A l'aide d'un petit bout de scotch, Kali apposa un mot sur la porte de Jean, pour lui signaler qu'elle ne serait pas dans sa chambre ce soir. C'était sa façon à elle de dire qu'elle était disponible, n'ayant hélas pas la télépathie dans la liste de ses nombreux talents. De toute façon, elle ne doutait pas que si elle l'avait, elle serait tout autant capable de l'utiliser que les autres actuellement. Sans plus penser à ses pouvoirs, Kali se dirigea en direction du garage, armée seulement du manuel de sa moto, d'un pull et un jean voués à être tachés et de gants en latex.
Toujours mue par son désir de mieux connaitre les deux plus jeunes Cuckoos, la jeune mutante avait invité Esmé à faire un tour de moto avec elle, la date exacte à déterminer en fonction de leurs disponibilités et... de la météo. Pour ce faire, Kali se devait d'effectuer un entretien de sa moto, chose qu'elle prenait très au sérieux.
Arrivée au garage, déjà plutôt bien rangé, elle prit soin de dégager un espace suffisant pour travailler, avant d'installer un carton au sol pour s'assurer de ne pas tâcher ce dernier. Parcourant le manuel, Kali sortir soigneusement tous les outils nécessaires de leurs rangements respectifs dans l'atelier pour les aligner sur l'établi à côté d'elle.
Il ne restait plus que la moto elle-même. Celle-ci étant peu lourde, Kali n'eut aucun mal à la placer sur le carton et encore moins à enclencher sa béquille, lui amenant la stabilité dont elle avait besoin.
Elle commença par la nettoyer de fond en comble, ce qui lui prit moins de temps qu'escompté, puisqu'elle ne quittait que rarement les sentiers battus. Elle prenait beaucoup de plaisir à explorer les routes de campagne, savourant sa liberté et les paysages si différents du Texas et de New-York City - même si ses sorties s'étaient faites beaucoup plus rares ces temps-ci.
Une fois la crasse enlevée, elle observa les niveaux. Le liquide de refroidissement semblait ne pas avoir bougé et tous les tuyaux reliés étaient en parfait état. Et de un. Rien à redire sur le niveau d'huile.
Elle prenait soin de sa moto et cela se voyait. Tous les autres niveaux étaient bons - l'inverse aurait été surprenant, au vu de la date d'achat de la moto.
Kali se prépara donc à enlever la selle et le réservoir lorsque Jean entra dans la pièce. Les mains déjà sales, elle se contenta de lui faire un rapide signe de la main, avant de continuer ce qu'elle avait entreprit.
- Salut Jean, ça va ?
Elle prit une clé de 10 et entreprit de dévisser la vis de la selle conducteur, non sans effort de sa part, puisque cette dernière avait manifestement été bien serrée par son fabricant.
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Dernière édition par Kali Herrera le Mar 28 Nov 2023 - 22:40, édité 1 fois
« Un des plus grands bonheurs de cette vie, c'est l'amitié ; et l'un des bonheurs de l'amitié, c'est d'avoir à qui confier un secret. » ALESSANDRO MANZONI
En finissant de taper sur le clavier de son ordinateur, dont l’arrière affiche une grosse pomme croquée et entourée de divers autocollants, Jean jette une oeillade à l’heure indiquée en haut à droite : il est tard et, prise dans la dissertation d’un texte de Hemingway, elle a oublié de manger ! Une première pour celle qu’on connait être un glouton sur pattes. Comme si son ventre venait de se réveiller et avait aussi les yeux rivés sur l’horloge de son ordinateur, ce dernier se met aussitôt à gargouiller, plutôt bruyamment d’ailleurs; heureusement qu’elle est seule dans la bibliothèque. Soupirant, elle penche son menton de gauche à droite, se faisant violence pour achever son paragraphe avant d’enregistrer son document — il ne faudrait surtout pas qu’elle perde le travail fourni durant l’après-midi, avant d’abaisser le haut de l’ordinateur pour l’éteindre.
Prenant son ordinateur, ses livres et sa trousse contre sa poitrine, la rousse prend le chemin de sa chambre, croisant au détour d’un couloir Katy ; les deux jeunes femmes n’ont plus vraiment l’occasion de passer du temps ensemble maintenant qu’elles sont dans des études différentes mais, aucune animosité ne subsiste entre elles. Les deux filles bavassent un peu, prenant des nouvelles l’une de l’autre avant que Katy ne la prévienne qu’un mot l’attend sur sa porte ; intriguée, la rousse s’empresse de rejoindre sa chambre pour s’enquérir de ce mot laissé à son attention. Kali ! Si celle-ci a pris le temps de l’informer, c’est qu’elle souhaite la voir… Lui parler de ses peines de coeur, peut-être ?
Se doutant que son amie a besoin d’aide et lance une sorte de bouteille à la mer, Jean s’empresse de quitter ses affaires sur son bureau en désordre, en regardant quelques secondes le bracelet qui entoure son poignet, celui-ci orné d’un Phoenix givré. Frost Phoenix. Comment vont ses amies ? Elle n’a pas eu le temps de les voir aujourd’hui… Une chose à la fois, songe-t-elle en descendant les escaliers pour rejoindre la cuisine, prenant le temps de se faire un copieux sandwich avec de la salade, des tranches de poulet grillé et du bacon. Une canette de soda sous le bras, elle part vers le garage en croquant volontiers dans son sandwich énorme. « Coucou ! » Dit-elle en parlant la bouche pleine, considérant la moto avec un regard curieux avant de poser les yeux sur son amie, déjà joliment tachée. « Ça va… » dit-elle en hochant son menton de haut en bas, passant la pointe de sa langue sur ses lèvres avant de lui répondre : « Et toi ? » C’est bien la raison de sa venue : est-ce que Kali va bien ?
Prenant place sur un coffre qui contient sans nul doute des objets barbares pour la mécanique, elle s’assoit en indien tout en continuant de dévorer son sandwich avec appétit. « J’ai écrit une dissertation que ma prof ne va sans doute pas lire. » Au moins, elle est consciente de travailler dans le vide. « Tu lirais 250 dissertations, toi ? » Question rhétorique puisqu’elle n’attend pas vraiment de réponse de la part de Kali avant de poursuivre, d’un ton plus léger : « Et toi, un souci avec ta moto ? » Voyant que la force de son amie est mise à rude épreuve, Jean use de sa télékinésie pour dévisser la vis de la selle conducteur, qu’elle arrive à apercevoir de sa position. Petit sourire aux lèvres, elle hausse ses sourcils en disant, d’un ton amusé : « N’hésite pas si t’as besoin : ça, je sais faire. » Ça aussi, ça compte comme de la triche ?
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Dernière édition par Jean Grey le Mar 28 Nov 2023 - 22:50, édité 1 fois
Le sandwich avait été une surprise, mais pas si grande que ça en considérant l'heure. La jeune mutante devait bien admettre que bouche pleine ou non, elle était contente de voir Jean faire son entrée dans le garage. Néanmoins, son état mental l'amena à effectuer une esquive inconsciente lorsqu'elle lui demanda comment elle se portait.
- Je prépare ma moto pour une sortie avec Esmé. On va faire ça dès que la météo sera un peu plus clémente.
Sans vraiment la regarder, Kali vit son amie s'assoeir sur un coffre dont elle ne connaissait pas l'utilité pour mieux lui raconter sa journée, omettant au passage un détail important. À sa question sur les dissertations, elle répondit simplement :
- Je dirais que ça dépend du sujet. De toute façon je suis sûre que ta copie est intéressante à lire.
Après un léger silence gênant, preuve qu'elle allait aborder un sujet délicat, elle reprit :
- Mais tu n'avais pas un truc avec Raven ? J'ai oublié le nom mais c'est en rapport avec ses enfants.
Kali avait volontairement boycotté l'évènement, peu satisfaite du comportement inapproprié de sa mentor auprès de celles qu'elle aimait encore. De plus, elle n'avait réellement été proche de Raven que pour son enseignement et ses compétences martiales - pas à titre personnel.
Le tournevis sembla tourner tout seul, manquant de peu de la faire tomber en avant. Bien trop familière avec cette sensation, Kali devina immédiatement ce qu'il venait de se passer. Un sourire de remerciement fut adressé à sa meilleure amie, involontairement teinté de tristesse.
- Merci Jean, je te dirais si j'ai d'autres vis récalcitrantes.
Elle se leva pour poser la selle sur l'établi, puis retourna s'occuper du réservoir. Le démonter était légèrement plus compliqué sans pour autant demander des connaissances poussées en mécanique. Il fallait dire que bien qu'elle ait amené son manuel avec elle, Kali le connaissait par cœur, des étapes les plus simples aux plus complexes. Cela ne remplaçait évidemment pas une expérience pratique, qu'elle était en train d'acquérir sur le tas.
- Pour répondre à ta question, non, il n'y a pas de souci avec la moto et je suis largement en avance sur la maintenance mais je ne préfère pas prendre de risques. Enfin, si tant est qu'on puisse ne serait-ce qu'égratigner la forme adamantine d'une des Cuckoos.
Elle avait clairement plus de chance de finir en pancake entre le sol et un diamant aux formes oniriques. Mais elle allait éviter de mentionner ce genre de scénario devant Jean. Pas question de la stresser.
Le réservoir finit par s'enlever, sans trop d'efforts de sa part. Les vis étaient simplement difficiles à atteindre, mais pas impossible à enlever. Posant délicatement la pièce sur le carton de la moto, elle s'adressa à Jean, les mains maintenant bien sales.
- Est-ce que tu pourrais me passer le WD40, s'il te plait ? C'est la bombonne bleue avec un embout rouge en forme de paille.
De par sa forme et ses couleurs, c'était l'outil le plus évident à trouver sur l'établi. Une erreur était cependant vite arrivée.
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« Je prépare ma moto pour une sortie avec Esmé. On va faire ça dès que la météo sera un peu plus clémente. » Il n’en faut pas moins pour éveiller le radar intrusion & curiosité de Jean qui, sous les paroles de Kali, s’active furieusement. Pour preuve, elle s’arrête de mâcher durant quelques secondes, haussant même ses sourcils en inclinant légèrement son menton sur le côté, ayant l’air de la questionner du regard sans, encore, oser les formuler à haute voix. Elle sait les sentiments de la rouquine pour les Cuckoos, alors une entrevue avec une seule d’entre elles… On peut demander à Ororo d’influencer la météo, ou pas ? « C’est intéressant… » dit-elle sobrement en recommençant à mordre dans son sandwich, sans quitter le sourire un peu niais qui orne ses lèvres. « Tu t’entends bien avec elle ? » C’est à moitié une question et à moitié une affirmation mais, pour laisser planer le doute, Jean regarde le plafond : il est drôlement intéressant, ce plafond.
Après s’être assise sur le coffre en tailleur, la mutante évoque sa dissertation qui, à son avis, va être balancer dans un coin. Kali est plus mesurée sur la question, démontrant même une grande forme de gentillesse — et d’espoir, en son amie. « J’espère que ma prof sera du même avis. Apparemment ils n’aiment pas trop ceux qui changent de section. » haussant ses sourcils car ne se faisant pas trop d’espoir, cela ne lui coupe cependant pas l’appétit. « La Babyshower ? » Un sourire vient naitre sur ses lèvres tandis qu’elle pense à la surprise du lendemain qui, elle espère, fera plaisir à la future maman. « Tout est prêt, j’espère… On a rodé tout le monde, il n’y a plus qu’à espérer que tout se déroule bien. » Marquant une légère pause, Jean finit son repas avant de dire, connaissant par avance la réponse mais essayant tout de même : « Tu peux venir, tu sais. »
Raclant discrètement sa gorge, elle n’attend pas une réponse positive de la part de son amie mais, ne pouvant pas lui en vouloir, elle lui adresse un sourire suave avant de remarquer qu’elle force contre un vis peu coopératif : usant de la télékinésie, elle l’aide à s’en libérer et ne se retient pas de lui sourire avec malice. « Merci Jean, je te dirais si j'ai d'autres vis récalcitrantes. » « À ton service. » Malicieuse, Jean hausse ses sourcils avant d’émettre un léger rire, presque enfantin.
Changeant de position en pliant ses genoux pour les rabattre contre sa poitrine et les entourer de ses bras, sans quitter Kali du regard. « Tu es sérieuse, c’est bien. » Est-ce qu’elle sous-entend, par le ton de sa voix, que c’est mignon de vouloir faire autant attention à la sécurité de la blonde ? Elle sous-entend beaucoup de choses mais, sachant qu’il ne faut pas attaquer l’amoureuse sur le vif, le Phoenix amène le sujet tout doucement. « Tu penses avoir une chance avec Esme ? » C’est peut-être moins doucement que ce qu’elle aurait voulu…
« Est-ce que tu pourrais me passer le WD40, s'il te plait ? C'est la bombonne bleue avec un embout rouge en forme de paille. » Hein ? Les lèvres espacées, elle se lève de son coffre en ayant les sourcils froncés, totalement perdue. Elle s’approche de l’établi en relevant le coin de sa lèvre supérieure vers le haut, attrapant, au hasard, le premier truc bleu qui lui tombe sous la main : le ramenant à son amie, elle lui tend en disant, peu sûre d’elle, et peut-être avec raison : « C’est ce machin ? »
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La vision périphérique de Kali capta la réaction de Jean qui venait tout juste de s'arrêter de mastiquer. Cela aurait dû être le moment où une alarme aurait commencé à sonner dans son esprit, mais concentrée sur sa moto, la signification de la pause lui échappa.
Jean lui demanda comment elle s'entendait avec elle. Son visage se tordit en une grimace, tandis que sa main faisait un geste vague exprimant le flou qu'elle ressentait.
- On a pas trop eu l'occasion de discuter ensemble. J'ai l'impression de cerner sa part d'individualité mais je préférerait mieux la connaitre avant de m'avancer. D'où la sortie.
La conversation - à son grand soulagement - repassa aux dissertations de Jean et c'est avec un haussement de sourcil qu'elle se contenta de répondre. Elle ne voyait pas en quoi la vie d'un professeur pouvait bien changer parce qu'un de ses élèves venait d'une autre section. Mais l'université lui paraissait encore loin. Très loin.
Lorsque vint le sujet de la Babyshower, puisque c'était là son vrai nom, Kali regarda Jean sourire, heureuse pour elle que les préparatifs se soient bien passés. Cependant, elle ne ressentait que de l'indifférence pour l'évènement; quant à Raven...
- Je ne voulais pas être hypocrite.
Elle répondit ainsi par un sous-entendu, peu désireuse de potentiellement envenimer une conversation avec sa meilleure amie.
Puis vint le moment fatidique. Alors qu'elle venait juste de poser le réservoir sur le carton de sa moto, Jean prononça des mots qui l'atteignirent en plein cœur. Ses yeux se fermèrent instinctivement, ses traits se fermèrent et ses mains retombèrent mollement à ses côtés.
Ce n'était pas la mention de son sérieux, non ça Kali l'avait pris au premier degré, pensant que c'était là simplement une qualité. C'était la notion d'avoir une chance. Même son esprit coincé savait parfaitement ce que sa compagne rousse voulait dire.
Avait-elle une chance ? Non. Pouvait-elle s'empêcher d'y croire ? De ne pas simplement accepter de s’effondrer pour ne jamais plus se relever ? Non plus. Avec une voix basse, presque monotone, la jeune mutante répondit :
- Ce n'est pas une question d'avoir une chance ou non. J'y vais simplement pour mieux la connaitre.
C'était presque totalement vrai. Presque. Elle esquivait, encore. Pour ne pas avoir à retomber comme une loque sur le sol froid de ce garage, en pleurant le rejet constant de son être. Une nouvelle diversion - si on pouvait appeler cela comme ça, étant donné qu'elle avait réellement besoin de la bombonne -l'amena à demander du WD40 à Jean qui lui tendit... Du WD40. C'était là l'outil le plus évident qu'elle pouvait demander, les couleurs bleues et rouges ainsi que la forme étant plutôt uniques.
Elle prit la bombonne sans la regarder, prononçant un lacunaire "Merci" avant de retourner à son poste. Quelques longues secondes de silence suivirent son application intense sur une grande partie de sa moto, en évitant soigneusement les freins. Pendant ce laps de temps, ses traits se détendirent, preuve qu'elle venait d'atteindre à nouveau un équilibre précaire. Décidant de relancer le sujet avant que Jean ne le fasse, elle lui demanda la première chose qui lui vint à l'esprit.
- Je ne t'ai jamais demandé, mais tu as quelqu'un en vue ?
Oui, Kali n'avait guère trouvé mieux que de retourner la question à son interlocutrice, même si le sujet l'intéressait. Non pas pour le côté potin, mais par réel intérêt pour la vie de Jean. Elle savait très bien que les Cuckoos auraient tenté de lui tirer les vers du nez, mais elle préférait pour sa part que son amie lui en parle si elle le désirait. Tant qu'elle ne devait pas penser à elle-même de nouveau, tout sujet serait bon.
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La question a été posée d’une façon innocente, mais la rousse en attend une réponse qui l’est moins : elle veut savoir si la balade prévue à pour but un rapprochement amoureux ou non, bien qu’elle devine aisément la réponse. « On a pas trop eu l'occasion de discuter ensemble. J'ai l'impression de cerner sa part d'individualité mais je préférerait mieux la connaitre avant de m'avancer. D'où la sortie. » « Bien sûr, d’où la sortie. » Est-ce que le ton narquois de sa voix peut s’entendre à des kilomètres ? Bien sûr, mais elle décide, entre deux d’astiquages de sandwich, de la jouer finement.
Le sujet revient donc à la dissertation qui ne sera peut-être jamais vraiment lue, passant légèrement sur le fait de changer de cursus au milieu de l’année pour contrarier les professeurs qui n’aiment pas les retardataires, avant de retomber sur la Babyshower de Raven, surprise prévue le lendemain : l’invitation est reformulée mais, la réponse obtenue lui fait durement froncer les sourcils sous l’incompréhension. « Hypocrite ? » Le sujet, des deux côtés, est sensible. Si les Cuckoos tiennent une place en son coeur, Raven, elle, compose une grande partie de ce dernier. Elle ne laissera personne la dénigrer en sa présence, et encore moins pour une raison aussi futile que celle qu’elle devine : Raven a été présente pour les triplées, malgré les désaccords entre elles, preuve, s’il en fallait encore, de l’implication de la mutante bleue envers ses élèves. Il est bien facile de ne retenir que le négatif alors que Raven a mis sa vie et celles de ses enfants, en danger, pour les aider : elle était prête à se battre pour elles mais, cela, on l'oublie aisément au profit des rancoeurs puériles.
Heureusement pour leur amitié, la conversation dévie finalement sur la possible relation amoureuse entre Kali et Esmé, sujet qui n’est pas moins sensible cependant. Jean ne met pas vraiment les formes pour être délicate, ni entreprendre de sous-entendre plutôt qu’être aussi franche qu’elle le souhaite, car il faut bien reconnaître que si elle espère sincèrement que son amie aura un retour d’amour de leur part, elle est lassée de la voir ainsi souffrir depuis plusieurs semaines, sans arriver à rompre le lien. « Ce n'est pas une question d'avoir une chance ou non. J'y vais simplement pour mieux la connaitre. » « D’accord. » dit-elle dans un premier temps en haussant brièvement ses sourcils, frottant ses mains l’une contre l’autre pour se débarrasser des miettes, avant de racler discrètement sa gorge. « Je peux être honnête ? » Elle pose la question mais elle va l’être. « Je suis inquiète pour toi. Je me permets de te le dire parce que je tiens énormément à toi, tu comptes pour moi, et je n’aime pas te voir souffrir, tu t’accroches à cette histoire et... » Elle soupire en croisant ses bras l’un contre l’autre sur ses genoux, mordant l’intérieur de sa joue sans la quitter des yeux. « J’ai peur de la façon dont tout ça va finir. » Haussant ses épaules, elle ondule sa nuque tout en disant, avec une pointe de tristesse dans la voix : « Je sais que ce n’est pas comparable mais tu vois, moi, j’essaie d’éviter Scott au possible. Il m’arrive même de scanner mentalement le manoir pour savoir où il se trouve, pour ne pas le croiser… Alors tu sais mieux que moi ce qui est bon pour toi, mais ça m’inquiète, voilà. » C’est dit. Elle ne s’inquiète pas trop de la façon dont Kali va recevoir son discours mais, comme elle en a un peu marre de contenter tout le monde, elle commence par dire tout haut ce qu’elle pense tout bas.
Après lui avoir donné le bon outil — un miracle, presque, Jean se met à arpenter l’atelier pour observer les différents objets disposés ici, ne voyant pas trop, pour certains, à quoi ils peuvent bien servir. « Je ne t'ai jamais demandé, mais tu as quelqu'un en vue ? » Un léger sourire prenant enfin place sur ses lèvres, elle secoue son menton de gauche à droite tout en continuant son périple dans l’atelier, étant désormais dans le dos de Kali, devant une étagère remplie de bidons recouverts de poussières. « Non, personne. Je n’ai pas trop le temps pour ça ! Ni l’envie. » Un petit rire se faisant entendre, elle tend sa main pour attraper une bouteille et lire l’étiquette tout en disant, d’un ton moqueur pour elle-même : « J’ai été plaquée une fois, je pense que ça suffit. » Il vaut mieux en rire qu’en pleurer, non ?
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Jean releva son utilisation du mot "Hypocrite" sans pour autant aller plus loin. Tant mieux. Installer un conflit entre eux était vraiment la dernière des choses qu'elle souhaitait faire. Kali savait pertinemment que sa professeure d'histoire avait une relation privilégiée avec sa comparse rousse et elle préférait éviter de marcher sur leurs platebandes.
Elle avait cependant espéré que sa réponse presque totalement honnête lui offrirait un peu de répit, voire même orienterait la conversation vers des sujet moins malheureux. C'était sans compter sur la suite de l'intervention de Jean.
A sa demande d'honnêteté, elle n'avait répondu qu'avec un hochement de la tête, appréhendant ce qui allait suivre. Et elle avait raison. Le "tu t’accroches à cette histoire" de Jean lui fit l'effet d'un coup de poing au ventre. Elle ne comprenait pas. C'était bien pour cela que Kali n'en parlait pas à qui que ce soit.
Personne ne comprendrait l'attachement qu'elle ressentait envers elles, le puissant rejet qu'elle avait vécu et la douleur qu'avait amené la perte de sa sœur. Personne sauf elles. Ce n'était pas une histoire, c'était l'histoire.
Le deuxième coup lui fut asséné quand Jean lui fit ensuite part de sa peur quant à l'issue de "tout ça". Ce n'était pas la seule. Et pourtant, Kali elle-même ressentait un besoin simple mais puissant de rester avec elles, sans prendre en compte l'impact qu'aurait une issue négative sur sa santé mentale. Elle ne voulait pas les perdre.
Comme l'avait préfacé Jean, sa comparaison avec Scott ne marcha pas réellement. Les Cuckoos ne l'avaient pas abandonnée, même si elles avaient été tentées de le faire. Et les raisons pour lesquelles elles avaient refusé ses avances étaient certes douloureuses mais fondées. Rien d'aussi "vexant" que l'horreur que lui avait infligé son ex. Et puis... Et puis elle n'avait pas envie de les fuir. C'étaient avant tout d'excellentes amies qui la comprenaient à un niveau dont personne d'autre ne s'approchait. C'était quelque chose de précieux à ses yeux.
Le silence fut la seule réponse que Jean reçut.
Sa pathétique tentative de changer le sujet fut reçue avec plus de gaieté que ce à quoi elle s'était attendue. La réponse elle-même laissa Kali perplexe. Pourquoi est-ce qu'une seule mauvaise expérience devait dicter les relations de Jean ? Elle ne doutait pas un instant que quelqu'un comme elle parviendrait à trouver quelqu'un de bien sans trop se fouler.
Les mots restèrent cependant bloquées dans sa gorge. Elle ne se remettait pas de la déclaration de sa comparse. C'était pathétique, elle le savait, mais n'arrivait quand même pas à s'exprimer. Sa main droite tremblait comme une feuille et elle se sentait au bord des larmes.
Rassemblant son courage à deux mains, elle s'adressa à Jean d'une voix faible, audiblement rendue ténue par l'émotion :
- Désolé Jean, est-ce que je peux te retrouver dans ta chambre d'ici dix minutes ? Je prendrais une douche rapide chez toi si ça ne te dérange pas.
Dix minutes passèrent, pendant lesquelles Kali remonta les éléments de sa moto qu'elle avait démonté, le tout dans un silence digne d'une catacombe. Une fois qu'elle eut fini de remettre sa moto en état et de la ranger, la jeune mutante fit un crochet par sa chambre pour récupérer une serviette et un pyjama, en faisant bien attention à ne pas maculer de cambouis ce dernier.
Arrivée à la chambre de son amie, elle toqua simplement deux fois avant de rentrer. Une fois à l'intérieur, Kali fit signe qu'elle allait utiliser la salle de bain avant de rentrer dedans pour une douche rapide. Le cambouis fuit promptement enlevé et le pyjama enfilé. Lorsque la porte de la salle de bain s'ouvrit à nouveau, ce fut une personne différente qui sembla en sortir. Ses yeux trahissaient son manque de sommeil, son pyjama qui flottait les kilos qu'elle avait perdu et qui n'étaient jamais vraiment revenus, tandis que ses bras ballants évoquaient un sentiment de défaite. Posant ses affaires dans un coin de la chambre, elle alla se lover contre Jean comme elle l'avait fait pour leur retour du World. Là, les yeux fermés, elle murmura un simple :
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« Un des plus grands bonheurs de cette vie, c'est l'amitié ; et l'un des bonheurs de l'amitié, c'est d'avoir à qui confier un secret. » ALESSANDRO MANZONI
De toute évidence, la mention de Raven jette un premier froid dans la conversation qui, à l’origine, était dès plus chaleureuse : si Jean ne supporte que trop mal que l’on évoque sa mentor avec aigreur, elle se contente d’arquer l’un de ses sourcils en refusant de s’aventurer sur ce terrain miné avec Kali. La rousse est également son amie, et elle dissipe rapidement la colère montée en elle en se murmurant que celle-ci a légitimement le droit de ne pas l’apprécier : après tout, aucun mot insultant n’a été prononcé alors…
Mais l’hiver s’installe dans leurs échanges, cette fois-ci, soufflée par la voix de Jean ; si elle alloue une affection sans borne aux Cuckoos, elle ne peut rester muette face à la souffrance amoureuse de celle qui, malgré le rejet et la douleur, espère toujours une issue favorable à cette relation périlleuse. Sous l’élan de l’inquiétude et de l’amitié, car quand bien même les mots sont aussi difficiles à dire qu’à entendre, Jean ne peut se détourner de son rôle d’amie, qui l’oblige à veiller sur sa comparse : elle n’est pas opposée à cette histoire, et sait combien les rouages du coeur peuvent être capricieux, mais elle ne peut assister à la détresse de Kali sans tenter, au moins, de la mettre en garde.
Le silence fait écho à ses paroles, un silence gravement douloureux qui vient ricocher contre le coeur du Phoenix qui, bien que culpabilisant pour la peine causée, ne peut totalement le regretter. Il fallait bien que quelqu’un lui dise la vérité : les jolies blondes ne semblent pas véritablement enclines à développer des sentiments amoureux, et il vaut mieux une vérité qui blesse qu’un mensonge qui endort.
Il lui faut quelques longues secondes pour prendre la parole, faisant entendre une voix aussi incertaine que tremblante, rendue aussi instable par l’émotion qui secoue chacun de ses membres. « Désolé Jean, est-ce que je peux te retrouver dans ta chambre d'ici dix minutes ? Je prendrais une douche rapide chez toi si ça ne te dérange pas. » La fille de Charles presse ses lèvres l’une contre l’autre d’un air silencieusement désolé, avant d’hocher son menton de haut en bas en prenant une fine inspiration par le nez, comprenant qu’il lui faut à présent s’éclipser. « D’accord. » dit-elle d’une voix souple et calme, qui ne souffre d’aucune colère, tandis qu’elle descend de son perchoir pour quitter le garage, et remonter dans sa chambre avec le coeur lourd.
Elle s’en veut, bien évidemment, d’être la source de telles afflictions dans le coeur de Kali, mais comment aurait-elle pu faire autrement ? Elle ne veut pas la voir souffrir, du moins, pas davantage. Une fois dans sa chambre, elle s’allonge sur son lit en soupirant, étendant ses bras tout en fixant le plafond avec insistance, jusqu’à ce que des coups se fassent entendre contre la porte. Réveillée par la présence de son amie, qu’elle devine derrière la porte, la rouquine s’empresse de bondir de son lit pour ouvrir la porte avec un frêle sourire, ne voulant surtout pas qu’un quelconque malaise s’installe entre elles : ses actions et ses paroles ne sont que guidées par l’amitié sincère qu’elle lui porte.
Kali se dirige vers la douche, refermant la porte de la salle de bain sous l’oeil inquiet du Phoenix qui en fait de même avec la porte de sa chambre. Et ne sachant que faire en attendant, elle s’installe de nouveau sur son lit en attrapant la télécommande de la télévision pour zapper sur les chaînes, ne trouvant pas grand-chose d’intéressant : en réalité, son esprit est bien trop accaparé par les tourments de son amie pour se concentrer sur autre chose.
Laissant un reportage sur la faune d’Amérique Latine, elle mordille l’intérieur de sa joue en accolant son dos contre le mur situé derrière son lit, levant le nez de son reportage en entendant la porte de la salle de bain s’ouvrir : alors, et seulement alors, toute la douleur de Kali lui saute aux yeux. La douleur est physique, imprégnée dans ses yeux cernés, dans la pâleur de sa peau, dans l’expression vide de ses yeux pourtant si beaux, et dans ses maigres membres qui flottent dans ses vêtements, si maigres qu’on pourrait aisément croire qu’elle n’est plus qu’un sac d’os.
La vision lui fait affreusement mal au coeur, et elle presse de nouveau ses lèvres l’une contre l’autre en sentant sa gorge se serrer.
« Viens là… » Lui souffle-t-elle d’une voix douce en l’accueillant dans ses bras avec bonheur, qui lui offrent toute la tendresse du monde. Ses doigts partent à la conquête de ses cheveux courts pour les caresser délicatement, tandis que sa main libre passe dans son dos, effectuant des mouvements lents qui se veulent réconfortants, bien qu’elle ne se fasse point d’illusion : peu de choses peuvent apaiser le coeur tourmenté qui se tient contre le sien. « - Je suis désolée. » Comment peut-elle s’excuser alors qu’elle est celle qui souffre ?
Les sourcils contrits, elle secoue lentement son menton de gauche à droite en lui répondant d’une voix basse et doucereuse, qui ne garde aucune rancoeur ni colère. « Tu n’as aucune raison de t’excuser. » instaurant une petite pause pour la câliner avec tout autant de douceur, elle rajoute, comme pour dissiper les possibles pensées tortueuses de son amie : « C’est moi qui suis désolée, je n’aurais pas dû être aussi brusque… » Elle l'avoue, mais maintient sa position d'inquiétude : son amie a assez souffert dans cette histoire.
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
Kali n'avait pas hésité une seconde à rejoindre les bras de Jean. Ce fut pour elle un grand soulagement lorsque celle-ci l'invita, allant même jusqu'à lui frotter le dos et lui caresser les cheveux.
Lovée contre sa meilleure amie, elle souffrait toujours autant mais, paradoxalement, se sentait bien plus apaisée. Bien qu'incapable de faire la comparaison elle-même, cela lui évoquait des moments passés avec sa sœur, dans un des rares cas où Kali était celle qui avait besoin d'être réconfortée. Dire que Sita lui manquait terriblement aurait été un cruel euphémisme - cela allait bien plus loin, comme son amour des Cuckoos.
Pourtant, Jean - même si elle ne pourrait jamais vraiment remplacer sa sœur - arrivait à calmer un peu sa tourmente.
Les yeux toujours fermés, elle écouta sa comparse lui dire qu'elle n'avait pas à s'excuser. Si elle en avait eu l'énergie, la jeune mutante aurait rétorqué quelque chose, mais elle se sentait actuellement vidée, incapable d'aller à contre-courant de ce que lui dirait Jean.
D'une voix basse, frêle, elle répondit à ses excuses :
- Tu n'as pas été trop brusque, je... je comprends ne t'inquiètes pas.
Elle se lova encore un peu plus contre Jean, sa voix commençant tout juste à se teinter de sommeil.
- Parler ne m'aide pas vraiment, je préfère... les distractions. M'occuper l'esprit, comme avec la moto.
Le sport l'aidait beaucoup moins puisqu'elle ne ressentait plus ce besoin irrépressible de se défouler, chose qui n'était pas arrangée par la perte de ses pouvoirs, rendant le tout encore plus douloureux.
- Je n'ai pas envie d'arrêter de les fréquenter. Elles sont... tout pour moi.
C'est exactement ce qu'elle aurait dit pour Sita, jusqu'à ses douze ans. Ce n'était pas simplement une relation amoureuse ou amicale. Elle était liée à elles comme personne d'autre. Par le trauma. Par leurs similarités. Par le besoin de s'entre-aider.
- Si ça veut dire rester dans cet état là... et bien tant pis.
Sa voix était devenue un peu plus distante. Les affres du sommeil commençaient à se saisir d'elle, malgré la sincérité de ses propos. Elle n'était pas habituée à exhiber une telle palette d'émotions ou même à simplement discuter de ses sentiments. Lorsqu'elle le faisait avec les Cuckoos, elle préférait leur montrer directement ce qu'elle vivait. Enfin, avant de revenir de l'hôpital.
I need relief, a failure's coming on Just breathe in deep, it's taking far too long I need relief, this weakness carries on Please be a dream, or was it all along?
« Un des plus grands bonheurs de cette vie, c'est l'amitié ; et l'un des bonheurs de l'amitié, c'est d'avoir à qui confier un secret. » ALESSANDRO MANZONI
Aidé par les caresses éparses dans les cheveux courts de la malheureuse, dont le dos est câliné avec douceur, l’apaisement se diffuse dans son corps sans toutefois éteindre définitivement le feu de ses tourments ; ce n’est point une aspiration de Jean, qui sait à quel point le chagrin amoureux peut être tortueux. Il lui faudra du temps pour s’en remettre mais, avant d’emprunter la voie de la sérénité, il lui sera nécessaire de faire le deuil de cette relation qui, dans le fond, n’a jamais vraiment évolué. Du moins, pas d’une manière réciproque.
« Je comprends… » souffle-t-elle sans cesser de faire naviguer la pulpe de ses doigts entre les mèches rousses de sa comparse, sur laquelle elle remonte la couverture jusqu’à la taille, juste pour s’assurer qu’elle n’a pas froid. Elle comprend le besoin de distraction, mais redoute que le déni n’atteigne rapidement ses limites, et que tout lui soit douloureux. « Tant mieux si la moto te fait du bien, mais peut-être que tu devrais t’éloigner un peu de l’Institut quelques jours… On pourrait partir en weekend. » Est-ce que Kali aimerait aller en Californie pour aller à DisneyLand ? Elle ne voit pas trop son amie dans cette situation mais garde l’idée dans un coin de sa tête puisque, si jamais la proposition est acceptée, elle aura mille possibilités à lui soumettre. « Je n'ai pas envie d'arrêter de les fréquenter. Elles sont... tout pour moi. » Là encore, elle comprend puisqu’elle a été dans cette situation il y a peu ; à la différence qu’elle a rompu le lien en sentant combien il était nécessaire de mettre de la distance entre Scott et elle. Un instant, sans égoïsme mais par une curiosité intérieure, elle ne peut s’empêcher de se demander pourquoi elle a pu, si rapidement et facilement, se passer de la présence de son ex-compagnon, quand Kali est incapable d’envisager un tel manque, alors qu’elle n’a jamais été en couple avec elles ? « Si ça veut dire rester dans cet état là... et bien tant pis. » C’est une conclusion à laquelle Jean ne répond pas. Kali abandonne l’idée de se sauver du malheur causé par cette histoire d’amour, mais son amie n’abandonne pas l’idée de l’en sauver. Elle reste silencieuse, continuant de caresser le dos et les cheveux de sa complice jusqu’à ce que celle-ci s’endorme, trouvant enfin un peu de repos bien mérité.
* **
24 janvier 2025
Elle prend une fine inspiration en montant les marches de l’escalier menant au deuxième étage, non sans torturer l’intérieur de sa joue en la mordillant sans même s’en rendre compte. Toute cette pénible histoire avec Scott l’a empêchée de dormir la veille et, à présent, elle ne sait même plus quoi en penser, ni même si elle doit avoir un avis sur le sujet. Elle a l’impression que sa tête va exploser tellement elle ne peut s’empêcher de penser, de réfléchir, de se refaire le récit des derniers évènements…
Elle pourrait se confier à Charles, puisqu’il a été le témoin privilégié de l’attirance naissante entre Scott et elle, mais discuter d’un sujet aussi sensible avec celui qu’on considère comme un père n’est pas chose aisée ; elle pourrait également en parler à Raven, plus ouverte et prompt à recevoir ce genre de discours mais, la belle blonde vit ses derniers instants de grossesse, elle a donc besoin de calme, de douceur et de bonnes nouvelles. Apprendre qu’un de ses x-men a menacé l’un de ses élèves ne peut être considéré de la sorte donc, c’est vers sa meilleure amie qu’elle se tourne. Enfin, c’est surtout devant la porte de sa chambre qu’elle s’arrête, pour y toquer quelques coups en tremblant légèrement ; pourquoi est-ce qu’elle tremble, d’ailleurs ?!
Parce qu’elle s’apprête à dire à sa meilleure amie qu’elle a embrassé son ex, et qu’elle ne sait même pas pourquoi elle l’a fait. Elle en avait envie — c’est la principale raison, mais elle sait que ce n’était pas une bonne idée. De ce fait, elle glisse ses mains dans les poches arrières de son jean en pressant ses lèvres l’une contre l’autre, attendant que le panneau de bois s’ouvre ; entre malheureuses victimes de l’amour, elles ne peuvent que se comprendre, non ?
THE FIRE FINDS A HOME IN ME ᭸ clipped wings, I was a broken thing, had a voice but I could not sing. there's a scream inside that we are frightened,we hold on so tight, we cannot deny, eats us alive, oh it eats us alive. there's a scream inside that we are frightened, I’ll shout it out like a bird set free.
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