"La vie est un jeu de hasard et chaque décision que vous prendrez orientera votre destinée." Franck Ntasamara
22 Juin 2024
J’avais envoyé un p’tit message à Samuel, je ne voulais rester seul ce soir. C’était trop bizarre alors que demain allait être une journée particulière. C’était maintenant où jamais. Le lendemain, il était prévu que je retrouve Clint et la famille Baskerville, direction Alfheim pour y chercher et espérer ramener ma fille Elena. J’étais sur les nerfs, tournant en rond dans mon appartement depuis que Lùthien m’avait envoyé un message pour me prévenir que tout était prêt de son côté. Mais moi, est-ce que j’étais prêt dans l’histoire? Clairement pas et même si je savais que je ne devais m’attendre à rien c’était bien trop dur pour le père que j’étais de me dire que je n’allais pas la revoir, pas la retrouver, pas la serrer à nouveau dans mes bras… C’était impossible à imaginer. Elle était forcément quelque part, en vie, en bonne santé et heureuse. C’était tout ce que je pouvais faire, espérer… C’était dans cet état d’esprit que j’avais contacté Sam afin de lui expliquer la situation et sa réponse m’avait fait sourire. Me demandant de le rejoindre à la caserne, il m’avait proposé que l’on se rendent ensemble au Molly’s pour passer la soirée en mode chill. Bien entendu, j’acceptais son offre sur le champ et je m’étais préparé dans la foulée. Après une douche qui se voulait rapide mais qui finalement m’avait pris du temps. Un temps de réflexion. Je songeais à l’idée que j’aurais pu appeler Emy pour qu’elle vienne avec nous mais je n’étais pas encore prêt à la présenter à Sam. Je voulais conserver cette nouvelle relation toute naissante pour nous deux. Et puis, la pauvre aurait été assailli de questions par Sam alors je fit le choix de ne pas encore la mêler à ma vie.
A la place, en sortant de la douche, après avoir attrapé ma serviette, je lui écrivais rapidement un message pour la prévenir que j’allais être absent pour une mission un peu particulière et que l’on se reverrait à mon retour. J’agrémentais mon message de divers smiley rendant le tout légèrement niais mais bon, elle avait ce don de me rendre le sourire un peu nigaud alors ce n’était pas si déconnant. Enfilant rapidement un jean brut, une paire de boots couleur camel et un t-shirt blanc légèrement moulant, je terminais ma tenue avec une veste en cuir noire. Prenant en main mon casque, mes gants, mon portefeuille et mes clefs, je me glissais hors de l’appartement assez rapidement. Le petit tour de moto me fit le plus grand bien même s’il fut de courte durée puisque j’arrivais devant la caserne assez hâtivement.
Machinalement je retirais mon casque en remettant aussitôt mes cheveux en place et en fourrant mes gants à l’intérieur. Satisfait à l’idée d’être à l’heure, je fronçais aussitôt les sourcils constatant qu’il manquait plusieurs camions… L’idée que Sam soit indisponible ne m’enchantait pas vraiment mais il faisait son devoir de pompier et je l'admirais beaucoup pour cela. Je l’appelais rapidement en posant mes fesses sur le côté de la moto mais aucune réponse. Pas besoin de laisser de message puisque j’avais bien l’impression qu’il n’était pas disponible. Cependant je me devais d’en avoir le cœur net. Le casque dans une main, le téléphone dans l’autre, je m’avançais alors vers l’entrée de la caserne mais j’étais distrait, dans mes pensées et les yeux rivés sur mon téléphone, je ne vis pas la petite brune qui se dirigeait vers moi. La heurtant de plein fouet, je relevais aussitôt les yeux vers elle en m’excusant:
“Oohh pardon… Je ne regardais pas où j’allais… ça va Gabriela?”
Je n’eus pas de mal à la reconnaitre, c’était la seule demoiselle que Sam considérait comme une petite sœur. Elle avait une appartenance tellement exceptionnelle pour lui que je me devais de connaitre son prénom et son visage … Et pourtant je ne savais pas grand-chose d’elle, pour l'instant...
La journée me semble … interminable. Je suis de garde depuis ce matin, pour une fois, ce n’est que 12h d’affilée mais le plus horrible, c’est qu’il n’y a rien à faire. J’ai commencé la journée par un entrainement, ensuite du rangement, un peu d’administratif et le reste de la journée, à l’exception d’une petite intervention, a été répartie entre glandouille, sieste et dessin. Rien de bien constructif, rien de bien intéressant. C’est le pire je trouve, l’ennui dans l’attente. On reste dans un sens sur le qui-vive, en tension mais au final pour rien. Un mélange de fatigue et de frustration de n’avoir servi à rien de la journée. Les gars me connaissent, je ne tiens pas en place, et quand je tourne en rond, je deviens facilement folle. Ils ont même explosé de rire une fois où je m’étais mise la tête à l’envers sur une chaise et que je tournais juste en rond … pour passer le temps.
Aujourd’hui, c’est sur mon carnet de dessin que je me suis vengée. Il y a … beaucoup de chose qui trotte en tête. Beaucoup de monde. Ezekiel, Bucky, Rocket … toutes ses personnes que je connais et en même temps si peu. Lynda que je n’ai pas recroisée depuis un moment et June que je vois d’ici peu … Tant qu’aux autres …
J’ai passé la journée à dessiner. Des pièces d’échecs entourés de roses, des visages, des esquisses, le bras mécanique de Bucky, le canon de Rocket qui faisait deux fois sa tête, Groot lorsqu’il essayait ses nouveaux pas de danse, Remy en train de battre les cartes. Des collègues viennent me taquiner en me disant que décidément, je ne connaissais que des mannequins et qu’ils se demandent bien ce que je fais encore célibataire. Je ris, ils me taquinent souvent sur ce point là mais, cela fait quoi … plus d’un an que je n’ai personne. Bah c’est comme des frères pour moi et ils aiment me charrier, alors que souvent, ils aiment bien venir me parler de leur conquête à eux. Une vraie fratrie ici …
Une intervention ! Je bondis sur mes pieds, m’élance et dégringole presque le long de la barre d’évacuation pour … me rendre compte une fois en bas que c’est l’équipe de Samuel qui s’en va. Je reste debout et dépitée, les observant partir en essayant de pas trop leur afficher ma peine alors que mon équipe, elle, reste sur place… 10 minutes, c’est ce qu’il me reste de garde. A part une évacuation ce matin, je n’aurais rien fais … Je reste un peu devant la grande ouverture, adossée à la porte pour observer la circulation … Bon une journée bien fatigante et .. très peu productive. Productive… Mon carnet ! Je remonte pour aller le chercher, il est resté là où je l’avais littéralement lâché. Je le prends … l’heure a sonné, c’est la fin de ma garde. Je tente de négocier, rester une ou deux heures de plus, histoire de ne pas être venue pour rien mais mes collègues me poussent vers la sortie, me disant que je trouverai surement quelques choses à faire ce soir ou qu’au pire, je n’avais qu’à les attendre au Molly’s pour boire un verre avec eux à la fin de leur service. J’hésite … je tourne la question dans mon esprit et au final, une fois sortie de la douche et rhabillée, je leur dis que j’allais les attendre là-bas. Les gars rient, l’un d’eux me fait un câlin, et me dit de ne pas me faire kidnapper avant leur arrivée. Un aller retour sur ma tenue me laisse à penser qu’avec mon simple jean un peu fatiguée, grunge comme on dit et t-shirt noir en col v sur lequel repose ma croix en argent, je n’ai pas spécialement la tenue la plus adéquate pour aller à la “chasse”. Ils rient encore et me disent à plus tard, l’un d’eux me tend mon casque au passage. J’enfile mon cuir, tourne la tête vers mes collègues qui retournent à l’intérieur et enfile mon casque tout en sortant … Et là, c’est l’impact. Je sens que je prends de plein fouet la personne en face ou plutôt il prend de plein fouet le casque que je commençais à enfiler alors que celui-ci ne m’échappe et roule par terre. Je relève les yeux aussitôt, plus inquiète de l’état de l’inconnu face à moi que de mon casque … Inconnu pas si inconnu d’ailleurs. “Oohh pardon… Je ne regardais pas où j’allais… ça va Gabriela?”
-Ahhh ! Hein ? Ah oui, oui je vais bien, je ne faisais pas non plus attention. Je vais bien, t’en fais pas …
J’avoue que parmi les têtes que je connaissais, je ne m’attendais clairement pas à voir la sienne et surtout pas ici mais malgré tout mon visage passe de la surprise à un sourire, lorsque je le reconnais. Je le connais qu’un peu, l’ayant surtout croisé en compagnie de mon frère de cœur. Je repousse mes cheveux en arrière pour l’observer un instant, je n’ai pas l’air de lui avoir fait de bleu à première vue. Avec un casque, cela se serait vu pourtant. - Je ne t’ai pas fait mal Aaron ? Désolé je pensais pas te rentrer dedans et encore moins avec …
Merde, il a roulé où ? Je regarde à mes pieds, je pensais qu’il avait glissé là mais il a roulé plus loin ? Je regardais derrière Aaron, mais rien. Mince, il a glissé où. -Mon casque .. tu ne l’as pas vu, je crois qu’il s’est fait la malle. Mierda …
Ah bah ça commence bien. Je commence à me tourner sur moi-même à la recherche de la protection Les gars vont encore se moquer de moi. Quelle nouille je suis. Je perdrais ma tête si elle n’était pas visée à mon cou.
"La vie est un jeu de hasard et chaque décision que vous prendrez orientera votre destinée." Franck Ntasamara
Mais quel con j’étais pour ne pas regarder devant moi alors qu’il était évident qu’à tout moment je pouvais croiser quelqu’un. Je ne perdis pas une seconde pour m’excuser auprès de la douce Gabriela. La petite sœur de cœur de Samuel était une véritable boule d’énergie et j’avais toujours plaisir à la croiser même si dans le fond l’on ne se connait pas très bien. Petite note dans un coin de ma tête, ‘apprendre à la connaître’ ! Elle fut, je crois, autant surprise que moi de heurter quelqu’un mais tout comme moi, je crois qu’elle était distraite. Finalement, c’était plus commun que je ne le pensais d’avoir la tête dans ses pensées et de ne pas voir que quelqu’un est sur le point de voir rentrer dedans sans délicatesse. Mon casque avait heurté le sien mais si le mien était toujours coincé avec ma main, le sien avait glissé pour tomber à terre et visiblement rouler. Je la regarde faire un petit tour sur elle-même et poser ses yeux dessus sans forcément la voir car elle était trop vive et rapide pour finalement déposer ses yeux noisette dessus.
Un petit sourire non retenu se fit entendre de ma bouche avant que je fasse un pas derrière pour me baisser et le reprendre alors qu’il avait légèrement roulé sous le camion de pompiers non loin de nous. Me retournant vers elle, inversant par la même occasion nos places, je lui répondis, un sourire enjoué aux lèvres :
“Et voilà mademoiselle, mais fais attention maintenant qu’il est tombé il a subi un choc, tu vas devoir le faire réviser.”
Je lui tendis le casque en même temps que les mots franchirent ma bouche et finalement j’eus la pensée que l’espace d’un instant, cette petite boule d’énergie avait réussi à me faire penser à autre chose que le principal sujet qui hante mon esprit depuis que je sais que je pars en mission. Bon de là à dire que j’étais totalement déstressé, ce n’était pas cela non plus mais il y avait eu un léger progrès durant quelques secondes, tout au plus.
Me rappelant du sujet de ma visite, je lançais un regard vers les locaux administratifs et les salles de repos et de divertissement avant de revenir vers Gabriela pour directement lui demander avant de le chercher dans toute la caserne :
“ Dis, sais-tu où est Sam? Je l’ai appelé et contacté par sms mais personne ne répond…”
Je laisse ma phrase en suspend quelques secondes avant de me reprendre comme pour me justifier:
“L’on devait se voir ce soir pour aller boire un coup au Molly’s avant que je parte…”
Je me souvins alors que la petite Gabriela était la nièce d’une collègue qui ne désirait pas la mêler à toutes nos histoires d’organisations secrètes - pas si secrètes que ça - mélanger à des histoires de super-héros et de mutants. Elle était humaine et pour sa tante, elle devait rester loin de tout ce tumultes qui lui causerait plus d’ennuis que de soulagement alors je ne terminais pas ma phrase non plus, espérant ne pas avoir à la finir ou alors priant pour trouver une excuse imparable pour ne pas avoir à lui dire la vérité.
On aurait cru à un cliché absolu, deux personnes qui se rentrent dedans. A ma décharge, le casque est un très bon moyen de se protéger mais également pire que des œillères quand on le passe. Pour cela peut être que mes collègues me disent de m’arrêter pour le mettre ou de le faire uniquement quand je suis ARRIVÉ à moto et non pas en route vers celle ci … Maintenant, ça prend sens je dois dire. Je tourne sur moi-même, à la recherche de mon couvre-chef qui s’est fait malle. Mon regard reviens sur Aaron pour l’interroger et en voyant son sourire, je me dis que j’ai dû le louper. Je le laisse faire tournant à moitié avec lui jusqu'à ce qu’on retrouve à la place l’un de l’autre, lui un pas dans la caserne et moi face à lui.
“Et voilà mademoiselle, mais fais attention maintenant qu’il est tombé il a subi un choc, tu vas devoir le faire réviser.”
Je lui rends déjà un immense sourire, prenant avec douceur le casque déjà cabossé. Bon pour le coup, le casque, vu que c’est une question de sécurité, je le change quand même assez régulièrement, maladroite comme je suis …
-Ah merci, et promis, je tarderais pas trop même si je pense pas que cette légère chute l’ai achevé … ce serait triste, il a moins d’un mois …
Le dernier par contre, je l’ai fait tomber de mon palier, en plein dans la cage d’escalier, cinq étages plus bas … ça m’a coûté le changement du casque et un carreau à changer dans le carrelage cette histoire. J’ai un léger petit rire étouffé en saisissant mon casque et en le remerciant encore une fois même si une question me vient à l’esprit alors que je le vois commencer à zieuter à l’intérieur de la caserne : qu’est-ce qu’il fait ici ? J’allais même lui poser la question quand il se retourne vers moi et me prends de vitesse :
“ Dis, sais-tu où est Sam? Je l’ai appelé et contacté par sms mais personne ne répond… L’on devait se voir ce soir pour aller boire un coup au Molly’s avant que je parte…”
Samuel, bien sûr qu’il est venu voir Samuel. Je m’en doutais de toute façon et c’est en repoussant mes cheveux, un peu gênée que je lui réponds :
-Tu as pas de chance, il vient de partir en intervention. J’ai pas eu les informations donc je pourrais même pas te dire s’il en a pour longtemps. Mais …
Un regard en coin vers ma moto puis vers son casque avant que je ne remonte vers son regard et ne lui propose tout simplement :
-Mais si tu veux, j’ai terminé ma garde et les collègues m’ont dit d’aller les attendre aussi au Molly’s. Ils ont fini dans environ … une ou deux heures. C’est pas impossible que Samuel en ait pour au moins autant de temps, donc on pourrait aller ensemble au bar et les attendre tous les deux.
La proposition est totalement innocente et presque aussitôt, je reprends :
-C’est pas un traquenard hein ? Rien à voir avec les pièges de mì cabròn … enfin de Samuel. Juste, ce sera plus sympa de discuter à deux que d’avoir chacun le nez sur notre bière, téléphone ou autre.
Après avoir jeter un coup d’oeil autour de moi pour éviter un nouvel incident, je passe mon casque, laissant mes cheveux dans mon dos. Trop chaud pour que je tente de les caler à l’intérieur. Je me redresse vers lui, et lui demande toujours avec un immense sourire :
-Alors, tu suis ? Ou tu préfères l’attendre ici. Je te préviens, les collègues sont pire que des gossips girls en ce moment, des vraies commères !
-GABY, ON T’ENTENDS !!
Je me mets à rire, attendant sa réponse même si j’avoue, à cet instant, j’ai aussi une question pour lui mais que je réserve pour notre arrivée s’il en est.
"La vie est un jeu de hasard et chaque décision que vous prendrez orientera votre destinée." Franck Ntasamara
Une fois son bien rendu, je relevais lentement mes yeux du casque vers son visage. Il s’était illuminé comme si je venais de lui offrir un précieux cadeau. A la réflexion, je me dis qu’elle est véritablement un petit rayon de soleil dans ce monde de brutes. Elle me remercie et me confie alors qu’elle l’a changé récemment. Un petit rire sort entre mes lèvres alors que je lui murmure:
“En effet ça s’rait dommage.”
Et puis revenant à la véritable raison de ma visite ici, je me hasarde à directement lui demander où est Samuel. La réponse ne se fait pas attendre et malheureusement Gabriela ne fit que confirmer mes doutes : Samuel était parti en intervention. Je m’entends alors grogner gentiment mais la proposition de la demoiselle me fait relever la tête vers elle. Mes yeux clairs se posent sur elle alors qu’elle continue dans son explication. Je la regarde s’enfoncer toute seule dans mon explication alors que je sens mes lèvres s'étirer pour lui sourire à nouveau. Alors qu’elle me parle de traquenard je ris aux éclats car je ne m’attendais pas du tout à cela.
“Ahah… Tu m’fais rire … sinon ouais, j’veux bien t’accompagner.”
Je la regarde mettre son casque alors que je m’approche de la sortie pour enfiler le mien également. Elle n'a pas tort lorsqu’elle parle des “commères” de la caserne. Je commence à les connaître les loustics et en effet, ils aiment bien les ragots.
“C’est pas faux, je préfère mille fois plus ta compagnie…”
Relevant la tête vers l’étage, je fais signe aux garçons…
“Désolé les gars… - Fais gaffe Smith, pas touche hein… - J’suis pas Sam ok? - Heureusement ! ”
Je ris de plus bel, ils me connaissent bien pourtant. Mais ce petit aparté me fait penser à autre chose. Rapidement je me retrouve sur ma moto, le casque sur la tête, les gants aux poignets. Je regarde Gabriela faire de même et je la laisse ouvrir la route pour nous rendre au Molly’s. Quelques minutes plus tard nous sommes assis dans le bar, assis l’un en face de l’autre, une bière chacun. Je lève lentement mon verre en la regardant dans les yeux, un sourire naturel sur mes lèvres:
“A notre attente bien rentabilisée. Au moins, on va faire parler les Gossip de la caserne.”
Le tintement de nos verres s’entrechoque et je porte la bière à mes lèvres pour en boire une grande gorgée avant de la reposer sur la table. Mon regard se perd alors dedans. Décidément je ne peux pas m’empêcher de songer à ce qui m’attend demain. Ou plutôt au fait que j’ignore vraiment ce qui m’attend.
Maladroite moi … Juste un peu … Non totalement en fait. Il rit lorsque je lui dis que je viens de changer mon casque, vaut mieux pas que je lui dise que je change de téléphone tous les … trop souvent.
Mais bien vite, ma question à “ce qu’il fait là” trouve très vite réponse. Samuel, forcément. Mais je ne peux lui donner de bonne nouvelle, mi hermano étant parti sous mon nez en expédition. Pour le coup, j’aurais bien voulu échanger, surtout vu la mine contri d’Aaron quand je lui annonce cela mais ne possédant ni Delorean, ni machine à voyager dans le temps, je lui fais une autre proposition … proposition qui lui arrache à nouveau un sourire, puis un rire.
“Ahah… Tu m’fais rire … sinon ouais, j’veux bien t’accompagner.”
J’ai un sourire que je cache en passant mon casque sur le visage dont je relève la visière et lui glisse un “faux” choix … choix que les gars entendent et pour lequel j’ai droit à une réponse, et qui visiblement le décide une bonne fois pour toute.
“C’est pas faux, je préfère mille fois plus ta compagnie…”
Le coin de mes lèvres se relèvent encore alors qu’il se tourne vers les gars qui semblent nous fixer comme on regarde une pièce de théâtre. Cela me fait rire de les voir tous attroupés là. J’ai un léger soupir amusé tandis qu’Aaron échange avec eux.
“Désolé les gars… - Fais gaffe Smith, pas touche hein… - J’suis pas Sam ok? - Heureusement ! ”
- Mais mêlez vous de vos miches les gars ! Pire que les mamies du Bronx …
Il rit et moi aussi. Un des gars au loin me fait un grand sourire et un signe, d’autres partent grommeler plus loin. Je sais que ce soir, le sujet reviendra sur la table. Si cela peut les occuper un moment, eh bien ainsi soit-il. On s’équipe et prends le large, moi en tête. Je ne peux pas voir comment il pilote mais ce n’est que partie remise. Je le laisse s’installer et passer la commande, pendant que je fais la tournée des salutations. Même si je ne suis pas un pilier de bar, je suis une des têtes connues de ce lieu, la petite sœur de cœur du barman, le petit soleil. Le tour est fait assez vite, j’essaye de ne pas faire trop patienté Aaron que je rejoins, pour trinquer avec lui, lui rendant son sourire tout en levant mon verre à l’unisson.
“A notre attente bien rentabilisée. Au moins, on va faire parler les Gossip de la caserne.”
-A la nôtre et oui, ça va jaser … je vais en entendre parler pendant plusieurs semaines à la 51 mais ça finira par leur passé, comme toujours.
Je conclus cette phrase par un petit rire. Les gars sont terribles. Dès qu’il y a un nouveau à la caserne, ils me charrient, à se demander s’ils veulent me voir un jour en couple. le coup entre les verre résonnent quelque peu et moi, j’ai un grand sourire avant de prendre une gorgée de bière. Aaaah, rien ou presque ne peut remplacer la bière du Molly’s. Mon regard parcourt la salle et se pose sur les visages présents. Une connaissance entre et me fait signe, salut que je lui rends. Il va y avoir du monde ce soir, les collègues seront contents, Samuel le premier. Je me retourne vers Aaron pour le voir … perdue.
-Aaron ?
Doucement, je me penche un peu et fais passer mes doigts devant ses yeux :
-Allo, Ici la terre … Sur quelle planète es-tu parti te perdre ? je lui demande avec un sourire doux.
J’attends qu’il sorte de ses pensées avant de lui demander, un peu curieuse, on se refait pas.
-Au fait, désolé, je sais pas si c’est top secret ou pas mais tu disais que tu devais voir Sam avant de partir … Tu pars en voyage ou c’est pour le travail ?
Je me rends compte en posant la question que je ne sais même pas ce qu’il fait dans la vie. Je le connais si peu. Pourtant, on s’est déjà croisé, et à chaque fois, je n’ai pas pris ce temps. A cause de Samuel ? Il est un peu jaloux avec ses amis, où peut-être qu’il jouait encore une fois les protecteurs avec moi. Parfois, c’était drôle cela dit, de le voir prendre ce rôle de grand frère over-protecteur.
-D’ailleurs, j’y pense, mais c’est la première fois qu’on est seuls. Tu crois qu’on va voir débarquer Samuel dans notre dos comme Rogue dans Harry Potter ?
Pour la blague, je baisse un peu la tête avant de me tourner un peu la tête, un sourire immense sur les lèvres et un rire qui n'attend qu’une étincelle pour exploser. Oui je suis joyeuse ce soir, et j’ai envie de partager cela.
"La vie est un jeu de hasard et chaque décision que vous prendrez orientera votre destinée." Franck Ntasamara
Outre le moment détente avec les collègues de Samuel et Gabriela, j’étais content de pouvoir attendre Sam en compagnie de quelqu’un. Qui plus est une petite boule d’énergie qui avait ce mérite de m’avoir fait sourire.
Et puis durant la route, mon esprit avait quelque peu vagabonder à la mission prévue pour le lendemain. Je n’arrivais pas à me sortir ça de la tête et en même temps je pense que c’était normal. Partir en quête de sa fille cela remue forcément. Enfin bref, nous arrivâmes après quelques minutes de moto au bar. Je n’avais pas spécialement fait attention à la route. Enfin j’avais fait attention en conduisant mais je n’étais pas forcément attentif à Gabriela qui était devant moi.
En entrant, elle prit le temps de saluer des collègues et amis alors que j’allais vers le bar pour commander. Le barman me connaissait quand même. J’étais comme un frère pour Sam mais je n’avais pas forcément eu l’occasion de venir régulièrement ces derniers temps. Une fois la commande en main, je m’installais et attendait patiemment le retour de la petite brunette en face de moi.
Nous avons pris le temps de trinquer et ses mots me font rire. En effet, cela risque de jaser mais je ne veux pas qu’il y ait de soucis avec Samuel. Je sais que Gabriela est sa protégée et je me vois mal me mettre en froid avec lui pour une femme qui je n’envisage même pas de draguer.
« Oui comme tous les ragots. Une fois qu’il n’y a plus rien à raconter, ils s’estompent. »
Non pas que je ne veuilles pas de Gabriela ou même d’une femme en général mais je n’avais juste pas la tête à ça. J’avais bien compris qu’il fallait que je me remette en selle mais comment faire lorsque ma fille était ailleurs - peut-être à m’attendre. Et puis il y avait la mission retrouvailles ou sauvetage, il y avait le S.H.I.E.L.D…. Il y avait tellement d’informations en ce moment, tellement d’actualités, tellement de choses à penser… Comment je pourrais trouver le temps de faire tout ça ? Et puis si Elena revenait dans ma vie, je me devais d’être disponible, d’être présent, d’être le père que je n’avais pas été depuis bientôt sept ans…
Ce fut les mots de Gabriela qui me ramenait à la réalité. Je clignait alors des yeux en me redressant.
« Euh… Oui oui jsuis là…. … Une planète très lointaine »
Elle n’avait pas idée de la justesse de ses propos. Mais je tentais alors de revenir à notre conversation. Une longue gorgée de bière plus tard, j'ai pris le temps de l’écouter. Elle s’intéressait alors à mon métier.
« Oui, je pars en mission demain. C’est un voyage qui risque de durer un peu de temps et donc l’issue pourrait changer ma vie… »
J’étais à la fois grave et rêveur. En vrai, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. C’était pour cela que j’étais à la fois aussi anxieux et ravi de partir.
Je riais alors à sa blague sur Harry Potter. Elena adorait ces livres et ces films alors j’avais la référence.
« Ahah, je ne sais pas mais Sam n’est pas aussi méchant que Rogue… Enfin je ne crois pas. »
Si elle avait envie d’être heureuse et de sourire, je tentais tant bien que mal de garder moi aussi le sourire pour elle.
« Et puis l’on ne fait rien de mal, l’on discute tout simplement. D’ailleurs tu viens régulièrement ici j’imagine. Comment tu trouves le temps, toi la boule d’énergie en puissance? »
Le Molly’s … je ne suis pas la plus grande pilier du bar mais il m’arrive souvent de venir. Après le service, durant mes jours de congés, en passant pour dire bonjour à mi Hermano ou juste donner un coup de main … oui, en vrai, j’y suis bien trop souvent en réalité. Alors forcément, dès que je parle à quelqu’un, cela finit toujours en petite blague, que ce soit fille ou garçon d’ailleurs… Alors, j’en ris avec lui. « Oui comme tous les ragots. Une fois qu’il n’y a plus rien à raconter, ils s’estompent. »
Je lui souris, il a raison, une fois qu’ils auront vu qu’il n’y a rien, ils passeront sûrement à autre chose … ou me marieront au prochain gars à qui je parlerais. Cependant, alors que je bois une nouvelle gorgée, je me rends compte que mon compagnon d’infortune semble très loin dans ses pensées, si loin que je finis par lui faire signe, en l’appelant. Oui, j’avais raison, il était bien parti sur orbite, au moins. Il cligne même des yeux, revenant doucement à la réalité. « Euh… Oui oui jsuis là…. … Une planète très lointaine »
Je lui rends un sourire, lui laissant le temps de redescendre. Je prends avec lui une gorgé de bière puis je l’interroge, un peu curieuse. Je l’ai toujours été, c’est plus fort que moi. Et peut-être que cela le sortira de ses pensées qui m’ont l’air … plus sombres ou plus profondes qu’il n’oserait l’avouer.
« Oui, je pars en mission demain. C’est un voyage qui risque de durer un peu de temps et donc l’issue pourrait changer ma vie… »
Changer sa vie ? Je l’observe un instant avec attention. Il n’en parle pas plus mais pourtant, ce qu’il vient de dire, cela me semble … fort. Je meurs d’envie de lui poser de questions mais à son regard … je me retiens. Il m’en parlera à son retour. -J’espère que ça se passera bien alors, je te le souhaite vraiment Aaron
Je lui dis cela avec un grand sourire, essayant de faire revenir un sourire sur son visage, alors, après m’être rendue compte que pour la première fois, nous nous retrouvions tous les deux tous seuls. Et bingo, son rire revient, meilleure récompense pour moi. Mes lèvres s’agrandissent encore plus tandis que je repousse mes cheveux en arrière, encore une fois.
« Ahah, je ne sais pas mais Sam n’est pas aussi méchant que Rogue… Enfin je ne crois pas. » -Ooooh tu n’imagines pas, il est terrifiant quand il s’y met, il fait trembler tous les cadets, et peut rugir à en faire vibrer les murs du bâtiments quand sonne les entraînements, c’est terrible, terrible, terrible…
J’ai un rire rien qu’à repenser aux têtes des cadets quand ils font leur premier entraînement. Souvent avant, ses grands dadets font les marioles, mais après, quand il ne reste que Samuel moi et les vétérans debout, c’est une autre histoire…
« Et puis l’on ne fait rien de mal, l’on discute tout simplement. D’ailleurs tu viens régulièrement ici j’imagine. Comment tu trouves le temps, toi la boule d’énergie en puissance? »
-Ah, ça c’est une grande énigme mais il y a des hypothèses, de nombreuses même, dont l’une est que je produis ma propre caféine …
Je lui souris, jetant un coup d’oeil au barman, puis reprends :
-Mais j’ai de l’entrainement. Avant de rejoindre la caserne, j’étais infirmière, puis interne en médecine durant de longues années. Les gardes de 12 à 24 heures sont monnaie courante pour moi et …. je connais toutes les variétés de café, dont les plus fortes, je lui dis avec un grand sourire.
Je bois une nouvelle gorgée et ajoute :
-Si un jour, tu dates une soignante, ne lui amène jamais de fleurs au travail, amène lui un triple espresso et tu gagneras son coeur !
Encore des efforts pour le réconforter dans un sens. J’essaye de le faire sourire, peut-être rire, pour lui changer les idées, alors, je reprends aussitôt :
-Quant au Molly's… J’y suis régulièrement oui, pour voir Samuel, prêter main forte parfois, ou juste parce qu’on finit souvent ici après les gardes. J’y viens pas forcément longtemps mais oui, je suis souvent là et …
Je regarde ma pinte qui est presque à moitié vide :
-A ton retour, tu pourrais revenir qu’on se fasse une soirée tous les trois, qu’en dis-tu ? Je suis sûre qu’il apprécierai l’idée.
Je ne sais pas combien de temps durera son voyage, il ne l’a pas dit d’ailleurs. J’ai envie de lui demander mais j’ajoute juste :
-En tout cas, moi ça me ferait très plaisir de repartager une bière avec toi, si ça te dit.
Mon téléphone sonne, je le sors pour voir : une notification, un message. Mes collègues sont en chemin. Un instant, une moue remplace mon sourire. Ils ne vont pas tarder … Pour le coup, cela m’attriste presque parce que, je les connais, aussitôt là, ils viendront nous taquiner. Je rentre mon téléphone et bois une gorgée, la moue encore à moitié sur mon visage.
"La vie est un jeu de hasard et chaque décision que vous prendrez orientera votre destinée." Franck Ntasamara
Parler de mon travail n’est pas une option, je ne dois pas lui en parler. Sa tante me tuerait si elle savait. Du coup, je reste vague dans mes propos expliquant surtout que la mission qui arrive pourrait changer ma vie. J’ose espérer qu’elle comprendra alors mon inattention et qu’elle se contentera de cette maigre explication. Elle est la petite sœur de cœur de Sam. En d’autres circonstances – comme le fait que sa tante travaille avec moi – j’aurais pu lui parler, lui dire pleins de choses comme je l’ai fait avec Samuel. Maintenant qu’il est au courant pour moi, je n’ai plus de secrets à cacher. Et je n’aime plus en avoir. C’est pour cela que je ne suis pas totalement à l’aise à l’idée de parler travail avec elle. Je n’aime pas lui mentir sur ma situation surtout qu’elle ne mérite pas d’être mise à l’écart comme ça.
A ses délicats mots de soutien, je lui souris. J’ai comme l’impression que des tonnes de questions la démangent mais elle ne dit rien. Elle respecte mon choix de ne pas en dire plus et d’une certaine manière cela me touche beaucoup. Je prends alors conscience qu’il faut que j’arrive à être plus dans la conversation avec elle. Prenant une gorgée de bière, je me réintègre à la conversation qui dévia sur Harry Potter et une comparaison entre Samuel et Rogue. Je ne peux pas m’empêcher de rire et mine de rien, changer de sujet me fait du bien. L’entendre me parler de Samuel me fait sourire. Dans le fond elle n’as pas tort, il peut se montrer sévère mais c’est une véritable boule d’amour. Ce n’est pas pour rien qu’il est comme un frère pour moi. J’acquiesce à ses propos d’un signe de tête mais ne répond rien quant à mon point de vue non objectif sur Fraser.
A la place je préfère revenir sur Gabriela et ses habitudes. Sa réponse me fait rire à nouveau. C’est alors naturellement que je lui réponds :
« Aaaahhh une pro de la caféine c’est pas mal comme théorie. J’aime bien. »
J’écoute la suite avec grand intérêt puisque cela me permet de la connaître un peu mieux. Je lui souris plus posément et ajoute en posant un regard plus admiratif sur elle :
« Une bourreau de travail doublée d’une passionnée de café alors. C’est tout à ton honneur. »
Je porte la bière à les lèvres mais manque de m’étouffer lorsqu’elle me parle de date avec une soignante. Toussotant légèrement je me reprends avant de lui répondre :
« Ah… hum… Ok je note. »
J’aurais pu lui raconter ma vie mais elle est un peu triste en y repensant et nous sommes tous les deux dans un bon mood alors autant resté sur cette vague. A la place, elle continue et me parle de sa fréquentation du Molly’s. J’avoue, je ne connais encore que très peu les lieux mais j’ai promis à Samuel de passer plus souvent. Manque de bol pour lui ce soir, il ne me verra pas en train de boire sa bière. La proposition de Gabriela me surprend mais a le mérite de me faire plaisir. Je lève mon verre dans sa direction :
« Cela me tenterait bien également et j’aurais sûrement pleins de choses à raconter. »
La phrase suivante aurait pu me faire rougir mais je reste plus ou moins impassible, ne laissant qu’un sourire discret paraître sur mon visage :
« Cela me ferait plaisir également Gabriela. »
Je la laisse ensuite regarder son téléphone qui sonne. Pour ma part, je bois une longue gorgée de bière qui se retrouve désormais au trois quart vide. Reposant mes yeux sur elle, je constate qu’elle semble légèrement triste ou contrariée :
« Est-ce que tout va bien ? Ce sont tes collègues ? »
Je songe à l’idée que dès lors qu’ils seront là, je m’éclipserais si je n’ai pas de nouvelles de Samuel d’ici là. Il est sûrement toujours en intervention et je pense qu’il sera sûrement fatigué en la finissant. Bizarrement l’idée de partir et de laisser Gabriela me touche mais je ne m’en rends pas vraiment compte, mettant plus cela sur le compte de la solitude qui m'accaparera dès lors que je partirais du Molly’s.
J’ai l’habitude d’écouter les autres, de faire en sorte de les aider. Et je sens bien que ce sujet là le bloque, qu’il ne souhaite pas spécialement en parler. Alors je n’insiste pas. Cela n’est pas une bonne idée. J’ai pris l’habitude avec certaines personnes, comme Bucky ou Ezekiel, de ne pas forcer la parole. Ils me parleront lorsqu’ils en auront envie. C’est peut être cela dans un sens que je lui dis, lui glisse en lui disant que je lui souhaite un bon voyage. Je vois à son visage, à son ton que cela est important. Important au point de changer une vie de ce qu’il en dit… Alors, sans vouloir chasser ce sujet qui lui est important mais vouloir réussir à lui rendre le sourire, je commence à lui dire des bêtises et ma foi, cela fonctionne bien. Rien que la comparaison de Sam avec Rogue le fait rire, d’un coup. Et un point déjà ! Mais il dérive encore, cette fois sur moi. C’est vrai qu’au final, on ne se connait pas tant que ça, donc si lui préférait ne pas répondre, moi cela n’était pas un souci. Un nouveau rire, deuxième point !
« Aaaahhh une pro de la caféine c’est pas mal comme théorie. J’aime bien. »
Je souris à ses mots, avant de plonger un instant le regard vers le verre avant d’ajouter quelques mots, mots qui le font réagir…
« Une bourreau de travail doublée d’une passionnée de café alors. C’est tout à ton honneur. » -Je fais au mieux en tout cas, et le café, tu finis par aimer ça … par nécessité plutôt au début mais bon à force, on s’adapte à tout.
Et avec ma blague, je lui arrache un nouveau rire, enfin presque un presque étouffement car il boit en même temps… demi-point ? Mouais, on va dire ça. Je tapote son dos, pas trop fort pour qu’il puisse reprendre son souffle.
« Ah… hum… Ok je note. »
-Je te taquine, désolé, j'ai l'habitude d’être avec les gars je pense. Évites de t’étouffer quand même; Samuel ne me pardonnerait pas si son ami finissait aux urgences à cause de moi …. Mais je te promets un traitement VIP cela dit.
Enfin, je dis ça, j’espère bien ne jamais le voir débarquer sur l’un de mes brancards. Mais je tais cela, ne parlons pas de malheur, surtout pas la veille d’un départ …. en train, en bateau, en avion. J’hésite à lui demander mais au final, la conversation dévie sur le Molly’s. Je suis étonnée d’ailleurs de ne pas l’avoir vu plus souvent, surtout s’il est un ami de Samuel. C’est un peu notre repaire, à nous, qui partageons la vie de ce lord du dimanche. D’ailleurs, je lui propose qu’il revienne justement, à son retour, qu’on puisse être ensemble, lui, Samuel et moi. Il ne semblait pas s’y attendre mais il lève son verre à cette proposition
« Cela me tenterait bien également et j’aurais sûrement pleins de choses à raconter. »
-J’espère que tu auras des choses à raconter, ce serait triste de voyager sans rien avoir à dire…
Et enfin, je rajoute une phrase, une phrase sincère car je sais qu’il est probable que mes collègues ne tardent pas trop. J’espère que cela ne le gêne pas mais au contraire, un sourire naît sur son visage. Sourire que je partage en l’entendant me répondre
« Cela me ferait plaisir également Gabriela. »
Sourire qui reste encore un instant avant que je ne regarde mon téléphone. Je lis le message. Ils arrivent. Si je les adore d’ordinaire, là, je dois avouer que j’aurais bien voulu passer un peu plus de temps en compagnie d’Aaron. La soirée serait sympathique avec la brigade, je le sais bien mais l’idée de le laisser seul, la veille d’un départ important, alors que Samuel n’est pas encore là, cela aussi m’embête.
« Est-ce que tout va bien ? Ce sont tes collègues ? »
Cette fois-ci, c’était moi qui a été loin, très loin de la réalité. Je relève les yeux vers lui, clignant des paupières deux trois fois avant de lui répondre :
-Hein …? Oui oui tout va bien, t’en fais pas. Ils vont bien, ils décollent effectivement de la caserne. Ils seront là sous peu.
Je repose le téléphone sur la table et ajoute :
-Ils me disent aussi que l’intervention de Samuel risque de durer longtemps, tu veux te joindre à nous ? Ce serait triste que tu sois seul la veille de ton départ non ?
Je lui propose mais je ne pense pas qu’il acceptera et cela doit se sentir, malgré le sourire que je tente de garder. J’hésite presque à abandonner mes collègues pour qu’il ne se retrouve pas tout seul mais je n’ai pas envie d’en faire trop. Tout ce que je peux souhaiter, c’est qu’il revienne au plus vite de son voyage, qu’on puisse organiser les retrouvailles avec Samuel également.
-Sinon, si tu souhaites rentrer, alors je ne peux que te souhaiter un bon voyage, et que tu reviennes en un seul morceau.
Mes collègues passent la porte et me font signe. Je viens de finir d’ailleurs la dernière gorgée de ma bière. Je leur rends leur signe et murmure : -Et voilà, c’est l’heure …
On pourrait croire que je suis condamnée à mort. Je me redresse, attendant qu’il fasse de même et après avoir fixé ses yeux quelques instants, hésitante, je le prends au final dans mes bras pour lui dire au revoir :
-Fais attention à toi Aaron, et prends soin de toi. Je prierai pour que ton voyage se passe au mieux.
Rien que ce geste, même si je le fais avec littéralement chaque membre de la brigade, j’en entendrais parler, je le sais mais je m’en fiche. Royalement. Je suis sincère, je veux que son voyage se passe bien et qu’il nous revienne vite, en vie et qu’on puisse le retrouver.
Accueil
