[Terminé] Retrouvailles d'une amitié disparue

La promesse qu’un jour mon avenir pourrait être meilleur avait eu le mérite de me faire sourire l’espace d’un instant. Avant que mon cerveau ne carbure à toute vitesse pour voir les inconvénients de cette idée et les dangers pour Bucky que cela pourrait lui causer. Et finalement après une rapide analyse, les risques pour lui étaient bien trop grands. Hydra était encore trop puissant et même s’ils avaient déjà été mis en échec par les Avengers ou autres super-héros, ils n’en restaient pas moins vicieux et dangereux.

Après tout ce que l’on avait vécus et tout ce qu’il avait subi, je ne pouvais pas me permettre de le mettre en danger pour mon confort personnel. Même si je savais qu’il serait capable de me protéger et parce que je voulais qu’il le fasse, je lui apportais une autre solution : Quitter Hydra oui mais selon certaines conditions et avec certaines dispositions afin de nous protéger l’un comme l’autre. Ce refus de rester avec lui fut l’un des plus durs que j’avais eu à faire en 29 ans d’existence. Il comptait tellement à mes yeux que je ne pouvais pas me résigner à lui faire du mal même involontairement et je savais qu’en refusant, je nous faisais du mal à tous les deux. Mais il le savait comme moi c’était un mal nécessaire pour être bien par la suite et enfin avoir une vie normale…

Entendre sa promesse me fit réaliser que cette fois-ci il ne m’oublierait plus. Cette fois-ci tout serait différent… Cette fois-ci j’avais une chance d’échapper à cette organisation malsaine et toxique qui faisait ma vie actuellement. Bucky serait là pour moi et je chérissais avec ardeur sa promesse en me serrant davantage contre moi et en enfouissant encore plus mon visage contre sa poitrine qui battait à tout rompre. Nous restâmes quelques précieuses secondes l’un contre l’autre à profiter de cette étreinte pour sceller une promesse d’un avenir plus joyeux pour nous deux, loin d’Hydra. Je ne parlais plus, je n’avais pas besoin de parler pour me faire comprendre avec Bucky. Il était toujours présent pour moi et il avait parfaitement compris mes raisons pour mon refus de rester auprès de lui et sa promesse me laissait dans cette bulle de réconfort que j’aimais tant. J’avais envie de ne rien ajouter de plus à notre conversation. Pourtant les mots suivants du soldat me firent encore plus me sentir compter et appréciée par quelqu’un. Il tenait à mon bien-être et à ce que j’ai un refuge, un endroit où aller en cas de problème, une personne à contacter si le besoin s’en faisait ressentir. Ses mots eurent le don de me sentir soutenue et protégée d’une certaine manière.

Relevant doucement la tête pour croiser son regard azur, je lui souris tendrement pour lui faire ressentir toute la gratitude que je pouvais ressentir. J’aurais pu lui faire encore plus de câlins où même l’embrasser sur la joue comme une petite sœur pour son grand frère protecteur mais je me retins à l’entente de ses questions suivantes.

Naturellement je me redressais à ses questions sur ma présence dans cette ville. Réfléchissant à trouver mes mots pour lui répondre, je retrouvais alors un regard dans le vague et dans le vide. Faisant appel à mes souvenirs ma voix se fit monotone et sans saveurs, comme le passif que j’avais vécu…

« J’ai fait partie des personnes qui étaient snappées. J’ignore où j’étais mais j’étais bien, libre et sereine. Mon retour parmi les vivants fut une redescente aux enfers pour moi, j’ai sombré et j’ai dû subir à nouveau des conditionnements. Heureusement que j’ai un mental plus fort que ce qu’ils attendent de moi pour ne pas devenir un pion mais de fait j’ai été transférée à New-York avec Swanson pour une nouvelle mission : Retrouver le soldat de l’hiver et faire en sorte qu’il rejoigne à nouveau Hydra. »

Je relevais les yeux à nouveau emplis de larmes mais je les retenais pour ne pas qu’elles coulent sur mes joues :

« J’ai accepté la mission dans l’unique but de te revoir mais je ne te veux pas de mal, jamais de la vie. C’est hors de question. Je refuse de faire ce que dit Swanson et cela m’a valu plusieurs réprimandes… Enfin tu le connais… »

Parler de Charlie n’était pas des plus faciles pour moi. Il était depuis longtemps et même encore maintenant un tortionnaire pour moi et celui qui me faisait le plus peur sur cette terre. Même la mort m’effrayait moins que lui et Barnes le savait…

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en compagnie de James j’avais la langue un peu plus déliée. Dans le fond, ce n’était pas désagréable mais c’était surtout pour lui donner des informations utiles. Me confier sur mon ressenti sur le Snap n’était pas prévu mais lui parler de la mission d’Hydra et lui parler de Swanson, en revanche, cela le concernait.

Et puis malgré la difficulté de la situation et la complexité de notre conversation, j’appréciais le fait qu’à son tour Bucky se confie à moi. Il avait lui aussi ressenti cette pleinitude et cet apaisement durant ce moment de rêve que d’autres ont vécu comme un cauchemar. D’ailleurs, les autres, les Avengers avaient voulu tout arranger et ils avaient voulu ramener tout le monde à la vie. Mais finalement, Bucky et moi étions d’accord sur un point, nous aurions préféré ne jamais nous réveiller, rester dans cet état d’apaisement et de soulagement et ne jamais avoir à ressentir à nouveau cette douleur, cette oppression et cette culpabilité.

Concernant la mission d’Hydra, j’avais plus d’appréhention par rapport à sa réaction mais en soit je n’avais pas de raison de m’en faire parce que même si nous ne nous étions pas revus depuis des années, la confiance et l’amitié étaient toujours présentes et même peut-être renforcés. Ce qui sortit alors de la bouche de Bucky me glaça le sang. Ne serait-ce qu’imaginer le fait qu’il pourrait mourir me fit réagir aussitôt pour le regarder à nouveau dans les yeux et j’affirmais alors avec certitude :

“Jamais une chose pareille n’arrivera, jamais je ne les laisserais faire. Tu ne retourneras plus jamais là-bas. Je ne veux même pas entendre l’éventualité que tu meurs.”

Le dire à voix haute me fit aussitôt trembler comme une feuille. Je refussais catégoriquement cette idée. Le voir mort signifierait la mort pour moi aussi, c’était une évidence. Je sentais alors un frisson parcourir mon corps de l’intérieur, c’était une sensation étrange et j’étais certaine que puisque je le ressentais, cela devait être très important. Mon regard éffrayé était toujours tourné vers mon ami alors qu’il parlait de Charlie. La peur était toujours présente mais elle n’était plus la même. Désormais c’était la peur de Charlie qui était en moi et qui pourrait surement se lire sur mon visage. Je restais alors muette durant quelques précieuses secondes pour reprendre un peu de contenance avant de répondre :

“C’est un manipulateur et un monstre. Il est grand, les cheveux noirs, les yeux marrons…”

Me rendant compte de ma description approximative, je m’arrêtais un instant pour reprendre ma respiration avant de reprendre :

“Ma description serait trop vague, il faudrait que je te montre qui il est directement. Mais cela ne sera pas facile. Il n’est pas facilement trouvable. Moi-même je le croise le plus souvent à la base d’Hydra ou dans le repaire d’Hydra dans le Bronx. Mais je te déconseille de venir y mettre les pieds, c’est pleins d’agents, tu serais en danger là-bas.”

J’avais tant perdu ces dernières années, ma véritable famille, ma vie humaine, mes connaissances devenues des amis, ma liberté… Mais en aucun cas, je ne pourrais accepter de perdre mon protecteur, celui que je considérais comme ma famille. Il était tout à mes yeux alors imaginer qu’il puisse mourir me mit dans un état de panique que je ne pus contrôler. Tremblante et frissonnante, je trouvais alors refuge dans les bras de mon protecteur. Bucky se rapprocha et déposa un baiser sur mon front qui stoppa instantanément tous tremblements. Je fermais les yeux pour savourer et absorber tout l’attachement que James… Bucky voulait me faire passer. Même si je ne sentais pas le contact de ses lèvres sur ma peau, je comprenais toute la symbolique de ce geste. Nous n’avions jusqu’à ce soir, jamais vraiment eu de contact l’un envers l’autre - question de principe chez hydra… Mais maintenant, dans son appartement, je me sentais plus libre que je ne l’avais jamais été… Et ce fut à cet instant, ce moment où je réalisais que je pourrais peut-être être libre à ses côtés qu’il me fis une nouvelle promesse, celle de ne pas mourir, celle de ne pas m’abandonner.

A ses mots, un léger sourire de soulagement se forma sur mes lèvres mais je restais silencieuse, il n’y avait nul besoin de paroles pour profiter de l’instant. Et puis nous reprirent nos places puisque la conversation changea radicalement de sujet pour parler “boulot”... où plutôt la mission pour laquelle j’avais intégré le groupe dont Charlie était le chef. Lui expliquant la mission, les risques et qui était Charlie. J’en avais finalement conclu que le décrire physique ne servait à rien… Il aurait fallu que Bucky le voit directement, qu’il comprenne l’homme qu’il est et le tortionnaire qu’il peut être avec moi. Je mis aussitôt en garde mon ami afin qu’il comprenne de ne surtout pas se rendre au repaire que j’avais énoncé comme étant dans le Bronx. Je n’avais nullement précisé de quel genre d’endroit il s’agissait, sachant pertinnement que Barnes saurait tirer parti de toute autre information et surtout qu’il pourrait tout à faire s’y rendre, pour y voir Charlie ou même pour me protéger. Finalement, nous avions toujours cette relation de protection mutuelle et je cherissais cela plus que tout autre chose dans le monde.

Alors que Bucky se plongeait dans son canapé, je me retournais légèrement pour le suivre des yeux et l’écouter dans la suite de ses pensées. Il était soucieux certes mais je voulais changer de sujet et je voulais profiter de nos retrouvailles. Bien qu’il me demanda une dernière information ou plutôt un dernier service, je pinçais les lèvres légèrement en lui répondant :

“Oui je ferais cela. C’est important que tu ne le laisses pas s’approcher de tes amis car il ne reculeras devant rien pour arriver à ses fins…”

Et puis finalement Bucky me proposa de rester au moins pour la nuit. J’appréhendait un peu à l’idée de rester ici parce que j’aurais très bien pu le mettre en danger mais dans le même temps, je me sentais si bien à ses côtés que j’avais l’envie de prolonger cette sensation encore quelques heures et pourquoi pas faire une véritable nuit de sommeil sereinement. Retrouvant alors le sourire, je me retournais vers lui avec enthousiasme. Pour une fois, ce soir, j’allais accéder à sa demande et je le ferais avec plaisir.

“D’accord, je reste avec toi pour la nuit mais en contrepartie, nous allons manger le repas que j’avais quand je t’ai retrouvé.”

Dans mon élan, je me levais avec joie et je fis l’aller-retour pour attraper mon sac laissé sur le comptoir de la cuisine. Revenant dans la partie salon de l’appartement, je compris bien rapidement qu’il n’y avait pas de table. Etant tellement prise dans notre conversation et nos retrouvailles, je n’avais même pas réalisé à quel point son appartement était vide de tout meuble.

“Il faudrait quand même que tu songes à meubler cet endroit.”

Un sourire aux lèvres, je reviens sur le canapé pour m’installer en tailleur avant de déposer le sac entre moi et Bucky. J’avais le sentiment de parler bien plus que je ne l’avais jamais fait jusqu’alors. Songeant au fait d’avoir l’avis de Bucky à cette pensée, j’eus un petit en prenant une des boîtes dans le sac :

“Je crois que je n’ai jamais autant parler en une soirée. C’est à ton tour. Raconte-moi ce qu’est ta vie maintenant?”

J’avais envie de sujets plus sympathiques et moins effrayants qu’Hydra ou encore ma potentielle désertion. Je voulais retrouver mon ami, mon confident...

Je me devais de mettre en garde Bucky contre Hydra, ses investigations et ses agents. C’était également pour cela que j’avais pris part au projet Nemesis pour être au courant des dernières informations le concernant et surtout lui venir en aide au besoin. Par chance je l’avais trouvé avant qu’Hydra ne le trouve. Enfin, je le l’avais pas trouvé c’était lui qui m’était tombé dessus pour mon plus grand bonheur. Retrouver Bucky c’était comme retrouver une partie de moi-même, une partie de mon passé qui avait encore un peu de lumière. Pourtant, soldat sombre et torturé, il avait su me faire trouver le sourire et me faire voir un peu de douceur dans le monde de brutes dans lequel nous vivions. Sa perte m’avait tellement touché que le retrouver fut d’autant plus intense et joyeuse.

Il me demandait plus de précisions sur Charlie à l’avenir. J’acquiesçais sans mal car le prévenir de tous les risques était primordiale… Et puis la conversation dévia sur notre soirée à tous les deux et le fait que l’on puisse profiter des retrouvailles tout en étant en sécurité l’un comme l’autre. Son côté protecteur envers moi était toujours à la fois satisfaisant et étrange. Je ne comprenais pas encore facilement comment quelqu’un pouvait prendre soin de moi comme lui le faisait. Il se sentait sans doute coupable de m’avoir laissé là-bas mais je ne lui en tenais absolument pas rigueur et je lui ferais bien comprendre.

L’estomac gargouillant, je proposais alors de manger le repas que j’avais commandé quelques instants plus tôt. Cela serait d’autant plus convivial pour nous deux et notre soirée qui s’annonçait. Je savais que j’avais déjà beaucoup parler en très peu  de temps mais je savais également que nous aurions encore pleins de choses à nous raconter et que ma langue et mes cordes vocales seraient fatiguées tant elles auront fonctionnées.

Revenant à ma place les bras chargés, je ne pus retenir un petit rire lorsqu’il évoqua son manque d’ameublement. Il était vrai que son appartement n’était pas très fourni au niveau des meubles alors je ne tardais pas à faire une remarque là-dessus. Et sa réponse fut sans équivoque mais me provoqua un second rire. Depuis une année il vivait ici et il n’y avait … rien… comme décoration où comme meubles. Personnellement, je vivais dans une chambre de bonne de moins de 15m2 et elle regorgeait de bibelots, breloques en tous genres, et de petits meubles que je pouvais mettre dans cet espace ridiculement petit. Je songeais alors que si j’avais un espace aussi grand que cette pièce uniquement je pourrais faire tellement de choses. Restant songeuse quelques instants en regardant les fenêtres puis les murs blancs pour me faire des idées sur une décoration simple mais harmonieuse que l’endroit pouvait offrir, je soupirais lentement en répondant :

“Misère James… Bucky… Tu n’es pas croyable.”

Le sourire aux lèvres, j’eus un petit regard complice vers lui avant de commencer à manger. Je me permets alors de faire une pause dans mes paroles inédites pour lui demander comment va sa vie désormais. Et je me surpris même à songer que Bucky non plus n’était pas un grand bavard à l’origine et il parlait avec bien plus de facilités. Sa réponse me touche d’autant plus qu’il se sent désormais libre. Un sentiment auquel j’aspire de plus en plus. Je le regarde alors avec douceur lorsqu’il évoque le Wakanda et sa liberté retrouvée. Mes yeux se teintent de tristesse lorsqu’il parle ensuite de la guerre. Je savais - via Hydra - qu’il avait été aux côtés des Avengers dans la seconde guerre contre Thanos après les années sombres. Guerre qu’ils ont remportés d’ailleurs. Et puis le retour à la vie normale. Je dois avouer que sur ce dernier point, la tristesse se voit d’autant plus dans mon regard du fait que pour moi, le retour à la vie normale, la vie d’avant, après toutes ces années d’absences… Cela ne m’avait pas manqué, j’ai même, durant longtemps, regretté d’être revenue. Alors qu’il faisait une pause, je m’offris également quelques bouchées en silence pour intégrer toutes les informations qu’il m’avait donné. J’aurais pu répondre mais je n’avais rien à redire et il reprit également la parole avant qu’un son ne sorte de ma bouche.

Il était désormais un Avenger. Un élan de fierté s’immisça en moi alors que je relevais les yeux en souriant. J’étais fière de ce qu’il était devenu, il était plus fort, plus libre et plus héroïque. Il était l’homme qu’il aurait toujours dû être et cela me rendait fière de lui et de le compter parmi mes proches. Il avait une vie, des amis, une “famille” avec les Avengers et cela me rendait heureuse de le savoir plus apaisé et épanoui qu’avant.

“Je suis tellement heureuse pour toi si tu savais. Heureuse que tu aies la vie que tu mérites.”

Je repris une bouchée de nouilles sautées avant de rajouter :

“Mais il te manque une petite sœur à tout cela.”

Un fin sourire sur mes lèvres et un regard complice alors que je faisais clairement allusion à ma personne et à notre relation. L’allusion également que j’étais prête à faire partie de sa vie actuelle et que je souhaitais, tout comme lui, plus de liberté.

Nous avons alors pris le temps de réapprendre à nous connaître. Les sujets tous plus sympathiques et drôles les uns que les autres. Il me parlait de Steve et de Sam, je lui parlais de Jack et de mes connaissances depuis la mise en place de mon travail de couverture. J’avais retrouvé mon sauveur, mon protecteur, mon frère de cœur, mon meilleur ami… Ensemble nous avons ri, nous avons discuté et j’ai terminé la soirée à dormir sur son canapé.