[TERMINÉ] Hang on miss, It's going to shake! ft Ezekiel Ranevskaia

Hang on miss,
It's going to shake!
ft Ezekiel Ranevskaia

Mr. Blue, you'll get it right, but soon comes Mr. Night
Creepin' over, now his hand is on your shoulder
Nevermind, I'll remember you this, I'll remember you this way

Musique d'ambiance

-Hasta luego Abuelita ! Te quiero !

Cela fait au moins … trois fois que je tente de partir de la maison d’Abuelita et ma Tìa. Comme d’habitude, Abuelita relance la conversation; J’ai toujours du mal à partir de cette maison ou j’ai grandi mais il le faut bien, je commence assez tôt le service demain, et je dois pouvoir me reposer cette semaine … particulièrement complexe.
Entre le Jours des Héros, la rencontre avec Rocket et Groot, le Milano, celle avec cette autre personne ou alors la garde d’hier qui fut très particulière…
Oui, une soirée de repos
Encore un baiser et enfin je suis en route pour chez moi. Aujourd’hui, je suis à pied. Je prends le même chemin à chaque fois. Et notamment, je passe voir un groupe que je connais bien, du temps ou je faisais la soupe populaire dans le coin. Dans mon sac à dos, un grand tupperware remplis des empanadas de mi Abuelita. A chaque fois, elle me prépare de quoi leur offrir à eux également un bon repas. Cela pèse d’ailleurs très lourd dans le sac, vivement que je les trouve.

Il me faut une petite demi-heure de marche pour les rejoindre. Lorsque j’arrive à leur campement, je retire mes écouteurs et leur fait signe. Ils m’accueillent, me proposent de boire, de m’asseoir avec eux. Je décline la boisson mais reste quelques minutes pour discuter, leur offrant au passage le repas prévu pour eux. Ils sont ravis et il ne se passe qu’un instant avant qu’ils n’attaquent avec plaisir et envie le repas encore tiède.
On parle, on discute, je prends de leurs nouvelles. C’est un moment agréable, une habitude que je suis heureuse de garder.
Le temps passe, et au final, je passe plus de temps que je ne le pensais de leur côté. Je finis par partir, après leur avoir souhaité la bonne soirée …

Soirée oui, parce qu’il est déjà … ah bientôt 19h30 !  Je remets mes écouteurs et aussitôt, je pars en marche rapide. Si je ne me dépêche pas, je ne serais pas chez moi avant 21h !
Je marche un peu plus vite, sans trop faire attention. Je passe par un chemin pas trop fréquenté pour tenter de rallier au plus vite la station de métro.
Est-ce cela ? La fatigue ? L’accumulation ? Parce que je n’ai rien vu venir.
L’homme m’attrape le bras lorsque je tourne dans la nouvelle ruelle et avant que je n’ai le temps de faire quoique ce soit, je me retrouve le dos plaqué contre quelqu’un, un bras passé autour de mon cou et ce que je devine à l’éclat être une arme dans l’autre main :

-Eh bah, elle est ponctuelle la petit chica … mais t’aurais peut-être dû passer par un autre chemin cette fois-ci.

Je n’arrive pas à parler, essayant de glisser mes doigts entre mon cou et son bras. Je dois comprendre ce qu’il veut. Il resserre un peu son étreinte, j’arrive à passer mes doigts juste à temps pour que cela me permette encore de respirer.

-Qu’est-ce que …

-Je veux ? reprends l’homme. Que tu me suives et si tu ne fais pas d’histoire. C’est ta seule chance de t’en sortir Bella, capiche ?

Je déglutis. Le couteau qu’il a à la main peut très bien faire une blessure mortelle. Je ferme les yeux et essaye de réfléchir. Je mords la bouche, serres fort mes dents l’une contre l’autre. Ma main libre vient saisir le poignet tenant la lame et lorsque je le tiens, l’empêchant de bouger, je saute littéralement, faisant en sorte que mon crâne frappe brutalement le menton de l’homme. Un cri, il me relâche, je tente de courir pour m’enfuir mais il me saisit à nouveau le bras et me plaque contre le mur, la lèvre en sang.

-Sale Puta ! Tu vas me le payer !

La lame est contre ma gorge. Non non non …



@Ezekiel Ranevskaia  

 

Comme sur un champ de bataille jonché de cadavres et de sang, les deux adversaires se faisaient face, se toisant, se jaugeant avec méfiance et s'accrochant à la victoire comme si leur vie en dépendait. Contrairement à son homologue un peu plus âgé, Ezekiel ne se tenait pas droit comme un morceau de bois planté dans le sol ; les épaules courbées vers l'avant et les mains jointes sur la table, il contemplait l'échiquier en réfléchissant à toute vitesse à la stratégie militaire qu'il allait mettre en place pour gagner la guerre. Car tout n'était que l'étal d'une réflexion minutieuse ; les échecs, bien plus qu'un jeu, sont pour lui un art et une science à la fois. N'approche pas de la ligne g8-h7, c'est dangereux fureta la petite voix dans sa tête, et une autre lui répondit. En deux coups, cela te coûtera un pion. Mais la lutte se fera pion libre contre pion libre, et même si la défense est solide, la partie sera nulle. Est-ce que tu veux ? Non ! La cohorte de voix disparut soudainement, alors que dans son esprit, les pions se déplaçaient dans des schémas multiples, étudiant ainsi toutes les possibilités qui pourraient se dessiner sur l'échiquier. Mais est-ce que tu peux espérer mieux, maintenant que tu as paré avec ta tour ? c8-c4 ! De nouveau, les pions se déplacèrent dans son esprit pour prendre la forme de cette potentielle stratégie, mais les mains de l'adversaire ne bougeaient toujours pas. Dans l'esprit d'Ezekiel, les petites voix triomphaient et s'énervaient à la fois, le sommant d'agir et de prendre le temps de réfléchir en même temps, lui assenant des réflexions perfides lorsqu'il commettait une erreur et le félicitant lorsque l'action était astucieuse. Enfin, son adversaire tendit sa main pour déplacer un pion dans un schéma imaginaire qu'il avait déjà anticipé. La satisfaction qu'il éprouva n'en fut que plus grande, car elle lui était hautement avantageuse : sa propre main se tendit alors, avant qu'il ne prenne la parole, d'une voix sombre mais triomphante.

« Échec et mat. »



Bien que la défaite avait écrasante pour son adversaire, celui-ci n'en avait point été rancunier : l'invitant à faire la tournée de quelques bars, les deux hommes avaient ainsi joyeusement discuté de leur discipline de prédilection autour de quelques bières avant de se séparer, lui promettant de prendre sa revanche dès le lendemain. L'esprit léger, le sourire enivré par le breuvage savoureux qui avait rempli plusieurs fois sa chope en verre, Ezekiel avait, de ce fait, pris le chemin de son appartement en flânant dans les rues, s'y perdant presque. Il n'était plus tout à fait sûr d'être toujours dans la bonne direction mais il n'était pas pressé de rentrer de chez lui alors il prenait son temps, jusqu'à ce que des effusions de voix n'attirent son attention. Revenant sur ses pas, il avait froncé ses sourcils en perdant aussitôt son sourire face à la scène qui se déroulait sous ses yeux : dans l'ombre d'une ruelle où siégeait les derniers rayons d'un soleil timide, deux silhouettes se dessinaient. L'une était massive, menaçante, semblant détenir la deuxième personne contre son gré... Ce n'était pas son genre de jouer les héros, et encore moins pour d'illustres inconnus mais, ce soir-là, sans trop savoir comment ni pourquoi, il s'était approché discrètement de l'agresseur et de sa malheureuse victime, relevant déjà les manches de sa veste sombre en prévision d'un affrontement qui semblait inévitable.
Frappant alors bruyamment dans ses mains pour applaudir l'homme qui semblait en manque d'une quelconque substance toxique, Ezekiel avait alors pris la parole d'une voix forte pour qu'il l'entende et tourne la tête vers lui, espérant peut-être le détourner de sa première cible durant un instant :

« Wouah, quel courage... Je suis impressionné. Non, c'est vrai ! S'en prendre à une femme seule en étant armé d'un couteau c'est particulièrement brave. »

Il s'était interposé avec une certaine audace mais son intervention pouvait presque être dérisoire au premier abord : bien que musclé, il était un peu plus petit que l'assaillant, et ses longs cheveux bouclés qui flottaient sur ses épaules ne faisaient qu'accentuer les traits juvéniles qu'il portait. Vêtu d'une chemise aux couleurs chatoyantes, il arborait néanmoins un éclat féroce dans le regard qui laissait entrevoir toute la détermination qui était sienne en cet instant.

« Pardon de t'interrompre mais j'crois que la dame n'a pas trop envie de te suivre... Je suis de bonne humeur, je n'ai pas envie de m'énerver. Donc je te laisse le choix : tu te dépêches de virer tes sales pattes ou je me charge de le faire. »

Hang on miss,
It's going to shake!
ft Ezekiel Ranevskaia

Mr. Blue, you'll get it right, but soon comes Mr. Night
Creepin' over, now his hand is on your shoulder
Nevermind, I'll remember you this, I'll remember you this way

Musique d'ambiance

J’ai peur, je ne peux pas dire le contraire. Mon coeur bat à tout rompre. Je vois le visage de l’homme et la lame qui brille sous mes yeux. J’ai peur … Je réfléchis, je tente de trouver un moyen. Il faut que je me sauve. Il le faut !

J’étais si concentrée que je ne l’ai pas vu arriver et je tourne le regard vers lui, vers cette frèle silhouette qui s’approche en applaudissant. L’agresseur tourne la tête également mais sa lame est toujours à quelques centimètres de ma peau, de ma gorge.
Non non, il n’a peut-être pas vu le couteau. Il ne doit pas rester, il risque …
Mais il prend la parole et clairement, il le provoque. A quoi il joue ? J’essaye de lui faire des signes désespérés pendant que mon agresseur ne m’observe plus vu qu’il le fixe, lui. Je lui fais des mouvements des yeux, de la tête pour lui faire comprendre qu’il ne doit pas rester.
J’ai peur mais je ne veux pas qu’il se fasse tuer à cause de moi.

« Pardon de t'interrompre mais j'crois que la dame n'a pas trop envie de te suivre... Je suis de bonne humeur, je n'ai pas envie de m'énerver. Donc je te laisse le choix : tu te dépêches de virer tes sales pattes ou je me charge de le faire. »

L’homme crache au sol, et commence à lui crier dessus :

-Et tu vas faire quoi ? Arrête ton char et casse-toi sinon je t’ouvre en deux de tes couilles à ta grande bouche. La puta est à moi et c’est pas toi avec ta carrure de sardine qui va faire quelque chose.

Un frisson m’échappe. Je commence à trembler. J’ai peur, autant pour moi que pour lui. Je ne sais pas quoi faire. Avant que je ne puisse réfléchir plus, l’homme se retourne vers moi et un coup m’atteint en pleine mâchoire, me propulsant par terre, me faisant tomber à genoux. Cela me sonne à moitié, j’ai un voile noir pendant un instant devant les yeux alors que l’homme gueule :

-T’avise pas de t'enfuir, sinon même ta puta de madre ne reconnaîtra pas ton joli minois.

Il se retourne, et s’apprête à s’en prendre sur l’autre homme. Non non non !
J’arrive difficilement à me redresser et au moment où il s’élance sur le nouvel arrivant, le coutelas à la main, je lui saisis le bras non armée, mettant tout mon poid pour qu’il soit entraîné dans un demi-cercle et se prenne le mur au lieu de foncer sur l’arriviste désarmé. Cela me refait tomber au sol à côté et lui se cogne avant de hurler :

-Tu vas me le payer !!

Et moi, alors que je tente de me redresser, me trainant plus que je n'arrive à m'enfuir, toujours un peu sous le choc de beigne, mon regard croise celui de celui qui souhaitait m’aider et lui crie :

-Partez !

@Ezekiel Ranevskaia  

 

« Et tu vas faire quoi ? Arrête ton char et casse-toi sinon je t’ouvre en deux de tes couilles à ta grande bouche. La puta est à moi et c’est pas toi avec ta carrure de sardine qui va faire quelque chose. »

Voilà un refrain qu'il ne connaissait que trop bien... Ne changeaient-ils jamais de disque, ceux-là ? Loin de s'injurier du bavardage bruyant de l'homme qui se tenait devant lui, Ezekiel avait levé les yeux au ciel tout en gonflant ses joues d'un air agacé, un air que ses lèvres avaient lentement soufflé tandis qu'il hochait son visage de gauche à droite, mimant une fausse expression d'intense réflexion durant quelques secondes. Interrompant finalement son interlocuteur en levant son index près de son visage, portant une expression aussi désinvolte que détachée, il avait pressé ses lèvres l'une contre l'autre avant de prendre la parole, ses épaules se haussant de dépit. Si l'assaillant avait ainsi espéré le faire fuir avec ses insultes et ses menaces, il s'était largement corrompu : le mutant ne comptait pas quitter la ruelle sans la jeune femme.

« Non, ne parle pas de nourriture, ça va me donner faim et ce n'est pas le moment. »

Ne s'attendant sûrement pas à une réaction aussi insolente, le visage de l'agresseur avait été traversé par un élan de colère qui était le présage d'une inévitable altercation à venir, car il allait certainement reporter toute son attention sur l'objet de ses représailles : satisfait de l'effet escompté, les lèvres d'Ezekiel s'étaient légèrement relevées sur un côté, dessinant le contour d'un sourire discret... Jusqu'à ce que la demoiselle ne décide d'intervenir, se jetant alors sur l'inconnu pour le repousser violemment en arrière... Est-ce qu'elle doutait à ce point de lui ?! Ne sachant pas s'il devait se sentir vexé ou être admiratif, il avait froncé ses sourcils tout en grimaçant face à elle, l'observant silencieusement jusqu'à ce qu'elle se retrouve au sol, la lèvre en sang et l'esprit sonné, lui sommant de partir pendant qu'il était encore temps. Est-ce qu'ils s'étaient mis d'accord pour chanter le même couplet ?
Se penchant légèrement en avant tout en regardant la malheureuse, il avait brièvement appuyé ses fines mains sur ses cuisses tout en lui disant, d'une voix soudainement malicieuse :

« Tes désirs sont des ordres. »

Partez, avait-elle dit. L'un de ses sourcils se haussant avec curiosité durant une infime seconde, il avait disparu en quelques volutes de fumée bleu clair pour réapparaître derrière elle, face à l'assaillant toujours armé qui beuglait à n'en plus finir. Il fallait le faire taire... Ce dernier, surpris de se retrouver nez à nez avec Ezekiel, n'avait même pas eu le temps de se révolter une nouvelle fois qu'un poing virulent était venu ricoché contre son menton, lui faisant relever la tête avec suffisamment de violence pour l'étourdir à son tour. L'homme avait reculé de quelques pas en gémissant de douleur, mais le mutant n'en avait pas fini avec lui : attrapant sa nuque d'une main gracile, il l'avait obligé à s'incliner tandis qu'il lui donnait un coup de genou dans le ventre, l'obligeant à tomber au sol dans une lamentation presque mièvre. Le colosse menaçant et insultant avait été déchu, et c'était bien trop plaisant aux yeux d'Ezekiel pour qu'il n'en jouisse pas un petit peu.

« Eh bah alors, on fait moins le malin à ce que je vois, hein ? »

Un fin sourire se dessinant sur ses lèvres, il avait soutenu le regard de l'assaillant durant quelques secondes avant de donner un grand coup de pied dans le couteau que celui-ci avait lâché un peu plus tôt, ne lui laissant nullement l'opportunité de riposter tandis qu'il s'éloignait pour revenir auprès de la jeune femme à la lèvre offensée. Celle-ci étant encore au sol, Ezekiel avait glissé un bras dans le creux de ses genoux et l'autre dans son dos, la soulevant contre son torse finement musclé tout en se redressant d'un mouvement rapide, l'emportant avec lui lors d'une nouvelle téléportation. Si pour Ezekiel le voyage n'était qu'une formalité aussi naturelle que respirer, pour l'inconnue, cela devait être bien moins agréable... Après avoir eu l'impression d'être emportée dans un tourbillon agité, d'être secouée dans tous les sens comme dans le tambour d'une machine infernale, elle s'était retrouvée sous la lune blanche qui surplombait le paysage d'une ville italienne.
Les vagues de la mer produisaient un son particulier aux oreilles d'Ezekiel, qui s'était retourné vers l'étendue d'eau salée en arborant un sourire suave, car les bras de l'astre argentée semblaient caresser l'écume blanche qui venait s'échouer presque à ses pieds. Sur le sable blanc de la longue plage à côté du port, il avait délicatement déposé les pieds de la jeune femme en s'assurant qu'elle pouvait tenir debout, ses mains étant restées aux abords de cette dernière durant quelques secondes avant de s'en éloigner. Derrière eux, comme des briques colorées façonnées par le temps, des maisons hautes mais étroites étaient fièrement alignées face aux nombreux bateaux qui étaient sagement soulevés par les vagues secouées par le vent... Le décor était idyllique, mais la voix d'Ezekiel s'était bien rapidement élevée dans les airs, annonçant alors sans détour, comme si la situation relevait d'une normalité absolue :

« J'ai faim. On va manger des sardines ? »

Hang on miss,
It's going to shake!
ft Ezekiel Ranevskaia

Mr. Blue, you'll get it right, but soon comes Mr. Night
Creepin' over, now his hand is on your shoulder
Nevermind, I'll remember you this, I'll remember you this way

Musique d'ambiance

La situation prend une tournure … à laquelle je ne m’attend pas.
Entre l’apparition du mystérieux jeune homme, presque trop calme d’ailleurs vu la situation et le coup qu’il me mets, qui me propulse par terre, je ne sais plus quoi penser. celui qui se trouve non loin de nous. Ses mimics, son attitude, ses paroles, je ne saurais dire s’il est confiant ou juste … peut être inconscient du danger

Peut être pour cela, que malgré mon état, j’ai agi, précipitant l’agresseur dans le mur avant qu’il ne se jette sur le jeune homme. Pendant un instant d’ailleurs, l’expression sur le visage de mon bon samaritain m’a surprise, notamment le très fin sourire qu’il a.
Je lui crie de partir, et commence moi-même à essayer de me redresser mais rampant limite plus alors que ma tête me tourne. D’ailleurs, qu’est-ce qu’il fait, pourquoi il a cette position étrange ? Je commence à avoir des hallucinations ou quoi ..?

« Tes désirs sont des ordres. »

Et avant que je n’ai pu dire quoique ce soit, faire un geste, devant moi, il se déroule une scène …
J’observe cela, appuyé sur mes coudes, perdu, clairement. Je crois que je ne saurais dire qui est le plus surprise de moi ou l’agresseur qui lui n’arrive pas à faire le moindre mouvement. Il est clairement un combattant, cela je le vois.
De tout leur combat, je n’ai pas bougé, le souffle coupé. Lorsqu’il porte le dernier coup, et envoie balader le couteau plus loin, je le vois revenir vers moi. Je ne recule pas, je n’ai peur … pas de lui étrangement.
Je me vois s’approcher de moi, mon esprit fonctionnant au ralenti et ne réagit qu’avec un temps de décalage à ses actions. Pour cela que je ne prononce mes premiers mots que lorsqu’il me soulève dans un mouvement rapide, me tenant contre lui:

-Mais … je peux marche…

Je n’ai pas le temps de finir cette phrase que … j’ai l’impression d’être envoyé sans ceinture de sécurité à travers milles grand-huit. Mes yeux se ferment précipitamment. Mes mains s'agrippent à lui, mon cœur lui-même s’amuse à jouer au rodéo dans ma poitrine et je ne parle pas de ma tête et de mon estomac.
Je ne peux dire si cela a duré des heures ou un instants, je ne peux même pas expliquer

Je finis par ouvrir les yeux et là … je crois que si ma mâchoire ne m’envoyait pas régulièrement des petites ondes de douleur, je me serais pincée.
Première chose qui me frappe, c’est l’odeur, l’onde marine que je respire à grand poumons. Puis le calme … qui est en fait coupé par le rythme des vagues, cette berceuse que je n’ai pas entendu depuis si longtemps. Si New York est proche de la mer, la mélodie n’a rien à voir, celle-ci est bien plus douce et sauvage à la fois, terriblement différente.

Et enfin mes yeux se posent sur elle, sur cette étendue semblable à un miroir sombre, reflétant l’image si rayonnante d’une lune presque pleine.
Je reste sans voix face à ce spectacle, l’esprit perdu et incapable de réfléchir.
Il me fait doucement descendre de ses bras, m’aidant à poser pied à terre avec une délicatesse rare. Je tremble, c’est impossible à cacher.
Il fait noir … Il fait nuit et surtout … nous ne sommes plus à New York.
Lorsqu’il s’éloigne de moi après s’être assuré visiblement de mes appuis, je laisse mon sac tombé de mon épaule dans le sable dans un bruit étouffé et commence à faire un pas, pas très confiant. J’observe autour de moi, tentant de faire accepter à mon cerveau tout ce qu’il vient de se passer.
Il y a un instantt, j’étais dans le Bronx et là, je suis … loin, dans un endroit où visiblement il fait nuit, et …
Je n’arrive pas à y croire tant cela ressemble à un rêve, à un paysage si doux, si beau, hors du temps. J’observe la mer, totalement subjugué, n’arrivant même pas à prononcer un mot alors que mille questions tournent dans mon esprit. Juste figée par ce rebondissement et la beauté de celui-ci.

« J'ai faim. On va manger des sardines ? »

En entendant cela, mon ventre traumatisé se rappelle à moi, semblant ne pas vouloir être coopératif, je me retourne vers lui, voulant lui demander de ne pas parler de nourriture tout de suite et surtout vraiment lui demander ce qu’il vient de se passer mais entre les vertige, le demi-tour qui était visiblement un mouvement encore un peu trop ambitieux ainsi que mes jambes tremblantes, celle-ci se dérobe sous moi et j’arrive à ne pas m’effondrer par terre en m'effondrant sur lui … qui lui même en effet de domino tombe. Le tableau final de tout cela est une magnifique chute dans le sable sous le seul témoignage de la lune.
J’ai fermé les yeux durant cette toupie incongrue,mes mains accrochées à ses vêtements, à lui jusqu’au choc final. Je reste un instant immobile avant d’ouvrir les yeux et me rendre réellement compte de la situation : je viens de tomber sur lui.
L’une de mes mains est plantée dans le sol, l’autre posée sur son torse. Mes long cheveux tombent de mon épaule, encadrant le côté droit de son visage. Je suis si proche du sien que je peux voir les nuances de ses yeux que je me surprends à admirer, le dévisageant à moitié pendant quelques instants. Puis, comme une prise de conscience soudaine, je commence à devenir très vite rosée, tendant dangereusement vers le rouge.

-Je… Perdòn ! C’est … Je

“je ne voulais pas te tomber dans les bras et j’ai envie de disparaitre”. Je ne sais dire si c’est le choc de ce qu'il vient de se passer, la chute ou la proximité avec lui qui m’empêche d’aligner deux mots à la suite. Et le pire, c’est que j’ai envie de me relever tout de suite mais j’arrive  à peine à bouger, frissonnant juste. Réveille-toi !

-Cette question va peut être sembler … idiote … mais … qu’est-ce qu’il vient de se passer ?

Oui avant même de me relever, je finis difficilement à lui poser une question. Je crois que clairement, mon sens du jugement fait grève.


@Ezekiel Ranevskaia  

 

Les embruns de la mer chargeaient le vent d'un sel marin tout à fait apaisant, si bien qu'il avait fermé les yeux quelques secondes en emplissant ses poumons de ces effluves saines diluées auprès du sable blanc, et contre lequel les vagues ne cessaient de venir s'échouer, telle une caresse mille fois répétée. Pour éviter que ses chaussures ne soient mouillées, Ezekiel s'était reculé de quelques pas tout en balayant rapidement l'endroit du regard : désert, il n'y avait personne d'autre sur la plage. Un instant, il avait même cru qu'ils étaient comme seuls au monde mais, un peu plus loin, de l'autre côté de la route faiblement éclairée, sous les multiples maisons hautes disposées les unes à côté des autres, divers restaurants projetaient des couleurs vives sur le trottoir, et depuis lesquels une douce musique entraînant résonnait.

« Il y avait plus de monde l'été dernier... »

Avait-il marmonné en frottant ses mains l'une contre l'autre, son ventre émettant un gargouillement comme s'il se réveillait aux souvenirs passés : probablement avait-il écumé les bars et les restaurants lors de la saison estivale quelques mois auparavant, et son estomac se manifestait pour assouvir la faim qui le tiraillait déjà, sans prendre en compte le voyage durement agité que la jeune inconnue venait de subir. Pour lui, il ne s'agissait que d'une formalité aussi simple que battre des cils ou respirer, il n'en ressentait plus les affres depuis bien longtemps et s'étonnait même qu'on puisse en être troublé ; c'est pourquoi il lui avait proposé, d'un ton aussi naturel que détaché, d'aller manger pour se remettre de leurs émotions.
La malheureuse, qui avait été violemment secouée durant cette téléportation aussi inattendue que brutale, s'était tournée vers lui arborant la mine de ceux qui vont recracher leur dîner, le faisant grimacer. Elle n'allait quand même pas vomir... Reculant machinalement son menton de quelques degrés tout en plissant son nez droit, Ezekiel avait froncé ses sourcils tout en commençant à user de sa voix sans pouvoir achever son élocution, car elle avait bien rapidement vacillé. La jeune femme, prise d'un vertige ou d'une nausée, ou les deux, s'était alors accrochée à la première chose que ses mains avaient rencontré durant la chute : lui-même. Un léger sursaut ayant été étouffé derrière la barrière de ses lèvres alors qu'il l'entourait de ses bras pour ne pas qu'elle se blesse davantage, le mutant était ainsi durement retombé dans le sable en fermant instinctivement ses paupières, jusqu'à ce qu'il se retrouve immobile sur le sol granuleux.

Lorsqu'il ouvre les yeux, c'est pour faire face à un visage féminin dissimulé dans la pénombre offerte par ses cheveux, qui forment une espèce de rideau opaque ; ainsi, il ne discerne d'abord que ses grands yeux marrons qui luisent comme du miel, avant d'apercevoir la rosée timide de ses joues... Elle est gênée, ce qui n'est pas le cas d'Ezekiel, mais cela l'amuse irrémédiablement. Le coin de ses lèvres s'étirant en un sourire presque malicieux, il avait légèrement reculé son visage pour pouvoir l'observer avec plus de clarté, relevant alors l'une de ses mains pour pouvoir repousser ses longues mèches brunes derrière son oreille, permettant à la lune blanche d'illuminer les traits séraphiques de son visage féminin. Elle était indiscutablement belle, même décoiffée, étourdie et vacillante, les yeux indécis et la mine défaite. Belle sans le soleil, belle malgré les quelques grains de sable qui s'étaient glissés dans sa chevelure brune, et malgré le rouge qui venait de piquer ses joues, peut-être même l'était-elle davantage ; attentifs, ses yeux avaient longuement observé les courbes de son visage, avant que son regard en prenne la fuite vers l'océan infini, déviant sa trajectoire en traduisant le coeur fugitif qu'il avait.

Perdòn venait-elle de dire ? Très bien, puisqu'elle parlait espagnol... « Ya mogu govorit' po-russki ? » Haussant l'un de ses sourcils en la fixant de même sorte que s'il attendait une quelconque réponse de sa part, Ezekiel avait laissé sa gorge déployer un léger rire avant qu'elle ne reprenne la parole, lui faisant alors froncer ses sourcils de nouveau, mais de perplexité cette fois. Est-ce qu'elle perdait la mémoire ? Ne comprenant pas le vrai sens de sa question, le brun s'était perché sur ses coudes afin d'avoir une hauteur plus conséquente, la toisant avec dédain tout en lui répondant alors d'une voix simple :

« Bah tu viens de me tomber dessus ! »

Comment est-ce qu'elle pouvait avoir oublié ? Haussant ses sourcils comme pour s'effarer d'une telle question, le brun avait lentement redressé son torse pour l'intimer à suivre le mouvement, tous deux se retrouvant alors assis dans le sable en étant face à face. Maintenant, il espérait qu'elle soit enfin d'accord pour aller manger... Parce que son ventre gargouillait de plus belle, surpassant même le bruit des vagues à leurs pieds.

Hang on miss,
It's going to shake!
ft Ezekiel Ranevskaia

I’d go to hell and back with you
Stay lost in what we found.
Worlds apart we were the same
Until we hit the ground

Musique d'ambiance

Je suis en train de rêver. Je ne vois pas d’autres explications.
Je suis tombée sur la tête, et je suis en train de faire un délire extraordinaire. J’en ai entendu beaucoup de choses, des témoignages de bad trip mais là, ça surpasse tout.
Je ressens tout. Le sable sous mes chaussures, l’odeur de l’océan, la mélodie des vagues, la température basse d’une nuit de printemps, et cette lune … la lune.
Je n’arrive pas à le croire …

Et j’ai envie d’y croire …
Parce que c’est magnifique.
Bon j’ai l’impression que ma tête est passé dans le tambour d’une machine à laver, mon ventre … n’en parlons pas. Et mes os jouent aux osselets.
Mais je n’arrive pas, un moment, à retirer mes yeux de la mer. Cela faisait si longtemps. Un instant de paix, un instant de douceur.
Si c’est un rêve, pitié, laissez moi le vivre.
Mais il est là, l’homme qui m’a sauvé. Je l’entends, je ressens sa présence juste derrière moi et je m’écrase sur lui au sol. Dans la chute, j’ai senti ses bras autour de moi, encore une fois protecteur envers moi. Mais tout cela se finit au sol, dans un petit nuage d’odeur maritime et de sable sec.
Tout cela … Pour que je termine à quelques centimètres de son visage, sans réussir à bouger pendant plusieurs instants. Je dois avouer que d’être aussi …. près de lui m’intimide. Me fait monter le rose aux joues … et en fait même le rouge lorsqu’il passe sa main dans mes cheveux pour les repousser derrière mon oreille. Je ne sais pas pourquoi cela me fait rougir à ce point, le lieu, la situation ou l’homme face à moi mais oui il se passe presque trop de temps et je ne reprends conscience que lorsqu’il rompt de lui-même le contact visuel entre nous. Cela me ramène à la réalité et enfin j’arrive à bafouiller quelques mots … auxquels il me répond dans une autre langue …
L’hypothèse du choc à la tête commence à être de plus en plus … encore plus quand il se met à rire. Son rire a beau être communicatif et me faire apparaître un grand sourire amusé sur les lèvres, je finis par prendre mon courage à deux mains et lui pose la question de ce qu’il s’est passé … même si j’ai peur de la réponse.
Lorsqu’il commence à se redresser, je fais de même, et relâche ses vêtements pour poser mes mains dans le sable et me soutenir.
Il semble perdu, ou surpris, perplexe peut être ?

« Bah tu viens de me tomber dessus ! »

Hein ? Mais il a pas compris Je le fixe, me demandant si c’est lui ou moi qui a pris le plus gros coup. Je me redresse encore, suivant son mouvement pour me retrouver assise dans le sable. Je repousse ma chevelure en arrière, observe la lune avant de soupirer :

-Non mais …

Je baisse à nouveau le visage, l’observant en étant face à lui, les yeux dans les siens et je lui demande :

-Je voulais savoir ce qu’il s’est passé avant ? Je … Nous étions dans le Bronx, face à cet homme. Tu m’as prise dans les bras et maintenant, nous sommes dans une plage je ne sais où en pleine nuit. Je … Est-ce que c’est normal ?

Parce que dans mon référentiel … Cela ne l’est pas ! J’ai l’impression de passer pour une folle en demandant cela. Est-ce que c’est normal ? Je viens de perdre la mémoire. Pourtant ma blessure me fait mal encore, je n’ai pas dû dormir. Pourtant, il faisait jours avant … Y a quelques instants.
La première réponse à ma question, c’est son ventre qui gargouille violemment et je crois qu’au milieu de l'absurde de toute cette situation, cela me fait exploser de rire. J’ai l’impression de relâcher dans ce rire le stress, la peur, que cela efface de mon esprit tout ce qu’il vient de se passer avant.
Je dois définitivement passer pour une folle, c’est sûr.

-Je … suis désolée… mais… J’ai du mal à croire que je ne suis … pas en train de rêver…

Ma phrase est entrecoupée de rire que je n’arrive que difficilement à contenir et des larmes viennent perler à mes yeux, larmes que je viens essuyer du dos de la main, en me calmant doucement, toujours un peu agité de soubresaut et d’inspirations rapides.

-Excuse moi, je comprends juste pas très bien ce qu'il s’est passé mais merci, vraiment. Pour tout.

Car j’ai l’impression que c’est grâce à lui que je peux respirer le souffle de la mer.
Si tout cela est un rêve, par pitié, laissez-moi le vivre encore un instant.

@Ezekiel Ranevskaia  

 

Les mains appuyées dans son dos, les doigts quelque peu enfoncés dans les dunes de sable blanc, Ezekiel avait plié l'un de ses genoux tout en observant celle qui s'étonnait, avec grande légitimité, des circonstances de sa présence en ces lieux ; il n'était point de coutume, pour les humains comme elle, de se balancer entre deux décors en quelques secondes à peine, et les expressions incertaines qui passaient sur son visage traduisaient cette innocence à merveille. Il était évident qu'Ezekiel aurait pu comprendre le sens de sa question bien avant qu'elle ne l'explicite clairement mais, pour lui, ces bons terrestres n'étaient rien de plus qu'une formalité induite depuis son enfance, qui ne révélait que d'un geste aussi instinctif que voir ou marcher, alors il n'y avait pas vraiment mesure à épiloguer à ce propos... Du moins, le pensait-il. Peut-être aurait-il dû y songer avant de l'entraîner avec lui jusqu'en Italie ? À présent, il était bien embarrassé pour lui expliquer comment et pourquoi elle se retrouvait au milieu d'une plage italienne, sous une lune pleine et argentée.
Tapotant légèrement ses doigts fins et longs dans le sable, il avait froncé ses lèvres l'une contre l'autre tout en baladant rapidement son regard de gauche à droite, comme cherchant une explication à la fois plausible mais voilée, qui ne révélerait pas tout à fait la mutation dont il était porteur. Après tout, toute gentille et guillerette qu'elle semblait, il ne pouvait se fier à son impression : peut-être faisait-elle partie de ceux qui entrevoyaient les mutants en horreur ?

« Disons que... »

L'élan avait été volontaire, mais infructueux : aucun mot n'était sorti de sa bouche, malgré les nombreux arrondissements de ses lèvres entourées d'une fine barbe brune. Car comment expliquer qu'il était capable de se téléporter d'un endroit à un autre en un claquement de doigts ? Ce qui n'était pas tout à fait un secret devait le rester encore un peu, la vérité l'ennuyait profondément et il n'avait pas réellement envie de partir dans un débat sans fin, qui lui vaudrait de s'expliquer longuement sur ce qu'il est en mesure de faire ou non.
Frottant ses mains l'une contre l'autre pour faire retomber le sable capturé entre ses phalanges, Ezekiel avait laissé ses lèvres s'éprendre d'un léger sourire tandis qu'il prenait enfin la parole, se hissant également sur ses jambes dans un même mouvement :

« Certains mystères doivent le rester. »

Lui adressant un sourire mutin, il l'avait observée quelques secondes avant de finalement lui tendre sa main pour l'aider à se relever, leurs deux silhouettes découpant la rondeur blanche de la lune scintillante au-dessus d'eux. Mais s'il était calme, la jeune fille semblait à présent sous le choc des événements qui s'étaient enchaînés à une vitesse folle, la laissant simple spectatrice de ce qui lui arrivait ; passant du rire aux larmes aussi simplement que si elle avait été prise d'une quinte de toux incontrôlable. Il ne l'avait pas considérée comme aliénée mais n'avait pas véritablement su quoi dire ou faire pour la calmer, si bien qu'il était resté immobile et silencieux face à elle, ne voulant pas aggraver son état avec une maladresse quelconque.

Frottant brièvement l'arrière de son crâne aux longs cheveux bouclés, il lui avait offert un nouveau sourire chaleureux tandis qu'elle le remerciait chaudement pour l'aide qu'il avait apportée, ce qui n'avait fait que renforcer l'expression infatuée de son visage masculin. Haussant ses épaules d'un air faussement charitable, qui n'admettait point le besoin d'une quelconque gratitude, il avait par la suite contredit cette première impression en inspirant longuement, comme pour se galvaniser de son propre exploit. Évidemment qu'il méritait des remerciements, pensait-il alors ! Après tout, sans lui, qui sait ce qu'il lui aurait fait ? Il était préférable de ne pas y songer, et fort heureusement pour elle, l'inconnue ne le saurait probablement jamais.

« Je suis génial, je le sais ! On va manger maintenant ?! »

Sans véritablement faire attention aux émois sensibles de la jeune femme encore troublée, et affichant un sourire aussi grand qu'enjoué, Ezekiel lui avait donné une grande tape dans le dos pour la secouer avant de se mettre à marcher d'un pas rapide dans le sable, se dirigeant tout droit vers le premier restaurant que ses yeux avaient rencontré, sans même vérifier qu’elle était bien derrière lui. Après tout, elle ne pouvait pas aller bien loin maintenant qu’ils étaient dans un autre pays… En somme, il ne lui laissait pas tellement le choix.

Hang on miss,
It's going to shake!
ft Ezekiel Ranevskaia

I’d go to hell and back with you
Stay lost in what we found.
Worlds apart we were the same
Until we hit the ground

Musique d'ambiance

Je ne sais pas ce qui me semble le plus irréel entre la mer, la lune, ou lui … et surtout ses yeux que j’ai honteusement contemplé avant qu’on se redresse l’un en face de l’autre. D’ailleurs, maintenant que nous sommes un peu moins … collés l’un à l’autre, mon coeur et le feu de mes joues commencent à se calmer. J’arrive même à doucement rassembler mes idées pour essayer, tant bien que mal à lui demander ce qu’il se passe, où nous sommes.
Car à part être sûre et certaines que nous ne sommes plus dans le Bronx … je n’ai aucun indice à l’heure actuelle. Personne à côté de nous pour m’aiguiller avec une langue parlé, pas d’écriture à proximité, rien de tout cela. Je sais que non plus, à porté de vue, il y a un bout de civilisation mais avant, je lui demande, espérant qu’il peut me le dire.
Après tout, vu ce qu’il a dit quelques instant avant, j’ai l’espoir qu’au moins lui sache où on se trouve …

« Disons que... »

Je le regarde, mes yeux fixés dans les siens, littéralement suspendue à ses lèvres. Je ne comprends pas son arrêt. Essaye-t-il de jouer d’un effet dramatique. Le silence se fait, on entend pendant un instant rien de plus que le murmure des vagues, le souffle de nos respirations et peut être le battement de mon cœur, celui-ci courant plus vite dans ma poitrine que le sien.
Je le regarde retirer se relever, ne quittant pas son regard des yeux

« Certains mystères doivent le rester. »

-Hein ? Nan mais tu peux pas me laisser sans rien me dire ? Je ne sais même pas où nous sommes …

Lorsqu’il me tend la main, je la saisis, malgré tout, pour me retrouver debout face à lui, après l’avoir lâché … je crois que je craque et explose de rire. Les nerfs ou le stress ou … je ne sais pas à vrai dire.
Je me mets à rire à en avoir les larmes aux yeux. A vrai dire, même si je suis inquiète, je ne sais si c’est le cadre ou sa présence mais je me sens à l’aise, assez pour me laisser aller.
Lorsque j’arrive à me calmer un peu, je viens essayer les larmes qui perlent à mes yeux d’un revers de manche, m’arrachant au passage un petit gémissement que je n’arrive pas à retenir lorsque je passe trop proche du coup que j’ai reçu. Il ne m'a pas loupé et ça va devenir un magnifique bleu. Oh joie et félicité.
Je lui rends un sourire après l’avoir remercié, malgré le lancement dans la mâchoire,

« Je suis génial, je le sais ! On va manger maintenant ?! »

Sans véritablement faire attention aux émois sensibles de la jeune femme encore troublée, et affichant un sourire aussi grand qu'enjoué, Ezekiel lui avait donné une grande tape dans le dos pour la secouer avant de se mettre à marcher d'un pas rapide dans le sable, se dirigeant tout droit vers le premier restaurant que ses yeux avaient rencontré, sans même vérifier qu’elle était bien derrière lui. Après tout, elle ne pouvait pas aller bien loin maintenant qu’ils étaient dans un autre pays… En somme, il ne lui laissait pas tellement le choix.

-Hein ?

La tape dans le dos me surprit, manquant de me faire chuter au sol. Je fais un pas en avant pour me rattraper et le vois commencer à marcher vite, à s’éloigner de moi.

-Hey !

Je ramasse à la va-vite mon sac qui est dans le sable et malgré un ventre encore un peu … patraque, et je me mets à courir derrière lui, pour le rattraper lorsqu’il semble presque galoper devant moi. :

-Attends-moi !

En quelques enjambés maladroites, j’arrive à sa hauteur, et dans un geste que je ne m’explique pas vraiment, un réflexe peut, je tends ma main et attrape son avant-bras entre mes doigts, me servant dans un sens de cette accroche pour arriver à sa hauteur. Et maintenant que je suis à côté de lui … je ne le lâche pas. Mes doigts restent sur son bras, sur sa peau et je n’arrive pas à le lâcher. C’est étrange, je suis d’ordinaire tactile, câline même selon certaines personnes mais là, peut-être à cause du choc de l’attaque, j’agis un peu … différemment avec lui. De le tenir ainsi, j’ai l’impression de tenir un lien, une ancre et que si je le relâche, en un instant, il pourrait disparaître.
Ce serait ça ? La peur de le voir disparaître et de me rendre compte que tout cela n’est qu’un rêve cachant le cauchemar ?
Dans le silence de geste au final peu anodin pour moi, je finis par lui demander, en le regardant dans les yeux tant que cela est possible :

-Je peux au moins connaître ton nom ou dois-je t'appeler Mystérieux Etrange ou White Knight ?

Comment ses surnoms me sont venues ? On va mettre ça sur le compte du coup à la tête.

@Ezekiel Ranevskaia  

 

Sous la lune ronde qui dansait dans le reflet des vagues ondulantes, Ezekiel avait observé la jeune fille d'un œil rieur, se jouant de son expression perdue, quoique fascinée par le décor idyllique qui les entourait. Et pour cause ! En tournant le dos à la rue piétonne, ils pouvaient presque se croire seuls au monde : isolés au milieu du sable blanc qui s'étalait à perte de vue, spectateurs de l'onde caressante qui venait s'échouer à leurs pieds en semant son écume blanche, l'endroit était proche d'un paradis terrestre, où l'homme n'avait pas encore apposé sa main perfide. Mais dans cet écrin au vent salé, la malheureuse ne devait point comprendre les rouages de la situation présente, et c'était presque étonnant de constater qu'elle ne s'était pas encore pincée pour s'assurer que tout ceci était bien le fruit de la réalité : n'ayant pas eu de preuve pour attester du contraire, Ezekiel était persuadé qu'elle n'était pas une mutante coutumière des élans étranges et presque mystiques des êtres dans son genre, et que la logique de ce voyage impétueux lui échappait irrémédiablement. Mais il s'en amusait presque, félon malicieux gardant jalousement le soupçon de vérité qu'il s'évertuait à cacher, ne lui offrant que trop peu de réponse pour satisfaire la curiosité tout légitime qu'elle arborait alors.

-Hein ? Nan mais tu peux pas me laisser sans rien me dire ? Je ne sais même pas où nous sommes …

Le détail géographique qui était encore un mystère, voilà une information qu'il concédait à lui transmettre. Ses sourcils se haussant légèrement sous l'annonce qu'il s'apprêtait à faire, il avait penché son visage sur le côté tout en laissant ses lèvres s'éprendre d'un sourire radieux, qui ne contrastait point avec les accents enjoués de sa voix :

« Nous sommes en Italie, ma chère. Plus précisément, dans la ville de Genova ! Bon, ça ne vaut pas la Russie mais on va faire avec, hein. »

À présent qu'elle était en mesure de se situer sur le globe — et peut-être de défaillir en se rendant compte de la distance parcourue, elle allait peut-être accepter d'aller manger ? Dans cet espoir, il l'avait aidée à se redresser sur ses jambes, tout en prenant garde à ce qu'elle ait suffisamment d'équilibre pour ne pas tomber de nouveau. Après tout, elle venait quand même d'être agressée puis téléportée dans un autre pays, à plus de six mille kilomètres de chez elle, avec un illustre inconnu de surcroit... Il y avait de quoi avoir le vertige.
Après avoir reçu les remerciements avec grande satisfaction (puisqu'il paraissait évident, à ses yeux, qu'il méritait amplement sa gratitude éternelle), le mutant lui avait donné un grand coup dans le dos avant de l'abandonner sur le sable, se dirigeant tout droit vers un restaurant afin d'assouvir la faim qui tiraillait son estomac : la jeune femme n'allait pas tarder à s'en rendre compte, il possédait un appétit d'ogre, c'était même à se demander comment il faisait pour être aussi maigre !

Ignorant les appels de la jeune femme laissée derrière lui, qui s'époumonait pourtant en lui sommant de l'attendre, le brun avait continué sa marche en soulevant des grains de sable sous ses pas, bordant sa bouche d'un fin sourire espiègle. Mais lorsqu'une main câline, presque désespérée, avait glissé sur son bras pour le retenir dans son élan, il avait interrompu ses pas, tournant presque aussitôt son menton vers celle qui l'accompagnait. Si elle était tactile, lui ne l'était aucunement, et éprouvait même une grande aversion pour les contacts physiques, si bien que seul Remy pouvait se permettre de tels gestes à son égard mais, en cet instant, face au visage égaré de la jeune femme, qui semblait se raccrocher à lui pour ne pas sombrer dans un océan d'incertitudes, perdue au milieu d'une ville et d'un pays qui n'était pas le sien, il s'était pris d'une certaine compassion pour celle-ci. Pourquoi avait-il fallu qu'il pense à cet endroit ?! Il ne pouvait pas l'emmener simplement à quelques rues du lieu de l'agression ? Maintenant, elle paraissait presque fébrile à l'idée d'être loin de lui, ce qui était, il fallait bien l'avouer, plutôt rare : pressant ses lèvres dans un léger sourire taquin, il avait légèrement relevé son bras pour faire glisser la main féminine jusqu'à la sienne, entrelaçant alors lentement leurs doigts avant de se remettre à marcher, d'un pas plus tranquille.

« White Knight, j'aime bien... Mais je m'appelle Ezekiel. Et toi, comment tu t'appelles ? »

Lorsqu'ils arrivèrent devant l'étal de restaurants aux devantures bien différentes, le brun parcourut rapidement la ruelle du regard, hésitant sur ce qu'il avait envie de manger... Sushis, hamburgers, fruits de mer ? Finalement, grand gentleman qu'il était, il allait la laisser choisir.