« Quand tu rencontres la douceur, sois prudent, n'en abuse pas, prends garde de ne pas démasquer la violence. » Pierre Reverdy
À bien des égards, la jeune femme — bien que ce terme ne lui semble pas tout à fait appropriée, est comparable à une enfant portée par l’innocence et la richesse d’esprit ; cela l’attendrit considérablement et cela se voit sur son visage mais, en même temps, une partie de lui ne peut s’empêcher de songer douloureusement à la fille qu’on lui a arraché… Roxianne aussi voyait souvent des formes dans les nuages. Est-ce qu’elle le fait encore ?
Il tente de ne pas se laisser emporter par la tristesse, lourde, que porte son coeur, si bien qu’il secoue brièvement son menton en raclant sa gorge, comme pour se donner de la contenance. Affronter l’absence, endurer le manque, faire face à cette nouvelle vie. « Il y a différents types de nuages ? Lesquels ? » Elle est curieuse, cette demoiselle aux antennes dressées. « Alors… » Introduit-il en levant machinalement son menton vers le ciel, en regrettant presque de s’être aventurés sur ce terrain car il est bien loin de son domaine de prédilection. « Je ne suis pas un spécialiste, mais je connais déjà ceux-là, qu’on appelle Cirrus, » il lève sa main pour désigner des traits étendus dans le ciel, blancs et semblables à des filaments ou des plumes très fines. « …Ceux-là qu’on appelle des altocumulus, ils ressemblent à des poils de moutons, eux. » Un petit rire emportant ses lèvres tandis qu’il montre désormais un amas de nuages proches les uns des autres, et épais comme des galets de cotons. « Il y a aussi les Cumulus, qui sont les plus courant, mais il ne fait pas assez beau aujourd’hui pour qu’on puisse les voir. » Abaissant sa main, il repose un regard attendrit sur la demoiselle, en espérant avoir répondu un peu à sa question, même s’il n’a fait qu’effleurer le sujet. « Désolé, je ne suis pas météorologiste, je suis médecin. » Prenant une fine pause, il se permet de demander, sans malveillance aucune : « Excusez-moi de poser cette question mais… C’est dû à une mutation ? » Oui, il parle des antennes.
Le regard tantôt vers le ciel, puis vers son interlocuteur aux beaux yeux bleus, la curiosité de Mantis a été piquée : c’est naturellement qu’elle pose des questions, encore ignorante sur bien des sujets. Loin d’être ridiculisée pour ce manque de savoir, Morgan le lui apporte. Ce dernier lève le menton, avant de commencer son exposé. « Je ne suis pas un spécialiste, mais je connais déjà ceux-là, qu’on appelle Cirrus, » Du point de vue de la jeune femme, ça a tout l’air de termes utilisés par un spécialiste. Mais elle ne relève pas, se contentant de suivre la main du brun pour observer les nuages qu’il vient de nommer. « …Ceux-là qu’on appelle des altocumulus, ils ressemblent à des poils de moutons, eux. » Elle fronce les sourcils, à cause de la complexité du nom de ces nuages, avant de rire avec lui, les yeux sur les nuages-moutons. « Il y a aussi les Cumulus, qui sont les plus courant, mais il ne fait pas assez beau aujourd’hui pour qu’on puisse les voir. » Comme il abaisse la main, elle abaisse son regard, croisant le sien et, un instant, elle ne sait pas où se mettre. Heureusement, il reprend la parole.
“Vous êtes médecin ? Enfin, ça ne m’étonne pas tant que ça, au final… Vous- avez toute la douceur requise.”
Mantis lui sourit doucement. Son sourire s'effrite un instant sous la surprise de la question qu’il lui pose, avant de retrouver sa contenance.
“Oh, il n’y a aucun souci. Ce n’est pas une mutation. En fait, je ne viens pas de cette planète, simplement. Ces antennes sont reliées à mes pouvoirs, cependant.”
Mantis n’est pas gênée par les questionnements de sa nouvelle connaissance : il ne sera pas le premier, ni le dernier, à poser des questions. Elle n’a jamais trouvé ça dérangeant. Il y a un moment de flottement et Mantis se rend compte qu’elle ne voulait pas arrêter cette conversation ici. Se balançant un instant sur ses pieds, de droite à gauche, elle ose finalement poser la question.
“Vous… aimeriez prendre un café avec moi ? Ou… une boisson chaude, simplement.”
La jeune femme adresse un sourire au brun lorsqu’il répond à l’affirmative et, côte à côte, ils se dirigent sans se presser vers la sortie du parc, à la recherche d’un lieu propice à faire connaissance. Un bon moment en perspective, sans aucun doute.
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