Les choses allaient être difficiles, sans aucun doute. De toute évidence, l’agent Carthew n’avait jamais fait « taire » son pouvoir par le passé, l’expérience serait donc totalement nouvelle, voire effrayante. Mais d’un autre côté, Rowles ne pouvait pas se permettre qu’elle ressente ses sentiments lors de leurs entretiens, ce serait totalement contre-productif et source d’interprétations qu’il fallait éviter à tout prix.
« Je suis navré de vous imposer une telle condition, croyez bien que je ne l’imposerais pas si je ne la croyais pas absolument nécessaire. Nous ferons quelques essais et aviseront selon la façon dont vous supportez la situation. Ma priorité reste votre bien-être, surtout dans votre état actuel.
Une question, cependant : subissez-vous un quelconque malaise dans cet entretien vidéo ? Outre l’aspect pratique qui n’est certes pas confortable, vous ne pouvez pas ressentir ce que je ressens. »
La vidéo allait avoir un premier avantage, du point de vue de Rowles. Si l’agent Carthew n’était pas mal à l’aise en vidéo, alors il y avait des pistes à explorer quant à leur rencontre avec le serum dans l’équation. Rowles se promit de faire part de ses pensées au Pr. Xavier, qui saurait peut-être la convaincre et la mettre à l’aise.
Mettez-vous à l'aise, vous êtes entre de bonnes mains désormais
Ne pas pouvoir utiliser ses pouvoirs allaient être difficile et bizarre pour Emy. Ce que proposait le Docteur serait nouveau et elle ne savait pas vraiment comment elle allait réagir à tout ça. Peut-être que ce serait une bonne expérience, mais elle qui n’avait jamais cesser d’utiliser son pouvoir même lorsqu’il lui causait plus de soucis qu’autre chose, ça n’allait pas être facile. Elle avait peur de se concentrer que sur cette sensation de «perte»... De toute façon, elle n’avait pas vraiment le choix si elle voulait que le Docteur Rowles soit au meilleur de sa forme sans pour autant devoir cacher ses sentiments par lui même. D’ailleurs, il s’excusa de cette condition, mais c’était sans doute nécessaire. La jeune femme hocha doucement la tête. Si c’était pour l’aider à aller mieux, alors elle était prête à faire cet effort. Rowles lui posait une nouvelle question, lui demanda s’il avait un quelconque malaise dans l’entretien. Emy fut surprise de la question parce qu’elle n’y avait pas vraiment fait attention. Parce qu’au final, pendant l’entretien vidéo, elle ne pouvait pas ressentir non plus les émotions du docteur...
«Oh... Euh non, pas de malaise en particulier puisque je suis habituée à ce genre d’exercices...»
Emy fronça légèrement les sourcils et rajouta :
«Dans les faits, le sérum va agir comme s’il y avait un écran entre nous deux n’est-ce pas ? Parce que si c’est le cas, en vérité, je pense que, même si cela sera sans doute bizarre, je pourrais m’y faire... Même si j’ai pour habitude de ressentir la moindre des choses lorsque quelqu’un est en face de moi... Je pourrais presque imaginer un écran entre nous deux»
Elle espérait vraiment pouvoir faire face à Rowles sans chercher à se servir de son pouvoir... Elle espérait aussi que ce ne soit pas trop déstabilisant
Le professeur avait vu juste, cette piste méritait d’être explorée plus en profondeur. Son expertise lui disait qu’il y avait une grande différence mentale entre la vision par écran interposé et la vision en direct, il savait donc que l’esprit de l’agent Carthew, aussi préparée puisse-t-elle être, serait malgré tout gêné lors d’une rencontre en direct. Les habitudes, les associations d’idées et autres jouaient énormément dans ce processus. Mais au moins, ça lui donnait matière à réflexion.
« Ce serait en effet très semblable, mais soyez sans crainte, nous procèderons progressivement. Si, lors de nos rencontres, vous rencontrez la moindre crainte, un stress inattendu ou autre, n’hésitez pas à m’en faire part, nous aviserons selon la situation. »
Ce point étant momentanément réglé, le psychologue jugea qu’il était temps pour lui de passer à un autre sujet. Comme il était difficile de faire un entretien classique dans ces conditions, il resta sur le sujet de déménagement, qui apportait un positivisme flagrant à la jeune femme.
« Pour ce qui est de votre emménagement, y a-t-il des amis, des parents ou des proches à qui vous souhaiteriez que nous envoyions une invitation ? Si bien sûr vous souhaitez organiser une petite pendaison de crémaillère bien sûr. »
Ce n’était pas vraiment son rôle de jouer les intermédiaires, mais il savait le stress que pouvait générer l’organisation d’un déménagement, l’arrivée dans un nouveau lieu et surtout la pression que certaines personnes pouvaient mettre pour connaître le nouveau lieu. Aussi proposait-il de bon cœur son aide.
Mettez-vous à l'aise, vous êtes entre de bonnes mains désormais
Emy n’avait pas du tout penser que le sérum pourrait agir comme actuellement, c’est à dire comme un espèce d’écran entre le Docteur Rowles et elle. De ce point de vue, peut-être que ce serait moins gênant, mais elle ne pouvait pas en être sur à cent pour cent. Le docteur confirma que ce serait un effet semblable, mais qu’ils allaient progresser doucement. Et si elle ressentait une quelconque gêne, elle devait en faire part au docteur. Elle hocha doucement la tête.
«D’accord, c’est entendu.»
Emy ne se doutait pas du tout du prochain point donc le docteur allait abordé. En fait, elle pensait même qu’il n’aurait pas abordé le sujet parce qu’il aurait lu son dossier concernant sa famille... Il lui demanda alors s’il y avait des amis, des parents ou des proches donc elle souhaitait qu’il envoie une invitation, comme une petite pendaison de crémaillière. Emy sentit ses mains tremblées. Bien sûr, elle pensait directement à ses parents et ses frères, mais le seul de ses frères encore en vie de lui adressait plus la parole depuis l’accident. Des amis... Il y avait bien Clint, Moira et Aaron... La jeune femme se concentra pour ne pas perdre le controle de ses sentiments qui bouillonnaient à l’intérieur d’elle. L’intention du docteur était d’aidé et non de faire du mal. Peut-être n’avait-il pas eu le temps de lire son dossier ? Elle prit une grande inspiration et lui répondit :
«Je crains que du coté de ma famille, ce soit cause perdu. J’ai... j’ai perdu mes parents il y a quelques années, mon plus jeune frère dernièrement et mon autre frère ne m’adresse plus la parole alors...»
Elle haussa les épaules avec un détachement qui ne lui ressemblait pas. Elle réfléchit pour les amis.
«Clint et Moira risquent d’être en mission ou occupés lors de mon déménagement... mais il y a Aaron qui pourrait être dans le coin... S’il n’y a que lui, ça ne me dérange pas du tout...»
Elle se sentit rougir un peu comme au début de l’entretien. Leur rencontre avait été bénéfique pour Emy, c’était le genre de personne qu’elle attendait dans sa vie depuis un moment. Quelqu’un qui pourrait l’aider à aller mieux et clairement, c’était l’effet qu’il lui faisait depuis qu’ils s’étaient rencontrés quelques semaines plus tôt...
Visiblement, parler de la famille avait été plus problématique qu’il ne l’avait escompté. Il était certes au courant de sa situation familiale, mais les dossiers médicaux ne contenaient pas de détails quant à sa relation avec son frère survivant. Un échec de ce côté. Fort heureusement, elle rebondit d’elle-même pour aborder ses amis. Rowles nota mentalement que le sujet de la famille serait désormais tabou jusqu’à ce qu’elle décide d’elle-même d’en parler.
Il nota également le rosissement des joues de l’agent Carthew lorsqu’elle mentionna l’agent Smith, osant même dire à demi-mot son désir d’être seule avec lui. Il lui faudrait connaître l’état médical de ce dernier pour pouvoir lui donner une réponse convenable. Avec un sourire paternel, il répondit tranquillement :
« Je comprends. Je tâcherai d’en savoir plus sur l’état de santé de l’agent Smith et, s’il est en état, je lui ferai parvenir votre invitation. Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour votre confort ? »
La séance touchait vraisemblablement à sa fin. Aborder d’autres sujet sans avoir un contact direct avec sa patiente serait infructueux pour un psychologue de la vieille école comme lui. Toutefois, tant qu’elle souhaitait parler, il tenait à ce qu’elle en ait le loisir.
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Parler de sa famille ne lui était pas du tout facile, mais Emy s’était mise une protection autour d’elle parce qu’elle ne voulait pas souffrir. Souffrir par l’éloignement avec son frère, l’absence et le décès de ses parents et son plus jeune frère. C’était beaucoup de choses en même temps qui ont fait que le pouvoir de la jeune femme avait été malmené depuis quelques années. Mais elle savait qu’elle était sur la bonne voie. Le fait que le docteur Rowles l’aide à aller mieux était déjà une grande avancée et Aaron qui était dans les parages aussi... Elle n’était pas mécontente d’être tomber sur eux deux sans compter Charles Xavier qui pouvait l’aider aussi. Oui, Emy avait trouvé des personnes qui croyaient en elle et ça, c’était une bonne nouvelle. Le dcoteur lui dit alors qu’il comprennait la situation et qu’il tâcherait d’en savoir plus sur l’état d’Aaron. S’il était possible qu’il vienne, il serait là. Il lui demanda s’il y avait quelque chose d’autre qu’il pourrait faire pour son confort. La jeune femme plissa doucement le nez et fronça les sourcils avant de dire :
«J’aurai la possibilité d’avoir internet dans ce logement ? Je me suis trouvée un nouveau passe temps concernant les séries télévisées et je dois vous avouer que si je n’ai pas internet, ce sera un peu compliquer...»
Elle secoua légèrement la tête et rajouta :
«Exceptée cette demande, je ne vois pas ce que je pourrais demander de plus... Je vous suis reconnaissante pour tout ce que vous faites pour moi... Vous n’avez pas idée de ce que ça représente pour moi...»
La question de l’agent Carthew provoqua un rire contenu mais sincère de la part du psychologue, tant elle était inattendue. Pourtant, cette question simpliste et terre-à-terre était réconfortante : elle était en confiance et ils avaient réussi à répondre à toutes ses demandes.
« Bien entendu, Agent Carthew », répondit-il en ôtant ses lunettes pour essuyer une larme de rire qui avait pointé au coin de son œil, « Vous aurez accès à toutes les commodités normales d’une personne du vingt-et-unième siècle. »
« Il se peut toutefois que la qualité de la connexion ne soit pas aussi efficace que celle du S.H.I.E.L.D. », continua-t-il avec une pointe d’humour, remettant ses lunettes en place, « mais je ne pense pas que ce soit un problème pour regarder vos séries. »
Il accepta les remerciements de sa patiente avec humilité, comme d’habitude. Après lui avoir retransmis, par sécurité, ses coordonnées et celles de sa secrétaire, il convint avec elle qu’ils pouvaient clore la séance. Il lui rappela par ailleurs qu’en cas de problème, d’angoisse soudaine ou même pour revenir sur sa décision, elle pouvait à tout moment le joindre. Tout serait fait pour son bien-être avant tout et elle pouvait recevoir une aide sans jugement.
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