Je frissonne à sa réponse, et je comprends qu’il essaye de m’aider. De me rassurer. Mais est-il en train de mentir ? Je ne peux pas tout lui dire. Si je parle trop, il risque d’être ciblé par ceux qui me contrôlent. Il est innocent, mon petit Jun. Je ne veux pas l’entraîner dans des délires de mafias. C’est trop dangereux. Il pourrait en mourir…ou être récupéré pour autre chose. Avec sa belle gueule, je ne doute pas qu’on l’embarquerait dans un trafic d’être humain. Il deviendrait pute malgré lui, simplement à cause de mes frasques. Non, je ne peux pas lui faire subir ça.
Il y a des choses que je ne veux pas mentionner, dont je ne dois pas parler. Pourtant, alors que j’entends sa si belle voix résonner à mes oreilles, je sens mon esprit quitter mon corps petit à petit. Mes yeux sont rivés sur son visage, mes lèvres entrouvertes, et je laisse cette nouvelle drogue s’insinuer dans mes veines. Je ne comprends pas tout de suite où est le problème, et ne sens pas cette manipulation qui vient de lui. Tout ce que je sais, c’est que sa présence me donne suffisamment confiance pour lui avouer la vérité. Toute la vérité. Il a bien le droit de savoir, non ?
“Je suis…un terroriste, de base. En Angleterre. Avec les Black Dahlia…on détruisait des banques, des entreprises trop riches et corrompues.”
Ma voix est distante, j’ai l’impression de flotter dans les airs. Comme si rien n’avait d’importance, que je regardais simplement ce que j’ai accompli dans cette vie-là. Suis-je mort, alors ? Non, je vois encore très bien les traits du visage de Jun. Mon aimé est là, à mes côtés, et écoute mes élucubrations sans cesser de chantonner.
“On vivait dans des squats. On se défonçait tous les soirs, ensemble. C’était la kétamine qui me faisait avancer. J’avais aucun autre but dans la vie, juste…foutre la merde, détruire le capitalisme, le purger. Mais on s’est fait choper. C’est la drogue qui nous a enfermé en taule. Et ils nous ont tout foutu sur le dos. Alors…on allait y rester longtemps.”
Cette période de ma vie est encore floue dans ma tête. Comme s’il s’agissait d’un mauvais rêve lointain. Je poursuis néanmoins, d’un murmure.
“Des types nous ont fait signer un truc. Je sais plus ce que c’est. On nous a sorti de taule…et plus rien. Je me souviens pas. Je me rappelle juste…d’avoir eu peur. Mal aussi. Incroyablement mal, partout. Puis le soulagement…et le noir. Puis…je me suis réveillé au labo. Tout seul.”
Une fois encore, les souvenirs sont flous dans ma tête. Je n’ai aucune idée de ce qu’il a bien pu se passer durant ces années dans le noir, et je ne suis pas certain de vouloir le savoir. Ou peut-être que si, j’ai envie de le savoir. Parce que je veux retrouver mes potes, ma famille de coeur.
“La vie, c’était déjà de la merde avant. Mais là…je me suis réveillé avec des pouvoirs insupportables. Et dans un pays que j’exècre. Sans papiers. Enfermé dans un labo comme un putain de cobaye. J’ai voulu crever. Mais…j’ai vu Rick. Enfin je l’ai pas vu, je crois que j’ai halluciné. Mais il était là, et il m’a forcé à sortir pour le retrouver. Tous les retrouver. Alors je suis sorti. J’ai tanké les balles, battu ces connards, et je suis sorti. Et…et j’étais ici, tout seul. Presque dix ans après avoir quitté la taule.”
Ma voix devient robotique maintenant, comme si je détachais entièrement mes émotions. Je me raccroche uniquement à la voix de mon cher Jun, seule bouée qui m’empêche de me noyer.
“Je pouvais pas vivre tout seul ici. Alors j’ai rencontré des gens. Des criminels, mais…pires que moi. Ils m’ont offert mes premiers appareils, donné une piaule, une protection, en échange de mes services. Du coup…je taffe pour eux parfois, quand ils ont besoin de renseignements. Je peux voir des détails de très loin, entendre à des centaines de mètres ou à travers les murs, et c’est impossible de percer ma peau ou briser mes os. Alors…je suis le petit soldat le plus parfait qui soit. Mais sans eux, je finirais vite en taule, ou pire…au labo.”
Mais en me mêlant à la pègre, j’ai simplement changé un maître pour un autre. Troqué ma place de cobaye pour être une bête de foire, utile mais qu’on ne considère pas vraiment comme un être humain. Je frissonne une nouvelle fois, et commence à reprendre pied. Pourquoi est-ce que je lui raconte tout ça ? Pourquoi lui dévoiler la vérité alors que je crains tant qu’il soit pris pour cible ? Je fronce les sourcils, mais les mots continuent à couler à travers mes lèvres.
“Mais c’est un enfer de vivre ici. Alors j’ai replongé très vite. Ici, c’est l’héroïne qui m’a eu. Elle me calme. Efface les hallucinations, parfois. Me fait oublier à quel point la vie, c’est de la merde. Et parfois, c’est pas suffisant. Parfois, j’ai juste…envie de crever. C’est toi qui m’aide à me raccrocher, maintenant. Mais j’ai peur de te mettre en danger, et j’ai peur que tu ne supportes pas d’être gardé loin des secrets. Même si là, tu m’as sûrement obligé à tout te dévoiler, sans savoir que tu viens de te mettre toi-même en danger. Les ignorants sont épargnés. Je voulais te protéger au maximum, et tu ne m’as pas laissé ce choix…”
Staten Island - Domicile de Jun
Why am I this way?
Stupid medicine, not doin' anything What thе hell is fucking wrong with me? I guess thеre's no remedy. I'm so terribly lost
[size=13]Thomas n'est pas né mutant contrairement à Jun. Son estomac lâche au fur et à mesure de son récit. Un peu comme quand on descend rapidement dans une montagne russe après être monté très haut. La sirène pourtant ne lâche pas sa main. Reste silencieux en ayant les larmes aux yeux et en apprenant la vérité. Il maudit son pouvoir en cet instant. Celui de pouvoir le faire parler. Aurait aimé être ignorant, aurait aimé rester dans la désillusion. Mais il est trop tard pour faire marche arrière. Et Jun doit savoir. Oh, il se doutais bien que son amant n'était pas blanc comme neige. Mais le terrorisme ? Parler de ça aussi calmement à un Américain, c'est tout de même étrange. Il n'a surement pas fait grand chose de mal dans le fond, de ce que le jeune homme comprend, lui et ses amis étaient des robins des bois modernes cherchant à détruire le capitalisme et ce fichu système dont ils sont tous prisonniers. Le drogue elle, lui semble plus problématique... Puis la prison. La prison et... la mutation qu'on a imposé à Thomas.
Naître mutant n'est déjà pas simple. A cause du regard des autres, qui vous dévisagent comme si vous étiez une bête de foire. Si sa mutation à lui n'est pas visible au premier coup d'œil, le métisse peine toujours à se dire qu'on ne le juge pas vis à vis de ça. Préfère rester silencieux pour ne pas être traité différemment d'une personne ordinaire. Mais il a au moins eu "la chance" de toujours être comme ça. Se réveiller, du jour au lendemain avec des super pouvoirs, c'est une autre paire de manche.
« Je vois. »
Il ne sait pas trop quoi lui répondre d'autre. Dire qu'il est désolé que ça lui soit arrivé... ça lui semble un peu con comme réflexion. Evidemment, qu'il ne souhaite ce qu'à vécu Tom à personne. Parce qu'en plus de voir sa vie chamboulée avec des capacités qu'il n'avait pas la veille... Les siennes sont bien pourries. Oh, c'est pratique en un sens de ne pas pouvoir se casser un os, d'avoir une super peau. Jusqu'à ce qu'on aille réfléchir un peu plus, en se rendant compte que du coup, il n'y a plus aucun moyen de faire un simple vaccin. C'est bien aussi, d'entendre super bien. Jusqu'à ce que l'on se rende compte que tout entendre... Peut vite vite rendre complètement zinzin. Maintenant, Jun comprend la réaction de son amant qui l'a supplié de lui rendre ses appareils auditifs pour tamiser le bruit.
« Je devais savoir Thomas. »
Il a pourtant raison dans le fond, il aurait mieux valu qu'il ne saches rien. Mais pourtant...
« Parce que si je ne sais pas tout, je ne peux pas t'aider. Tu comprends ?... »
L'aider comment ?... Putain, il n'en sait rien. Lui est un gars ordinaire. Silencieux, qui ne veut pas que l'on remarque sa mutation, mais ordinaire. Un travail qui lui plaît avec des horaires fixes, un appartement avec un loyer correct, un chat. Un type qui rentre du travail pour regarder la télé ou jouer à un jeu vidéo, faire sa cuisine. Eventuellement aller à un concert de rock le week end pour sortir un peu et s'amuser. Mais il n'y a rien d'exceptionnel, dans sa vie à Jun. En vérité ?... Il n'a aucune foutue idée de comment il pourrait aider son amant. Parce qu'il n'a jamais été confronté à des sales types dans la mafia. Que c'est même la première fois, à sa connaissance, qu'il parle à un repris de justice...
« Je sais pas trop quoi faire pour toi, Tom. Mais au moins... ici, avec moi, tu ne crains rien, d'accord ?... Ces gens là je les connais pas, je ne suis personne et ils ne savent pas qui je suis non plus. Ici, tu peux être tranquille. Oublier toute cette merde. Juste... être Tom, le type avec un accent Anglais à couper au couteau qui a réussi à séduire une jolie sirène, d'accord ?... »
Il a raison Jun, si j’ai trop de secrets pour lui, il ne pourra pas m’aider. Mais la vérité, c’est qu’il ne peut rien faire de toute façon. C’est un mec normal, lui. Avec un travail normal, une routine, des amis même s’il estime en avoir très peu. La seule chose chaotique dans son environnement, c’est moi. C’est moi qui l’entraîne du mauvais côté, moi qui le force à vivre avec un camé complètement taré. J’ai envie de pleurer. Je suis une merde et je le sais, je ne voulais pas entraîner qui que ce soit dans ma chute. Au final, c’est pire que tout. L’homme que j’aime le plus au monde, cet amour naissant que j’aurais voulu cultiver, je suis en train de le détruire par mes addictions.
“Tu…tu peux rien faire, Jun-Jun…c’est trop tard pour moi.”
C’est ça, la vérité. Même si je m’accroche à la vie, la seule chose qui me fait encore tenir est la vengeance que je compte mener contre ceux qui m’ont détruit. Je n’ai pas d’autre but dans la vie, et une fois celle-ci accomplie, je ne sais même pas ce que je vais faire. Fuir, peut-être. Ou me jeter du haut d’un pont en espérant que mon corps finisse par se désintégrer tout seul. Une balle dans la bouche ? C’est un risque qu’elle ne fasse aucun dégât mortel. Avaler du cyanure ? Ah, c’est déjà plus certain comme solution. Quoi qu’il en soit, je ne pourrai pas continuer à vivre. Je n’en ai pas le droit, malgré toutes mes convictions.
“Avec toi, je me sens si bien, Jun…plus…léger. Mais tu m’as trahi aujourd’hui, comment croire que tu le referas pas ?”
Il a utilisé son pouvoir sur moi, pour obtenir la vérité. Je sais qu’il ne pensait pas à mal. Mais s’il recommençait un autre jour, pour d’autres choses ? J’aime sa voix, je tuerais pour l’entendre au quotidien, mais je comprends maintenant à quel point elle est dangereuse. J’attrape sa main dans la mienne, tremblante, et la porte à mes lèvres pour déposer un doux baiser dessus.
“Je t’aime à en crever. Je sais, c’est un peu tôt pour le dire…mais c’est vrai. Je t’aime tellement…t’es ma bouée de sauvetage. Je veux juste te protéger de ceux qui m’ont mis dans cet état, tu sais ? Même si tu n’es personne pour eux…”
J’ai toujours cette crainte pas si infondée qu’il soit pris pour cible, rien que pour me faire chanter. Un soupir passe la barrière de mes lèvres ; la drogue commence à redescendre, enfin, mais la fièvre continue. Je me frotte les oreilles par réflexe, ressentant encore un peu de douleur.
“Est-ce que je peux…rester avec toi ici ? Juste quelques jours, même moins si tu veux pas. J’ai…j’ai pas envie d’être tout seul. Je sais pas ce que je ferais seul, j’ai le moral complètement niqué là.”
En réalité, j’ai peur de faire des conneries. Oh, rien qui pourrait me tuer - je ne sais même pas comment mourir, vous savez ? A part l’empoisonnement, mais ça va être galère de trouver de quoi m’empoisonner. Peut-être une overdose…ok, ça c’est déjà plus probable. C’est même certain que ce sera la raison de ma mort, dans un avenir plus ou moins proche. Je serre un peu plus la main de Jun, et tente de me redresser ; en vain. Nouvelle tentative, qui cette fois porte ses fruits. Bien.
“Si tu veux pas, je comprends…c’est beaucoup d’un coup, pour un type normal. Je t'en voudrai pas.”
Staten Island - Domicile de Jun
Why am I this way?
Stupid medicine, not doin' anything What thе hell is fucking wrong with me? I guess thеre's no remedy. I'm so terribly lost
Trahison. Jun le sait et son coeur se serre aux paroles de Thomas. Baissant le regard en se mordant la lèvre, il serre l'épaule de l'autre fermement :
« Je sais. Je suis désolé... Tu sais, normalement, je fais tout pour ne pas parler, ne pas me faire entendre, que personne ne saches. »
Et pour preuve, on lui demande toujours de parler plus fort, on se demande même s'il est muet parfois. Jun songe alors une nouvelle fois qu'il devrait se replonger dans l'étude de la langue des signes pour éviter d'utiliser sa voix à nouveau. Un peu comme Ariel la petite sirène, il voudrait bien la donner à une méchante sorcière pour être certain d'être aimé pour ce qu'il est. Parce que même si Tom lui confie soudainement l'aimer de manière démesurée, il ne peut s'empêcher de penser que c'est uniquement à cause de sa voix. Il y est après tout plus sensible que la moyenne, avec son ouïe sur développée, est-ce que cela l'affecte donc plus qu'une personne normale ?
Il a envie d'y croire. De s'accrocher à cette relation, aussi compliquée et malsaine soit elle. Parce que c'est la première fois pour beaucoup de choses. La première fois qu'il est avec un autre mutant. La première fois aussi qu'il fréquente quelqu'un avec de très gros problèmes. D'Ordinaire, Jun est avec des gens comme lui. Des personnes sans histoires et sans passé aussi difficile, sans addictions et sans lien avec des gens très louches. C'est soudainement beaucoup pour lui.
Et pourtant, il sourit et hoche la tête à sa demande. Parce qu'il estime que Tom sera mieux ici qu'ailleurs. Qu'on ne risque pas de lui faire du mal, dans ce petit appartement de staten island.
« Oui, tu as besoin de te reposer. »
Il sait pourtant que les gens drogués, on ne peut rien faire pour eux. Qu'on ne peut pas les soigner si eux-mêmes n'en ont pas envie. Que même avec toute la bonne volonté et l'amour du monde, il ne pourras pas le sauver. Mais... Peut-être que si Tom se rend compte que la vie vaut la peine d'être vécue avec sa sirène, il feras le choix de se reprendre en main ? Et d'ici quelques années, ils auront bel et bien leur petite cabane dans les bois. Au calme et loin de tout ça. A des lieus de l'agitation de la ville et de toute la merde dans laquelle il s'est foutu.
« Je vais te faire une soupe, pour te requinquer un peu. Et après, il va falloir que t'ailles dormir... C'est un peu comme quand on est saoul je suppose ? »
Sans doute exacerbé, puisqu'il ne s'agit pas du tout des mêmes substances. Mais dans le doute, un petit potage, ça lui feras déjà du bien.
Ce n’est pas sa voix qui est un problème, mais ce qu’il en a fait avec moi. Il a trahi ma confiance, mon beau Jun, et je ne sais pas encore comment le prendre. Est-ce que je lui en veux ? Un peu, en soi. Je cherche simplement à le protéger, et lui…ah, mais je ne peux pas lui en vouloir longtemps. Et pas à cause de cette voix, non ; parce que je l’aime, tout simplement. Je ne veux donc pas remettre le couvert, passer l’éponge pour cette fois et espérer qu’il n’en profite pas à un autre moment crucial dans nos vies.
Je me redresse tant bien que mal, le visage déformé en une grimace de douleur. Putain ! J’ai l’impression de m’être pris un train en pleine tronche, et laissez-moi vous dire que c’est une sensation des plus désagréables. Mais comme je ne veux absolument pas que mon amant s’éloigne de moi, et que j’ai plus de volonté qu’il ne semblerait, je me lève tout de même en ignorant comme je peux une vision trouble et une envie de vomir mes tripes.
“Me laisse pas.”
Ma main reste fermement dans la sienne, et je le suis comme un gamin paumé jusque dans la cuisine. Mon cerveau, lui, tourne à plein régime. Jun n’a pas répondu clairement à ma question…du moins en a-t-il laissé des bouts de côté. Volontairement ou involontairement ? N’ayant pas vraiment confiance en moi, j’ai plutôt l’impression que c’est volontaire. Qu’il va chercher à casser avec moi dès que possible.
Mais s’il me lâche, ma vie est foutue. C’est con, hein ? Je suis le premier à dire qu’il ne faut surtout pas définir sa vie à propos d’une seule personne, et me voilà à me transformer en paillasson pour ce type. Je sens la paranoïa monter en moi, rien qu’à cette idée qu’il me lâchera dans un avenir très proche. Est-ce que je devrais le piéger ? Est-ce que je peux squatter chez lui comme ça, profiter de sa gentillesse pour être sûr qu’il n’ose rien me dire ? Est-ce que…est-ce qu’il serait capable de me dénoncer aux flics ? Non, c’est impossible. Jun est trop gentil pour ça. Je me monte la tête tout seul. Au moins, je m’en rends compte cette fois…
“C’est…plus compliqué que ça, mais oui, un peu. C’est juste…beaucoup plus douloureux qu’une gueule de bois.”
Je sais faire la différence entre les deux. La drogue, en l’occurrence, m’assomme bien plus facilement que l’alcool, et je mets beaucoup plus de temps à m’en remettre. En prime, avant même que je sois remis sur pied…le manque me tord les boyaux et me force à reprendre une nouvelle dose. C’est un cercle vicieux. J’ai besoin de ma dose pour oublier la douleur qui me vient de mon autre dose…
Silencieux, j’observe Jun avec attention, les pupilles dilatées - et ce n’est pas seulement à cause de l’héroïne. Cet amour que je lui voue, le transforme en ma nouvelle addiction. Je ne le me mérite vraiment pas, ce type dont la vie est tristement banale. Je suis un connard de l’attirer dans mes conneries, de le faire stresser comme ça pour rien. Lui qui n’a pas dû toucher à plus fort qu’un joint, et encore…le voilà entraîné dans des histoires de mafia, de drogue, avec un type recherché à l’international. Super.
“Je suis désolé, Jun-Jun…tu mérites mieux.”
Je le tire contre moi et l’enlace doucement, profitant de sa chaleur et respirant son odeur si douce. Puis, sans un mot, je l’aide à préparer cette soupe qu’il veut me faire avaler, en priant pour qu’il n’ait pas décidé de glisser quelques somnifères dedans dans l’espoir de me mettre hors d’état de nuire. Nuire à qui ? J’en sais rien. Je ne suis pas clean, et je ne suis pas clair.
La soupe est avalée, la soirée bien entamée et je suis incroyablement collant avec ma pauvre sirène qui n’a plus osé prononcer le moindre mot. Si collant que je l’attire avec moi dans son lit, sans savoir s’il désire sombrer dans le sommeil tout de suite. Je manque totalement d’assurance aujourd’hui…mais demain est un autre jour. Peut-être que Jun ne m’en voudra plus, peut-être que moi je ne lui en voudrai plus.
Oh, j’espère tellement que personne ne viendra l’emmerder maintenant qu’il est au courant ! C’est peut-être ma plus grande crainte, aujourd’hui. J’ai tant perdu dans cette vie, si je le perds lui aussi…je ne sais pas ce que je pourrais faire. Quelque chose de terrible, sûrement. Le serrant dans mes bras comme une peluche, terrifié à l’idée qu’il disparaisse, je m’évanouis plus que je sombre réellement dans le sommeil. Le noir me happe, les rêves ne viendront pas m’assaillir ce soir. C’est peut-être le seul avantage à avoir un sang aussi vicié que le mien.
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