[Terminé] Zemo

Mademoiselle Alvarez s’inquiète que le SHIELD en sache autant, sur Helmut Zemo voire sur elle. On ne peut lui expliquer qu’elle ne craint rien de leur part, l’agent qui nous a autorisées à intervenir nous a également demandé de taire son nom. Elle, elle nous explique que le Baron Zemo ne va pas se laisser faire. Qu’il va échapper aux autorités à nouveau. Qu’il n’acceptera pas de retourner en prison. Elle met du conditionnel mais on sait qu’il fera tout son possible pour continuer son autodestruction. Qu’il résistera. Jusqu’où ira le SHIELD pour le récupérer ? On l’ignore et l’accepte ainsi. On aurait aimé qu’il fasse appel à nous, sans l’Hydra pour intervenir on aurait pu récupérer le Baron Zemo où qu’il soit à New York. Peut-être même que c’était ce qui aurait été, si on avait effectivement rejoint le SHIELD comme on en avait l’intention, à ce moment-là. On a fait un autre choix et on en assumera les conséquences. Tout comme eux. Helmut Zemo a fait ses choix. Gabriela Alvarez a fait ses choix. Les agents du SHIELD feront les leurs. On n’a rien à répondre là-dessus et réponds donc sur ce que l’on espère, pas sur ce que l’on craint.

Notre espoir fait baisser les yeux à mademoiselle Alvarez. Elle lui fait tenir les mains de Mindee. On est là. On la tient et la soutient. Il faudra qu’on tâche de l’être et de le rester. De continuer. Comment cela peut-il se marier avec notre nouvelle vie ? On n’en sait rien. Comment cela peut-il se marier avec les suppositions sur notre vie réelle ? On n’en sait rien non plus. Il y a tant de choses qu’on ignore, sur le futur, sur le présent et sur le passé. L’abîme commence à être là, à s’ouvrir dans nos poitrines pour s’étendre à travers nos veines. Qu’arrivera-t-il s’il atteint mademoiselle Alvarez également ? Elle ignore tout de nous. Tout comme on en ignore la majorité.

Si cela lui est permis, Gabriela Alvarez ira voir Helmut Zemo en prison. Cela lui sera permis, on en est certaines et là ce n’est pas une question d’espoir. Gabriela Alvarez ira aider Helmut Zemo, cela aussi on en est certaines. On souhaite seulement qu’elle le fasse dans les conditions les plus sécurisées pour elle. Elle ne l’a pas soigné pour le laisser mourir, on le sait. La mort d’Helmut Zemo n’est cependant pas qu’une question de sa non-survie en tant qu’organisme, à bien des égards il meurt en tant que personne. C’est un salaud, cela ne date pas de son traumatisme, cependant c’était un salaud qui avait des attaches autrefois. Oeznik n’est pas suffisant, pas face à la peine causée par les décès. La Sokovie était un pays pourri, rongé par la corruption du gouvernement et de la royauté auquel le Baron Zemo appartenait à point que les citoyens acceptent l’aide d’Hydra pour essayer de gagner leur liberté tout en étant conscient que celle-ci ferait des expérimentations sur eux. Si on veut le tirer vers son meilleur, il ne faut pas le laisser se rouler dans son pire dans l’espoir d’y mourir en faisant souffrir ceux qu’il tient pour responsable de sa souffrance.

On sourit doucement à mademoiselle Alvarez. A sa force de volonté pour aider les autres. Au fait qu’elle ne veuille pas devenir un appât, ce qu’elle ne doit pas être si on a négocié correctement ; on le pense, même s’il s’agit moins de notre négociation que de la bienveillance de l’agent du SHIELD.

« Mais si je peux aider à ce que cela se passe en douceur ou l’aider, je le ferais. Enfin si le SHIELD accepte d’une pompière ordinaire de Brooklyn puisse le faire.

- Normalement, il acceptera, dit-on à trois. Nous avons mis nos conditions à notre don d’informations.

- Merci… de m’avoir dit la vérité. Je me doute que cela n’a pas dû être facile et… Merci, réellement.

- Nous ne savons pas ce que c’est que de ressentir de l’amitié, dit doucement Mindee en serrant également les doigts par mimétisme comme soutien face au geste de mademoiselle Alvarez.

- Mais nous imaginons que cela ressemble à ça, déclare-t-on à trois.

- J’ai plus très faim, reprend-t-elle après avoir rassuré le serveur, ce que l’on comprend pleinement. Si vous voulez manger, je vous en prie, c’est délicieux en plus ici, mais je crois que moi, je vais me contenter d’un café. »

Après avoir agit d’une main, mademoiselle Alvarez récupère l’autre tandis que Mindee ramène les siennes contre son ventre. On reste ainsi à trois, chacune ayant sa posture signature, tandis que Mademoiselle tente de se calmer.

Vous voyez, la franchise marche toujours au bout d’un moment, se satisfait Phoebe. Oui, faut juste être prêt à gérer les dégâts qu’elle fait tout le long du chemin, nuance Céleste. Ce qui se brise se répare en devenant plus résistant, c’est comme ça, soupire Mindee.

On se dit qu’on aimerait bien parler de nous, avoir cette même volonté d’aide de la part de mademoiselle Alvarez qu’elle est capable d’en montrer pour Helmut Zemo. Cependant, on se tait. On n’a pas besoin d’aller chercher de l’aide au-dehors de nous-même, même s’il est vrai qu’on aurait jamais eu le courage de nous poser les questions que Charles Xavier nous a amené à nous poser. Ensuite, il a été là pour l’ouverture de la boite de Pandore et il a pris en importance pour cela. Néanmoins, il n’est plus là lorsque les questions sur notre véritable nature nous maintiennent éveillées la nuit. Même s’il a promis d’être là le jour où on retournera au World, même si on lui a promis de lui demander son aide le jour où on retournera au World, on n’arrive à avancer sans lui. On n’est jamais seules. Ou alors on est seules à trois. Cela dépend certainement du point de vue. Sincèrement, on s’en moque : le reste est beaucoup plus dur à avaler, plus douloureux à vivre. Qu’importe.

« Pourrez-vous nous tenir au courant s’il vous plait, demande-t-on à trois. Le SHIELD devrait prendre contact avec vous prochainement, après l’arrestation du Baron on espère. De notre côté, nous allons déménager hors de New York.

- Plus au nord de l’Etat, précise celle en face, sa voix légèrement plus forte que les autres.

- Nous y avons trouvé un nouvel emploi, ajoute celle à côté, sa voix légèrement plus sèche que les autres.

- Nous resterons là pour vous, assure celle en diagonale, sa voix légèrement plus douce que les autres. Nous nous déplacerons sans hésiter. »

On acquiesce à trois avec le sourire puis attend sa réponse. On ne pense pas rester ici trop longtemps même s’il est hors de question qu’on ne lui paie pas son café. On n’a dit ce qu’on avait à dire, trop tôt pour pouvoir honorer ce qu’on avait l’intention d’offrir pour accompagner notre volonté d’aide, ainsi veut-on continuer de limiter la casse pour mademoiselle Alvarez. Néanmoins, cette rencontre touche à sa fin.