[Terminé] it's you, my brother ft Ezekiel Ranevskaia

Des nombreux défauts qu’il possède, la violence est sans doute le seul qu’il n’essaie pas de corriger : il ne considère pas ses élans brusques comme des tares qu’il faut effacer, et a depuis longtemps embrasé ses penchants enragés  sans nul doute hérités de son père, bien qu’il ne veuille pas se l’avouer. Alors, entendre que sa petite protégée évolue dans la même tranchée impitoyable… Cela ne peut que le faire sourire, avec une fierté non dissimulée. Mais si le rictus amusé prend place sur ses lèvres, il comprend rapidement qu’elle s’en veut alors il amoindrit celui-ci, presse ses lèvres l’une contre l’autre pour reprendre, d’une voix basse qui se veut apaisante et sérieuse : « Mais tu ne l’as pas fait, et c’est ça le plus important. » Il ne cherche pas à minimiser les faits, ni à l’infantiliser, mais exprime sincèrement sa vision des choses ; elle ne voulait faire de mal à personne et se trouvait simplement sous la coupe de ses émotions, rien de plus, rien de condamnable. « Tu n’as aucune raison de t’en vouloir. »

En apprenant que sa victime est Remy, Ezekiel hoche son menton de haut en bas tout en paraissant soulagé car, il se sait suffisamment proche du Voleur pour lui expliquer la situation et faire en sorte qu’il ne garde pas un mauvais souvenir de sa protégée… Après tout, elle pourrait faire une future recrue prometteuse pour la Guilde, mais il est encore trop tôt pour se projeter de la sorte alors il se garde bien de le dire à voix haute. Passant la pointe de sa langue sur ses lèvres, il se rapproche d’Alice en lui disant, avec tendresse : « Remy est mon meilleur ami en effet, je lui expliquerai toute la situation et il comprendra, je le sais. » Avançant sa main jusqu’à son visage, il effleure sa joue de son pouce avant de reprendre sa place, ne sachant pas trop quoi faire face à la culpabilité d’Alice… Après quelques secondes de silence, il lui dit finalement : « Tu auras l’occasion de t’excuser, ne t’en fais pas. Quant aux autres… Ils comprendront. Quand on est triste ou en colère, on dit et fait des choses qu’on regrette ensuite ; l’important est d’avoir conscience qu’on a fait une erreur, tu comprends ? » Il espère que oui, parce qu’il n’est pas franchement doué pour réconforter les autres. Pour être sûr d'enterrer le sujet une bonne fois pour toutes, et pour lui faire penser à autre chose, il lui demande, véritablement inquiet de son état : « Comment va ta blessure au ventre, depuis ? »

Alice semble préoccupée par les méfaits de son passé dont il ne connait presque rien, et concernant lequel il ne la questionne que rarement : si elle souhaite lui parler, il l’écoute attentivement et tente d’arrondir les angles pour l’apaiser mais, jamais il ne lui impose d’avouer quoique ce soit. Mais lorsqu’il voit dans ses yeux qu’elle est véritablement affectée par ce qu’il s’est passé avec Remy, il ne peut s’empêcher de se rapprocher d’elle pour glisser sa main jusqu’à la sienne, la prenant entre ses doigts pour lui témoigner son affection sincère mais aussi sa loyauté indéfectible, pour lui parler d’une voix douce : « On fait tous des erreurs, et on apprend tous de nos faux pas. » Lui n’apprend rien de ses erreurs avant de les avoir fait plusieurs fois, mais il n’est pas question de nier celles d’Alice : pour autant, il ne l’en accable pas et l’invite plutôt à les considérer comme des apprentissages, ce qui impliquerait qu’il est lui-même mauvais élève en la matière. « Avec moi, tu n’as jamais fait d’erreur. » Il lui offre un sourire joyeux et complice avant de se reculer, sa main se séparant de celle de la jeune fille pour se reposer calmement sur sa propre jambe.

Questionnant finalement son état pour changer de sujet, il jette un regard inquiet vers sa blessure au ventre en finissant son café. Elle n’a pas eu mal depuis un moment… Voilà qui le rassure. Il lui offre un sourire plus franc en hochant son menton de haut en bas, satisfait de cette nouvelle. C’est un problème en moins pour sa petite protégée. « Je suis content de l’entendre, j’avais peur qu’elle s’aggrave. Quand on s’est rencontrés, tu étais en mauvais état… » Taquin, il fronce son petit nez tout en lançant un léger coup de menton en sa direction, prenant le temps d’apprécier l’instant avant de poursuivre, d’un ton plus sérieux : « J’ai quelque chose à te demander, et j’aimerais que tu sois sincère avec moi. » Non pas qu’il doute de son honnêteté mais, tout de même, il tient à ce que sa volonté soit claire auprès d’Alice. Après quoi, il poursuit : « Est-ce que tu sais quelque chose au sujet de mon agression ? Qu’est-ce que Gabriela t’a dit exactement ? » La moindre information peut potentiellement l’aider à retrouver son agresseur. Et c’est la seule chose à laquelle il pense en cet instant.

Il entend les remerciements d’Alice mais les refuse d’un mouvement de la main, son visage exprimant une tendresse certaine, une affection fraternelle qui n’est plus un mystère pour personne, même s’il est vrai qu’il éprouve également une certaine fierté à être cette figure auprès d’Alice. Elle qui est si sauvage, ne se laissant pas facilement approcher et… Pourtant, il a réussi. Il est devenu sa personne de confiance, et il fera tout pour ne jamais la décevoir, et encore moins l’abandonner. À ses yeux, elle est la soeur qu’il a perdu, et qu’il ne perdra plus jamais. « Ne me remercie pas. » Il lui adresse un sourire suave avant d’aborder un sujet sensible, un sujet grandement épineux et douloureux mais qu’il lui faut aborder pour sa propre tranquillité d’esprit. Il a besoin de réponses, il a besoin d’indices et, au fond, il espère bien qu’Alice pourra être celle qui l’aide sur le chemin de sa vengeance mais… La jeune fille ne sait rien. Rien qui puisse le conduire sur la piste de son agresseur, du moins. Il soupire discrètement, gardant les vestiges de son sourire doucereux en essayant de dissimuler au mieux sa déception. Il n’est pas déçu d’Alice, mais plutôt de stagner dans son manque de souvenirs, dans cette mémoire trouée qui lui fait tant défaut, et dans sa malchance accablante ; comment se peut-il que personne n’ait rien vu, rien entendu de son agression ? Pourquoi la police ne trouve aucun indice ? Quelqu’un sait quelque chose, quelque part, il en est sûr.  ll faut juste trouver cette personne. « Elle voulait te protéger… Elle est comme ça, il ne faut pas lui en vouloir. » Il essaye de défendre Gabriela mais son esprit est tellement occupé par ses aspirations de vengeance bloquée qu’il n’y met pas une très grande conviction, sa main venant même froisser son visage  aux traits fatigués tandis qu’il soupire une nouvelle fois, baissant les yeux sur ses jambes qui lui sont encore douloureuses lors de la marche, avant de reprendre un visage plus joyeux, bien qu’au fond, il demeure sincèrement coléreux de la situation dans laquelle il se trouve, et qu’il considère comme injuste. Mais il ne veut pas transmettre ce sentiment néfaste à sa protégée, alors il lui lance un sourire forcé tout en proposant, d’une voix qui se veut de réjouissances : « On se regarde un film ? » La journée allait se finir de la plus belle des façons, avec la meilleure compagnie qui soit : sa petite soeur de coeur.