[Terminé] Une routine qui révèle une bonne surprise

30 MAI 2024 AVEC ROCKET RACCOON ET CHARLIE SWANSON

L'horizon s'était enfin éclairci : après le brouillard des jours pluvieux, où le malheur était successivement venu frapper à la porte de son cœur, Jean entrevoyait enfin des éclats lumineux, qui annonçaient un soleil radieux. Mais un nuage noir persistait dans la voûte céleste de son esprit, un nuage sombre qui prenait de plus en plus de place dans la palette colorée de ses pensées, les ternissant avec des sentiments qu'elle jugeait mauvais. La colère. La jalousie. L'envie. Des émotions qu'elle n'avait pas tellement l'habitude d'éprouver, et qui manipulaient certaines de ses réactions avec éloquence, si bien qu'elle s'était emportée envers Scott avec virulence, sans aucune légitimité. Si, sur le moment, elle avait été aveuglée par une colère monstre bondissant de son esprit échauffé, la rouquine avait par la suite réalisé l'excès de ses propos blessants, qu'elle regrettait amèrement à présent.
C'est la raison pour laquelle, à une heure aussi tardive, elle avait composé le numéro de Rocket d'une main tremblante, l'appelant à l'aide comme un désespéré lance une bouteille à la mer : sans hésitation aucune, le Gardien au cœur loyal avait répondu à son cri de détresse dans la nuit, lui promettant de la rejoindre à Staten Island pour qu'ils puissent discuter ensemble de ce qu'elle avait nommé comme étant un "problème personnel" ; c'était peu dire, mais comment nommer ce qu'on ignore encore ?

N'osant point emprunter la moto de Scott — pas après la façon dont elle s'était conduite face à lui, Jean avait opté pour un taxi commun, qui l'avait attendu hors de l'Institut afin de ne pas éveiller les soupçons de ses camarades. Le voyage se passa sans un mot ni un regard, à tel point que la jeune fille aurait été tout bonnement incapable de décrire son chauffeur : perdue dans ses pensées, elle avait regardé à travers la vitre sans véritablement se soucier de son environnement, se questionnant uniquement sur la façon dont elle allait expliquer les choses à son ami... Elle-même ne savait pas réellement ce qu'il se passait à l'intérieur de son crâne, mais une chose était sûre : il fallait qu'elle en parle à quelqu'un, et Charles était bien trop occupé par la situation avec Raven et Wanda pour qu'elle ose l'encombrer avec ses propres histoires, peut-être dérisoires. Après tout, elle n'était sûre de rien... Ou peut-être que si.
Lorsque la voiture s'était enfin immobilisée, elle s'était hissée au-dehors après avoir tendu quelques billets au chauffeur, sans un sourire pour ce dernier, pourtant cordial. Fait tout à fait rare, Jean n'avait pas l'expression des beaux jours. Blafarde, le visage terne et la mine défaite, portant des auréoles bleutées sous les yeux, elle avait le regard de ceux qui ont trop pleuré ; rougi par les larmes, la culpabilité, la peur, l'incertitude, elle avait les cheveux maladroitement noués en un chignon bordélique, signe d'un abattement qui n'était point naturel chez elle. Elle donnait l'impression d'être l'hôte d'un monstre invisible qui la dévorait de l'intérieur, puisant dans ses forces pour grandir à son tour, mangeant jusqu'à l'éclat de ses yeux d'ordinaires mutins, mais qui étaient alors éteints.

« Je te remercie d'être venu... Et je suis désolée de te déranger aussi tard. »

Avait-elle dit à l'intention de Rocket lorsque celui-ci l'avait rejoint quelques minutes plus tard, s'installant à ses côtés sur un banc. La malheureuse ne savait pas par où commencer son récit, car elle craignait d'être prise pour une aliénée aux yeux de son ami ; pétrissant ses mains blanches nerveusement, Jean avait évoqué mille sujets pour éviter la raison de leur rencontre, véritablement effrayée ou... Muselée. Plusieurs fois elle avait entrouvert ses lèvres pour parler mais, au dernier moment, les mots sur sa langue avaient changé. Malheureusement pour elle, ils n'eurent guère le temps de bavarder bien longtemps.

À peine précédée d'un bruit de propulsion dans l'air, une silhouette grandiose et immense était venue s'abattre sur eux, ne lui laissant point le temps de réagir ou même d'anticiper l'attaque. Étourdie, blessée à la tempe par un morceau de ferraille s'étant détaché du banc brisé en mille morceaux, Jean était restée au sol sans pouvoir bougée, comme paralysée par le choc et le vertige qui assaillait son crâne. Ayant d'abord contemplé le ciel richement étoilé, paré de ses plus beaux bijoux argentés, la mutante avait rapidement senti une main glaçante se hisser autour de sa gorge, la soulevant aussi simplement que si elle avait été faite de papier ; ne pouvant résister à la volonté de cette main inconnue, la rousse avait écarquillé les yeux tout en relevant ses mains sans pouvoir atteindre sa propre nuque, encore sonnée et assaillie par des vertiges innommables. L'homme qui la tenait avait parlé, mais elle n'était pas sûre d'avoir réellement tout compris de son discours... Une base d'HYDRA ? La sauver ? De quoi est-ce qu'il parlait ? Et qui était-il ? Alors que son esprit restructurait sa conscience assumée par le morceau de ferraille, elle avait senti ses pieds qui se décollaient du sol et son corps qui était emporté par leur assaillant, qu'elle devinait être un mutant ennemi... Peut-être un proche d'Erik ? Elle n'avait pas tellement le loisir d'y songer mais l'idée avait traversé le fléau de ses pensées désordonnées.

Ses ailes blanches déployées étaient réellement fascinantes, d'une beauté sans égale et plus étoffées encore que les bras tendus des grands aigles dirigeant le vent. En d'autres circonstances, elle aurait sans doute été admirative d'une telle prouesse qu'elle pensait génétique mais, en cet instant, elle n'avait qu'une chose en tête : il fallait échapper à cet homme qui voulait se servir d'elle pour nuire à Rocket. Rocket... Elle espérait qu'il ne tomberait pas dans le piège perfide que lui tendait l'inconnu, car il ne faisait aucun doute qu'elle servait uniquement d'appât. Si elle était capable de voler grâce à sa télékinésie, la hauteur et la vitesse la faisaient hésiter... Elle n'avait jamais volé aussi haut, ni aussi vite. Elle tomberait à coup sûr et ce serait la mort assuré... Il était préférable d'attendre une situation plus favorable. La force de l'air faisant valser ses cheveux dans tous les sens en entravant sa vision, elle avait levé des yeux emplit de questions envers son ravisseur, sans pouvoir réellement l'observer. Ne se doutant pas qu'il l'observait depuis un moment, Jean se préparait mentalement à se libérer lorsqu'il rejoindrait la terre ferme car, après tout, il n'y avait, pour elle, aucune raison pour qu'il ait connaissance de ses pouvoirs...
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30 MAI 2024 AVEC ROCKET RACCOON ET CHARLIE SWANSON

Quand bien même son courage était grand, ses élans insoumis furent bien vite écrasés par les menaces de son ravisseur, qui ne lui laissait aucune possibilité de s'enfuir : si elle tentait de se sauver, elle condamnait Rocket à une mort qu'on lui promettait certaine, et il était tout bonnement hors de question qu'elle le mette en danger. Alors, lorsqu'elle entendit ces quelques mots, en ayant la drôle d'impression que l'homme ailé pouvait lire dans ses pensées, Jean avait froncé ses sourcils d'un air sincèrement apeuré, déglutissant difficilement tout en l'observant avec davantage d'attention... Malgré la peur qui sévissait en son cœur, elle faisait de son mieux pour rester concentrée sur la situation, et cela commençait par examiner de plus près son kidnappeur, peut-être dans l'espoir de déceler une quelconque faiblesse. Mais son visage ne lui disait vraiment rien, elle pensait même ne l'avoir jamais rencontré avant cet instant et, pourtant, son instinct lui disait de ne pas le sous-estimer. Il était dangereux et déterminé, cela ne faisait aucun doute. Elle savait déjà qu'il était doté d'ailes —et elle avait irrémédiablement pensé à Angel le temps d'un court instant, mais ignorait encore de quelles autres facultés il était pourvu... Peut-être pouvait-il seulement voler, ou alors cachait-il d'autres pouvoirs qui lui permettrait d'avoir l'avantage ? Il était plus âgé qu'elle, ce qui sous-entendait aussi plus expérimenté... Dans le doute, il valait mieux ne pas prendre de risques inutiles pour l'instant, dans l'espoir de protéger Rocket le plus longtemps possible.
Hochant alors son menton en un seul mouvement pour lui signifier qu'elle avait parfaitement compris le dilemme qu'il lui imposait et qu'elle se sacrifiait sans hésitation pour son ami, Jean avait par la suite lancé une œillade discrète en arrière, d'un regard symbolique envers Rocket, même si elle ne pouvait pas réellement le voir.

« Surtout, reste en vie. »

Lui aurait-elle dit, si elle avait pu.

Sans vraiment pouvoir s'y opposer, Jean fut entraînée à l'étage d'un immeuble d'apparence désaffectée, où une chaise inconfortable l'attendait. À croire que l'homme avait prévu ce plan depuis bien longtemps... Sans opposer la moindre résistance, la jeune fille fut attachée à la fameuse chaise, mais sa coopération n'était pas le fruit d'une quelconque résilience malgré les apparences ; les cordes qui mordaient la peau fragile de ses poignets ? Elle pouvait les délier par une simple pensée et les enrouler autour du cou de son ravisseur pour l'étouffer. La chaise sur laquelle elle était assise ? Elle pouvait la propulser contre l'assaillant avant qu'il ne puisse réagir, et tenter de rejoindre Rocket pour lui échapper... Secrètement, c'est ce qu'elle avait songé faire, avant d'être figée d'effroi devant le visage brûlé de son geôlier, dont les ailes s'étaient bien vite dissipées.
Un démon. Il lui évoquait purement et simplement ces figures bibliques rongées par la malveillance et la méchanceté qui se répandent sur Terre pour, selon les croyants, répandre le mal parmi les hommes. Les yeux écarquillés et les lèvres faiblement espacées, laissant à peine un filet d'air s'en extirper, elle était incapable de détacher ses yeux de lui et de sa peau rougeâtre... Des mutations étranges, elle en avait vu quelques-unes déjà, mais rien de comparable à ce qu'elle avait devant elle. Il était terrifiant. Son cœur tambourinait à toute vitesse dans sa cage thoracique, et quand bien même elle s'était employée à discrètement dénouer les liens qui la retenaient, Jean était incapable de se mouvoir, paralysée par l'apparence de son ravisseur, terrorisée à l'idée de ce qu'il pouvait lui faire. Pourquoi la regardait-il avec tant de haine ? Est-ce qu'il comptait la tuer ? Pas si on le tue avant, murmurait une voix perfide dans son esprit, une voix qu'elle ignorait de toutes ses forces, car ce n'était point le chemin qu'elle souhaitait emprunter.

« Qui êtes-vous... »

Furent les seuls mots qui trouvèrent la porte de sa langue, prisonnière d'un trouble de terreur qui l'empêchait pour l'instant de se mouvoir.
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30 MAI 2024 AVEC ROCKET RACCOON ET CHARLIE SWANSON

En quête de vengeance ? Mais d’où il sortait encore, celui-là ? Comme si elle avait besoin d’un ennemi supplémentaire en plus de celui vivant dans son propre esprit… Ne répondant rien à l’homme —ou du moins à la chose brûlée, qui se tenait devant elle, Jean avait froncé ses sourcils clairsemés avec méfiance tout en l’observant avec une attention accrue, comprenant bien le danger qu’il représentait : il ne fallait pas le sous-estimer, il semblait aussi violent que déterminé et la rancoeur animait chacun de ses traits. Mais peut-être pensait-il qu’elle était seulement une humaine dépourvue de pouvoirs et qu’elle ne pourrait rien faire pour se défendre face à lui ? C’était un secret qu’il fallait utiliser à son avantage, ne lui laissant rien entrevoir pour l’instant pour garder l’effet de surprise… Et mieux prendre le dessus une fois le moment venu.

Les cordes nouées autour de ses poignets et de ses chevilles ne mordaient plus sa peau fragile, étant à présent seulement maintenus par la seule force de sa pensée, pour qu’il ne s’aperçoive de rien : il ne se méfiait pas d’elle, puisqu’elle n’était pas l’objet de sa vengeance, seulement l’outil lui permettant de l’accomplir. Du moins, c’est ce qu’il croyait. Et il se trompait lourdement.
Alors que Rocket arrivait dans une rafale de balles qui volèrent toutes en direction de l’homme ailé, Jean avait légèrement froncé ses sourcils tout en profitant de cette diversion pour se défaire pleinement de ses liens, se remettant debout sur ses jambes tout en rivant son regard vers la chaise lancée vers Rocket, l’entraînant de l’autre côté pour qu’elle s’écrase brutalement contre un mur, évitant de justesse qu’elle ne vienne frapper le petit Gardien. Lançant alors un regard complice à Rocket, Jean s’était retournée vers l’inconnu pour lui signifier qu’il aurait deux adversaires à combattre, mais celui-ci était déjà dans son dos, animé des plus perfides intentions.

Des mains froides autour de sa nuque, l’enserrant comme étant prêt à lui tordre, Jean l’avait entendu dire qu’il n’hésiterait pas à la tuer si Rocket faisait un peu… S’il savait qu’il avait plus à craindre de la jeune femme qu’il maintenait contre lui….

Bien.

Ce jeu avait assez duré.

Alors que la surprise et la peur avaient crispé ses traits, le visage de Jean se détendit tout à coup, se ravivant d’une teinte plus apaisée comme si elle ne craignait nullement les menaces proférées à son encontre. Et pourquoi devrait-elle avoir peur ? Un éclat doré brillant dans ses yeux bleus, elle avait laissé le coin de ses lèvres s’éprendre d’un sourire espiègle tandis que sa voix résonnait dans l’esprit de l’inconnu derrière elle, et seulement pour celui-ci :

« Et si c’est la tienne que je brisais ? »

Presque aussitôt, par sa main qui s’était crispée vers l’intérieur, elle l’avait envoyé valser contre le mur derrière eux, d’un élan si fort que l’empreinte de sa silhouette massive avait creusé un enfoncement dans la pierre de celui-ci, de même sorte que s’il avait été moulé dans de l’argile. Se retournant vers l’agent d’HYDRA, la rouquine avait posé un regard presque provocateur sur ce dernier, l’air de le questionner sur ses projets : qu’est-ce qu’il allait faire, maintenant ?
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