles sont généralement très directes. » Et qui de mieux placé pour le savoir que Jean ? « Non, personne. » Répondit-elle en grattant le côté de son crâne, fronçant son petit nez comme un accordéon car elle n’avait point envie d’aborder le sujet. Sa vie amoureuse était plate, et elle ne savait pas encore si elle devait s’en réjouir ou s’en morfondre alors elle évitait soigneusement d’y penser. Le déni, son meilleur allié.
Le rejet épistolaire fit rire Kali, et sourire Jean d’un air tristement mitigé ; elle non plus n’avait pas envie de voir son amie souffrir, mais elle avait la curieuse sensation de connaître déjà l’issue de cette histoire. N’en disant rien, la rousse s’était levée de son siège en fronçant ses sourcils, car son amie semblait tout à coup la proie d’un terrible malaise ; elle était encore plus pâle que tout à l’heure ! « Est-ce que ça va ? Tu veux que je te laisse te reposer ? » Un chocolat chaud, oui, en bas, ok. Mais pour cela, il fallait la laisser toute seule… Est-ce qu’elle devait prévenir les infirmières, sympas ou non ? « J’y vais tout de suite. » Avait-elle fini par dire en pressant ses lèvres l’une contre l’autre, s’éclipsant de la chambre sans la quitter des yeux, jusqu’à refermer la porte. Une vive angoisse planait dans son coeur, une appréhension qui lui disait que quelque chose de grave se préparait… Dans le couloir, la rouquine avait croisé une infirmière et l’avait prévenue de l’état de Kali, avant de filer dans le hall pour acheter deux chocolats chauds à la machine automatique. Après quoi, elle était remontée à l’étage pour retrouver son amie, bien qu’elle avait du mal à apaiser le stress qu’elle éprouvait… Quelque chose clochait. Mais quoi ? Recroissant la même infirmière, en tenant ses deux gobelets brûlants aux mains, elle lui demanda : « Est-ce qu’elle va bien ? »
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
Cette discussion n'était pas le fruit d'une réflexion hâtive. Elle qui n'était pas particulièrement douée dans le domaine de l'introspection avait dû tenter de comprendre ses propres sentiments, qui en était la cible et d'où ceci venaient. L'attirance n'avait jamais été vraiment un facteur pour elle. Jean était attirante. Kurt aussi, d'une autre façon.
Pourtant, aucun d'entre eux n'avait été capable de toucher son cœur comme l'avaient fait les Cuckoos. Pluriel, encore une fois. Elles étaient peut-être trois personnes distinctes, mais faisaient partie d'un tout. C'est ce qu'elle essaya d'expliquer à Jean.
- J'y ai pensé. Mais ce n'est pas que de l'attirance - je t'admire, aussi bien pour tes qualités que ton physique, mais je ne suis pas pour autant amoureuse de toi. C'est la première fois de ma vie que je ressens quelque chose comme ça. C'est… plus profond.
Elle prit une pause, semblant un instant chercher ses mots.
- Je sais bien que cela peut sembler… étrange. Mais elles sont liées inextricablement et c'est quelque chose que j'ai ressenti pour chacune d'entre elles.
Le regard baissé en direction de la couverture, Kali se tut. La jeune mutante s'était bien doutée qu'elle n'aurait pas le soutien inconditionnel de Jean, mais l'absence de celui-ci renforçait un peu plus sa solitude. Si les Cuckoos ne l'acceptaient pas, que lui resterait-il?
La question de Jean la surprit. Immédiatement, ses méninges fatiguées tentèrent de trouver une trace d'affection plus qu'amicale, sans réussir à en trouver une.
- Non. Je pense que tu le sais, mais elles ne sont pas très tactiles. Et pas de regard langoureux - ou de main touchée.
Elle rendit un maigre sourire à Jean, avant de hocher la tête à sa remarque. Les Cuckoos étaient en effet directes, sauf peut-être si elles voulaient éviter de la blesser.
Ses sourcils se froncèrent un instant à la remarque de Jean. Personne ? Comment ? Voyant l'expression de cette dernière, elle évita cependant d'insister.
S'ensuivit son accès de faiblesse. Alors que Jean s'était mise en quête d'un breuvage chocolaté, Kali n'avait pu que constater l'absence d'arrêt de son tournis. Une infirmière dénommée Judy - si sa vue ne la trahissait pas aussi - entra dans la pièce, après avoir brièvement toqué à la porte.
- Votre amie m'a dit que vous ne vous sentez pas bien ?
Jean. Cette trahison lui était instantanément pardonnée, évidemment.
- J'ai la tête qui tourne. Et j'ai froid.
- Je vais regarder ça.
L'infirmière lui prit alors sa température, fronçant les sourcils devant le résultat. Il fallait qu'elle aille voir les résultats de sa dernière prise de sang.
- Je reviens.
Elle croisa dans le couloir la jeune fille qui l'avait alertée, avec cette fois-ci deux chocolats chauds dans les mains en plus de son regard inquiet.
- Je soupçonne que Kali a attrapé quelque chose pendant son séjour chez nous. Écoutez, votre visite avait l'air de lui faire extrêmement plaisir, alors je vous propose de rester encore une quinzaine de minutes, le temps que j'aille vérifier quelque chose dans son dossier, d'accord ? Je crains de devoir la garder un peu plus longtemps.
Sur ce, Judy fila dans son bureau, en quête des fameux résultats.
Dans son lit, Kali n'en menait pas large. Non seulement la fatigue ne semblait pas vouloir s'en aller, mais la température lui semblait avoir chuté de quelques degrés de plus.
Au retour de Jean, elle prit la boisson que lui tendait sa comparse rousse, avant d'en boire une gorgée qui ne lui fit pas vraiment de bien.
- Je suis désolée Jean, je crois que je vais bientôt devoir faire une sieste. C'est à croire que toute l'excitation liée à ta venue vient de s'abattre sur moi d'un coup.
Elle posa le gobelet, son regard teinté de tristesse contemplant le visage de Jean.
- Vous me manquez toutes. J'espère pouvoir revenir vite.
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