J'ai hésité avant de prendre la plume. Cette journée a été mouvementée, mémorable mais également très perturbante. Deux noms vont sans cesse ressurgir dans ce récit : Azilys Dulac, et le Baron Helmut Zemo.
Tout a commencé il y a quelques semaines, quand un visage apparut sur mon écran. Une femme, à la chevelure flamboyante et au regard d'un bleu profond semblait me dévisager. Sous l'image intriguante, ces quelques mots : "Suspectée d'être une mutante, à confirmer par une étroite surveillance." Son adresse est indiquée dans mon mail, et je souris en constatant que c'est mon secteur de recherche pour retrouver le Baron Zemo. Ce dernier a été vu pour la dernière fois il y a environ deux semaines. Gisant dans une ruelle, à l'agonie, les os brisés, il avait été embarqué par une voiture et avait disparu dans la nuit. Toutes nos recherches ont été vaines, les caméras de surveillance ayant été mystérieusement désactivées ce soir là. Chaque agent avait hérité d'un secteur et moi, je m'occupais de Manathan. Cette femme n'avait surement aucun rapport avec le Baron, mais la surveiller pouvait, qui sait, me conduire à un indice capital. C'est donc le coeur vaillant que je suis parti jusqu'à son immeuble. Ignorant l'étage où elle se trouve, je n'ai pas cherche à entrer dans le bâtiment. Elle finira bien par sortir....
Mon œil repéra cependant plusieurs détails intéressants. Un vieil homme, bien habillé, ne cessait de faire des allées et venues, parfois chargé de bagages. Mon œil le prit en photo et envoya cette dernière sur mon ordinateur professionnel. Je ne me souviens pas avoir vu le nom d'un vieillard sur la liste des locataires ou propriétaires de l'immeuble mais cela pouvait être un visiteur régulier de l'un d'eux. A creuser néanmoins. Plusieurs heures passèrent et je commençais à m'ennuyer quand ma cible sortit du bâtiment. Bien habillée, fraîchement coiffée et maquillée, elle semble sortir pour un rendez vous galant... Si le sac cabas qu'elle traînait derrière elle ne disait pas tout le contraire. Elle part donc faire ses courses. Très bien. Je la suis de loin, restant sagement à quelques mètres d'elle. Les filatures, cela me connait. Mon œil cherche sur elle un détail qui aurait pu m'échapper. Mais rien ne retient mon regard. Mis à part de profondes cernes, elle a l'air d'être une femme tout à fait normale. Les cernes peuvent facilement s'expliquer.... Une infirmière n'a pas le luxe d'avoir des nuits complètes. Je la suis donc et entre après elle dans un supermarché, à environ un kilomètre de chez elle. Je la laisse faire ses courses, tout en feignant en faire de même et en l'observant de loin. Elle paraît épuisée... Ses mouvements sont lents, mais son regard est alerte, comme si elle craignait quelque chose. Étrange comportement pour une infirmière. Je fais une rapide recherche sur elle, et mon oeil m'informe qu'elle était présente lors du Jour des Héros qui a tourné en catastrophe.... Ancien traumatisme donc ?
Un adolescent boutonneux, derrière elle, était occupé à essayer d'empiler des articles sur son bras gauche quand il laissa tomber une boîte de conserve qui s'écrasa au sol dans un bruit tonitruant qui résonna dans le magasin. La femme sursauta violement et, instantanément, tout en rayon fut débarrassé de ses produits. Tout finit au sol dans un déluge de boîtes de conserves. Réagissant à mon instinct de soldat, je me précipite pour tirer l'adolescent et la jeune femme de là avant qu'ils ne soient blessés. Le gamin est sonné, la jeune femme est abasourdie. Un responsable du magasin arriva, visiblement surpris et furieux devant un tel désordre. Je m'approche de lui et lui dis, sur un ton tout aussi furieux que lui :"Vous devriez faire plus attention à l'état de vos installations ! Ce rayon était bancal ! Ces personnes ont failli être gravement blessés !" Je ne faisais que mentir mais, avant qu'il ne puisse réagir, j'avais doucement relevé la jeune femme et je lui avais dit, avec un sourire :"Suivez moi, allons dans un endroit plus tranquille." Je vis à son regard qu'elle hésitait et je repris :"S'il vous plaît. Nous avons à parler de ce qu'il s'est passé. Il en va de votre intérêt et de votre sécurité mademoiselle Dulac..." Je lui montre ma plaque et je lui souffle avec un sourire : "Agent Baskerville, du SHIELD"
Azilys n’aurait pas été plus « sonnée » si elle avait été prise au coeur d’un ouragan. Petite elle avait envié Dorothy et sa visite au pays d’Oz. A présent elle réalisait à quel point l’histoire était invraisemblable. Comment une gamine aurait-elle pu s’adapter à un tel déracinement… A moins que ce soit justement, parce que l’héroïne était une enfant, avec une âme encore malléable, qu’elle avait pu s’adapter à à la situation.
L’infirmière ne savait pas trop comment elle en était arrivé à cette réflexion, alors qu’elle mettait un peu plus de mascara sur ses cils. Elle avait lâché la bride à ses pensée, et son inconscient avait juste fait le reste. Bien sûr elle n’avait pas été emportée par une tornade pour être déposé dans un pays imaginaire, mais pourtant c’est l’impression qu’elle avait.
Quinze jours plus tôt, elle était une jeune femme épanouie dans son célibat, et elle n’envisageait pas de changer de vie. Les comédies romantiques qu’elle regardait parfois la faisait ricaner. Les divorces successifs de ses amis, les confidences que son épaule accueillante et son oreille bienveillante avait recueillis n’avait fait que la conforter dans sa certitude qu’il valait mieux être seule que mal accompagnée. Elle se disait qu’elle au moins, elle ne gardait que de bons souvenirs de ses rencontres fugaces. Le plaisir n’était jamais gâché par les désagrément des ronflements, les chaussettes sales et les serviettes humides abandonnées sur le sol de la salle de bain. Et si on lui avait prédit qu’elle se retrouverait encore plus engagée que par un mariage envers un homme rencontré quelques jours plus tôt, elle aurait probablement conseillé à cette personne de diminuer les doses. Et pourtant… Elle en était là. Et elle chantonnait en se faisant belle, un jour de congé.
Bon, elle devait bien avouer que depuis qu’elle avait repris le travail, elle avait pris l’habitude de se maquiller pour cacher la misère. Ces collègues n’avait pas été dupes, elle ne se maquillait jamais, sauf quand elle était souffrante (ou après une soirée et une nuit un peu éprouvante). Elle n’avait pas pu éviter quelques réflexions compatissantes ou plus grivoises. Elle ne leur en voulait pas. Ils la connaissaient trop bien. Mais ce matin là, devant son miroir, elle ne cherchait pas juste à camoufler les cernes qui s’allongeait jusqu’à la limites de ses pommettes livides. Ce matin-là, elle s’appliquait, essayant de se retrouver aussi belle dans le reflet du miroir que ce qu’elle s’était vu dans les yeux de son amant la veille.
Il dormait encore quand elle quitta son appartement, sur la pointe des pieds, pour aller faire quelques courses. Bien sur, elle aurait pu déléguer cette tâche au dévoué et diligent Oeznik, mais elle avait quelques petits plaisirs coupables qu’elle n’était pas prête à confier quelqu’un qu’elle ne connaissait que depuis quelques jours, et puis, elle avait l’impression de s’être faite déposséder d’une partie d’elle même depuis quelques jours, et elle ressentait le besoin de réaffirmer, de « marquer son territoire ».
C’est pour cette raison, que ce matin-là, malgré sa fatigue, elle s’était maquillé, avait enfilé une jolie robe d’été, avant de s’éclipser de son logement pour aller faire quelques courses, espérant pouvoir être de retour avant son réveil, et l’arrivé d’Oeznik, pour lui préparer un petit déjeuner typique d’une New-yorkaise active et débordée, à base de « mal-bouffe », de beignets caoutchouteux et de café en boite.
Elle n’avait même pas conscience de son épuisement, la soirée de la veille lui avait donnée des ailes. Elle qui avait passé les deux dernières semaines à regarder par dessus son épaule, à se méfier de tout le monde avait baissé sa garde. Elle ne voulait pas vivre dans la peur. La soirée de la veille lui avait fait prendre conscience de certaines choses, notamment que si elle ne voulait pas souffrir de cette relation, il fallait qu’elle accepte de lâcher prise, de perdre le contrôle. Bien sûr, on aurait pu lui objecter qu’elle aurait pu décider de mettre un terme à cette relation. Après tout, elle était toute récente, un peu précipitée, mais elle n’envisagea même pas cette option.
Elle se retrouva à flâner dans les rayons du supermarché où elle avait ses habitudes sans même avoir eu conscience d’avoir parcouru la distance nécessaire pour l’atteindre. Elle flottait un peu, son corps effectuant des tâches et des trajets habituels pendant que son esprit battait la campagne.
Le retour au réel fut violent… autant pour elle que pour les autres. Elle n’avait pas remarqué le jeune maladroit aux bras surchargés qui marchait derrière elle en tentant de maintenir l’équilibre précaire de ses emplettes. Comme avec un certain jeu à la mode dans les année 80, il ne manquait qu’un seul détail pour que le fragile équilibre s’effondre.
Perdue dans ses pensées, Lys perçut le vacarme de la chute de la boite de conserve comme une véritable agression, son inconscient fatigué et stressé par les derniers jours, avait associé le bruit à une explosion, un coup de feu… Elle sursauta violemment. Il y eu un grand vacarme, elle s’entendit pousser un petit cri entre surprise et peur, étouffé par un bras s’enroulant brusquement autour de sa poitrine, lui coupant le souffle.
Lorsqu’elle reprit pied dans la réalité elle réalisa avec horreur que son pouvoir avait dévasté le rayon où elle se trouvait, et un homme inconnu reprochait au manager son manque de sérieux, juste avant de lui conseiller, pour son propre intérêt de faire profil bas, avant de lui « proposer » de poursuivre la conversation dans un endroit plus tranquille, tout en lui glissant sa qualité au creux de l’oreille, en lui mettant sa carte sous les yeux.
Elle se senti pâlir.
Elle sentit son cœur s’affoler cogner contre ses cotes, comme un animal piégé se jetant contre les barreaux de sa prison.
Paradoxalement, l’état de stress intense qu’elle ressentait la calma. Son éducation stricte où l’expression d’émotions, surtout négative, était corrigée, contre laquelle elle s’était toujours rebiffée, repris ses droits.
Après quelques clignements de paupières, elle posa son regard dans les yeux de son interlocuteur, son inconscient enregistra un anomalie, malgré son état de choc, son détachement, elle ressentit une impression de gêne, comme une sensation fantôme, qui ne pesa pas bien lourd face à la réalité de la plaque de l’agent du SHIELD.
« D’accord. » répondit-elle d’un ton éteint avant de reprendre, en soulevant son cabas « Vous me permettez de passer à la caisse ? » demanda-t-elle, d’un ton plus vivant, secouant la tête, pour s’éclaircir un peu les idées. Elle jeta un coup d’oeil au rayon dévasté avant de ramener son regard sur son « sauveur ». « Je pense que ça pourrait attirer l’attention si j’abandonnais mon panier ici juste après cet… incident. » Elle marqua une pause avant de reprendre « Je suis connue ici… Je pense que ni moi ni vous n’avons intérêt à ce que quelqu’un fasse un parallèle entre mon panier abandonné et un rayon dévasté. Mr Jones peut se montrer adorable et très généreux, mais il peut aussi se montrer super procédurier quand il a quelqu’un dans le nez… » Elle marqua une pause un peu plus longue, et lui sourit « Vous venez juste de lui donner une bonne raison de vous avoir dans le nez. »
Les gens doués de pouvoirs sont vraiment extraordinaires. Je peux en témoigner, car j'en ai épousé une et engendré une autre. La jeune femme que j'ai sous les yeux est tout aussi particulière. Elle a le don de télékinésie, du moins c'est ce que m'apprends son dossier. Elle n'a jamais rencontré le SHIELD, mais lui la connait bien, et il désire ardemment la surveiller car elle ne maitrise pas ses pouvoirs. Il y a eu plusieurs accidents par le passé. Assez espacés mais néanmoins présents. J'exécute donc la mission que l'on m'a confié, sans oublier la principale tâche qui m'attends. Rien ne relie cette femme à Helmut Zemo pour le moment, je n'ai aucune raison d'enquêter plus que cela sur elle, même si mon œil pourrait en un instant récupérer les informations de son téléphone portable pour les envoyer au SHIELD qui pourraient sans aucun mal pirater l'appareil pour en retirer toutes les informations... Après avoir mis le rayon du magasin sans dessus dessous, je m'approche d'elle, me présente et lui conseille de me suivre tout en faisant profil bas. Sa première réaction me surprends : elle se décompose littéralement sur place. Je vois son visage pâlir et ses yeux s'agrandir sous le coup de l'effroi. Tient donc ? D'habitude les gens ont une meilleur opinion du SHIELD... Elle a peut être quelque chose à se reprocher.
Elle cligna plusieurs fois des paupières pour reprendre contenance et ses yeux se posèrent sur les miens. Je la vis les plisser légèrement, et je souris, parfaitement détendu. Elle me demanda alors si elle pouvait passer à la caisse et elle ajouta que cela pourrait attirer l'attention sur nous si elle partait en abandonnant ses achats, et qu'elle était connue ici. Elle me parla ensuite du patron du magasin, me disant que je venais de lui donner une bonne raison de ne pas m'aimer. Mon regard se porte alors sur le gérant qui, effectivement, me fixe d'un air haineux. Le regard toujours aussi serein, je lui souris et incline la tête. Je laisse la jeune femme ramasser ses affaires et je lui réponds, tout en prenant quelques photos de la zone dévastée avec mon œil : "Qu'ils me haïssent, tant qu'ils me craignent..." Je lui adresse un clin d'œil amusé et reprends : Je vais lui donner une bonne raison de se calmer, car je n'habite pas Manathan, il ne me reverra pas de sitôt... Sauf s'il a des informations sur Zemo. Mon œil prends rapidement une photo du gérant et de son badge. A noter dans le dossier, il a peut être vu passer Zemo, qui, malgré le fait que son téléphone et que son compte en banque soient sous étroite surveillance, a disparu des écrans radars.
Je suis Dulac à la caisse, et la laisse régler ses achats. C'est alors que je sens les prémices d'une migraine envahir mon cerveau. Bon sang, j'ai beaucoup trop sollicité mon œil en l'espace d'une heure. Et je n'ai pas encore fini... Il va falloir que je prenne un cachet rapidement si je ne veux pas que cette mission s'achève prématurément sur un échec cuisant. Lorsque la jeune femme termine, c'est avec une galanterie toute naturelle que je propose de prendre son sac. C'est également un moyen de m'assurer qu'elle va me suivre, même si je sais très bien que, dans son état d'épuisement actuel, elle ne pourra pas m'échapper. Je lui propose : J'ai repéré un café fort sympathique au bout de la rue. Nous y serons tranquille pour parler mademoiselle Dulac. Je l'y amène donc et, une fois assis à notre table, je commande un verre d'eau fraiche tout en laissant Azilys commander à son tour. Ma paupière tressaute beaucoup trop, signe que ma migraine est devenue insupportable. Et c'est le cas, je me sens de plus en plus mal. Heureusement, le verre d'eau arrive vite et j'avale immédiatement un cachet. Je souris à l'infirmière en lui disant : Rien de grave. Ma femme veille heureusement à ce que j'ai toujours des anti douleurs avec moi. Je laisse échapper un soupir soulagé quand je sens la migraine s'évaporer doucement puis je reprends : Alors mademoiselle, est ce la première fois que vous rencontrez le SHIELD ? Votre réaction était plus celle d'un voleur pris sur le fait que celle d'un honnête citoyen.
« Qu’ils me haïssent, tant qu’ils me craignent. » Voilà qui annonçait la couleur, et malgré le clin d’œil vaguement canaille, particulièrement inattendu de la part d’un homme aussi pince sans rire que lui. Elle ne put s’empêcher de songer que cette citation pourrait également être la devise du Baron Zemo. Elle pinça les lèvres, mais hocha la tête en guise de remerciement quand il l’autorisa à passer à la caisse comme si de rien n’était. Partir avec cet homme en abandonnant ses emplettes au milieu de l’allée après qu’elle ait été dévastée ne manquerait pas d’attirer l’attention sur leur étrange duo.
Ceci étant dit, le regard vaguement grivois que lui lança la caissière, avec un sourire appréciateur après avoir reluqué le jeune homme qu’ils ne passeraient pas aussi inattendu qu’elle l’espérait. Mais ce n’était pas bien grave. La caissière envierait la rouquine le temps qu’ils quittent le magasin, et puis elle les oublierait. Elle ne se rappellerait probablement que si quelqu’un venait lui posait des questions, ou si Lys revenait trop rapidement dans la boutique. Elle devrait, littéralement, changer de crèmerie pendant quelques temps.
La politesse lui lâcher un « merci » réflexe quand son courtois ravisseur se chargea de son sac. Bien sur elle aurait pu tenter un coup de poker pour lui échapper, mais outre qu’elle se doutait que même si elle prenait ses jambes à son coup, il n’aurait aucun mal à la rattraper même s’il perdait quelques seconde au démarrage, elle avait compris à l’instant même où il s’était présenté en l’appelant par son patronyme, que même si elle n’avait jamais eu affaire au Shield, le Shield semblait bien la connaître. Son adresse ne devait pas être un secret pour eux, et elle préférait éviter un débarquement intempestif tant qu’elle hébergeait un Baron en fuite. Elle n’avait pas vraiment d’autre choix que d’obtempérer.
Même si elle traînait un peu les pieds, tant par fatigue que par manque d’enthousiasme à l’idée de la conversation qui l’attendait, elle le suivit. Tant qu’ils restaient dans les rues fréquentées, elle ne risquait rien. Elle se demandait ce qu’elle pourrait bien faire s’il décidait de l’entraîner dans un endroit isolé. Il semblait mince, mais il était grand, et l’infirmière qu’elle était ne se laissait pas tromper par un costume bien tailler. Elle voyait à sa façon de bouger qu’il n’était pas juste une grande asperge élégante.
Elle croisa un instant son regard calme et serein. Elle devait bien reconnaître qu’en d’autres circonstances, et quelques mois plus tôt, elle l’aurait probablement trouvé parfaitement à son goût et n’aurait pas manqué de tenter un petit numéro de charme dont elle avait le secret. Cette pensée, la troubla profondément. Elle avait tant changé en si peu de temps. Et son monde avait changé avec elle. Encore que « changé » n’était pas vraiment le terme le plus adapté. « Chamboulé », « sans dessus dessous » l’était plus.
C’est à cet instant qu’elle se demanda si Zemo était responsable de cette soudaine attention du Shield pour elle. Est-ce que le SHIELD était au courant que le Baron était en convalescence à quelques pâté de maison de là, dans la discrétion de son petit appartement ? Elle en doutait, ils n’auraient pas envoyé un seul agent pour l’intercepter pendant ses courses, mais il lui faudrait être attentive, peser ses mots et éviter les pièges qu’il ne manquerait pas de lui tendre dans la conversation.
Finalement, ils arrivèrent devant un petit café. Il était peu fréquenté, mais c’était quand même un endroit public. Elle remarqua aussi que le Sieur Baskerville se frottait la nuque, il semblait marcher avec moins de fluidité, comme s’il était en proie à une douleur. Son instinct professionnel se réveilla, lui offrant une distraction appréciable à ses tourments. Ils s’installèrent à une table un peu isolée, et l’agent commanda un verre d’eau lui laissant le choix de commander. Elle commanda un café par habitude.
A peine le verre d’eau posé devant son interlocuteur, elle le vit gober un comprimé et le faire passer avec une gorgée d’eau fraîche avec un soupir de soulagement. Elle sentit ses yeux se plisser, intriguée. Surtout lorsqu’il lui avoua prendre des anti-douleurs très régulièrement.
Elle cligna des yeux lorsqu’il lui posa une question. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’il attendait une réponse, et se rappeler de la question qu’il avait posé.
Elle haussa les épaules d’un air désinvolte lorsqu’il lui fit remarquer que son comportement ressemblait à celui de quelqu’un ayant quelque chose à se reprocher.
« Je suis une mutante, je ne vous apprend rien j’imagine. » commença-t-elle en posant son regard dans les yeux de son interlocuteur. Elle ne savait pas trop comment en définir la couleur, bleu clair ? Gris ? Mais ce n’était pas ce qui retint son attention. Le plus intéressant dans ce regard était une légère… coquetterie. Une de ses pupilles semblait moins réactive que l’autre, toujours légèrement plus dilaté que l’autre. Une coquetterie qui, associée aux migraines, qu’il semblait ressentir très régulièrement, pouvait être le signe avant-coureur d’un problème neurologique… Tumeur, début d’AVC…
Elle reprit la parole pour conclure « Je suppose que je n’ai pas besoin de vous rappeler qu’à une certaine période, il n’était jamais très bon pour quelqu’un comme moi de voir débouler les autorités. Et puis, là, je vous rappelle que je venais de me prendre le contenu d’un rayon de supermarché sur la tête, et qu’à votre façon de me sauter sur le poil en dégainant votre badge, il était clair que vous m’en teniez pour responsable. »
Elle prit une gorgé de son café avant de poser la question qui la turlupinait depuis quelques minutes.
« Il y a longtemps que vous n’avez pas vu un médecin ? Je suppose que vous connaissez ma profession, alors, vous comprendrez que je m’inquiète de l’anisocorie de votre œil gauche, qui, associé à vos céphalées, pourrait être le signe que vous êtes en train de faire un AVC. Pas que je m’inquiète spécialement pour votre santé, juste que si vous vous effondrez avec de graves lésion au cerveaux en ma présence, je suis sure que votre organisation trouvera le moyen de me mettre cet incident sur le dos. J’aimerais autant leur éviter une erreur judiciaire. » déclara-t-elle d’un ton neutre.
La jeune femme n'est pas sereine, et je la comprends. Un agent du SHIELD vient de l'accoster dans un supermarché, juste après la dévastation d'un rayon entier... A sa place, je n'en mènerais pas large. C'est pour cela que je me montre attentionné à son égard. Je lui souris, ne lui offre que ma propre sérénité. J'espère ainsi la rassurer, la mettre plus en confiance. Je la vois m'observer. Elle semble tiquer sur mes yeux, car son regard est focalisé sur eux. Elle a du remarquer que quelque chose n'allait pas. En effet, malgré tous les efforts du Shield, les opérations et les mises à jour logiciel, mon œil cybernétique n'a jamais pu ressembler dans son intégralité à un vrai œil. Cela ne se voit pas au premier abord, mais la rétine est légèrement plus dilaté, et elle est beaucoup moins réactive que l'autre. L'œil parait également plus éteint, dépossédé de toute émotion. Mis à part cela, le SHIELD a réussi à reproduire la couleur et la moindre subtilité de l'iris de mon œil disparu, en y ajoutant de nombreuses fonctionnalités, ce qui est une prouesse en soi... Si on enlève l'inconvénient principal... Quand vous passez un peu trop de temps devant un écran, le cerveau nous le fait savoir. Avec mon œil cybernétique, c'est la même chose, mais en beaucoup plus important. Ondes, électroniques, tout cela fait travailler mon cerveau à un stade beaucoup plus intense. D'où les migraines quotidiennes...
Assis devant nos verres et tasses respectives, j'écoute la jeune femme me dire que sa condition de mutante fait qu'elle n'est forcément pas rassurée lorsqu'un membre des forces de l'ordre lui tombe dessus, l'accusant presque d'avoir saccagé un rayon de supermarché. Ce qui est le cas, mais passons. Je laisse échapper un sourire serein tout en entourant le verre d'eau fraiche de mes mains. Je lui dis : Je suis désolé si je vous ai inquiété. Sachez que ce n'était pas dans mes intentions. De vous à moi, vous êtes bien la dernière personne que je souhaiterais voir entre les barreaux. Je vais vous dire la vérité, mademoiselle Dulac. Je prends une gorgée d'eau et reprends : Le SHIELD vous surveille, comme tous les autres mutants, car vos pouvoirs sont puissants. Et qui dit puissance dit potentiellement intéressant pour notre organisation. Je viens vous rencontrer aujourd'hui car il est temps pour nous de vous tendre une main amicale. Le SHIELD peut vous offrir sa protection, car il y a malheureusement des hommes sur cette planète qui œuvrent pour faire disparaitre les mutants de notre monde.
Elle changea de sujet et me questionna à propos de ma santé, me demandant si j'avais vu un médecin récemment. Elle s'expliqua en me parlant de mon oeil gauche qui selon elle, fait une... hein ? Je ne comprends pas tous les mots mais j'en saisis suffisamment la teneur pour savoir qu'elle pense que je vais probablement faire un AVC dans les prochaines minutes. Je laisse échapper un petit rire lorsqu'elle me dit qu'elle craignait de voir le SHIELD lui reprocher ma mort si je venais à avoir une attaque dans ses bras. Je secoue alors la tête et lui réponds : Votre diagnostic serait tout a fait exact en d'autres circonstances, mademoiselle Dulac... Mais laissez moi vous rassurer, je ne suis pas à deux doigts de faire un AVC. Regardez. Sans aucune hésitation, je pose mon doigt sur mon œil cybernétique, juste à côté de la rétine et, doucement, je tapote deux fois dessus, avant de laisser le doigt posé dessus. L'œil alors laisse apparaitre le magnifique réseau d'électronique qui le compose, avec tous ses voyants microscopiques, ses capteurs, son processeur, et j'en passe. On peut même voir l'objectif d'appareil photo petit mais puissant qui prends place sous la rétine. Je laisse le temps à la jeune femme de constater, d'observer, avant de retirer mon doigt et de laisser mon œil reprendre une apparence un peu plus... "Normale" Je dis à la jeune femme : Il y a quelques années, j'ai perdu mon œil gauche dans un affrontement à l'arme à feu. Le SHIELD m'a sauvé, et m'a offert cet œil cybernétique ainsi qu'un poste d'agent. Il possède de nombreuses fonctionnalités. Je peux voir et observer le moindre détail jusqu'à plusieurs centaines de mètres. Je peux les photographier les filmer et... J'entends la sonnerie du téléphone de Dulac, lui signalant qu'elle a reçu un message Les partager à qui je le souhaite. Vous avez du recevoir la vidéo de ce que j'ai pu observer dans le supermarché, juste avant que cet adolescent ne vous effraie. Cela a beaucoup d'avantages.... Mais un inconvénient principal. Je suis souvent sujet à des migraines, comme vous avez pu le constater, et a des démangeaisons sous la paupière.
Le SHIELD vous surveille, comme tous les autres mutants, car vos pouvoirs sont puissants. Et qui dit puissance dit potentiellement intéressant pour notre organisation. Je viens vous rencontrer aujourd'hui car il est temps pour nous de vous tendre une main amicale. Le SHIELD peut vous offrir sa protection, car il y a malheureusement des hommes sur cette planète qui œuvrent pour faire disparaitre les mutants de notre monde.[/color]
La rouquine fit la moue. Pensait-il vraiment qu’elle se sentirait rassurée de savoir qu’elle avait attirée l’attention d’une organisation dont le passé était aussi sulfureux que celui du SHIELD au prétexte qu’ils la considéraient comme potentiellement puissante. En gros, il était en train de lui dire qu’ils préféraient la savoir dans leur camps que dans le camps adverse. Même s’il tournait la chose de façon à laisser penser que c’était pour sa protection, elle n’était pas dupe.
Elle était presque sure que le charmant agent qui sirotait son verre d’eau en face d’elle n’hésiterait pas à la plaquer au sol et à lui passer les pinces s’il avaient la moindre idée de la personne à qui elle consacrait son temps libre. Elle ne doutait pas que le Baron Zemo faisait probablement parti des gens qu’ils auraient préférait ne pas voir roder trop près de quelqu’un comme elle.
Tout en songeant à ce que cette rencontre impliquait, elle l’écoutait répondre à ses inquiétudes concernant sa santé. Elle fut surprise qu’il lui explique aussi volontiers l’histoire de son œil, qu’il aille même jusqu’à lui en dévoiler les secrets, même si elle ne put retenir une légère grimace de dégoût lorsqu’elle le vit poser un doigt sur son œil pour faire apparaître les composants électroniques qui le composaient.
Maintenant qu’elle savait, effectivement, elle devinait l’objectif de l’appareil photo, même une fois que son œil eut reprit son apparence normale. Elle devait admettre que cette prothèse était particulièrement élaborée et esthétiquement presque parfaite. On était loin du traditionnel « œil de verre ». Visiblement, ça avait du bon de travailler pour une organisation comme le SHIELD.
Quoi qu’il en soit, elle ne voyait pas vraiment où il voulait en venir. Elle eut une idée un peu plus précise lorsqu’il précisa que ce dispositif lui permettait également de prendre des photos et des vidéos, et qu’il pouvait les transmettre à qui bon lui semblait. L’idée devint certitude lorsque, ouvrant le message qui venait d’arriver sur son téléphone, elle réalisa qu’il s’agissait d’une vidéo de ses activités de la matinée.
La preuve que le SHIELD l’avait à l’œil, littéralement. Elle se demanda depuis quand elle faisait l’objet de cette surveillance, mais devina que ce devait être récent. Si le SHIELD l’avait surveillé depuis plus de quelques jours, ce n’est pas une vidéo de ses courses du matin qu’il lui aurait envoyée, mais probablement plutôt celle d’une scène plus ambiguë au jour d’orage. Quoi qu’il en soit, elle sentit la colère assombrir ses yeux et fermer sont visage. Et même si elle n’avait pas eu un vilain petit secret, et qu’elle avait affublé Oeznik d’un certain nombre d’oiseau lorsqu’elle avait reconnu sa silhouette quelques instant avant qu’elle sorte, elle aurait réagit de la même façon. Elle avait horreur de savoir que le SHIELD pouvait se permettre d’espionner n’importe quel citoyen avec des moyens totalement indétectable au moindre prétexte.
Une partie d’elle même se demanda si elle pourrait broyer « l’Oeil de Moscou » avec son pouvoir, elle pensait que ça serait relativement facile, après tout, elle avait bien réussit à réduire les fractures d’Helmut, et c’était autrement plus délicat, vu qu’elle cherchait à le soigner et non à lui faire du mal. Imaginer la scène suffit à contenter son coté revanchard. Outre le fait qu’elle ne doutait pas que ce genre de mouvement d’humeur lui gagnerait probablement un séjour dans un endroit coupé du monde pour un temps indéterminé, elle n’était pas d’une nature violente. Quoi qu’il en soit, elle avait bien l’intention d’exprimer son mécontentement.
« Hmm… La résolution est meilleure qu’avec un téléphone portable. » commenta-t-elle avant de ranger son téléphone et de relever vers son interlocuteur un regard chargé d’éclairs « La dernière fois qu’on m’a envoyée une vidéo de moi, dans le but d’obtenir quelque chose de ma part, elle était quand même plus tendancieuse. » Son regard se fit plus moqueur « J’en crois ce que vous m’avez dit, le SHIELD m’a à l’œil depuis un moment. Je suis sure qu’il doit en rester une trace dans mon dossier. Si le cœur vous en dit, vous pourrez toujours vous rincer l’œil. » grinça-t-elle. « Alors, je ne sais pas ce que vous cherchez, mais ce n’est pas avec une vidéo d’un très léger accident dans un supermarché que vous pourrez obtenir quoi que ce soit de moi. Au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, je me fiche pas mal de mon image, vous pouvez balancer tout ce que vous voulez à qui vous voulez, j’en ai strictement rien à faire. »
Elle finit son café avant de reposer la tasse un peu brusquement, avant de se lever, cherchant des yeux sons sac de course.
« J’espère que votre œil vous permet d’avoir accès à quelques passe temps, sinon, vous allez trouver le temps long à camper devant ma porte. Maintenant, si vous le permettez, je voudrais bien récupérer mes achats et rentrer chez moi. C’est mon jour de congé, et sans vouloir vous offenser, je préférerais le passer dans mon lit ou sur mon canapé qu’à écouter vos menaces à peine voilées. » Conclut-elle, bien décidée à mettre fin à cette conversation.
Je la vois faire une légère grimace de dégout. Il est vrai que je dévoile très rarement les secrets de mon œil cybernétique. Ma famille a déjà vu la véritable apparence de ce dernier au moins une fois, mais le SHIELD, eux, en ont l'habitude car au moins une fois par semaine, je me rends dans les locaux médicaux faire le plein d'antidouleurs et pour les laisser effectuer d'éventuelles mises à jour sur cet outil pratique mais douloureux par moment. Le citoyen lambda n'est pas habitué à voir un homme toucher volontairement son œil et encore moins à ce que ce dernier soit en réalité une machine. Je souris cependant en voyant son expression et retire mon doigt, permettant à mon œil de reprendre une apparence presque normale. Je lui explique ensuite les capacités de ce dernier, et je la vois froncer les sourcils en regardant la vidéo que je viens de lui envoyer. Je note pour moi même d'analyser cette dernière, car elle a réagi bien avant qu'elle même apparaisse à l'image. Cela signifie qu'elle a du voir une personne qu'elle connait, et qu'elle n'a sans doute pas aimé de le ou la voir ainsi. Je reste totalement serein et la laisse visionner les images.
Sa réaction m'étonne et me conforte dans l'idée qu'elle n'est peut être pas aussi innocente que ce que son dossier ou elle même prétends. Elle me dit que la dernière fois qu'on lui avait envoyé une vidéo d'elle, c'était pour la faire chanter. Je lève un sourcil lorsqu'elle me reprocha de vouloir garder la vidéo pour me rincer l'œil et que ce ne serait pas avec cette dernière que je pourrais obtenir quelque chose d'elle. Elle termina son café, reposa sa tasse en faisant claquer la porcelaine. Je laisse échapper un petit rire quand elle me dit que je risquerais de trouver le temps long à camper devant sa porte pour la surveiller. Elle se leva, attrapa son sac, et c'est alors que je pris la parole : J'avoue que je ne vous comprends pas mademoiselle Dulac. Où voyez vous une menace dans ce que je viens de vous dire ? Le SHIELD n'a rien à vous reprocher, par conséquent, la vidéo sera supprimée dans l'heure qui suit, le temps de vérifier si nous n'y trouvons pas d'indices sur une autre affaire qui nous occupe. Je lui cache bien entendu que toutes les autres photos que j'ai prises seront quant à elle dans son dossier, mais cela ne fera pas plus de vagues qu'une plume tombant dans une flaque d'eau. Je reprends avec un sourire : Mademoiselle Dulac, comprenez que ce n'est pas dans l'intérêt du SHIELD de vous nuire, et encore moins de vous utiliser. Vous avez votre vie, votre métier, et nous avons bien assez de volontaires pour tout un régiment. Rassurez vous, notre discussion n'engendrera aucune conséquence. Je ne fais que vous proposer la protection du SHIELD, que vous avez refusé, et cela s'arrêtera là. Nous ne pouvons forcer les mutants à accepter notre main tendue. Ils sont responsable de leur propre vie et de leur sécurité après tout. Je sors mon propre portable, pour éviter d'avoir à redéclencher sa fureur en envoyant une autre photo sur le sien et je lui montre la photo de ma cible : Le SHIELD a autre chose à faire que de camper devant votre porte, mademoiselle. Nous recherchons activement cet homme, le Baron Helmut Zemo, condamné à la prison à vie pour avoir ôté de nombreuses vies. Nous savons qu'il cherche à se venger et nous voulons le remettre entre les barreaux le plus vite possible... La photo en question montre le fameux Zemo, le regard froid, habillé d'une tenue de détenue, juste avant sa condamnation. Je décide de mentir un peu, pour voir sa réaction, et je reprends : Nous savons de source sûre qu'il se trouvera à Manathan. Mais il a pour le moment réussi à échapper à nos écrans radars. Comprenez bien que c'est bien des hommes comme lui que nous cherchons à vous préserver, mademoiselle Dulac, vous ainsi que tous les habitants de la planète.
Soit le jeune homme était d’une innocence presque inquiétante eut égard à son âge, soit il jouait très bien la comédie, quoi qu’il en soit, il sembla surprit qu’elle lui dise qu’il n’avait qu’à garder la vidéo pour ce rincer l’œil. Et sa remarque suivant lui prouva qu’elle ne s’était pas trompée. Elle ne put retenir un éclat de rire, et de secouer la tête. Clairement il n’avait pas compris qu’elle faisait référence à une autre vidéo qu’elle avait reçu quelques années plus tôt de la part d’un amant éconduit. La fin de la réplique de l’agent du SHIELD se perdit dans l’écho du rire de la jeune femme, à tel point qu’elle ne releva pas le danger que représentait la référence à des « indices sur une autre affaire. »
Son rire se glaça lorsqu’il reprit, justifiant l’intérêt que le SHIELD lui portait par une volonté d’offrir sa protection, et que vu qu’elle la refusait les choses s’arrêteraient là, avant de sortir son téléphone pour lui montrer une photo de Zemo, lui expliquant que le SHIELD avait d’autre chats à fouetter que de s’intéresser à une mutant qui refusait leur protection. Elle sentit à nouveau son regard s’assombrir, pas à cause de la photo de Zemo, ni à cause de l’inquiétude qu’elle aurait du ressentir à l’idée qu’ils aient pu faire le rapprochement entre elle et lui, mais parce qu’elle y vit une manœuvre. Elle était presque sure qu’Aemond ne savait rien des liens qui la reliait à sa cible. S’il montrait la photo d’un des hommes les plus dangereux de la terre à une fille qui n’était pas sensé le connaître, et prenait la peine de préciser qu’il savait de source sure qu’il avait été vu à Manhattan, ce ne pouvait être que dans le but de lui faire peur.
La peur. Un moyen de contrôler les foules. De faire accepter des mesures contraignante aux personnes les plus attachées à leur liberté. Faite peur aux gens, et c’est eux qui réclameront des barreaux derrière lesquels se blottir pour se protéger de la dangerosité du monde extérieur.
« Vraiment ? Les choses en resteront là parce que je refuse votre… protection ? Donc vous ne m’espionnerait plus ? Vous détruirez le dossier que vous avez sur moi ? » demanda-t-elle d’un ton grinçant. « Visiblement vous ne m’avez pas bien comprise. Ce que vous appelez « protection », moi j’appelle ça du fichage. » Elle sera les mâchoires « Je me rappelle encore ce qui s’est passé il y a quelques années, quand un sénateur s’inquiétait de l’émergence des mutants, et nous considérait comme des monstres, des êtres dangereux qui devaient être fichées, surveillées, voir même isolés du reste de la population. » gronda-t-elle en réprimant un frisson de rage. Elle était jeune à l’époque, et terrifiée à l’idée qu’un jour on vienne la prendre pour l’emmener dans un camps. « Finalement la loi qui aurait du permettre la mise en place de ces mesures à été rejetée, mais le mal était fait. La peur. Les politiques avaient réussit à instiller le doute dans l’esprit des gens « normaux », à leur faire craindre les mutants. »
Elle planta ses yeux dans le regard de son interlocuteur avant de reprendre.
« Je constate que le SHIELD ne s’embarrasse pas de suivre la législation, sinon, vous en sauriez bien moins sur moi. Depuis combien de temps mon nom était-il dans votre base de donnée ? A quelle occasion y est-il apparut ? Si vous avez autre chose de bien plus passionnant à faire, comme la poursuite de ce criminel de masse, que faisiez vous à surveiller ma porte et à me suivre pendant mes courses ? » demanda-t-elle en se penchant légèrement vers l’homme. « Vous me mettez en garde contre le Baron Zemo ? » dit-elle en pointant du doigt la photo sur le téléphone d’Aemond. « Vous croyez vraiment que ce Sokovien, ivre de vengeance perdrait son temps à s’intéresser à quelqu’un comme moi ? Vous croyez me faire peur en sous entendant qu’il pourrait traîner dans les rues de la ville, tapis comme une araignée prêt à trucider la première personne venue ? Il me semble que ses actes étaient bien plus ciblés, je doute qu’il perde son temps à de tels petits jeu, contrairement à vous. » accusa-t-elle rageusement avant de se relever et de reprendre une contenance avant de reprendre d’un ton plus mesurée.
« Et oui, avant que vous ne posiez la question, je sais qui il est, je sais ce qu’il a fait. Il serait difficile de ne pas le savoir vu qu’on voit sa tronche à tous les coin de rue, dans les kiosques à journaux ou à la télé dés qu’on tombe sur une chaine d’info. » Elle sourit, avant de rajouter « Vous agitez sous mon nez une menace hypothétique, l’ombre d’un fantôme qui pourrait tout aussi bien se trouver à l’autre bout du monde. Je préfère me méfier des soit disant « gentils » qui viennent proposer spontanément une aide et une assistante que je n’ai pas sollicité. Je ne suis peut être pas particulièrement intelligente, et par certains coté certainement très naïve, mais s’il y a bien une chose que la vie m’a apprise, c’est que dans ce pauvre monde, un acte de « bienveillance » n’est jamais gratuit. Surtout quand il est proposé par une organisation comme la votre. » Conclut-elle en salissant son sac de course et son sac à main avant de tourner les talons, vibrant littéralement de rage et d’indignation.
5 août 2024 Bon sang, elle a un caractère explosif... Je suis au pied du mur
Elle n'apprécia pas le fait que le SHIELD ait tout un dossier à son sujet. Je reste cependant stoïque, la laissant parler et s'interroger. Elle grondait, exprimant sa fureur sur des normes qui n'ont jamais été appliquées mais dont la simple perspective a suffit pour semer la peur des mutants auprès des gens "normaux". Je plisse les yeux, les mains croisés devant mon visage, les coudes posés sur la table. Elle n'a pas tort. C'est pour cela que je souffle : Le SHIELD essaye de rattraper les erreurs du passé du mieux qu'il peut. C'est pourquoi nous cherchons à protéger ceux qui en ont le plus besoin. Mais si tel est votre choix, le SHIELD le respectera. Elle me demanda depuis quand son nom était dans les fichiers du SHIELD et comment y était il apparu. Elle me demanda si je n'avais rien de mieux à faire que de la surveiller, plutôt que de pourchasser Zemo. Je lève les yeux vers elle et ne réponds rien, restant aussi muet qu'une carpe. Je ne pouvais pas répondre à cette question sans déclencher sa fureur. Ce serait à la fois dangereux pour moi et pour le SHIELD. Je me demande ce qu'elle peut faire avec ses pouvoirs. Nous ne savons pas grand chose sur elle, bien entendu. Son identité, son travail, son pouvoir, rien de plus. Nous ignorons ce qu'elle fait de sa vie en dehors de ces rares informations. Cependant, son comportement est très louche. Les autres mutants s'offusquent souvent, mais finissent par accepter quand nous leur rappelons qui les pourchasse... Elle me demanda ensuite si Zemo s'intéresserait à elle et je lui répondis : Nous n'en savons rien. Nous savons seulement qu'il risque de s'en prendre à ceux qui lui ont fait le plus de mal ces neuf dernières années. Les Avengers, le SHIELD, les mutants... Ceux qui sont responsable à ses yeux du décès de ses proches. Je baisse les yeux et laisse échapper un soupir avant de souffler : Il est imprévisible... Voilà pourquoi le SHIELD s'inquiète, voilà pourquoi nous voulons protéger chaque personnes, même les plus petites, les plus isolées... Vous ne croyez pas un mot de ce que je dis et je le conçois, je n'ai pas été très habile en vous approchant de cette manière et j'en suis désolé, sincèrement.
Elle me sortit un autre long monologue, dont la finalité était de me dire qu'elle se méfiait de tout le monde, surtout de ceux qui viennent lui proposer de l'aide gratuitement. Je laisse échapper un nouveau soupir. La voilà qui tourne les talons, s'en allant pour retourner chez elle. Je lève les yeux vers elle et lui dis : Ma femme est une mutante. Ma fille en est une aussi. Je ne l'ai pas vue grandir et développer ses pouvoirs, car Thanos nous a fait disparaitre, mon fils et moi. Nous avons cinq ans de retard sur le reste de notre famille, et, chaque jour, je m'en veux de ne pas avoir pu être plus utile contre Thanos. Je ne suis qu'un être humain, un être inutile, et c'est pour cela que j'ai rejoins le SHIELD. Pour protéger ceux qui sont plus fort que moi, pour donner à ma fille un avenir où personne n'aurait peur de son pouvoir, où on pourrait même l'admirer pour cela. C'est idiot, je le sais, c'est très rêveur de ma part. En vous approchant, en tentant de vous offrir la protection du SHIELD, j'espérais pouvoir aider à la construction de cet avenir... Et j'ai échoué dans ma tâche. Je le pense vraiment, et cela me dépite de voir ô combien je suis encore inutile. Certes, je suis un bon agent, mais je ne peux pas tout réussir, je ne peux pas gagner tous les combats, à cause de ma nature, et également parce que je crois trop à mes rêves... Je me lève à mon tour, déposant un billet pour payer les consommations, et je dis à la jeune femme : Veuillez m'excuser pour le désagrément. Votre souhait sera exaucé. Vous disparaitrez aux yeux du SHIELD dans l'heure qui va suivre. Sans un mot de plus, je remets ma chaise en place et tourne moi aussi les talons, vibrant d'amertume et de rancœur envers moi même.
Ceci est un Poisson Non Joueur, une intervention dans le cadre de notre animation d'avril.
PNJ
Ici pour vous servir
Sa bande et lui ont l’habitude de chasser dans cette rue. Ils y habitent, dissimulés dans les hauteurs des immeubles, et y agissent de jours. Le café est l’un de leurs endroits préférés : leurs proies s’y trouvent en nombre. Observant sans être observé, il a particulièrement noté l’un des couples s’étant installé à l’écart des autres. Cela ne fait pas longtemps qu’ils sont là et ils n’ont commandé qu’à boire, il lui semble, mais il y a un sac de course. Ce genre de choses l’intéresse.
Il n’est pas un voleur. Non. Il n’oserait pas. Les autres l’intimident vite. Cependant, il se sait vif et agile ; rapide, dans les battements de son cœur comme dans tous ses mouvements. La patience n’est pas son fort mais il a dû l’apprendre. Heureusement, aujourd’hui, il n’a pas beaucoup à en faire preuve. Ce que se disent ses propres ne l’intéresse pas, ce qu’il veut c’est un repas. Pour lui et les siens.
Lorsque le couple se sépare, il chante un instant le signal à ses compères et tous sautent à l’assaut de la table laissée sans surveillance. L’espoir de trouver des miettes est toujours présent chez les moineaux et, à eux tous, ils passent au crible la zone du sinistre sans comprendre ce qui vient de se passer.
Enfin, au-delà du fait que les humains les laissent sur leur faim.
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