C'est comme être prisonnier d'un brouillard. Un brouillard épais. Dense. Sombre. C'est comme être plongé au fond d'un abîme si profond qu'aucune lumière ne peut percer sa muraille. Il étouffe, il suffoque, il tremble. Il va se noyer, ou essaye-t-on de l'étouffer ? Il a l'impression que son corps tout entier est enchevêtré dans une camisole de léthargie profonde. Les lianes d'un cauchemar bien trop réel l'enserrent jusqu'à rompre les derniers remparts érigés entre ses souvenirs et sa conscience et, il voit, encore et toujours, les mêmes visages qui se dessinent dans le brouillard : des hommes, des femmes, des enfants, le suppliant, l'implorant, gémissant à genoux, dans une mare de leur propre sang parfois, défigurés ou blessés, presque mort, parfois bien trop mutilés pour pouvoir bouger. Il les entend. Il les voit, il les sent. Il pourrait presque les toucher en tendant la main... Non ! Non ! Je suis désolé ! Non ! Il hurle, mais personne ne l'entend. Il hurle à en perdre la voix. Mais seulement dans sa tête.
« Non ! »
En sursaut, il avait bondi de son lit en se redressant dans un cri d'horreur, dégainant la paume de sa main robotique devant lui comme prêt à se défendre. Mais le vide lui faisait face. Le vide. Voilà ce qu'il était. Rien de plus.
—————————————
La journée avait été longue. Trop longue. Ses paupières étaient si lourdes qu'il avait dû se battre pour rester éveillé, alors que l'insomnie était venue le visiter juste après son cauchemar. Incapable de se rendormir, il avait fait les cent pas dans sa chambre, essayant vainement de lire un bouquin trop longtemps abandonné sur sa table de chevet — sans succès, avant que l'aube ne se lève enfin. Le soleil avait grimpé dans le ciel, illuminant le monde de ses rayons brûlants, mais le Soldat de l'Hiver avait longuement erré dans le QG des Avengers, incapable de s'endormir mais étant bien trop épuisé pour être d'une quelconque utilité. Le traitement qu'il prenait pour apaiser ses cauchemars n'était, finalement, d'aucun effet sur son esprit tourmenté, dont les sévices étaient si profondément ancrés qu'on ne pouvait les masquer. Et puisque les médicaments étaient stériles, Bucky avait décidé de se tourner vers celle qui l'avait déjà aidé quelques fois : Mantis. La gardienne était véritablement la seule personne capable d'apaiser les tourbillons tortueux de ses pensées, même si, chaque fois qu'elle remettait de l'ordre dans son esprit, la culpabilité revenait comme une tornade dévastatrice. Il n’avait plus la force de les affronter seul, c’est peut-être pourquoi, cette fois, il avait décidé de demander à quelqu’un de venir avec lui, comme un ultime lien avec la réalité. Mais qui pouvait l'accompagner dans le périple de son propre esprit, sans le juger pour ses méfaits ? De toute évidence, une seule personne s'était imposée comme réponse. Gabriela.
Debout face à la porte close de son appartement situé au cinquième étage d'un vieil immeuble du Bronx, Bucky faisait les cent pas. Le plancher n'avait de cesse de craquer sous son poids, tandis qu'il se questionnait silencieusement sur la formulation à adopter pour poser sa demande : veux-tu m'accompagner chez une demoiselle avec des antennes pour qu'elle apaise mon esprit d'ancien assassin ? ne semblait pas être la tournure idéale, mais comme il était bien trop fatigué pour réfléchir davantage, il s'était enfin décidé à toquer trois coups contre la porte. Jetant un oeil rapide à la montre accrochée à son bras droit, il vit qu'il était presque 22h déjà... Est-ce qu'elle allait lui ouvrir ? Il n'en était plus tout à fait sûr...
THE FALCON & THE WINTER SOLDIER ✯ « they made you into a weapon and told you to find peace, but you can't because this is who you are, a product of war. chains are broken but are you truly free ? »
I will follow you way down wherever you may go I'll follow you way down to your deepest low I'll always be around wherever life takes you You know I'll follow you
Je rentre d’une garde de 24h et à peine le pas de la porte passée, je suis sur le point de m’écrouler de fatigue. Je prends le courage quand même de retirer l’uniforme, nourrir les deux monstres qui sont en train de quémander comme des pauvres malheureux et passer un pyjama, fais trois pas de plus, et je m’étale de tout mon long dans le canapé. Mon téléphone tombe au sol. J’ai envie de le reprendre pour envoyer un message mais je n’ai pas le courage. Sous ma main, je sens le pelage sombre de la petite Luna. Sol lui, ce gros rouquin angora lui fait bronzette sur le bord de la fenêtre. En quelques instant, je rejoins le pays des rêves sans même avoir pris la peine de mettre un plaid sur moi ou une alarme. Je m’écroule…
6 mai vers 20h Same place
J’émerge difficilement. Je tourne la tête, et je me rends compte que le soleil n’est plus à la fenêtre. Mes deux chats sont venus se coller contre moi. Les p’tits monstres … je me retourne doucement, faisant en sorte de ne pas réveiller les terreurs. D’un geste, j’attrape mon téléphone. Un long soupir m’échappe … -Mier … zut…
20h déjà … quelle andouille. Et maintenant ? Pffff, je suis parfaitement réveillée, je suis en pyjama, j’ai pas envie de sortir … Dans un nouveau soupir, je pars à la salle de bain et en ressortant, je passe un short un t-shirt au blason de ma maison, Hufflepuff. Au bout d’une petite heure, je finis par rejoindre mes chats dans le canapé avec un bol de popcorn. Et en avant pour une soirée film d’horreur …
J’ai les yeux littéralement rivés à l’écran, mangeant à la suite ce qu’il se trouvait dans mon bol. Luna est sur mes jambes aussi concentrée que moi sur l’écran, Sol allongé sur le dossier derrière mon cou se servant de mes cheveux comme d’une couverture. L'une de mes mains passe sur le pelage de ma panthère noire, l’autre sert à me nourrir de pop-corn. Le film d’horreur est palpitant. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie de regarder ça. On m’en a parlé de ce film … depuis longtemps et je suis captivée. L’histoire de fantômes qui attaquent des gens pour demander vengeance. Je suis complètement prise par l’histoire, par la manière dont c’est filmé. Dans l’appartement, il fait sombre, juste une veilleuse un peu plus loin et la télévision. Sol dort, Luna elle est aussi tendue que moi. Le fantôme va l’avoir, celui qui a trahi tous les siens, on voit ce moment arriver.
KNOCK KNOCK KNOCK
-AAAAAAAaaaaah !!
Tout s'enchaîne en quelques instants. Je crie, surprise, par le fait que ce film ait décidé d’avoir un jump scare et sursaute si violemment que Luna bondit de mes genoux en me griffant au passage allègrement et miaulant aussi fort que moi. Sol lui aussi dérangé à sauter sur la bibliothèque, renversant un certains nombres d’objets plus ou moins contendant. Ma main sur la télécommande se crispe, le volume monte d’un coup alors que hurlements et bruits d’attaques se font entendre de l’écran. Et la fin de cette scène surréaliste se termine lorsque je tombe du canapé sur le côté en fracas, le bol de pop-corn s’étant répandu tout autour de moi. Mon coeur galope dans ma poitrine. Je restes dans cette position tout sauf normale pendant un instant avant de cliquer sur le bouton pause et le silence se fait dans l’appartement … Et j’explose de rire, seule au milieu de mon salon me disant que ça aurait mérité d'être filmé. Mais … c’était dans le film le “knock knock knock” ?
Si la porte lui était restée close, un hurlement déchirant avait finalement répondu à ses cognements : était-ce la bande son d'un mauvais film d'horreur qui venait de provoquer tout ce carnage ? Ou est-ce que quelqu'un venait réellement de hurler dans l'appartement de son amie ? Penchant davantage pour la première réponse, Bucky avait premièrement froncé ses sourcils tout en approchant son oreille du bois de la porte, essayant d'entendre ce qu'il se passait à l'intérieur, en vain. Le silence était retombé, comme si rien ne venait de se produire. Courbant de nouveau les doigts de sa main droite afin de toquer quelques coups contre la porte, il avait instinctivement baissé le regard tout en inclinant légèrement son visage vers l'avant, étant davantage attentif au moindre bruit dans son environnement.
« Est-ce que ç... »
Interrompu dans son élan par le grincement d'une porte en train de s'ouvrir, Bucky s'était retourné sur lui-même sur le palier grinçant pour faire face à une dame âgée en robe de chambre rose, bigoudis dans les cheveux et rouleau à pâtisserie en mains... Est-ce qu'elle voulait le frapper avec ?! Quoiqu'amusé de la situation, il avait relevé ses deux mains gantées en signe d'apaisement, lui accordant l'ébauche d'un sourire fin, qui essayait de contenir tant bien que mal le rire joueur qui voulait franchir ses lèvres.
« Vous venez embêter la jeune fille ?! »
Lui avait-elle demandé d'une voix tremblante, ses doigts fripés se resserrant autour du rouleau à pâtisserie de même sorte que s'il s'agissait d'une arme redoutable dont elle pourrait user pour se défendre face à la montagne de muscles qu'il était. Trouvant la situation tout à fait cocasse, l'ancien soldat n'avait pu s'empêcher d'émettre enfin un léger rire déconcerté, si bien qu'il avait brièvement passé ses mains sur son visage blafard avant de reprendre la parole, ayant bien du mal à réaliser qu'il était en train de justifier sa présence auprès d'une vieille dame armée d'un ustensile de cuisine.
« Non, pas du tout ! Je suis un ami, je suis lui rends visite, rien de plus. »
Toquant alors des coups plus francs contre la porte de Garbriela à l'aide de sa main robotique —bien que ce détail était fort heureusement caché par le gant noir qu'il portait, Bucky avait adressé un nouveau sourire à la voisine de palier, plus crispé cette fois-ci. Manquant cruellement de patience ce soir, et redoutant encore plus les réactions de la dame qu'il ne quittait pas des yeux, il avait parlé d'une voix forte sur le palier, pour être sûr que la jeune pompière l'entende :
« Gabriela, tu peux venir s'il te plaît ? Ta voisine veut m'assommer avec son rouleau ! »
Est-ce qu'il venait vraiment de dire ça ? C'était tout bonnement incroyable...
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Alors que j’explose de rire, Sol qui a sauté plein loin lui, s’est approché de la porte, son regard allant de la porte à moi. Tiens… -Sol ?
Il me fixe puis reste face à la porte, comme s'il attendait quelque chose. A quoi joue ce plumeau roux ? Il veut me dire quelque chose ? Je me redresse doucement, me retrouvant plus ou moins en tailleur sur tapis face à mon canapé. Le silence est assez pesant presque à cet instant. J'ai l'impression d'entendre quelqu'un et presque aussitôt Sol se mets à miauler face à la porte, comme s'il répondait… mais qui est derrière la porte. Je passe sur les genoux et j'avance à 4 pattes jusqu'à la porte, Luna sur mes talons qui saute sur le meuble d'entrée lorsque j'arrive face à la paroi de bois. Quelqu'un a vraiment toqué alors ? J'avais pas rêvé ? Je mets mon oreille contre la paroi, entendant du bruit. Sol lui est tout fou, semblant vouloir passer les pattes sous la porte. Mais qu'est ce qui se passait ? « Vous venez embêter la jeune fille ?! »
Màma-Rosa ?? Je reconnaîtrais la voix de cette adorable grand-mère entre mille. A qui elle parlait en fait ? Et la jeune fille… elle parlait de moi ? Je me relève et zieute du coin de l'oeil ce que j'ai sous la main. J'entends faiblement en réponses un rire... Je le connais, sa voix… « Non, pas du tout ! Je suis un ami, je suis lui rends visite, rien de plus.
Bucky ?!? Mon cerveau bugue, entre la joie immédiate et la surprise. Je dois rêver mais pourtant je suis presque sûre de moi. Sol lui réponds encore une fois par des miaulements suppliants et commence à sauter, toutes griffes dehors. Je me retourne vers le meuble, cherchant les clefs dessus alors que j'entends à nouveau les "knock knock knock". -Ah mais Luna.. - J'arrive ! - Oui Te amo mi gato mais pousse toi !
Je continue a cherchant, Luna elle en panthère souple à sauter sur l'étagère du dessous, Sol lui saute maintenant sur la poignée. Nan mais c'est une conspiration entre les deux pour me rendre chèvre… Ah mais où sont ses fichues clefs !
« Gabriela, tu peux venir s'il te plaît ? Ta voisine veut m'assommer avec son rouleau ! »
Je bloque à ses mots, manquant de rire. Je réussis à la dernière minute à me retenir en plaquant une de mes mains sur la bouche et continue de chercher dans les vide-poches et autres boites où sont mes clefs. Màma-Rosa … je la pensais capable de tout mais je n'aurais pas pensé un jours qu'elle oserait sortir de chez elle avec un rouleau pour me protéger. Sol saute à nouveau sur la poignée et d'un coup la porte s'ouvre … Et ce monstre s'élance pour tenter daller se balader. Ah non ! Je me jette littéralement sur lui, tombant à genoux par la faible ouverture de la porte et rattrapant le fugitif du bout des doigts. -Gotcha !
Le rouquin râle un instant, et alors je le ramène dans mes bras, le fauve me regarde d'un air boudeur puis miaule en direction des deux autres. Et je relèves la tête. Je sais pas qui a la meilleure tête : Màma-Rosa dans son peignoir prête à attaquer Bucky ou moi à genoux au sol avec de belles griffures bien rouge, presque sanguinolente le long des cuisses, en short, t-shirt d'apprentie sorcière, cheveux en bataille après ma chute et tenant un chat angora roux résigné contre moi. Le tableau est magique. Si je reste encore silencieuse un instant, je me relève aussi face au deux, tenant fermement le petit voyou contre moi : -Màma-Rosa ! Tout va bien, j'ai eu peur devant mon film et la télécommande m'a échappé, je suis désolé si je t'ai inquiétée et …
Je tourne la tête vers mon ami et lui offre un sourire que je voulais rassurant, autant que possible :
-C'est bien un de mes amis, et jamais il ne me ferait du mal. Encore pardon Màma-Rosa. Je vais bien, retourne te reposer.
Je viens lui faire un demi câlin d'une main en tenant encore le monstre contre moi de l'autre, la rassurant encore et une fois qu'elle est rentrée en me faisant promettre de soigner les griffures du chat. Pendant ce temps-là, par la porte ouverte, une silhouette féline noire et assez fine est là, assise sur ses pattes arrière observant silencieusement de ses yeux bleus les gens, la tête penchée. Si Sol aime me tester, Luna est bien plus curieuse et attend toute sage sans franchir le seuil que nous décidions ensemble de bouger. Une fois la porte de la grand-mère fermée, je me tourne vers Bucky et explose de rire, éclat que j’arrive difficilement à contenir entre la scène et les émotions de la surprise d’avant qui retombent en même temps. .
-Excuse-moi … Màma-Rosa est adorable et est un peu trop protectrice. Mais elle ne t'aurait rien fait hein. Je m’attendais pa… mais je t’en prie, entre ! je lui dis, en lui faisant signe de passer devant dans cet appartement ... où il venait de se passer une catastrophe. Oups...
Les évènement s'étaient enchaînés si rapidement qu'il avait eu du mal à se refaire le fil ; et pour cause, il était tant épuisé que ses sens d'ordinaire aiguisés étaient à présent en sommeil, lui donnant même quelques vertiges inconfortables. Ne quittant pas des yeux la dame âgée qui était armée, il n'avait eu de cesse de lui envoyer des sourires qui se voulaient rassurants, mais qui n'avaient pourtant pas eu l'effet escompté ; sans adoucir l'expression méfiante de son visage, la voisine le toisait d'un oeil mauvais, menaçant et ombrageux, affichant ouvertement toute la défiance qu'il lui inspirait alors ; est-ce qu'il donnait réellement l'impression d'être l'homme peu scrupuleux qu'elle entrevoyait ? Il n'avait rien dit et rien fait, c'était incompréhensible. Désireux de prouver sa bonne foi, il avait décidé de lui adresser quelques mots d'une voix calme et posée, espérant qu'elle daigne l'entendre, mais c'était mal la connaître...
« Je vous assure que je... — Taisez-vous !»
Mimant un simple "ok" du bout des lèvres, il avait haussé ses sourcils tout en reculant d'un pas afin d'appuyer son épaule contre le mur encadrant la porte encore close, à laquelle il lançait des regards vivement impatients. Décidément, il n'y avait pas besoin de chien-de-garde par ici, cette mamie en robe de chambre rose et aux bigoudis enroulés dans ses cheveux blancs faisait le travail à merveille ! Croisant ses bras musclés contre son torse, il avait planté ses dents blanches dans le coeur de sa lèvre inférieure, n'osant plus rien dire jusqu'à ce que la porte de l'appartement s'ouvre enfin. Et peut-être que, pour la première fois depuis leur rencontre, la vieille dame et Bucky partagent la même expression d'incompréhension ; tous deux regardent la jeune femme, à genoux dans l'embrasure de la porte, faisant barrage pour retenir un petit félin à quatre pattes qui tentait de s'enfuir. Les sourcils légèrement froncés, Bucky s'était tenu à bonne distance lorsque son amie avait raisonné la vieille dame, qui le toisait toujours d'un oeil suspicieux malgré les paroles de la brune, qui déambulait dans le couloir en pyjama... De toute évidence, elle n'était pas franchement disposée à sortir de son appartement ce soir et ce n'était pas très étonnant, car il aurait été plus judicieux de la prévenir avant.
Mais au moins, la situation semble la faire rire et sa réaction légère détend le jeune homme, qui lui lance un sourire amusé avant de rentrer à l'intérieur de son appartement, comme elle l'avait invité à faire. Jetant une oeillade attendrie aux deux boules de poils qui le regardaient d'un air curieux, Bucky avait glissé ses mains dans ses poches en se disant qu'elle refuserait probablement sa demande, mais puisqu'il était maintenant en face d'elle et qu'il avait vaincu la menace du rouleau à pâtisserie de sa voisine, autant aller jusqu'au bout.
« Euh oui, je sais, j'aurais dû te prévenir mais ça s'est décidé à la dernière minute alors... Je vais aller voir une amie. Quelqu'un qui, disons, est plutôt douée avec ce qui se passe là-dedans... »
Tapotant brièvement sa tempe à l'index de son index ganté, il avait machinalement fait quelques pas dans l'appartement, sans véritablement remarqué le désordre. De toute façon, c'était suffisamment le bordel dans sa tête pour qu'il ne se rende pas compte du reste. Haussant vaguement ses épaules, il avait repris la parole, comme hésitant :
« Et je me disais que tu serais peut-être d'accord pour m'accompagner ? »
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Après avoir continué à faire des yeux noirs à Bucky malgré mes mots, et finir par fermer sa porte, on se retrouve enfin seulement Bucky et moi sur le palier… “Mrrreooow”
Ah oui, et toi Sol et ton miaulement si … Avec tout ça, j’explose de rire face à Bucky et je lui arrache visiblement un sourire, contagieux d’ailleurs car le mien revient de plus belle alors je le suis dans l’appartement et refermes la porte derrière nous pour enfin poser le fauve roux sur le sol. Aaah tu m’auras tout fait toi …. Je lui laisse prendre le temps à mon ami d’observer l’environnement … atypique. Entre le canapé en désordre, le popcorn répandu sur le sol et les divers objets que les chats ont fait tomber, je constate moi même que le champ de bataille est plus grand que je ne le pensais. Même si j’aurais préféré le recevoir dans un meilleur ...moment. Mais au moins je le laisse se mettre à l’aise. Et Luna est plus intriguée que Sol par ce nouvel invité. Elle s’approche et vient renifler ses chaussures. Moi, je regarde mon ami, qui a l’air mal à l’aise. Mes sourcils se froncent légèrement alors que je garde mon regard sur lui, et lorsqu’il parle, je suis d’autant plus attentive. Lorsqu’il finit, je suis toujours devant lui, et ma bouche s’étira en un sourire bienveillant. -Bien sûr ! Bucky …
Je m’avance et sentant qu’il est malgré tout … tendu, je me contente de poser ma main sur son bras, en faisant attention à ne pas me tromper. Je continues à l’observer dans les yeux : -Cela me touche que tu sois venu me trouver, vraiment. Et on peut y aller tout de suite si tu veux... “Meoooow”
Je baisse les yeux vers Luna, dont le ronronnement est bien plus doux, relâchant le bras de mon ami au passage et en le faisant, je me rends compte que :
-Ah oui… dis-je en ayant d’un coup une tête gênée presque riante. Euh, je doute que ton amie soit ravie de me voir débarquer en presque-pyjama. Laisse-moi le temps de me changer, quelques minutes et on peut y aller, ça te va ? Promis, je prendrais pas de temps.
Puis je pars aussitôt vers la chambre, courant presque et manquant de glisser sur le tapis et je lance, avant de disparaître à l’intérieur : -Luna, Sol, ne lui faites pas de misères en attendant !
Une fois à l’intérieur, j’envoie valser les affaires et, après avoir passer un petit mouchoir sur les griffures, je passe un jean sombre en grimaçant, des sous-vêtements simples, un tshirt blanc, et au dessus de tout cela, je passe un sweat sur mes épaules, vu l’heure, ça allait servir.
Je réapparais, repoussant mes cheveux en arrière.
-Voilà, juste à retrouver mes clefs et je suis prête à t’accompagner, lui dis-je avec un grand sourire confiant.
Dire qu’il y a quelques heures, je ne voulais qu’une chose : retrouver mon lit. Et maintenant, au contraire, je ne désire qu’une chose, l’aider et je le ferais. Mais alors que je réfléchissais à où pouvait se trouver ses fameuses clefs, une autre idée me germait à l’esprit. Il fallait que je retrouve également cette deuxième chose avant de partir, cela allait être le bon moment.
Débarrassé de la menace quelque peu risible de la vieille dame dans son peignoir rose, Bucky semblait s'être mystérieusement crispé, comme si la raison de sa venue lui était revenue en pleine figure. Évidement, il n'échappait jamais très longtemps aux dolents souvenirs de son esprit tortueux, même en fournissant tous les efforts du monde pour s'y soustraire. Enfonçant un peu plus ses deux mains dans les poches de sa veste, il avait jeté des regards curieux aux deux chats qui exprimaient vivement leur curiosité, et qui déambulaient autour de lui en semblant se demander ce que cet intrus faisait ici ; au moins, ils n'avaient pas essayé de le mordre, c'était déjà ça. Tandis que l'un des deux chats de la demoiselle reniflait ses chaussures, le brun avait révélé la proposition inattendue qu'il était venu lui faire : l'accompagner voir Mantis. Les deux jeunes femmes lui apparaissaient véritablement semblables, douées d'un cœur pur et d'un esprit bienveillant, et nul doute qu'elles étaient faîtes pour s'entendre à merveille.
L'ébauche d'un sourire traversant sa bouche encadrée par une fine barbe, son rictus avait cependant tressailli lorsqu'elle avait posé une main amicale sur son bras humain ; geste dérisoire, presque anodin, mais pas pour lui. Pas lorsque son cerveau fourmillait d'idées douloureuses et d'images barbares, où le moindre contact était le vestige d'un supplice inoublié. Sachant pertinemment qu'il s'agissait d'un élan d'amitié tout à fait noble, il avait dégluti difficilement tout en hochant son visage de haut en bas, essayant tant bien que mal de dissimuler le trouble nerveux qui était le sien pour ne pas la blesser. Fort heureusement pour lui, le contact ne dure que quelques secondes car, très vite, un miaulement suave résonne entre leurs deux corps, attirant irrémédiablement leur attention vers la source de ce bruit... Est-ce que le chat avait compris ? Arquant l'un de ses sourcils avec curiosité, il avait observé le petit félin jusqu'à ce que son ami disparaisse, ne l'ayant même pas vu s'éloigner. Relevant alors le menton, il avait appliqué une main presque tremblante sur sa casquette, l'enfonçant un peu plus sur sa tignasse noire.
« Euh... Oui, bien sûr. Aucun problème ! Prends le temps qu'il te faut. »
Déjà qu'il venait l'importuner à une heure tardive, il n'allait pas non plus la presser. Songeant qu'elle ne lui dirait rien s'il s'installait sur le canapé, il y avait pris place en étant rapidement rejoint par l'un des deux chats qui, tout en miaulant avec douceur, se frottait contre sa jambe. Hésitant quelques secondes, il avait finalement tendu sa main humaine vers la petite boule de poils, flattant le sommet de son crâne de quelques caresses en souriant sans même s'en rendre compte... Il comprenait un peu mieux pourquoi Gabriela s'adressait à eux comme à des enfants.
L'entendant revenir dans le salon, Bucky s'était redressé tout en offrant une dernière caresse au chat qu'il avait presque envie d'emmener avec lui. Est-ce qu'il pouvait avoir un chat au QG des Avengers ? Il faudrait qu'il pose sérieusement la question un de ces jours.
« On y va ? »
Avait-il demandé en glissant machinalement l'une de ses mains dans la poche arrière de son jean, récupérant ainsi les clefs de sa moto garée en bas de l'immeuble.
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Alors que je m’habillais, je réfléchis, à la fois à quoi prendre mais également à l’état de mon ami. J’ai senti, malgré son léger sourire, sa réaction lorsque ma main s’est posée sur son bras. Bucky a beau ne pas être aussi tactile que moi, cela me semble étrange mais surtout, cela m’inquiète. Assez vite, je lâche son bras, lui rendant un sourire que je veux rassurant, compréhensif. Par moment, je dois clairement retenir mes envies avec lui. De le voir aussi mal, j’ai plus envie de le prendre dans mes bras pour lui faire un câlin mais je me retiens, ce n’est clairement pas ce dont il a besoin à l’instant. Aussi j’ai disparu pour me changer et je réfléchis. Il m’a parlé plus d’une fois de ses insomnies et son état n’a pas échappé à mon observation d'ancienne interne, ni ses cernes. Il n’est pas fatigué, il est épuisé
Je fais au plus vite, et au plus simple. Rapide, fonctionnel, efficace. Je réapparais devant lui, et j’arbore un sourire tendre de le voir ainsi avec mes petits monstres. Ils l’aiment bien visiblement en plus. J’aimerais bien aimer profiter un peu plus avec eux et lui ici mais nous sommes attendus. Sa question me ramène à la réalité et aussitôt je hoche la tête :
-Juste un instant
Je me retourne rapidement, mes cheveux volant presque dans le mouvement, fourre mes mains dans mes poches et vérifie mon escarcelle à ma ceinture. Portable dans la poche interne de ma veste check, portefeuille dans mon escarcelle check, quelques conneries type briquet, écouteurs, etc check. Je fouille dans mon vide-poche sur le meuble d’entrée. Clefs gotcha ! Je les ranges dans une autre poche de ma veste, puis je vois enfin un petit objet, une petite boite noir que je planque d’un coup dans une autre poche intérieure d’un geste rapide, que j’espère un poil discret, assez pour qu’il ne l’ai pas vu. Ce serait bête qu’il grille la surprise trop tôt. Je repousse encore une fois mes cheveux en arrière, réajuste ma veste avant de faire demi-tour, souriant à mon ami : -C’est bon, on peut décoller, j’suis prête à te suivre vers l’infini et au-delà ! dis-je avec un petit rire.
A tous les coups, il ne va pas connaitre la référence, mais tant pis. Il va vraiment falloir qu’on se fasse une soirée ciné pour arranger sa culture sur ce point. Bref, j’ouvre la porte, lui laissant la possibilité de passer et une fois que nous sommes tous les deux dehors, je referme la porte sans avoir la moindre idée de ce qu’il m’attends ce soir. Mais je ne lui demande pas, je lui fais confiance et je le suivrais les yeux fermés.
Voyant qu'elle s'activait à vive allure pour être enfin prête à l'accompagner dans son périple de sommeil périlleux, donnant l'impression d'être une tornade de mouvements impatients, Bucky n'avait pu s'empêcher de vouloir freiner ses élans pressés, ne voulant pas lui inspirer des sentiments aussi négatifs alors qu'elle faisait preuve d'une bienveillance sans égale à son égard. Il fallait l'admettre, elle était déjà bien assez gentille de l'accompagner alors qu'il ne l'avait pas prévenue et qu'il avait débarqué chez elle en pleine soirée, ce n'était sûrement pas tout le monde qui aurait réagi de la même façon. C'est pourquoi, alors qu'il se tenait près d'elle mais qu'il était penché pour gratter tendrement le crâne de l'un de ses chats, il lui avait dit, d'une voix qui se devait rassurante :
« Eh, calme toi... Je ne suis pas pressé à ce point. »
Mais en quelques secondes à peine, la jeune femme avait décrété qu'elle était enfin prête à quitter son appartement, ce qu'ils firent tous deux après que Bucky ait déposé une dernière caresse sur le long corps du félin qui miaulait après lui. Si Bucky n'avait pas relevé la phrase enjouée, au moins il connaissait la réplique : c'était assurément celle d'un film très populaire, et il était presque persuadé qu'il s'agissait d'un dessin animé pour enfants. Indéniablement, il faisait des progrès en matière de culture propre à son époque, même s'il restait encore très attaché aux vieux films désormais presque introuvables.
S'empressant de descendre les escaliers en tenant ses mains gantées dans les poches de sa veste, il était sorti de l'immeuble silencieux pour rejoindre le trottoir presque désert, mais sur lequel sa moto noire flamboyante l'attendait. Bien que l'endroit semblait quelque peu malfamé, il était dans un tel état de fatigue qu'il n'avait même pas songé à se méfier du lieu où il avait abandonné son engin : par chance, personne ne s'en était approché, et elle était sagement immobilisée entre deux voitures en piteux état. Sortant deux casques de la boite de moto située à l'arrière de celle-ci, il en avait tendu un à sa complice d'un soir avant de prendre place sur sa bécane, enfilant alors à son tour son casque sombre. Attendant patiemment qu'elle prenne place derrière lui, il avait songé qu'il était peut-être préférable de l'informer sur le vaisseau qu'elle allait découvrir... Ou plutôt, sur leur hôte qui portait deux très belles antennes sur son front... Pensant qu'il était trop tard pour ces "détails", Bucky lui avait adressé un dernier sourire dans un hochement de sourcil avant d'abaisser sa visière, démarrant sa moto puissante pour rejoindre la route principale. Il fallait espérer qu'elle soit bien accrochée, il maîtrisait parfaitement son engin pour ne jamais avoir eu d'accident mais la conduite prudente n'était pas réellement dans ses habitudes...
THE FALCON & THE WINTER SOLDIER ✯ « they made you into a weapon and told you to find peace, but you can't because this is who you are, a product of war. chains are broken but are you truly free ? »
I will follow you way down wherever you may go I'll follow you way down to your deepest low I'll always be around wherever life takes you You know I'll follow you
Comme d’ordinaire, je cours partout. Les gars à la caserne me taquinent souvent sur cela, me disant que je suis un humaine constituée à 95% de caféine, une pile électrique. Je bois certes beaucoup de ce breuvage divin mais même sans cela, je débordais assez régulièrement d’énergie. Parfois, ils m’embêtent même en m’interdisant de prendre du café et ça finit en fausse dispute et éclats de rire. Il est pas né celui qui l’empêchera de boire MON café … Mauvaise habitude surement, pourtant, je suis en train de me préparer aussi vite que possible. Je manque une fois à l’allée de glisser sur mon tapis et une nouvelle fois une retour. Il faut vraiment que je trouve un moyen de le “faire” tenir un peu plus.
J’entends Bucky me dire qu’il n’est pas si pressé. A-t-il peur que je finisse par me rompre le cou ? Mais il dit cela un peu trop tard, car le cadeau caché dans ma veste, je suis fin prête. Et je peux le voir quelques instants avec mes petits monstres. Il ne réagit cependant même pas à ma petite blague. Je l’observe, perdant quelque peu en intensité mon sourire. Est-ce parce qu’il ne connaît pas le film ou qu’il ne va vraiment pas bien. Je le suis dans les escaliers, soucieuse. Mon regard revient régulièrement à son visage, à ses yeux mais lui, les mains dans les poches semblent ailleurs. Il m’inquiète et cela se lit mon propre visage. Je ne sais pas qui nous allons voir mais je prie en silence qu’elle puisse l’aider car de le voir comme ça me peine terriblement. Lorsque nous sommes face à sa magnifique moto que je ne peux m’empêcher d’admirer un instant, je lui lance, sur un ton très sérieux : -Tu es en état de piloter ? Tu ne préfères pas me donner les rênes ?
Bon, je comprendrais qu’il n’accepte pas. Il est dur de laisser les gens chevaucher nos destriers. J’ai un regard en arrière pour la mienne, garée un peu plus à l’abri. J’enfile le casque, visière baissée et prends place derrière lui, me demandant comme m’accrocher sur sa bécane, hésitant très sincèrement à me tenir contre ou lui, cherchant des poignées ailleurs. Mais alors qu’il se retourne vers moi, je vois un sourire sur son visage, sourire qui illumine mon visage. Je lui fais confiance et je lui ais dit que je l’accompagnerais. Alors, après avoir bien observé la moto, je m’installe bien, les pieds bien posés, passe mes bras autour de lui, me mettant au mieux pour ne pas gêner sa conduite, penchée mais capable de suivre ses mouvements. Où je vais ? Aucune idée. Qui je vais rencontrer ? Hmmm Joker ! La seule chose que je sais à cet instant, c’est qu’il a besoin de moi, et que je serais à ses côtés, envers et contre tous.
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![[Terminé] Dans les limbes d'un esprit désoeuvré 0m7m](https://zupimages.net/up/23/48/0m7m.png)
