Le mois de juillet était passé, à la fois très lentement et beaucoup trop vite. La crise majeure qu'avaient traversée le professeur Xavier et ses proches était enfin terminée. Wanda était sauvée, son alter-ego était maîtrisée. Charles pouvait enfin vivre sans la crainte constante de voir surgir la Sorcière Sombre pour tenter de détruire ce qu'il avait de plus cher. Sa famille, ses amis, ses élèves, étaient saufs.
Le mois d'août était arrivé. La rentrée de septembre se préparait doucement mais sûrement. Le directeur de l'Institut avait déjà accueilli de nouveaux élèves et recruté de nouveaux membres du personnel. Aujourd'hui, il partait à la rencontre d'une potentielle professeur d'arts plastiques. Piotr lui avait annoncé fin juillet qu'il repartait pour la Russie, libérant le poste qu'une jeune femme s'était justement proposé de prendre quelques jours plus tôt. Le hasard faisait bien les choses.
Mademoiselle d'Ancanto était un cas à part. Tous les mutants étaient particuliers, en un ou plusieurs sens, mais celle-ci avait un pouvoir on ne peut plus singulier, de ces dons que l'on qualifiait plus aisément de malédiction. Charles espérait pouvoir l'aider à ne plus en avoir peur. D'après les sœurs Cuckoos qui l'avaient dirigée vers lui, elle vivait à l'écart des autres par peur de leur faire du mal. Il avait hâte de la rencontrer et de faire sa connaissance.
Il ne lui avait cependant pas proposé une entrevue formelle à l'Institut. Il préférait échanger avec elle sans que la conversation ne soit biaisée par le stress d'un entretien d'embauche. Il avait donc décidé de venir à sa rencontre, à Central Park, sans qu'elle ne sache qui il était. Phoebe lui avait indiqué l'endroit où elle peignait. Une fois sur place, il sonda les environs pour la repérer. Une jeune peintre aux cheveux bruns avec des mèches blanches, cela ne devrait pas être trop difficile à trouver, surtout pour le télépathe accompli qu'était Charles.
Il finit par la localiser, non loin de la fontaine Bethesda. Il prit le temps de la rejoindre, profitant du superbe soleil de cet après-midi d'été. La jeune artiste était assise sur un banc, un chevalet devant elle, un pinceau dans sa main gantée. Charles s'approcha tranquillement, positionna son fauteuil à côté du banc, tourna la tête vers elle et lui adressa un doux sourire.
Le mois d’août venait d’arriver doucement. Pour Malicia, la routine continuait d’être présente avec quelques différences : Elle avait fait la rencontre des soeurs Cukoos, des triplettes qui lui avaient donner quelques espoirs concernant sa vie future. Elle avait aussi rencontrer Rocket a qui elle avait malheureusement prit un souvenir pendant quelques instants. Enfin, elle avait vu un souvenir donc il avait enfoui. C’était malheureusement ce qui arrivait quand elle touchait quelqu’un. Par contre, elle ne savait pas que cela fonctionnait sur des êtes anthropomorphiques. Maintenant, elle le savait. Et puis, elle avait envoyé un mail au directeur de l’institut donc les soeurs Cukoos lui avaient parlé. Elle avait eu une réponse, mais pour l’instant, il n’était pas disponible. Elle se doutait bien qu’il était très occupé. Alors Malicia avait vu ses espoirs se réduire un peu. Peut-être que ce n’était pas le moment pour elle.
Ce jour là, Malicia prit la direction de Central Park comme d’habitude. Elle avait décidé de se mettre plutôt du coté de la fontaine Bethesda. C’était un endroit magnifique et elle y avait rencontré les soeurs Cukoos. Et c’était devenu de nouveau son endroit préféré. Les gens y passaient souvent et elle pouvait voir la diversité. Elle était loin d’imaginé qu’elle allait y rencontrer Charles Xavier dans quelques instants. Il y avait aussi un autre homme, Luke qu’elle avait rencontré quelques jours plus tôt. Sa vie prenait maintenant une tournant donc elle ne s’attendait pas, mais c’était plutôt une bonne chose. Le vent tournait et c’était pour le mieux.
Elle était sur place depuis plusieurs minutes maintenant, ses tubes de peinture devant elle, son tableau et elle peignait un couple qui était assit devant elle depuis un petit moment. Elle avait prévu de leur montrer le tableau. Pendant qu’elle peignait son tableau, un homme s’était approché d’elle, positionnant son fauteuil près du banc, se tourna vers elle et lui demandant en souriant ce qu’elle peignait. Malicia regarda l’homme. Il émanait de lui une bienveillance qu’elle apprécia tout de suite. La jeune femme sourit a son tour avant de lui dire :
« Vous voyez le couple devant nous ? Je suis en train de les peindre. Peut-être que je vais avoir fini avant qu’ils ne partent… »
Tout en donnant quelques coups de pinceau, la jeune femme demanda :
La jeune femme était absorbée par sa création, elle ne remarqua pas Charles avant qu'il ne s'adresse à elle. Elle le regarda alors et lui sourit à son tour. Visiblement, elle n'était pas fermée à la discussion avec un inconnu. C'était encourageant. Il avait craint qu'elle ne prenne peur, se méfie, ou se renferme sur elle-même. Mais il avait ce don passif de mettre les gens en confiance, d'avoir une présence rassurante qui facilitait grandement les rapports sociaux.
Son regard clair se porta sur l'œuvre en cours, puis sur le charmant couple assis sur un banc qui profitait simplement de cette belle journée. Le tableau n'était pas terminé, mais Charles pouvait déjà voir que l'artiste avait un talent certain. Qu'avaient dit les Cuckoos à ce sujet déjà ? Qu'elle peignait la réalité comme si sa toile était un gant de protection. En effet, il la sentait apaisée, dans la maîtrise de ce qu'elle faisait. Lorsqu'elle lui demanda si elle pouvait l'aider, il répondit, toujours un doux sourire aux lèvres :
« Oh continuez je vous en prie. J'ai toujours eu un grand respect pour les artistes, n'ayant malheureusement moi-même aucun talent dans ces domaines. »
Il resta silencieux quelques instants, posant ses mains croisées sur ses cuisses, observant Malicia ajouter des touches de couleur sur la toile. Les gants de cuir qu'il portait lui tenaient affreusement chaud, mais c'était une précaution nécessaire au vu du pouvoir de la mutante. Lorsqu'il se présenterait à elle, il tenait à pouvoir lui serrer la main sans que cela ne tourne à la catastrophe.
« Cela peut paraître étrange de nos jours, surtout dans une grande ville comme New York, mais j'apprécie passer du temps à simplement discuter avec mes semblables. »
Le terme avait été choisi avec soin. Si le mot "semblable" pouvait communément désigner les êtres humains en général, ici il pouvait aussi prendre le sens de mutants. Elle ne comprendrait potentiellement pas l'allusion immédiatement, cela dit.
« Vous auriez pu peindre la fontaine, ou les arches en arrière-plan, ou toute autre merveille architecturale dont Central Park regorge… Et pourtant votre attention s'est portée sur deux personnes ordinaires parmi une foule d'anonymes. Qu'est-ce qui a motivé ce choix ? Qu'est-ce que vous percevez en eux ? »
Lorsque Malicia était concentrée dans son travail, la plupart du temps, il était difficile pour elle de voir les gens autour d’elle. Et puis, maintenant, elle avait l’habitude de les voir venir près d’elle pour l’observer. Elle était maintenant assez connue dans Central Park par les habitués. Certains venaient presque tous les jours la saluer et prendre de ses nouvelles. Par politesse peut-être ? Malicia ne savait pas, mais cela lui faisait plaisir que les gens viennent la voir pour ses tableaux et non pour lui poser des questions sur le fait qu’elle porte des gants tout le temps (ou presque) ou le fait qu’elle ne soit pas trop bavarde. Malicia avait trouvé son équilibre depuis qu’elle était revenue du snap.
Lorsque Charles était arrivé près d’elle, elle ne l’avait pas tout de suite remarquer, concentrée dans son oeuvre. Puis, elle l’avait vu. Il semblait être quelqu’un de poser, de calme. Elle lui décrit ce qu’elle faisait puis lui demanda si elle pouvait l’aider ce à quoi il répondit qu’elle pouvait continuer de peindre. Il avait toujours eu un grand respect pour les artistes. Malicia continuait de lui sourire avant de voir ses mains sur ses cuisses. Il avait mit des gants. La jeune femme pencha la tête sur le coté pour chercher à comprendre pourquoi ? Est-ce que c’était à cause de son fauteuil ? S’il devait utiliser ses mains pour se déplacer, ce ne devait pas être évidant. Mais il semblerait que ce n’était pas pour ça. La jeune femme décida de ne pas poser de questions, car lui-même n’avait pas poser de questions lorsqu’il avait vu qu’elle avait ses gants pour peindre. Pendant quelques instants, le silence revient entre eux, le temps pour Malicia de continuer de peindre, peut-être un peu plus nerveusement qu’avant l’arrivée de l’homme. Il lui dit alors que cela pouvait lui paraître étrange, mais il appréciait passer du temps à discuter avec ses semblables. Malicia tiqua une nouvelle fois. Semblable ? Est-ce qu’il était un mutant lui aussi ? La jeune femme tourna légèrement la tête vers l’homme tout en s’arrêtant de peindre. Peut-être est-ce qu’elle avait mal comprit ? Elle choisit de ne pas dire un mot pour l’instant, de peur d’être dans l’erreur. Elle se donna quelques minutes de discussion pour se décider si elle pouvait faire confiance à l’homme ou pas. D’ailleurs, ce dernier lui dit qu’elle aurait pu peindre une fontaine, des arches en arrière-plan, mais elle avait décidé de dessiner ce couple, ces deux personnes ordinaires. Le choix de mots n’étaient pas anodins. Charles lui demanda alors ce qui avait motivé son choix, ce qu’elle percevait en eux. Malicia décida de poser son pinceau sur le rebord du chevalet et se tourna vers celui qui lui faisait la discussion. La jeune femme baissa légèrement la tête vers ses mains et lui répondit :
« Depuis des années, je fais de la peinture et du dessin. Je viens à Central Park depuis longtemps aussi… Sauf pendant les cinq années où j’ai été snapé. C’est une routine pour moi… Vous aviez dit que vous appréciez de discuter avec vos semblables. Si vous pensez aux… mutants, alors oui, vous êtes au bon endroit. »
Elle le regarda du coin de l’oeil. Elle ne connaissait pas son pouvoir, elle ne savait pas qui il était, mais il était comme elle sans doute. Peut-être qu’ils n’avaient pas le même pouvoir par contre… Malicia n’avait jamais rencontrer quelqu’un avec le même pouvoir qu’elle. La malédiction qu’elle devait supporter n’était que pour elle, comme un pénitence pour quelque chose qu’elle aurait fait dans une vie antérieure, si cela existait.
« Je vous déconseille fortement d’essayer de me toucher cependant. Si vous êtes un mutant, vous allez perdre votre pouvoir pendant un moment. Si vous n’êtes qu’un simple humain, vous pourriez en mourir… »
Elle se rendit compte qu’elle n’avait pas répondu à la question que l’homme lui avait poser. La jeune femme reprit donc :
« Pour répondre a vos questions. J’ai dessiné ce couple parce qu’ils me rappellent que je n’ai pas accès à ce genre de choses… Je perçois en eux mon envie d’avoir une vie normale que je ne peux pas avoir avec mon pouvoir… »
En fait, Malicia venait de se rendre compte que tous les portraits qu’elle dessinait était surtout une façon de se rappeler qu’elle ne pourrait jamais connaitre ce bonheur d’être en couple…
La demoiselle avait de la jugeote. Lorsque Charles avait évoqué ses semblables, elle avait tourné la tête vers lui, en proie au doute. Mais elle n'avait pas répondu, sans doute par peur d'être dans l'erreur. Son hypothèse était juste pourtant, mais elle ne semblait pas avoir suffisamment confiance en elle pour se risquer à poser la question. Ou bien était-elle trop polie ou trop réservée pour faire un commentaire.
Il choisit alors d'aborder les problèmes de la jeune femme par le prisme de son art. Il ne pouvait décemment pas lui parler directement de son pouvoir, puisqu'il n'était pas censé la connaître. Le professeur était également intéressé par sa vision du monde. Elle parla de sa peinture, du fait qu'elle en faisait à Central Park depuis des années. Lorsque finalement elle osa parler de mutants, il lui adressa un sourire entendu et acquiesça silencieusement. Il ne s'agissait pas encore de parler de lui, et il tenait à entendre sa réponse à sa question.
Etonnamment, elle lui parla rapidement de son pouvoir, expliquant qu'il ne fallait pas qu'il la touche, sous peine de perdre son pouvoir ou de mourir. La formulation était franche et peu engageante. Il n'en parut pourtant ni particulièrement surpris, ni rebuté. Il hocha de nouveau la tête, comme pour signifier à la fois qu'il avait compris l'avertissement et qu'il acceptait cette différence pour le moins gênante. Il ne répondit toujours pas, attendant toujours la réponse à sa question.
Une réponse à laquelle il s'était attendu, dans le fond. Elle peignait la vie qu'elle ne pouvait pas avoir, rêvant son existence à travers sa peinture. Cette obsession de la "vie normale"... beaucoup de mutants étaient rongés par leur discordance avec le mode de vie classique soi-disant imposé par la société.
« Une vie normale… Humm… Avec tout ce qui se passe de nos jours… Le nombre croissant de mutants, l'émergence des super-héros, les contacts de plus en plus fréquents avec des races d'autres mondes… La notion de normalité me semble bien vague et complexe à définir. »
Il n'avait jamais aimé ce concept de normalité qui imposait un modèle absurde à respecter pour faire partie de la société, et donc des personnes qui en seraient nécessairement exclues. C'était surtout une notion parfaitement subjective, propre à chaque personne, différente selon les cultures, les époques, les individus. C'était un sujet sur lequel il aurait pu débattre pendant des heures.
« Votre pouvoir ne suffit pas à définir qui vous êtes, ou quelle est la vie que vous devez mener. Il ne fait pas de vous quelqu'un d'anormal. Suis-je anormal parce que je suis en fauteuil roulant, ou parce que je suis chauve, ou parce que je suis un mutant ? Non. J'ai une vie normale, dans le sens où la vie que je mène me rend heureux, et a un sens qui me plaît. »
Certes, c'était bien beau tout ça, mais il s'attendait déjà à ce que la demoiselle lui rétorque qu'elle n'avait pas une vie heureuse, à cause de son pouvoir qui l'isolait de tout le monde. Ce n'était pourtant pas une fatalité, et il espérait pouvoir l'aider à trouver sa place en ce monde. En attendant, après avoir philosophé sur sa propre vision du monde, il recentra le débat sur elle.
« La norme ne m'intéresse pas. La norme enferme les gens en les réduisant à des caractéristiques étriquées, factices, fades. Chaque être sur cette terre a en lui quelque chose qui le rend exceptionnel. C'est cela qui m'intéresse. Qu'est-ce qui vous rend exceptionnelle, mademoiselle ? »
Malicia comprit assez rapidement que l’homme qui était devant elle était sans doute un mutant. Pour qu’il en parle, de façon un peu détourné, c’était sur en fait. La jeune femme ne répondit pas tout de suite parce qu’elle pouvait être dans l’erreur bien sur. Mais d’une autre façon, il lui demanda pourquoi elle peignait, elle parla aussi des mutants avec une facilité qui pouvait peut-être lui causer des soucis. Mais elle avait presque la certitude que l’homme qui se tenait devant elle était aussi un mutant, alors elle ne prenait pas vraiment de risque si ?
Elle finit par parler de son pouvoir, du comment elle le voyait, qu’il ne devait pas s’approcher trop d’elle. C’était dit de façon directe, mais elle n’avait pas vraiment le choix en fait parce que sinon, les gens ne la prenaient pas au sérieux… Enfin, le peu de gens qu’elle voyait en dehors de ses différentes personnes qui venaient la voir dans le parc. L’homme qui se trouvait en face d’elle hocha la tête pour lui faire comprendre qu’il avait très bien compris l’avertissement et elle continua en lui répondant à la question du pourquoi elle peignait. C’était une question facile et difficile à la fois. Elle peignait parce qu’elle se plongeait dans une réalité qui n’était pas la sienne. Elle pouvait rêvasser pendant des heures devant ces couples qui s’enlaçaient en se disant qu’elle ne pourrait jamais en faire autant. Elle vit tout de suite par contre que la conception d’une vie normale ne plaisait pas spécialement à l’homme devant elle qui lui dit qu’avec tout ce qui se passait ces derniers temps, la notion de normalité lui semblait être vague et complexe. Il avait raison sans doute. La jeune femme hocha la tête et rajouta :
« Je suis d’accord. Ce n’est pas pour autant que je renie mon coté mutant… Mon pouvoir m’empêche de pouvoir toucher quelqu’un, faire un câlin, serrer une main… Ma normalité à moi, ce serait de pouvoir juste avoir des contacts physiques sans pour autant tuer la personne qui est en face de moi… »
Oui, Malicia avait tué déjà deux fois, légitime défense. Personne n’avait pu prouvé que c’était elle par contre. Il était difficile de prouver que c’était elle. Il n’y avait jamais de traces. Mais pour l’instant, elle se gardait bien de parler de ça. Ce n’était pas un sujet public. L’homme reprit en lui disant que son pouvoir ne suffit pas à définir qui elle était ou quelle vie elle devait vivre. Il rajouta qu’elle n’était pas anormal, lui demandant par la même occasion s’il était anomal parce qu’il était en fauteuil roulant ou parce qu’il était chauve ou mutant ? Malicia secoua la tête. Elle n’avait pas voulu le vexer, mais il continua en lui disant qu’il avait une vie normal, dans le sens où la vie qu’il mentait était celle qui le rendait heureux. La jeune femme eut un petit regard triste quand il dit ça. C’était justement là le problème : Elle n’était pas heureuse dans sa vie parce qu’il y avait toujours ce pouvoir. Elle allait parler, mais elle n’en eut pas le temps, l’homme reprit la parole en lui disant que la norme ne l’intéressait pas, que cela enfermait les gens en les réduisant à des caractéristiques étriquées, factices, fades. Ce qui n’était pas faux au fond. Il rajouta que chaque être sur terre fait quelque chose qui le rendait exceptionnel. Et c’était ce qui l’intéressait. Il lui demanda alors ce qui la rendait exceptionnelle. Sur le coup, Malicia ne sut quoi répondre. Qu’est-ce qui la rendait exceptionnelle ? Sa peinture ? Sa capacité à garder tous les détails d’un paysage ? Son pouvoir malgré l’enfer qu’il lui faisait vivre ?
« Je ne sais pas si je suis exceptionnelle… Mais le fait que je sois douée pour la peinture et le dessin m’aide beaucoup et beaucoup pensent que c’est un talent exceptionnel. Mon pouvoir malgré le fardeau qu’il est pour moi, est quand même exceptionnel… Mais je n’ai jamais appris à le maitriser correctement et je découvre encore des choses mêmes à vingt-huit ans… »
Malicia ne se trouvait pas exceptionnelle, mais peut-être que l’homme devant lui allait lui trouver quelque chose d’exceptionnelle ? Elle avait l’impression de passer un entretien avec toutes ces questions… Elle pencha légèrement la tête sur le coté et lui demanda :
C'était dans la nature humaine de désirer ce que l'on ne pouvait pas avoir. Pour Malicia, cela passait par le simple souhait de pouvoir toucher les gens, pouvoir avoir des gestes d'affection envers ses proches sans avoir peur de les tuer. Certaines alternatives pouvaient être mises en place pour réduire les risques, comme son port de gants, mais les possibilités étaient limitées. A l'entendre, même si elle n'avait pas donné ces exemples-là, elle ne pourrait jamais embrasser quelqu'un, ni avoir de rapport sexuel. Mais ce n'était peut-être pas inéluctable. Un entraînement ne serait pas simple à mettre en pratique vu la nature de ses pouvoirs, mais des solutions pourraient être réfléchies.
Elle s'était confiée sur la dangerosité de ses pouvoirs, sur ce qui lui manquait dans la vie. Il voulait à présent l'entendre dire ce qu'elle aimait chez elle, ce qui la poussait à se lever chaque matin. Elle parla de son don pour la peinture, de la vision qu'en avaient les autres – un talent exceptionnel d'après eux, même si elle semblait trop humble, ou trop peu confiante en elle, pour le reconnaître elle-même. Elle évoqua aussi son pouvoir, surtout le fait qu'elle n'avait jamais appris à le maîtriser correctement en vingt-huit ans de vie.
« Il n'y a pas d'âge pour apprendre. Il n'est pas trop tard, si vous trouvez le bon environnement pour évoluer, les bonnes personnes pour vous accompagner. »
Bien, il estimait avoir entendu ce qu'il voulait entendre, avoir vu ce qu'il voulait voir. Lorsqu'elle lui demanda pourquoi il lui posait toutes ces questions, il commença par lui sourire et par formuler une réponse plutôt vague, avant de donner plus de précisions et d'éléments concrets.
« Je vous l'ai dit, j'aime échanger avec mes semblables. Si j'ai la possibilité de les aider, c'est encore mieux. Mais je dois confesser que je ne vous ai pas abordée par hasard : on m'a vanté vos talents picturaux, et il se trouve que mon professeur d'arts plastiques n'a pas renouvelé son contrat. J'ai donc un poste vacant dans mon Institut pour la rentrée de septembre, et j'aimerais vous le proposer. »
Il tendit alors sa main gantée vers elle pour se présenter, afin d'ôter les doutes qui pourraient encore subsister :
« Charles Xavier. Enchanté de vous rencontrer, Malicia. »
Malicia répondait calmement aux questions parce qu’elle n’avait pas de raison de ne pas le faire. Elle sentait qu’elle pouvait avoir confiance en cet homme qui lui donnait matière a se poser les bonnes questions et qu’elle se disait qu’il n’était sans doute pas là par hasard. D’ailleurs, lorsqu’elle lui dit qu’elle n’avait jamais maitriser son pouvoir malgré ses vingt huit ans, l’homme lui dit alors qu’il n’y avait pas d’âge à apprendre et qu’il n’est jamais trop tard si on trouvait le bon environnement et les bonnes personnes pour se faire accompagner. Elle espérait tellement ce poste, cette place à l’institut que lui avait mentionné les triplettes qu’elle en rêvait la nuit. La jeune femme se doutait bien que les choses allaient évoluer assez rapidement pour elle, mais sans doute n’avait-elle pas penser aussi rapidement…
Lorsqu’elle demanda pourquoi toutes ces questions, l’homme qui était en face d’elle lui fit un grand sourire et par lui dire qu’il aimait échanger avec ses semblables et que s’il avait la possibilité de les aider, c’était encore mieux. Malicia pencha légèrement la tête sur le coté pour comprendre ce qu’il cherchait à lui dire… Il rajouta qu’il n’était pas là par hasard, qu’on lui avait vanté les talents en peinture de la jeune femme et il lui dit qu’il avait besoin d’un professeur d’arts plastique pour la nouvelle année scolaire. La jeune femme ouvrit légèrement la bouche. Est-ce que c’était le destin qui lui mettait cet homme sur la route ? Ce dernier lui tendit la main, gantée pour l’occasion et se présenta. Charles Xavier. Pendant un instant, la jeune femme ne savait pas quoi dire. Comment n’avait-elle pas deviner que c’était lui ? Elle ne le pouvait pas tout simplement. Elle tendit sa main et la serra. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas serrer de main… C’était presque agréable. Elle pouvait presque vivre une vie normale pendant quelques instants.
« Je suis désolée monsieur, je ne savais pas qui vous étiez… Je suis enchantée de faire votre connaissance… Et très honorée que vous me proposiez le poste de professeur d’arts plastiques… Je ne sais pas si je serais à la hauteur.. mais je vais essayer en tous les cas ! »
Bien sûr que Malicia acceptait le poste. Cela allait lui permettre d’être dans un environnement plus calme et surtout, elle allait avoir la sécurité. Sécurité d’être avec d’autres personnes, sécurité de savoir que le soir, elle allait pouvoir manger normalement, qu’elle allait pouvoir dormir sur ses deux oreilles… Peut-être qu’elle s’emballait un peu, mais elle n’avait jamais été aussi heureuse depuis si longtemps…
« Je vois que les trois soeurs vous ont parlé de moi… Elles voulaient… tester mon pouvoir, mais je n’étais pas certaine que ce soit une bonne idée. Pas maintenant… »
L'étonnement se lut bien évidemment sur le visage de Malicia lorsque le professeur se présenta, dévoilant enfin son identité. Devant ce balbutiement de surprise, Charles sourit de plus belle, toujours avec une extrême bienveillance.
« Vous n'avez pas à vous excuser, vous ne pouviez pas deviner. Je tenais à vous rencontrer dans votre environnement habituel, pour me forger ma propre opinion sur vous. »
Il se pencha légèrement en avant et ajouta, sur le ton de la confidence :
« Rassurez-vous, elle est très positive. »
Il était ravi que la jeune mutante accepte le poste. Le hasard faisait très bien les choses, puisque le directeur de l'Institut avait réellement besoin d'une professeur d'arts plastiques, et au vu du talent de la demoiselle, il ne doutait pas qu'elle excellerait dans cette matière. De plus, être au contact d'autres personnes, qui ne la jugeraient pas pour ce qu'elle était, lui ferait le plus grand bien.
« Les sœurs Cuckoos ont une forme alternative qui les protège contre bon nombre d'agressions, physiques et psychiques. Elles seront les coéquipières parfaites pour vos entraînements, si vous le souhaitez. J'étais sincère lorsque je disais vouloir vous aider, et je crois sincèrement que vous pourrez vous épanouir au sein de mon Institut. »
L'enthousiasme qui émanait de Malicia faisait plaisir à voir. Céleste avait évoqué de probables difficultés financières, qui seraient rapidement oubliées lorsque la jeune mutante prendrait son poste à l'Institut. Nourrie, logée, blanchie, payée, guidée… en échange d'un travail certes pas toujours facile, mais gratifiant. Elle aurait bien l'occasion de s'en rendre compte par elle-même.
« Bien, à présent que vous savez qui je suis, je présume que vous devez avoir quelques questions ? Je peux attendre un peu cela dit, je crois que vos modèles sont sur le point de partir. »
Il désigna d'un discret signe de tête le couple qui semblait rassembler leurs affaires. Le tableau semblait presque achevé, néanmoins Charles n'étant pas un spécialiste, il ne pouvait en être sûr, et il ne voulait pas empêcher l'artiste de terminer son œuvre.
Malicia n’aurait jamais pu deviner que Charles Xavier viendrait en personne la voir dans Central Park… La jeune femme se sentait un peu mal à l’aise sur le coup et elle balbutia quelques mots avant que Charles ne sourit de nouveau en lui disant qu’elle n’avait pas à s’excuser, qu’elle ne pouvait pas deviner. Il rajouta qu’il avait envie de la rencontrer dans son environnement habituel pour se forger sa propre opinion sur elle. C’était logique au fond, elle était dans un environnement qu’elle connaissait depuis longtemps, elle serait plus à l’aise. Malicia vit Charles se pencher vers elle en lui disant que son opinion était très positive. Elle soupira un peu avant de sourire. C’était une bonne chose. Et puis, elle accepta le poste qu’il lui offrait. Elle se doutait que les choses n’allaient pas être facile, mais elle était prête à sortir de sa solitude pour pouvoir aider les plus jeunes qu’elle. D’ailleurs, ce sera une bonne chose qu’elle soit avec les autres. Les mutants pouvaient s’aider et elle savait qu’elle allait avoir de l’aide. D’ailleurs, elle parla des soeurs Cuckoos qui avaient une façon bien à elles de se protéger contre plusieurs agressions, physiques et psychiques. C’était elles qui seront ses coéquipières pour ses entrainements si elle le souhaitait. Malicia ne savait pas si c’était une bonne idée, mais elle voulait bien croire Charles lorsqu’il lui disait qu’il voulait vraiment l’aider et qu’elle pourra s’épanouir au sein de l’Institut.
« Si les trois soeurs sont d’accord, alors je veux bien essayer… Mais ce ne sera pas une partie de plaisir ni pour elle, ni pour moi… Mais nous en reparlerons en temps voulu je pense… »
La jeune femme eut un petit sourire avant de faire part de son enthousiasme. Il faut dire que Malicia n’avait plus connu la vie en collectivité depuis un moment et cela lui faisait plaisir. Remy lui manquait, elle aurait voulu qu’ils se voient un peu plus souvent, mais chacun avait des choses à faire et surtout, elle ne voulait pas se faire des idées concernant le jeune homme. De toute façon, il avait sans doute retrouver sa femme depuis… La jeune femme secoua la tête avant d’entendre Charles lui dit qu’à présent qu’elle savait qui il était, elle devait sans doute avoir quelques questions, rajoutant qu’il pouvait attendre un petit moment car ses modèles étaient sur le point de partir. La jeune femme se tourna vers le couple qui s’apprêtait à partir. Malicia attrapa son pinceau et finit les quelques coups de pinceaux qui lui manquait. Elle fit un petit signe de la tête à Charles pour lui faire comprendre qu’elle revenait et elle se dirigea vers le couple.
« C’est pour vous. Je tenais à vous l’offrir. Merci de m’avoir permis de vous peindre. Je vous souhaite une belle journée. »
La jeune femme allait partir quand le jeune homme l’interpela et lui donna un billet de 50$ pour la remercier. Refusant au premier abord, Malicia finit par accepter avant de retourner vers Charles. La mutante eut un petit sourire pour Charles avant de lui dire:
« Même lorsque je fais des cadeaux aux gens, ces derniers me donnent de l’argent.. Je ne vais pas m’en plaindre, mais je n’aime pas demander de l’argent aux autres. »
Elle n’aimait pas parler de ses soucis d’argent non plus. Mais depuis qu’elle avait eu les mille dollars de l’homme aux expositions, Malicia respirait un peu mieux et surtout, avec son poste à l’Institut, la jeune femme n’allait plus souffrir de ce manque d’argent. Les choses changeaient doucement et ce n’était que pour le mieux. Elle reprit place sur le banc avant de se tourner vers Charles qui lui avait dit qu’elle avait peut-être des questions. Malicia regarda ses mains et lui demanda :
« Je n’ai pas de questions, j’ai juste des doutes. Je suis contente d’avoir le poste du professeur d’Arts Plastiques, mais je me demande si je vais arriver à gare un groupe d’élèves en plus de mon pouvoir. Ce sera un bon exercice je pense. Je vais juste me concentrer pour le moment sur moi même. »
Malicia réfléchit un moment avant demander :
« Pourquoi avoir créer l’Institut ? Comment avez-vous eu l’idée ? »
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