[Terminé] This girl is on fire

Elle demande des cookies, la belle blonde ; de quoi ravir les joues de la rousse, qui s’étirent avec une gourmande à peine dissimulée, que sa comparse connaît fort bien. Elle sait comment lui parler pour lui faire plaisir, et la gâter ! « C’est une très bonne idée. » dit-elle avec une sobriété teintée de joie, tandis qu’elles s’installent confortablement à une table un peu isolée, car les deux mutantes ne veulent pas être dérangées durant ce moment privilégié.

Heureusement, Raven la rassure promptement sur son état ; la rousse n’y connait pas grand chose, Raven étant la première femme enceinte qu’elle côtoie d’aussi près, alors elle se fie totalement à son ressenti et à son jugement, non sans vérifier à plusieurs reprises que les petits coeurs des bébés, sous sa peau, battent toujours à un rythme effréné. Elle a lu que les battements, considéré comme normaux, devaient se situer entre 110 et 160 battements par minutes, alors, elle a appris à calculer ; compter le nombre de pulsations sur trente secondes et multiplier ce chiffre par deux pour avoir le nombre de battements par minute ; en l’occurence, actuellement, leurs coeurs vont très bien.

Rassurée quant à l’état de celle qu’elle aime tendrement, mais aussi rassérénée de celui des jumeaux, elle se revigore de quelques couleurs joviales en annonçant l’inviter ; ce n’est que justice après le sublime cadeau qu’elle vient de lui offrir mais, en plus, cela lui fait grandement plaisir. « Ils bougent beaucoup en ce moment… Cela me fait … Enfin j’ai quelques contractions de temps en temps mais ça va… » Un tendre sourire déchire ses lèvres tandis qu’elle croise ses bras sur la table devant elle, en disant : « C’est qu’ils commencent à être à l’étroit. » L’accouchement est pour bientôt, cela ne fait aucun doute ; plus qu’un mois et Raven pourra faire la rencontre de sa vie : celle avec ses enfants.

Mais quand bien même porter la vie est d’une beauté grandiose, Jean ne peut s’empêcher de froncer son petit nez quand elle sent, contre la peau tendue de son ventre, une petite main apparaître, dessinée en ses contours, presque en relief. « Regarde. Je crois qu’ils t’aiment déjà… Au moins un des deux ! » Le nez froncé sous la bizarrerie du moment, bien que cela lui procure en même temps une tendre euphorie, elle ne peut s’empêcher de sourire en caressant le ventre de Raven à l’aide de son pouce, admirant ce manifeste de vie avec des étoiles dans les yeux. Un pied apparaît un peu plus en hauteur, comme manifestant une vive envie de prendre part à cette conversation ; le hasard fait bien les choses, et la rousse ne peut s’empêcher d’émettre un petit rire bien joyeux. « Les deux visiblement ! Les deux t’aiment déjà. » « Je les aime aussi, ils le savent ! » Dès le départ, elle s’était réjouie de leur venue au monde. Et rien n’avait changé depuis, elle était incroyablement heureuse et impatiente de les rencontrer !

En entendant le serveur arrivé, avec un plateau chargé de tous les mets commandés, la rousse se redresse correctement sur sa chaise en adressant un sourire complice à la blonde, qui ne peut attendre les boissons visiblement ! Armée de sa cuillère, la gourmande attaque déjà sa part de gâteau ambré, qui fait grimacer la plus jeune… « Comment tu peux manger ça ?! Les carottes dans un gâteau… » Elle maintient sa grimace durant quelques secondes avant d’attaquer un sage cookie aux pépites de chocolat, qu’elle tient avec ses deux mains ; n’ayant pas peur de parler la bouche pleine en compagnie de Raven, elle n’attend pas de déglutir avant de dire, d’une voix toujours enjouée : « Je ne t’ai jamais demandée je crois mais… Tu as des idées de prénoms ? » Curieuse, elle attend la réponse mais, si Raven veut conserver la surprise jusqu’au bout, Jean respectera sa décision.

Le serveur revient pour déposer les boissons sur la table — enfin, avec le peu d’espace qui reste car les assiettes recouvrent toute la surface en bois, et Jean se jette presque sur son chocolat chaud, dont elle boit une gorgée malgré que ce soit bien chaud. « Il est trop bon. » Mais elle n’est pas compliquée : si il y a du chocolat, elle aime déjà. « Je ne connais pas meilleure façon de fêter son anniversaire. » Des cookies, un chocolat chaud, Raven pour lui tenir compagnie… Tout est parfait.

Malgré son jeune âge, Jean a pleinement conscience de ce qui se passe dans le corps de son amie ; elle sait très bien qu’il y a ces petits êtres, ces souffles de vie qui grandissent au fur et à mesure que le temps passe, elle se figure très bien leur aspect et leur taille mais voir apparaître la forme de leurs mains et de leurs pieds, comme le témoignage indéniable de leur existence, possède quelque chose de totalement bouleversant et émouvant. Une émotion toute particulière traverse d’ailleurs ses yeux, emportant un sourire tout aussi joyeux qui perdure longuement sur ses lèvres, même après que la jeune femme ait repris sa position initiale.

Elle s’impatiente de leur précise, car elle leur porte déjà un amour tout particulier, qui ne peut s’expliquer ; elle sait ne pas être de leur famille biologique et, pourtant, elle sait qu’elle pourrait déjà accomplir bien des choses pour les protéger, par instinct non pas du sang mais du coeur.

Pendant que Raven s’attaque à leurs mets, armée de sa fourchette qui n’en perd pas un miette, Jean se contente d’un cookie ; elle n’a pas l’âme aventurière et n’ose que rarement commander quelque chose qu’elle ne connait pas. La preuve avec ce gâteau à la carotte… mais qui a eu l’idée, même ?! « Je t’assure que c’est très bon tu peux gouter si tu veux ! » Elle grimace en secouant négativement son menton, l’une de ses mains imitant même ce geste tandis qu’elle recule instinctivement son buste, comme pour s’éloigner de cette pâtisserie qui ne devrait pas en être une. « Et puis tu sais bien que j’essaye de suivre à la lettre les recommandations nutritionnelles. 5 fruits ou légumes par jour ! Ils ont juste oublié de préciser que ce n’était pas sous forme de gâteaux. » Un petit rire doucereux et amusé se faisant entendre, elle mord un autre morceau de son cookie avant de répondre, parlant la bouche pleine sans même y penser car, avec Raven, elle est totalement naturelle. « Il faut suivre ton instinct, ton appétit c’est aussi le leur ! Peut-être qu’ils aiment le gâteau à la carotte… Misère… Va falloir que je les convertisse aux cookies…. » Prenant un air théâtrale, elle fait mine d’en être affligée durant quelques secondes avant de rire de bon coeur, en achevant d’engloutir son premier cookie. Premier mais pas dernier.

Curieuse, la fouine demande si Raven et Erik ont des idées de prénoms ; la réponse est positive mais ne peut être partagée, ce qu’elle comprend totalement. N’apparaissant pas comme déçue, la rousse lui adresse un sourire compréhensif en disant, simplement : « J’attendrai la naissance alors ! De toute façon, ils ne tarderont à pointer le bout de leurs nez… » Est-ce que ce nez sera bleu ? Bonne question.

Mais elle ne reste pas bien longtemps sur ce suspens car la jolie blonde tient à lui faire un cadeau, en plus du bracelet splendide qui orne son poignet. « Tu me gâtes trop ! » Clame-t-elle en prenant délicatement le petit écrin en velours émeraude qu’elle lui tend, et que la rouquine ouvre en haussant ses sourcils. « C’est pour toi Jean. Mon cadeau pour toi. » À l’intérieur, comme un petit trésor, une clef avec un accessoire en forme de cookie, qui lui font légèrement plisser les paupières sous la découverte, qu’elle n’est pas sûre de comprendre. « C’est une clé de mon appartement à Manhattan. Je veux que tu t’y sentes chez toi. Il y a une chambre juste pour toi. Tu es libre d’y aller quand tu le souhaites. Tu pourras la décorer comme tu veux… » Des larmes d’une tendre émotion viennent très vite brouiller sa vue, tandis qu’elle prend la clef dans sa main pour l’apporter contre la peau de son buste, avant de se lever de sa chaise pour venir enlacer Raven, laissant des larmes dévaler ses joues.

Ça, c’est le plus beau cadeau qu’elle pouvait recevoir : de l’amour qui ne se dit pas, l’amour dans l’accueil, le partage, la protection. L’amour qui nous fait sentir désirée, choyée, attendue. Raven ne lui ouvre pas seulement la porte de son appartement, mais elle lui fait une place dans sa vie, dans ce morceau de vie loin de l’Institut, dans cette sphère privée et privilégiée où, désormais, Jean a toute sa place.

Se redressant, elle essuie ses joues en disant, véritablement émue : « Ça me touche tellement, Raven, je ne sais pas quoi dire… » Retournant s’asseoir sur sa chaise, elle attrape la main de sa comparse pour la serrer tendrement, en disant de nouveau : « Merci, merci tellement… C’est le plus beau cadeau que tu puisses me faire… » Elle dit vrai : les bracelets, les bijoux, les pierres précieuses, tout cela, c’est beau, ça brille, mais l’amour est encore plus beau, et brille encore plus fort. Et l’amour, qu’elles ont l’une pour l’autre, brillera à jamais.