[Terminé] Grandir ensemble

Si Soraya et Jean n’avaient jamais véritablement rompu leur lien d’amitié, échangeant quotidiennement des messages pour prendre des nouvelles l’une de l’autre après les évènements de Mai, depuis leurs retrouvailles au début du mois de janvier, les deux jeunes filles multipliaient les SMS avec ardeur, retrouvant aisément la complicité et la facilité d’échange qui avaient vu naître leur amitié ; de toute évidence, elles avaient un lien spécial, pouvant facilement se comparer à celui entretenu entre deux soeurs.

C’est au détour de l’une de ces nombreuses conversations que Soraya avait partagé son envie de mettre son bouclier à l’épreuve, car elle souhaitait, peut-être, renforcer sa résistance et son champ protecteur : demandant l’aide de son amie pour ce faire, la rousse n’avait pas hésité à répondre par la positive ; lorsqu’elle-même avait eu besoin d’appréhender ses nouveaux pouvoirs, elle avait eu la chance de recevoir le soutien, le temps et les bons conseils de sa mentor, Raven. Il était donc tout naturel qu’elle reproduise le schéma pour son amie, également très touchée d’avoir été désignée pour cette tâche. Cela était gage de confiance de la part de Soraya, et Jean se sentait tout à fait privilégiée d’avoir été choisie par son amie.

Alors, le jour J, la rouquine a tout mis en oeuvre pour ne pas arriver en retard : le rendez-vous est fixé de bonne heure, tôt le matin, afin de leur laisser tout le loisir de s’entraîner durant la journée, en pouvant faire des pauses si besoin — et il y a fort a parier que le besoin se fera ressentir. Après avoir garé sa voiture non loin du refuge, la rousse sort de son véhicule en récupérant son sac à bandoulière ainsi qu’un sac de sport contenant des vêtements de rechange, au cas-où. Elle traverse ensuite la ruelle, vêtue d’une tenue de sport composé d’un legging souple noir, d’une brassière assortie cachée sous un pull épais beige, ainsi que de baskets. Un manteau l’isole du froid mais elle ne s’attarde pas à l’extérieur et s’empresse de pousser la porte du refuge, puisque Soraya l’a prévenue un peu plus tôt qu’elle avait ouvert la porte, et qu’elle pourrait directement la rejoindre dans la salle d'entraînement conçue spécialement pour les mutants, ce qu’elle fait alors.

Ses cheveux roux attachés en une queue-de-cheval, le Phoenix traverse le hall sans faire de bruit, ne voulant pas troubler le repos de ceux qui dorment encore et, localement mentalement Soraya dans le bâtiment, elle la rejoint dans la salle d'entraînement en affichant un large sourire jovial. « Coucou ! » dit-elle avec une voix enjouée, refermant la porte derrière elle et laissant retomber ses deux sacs au sol, retirant, par la même occasion, ses baskets d’un geste rapide. Se retrouvant en chaussettes pour ne pas marcher sur les tapis de gymnase, elle se rapproche de la belle brune en disant, les mains sur ses hanches graciles : « Bien dormi ? J’espère que tu es en forme ! »

En passant la porte de la salle d’entraînement, la rouquine est accueillie d’une manière tout à fait adorable, Soraya venant l’enlacer en la faisant sourire de bonheur… Après les derniers évènements qui concernent Scott, des évènements qui furent difficiles à accepter pour la jeune femme qui peine encore à faire le tri entre toutes ces informations, retrouver son amie est une véritable bénédiction car, en sa compagnie, la rousse sait qu’elle peut être en confiance et qu’elle ne s’énervera jamais contre elle…

« Moi aussi je suis contente de te voir ! » affirme-t-elle d’une voix joyeuse, suivant par la suite la brunette jusqu’à un endroit où elle peut déposer ses affaires, se délestant de son sac et de son pull pour être en tenue de sport, alors que la belle lui fait une rapide présentation de la pièce. « Et voila, c'est ici que ca va se passer. C'est pas très accueillant, mais au moins on sera tranquille. » Un regard circulaire dans la pièce, elle ne perd point son sourire lorsqu’elle se retourne vers Soraya en disant, d’une voix sobre : « C’est parfait pour nos entraînements. » Après tout, elles ont seulement besoin d’un endroit où elles peuvent laisser libre court à leurs pouvoirs, la décoration n’est que secondaire dans ces circonstances.

« Merci d'avoir accepter de m'aider. Tu veux quelque chose a boire avant de commencer? » Elle se retourne vers Soraya en joignant ses mains dans son dos, un petit sourire venant se dessiner sur ses lèvres recouvertes d’un baume hydratant. « On n’a pas encore commencé, on fera la pause après ! » Pour donner le rythme, elle claque dans ses mains avant de se positionner face à Soraya, disant d’un ton enjoué : « Qu’est-ce que tu veux que je fasse, exactement ? » Il vaut mieux se mettre d’accord avant de commencer !

Grandement désireuse d’aider son amie à déployer ses pouvoirs, Jean se positionne en face de cette dernière sans attendre, demandant aussitôt ce qu’elle doit faire pour lui être utile ; les mains sur les hanches, la rousse est surprise de l’entendre d’abord rire. « Qu’est-ce qu’il y a ? » demande-t-elle d’une voix amusée en courbant légèrement ses épaules vers l’intérieur, comprenant qu’il leur manque le plus important : le matériel.

Soraya s’empresse donc d’aller chercher les objets en question, qui ne sont pas des nouveautés : heureusement puisque, si on en croit l’entraînement à venir, ils vont finir en piteux état. « Ils ne risquent plus rien. » Le sourire amusé se joint au son de sa voix, tandis qu’elle pioche au hasard un objet dans le chariot afin de l’observer quelques secondes, avant de le laisser sagement retomber avec les autres. « Et voila, on devrais avoir de quoi augmenter progressivement le niveau la dedans. » La jeune femme abandonne le chariot et la rouquine pour aller se positionner de l’autre côté, en arborant une stature défensive… « Prête! » La valse des objets volants commence !

Un dernier sourire complice lancé à sa comparse, Jean se concentre puis, attrapant une balle de tennis troué, l’un des plus petits objets du chariot, elle use de sa télékinésie pour la propulser en direction de Soraya, sans viser la tête, bien entendu. La balle se dirige plutôt au-dessus de son épaule, mais Jean guette sa traversée, curieuse de savoir si son amie va pouvoir l’intercepter, à une telle vitesse…

Le matériel posé à côté de la rouquine survitaminée, un peu trop heureuse de pouvoir aider son amie à prendre le plein contrôle de ses pouvoirs, Jean n’hésite pas longtemps avant de lancer le premier projectile : une balle de tennis percé à plusieurs endroits, qui avait visiblement autant bien servi que bien vécu. Cela fait amplement l’affaire !

Songeant que commencer par un petit objet limiterait les risques de blesser la jolie brune, Jean retient son souffle lorsqu’elle croit que la balle va frapper de plein fouet son amie ; heureusement, celle-ci se décale par précaution, aidée par son bouclier stoppant la trajectoire de la balle qui, heureusement, ne lui cause aucune blessure. « J’ai eu peur… » Souffle-t-elle dans un sourire presque amusé, tandis que son amie se reprend après cette belle frayeur. « Petit problème de reflexe... mais j'y étais presque! » Soraya s’encourage, et Jean hoche son menton de haut en bas en affichant un grand sourire emplit de tendresse et de soutien, tandis qu’elle reprend : « Tu as presque réussi, oui ! Tu fais bien mieux que moi lorsque j’ai travaillé mes pouvoirs, il m’a fallu plusieurs essais pour faire quelque chose de concluant. » Elle ne se dénigre pas pour flatter son amie, mais dit la vérité : elle est impressionnée de l’attitude de Soraya, dont le pouvoir semble impatient d’évoluer.

« On continue ! » Elle attend que son amie reprenne sa position de défense avant de piocher un deuxième objet dans le chariot ; une petite raquette de ping-pong cette fois. « Prête ? » Elle attend le feu vert de Soraya avant de propulser la raquette en sa direction, les yeux écarquillés ; est-ce que cette tentative sera plus concluante que la précédente ?

Apeurée quant à la possibilité de blesser celle qui est son amie, Jean grimace légèrement en secouant ses mains vers le bas, comme pour évacuer tout le stress que cette idée lui procure ; comprenant l’anxiété provoquée chez la rousse, Soraya fait le déplacement pour venir jusqu’à elle, afin de la rassurer. « Je ne suis peut être pas très sportive, mais je ne suis pas en porcelaine non plus, une balle de tennis trouée ne risquait pas vraiment de me blesser. » La balle en elle-même non, peut-être pas, mais propulsée à une telle vitesse… Elle peut lui faire très mal, voire l’assommer si la tête est visée. « Ça dépend comment tu la prends… » Tente-t-elle de dire en déposant une main sur celle de Soraya, elle-même posée sur son épaule, en prenant une fine inspiration. « J'ai entièrement confiance en toi et en ta maîtrise, je sais que tu ne pourras pas me faire mal. » La confiance de Soraya la touche grandement — surtout qu’il est plutôt rare qu’on se fie à ses pouvoirs de la sorte, si bien qu’un sourire vient fleurir sur ses lèvres, un sourire de tendresse. « Je ne veux pas te blesser. »

Mais sentant bien que son amie a besoin d’encouragements, Jean n’est pas avare en compliments, qui sont sincères car, elle, n’a pas eu autant de réactivité au début de ses entraînements. « Je m'entraînait déjà avant et mes pouvoirs ne son pas des plus puissants. Crois moi, Alice ne me ménageait pas, c'est avec elle que j'ai apprit à encaisser. Il y a des moments ou elle s'enervait et perdait le contrôle… » Elle a un petit pincement au coeur en entendant les mots de son amie, car elle se souvient très bien de cette Alice, dont Soraya n’a toujours pas retrouvé la trace. Un jour, peut-être ? En tous cas, si un jour elle tente de la retrouver, Jean fera tout pour l’aider. Un sujet à aborder, plus tard.

Soraya reprend sa place, et Jean pioche, au hasard, un autre objet dans le chariot. Il s’agit d’un ballon de soccer, qu’elle relève dans sa main en regardant son amie, jusqu’à ce que celle-ci lui dise être prête. Lorsque c’est le cas, le ballon est propulsé grâce à la télékinésie, au-dessus de sa tête, pour ne pas la blesser au cas-où le bouclier est inefficace mais, Jean ne doute pas un seul instant de son amie : elle va réussir !