La colère l’avait enflammée, mais une colère froide et surtout une colère qu’elle pouvait exprimer à son interlocuteur, évitant ainsi les manifestations intempestives de son pouvoir qui se produisait principalement quand elle était obligée de prendre sur elle, qu’elle ne pouvait pas exprimer sa fureur par des mots. Elle n’était pas sure qu’il serait très bon pour son avenir de dévaster le petit café où elle avait suivit l’agent du SHIELD.
Elle venait de tourner les talons après avoir « vidé son sac », exprimé toute la méfiance et d’une certaine façon la peur, que lui inspirait cette organisation, et une grande majorité des autorités en général lors qu’elle se figea.
Il ne parlait plus du SHIELD, il parlait de lui. Lui expliquant les raisons qui l’avait poussé à rejoindre cette organisation. Parlant de sa femme et de sa fille qu’il n’avait pas vu grandir, ayant fait parti des « disparus ». Sa colère s’évapora aussi vite qu’elle s’était exprimée. Parfois elle avait tendance à confondre l’organisation avec les êtres qui la composait. Elle n’avait aucune confiance dans ce genre d’entreprise, mais elle était consciente que chaque groupe était composé d’individus, chacun ayant des raisons bonne ou mauvaises, de l’avoir rejoint.
L’histoire d’Aemond la toucha. Elle avait eu la « chance » de faire parti de ceux qui avaient été épargnés par le « Snap ». Surtout, la chance de n’avoir personne à perdre à ce moment-là. Mais sa capacité d’empathie ne lui permettait que trop bien de comprendre ce qu’avait du être cette épreuve pour sa famille, tant pour celles qui étaient restée, que pour ceux qui étaient revenus en ayant perdu plusieurs années.
Elle fut touché aussi des motivations qui l’avaient poussé à rejoindre le SHIELD, Elle qui passait sa vie à soigner des inconnus, pas toujours très reconnaissant, ne comprenait que trop bien ce qu’il devait ressentir face à son agressivité. Sa colère lui avait fait oublier que parfois, les individus prennent de mauvaises décision pour de bonne raison, et que l’inverse était également vrai.
Elle devait bien avouer aussi que ce qu’il lui avait dit sur Zemo l’avait touchée. Elle avait eu envie de prendre la défense de son amoureux, lui dire qu’il ne savait rien de lui, qu’il ne le connaissait pas. Mais finalement, c’était probablement l’inverse. Elle ne connaissait d’Helmut que l’homme amoureux et prévenant envers elle. Elle était consciente que les sentiments aussi violents qu’inattendus qu’il avait réveillés en elle obscurcissait son jugement le concernant. Des exactions qu’il avait commises, elle ne connaissait que ce qui avait été rapporté dans les journaux, et encore, à l’époque des fait, elle ne s’y était intéressé que de loin.
L’agent s’excusa encore, lui assurant que s’il était son souhait, elle disparaîtrait aux yeux du SHIELD avant de se lever à son tour, payant leurs consommation avant de commencer à s’éloigner. Elle leva les yeux au ciel et soupira de sa propre décision avant de se retourner et de le rattraper, le retenant par le coude.
« Je suis désolée pour ce que vous avez vécu. A ce moment-là, j’ai eu la chance de faire parti de ceux qui n’avait personne à perdre. » dit-elle d’un ton radoucit. « J’ai un peu tendance à confondre les organisation et les individus qui les composent. » expliqua-t-elle avec un petit sourire contrit.
Elle garda un instant le silence, attendant de voir si ses excuses étaient acceptées ou non, avant de reprendre.
« Vous dites que si je refuse la protection du SHIELD, je disparais de leurs fichier dans l’heure, vous êtes sérieux ? Vous pouvez m’en faire la promesse ? Me le jurer sur la tête de vos proches ? »
Je retiens un sourire quand je sens sa main attraper mon coude. Mon petit jeu avait fonctionné à merveille. J'avais été sincère certes, mais uniquement dans le but de l'émouvoir. J'espère que ma famille ne saura jamais que je l'utilise dans le but d'arriver à mes fins. Je n'aime pas vraiment en arriver là, mais je suis prêt à tout pour réussir ma mission. Mes supérieurs en sont conscient, j'ai perdu un œil pour ma patrie et je n'hésiterais pas à donner ma vie pour le SHIELD. Ils le savent, et ils tentent tant bien que mal de me contenir car je suis marié et père de deux enfants. Mais depuis mon retour, j'ai ce besoin irrépressible de me rendre utile par tous les moyens.
Elle me dit alors qu'elle est désolée pour ce que j'ai enduré et qu'elle fait partie des personnes qui n'ont heureusement personne à perdre. Hum... Me ment elle ? La dernière trace laissée par Zemo nous mène dans son quartier, son portable n'émet que rarement depuis, et sa carte bancaire demeure muette comme une carpe, ce qui nous limite dans nos recherches. Nous savons, grâce à ces triplées télépathes, quel numéro il utilise et nous le pistons sans relâche. Nous avons pu déceler un appel vers son majordome dans le quartier où habite la jeune femme. A ce point, n'importe qui habitant ces lieux demeure un suspect potentiel. Même si elle a l'air sincère, je ne peux me laisser attendrir par ses mots.
Je laisse cependant échapper un demi sourire et je lui dis : Il n'y a rien à pardonner. Votre réaction est tout à fait compréhensible. Jouons la modestie, jouons à ce petit jeu qui, lentement, l'amènera à avoir confiance en moi. Elle me demanda alors si je disais la vérité quand je lui assurais que son dossier serait supprimé dans l'heure. Si tel était son souhait, elle ne ferait plus partie du resencement des mutants que tient le SHIELD depuis de nombreuses années. Mais, en revanche, si son dossier ne sera plus que poussières, son nom restera dans la liste des suspects potentiels jusqu'à ce qu'elle soit pleinement innocentée, une fois que Zemo sera entre les barreaux. Je me tourne vers elle, le regard serein et sincère. Mon œil cybernétique dilata sa pupille de manière tout sauf naturelle avant de revenir à un état normal. Je lui réponds alors, en souriant : Je viens d'en informer mes collègues. Votre dossier sera bel et bien supprimé de nos serveurs d'ici une heure.
Je remarque à peine les oiseaux qui tentent de grapiller quelques inexistantes miettes sur notre table, et je dis à la jeune femme, avec un sourire : Juste par curiosité... Que craignez vous ? Le SHIELD ne vous veut aucun mal, à moins que vous ayez un quelconque lien avec le Baron, ce dont je doute très franchement. Avez vous eu une mauvaise expérience avec nos services ?
Malgré la gentillesse de son interlocuteur, son apparente compréhension, Lys ne savait pas trop sur quel pied danser avec lui. Malgré son appartenance au SHIELD, il semblait plus humain que certains agents, qui persuadé d’œuvrer pour la bonne cause, se permettait d’utiliser tous les moyens, quitte à briser les vies d’innocents.
D’un autre coté, au fond d’elle, elle avait l’impression qu’une alarme s’était allumé, la sensation que, même s’il ne mentait pas vraiment, il ne disait pas toute la vérité. Mais peut être que cette sensation n’était qu’une conséquence de sa situation. Après tout, elle non plus elle ne lui disait pas la vérité, et elle n’en avait pas l’intention.
Elle lui sourit tout de même lorsqu’il lui assura avoir informé ses collègue pour demander la suppression de son dossier de la base de donné du SHIELD, même si, elle doutait, là encore que ce fut la vérité. Peut être qu’il supprimerait les archives, mais son nom, lui, resterait. Lorsqu’il évoqua Zemo, elle eut la certitude que ce n’était pas demain la veille qu’elle disparaîtrait de leurs radar. Visiblement elle le SHIELD avait des soupçons la concernant. Il lui faudrait en informer son compagnon, et éventuellement lui trouver un refuge plus sûr.
Elle pinça les lèvres d’un air de dédain avant de répondre à sa question suivante :
« Pas personnellement. Pas avec le SHIELD en tout cas. C’est juste que je n’aime pas l’idée que des inconnus se mêlent de ma vie privée. » elle ramena son regard sur les yeux étranges d’Aemon « Je sais ce qu’on dit, que si on a rien à cacher, on devrait se moquer d’être surveillés, mais je trouve injuste que parce que je suis née différente, on surveille mes fréquentations, mes activités, mes hobbies. Savoir que je suis épiée, suivie, c'est comme d'être victime d'un stalker, ça me fait peur, c'est comme un viol ! » expliqua-t-elle
Décidément, c'est trop facile de lui faire croire ce que je veux qu'elle croie.
Je garde une expression sérieuse tandis qu'elle m'avoue ses peurs, ses craintes. Elle ne veut pas être suivie, elle veut être tranquille... Hélas, c'est beaucoup trop demandé. Tout d'abord car elle est une mutante et, en tant que tel, elle peut se montrer dangereuse pour notre société. C'est pourquoi le SHIELD gardera un œil sur elle. Ensuite, parce qu'un dangereux criminel a été repéré en ville, et qu'elle est une cible potentielle pour ce chasseur de mutants et de héros qui a bien failli causer notre perte à tous. Si les Avengers s'étaient entretués, Thanos n'aurait même pas eu besoin de se battre pour l'emporter. Il aurait eu toutes ses pierres comme si elles avaient été présentées sur un plateau en argent.
C'est pour cela que le SHIELD ne doit rien laisser passer. Nous n'en savons encore rien, mais cette femme est peut être une complice de Zemo. Ce serait difficile à croire, je le sais, mais on ne peux écarter aucune possibilité. C'est pour cela que je suis obligé de lui mentir, alors qu'elle me demande de supprimer son dossier des registres du SHIELD. Je ne peux accepter cette possibilité, et c'est pour cela que je lui mens. Je lui prétends qu'il sera supprimé dans l'heure, alors qu'en réalité, il est toujours à sa place, bien au chaud, parmi tous les autres dossiers des autres mutants. Elle n'en saura rien, et cela ne lui fera pas de mal de croire que le SHIELD peut être bon avec elle. C'est le cas, nous agissons dans le but de protéger tout le monde, pas pour faire du favoritisme parce qu'une petite mutante n'aime pas qu'on regarde dans ses papiers.
Je souris alors et hoche la tête. Je lui dis : Je comprends parfaitement. Veuillez m'excuser pour le désagrément, sachez que cela ne se reproduira pas. Je penche la tête sur le côté et je lui dis, tout en reculant d'un pas : Etant donné que vous n'avez plus rien à voir avec le SHIELD, je ne vois pas l'intérêt de poursuivre cette discussion. Je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps. Mademoiselle Dulac, passez une bonne journée. Après l'avoir saluée en inclinant la tête, je m'éloigne d'un pas vif. Je dissimule tant bien que mal un sourire satisfait. Je viens d'envoyer au SHIELD un commentaire court, mais précis : Continuez la surveillance. Aucune preuve n'écarte Azilys Dulac de la piste de Zemo. Mutant potentiellement dangereux, voir vidéo ci jointe.
Mais son instinct lui disait que même s’il avait dit la vérité sur certaines choses, comme la présence de mutants dans son cercle familial, et sa conviction qu’il agissait pour le bien de tous, elle n’arrivait pas à vraiment le croire quand il lui assurait que son dossier serait supprimé des fichiers du SHIELD. Leur conversation, bien que cordiale, n’avait finalement été qu’un dialogue de sourd.
Elle savait que si elle, elle ne le croyait pas quand il lui jura que le nécessaire serait fait pour supprimer son dossier vu qu’elle refusait la « protection » du SHIELD, il n’y avait pas plus de raison qu’il la croit quand elle avait botté en touche quand il avait évoqué la présence d’Helmut dans le quartier.
Finalement, elle réalisa qu’elle préférait le comportement d’Helmut. Au moins, lui n’avait pas nié son passé, n’avait pas juré de changer, il assumait même pleinement ses projets, qu’ils lui plaisent ou non. D’une certaine façon, il était beaucoup plus honnête que l’homme élégant mais qu’elle devinait fourbe qui, à présent, prenait congé.
Curieusement, alors qu’au fond de son esprit elle avait l’impression d’être totalement submergée par l’inquiétude, elle se sentait totalement sereine, un peu comme, quand à force de cumuler les tracas et les sources de contrariétés, on en arrive à un état de tel découragement qu’on se découvre d’une zénitude absolue, totalement détaché de la réalité.
Même si, elle était presque certaine qu’il avait déjà envoyé des instructions totalement contraire à ce qu’il lui avait assurée, c’est avec un sourire sincère, et un regard d’un calme infini qu’elle lui répondit.
« Je vous remercie d’avoir fait le nécessaire. Et je vous souhaite également une bonne journée. »
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