[Civil] Gladys Greaux - La Chabine

5 février 1946 (0 an) : Naissance de Gladys Greaux, fille de Fabrice Greaux et Marie Greaux (Mondepe de naissance), à Goyave, en Guadeloupe. Elle était le fruit d’une relation hors mariage, durant la guerre, et ce, entre deux amants se connaissant de longues dates. Leur mariage aura lieu peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Fabrice n’est pas déçu d’avoir une fille, mais l’on sentait dans son attitude qu’il aurait voulue un fils.  

12 mai 1953 (7 ans) : Le traumatisme de Fabrice, celui de la Seconde Guerre mondiale, se fait ressentir dans l’éducation de sa fille unique. Se montrant dur envers elle comme si la petite était un soldat de sa division qui devait rapidement apprendre et comprendre la dureté de la vie et de ses dangers. Maintenant que Gladys était en âge de se tenir avec force sur ses jambes, il l’initie à l’art du combat... Lui qui avait ouvert un club de boxe libre, prémices de ce que seront appelés plus tard les Arts Martiaux Mixtes. Elle commença à apprendre à courir chaque matin avec son père en des parcours qu’il avait créé lui-même pour l'occasion, ces derniers adaptés au niveau de sa fille. L'Initiant au mouvement d’étirement, d’articulation, puis au mouvement des différents gestes martiaux de la boxe dans un premier temps.  

3 avril 1958 (12 ans) : Gladys ayant fait de la boxe les fondations de son art, elle entame un apprentissage plus approfondi des différents autres styles martiaux que le club de son père propose, dont le karaté, sous la supervision de son père, déterminer à en faire une combattante aguerrie.
    Par ailleurs, Gladys commençait à avoir à ce moment-là des trous de mémoire inexpliqués. Elle perdait souvent quelques secondes de sa vie. Elle se retrouvait instantanément à des endroits différents sans savoir comment et pourquoi. Dix secondes de trous noirs réguliers. Elle n'osait pas en parler à sa mère et à son père, pensant que c'était sans doute dû à une forme de fatigue. Mais surtout, elle avait peur d'être associée à ceux ayant des personnalités multiples, ce qui pouvait expliquer ces "absences".

28 novembre 1963 (17 ans) : Gladys était désormais une jeune femme et une jeune combattante, maîtrisant boxe et le karaté. Tout cela, même si à l’époque, il n’existait aucune compétition féminine pouvant lui permettre d’exprimer son art. Mais derrière le dos de son père, elle avait commencé depuis quelques mois à affronter des gens dans des combats de rues illégaux surnommés “open multi-disciplines", dû à l’envie de tester ses capacités. Revenant souvent avec des blessures inexpliquées sur lesquelles son père fermait les yeux, notamment parce qu’autre chose travaillait son esprit, comme certaines rumeurs à propos d’être aux capacités surhumaines. Son envie de forger sa fille, pour qu’elle puisse se défendre était le fruit des horreurs qu’il avait vu durant la Seconde Guerre mondiale. Mais l’assassinat du Président Kennedy, associé à des rumeurs de l’existence d’être étrange, c’était un nouveau danger que lui prit au sérieux. Pour autant, ce qui l'avait poussé à renouer avec sa famille en Haïti, c'est le fait d'avoir assisté à la soudaine régénération de Gladys, du moins ça y ressemblait...
     En se blessant, elle entra dans une sort de transe qui fit disparaître sa blessure comme si cette dernière se rembobinait. Gladys ne semblait pas avoir conscience de ce don, ni même se souvenir du fait qu'elle s'était blessée. Ce pouvoir, forçant Fabrice a soudainement emmené sa fille et sa femme en Haïti pour y rencontrer Yvonne Greaux, qui était la grand-mère de Gladys. Le but de son père était clair, initier cette fois Gladys à la religion même qui faisait de lui et d’une bonne partie de leur famille, côté haïtien, des bokors. Mais surtout, afin de comprendre ce qui avait permis à sa fille de guérir alors même qu'elle ne possédait aucune faveur et n'était guère au courant de l'existence des Loas. Ignorant évidemment que sa fille faisait partie de ses êtres spéciaux de la rumeur.

21 septembre 1964 (18 ans) : C’était la naissance de Thalia, sa fille, son premier enfant. Oui, Gladys perdit sa virginité avant l’âge légal, comme sans doute bon nombre d’adolescentes trop audacieuses et qui pensait savoir ce qu’était l’amour... Et puis, surtout, une adolescente qui aimait faire la fête. Son père s’était assuré que cela ne soit pas qu’une simple amourette et il en aurait presque forcé le jeune homme à épouser sa fille, si cette dernière ne l’avait pas calmé... Oyah s’était montré investi dans sa relation avec Gladys même hors mariage. Quant au secret de famille, évidemment, toute cette histoire de sorciers et de vaudou, n’avait pas intéressé le moins de monde Gladys même si ses trous de mémoire commençaient à bien l'emmerder. Mais apparemment sa grand-mère, ses oncles et ses cousins ne savaient pas non plus l'origine de ce pouvoir. Oui. Elle pensait qu'un pacte avec le bon Loas résoudrait le problème, mais Gladys était légèrement inquiète et indécise. Toutefois, elle étudia ce qui lui était permis de comprendre sans pour autant franchir le pas.  
     Gladys avait été éduquée, avant toute chose, à aimer les arts martiaux, pas les trucs un peu creepy lié au vaudou. Évidemment, elle avait une mauvaise image du vaudou à cause de sa famille du côté maternel qui associait ce genre de chose au Diable ou démon. En Guadeloupe, les créoles avaient aussi leurs propres sorciers, les bata-zindiens qui avait la réputation de faire de la sorcellerie, une superstition qui n'est probablement fondée que sur la peur. Mais une superstition qui permit à sa famille et bon nombre d'Antillais d'associer à tort le vaudou à cette sorcellerie et aux mauvaises rumeurs la concernant. Bref, c'était du christianisme puritain. Marie, qui était médecin biologiste, commence à sérieusement étudier le sang de sa fille pour comprendre la raison de sa capacité, si la magie n'était pas l'explication.   

1 novembre 1965 (19 ans) : Thalia, à peine âgé d'un an, meurt de la tuberculose, elle est suivie par son père Oyah quelques jours après. Dévastée par la peine, Gladys resta tout de même forte pour le second enfant que lui avait laissé Oyah et qui grandissait dans son ventre. Pour autant, elle s’enferma dans un mutisme et refusa de parler à qui ce soit, jusqu’à ce qu'Yvonne Greaux, sa grand-mère, parvînt sans mal à convaincre sa petite fille d'utiliser le vaudou. Lui disant que si la médecine ne pouvait pas garantir la survie des siens, il y avait peut-être des solutions avec leurs orishas. Gladys se tourna naturellement vers Loco qui lui offrit la capacité de guérir les autres, en échange d’une contrepartie équivalente.  

9 juillet 1967 (21 ans) : Trois mois auparavant en avril, Fabrice était décédé, d’une tumeur qu’il avait cachée à l’ensemble de sa famille pendant plusieurs années. Gladys en avait été profondément affecté par cette mort, très en colère aussi, car même si cette dernière avait été paisible, le silence de son père avait été perçu comme une trahison. Certes, depuis qu’elle utilise la Faveur de Loco, Gladys aurait sans doute tout fait pour le guérir bien que ça l’aurait tué elle et ça Fabrice le savait, tout comme il savait que Gladys n’aurait pas respecté sa volonté de ne pas le soigner. En ce juillet 67, sa grand-mère prit le temps avec Marie de comprendre le pouvoir non-vaudou de Gladys afin qu'elle puisse le déclencher de sa propre volonté. En effet, face au danger que représentait l’obstination de sa petite fille à vouloir soigner les autres malgré les contreparties qui pouvaient devenir lourdes sous l'accumulation de maux, elle voulait au moins que Gladys puisse avoir le contrôle de ce que Marie appelait l'inversion Chronokinétique, issue apparemment d'une forme de mutation génétique. Ce pouvoir d'origine génétique pouvait offrir à Gladys le moyen de guérir les blessures les plus graves qu'elle obtenait en soignant les autres via la faveur de Loco et qui mettait sa vie en danger. Ce dernier ayant une étrange propriété temporelle qui affectait le corps de son utilisateur. Il faut quelques mois d’entraînement intensif à Gladys pour enfin trouver la méthode pour déclencher de sa propre volonté ce pouvoir d'origine génétique sans pour autant passer par un quelconque traumatisme.

14 août 1973 (27 ans // 21 ans apparent) : Son père avait raison d’avoir peur concernant l’existence d’être dit mutant. Entre la tentative d’assassinat de Bolivar Trask, la tentative de retourner les sentinelles contre le président Nixon. Ouais, c’était une bien mauvaise façon de percevoir l’ensemble des mutants, même si c'était aussi un groupe dit de mutant qui avait permis d’éviter les deux. Pour autant, la Greaux n'était pas consciente de faire partie de ces gens-là. Gladys s’occupait de son fils, Keylian qui était âgé de 7 ans (né le 10 mai 1966)... Et comme l’avait fait son père pour elle, la bokor initia son fils à l’art du combat, en lui faisant subir le même type d'entraînement qu'elle avait subi à son âge.
      Plus en lien avec le Vaudou, elle fera secrètement usage de la faveur de Loco pour ses proches et les habitants de son village en Haïti, même si Yvonne lui interdisait d’abuser de ce don. Sa grand-mère lui avait annoncé que son pouvoir "non-vaudou", devait être utilisé modérément, car il ne faisait pas que guérir les blessures, il inversait le cours du temps au niveau de l’anatomie de son porteur, affectant ses propres cellules.  

      Cependant, Gladys était bien incapable de rester indifférente face à une personne qui avait besoin de soin et qu’elle pouvait aider. C’était peut-être issu d’un complexe du sauver, mais il fallait qu’elle soigne les autres si elle se savait capable de le faire. Elle en avait le pouvoir et donc la responsabilité, selon elle. Elle se remémorait encore très souvent sa propre douleur face à la perte de sa fille et de son homme. L’usage du pouvoir non-vaudou lui permettait de ne pas souffrir de manière trop grave de l’accumulation de maux qu’elle absorbait par jour. Oui, par jour. Elle avait ouvert un temps en Haïti, l'équivalent d’une clinique non-officielle en prétextant à une médecine traditionnelle. Et ce, afin d’ausculter ceux et celles qui en visitaient les lieux via le bouche-à-oreille. Faisant souvent usage de cette inversion pour ne pas avoir à souffrir de blessures qui pouvaient devenir irréversibles. Ce qui retardait son vieillissement, toutefois, c’était trop tôt pour s'en inquiéter.
       Sa grand-mère était affaiblie par le temps, âgée de 80 ans. Gladys l’aida à entretenir de temps en temps son poulailler qui était devenu le centre d’attention d’Yvonne avec l’âge, tout en lui facilitant la tâche concernant les offrandes pour le Loas de sa grand-mère.  

2 juin 1983 (37 ans // 23 ans apparent) : Gladys approchait la quarantaine et désormais, elle s’inquiétait. Les gens s’apercevaient qu’elle avait toujours l’air d’avoir la vingtaine, ceux initiés au vaudou ne s’en inquiétaient pas tellement, mais c’était une autre histoire concernant le voisinage plus ordinaire. Elle songeait à partir, mais son fils et sa grand-mère se plaisait en Haïti. D’ailleurs, Keylian avait désormais 17 ans, il était déjà meilleur combattant que ne l’était actuellement sa mère. S’il n’avait pas encore son expérience, il avait déjà un physique et une technique supérieure à celui de sa mère. Gladys cessa de l’entraîner, justement pour le pousser à s’inscrire dans un véritable club. Plus loin dans le monde, durant cette même année, les mutants firent de nouveau parler d’eux aux Caire, en Egypte.
      En 84, Yvonne s’éteint dans son sommeil à l’âge de 91 ans. Après ses obsèques, Gladys et sa mère, Marie, décide de retourner vivre en Guadeloupe, surtout parce qu’elle ne pouvait plus rester dans la même ville à cause du fait que l'inversion chronokinétique retardait son vieillissement et ça devenait visible. Keylian, lui, fut détecté par un recruteur américain qui lui offrit l’opportunité de faire ses preuves dans un club professionnel de Californie, où il débutera une carrière dans la boxe. Ayant obtenu son diplôme et ayant la possibilité de faire aussi en parallèle ses études supérieures là-bas, Gladys n’y voyait aucun inconvénient à le laisser prendre son envol. Il avait 18 ans de toute façon.

11 juillet 1989 (43 ans // 24 ans apparent) : Naissance de Maëlys Greaux, une surprise tant pour Marie et Keylian, que pour Gladys elle-même. Elle utilisait pourtant ses pilules contraceptives pour éviter que ces quelques moments de liberté sexuelle impactent sa vie de la sorte. Déni de grossesse, elle n’apprit l’existence du bébé qu’au moment de sa naissance. Le père n’était qu’un coup d’un soir et ce dernier, ne voulait pas entendre parler de l’existence de l'enfant. Face à la peur d’être responsable d’une vie qu’il n’a pas désiré, Gladys respectait son choix, c’était elle qui lui avait dit que c'était "safe" et qu’il n’y avait aucun risque.  

5 février 1993 (47 ans // 25 ans apparent) : C’est l’anniversaire de Gladys et c’est aussi un jour important pour son fils, livré à un combat qui fera peut-être de lui le champion de sa catégorie à seulement 26 ans, s’il remportait le combat. Il a tenu à inviter sa mère pour l’occasion qui, ayant l’air d’être plus jeune que son fils, s’était déplacée sous un autre nom. Elle était tout de même accompagnée de sa fille de trois ans pour que cette dernière assiste à l’ascension de son grand frère.
     La jeunesse de Gladys inquiétait Marie qui, pour sa part, n’était pas bien friande de tout ce qui touchait à la magie, encore moins à la mutation. Et ce, même quand Gladys soulageait ses douleurs articulaires, elle avait l’impression que ça donnait l’occasion à sa fille de faire à la fois usage de sa faveur et du pouvoir de l'inversion pour tout et pour rien. Même si, en vérité, Gladys n’utilise son pouvoir chronokinétique que pour des blessures pouvant être dangereux pour sa santé. Mais pour Marie, cette réversion du processus de vieillissement avait dénaturé l’existence de sa fille. Keylian, lui, n’avait aucun avis sur la question, mais comme Marie, il ne voulait pas être mêlé au vaudou, même si cela faisait partie de son droit de lignée... Et surtout, il refusait que sa mère use de la faveur de Loco sur lui, sa douleur et ses potentielles cicatrices devaient rester siennes.

16 Août 2003 (57 ans // 27 ans apparent) : Maëlys s'intéresse à la magie, elle veut avoir un lien avec un Loas. Mais en réalité, Gladys n’avait elle-même pas beaucoup de connaissances sur le sujet. Yvonne et Fabrice étaient bien plus érudits qu’elle et ces derniers n’étaient plus de ce monde. Tout ce qu’elle pouvait faire pour sa fille, c’était lui offrir les vieux livres de son arrière-grand-mère sur le Vaudou.

26 janvier 2012 (65 ans // 28 ans apparent) : Âgée de 22 ans, Maëlys quitte la Guadeloupe pour vivre en Haïti afin de se rapprocher des autres Greaux, ses oncles et tantes, ainsi que ses cousins et ses cousines éloignés. Et ce, afin d’augmenter ses connaissances personnelles sur l’art vaudou. Cette même année, New York vint à subir l’attaque des Chitauri, la ville sauver par un groupe d’individus exceptionnels qui se feront appeler les Avengers. La vieillesse affecte énormément Marie, elle souffre de sa fragilité, aussi Gladys n'a que faire de ce qui peut se passer dans une ville finalement loin de son île. Elle n'avait pas non plus eu de réaction si mémorable concernant les X-Men durant l'affrontement contre l'un des leurs au Caire, 29 ans plus tôt.

2018 à 2023 (72 à 77 ans // 29 ans apparent) : La mort de sa mère avait de nouveau poussé Gladys vers des comportements extrêmes, le genre qui avait fini par agacer Keylian et Maëlys, ces derniers lui tournant le dos, las d’expliquer à leur mère qu’elle devait cesser de croire que toutes les responsabilités du monde pesaient sur ses épaules. Marie était simplement morte de vieillesse, c'était dure, c'était triste, mais c’était naturel... Pas comme ce pouvoir sans doute d'origine mutante qu’elle déclenchait finalement de manière abusive selon eux. Aimait-elle à ce point l’idée d’être plus jeune que ses propres enfants ?
     C'était la question qui avait été, un jour, posée avec une pointe d'amertume par Marie de son vivant. Une jeunesse non-naturelle qui forçait leur mère à refaire occasionnellement une carte d’identité, et ce, par des moyens illégaux. Et c'était cette illégalité qui énervait sa famille. Aussi, au bout d’un moment, chacun vint à faire leur vie de leur côté. Ce qui avait profondément affecté Gladys qui n'avait jamais rencontré ses petites enfants, Keylian s'était marié quand il mit fin à sa carrière de boxeur. Pour oublier sa solitude, Gladys s’était livrée à ces vieux démons : le combat de rue.  

       Elle combattait ce soir-là, Julianne Benedict, connue dans la Street pour être une combattante vive et aux coups puissants. Malgré ses efforts, la Greaux avait eu du mal à esquiver, à se repositionner et surtout, à reprendre son souffle, là, arrivé au troisième round, même si elle s'efforçait de suivre les indications de Miguel. Sa vision était obstruée, un œil à la paupière enflé, l’autre gêné par une coulée de sang issue d’une entaille au front. Ses zones d’angle mort s’étaient élargies, elle ne vit pas venir le coup qui signerait sa défaite : un crochet du gauche qui lui fit ouvrir sa garde. Recevant alors cette droite qui la sonne et l’envoya au tapis. Ce fut alors le silence tout d’un coup, tout était plus sombre, elle n’avait même pas entendu le décompte de l’arbitre, ni même la foule s'exciter en des cris de joie face à sa défaite aussi prévisible que pathétique.  
       Avait-elle perdu connaissance ? Elle n’en avait pourtant pas l’impression, elle était sonnée, mais encore consciente. Julianne, à ses côtés, était tout aussi confuse qu’elle, mais l’arbitre n’était plus là. En fait, la moitié du monde présent dans le hangar de combat clandestin avait disparu, les lumières étaient éteintes, comme si le hangar était fermé, pas de musique, rien... Les quelques personnes présentées cherchaient comprendre ce qui se passait, certains remarquaient que les sièges où ils étaient assis avaient disparu... Ils s’échangèrent des regards face à cette absurdité. Gladys était encore sonnée par le coup puissant de Benedict qu’elle venait de très mal encaisser, elle saignait du nez et peinait à rester consciente. Julianne l’aida tout de même à se relever en tentant de lui faire comprendre qu’il s’était passé quelque chose de terrible. Et ce n'était rien de le dire, ce n’étaient pas les gens autour d'eux qui avaient disparu, c’était eux, et ce, pendant cinq années entières.


15 octobre 2024, extrait d’une lettre de Gladys Greaux à Keylian Greaux.

« Je ne sais pas quoi te dire... Je ne connais pas non plus très bien les Greaux, Keylian. Je sais juste que mon père avait un petit frère, Etienne : un guérisseur. C'est lui qui m'a formé avec Yvonne à la maîtrise de mon vèvè et qui m'a enseigné tout ce que je sais sur Loco. De mémoire, il a eu deux fils plus jeunes que moi, le dernier doit même avoir ton âge. Ils se sont mariés et ont eu aussi leurs enfants de leur côté, mais je ne les connais pas, demande à Maëlys, elle est partie à leur rencontre. Tout ce que je peux te dire, c'est que les parents de Fabrice et Etienne sont Cheyenne Greaux et Yvonne Greaux. Je n'ai connu qu'Yvonne, Cheyenne est mort durant la Seconde Guerre mondiale. Je sais que mon père, que tu n'as pas connu, en avait été affecté, il n'en parlait pas, mais il observait souvent la photo de son père. Il ne s'est installé en Guadeloupe que pour les beaux yeux que ma mère qui ne voulait pas quitter son île à l'époque.
          La famille Mondepe ne sait rien du Vaudou, même si à cause de moi, ils savent que les Greaux y baignent. Maman ne voulait pas mentir à ses parents ou couper les ponts avec eux par rapport à moi, elle m'a forcé à tout leur raconté et leur expliquer la raison de mon vieillissement ralenti. Et s'ils me tolèrent à cause de Marie, ils ne veulent pas nouer de lien avec les Greaux à cause des superstitions Guadeloupéens. Tu t'inquiètes pour ta sœur ? C'est important pour Maëlys de renouer avec les Greaux en Haïti. Tu devrais suivre son exemple et rencontrer tes cousins. Ils m'ont raconté qu'elle semblait tout fière rien qu'en ayant découvert que nous étions les descendants d'une certaine Ibana Mayombo. J'ai un peu honte, j'ai dû faire mes recherches pour savoir qui c'était... Elle aurait vécu en Afrique pré-traite négrière. Elle aurait été une grande Mambo de son temps. Les Greaux sont de sa lignée. Elle était spécialisée dans la guérison.    

        Mais de toute façon, ta sœur vit à New York maintenant, je pensais que tu le savais. Elle ne m'a toujours pas contacté directement. Je crois qu’elle ne me pardonne toujours pas de faire usage de mon inversion chronokinétique depuis que Marie lui a donné l'impression que j'en étais obsédée à l'image d'une drogue. Et puis, elle sait que je participe à des combats clandestins, ce qui n'arrange pas les choses. J'ai voulu me justifier, mais je pense que cela a empiré les choses entre nous. Toi aussi, tu ne me pardonnes toujours pas, n’est-ce pas ? Tu ne réponds pas souvent à mes lettres après tout, surtout depuis que tu sais que la plupart de mes fréquentations font partie de la pègre. Je ne te reproche rien, c'est mérité.  
          J’ai remis ma carte d’identité à jour pour en falsifier mon âge et mes origines, l’une des choses que tu me reproches, je crois. Je suis désormais née en 1990 cette fois et j’ai remis mon prénom et nom réels. Cependant, je suis ta cousine éloignée désormais et je suis américaine. Je sais que tu n’aimes pas me savoir associer à des gens douteux alors je ne t’en parlerais pas plus que ça. Mais je ne voulais pas te mentir concernant l’acquisition de ma nouvelle carte d’identité. Toi et ta sœur, je vous aime, j’espère que vous le savez. Je me suis aussi installée à New York pour pouvoir me rapprocher de vous, mais vous n’avez aucune obligation de venir me voir. Je m’inquiète juste énormément pour vous, il suffit de voir les récents événements qui ont lieu, notamment avec ce groupe appelé les Héritiers. Tu aurais pu être une victime collatérale, l'idée suffit à m'angoisser. Fais juste attention à toi mon fils. »