Charles était profondément inquiet. Il tenait la main de Lynda entre les siennes, tandis que son regard était résolument fixé sur Jean. Et si c'était une erreur ? Si elle ne parvenait pas à pénétrer son esprit ? Si elle ne faisait qu'aggraver les choses ? Non. Non, il devait garder espoir, c'était la seule force pure qui lui permettait toujours de tenir, même dans les heures les plus sombres.
De longues secondes s'écoulèrent avant qu'il ne se produise quelque chose. Un tressaillement, à peine perceptible. La main de sa compagne avait bougé. Quelque chose s'était débloqué. Mais elle ne pouvait pas encore s'éveiller. Charles perçut l'appel de Jean et plongea aussitôt, sans la moindre hésitation. Il attendait ce moment depuis de trop longs et mornes jours.
Il se retrouva debout, doté d'un visage plus jeune, aux côtés d'une Jean flamboyante. Dans ce vide étrange et peuplé d'ombres encore floues, où tout semblait en suspension, des éclats de cristal flottaient dans les airs autour d'eux. Mû par un instinct insensé qu'il choisit pourtant de suivre, Charles tendit la main et toucha de l'index l'un de ces éclats. Tous les morceaux de cristal tombèrent alors au sol, inanimés. La première prison était définitivement brisée.
Les ombres imprécises qui dansaient autour d'eux prirent peu à peu consistance et couleurs. Le décor était en train de prendre vie, pour les plonger au cœur du cauchemar de Lynda…
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Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Mieux vaut une prison de rêves qu'une liberté remplie de cauchemars." Vladimir Arsène
Tendres sont les cauchemars si tant est qu’ils nous laissent en paix. Horribles sont les rêves inaccessibles nous plongeant dans un gouffre sans fin. Lorsque Lynda rouvrit les yeux pour ce qui semblait être un rêve, elle se rappela alors qu’elle était en plein milieu d’un cauchemar. Mais en avait-elle vraiment conscience ? Son esprit était désormais trop meurtri, trop écorché peut-être pour qu’elle ne lève enfin le voile sur ce qu’elle revivait encore et encore en boucle depuis des jours et des jours. Oubliant tout le reste, elle secoua la tête pour regarder autour d’elle sans rien voir d’étrange ou d’anormal. Elle était au beau milieu du désert Irakien, le soleil tapait tellement fort sur sa nuque que ses cheveux coupés plus courts étaient collés à sa peau par la sueur. Le cou protégé par un keffieh noir et blanc, le corps entièrement couvert de sa tenue de militaire en nuances de kaki, un gilet par balle dans les mêmes teintes lui protégeait la poitrine. Alors qu’elle remettait ses gants, quelqu'un l’appelait. Une voix sortie d’outre-tombe, comme un écho la déchirant à ses pensées.
« Lynda qu’est-ce que tu fous ? Il faut évacuer… - Je n’abandonne pas les blessés. - Ils vont être expatriés, viens on a ordre de partir. - Vas-y toi, moi je reste. - Lynda, déconnes pas. »
Lynda était déterminée et cela se voyait dans le regard qu’elle posait sur son collègue, ami et ancien amant devenu père de sa fille, Jack. Il ne la connaissait que trop bien et il la savait dévouée à ses patients. Soupirant et résigné, Jack balança ses bras en signe de capitulation.
« Ok… ok, je reste avec toi. »
Lynda esquissa un sourire avant de s’avancer vers lui, lui tapotant l’épaule pour le remercier et le dépassant pour rejoindre la tente en marchant. Jack quant à lui entendit le bruit sourd d’un avion de chasse, levant les yeux il fut horrifié de voir un missile en train de foncer tout droit vers la tente où Lynda marchait.
« Lynda nooonnnnn ! »
La médecin releva la tête et vit le missile mais au lieu de partir en direction inverse pour protéger sa vie, elle courut alors en direction de la tente dans un geste désespéré de sauver des personnes. Des innocents, des militaires, des civils blessés, meurtri par la guerre, qui n'aspiraient qu’à une chose, au calme et à la survie. Le choc fut aussi soudain que frappant. Le missile fonça sur la tente, qui explosa alors que Lynda n’était plus qu’à quelques mètres. Projetée en arrière par le souffle, elle fut rapidement rejointe par Jack qui l’aida à se relever. Mais les cris et les larmes de Lynda étaient bien trop déchirants. Elle avait les yeux rivés sur les flammes et les lambeaux de la tente qui retombaient lentement tels des drapés mortuaires. Hurlant à l’impossibilité d’avoir fait une telle chose, Lynda était tout à fait démunie face à tant de cruauté. Ce véritable crime de guerre avait été opéré devant ses yeux sans qu’elle n’ait eu le temps de réagir, anéantissant ses espoirs de les sauver et de les ramener à leurs familles. Retenue par les bras enlacés autour de sa taille de Jack, Lynda se débattait. Et puis il la posa sur le sol, la retourna vers lui :
« Lynda, on DOIT partir. Ils seront là d’une minute à l’autre… - Mais non si y’a des blessés, je dois les soigner… Tu sais que je le peux… - Ils sont morts, tu ne peux plus rien pour eux… Viens… Penses à Jess… »
La mention de sa fille la fit réagir contre son grès. Elle suivit alors Jack en courant jusqu’au convoi. Il lui montra le Humvee dans lequel elle devait prendre place. Une impression d’être observée la fit hésiter avant de poursuivre la conversation avec Jack.
« Attends, attends, on avait dit jamais le même véhicule, pour Jess… - Là on n’a pas trop le choix, j’vais sur la tour du Humvee, vas à l’intérieur. »
Lynda s’exécuta encore sous le choc, dès que la portière arrière (côté passager) du véhicule fut refermée, elle regarda avec regret et désolation, les restes de son camp médical sous les bombes. C’était censé être une zone sûre, c’était la zone médicale… Et pourtant ils avaient tout détruits.
Perdue dans ses pensées, elle regardait par la fenêtre du véhicule alors que le convoi avançait à vive allure pour se mettre en sécurité. Et puis d’un coup il y a eu un bruit d’explosion.
« Il a tapé dans une mine ! »
Le véhicule de tête venait de voler dans les airs, suite à la confrontation contre une arme cachée dans le sol. La tension monta d’un cran alors que les véhicules suivants déviaient de leurs trajectoires pour ne pas percuter les restes de la carcasse.
« On ne s’arrête même pas pour voir s’il y a des survivants. - Non on a ordre de ne pas arrêter le convoi… - Mais… - MINE !! »
La voix de Jack fut une dernière chose entendue par Lynda avant de se sentir soulevée à son tour… Lorsqu’elle rouvrit les yeux, les oreilles sifflantes, le corps endolori mais qu’elle ne sentait quasiment plus. Elle entendit une voix lointaine avant de voir une silhouette floue au-dessus d’elle. Fixant cette ombre mortuaire elle reconnut petit à petit Jack qui était totalement en panique au-dessus de son corps.
« Jack… »
Un souffle de torture qui aussitôt lui arracha un cri tant la soudaine douleur ressentit dans l’entièreté de son corps. Elle tourna avec grande difficulté le visage pour observer les alentours avant de voir deux silhouettes inconnues debout non loin d’elle. Tous les autres étaient éparpillés sur le sol. L’odeur de chair brulée se fit doucement sentir avant de réaliser qu’il s’agissait de sa propre chair qui était en charpie. La combinaison de Lynda avait en effet fusionné avec sa peau sous l’effet des brûlures. Elle tenta de bouger, sans succès avec que Jack ne pose sa main sur sa joue – une des seule partie de son corps qui n’était pas brûlé.
« Je suis là Lynda, ça va aller - On … tu dis ça parce que… j’vais mourir - Non tu ne vas pas mourir, j’suis là, avec toi - Jessy… - Tu la reverras je te le promets - J’ai froid. - Reste avec moi… Lynda… LYNDA… Je … Je t’aime. - Je t’aime. »
Les yeux de Lynda se fermaient alors que soudain sa main posée sur celle de Jack s’illumina. Il regarda la lumière sans se rendre compte alors que Lynda était en train d’absorber toute son énergie vitale. Progressivement, son teint devint pâle, jusqu’à ce que finalement il ne s’effondre à ses côtés alors que les blessures de Lynda se régénèrent petit à petit. Telle une force dévorante, elle absorbait toute l’énergie de Jack pour se guérir elle-même. Bien sûr, elle n’en n’avait pas conscience. Alors qu’elle rouvrit les yeux, elle n’eut alors que quelques secondes pour voir le corps étendu et inerte de Jack à ses côtés. Il était mort, elle l’avait tué. Repartant dans l’inconscience, Lynda ressentit alors la culpabilité et la terreur d’avoir commis un crime pour lequel elle se battait chaque jour, la vie…
Et puis, Lynda rouvrit les yeux pour ce qui semblait être un rêve, elle se rappela alors qu’elle était en plein milieu d’un cauchemar. Mais en avait-elle vraiment conscience ? Elle était à nouveau debout, à nouveau dans le désert… La boucle reprenait son cycle funeste.
« La famille, c'est l'Amour. C'est tout ce qui compte. » Lyne Ménard
LE 10 JUILLET EN FIN D'APRÈS-MIDI AVEC CHARLES XAVIER ET LYNDA MAC TAGGERT
Atteindre l’esprit de la belle Lynda s’était avéré bien plus facile qu’elle ne l’aurait pensé mais, le Phoenix se heurtait à présent à une étrange prison cristalline qui retenait encore captive la bien-aimée de Charles, dans une geôle qui était comparable à une boucle tortueuse portant la signature de la Sorcière Sombre. Cette empreinte puissante et malfaisante signifiait qu’il ne serait pas si aisé d’extirper Lynda de son sommeil forcé… Ne sachant que faire, et de peur d’aggraver la situation, Jean avait sans attendre appelé son mentor pour qu’il la rejoigne dans l’esprit d’Angel ; lorsque ce fut chose faite, sous la matérialisation d’une version plus jeune de lui, la rousse flamboyante lui lança un unique regard pour lui signaler qu’elle attendait de connaître ses décisions. ㅤㅤAprès qu’il eut touché l’un des éclats argentés, tous les morceaux de cristal retombèrent comme une pluie dévoilant enfin le paysage de son cauchemar interminable ; Jean et Charles furent alors aspirés dans le souvenir qui accompagnait Lynda depuis de longs jours déjà…
Le soleil, éclatant et vigoureux, l’avait brièvement aveuglée tandis qu’elle apparaissait sans les flammes ayant précédemment recouvert sa peau. Remontant l’une de ses mains jusqu’à son front pour protéger ses yeux, Jean avait froncé ses sourcils tout en regardant autour d’elle, observant davantage les militaires que le paysage désertique, puis murmurant d’une voix discrète : « Où sommes-nous ? » La chaleur accablante, qui l’avait un instant étouffée, fut rapidement oubliée lorsque les premières voix se firent entendre. Lynda voulait rester pour se rendre utile, mais l’homme qui l’accompagnait préférait qu’ils quittent les lieux sans attendre, saisi d’une inquiétude qu’on devenait urgente ; finalement, devant l’entêtement altruiste de la jeune femme, l’inconnu avait cédé en annonçant qu’il allait rester avec elle. Cette férocité d’esprit, sans oublier cette générosité de coeur et d’âme, fit naître un vague sourire sur les lèvres de la jeune fille qui, loin de se douter de ce qui allait se passer, vit la situation basculer en quelques secondes à peine… Le bruit furieux d’un avion passe au-dessus de leurs têtes et, le temps d’un battement de cils, l’explosion se produisit. Il n’y avait aucun espoir de trouver des survivants, même Jean le savait ; interdite, figée, elle avait confusément cherché la main de Charles tandis qu’elle se trouvait incapable de parler, incapable de quitter des yeux le tas de fumée et cendre qui était encore rongé par les flammes du missile. ㅤㅤL’homme réagit bien plus vite en entraînant Lynda vers un véhicule, mais ce dernier connut un sort tout aussi tragique ; l’horreur de la situation était affligeante, et les émotions ressenties par Lynda percutèrent son coeur sincèrement ému. Mais alors que Lynda était gravement blessée, une chose étrange se produisit ; sa main, posée sur la joue de l’homme penché au-dessus d’elle, devint livide au fur et à mesure qu’elle semblait se rétablir de ses blessures à une vitesse tout à fait prodigieuse. Est-ce qu’elle venait de le tuer pour survivre ? La question, coincée au fond de sa gorge, eut pour seul effet de détourner son menton en direction de Charles, sans qu’elle n’esquisse le moindre geste. Il y avait eu beaucoup trop d’informations et d’évènements en peu de temps pour qu’elle puisse correctement réfléchir mais, alors qu’ils revenaient au début du souvenir de Lynda, elle avait enfin pris la parole pour demander, d’une voix tremblante mais néanmoins déterminée : « Comment on brise cette boucle ? »
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Charles comprit très rapidement quel moment de sa vie l'esprit de Lynda était en train de revoir. Elle lui en avait parlé dès leur première rencontre. Il savait donc d'ors et déjà ce qui allait se passer, le terrible évènement auquel ils allaient assister, et se prépara mentalement à passer un moment plus que désagréable. Lorsque Jean lui demanda où ils étaient, il répondit succinctement, la mine sombre et le ton grave :
« En Irak… »
Il fallait qu'il mette de la distance. Tout cela s'était déjà produit, on ne pouvait rien y changer. Ce n'était qu'un souvenir. Mais sentir la détresse de Lynda, l'entendre hurler, percevoir son impuissance à sauver tous ces pauvres gens… Et le pire était encore à venir… Plus la scène avançait sous leurs yeux, plus Charles redoutait le moment fatidique où l'unité se ferait attaquer. Il observait Jack en sachant déjà qu'il allait mourir. Terrible sensation. Il aurait voulu les prévenir, mais il ne pouvait rien faire pour changer le cours des choses.
Il sentit les doigts de Jean chercher la paume de sa main et serra la sienne, sans parvenir à détacher son regard de Lynda. Lorsque Jack hurla pour alerter sur la mine qui explosait sous leur convoi, Charles ferma brièvement les yeux, profondément désolé pour lui. Mais… L'histoire ne se déroula pas telle qu'elle aurait dû se dérouler.
Incrédule, Charles découvrit avec horreur le corps brûlé de sa compagne, tandis qu'elle luttait pour ne pas rendre son dernier souffle. Jack, lui, semblait avoir été épargné. Non… Ce n'était pas ainsi que les choses s'étaient passées… Voir Lynda dans cet état lui déchirait le cœur. Mais le sentiment qui s'insinuait en lui était plus proche de la colère. Un sentiment de révolte. Comment la Sorcière Sombre avait-elle pu oser… Le télépathe serra les poings et hocha la tête de gauche à droite, outré, lorsqu'il vit Lynda absorber la vie de son amant pour se guérir. Mensonges… Horribles mensonges…
Il resta immobile, scandalisé, le regard figé dans le vide lorsque la scène reprit depuis le début. La voix de Jean finit néanmoins par le faire réagir. Il secoua violemment la tête, comme s'il s'éveillait d'un cauchemar, et tourna les yeux vers elle. Il se sentait si profondément indigné qu'il eut besoin de quelques instants pour rassembler ses esprits et mettre de l'ordre dans ses pensées.
« La Sorcière Sombre a falsifié sa mémoire… Elle lui fait croire qu'elle est responsable de la mort de Jack. Il faut… Il faut briser l'illusion, rétablir la vérité. »
Son regard perçant se projeta tout autour de lui, tâchant d'aller plus loin que ce qu'il voyait. Il cherchait les traces de la Sorcière Sombre. Un nuage d'énergie psionique, un champ de force, n'importe quel signe lui permettant de remonter à l'origine du mal pour pouvoir le combattre. Mais il ne percevait rien…
« Je ne détecte rien… Elle a dû trouver le moyen de m'empêcher d'agir, tout comme elle m'empêchait d'accéder à l'esprit de Lynda. »
A nouveau il posa son regard sur Jean. Il n'avait pas besoin de formuler sa demande à voix haute. Il comptait sur elle, une seconde fois, pour faire ce que Wanda lui interdisait de faire. Seule Jean était en mesure d'aider Lynda, elle seule pouvait mettre un terme à cette affreuse mascarade. Mais en attendant qu'elle agisse, Charles ne put s'empêcher de courir vers Lynda, alors qu'elle disait à Jack qu'elle l'aimait et s'apprêtait à lui ôter la vie.
« Lynda ! Lynda, entends ma voix ! Ce n'est pas réel. Réveille-toi je t'en prie, reviens vers moi… »
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Précisions HRP:
Le souvenir est en fait parfaitement correct, simplement Lynda n'a jamais avoué à Charles qu'elle avait tué Jack, du coup Charles est persuadé que c'est un coup de la Sorcière Sombre. Donc Jean peut toujours chercher des traces de falsification, elle ne risque pas d'en trouver ^^' Et elle va finir par comprendre que tout ce qu'ils voient est vrai… Bon courage pour le dire à Charles.
Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Mieux vaut une prison de rêves qu'une liberté remplie de cauchemars." Vladimir Arsène
Pour Lynda, chaque nouveau cycle devenait, sans qu’elle s’en rende vraiment compte, un peu plus dur, un peu plus marquant, un peu plus indélébile dans son esprit qui se sentait brisé un peu plus à chaque instant. Elle n’avait pas véritablement conscience de vivre et revivre en boucle ce passage sombre de sa vie. Ce passage qui par le passé avait bien faillit la détruire complètement et dont elle avait eu tant de mal à se remettre.
Il y avait d’abord cette attaque monstrueuse, ces cris décharnés et puis cet accident malencontreux avant cet adieu funeste. Chacun de ces moments que Lynda vivait et revivait malgré qu’une chose semblait peu à peu différente. Un instant elle tournait la tête et semblait apercevoir des personnes qui n’avaient rien à faire là mais avant qu’elle ne puisse réagir, on la rappelait à son cauchemar devenu presque automatique.
Une vague de chaleur se fit sentir à l’intérieur de tout son être alors qu’elle fermait les yeux.
« C’était quoi ça ? - Quoi ? - Non rien, laisses tomber. »
Un rapide échange avec Jack avant de monter dans le véhicule. Un échange qui n’avait pas cette impression de déjà-vu puisque ce n’était pas dans son rêve de base. Pourtant elle poursuivait alors son périple, tout en ayant ce curieux mauvais pressentiment. L’accident eu lieu et alors que son odeur de chair brûlée arrivait à ses narines en même temps que la terreur de l’instant, une autre odeur fit son apparition. Une odeur masculine qu’elle croyait connaître mais qu’elle n’aurait pas su reconnaitre. Quelqu’un l’appelait. Un écho de voix se fit entendre et elle entendit son prénom, ce qui lui fait froncer les sourcils avant e finalement secoué la tête pour reprendre le cours de son histoire, le cours de son homicide.
La jeune femme se réveilla alors à nouveau debout, à nouveau saine et sauve puisqu’elle n’était pas encore blessée. Et l’écho qui semblait se répétait la fit tourner sur elle-même ignorant un peu plus longtemps Jack qu’il ne faudrait :
« Je connais cette voix… - Lynda je te parle tu m’entends. - Attends Jack, il y a quelque chose qui cloche. - Il faut évacuer. Qu’est-ce que tu fous ? - Cette voix, cette odeur… Qu’est-ce que c’est ? »
Terminant son tour sur elle-même, elle se retrouva à nouveau face à face avec Jack qui l’observait avait incompréhension. Elle comprit alors son rôle dans tout cela et le but de cette boucle interminable.
« Je n’abandonne pas…. Je ne t’abandonne pas Jack. »
Une larme perla sur sa joue avant même qu’elle ne le réalise. Elle refusait de le quitter, de le laisser à cette mort certaine dont elle était elle-même le bourreau. Punition injuste qu’elle s’infligeait pour cette culpabilité éternelle qu’elle ne pourrait jamais effacée. Lynda savait qu’elle était dans un cauchemar, mais elle ne pouvait se résoudre à la quitter. D’une part parce qu’elle ne savait pas comment faire et d’autre part parce que c’était là son châtiment. Elle reprit alors le cours de sa boucle temporelle…
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LE 10 JUILLET EN FIN D'APRÈS-MIDI AVEC CHARLES XAVIER ET LYNDA MAC TAGGERT
L'instant était gravement pénible, mais Lynda était celle qui était le plus à plaindre ; la malheureuse devait inlassablement revivre la perte d’un être aimé, une perte pour laquelle elle était involontairement responsable. Et tout, dans ce souvenir répété comme une boucle ne connaissant pas de fin, traduisait une souffrance amère qu’on prenait comme mensongère. L’horreur de la guerre et la cruauté de l’instinct de survie, elles, étaient vraies. Lynda avait aspiré la vie de cet homme pour survivre… Pouvait-on sincèrement la tenir pour responsable ? La rousse, quoiqu’émue et horrifiée de ce qui se passait sous ses yeux, ne pouvait se résoudre à la condamner. Ce n’était qu’un accident. Rien de plus. ㅤㅤDans la torpeur de son émoi, elle entendit néanmoins la voix de Charles qui lui demandait de briser l’illusion formée par la Sorcière Sombre pour, le pensait-il, torturer Lynda. Ainsi, tout ceci n’était en vérité qu’un odieux mensonge… Et puisque Charles était incapable d’atteindre les lianes du mensonge tissé dans ses souvenirs falsifiés, c’était à Jean de le faire ; rien de surprenant, Charles n’avait pu atteindre l’esprit de Lynda à cause des barrières psychiques posées par la Sorcière Sombre. Sans se douter de ce qu’elle allait découvrir, donc, Jean avait hoché son menton de haut en bas face à son mentor avant de se concentrer, persuadée qu’elle allait défaire des souvenirs fallacieux, comme elle avait pu le faire avec le souvenir de Bucky et Wanda au bord du lac. ㅤㅤFaisant fi des agissements de Charles et des gestes répétés de Lynda, Jean s’était plongée dans le souvenir qu’elle habitait en cet instant ; ses yeux devinrent dorés tandis qu’elle scrutait avec attention les contours de cette boucle scellée, à la recherche d’une ombre fallacieuse, transformée, d’un schéma altéré par une main perfide, dont la malhonnêteté causait la mort et la culpabilité ; mais il n’y avait rien. Rien n’était mensonger dans ce souvenir. Il n’y avait aucun mirage tricheur, pas duperie dissimulée dans les contours de l’histoire contée, pas d’imposture. Il n’y avait rien à restaurer, et rien à briser. Tout était vrai. « Non… » Comprenant ce qui était en train de se passer, Jean avait tremblé sur place en espaçant ses lèvres pour qu’elles forment un petit « o » silencieux, alors que ses propres pensées s’agitaient. Est-ce que Charles l’avait entendue ? Visiblement pas… Tant mieux. Il était auprès de Lynda, la sommant de se réveiller et de lui revenir… Cette vision tragique avait tant bouleversé son coeur que ses lèvres avaient tremblé quand ses yeux s’étaient emplis de larmes, ne sachant comment lui annoncer la nouvelle. À ses yeux, Lynda n’était coupable de rien puisqu’elle n’avait point voulu le tuer mais… Comment le dire sans blesser ? Comment formuler une telle chose ? ㅤㅤHésitante, elle fit un pas en avant tout en essuyant rapidement ses yeux humides, ne voulant pas qu’il le devine en un simple regard. Une fois devant celui qui était son mentor, Jean avait machinalement glissé ses mains dans les siennes pour d’une part attirer son attention et l’obliger à l’écouter, mais aussi pour être sûre de l’avoir auprès d’elle s’il était trop bouleversé. Jean ne savait pas comment il allait réagir mais elle craignait de le voir souffrir, et elle comprit alors que cette boucle temporelle ne visait pas seulement la souffrance de Lynda. Par ricochet, la Sorcière Sombre voulait briser Charles, essayant peut-être de semer le trouble dans leur idylle naissante… « Charles, je… Je ne peux pas restaurer le souvenir… » Déglutissant avec difficulté, elle avait passé la pointe de sa langue sur ses lèvres, baissant un instant les yeux sur le sable doré à leurs pieds tout en continuant de serrer ses mains dans les siennes, reprenant alors d’une voix qui s’efforçait d’être calme : « Et je ne peux pas le restaurer parce que… Parce qu’il n’a pas été falsifié. C’est le vrai souvenir. C’est la vérité. » Sur les derniers mots, elle avait eu l’impression de prononcer une sentence effroyable et cruelle, à l’égard de Charles et de Lynda. Voulant défendre cette dernière, Jean avait libéré les mains de son père adoptif tout en reprenant vivement la parole, d’un ton un peu plus énergique cette fois : « Mais c’était un accident, elle ne le voulait pas… Wanda veut vous séparer, comme elle nous a séparé tous les deux et comme elle a t’a séparé de Raven. » Quittant enfin Charles des yeux pour guider son regard vers Lynda, elle avait murmuré, véritablement soucieuse de la jeune médecin : « Il faut la sortir de là. Mentalement, elle s’épuise. C’est en train de la détruire. »
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Son intervention auprès de Lynda commençait doucement à avoir un impact. Elle ne le voyait pas encore, mais elle percevait sa présence du coin de l'œil, elle sentait son parfum, elle entendait sa voix sans comprendre ses mots. Charles parvenait à perturber le cycle immuable, sans pouvoir le briser pour le moment. Pour cela, il fallait déjà restaurer le souvenir dans sa juste vérité. Mais…
Mais. Jean se plaça devant lui, prit ses mains dans les siennes, le regarda avec des yeux profondément tristes. Elle tenta de se montrer douce, mais la sentence fut très dure. Charles resta figé un moment, sous le choc de cette révélation. Ses mains restèrent suspendues devant lui, bien que Jean les ai lâchées. Ses yeux reflétèrent une myriade d'émotions complexes. Un bouleversement évident. Une part d'indignation, toujours. De la tristesse. De l'incompréhension. De la culpabilité. De la compassion. De la désolation.
Il laissa lentement retomber ses mains le long de son corps et se tourna à nouveau vers la terrible scène qui se déroulait sous leurs yeux, encore et encore. Il entendit Jean tenter de prendre la défense de Lynda. Ce n'était pas nécessaire. Mais ses mots firent écho en lui différemment. Wanda s'en prenait toujours à lui en s'attaquant à ses proches. Raven, Jean, Lynda… Sa sœur, sa fille, sa compagne… Toutes avaient souffert, souffraient encore, à cause de lui.
« Ma faute… Encore… »
Il se sentait fatigué. Las. Accablé. Découragé. Il pouvait toujours se battre, réparer la situation, encore et encore, cela n'effacerait pas cette terrible vérité : ces situations n'auraient pas lieu d'être s'il n'était pas là. Coupable involontaire… mais coupable quand même. L'esprit engourdi, le cœur en peine, il fut pris d'une envie déraisonnable de s'allonger dans le sable et d'attendre. Il était fatigué de lutter pour réparer les conséquences de ses propres erreurs.
Jean. La voix soucieuse de Jean. Les mots justes de Jean. Ce n'était pas le moment d'abandonner. Lynda avait besoin d'aide. Lynda… Pauvre Lynda… Ce qu'elle vivait était affreux. Affreux… Il fallait la sortir de là, oui. Il se lamenterait sur son sort plus tard. Sauver Lynda, avant qu'elle ne se détruise. Il ne pouvait pas la perdre. Il était temps de briser la boucle. De briser pour de bon le quatrième mur. Ils y avaient déjà percé une brèche, ils pouvaient désormais le faire voler en éclats. Charles observa Lynda, d'un air résolu. Il força son cauchemar à se plier à sa volonté, sur un paramètre à la fois simple et complexe : il voulait y être intégré.
Une autre version de lui apparut alors dans le rêve. Vêtu d'une tenue militaire similaire à celles des soldats présents, Charles descendit du Humvee alors que Jack y montait et que Lynda s'apprêtait à le suivre. Bouleversant complètement la trame jusque là immuable, il prit le bras de Lynda et la tira en arrière pour l'empêcher de monter dans le véhicule.
« Lynda, non ! »
Il la saisit par les deux épaules et la tourna avec force vers lui, dos au convoi qui s'éloignait sans elle, pour l'obliger à le regarder, à le reconnaître. Il lui parla avec fermeté, cherchant dans un premier temps à la faire réagir.
« Jack est mort, Lynda. Il est mort depuis longtemps. Tu ne peux rien y changer, rien. Arrête de t'infliger ce supplice, ça va te détruire. »
La Sorcière Sombre l'avait sans doute enfermée ici, mais c'était Lynda qui s'accrochait à cette prison psychique, qui s'interdisait de partir, qui refusait d'abandonner Jack. Il fallait pourtant qu'elle l'accepte. Charles lâcha ses épaules. D'une main il prit celle de Lynda, de l'autre il caressa son visage et essuya les larmes qui avaient coulé sur ses joues. Il reprit la parole d'une voix plus douce, teintée de tristesse et d'amour.
« J'ai besoin de toi Lynda, reviens vers moi, reviens parmi les vivants. Laisse-le partir… »
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Tourment d’un souvenir inoubliable, peine d’une intensité non mesurable, hallucination cauchemardesque d’une vérité destructrice. Le déni d’une perte trop longtemps refoulée et qui était encore aujourd’hui une blessure écorchante pour l’âme de Lynda. Elle s’était durant des années persuadée d’être la responsable de ce massacre au point même d’avoir un syndrome du survivant tellement ancré dans ses veines qu’elle gardait précieusement ses actions antérieures cachées à toute personne déjà présent ou qui entrait dans sa vie. Mais désormais elle payait le prix de ce silence trop longtemps gardé uniquement pour elle. Elle payait le prix du fardeau qu’elle endurait depuis treize ans maintenant.
La boucle avait repris son cours, amenant dans un premier temps à la mort de dizaines de personnes déjà blessées qui désormais ne pouvaient plus être sauvés. Le Humvee était prêt devant ses yeux et alors que Lynda allait y monter, un homme en sortit. S’il portait un uniforme militaire, ce n’est pas sa tenue qui fit douter Lynda, la faisant froncer les sourcils dans le même temps, mais bel et bien son visage. Elle le connaissait.
« Mais qu’est-ce que vous faites ? »
Lynda recula de quelques pas alors qu’elle savait qu’elle devait monter dans le véhicule mais l’homme l’en empêcha. Elle tenta de forcer le passage mais à la place une vague de douleur se fit sentir de son épiderme jusqu’au plus profond de ses os. Quelque chose venait de se briser sans qu’elle puisse en connaître la véritable raison. Obligée de faire face à cet homme qui lui somma de laisser partir Jack, elle fut tout d’abord mécontente, puis intriguée pour finalement se montrer résignée.
« Mais… »
Elle voulait hurler, elle voulait insulter cet homme qui l’empêchait de faire ce pourquoi elle était là. C’était sa prison, son exutoire, il n’avait pas à se mêlait de tout ce fardeau qu’elle était la seule à porter depuis tant d’années. Ses prunelles vertes se posèrent alors dans le regard assuré et compatissant de celui qu’elle savait connaître et qu’elle devait reconnaître.
« Je… On se… connaît ? … »
Les mots qui suivirent prononcés avec douceur alors qu’un contact à la fois délicieux et salvateur se fit sentir sur la joue du médecin, faisant comme un électrochoc à ses propres souvenirs. Une rencontre un jour de Saint Valentin, une conversation passionnante, une démonstration d’affection avant une cassure, une brisure, un silence, des jours et des jours d’un mutisme douloureux et puis la délivrance, la déclaration, l’amour, la tolérance, l’évidence. Le visage de celui qui avait été une véritable source de joie et de bonheur ces dernières semaines se dessina dans sa mémoire. Sa présence, son odeur, ses mains… tout lui fit véritablement comprendre qu’il était là, pour elle :
« Charles… »
C’était bel et bien l’homme dont elle était amoureuse désormais qui se trouvait devant elle. Un sourire de délivrance se forma sur ses lèvres alors qu’elle comprenait enfin que ce calvaire auto-infligé allait peut-être cesser prochainement. Enfin elle pourrait partager avec quelqu’un ce fardeau qui était bien trop lourd pour son âme :
« Tout est ma faute Charles… »
Fondant en larmes en avouant tout haut ce qu’elle avait tenté d’enterrer au plus profond d’elle-même, Lynda se cacha alors en enfouissant son visage dans le creux du cou de son compagnon. Cherchant à la fois le pardon et la libération elle continua de s’exprimer alors qu’au loin le bruit de l’explosion du Humvee se fit entendre :
« Je ne savais pas que j’avais ce pouvoir il s’est déclenché ce jour-là et par la suite j’ai toujours fait attention de ne pas le réutiliser. J’aurais dû t’en parler Charles… J’aurais dû le soigner et non pas lui prendre son énergie, j’aurais dû mourir ce jour-là…. »
Les mains de Lynda passèrent dans le dos de Charles pour s’accrocher à lui comme une bouée de sauvetage alors qu’elle redoutait sa réponse, songeant à la possibilité qu’il ne veuilles plus d’elle après cette révélation, songeant à l’idée que ce cauchemars n’était en réalité qu’un prétexte pour dévoiler une vérité qui briserais alors la confiance qui s’était instauré entre eux, brisant leur couple au passage. Ce que Raven avait tenté de faire avant, peut-être que la sorcière sombre allait finalement parvenir à la même conclusion.
La vague de douleur qui traversa Lynda, Charles la ressentit également. Jean aussi, probablement, bien que dans une moindre mesure. Il venait de forcer brutalement l'esprit de Lynda à changer de cap, il avait bouleversé une mécanique très bien huilée qui tournait, encore et encore, dans une boucle sans fin. Il venait de briser la malédiction de Sisyphe. Le subconscient de Lynda tenta logiquement de s'en défendre, mais le télépathe était déterminé à libérer sa compagne.
Elle se montra d'abord interloquée par cette apparition imprévue, puis indignée par ce forcing qu'il lui faisait subir – pour son bien, mais cela elle l'ignorait pour le moment. Les doux mots de Charles, accompagnés d'une caresse sur sa joue, finirent par la reconnecter avec sa réalité actuelle. Elle le vit enfin tel qu'il était, elle le reconnut enfin. C'était le premier pas vers un retour au monde réel. Mais elle avait encore à faire ici. Il ne pourrait pas la faire sortir sans son accord, c'était à elle de se décider à partir. S'il ne pouvait pas marcher à sa place, il pouvait néanmoins l'aider à emprunter le chemin du retour.
Elle lui sourit, avant d'enfin se confier sur ce qui devait peser sur son cœur depuis bien des années. Il la serra dans ses bras lorsqu'elle fondit en larmes et passa sa main dans ses cheveux pour l'apaiser du mieux qu'il le pouvait, la laissant dans un premier temps exprimer toute sa peine, ses remords, sa culpabilité dévorante. Il la garda lovée contre lui, d'une part pour profiter pour une fois de se tenir debout pour pouvoir l'étreindre, d'autre part car il voulait voir ce qui allait se passer lorsque la scène serait terminée, lorsque Jack serait mort.
La scène recommença. Mais Charles et Lynda étaient toujours dans les bras l'un de l'autre. L'histoire se répétait encore, mais avec une autre Lynda, celle du passé, qui se précipitait vers la tente médicale. Cette fois, pour la première fois, elle n'était plus au cœur du cauchemar, elle n'était plus actrice, mais spectatrice. Charles eut un mince sourire, qu'il dissimula rapidement pour ne pas que sa Lynda le voit, tandis qu'il se dégageait doucement de son étreinte pour qu'elle puisse prendre conscience de ce qui était en train de se produire, pour qu'elle puisse prendre du recul et observer la scène.
« Ce qui est arrivé ce jour-là est terrible, mais tu ne peux pas changer le passé. Jack est mort pour que tu vives. Ta mutation s'est déclenchée sans que tu en aies conscience, pour te sauver. Combien de vies as-tu sauvées depuis ? »
Ses paroles étaient teintées de tristesse et de compassion. Il n'avait pas pu la démentir, lui dire que ce n'était pas de sa faute. Elle avait malheureusement besoin d'affronter la vérité. Mais en aucun cas les mots de Charles ne sonnèrent comme un reproche. Il comprenait le mal qui la rongeait, Lynda n'était malheureusement pas la première mutante dont le déclenchement de pouvoirs provoquait la mort de ses proches – un autre exemple se trouvait à quelques mètres d'eux, près de l'enveloppe astrale primaire de Charles.
« Je comprends ton sentiment de culpabilité. Mais ce n'était pas volontaire. Ce jour-là, ton pouvoir a pris une vie... Mais tu en as sauvé tellement plus... »
Il se tourna vers la scène qui se déroulait derrière eux, puis il passa son bras dans le dos de Lynda pour la prendre par l'épaule, dans un geste de soutien, tandis qu'ils observaient ensemble l'explosion du Humvee et la triste scène qui suivit l'accident.
« Jack sera toujours en toi, tu garderas toujours ce souvenir, et bien d'autres sans doute plus agréables. Ce terrible accident a contribué à faire de toi ce que tu es aujourd'hui... Une médecin incroyable, une grande philanthrope, toujours tournée vers son prochain, prête à donner sa vie pour épargner celles des autres. Tu ne pourras pas effacer ce qui s'est passé, néanmoins tu n'as pas à l'assumer seule. Laisse-moi t'aider à porter ce fardeau... »
Codage par Never Utopia
Lynda Mac Taggert Protecteur
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"Mieux vaut une prison de rêves qu'une liberté remplie de cauchemars." Vladimir Arsène
La reconnaissance de l’être cher fut difficile et compliquée surtout qu’elle avait été totalement occultée par la mutante aidée par la sorcière qui avait tout de même fait en sorte de compliquer les choses pour le Professeur. Pour autant, la complicité de Charles et Lynda ressortit petit à petit et c’est peut-être finalement ce qui l’aida à le reconnaître de mieux en mieux, allant même jusqu’à l’appeler par son prénom. Plongeant dans son regard d’un bleu intense, Lynda se laissa alors à la confidence et à la culpabilité.
Lorsqu’elle fondit en larmes, occultant enfin tout le cauchemar extérieur pour se concentrer sur Charles, se délivrant lentement d’un lourd fardeau qu’elle s’infligeait elle-même, aidée par les délicates paroles censées de Charles.
Attendant les paroles, il lui fallut néanmoins que Charles se répète à plusieurs reprises pour qu’elle réagisse :
« Une vie n’aura jamais plus de prix qu’une autre, tu le sais très bien. Toutes les vies sauvées ne sont rien si l’on perd une autre vie… »
Défaitiste mais réaliste, Lynda comprenait mieux sa place en ces lieux. Elle s’était auto punie pour un acte commit il y a bien des années et surtout de façon involontaire. Si la culpabilité longtemps refoulée éclatée au grand jour, elle ne serait pas effacé en un claquement de doigt. Maintenant, il lui fallait comprendre la raison de sa présence ici. Qui l’y avait emmenée et emprisonnée, l’obligeant ainsi à se flageller elle-même.
Charles reprit la parole l’obligeant à revenir dans la conversation bien que l’environnement devenait de plus en plus irréaliste. Jack parlait à présent à un mirage de Lynda, elle se voyait elle-même en train de courir, en train de monter dans le Humvee. Elle ne faisait plus partie du cauchemar mais n’en n’était que simple observatrice, aidée de son compagnon actuel qui ne voulait que son apaisement. La fin de son discours fut accentuée sur l’ouverture d’une aide. N’ayant pas les mots pour le remercier et accepter sa proposition, Lynda glissa doucement sa main dans le dos de Charles pour poursuivre l’étreinte qu’il avait entamé. Dans le même mouvement elle posa sa tête contre l’épaule de celui-ci qui maintenant qu’il était debout à ses côtés était même légèrement plus grand qu’elle.
« Merci Charles… »
Une larme glissa sur sa joue mais elle ne l’essuya pas. Regardant avec une peine désormais plus relative et apaisée les flammes du Humvee. Elle voulut alors conclure ce cauchemar. C’était sa volonté. Il lui fallait accepter l’acte qu’elle avait commis… Cela ne se ferait pas tout de suite, pas aussitôt mais elle comprenait que vivre et revivre en boucle cette scène n’était pas constructif. La scène s’arrêta sur le Humvee en flamme et la boucle ne reprit pas son cours. Elle se brisa doucement comme du verre mais ne tomba pas dans un fracas. Silencieusement, Lynda pris conscience de sa situation et de son environnement, relevant même les yeux vers la jeune élève et fille de cœur de Charles.
« Jean… Tu es là aussi… Merci infiniment. »
Le regard empli de bienveillance et de reconnaissance se pose à pour la belle rousse avant de croiser à nouveau les yeux bleus de Charles.
« Je suis prête. »
Prête à quitter ce souvenir à jamais gravé dans sa mémoire, prête à le laisser derrière elle. Prête à s’avouer que Jack faisait désormais parti de son passé, un passé qu’elle ne devait pas occulter pour ne pas sombrer dans l’avenir. Elle était prête.
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