[Terminé] I owe you the Truth ... Even if It looks like a lie .ft Samuel Fraser

Est-ce que c’est une bonne idée ? Non je ne le pense pas.
Perchée sur le toit du bâtiment adjacent, je contemple la devanture. Je vois des gens entrer et sortir. Je sais qu’il est là, je veille depuis son arrivée au bar.
Assise en tailleur, mon éternel sac bandoulière autour de moi, j’observe. Je suis méfiante, comme à mon habitude.
J’hésite à vrai dire. J’hésite à revenir le voir. J’hésite car même si pour l’instant, il n’y a encore aucun signe, je ne veux pas le mettre en danger, lui qui m’a aidé, de manière si …. désintéressée …
J’ai envie de le revoir mais comment … venir pendant son service … lui parler.
Il n’y pas grand monde. Juste quelques habitués à peine. C’est peut être le bon moment.
Dans mon sac, il y a quelques affaires. un téléphone prépayé, un appareil photo bien emballé, un carnet … mon carnet avec déjà nombre de notes et de dessins. Je me suis habillée … normalement. Rien d’extravagant, du pratique, passe-partout et avec lequel je peux courir. D’ailleurs, cette nouvelle tenue est parkour-proof désormais !

Un nouveau client sort … cela doit être une petite soirée. J’hésite. J’observe la rue autour de moi. Il n’y a aucun moyen qu’on ait pu me suivre. Mon téléphone n’est pas traçable, je ne prends jamais les mêmes chemins, cela fait plusieurs heures que je suis perchée là-haut. Si j’étais poursuivie, ils auraient pu m’attraper plus de 20 fois.
Pour une fois, peut-être devrais-je respirer.
Oui, peut-être …

Je descends en me laissant glisser par l’escalier de service, finissant par un saut, me rattrapant sur mes jambes. Une personne me voit atterrir et se fige, visiblement surprise. Je lui fais un signe, fais comme si tout est parfaitement normal et commence à avancer vers la porte du bar.
Et là, encore une fois, j’hésite …
Et si lui aussi je le mettait en danger ainsi … Et si.
Deux personnes passent à côté de moi, prêtes à entrer dans l’établissement. Je me faufile derrière eux, entrant à leur suite et couvert par eux dans un sens. Il y a suffisamment de monde pour que je passe inaperçue, du moins à mon entrée. J’avance doucement, observant l’endroit, les yeux présents. Je reste sur mes gardes, mais cela a toujours été dans ma nature. Je valse, avance au milieu des gens et des tables et va à l'extrémité du comptoir, loin des autres clients qui se pressent plutôt face aux barmans.. Il ne m’a pas vu, du moins je le crois.
En tout cas, sur l’instant, il est en train de servir des verres en souriant à un groupe de jeunes femmes. Je sors un journal, un vieux journal du mois de Mai, plié sur l’article qui m’intéresse dont on lit le titre sur le papier usé
“Massacre à Londres”
Pourquoi tout ce cirque ? Parce que je lui dois la vérité. Il a prit des risques pour moi, sans même savoir quoique ce soit. Il a accepté de m’aider, de me tendre à son tour la main. Je ne peux pas jouer ainsi avec lui. S’il décide que je dois partir, alors qu’il en soit ainsi que je disparaîtrai …

Mais lorsque je relève les yeux, c’est son collègue qui est face à moi. Je me fige, un long frisson parcourant ma nuque :

-Bonjour ma belle, tu as choisi ?

J’ai envie de gronder, mais je me retiens, le fixant dans les yeux, je tente de lui sourire, maladroitement avant de lui dire :

-Euuuuh … En fait, je suis à la recherche d’un poste, d'extra… On m’a dit de venir ici voir le patron, qu’il aurait peut être de la place …

Le barman semble étonnée, toujours la tête vers son collègue, à nouveau vers moi, et finit par lancer :

-Oh Sam ! Y a la petite qui te cherche !

J’ai levé la main pour tenter de l’arrêter mais trop tard. Niveau discrétion, on repassera, j’ai envie de me planquer sous mon bonnet ou de m’enfuir en laissant juste derrière moi ce foutu journal. Pour le coup, je serais presque partant pour un verre … Mais non trop tard, maintenant il est temps de jouer carte sur table même si je n’ai aucune idée de ce que cela va donner. Je passe ma main dans cette éternelle vieille mitaine de cuir sur mon visage avant que l’autre, pas encore parti me demander :

-T’as perdue l’autre ? Si tu es capable de perdre un gant, je sais pas si je te confierai une bouteille gamine.

Ooooh donnez moi la force de ne pas mettre le feu à son futal….

@Samuel Fraser

Si je suis à l’aise ? Entre mon immense envie de repartir, celle de lâcher une étincelle sur le froc du mec qui m’a reçu et une certaine angoisse à l’idée de revoir Samuel, j’avoue que le malaise est peut-être un peu palpable.
J’ignore le collègue, espérant qu’il s’éloigne et me fiche la paix quand la voix du pompier résonne :

- Mec tu me les brises je t’ai dit de ne pas m’appeler Sam !

Le mec soupire et relance, sa voix passant d’un bout d’un autre du bar :

-Roooh, ça va, Monsieur Samuel est demandé au comptoir, ça te va mieux ?

Putain, la discrétion … je soupire, passant ma main en mitaine sur le visage. L’autre la regarde avec un petit sourire. S’il fait une nouvelle remarque ou tente de me la prendre, je ne réponds plus de rien. Je le fixe, d’un regard assez sévère, suffisamment pour qu’il fasse un peu de côté :

-Damn, j’espère que tu vas pas les faire à Samuel ses gros yeux, sinon je vois pas comment tu pourrais le convaincre de t’embaucher pour du service …

Mais il insiste … j’hésite … une étincelle au cul, ça pourrait pas le faire fuir loin et vite ? Non, reste calme. Tu n’es pas là pour lui, il n’est rien. Je vois l’autre se pencher sur mon journal, visiblement intrigué. Presque aussitôt, je repose ma main en mitaine dessus, pour le cacher. Le geste l’étonne et avant qu’il n’ouvre la bouche, je vois enfin Samuel apparaître. Ah pour le coup, je suis soulagée de le voir, enfin !
Son collègue fait demi-tour, glissant à l’oreille de Samuel quelques chose que je perçois comme : “Fais gaffe, elle a pas l’air de bon poil, on dirait qu’elle va mordre le chaton” puis s’éloigne vraiment pour aller s’occuper des autres personnes au comptoir et je me retrouve seul face au pompier. Il semble surpris. Cela fait quoi … presque un mois depuis la dernière fois qu’on est vu ? Même plus à vrai dire. Peut-être même qu’il pensait ne jamais me revoir…
Malgré moi, les coins de mes lèvres remontent légèrement. Très légèrement. Je repousse mes cheveux moins rouge d’autrefois en arrière et tente de respirer. Tout va bien, je suis dans un lieu à l’abri et personne ne m’a suivi. Je ne le mets pas en danger. Tout va bien.

- Tiens gamine. Te revoilà ! Qu’est ce qui t’amène ?

Je relève les yeux vers lui, le fixant attentivement. Il n’a pas l’air aussi fatigué que la fois d’avant.

-Je voulais te remercier, pour la dernière fois. Je te dois beaucoup, plus que tu ne le penses, et…

J’hésite. Pourquoi pas juste passer une soirée tranquille avec lui, juste passer une soirée presque normale …
Ma main se crispe un peu sur le journal avant que je ne finisse par dire :

-J’ai trouvé un refuge et …

Lui demander vraiment un travail ? Mes papiers sont faux, j’ai même pas le droit d’être officiellement dans ce bar…
Je finis par relever légèrement la main et pousse vers lui le journal. Le titre est bien visiblement, presque la première chose qu’on voit sur ce journal usé, que je garde avec moi depuis plusieurs semaines, un titre accrocheur qu’on ne peut pas lutter … “Massacre à Londres”...
Je relève la main, pour le laisser le lire, le prendre, faire ce qu’il veut. J’attends qu’il se penche ou le regarde avant d’ajouter :

-Je n’arrivais la dernière fois… à m’expliquer vraiment. Lorsque tu m’as trouvé, j’avais plusieurs côtés brisés ainsi que d’autres blessures et j’avais peur de parler, de même répondre.

Je laisse un instant avant de reprendre doucement :

-Ses gens étaient ma famille. Et celui ou ceux qui leur ont fait ça courent toujours.

Est-ce qu'il comprendra ... est-ce qu'il fera les liens entre ce que j'ai déjà dis, entre les dates, entre tout ça ... peut être...


@Samuel Fraser

-          Oh ne t’inquiète pas ! C’était tout à fait normal, je ne pouvais pas te laisser dans cet état…

Son sourire est contagieux pendant un instant alors que je le fixe dans les yeux. Une pensée me traverse l’esprit, silencieusement, sans pour autant cette fois-ci m’arracher une pensée noire : Nathaniel aurait adoré cet homme.
J’entends même qu’il fait attention, légèrement, à ce qu’on nous entende pas. Bien, je commence à me détendre légèrement, au moins un peu.

-          Oh.

Je le laisse prendre le journal et lire, sans rien dire, continuer à triturer ma mitaine de cuir. J'observe les autres, autour de nous, la vie de ce bar.

-          Je vois…

Je relèves les yeux vers lui, et croise son regard. Il a compris. Je le sens dans sa voix, dans ses yeux. Certaines choses doivent lui paraître bien plus claires. Cela me soulage dans un sens, comme avec Jean, comme avec Charles. Ils savent, ils peuvent comprendre. Enfin même si je n’ai pas montré à Charles tous les carnets de Nathaniel … peut être était-ce une erreur d’ailleurs.

-          Tu cherches à te venger ou la paix ? Les rues de N-Y sont vastes. Ils ne te trouveront pas ici tu sais. Tu as même changé de continent… C’est pour dire !

J’aimerais avoir sa confiance, son inconscience dans un sens. Je reprends le journal dans mes mains, m’apprête à répondre quand soudain je me fige, me redresse d’un coup en froissant à moitié le journal dans le même mouvement de crispation globale du corps quand j’entends quelqu’un gueuler.

-          Hey ! Fraser, je me doutais bien que tu ne savais pas lire !

Réflexe débile … ce n’est rien, juste un client de bar. Je tourne la tête vers lui, tentant de détendre mes épaules qui sont remonté comme un ressorts et observe le petit jeu entre les deux. Calme .. tu es dans un bar, tout va bien … tout va bien ...
Dire que je suis devenue légèrement … nerveuse ? J’ai doucement retiré les plis que j’avais fais et glissé le journal à nouveau dans mon sac, qui semble moins lourd qu’à l’époque où il m’a connue.

-          Excuse pour cette interruption.

-Non t’inquiète, je me doutais que tu serais occupée, j’avais même hésité à venir à vrai dire.

Du bout des doigts, je joue avec ma mitaine de cuir. J’ai un regard aux alentours avant de finir par lui répondre vraiment :

-Même si j’ai été téléporté ailleurs, de Londres à New York en un instant, je sais … je sens que je ne suis pas tirée d’affaires. J’ai disparu sous leurs yeux, ils savent que je suis encore en vie, et j’ai en ma possession quelque chose qu’ils veulent, sur laquelle ils veulent mettre la main. Alors s’ils ont réussi à trouver la Loge, je ne doutes pas qu’ils me cherchent aussi à l’heure actuelle.

Par instant, mes yeux vérifient à droite à gauche si personne n’écoute. Une habitude fugitive que j’ai prise depuis quelque temps.

-Et ce que je cherche … c’est déjà des réponses. Il, ou Ils car je doute qu’il soit seul, ont massacré de sang froid près de 150 personnes. Tu ne peux pas imaginer ce qu’ils leur ont fait …

Respire, reste calme …

-Et l’affaire est actuellement classée par la police comme guerre de gang. Il y avait des mères, des enfants … Je veux comprendre pourquoi, je veux des réponses et la justice, ils ne peuvent pas juste s’en tirer comme ça, ce n’est pas …

Deux petites étincelles s’échappent de mes doigts alors que ma voix devient plus profonde, caverneuse même. Je referme brutalement ma main, pour faire mourir l’âme du feu à l’intérieur de ma main. Mais je manque de bondir sur place quand j’entends à nouveau une voix me surprendre :

-Alors Samuel, t’en pense quoi pour le service ? Si elle sourit un peu, ça pourrait être intéressant non ? Et puis elle a le même accent que toi, elle fera peut être autant fondre les gars que tu ne le fais avec les filles, lance le second barman en se rapprochant. Au passage, je vous sers un truc ? Une petite bière ?


@Samuel Fraser

Mon visage est assez sombre mais j’essaye, tant bien que mal, de ne pas forcément le montrer, que les autres autour ne s’interrogent pas. Moi toujours un peu parano ? Bien sûr et ça c'est qu’à peine arrangé à vrai dire, depuis la première fois qu’il m’a vu. Si quelqu’un faisait tomber son verre là maintenant, je doute de ne pas avoir au mieux un sursaut, au pire … mouais, je ne préfère pas y penser à vrai dire

-          Je comprends ton besoin de réponse … En as-tu trouvé ?

Je secoue la tête de manière négative car malgré tout ce que j’ai pu faire déjà comme recherche, je n’ai au final presque ou juste rien trouvé. Aucune réponse… Et cela me tue. Cependant, je vois son regard glisser vers ma besace, et je lui réponds avant qu’il n'ait besoin de poser la question :

-Ce n’est pas là-dedans si c’est ce que tu te demandes. Je l’ai mis en sécurité maintenant que j’ai trouvé .. un refuge pourrait-on dire.

Et que je ne suis plus mourante. Cela aide aussi à réfléchir notamment .
Cependant … l’autre question, je ne peux m’empêcher de baisser légèrement la tête en répondant, la voix un peu serré :

-Je ne crois pas qu’à ce moment, ils avaient encore pris compte du massacre … et qu’ils n’avaient pas encore pu compter réellement le nombre de victimes.

Je lui dis autre chose et manque de sauter sur place, quand son collègue arrive et me surprend. Respire, il faut que tu te calmes. Entre les quelques étincelles et ça, il faut que je fasse attention, que j’arrive à me calmer. Je n’ai pas envie de mettre Samuel dans une situation délicate, d’une manière ou d’une autre. Je me demande d’ailleurs si j’ai vraiment bien fait de venir.
Le collègue par contre qui venait avec un grand sourire semble surpris du regard de Sam quand celui-ci se retourne vers lui et relève une main en signe d’innocence :

-Hey, me regarde pas comme ça, c’est la petite qui m’a dit qu’elle cherchait du taff et qu’on lui a dit de venir voir le patron pour des extras. Moi je transmets, tape pas sur le messager Samuel.

Putain … mais il a pas un bouton “stop” le monsieur ? Si seulement … Mais alors que j’imagine que lui et Sam vont se parler, mais au final, c’est moi que le pompier fixe, de manière … si peu discrète et appréciable que si cela avait été une autre personne, elle aurait probablement eu la frange cramée. Mais là, ça confuse plus qu’autre chose alors que je ramène mon bras contre moi, pour me contenir :

-Euh oui …  ?

-          C’est pas bête remarque. Ce ne serait pas un temps plein mais genre une petite vingtaine d’heures sur trois jours, le WE. Ça te dirait cousine ?

Si j’avais un verre, je crois bien que j’aurais avalé de travers ou repeins le bar. Je le fixe, surprise, alors que son collègue lui a des soucoupe à la place des yeux :

-Ta cousine ?! T’es sérieux Samuel ?! Mais pourquoi tu l’as pas dis plus tôt, ou toi aussi d’ailleurs ! dit-il en me faisant un signe de la main. Si j’avais su … Enfin bref

Il se marre en disant :

-Bon, j’amène la tournée du coup, si tu lui offres pas Samuel, je le fais, parce qu’elle est bien trop mignonne ta cousine pour tourner à l’eau et puis faut fêter ça non ?!

Il s’éloigne et enfin, j’arrive à parler :

-Cousine … ? Je sais pas à combien de verre ton collègue est mais pour qu’il ait gobé cette histoire, je doute qu’il soit sobre à l’heure actuelle.

Bon j’avais commencé cette histoire pourrie aussi en parlant de chercher du taff donc je pouvais pas trop lui en vouloir d’avoir raccordé comme il pouvait les wagons. Cependant, je suis curieuse de savoir d’où lui est venue cette idée de cousine.

-Pour cette idée d’extra, je ne sais pas, c’est vraiment gentil mais est-ce que tu es sûr ? Je ne peux pas accepter de mettre en danger quelqu’un d’autre. J’ai préféré partir d’un lieu, où pourtant ils voulaient me protéger, de peur … que l’histoire ne se répète.


@Samuel Fraser

J’aime pas me sentir piéger, j’aime pas ça du tout…
Et j’avais pas vu ce coup venir, que Samuel utilise mon mensonge très nul dans un sens contre moi. D’autres ne le verrait pas ainsi mais bon …
Les deux se parlent, se taquinent jusqu’à ce que l’autre partent et que Samuel revienne vers moi, me parlant à voix basse.


-          C’est juste qu’on se fait confiance et qu’on ne se ment pas en théorie.

Ah bah là, je ne commente même pas, repoussant mes cheveux en arrière en me disant que je suis vraiment en train de me mettre dans une situation compliquée, encore ….

-          Après en pratique … Ca va le faire, t’es de Londres, tu as l’accent anglais ça passe. On a juste à dire que nos familles n’étaient pas très proches quand on était jeune et que depuis peu on essaye de renouer. Ma sœur est rousse aussi franchement ça passe crème je t’assure !

-Mouais … Sur le papier, ça passe mais …

Les deux pintes arrivent vers nous, et il m’en tend une que je prends en main, sentant la fraîcheur sous mes doigts alors que je retire mon bouclier thermique de moi, ce qui m'arrache un frisson. Je le retire pas souvent, j'ai plus l'habitude de sentir la température ambiante mais il est hors de question que je boive une bière à 20°C !

-          Franchement c’est toi qui vois. Personne ne te trouvera ici. Détends-toi un peu, respire et profite, c’est l’occasion pour toi de penser à autre chose et de te faire un peu d’argent. Les clients vont bien t’aimer je pense, et tu vas te faire pas mal de pourboire. La politique de la maison, c’est que tu gardes tout.

Me détendre. Je vis dans un squat, je suis à la recherche de meurtrier sans scrupule et je crois que ce bar, c’est l’une des premières fois depuis longtemps que je ne suis pas uniquement en train de chercher des informations ou de courir après une rumeur. Ma vie a très peu de sens depuis quelques temps mais depuis Limehouse, je n’ai plus vraiment de raison de continuer. Ou plutôt, je n’en ai plus qu’une : celle de trouver enfin la vérité, savoir ce qu’il s’est passé, pourquoi, le pourquoi de tout cela…
Même si une autre envie grandit chaque jour, une envie plus noir, plus sombre… qui ronge mon coeur de plus en plus. A chaque fois que je vois les images, à chaque fois que je repense à …
Je sors du fil de mes pensées en voyant la pinte qu’il tient, arriver dans mon champs et relève les yeux vers Samuel, voyant qu’il attends pour trinquer.

-          A ta venue sur le sol américain… Cousine !

Si je reste un instant figé, le temps de sortir de tout cela, de ses souvenirs qui sont déjà présents presque tout le temps, je finis par prendre l’ance du verre, et trinquer avec lui. Ce geste, juste ce simple geste qu’on faisait si souvent avant, que je devais faire quoi … 3à 4 fois par semaine avant ?
Ce geste me ramène doucement le sourire, un sourire simple et doux au visage et je reprends avec lui.

-A la tienne Cousin.

Je porte la chope à mes lèvres et bois une gorgée… Et j’avoue que là, j’ai une sorte de mini-absence encore, quelques secondes à peine mais je savoure. Depuis Londres, je n’avais pas profité d’une bière. Même dans mon squat, ou au Sister’s Margaret, je n’avais pas bu. L’alcool est agréable mais en mission, cela n’est pas une bonne idée et j’ai l’impression d’être en mission depuis mon arrivée ici.
C’est idiot, une bière n’a jamais tué personne pourtant quand je baisse mon verre, je lui dis toujours avec ce léger sourire et en fixant le breuvage ambré :

-C’est la première bière depuis mon arrivée ici.

Pour une fois, pas de tristesse, pas de peine, juste un fait et une certaine douceur dans la voix. Je relève les yeux vers lui et lui dit :

-Pour le poste, comment te dire … L’argent n’est pas vraiment un problème, enfin je me débrouille on va dire, mais surtout ....- je vois du coin de l’oeil son collègue revenir et me re-tends très légèrement - on va dire que j’ai beaucoup d’examens et je ne peux pas vraiment prévoir quand ça tombe donc je ne peux pas te garantir de ne pas disparaître du jours au lendemain.

Il repart et je rajoute :

-Juste promets moi juste que si je disparais, tu ne me chercheras pas. Ni police, ni quiconque. Car soit cela voudra dire que je les ai retrouvés, soit qu'ils sont sur mes traces … Mais ne te mets pas en danger, toi ou les tiens, s’il te plait.

On pourrait croire de loin que je fais tout ce que je peux pour le pousser loin de moi mais c’est pourtant important à mes yeux cette demande. S’ils me retrouvent, ils le tueront, sans plus de scrupule que les autres. Je serais prudente, il le faut. En attendant, je reprends une gorgée bien plus grande et soupire encore une fois d’aise en disant :

-Elle est pas aussi bonne qu’à Limehouse ou à Camden Town mais ça se laisse boire ! Merci cousin !

Et je ris, de ma bêtise, je ris, relâchant un peu mes nerfs et mon stress dans cet éclat de rire.  Ce n’est pas l’alcool qui me fait rire ainsi C’est probablement un peu bête, un peu ridicule mais je m’en fiche, pour une fois depuis mon arrivée, j’ai envie de vraiment oublier, au moins un peu. Et il m’en donne le droit.


@Samuel Fraser