[Terminé] This girl is on fire

Très étrange de fêter ses 20 ans quand, en théorie, on devrait fêter ses 60 ans. Mais en regardant son reflet dans le miroir, ce matin-là, Jean n’y a pas trop songé : peut-être a t-e-elle enfin dépassé le choc d’avoir été envoyée dans le futur, à une époque si différente et avancée de celle où elle est née, peut-être s’est-elle enfin habituée à cette frénésie et toutes ces modes si différentes de celles qu’elle a connu. Il lui arrive désormais de ne plus vraiment avoir conscience du fait qu’elle n’appartient pas véritablement à ce monde, et qu’elle devrait l’avoir écumé depuis bien des années, en ayant construit sa vie, peut-être même fonder sa propre famille… Auprès de Scott, peut-être ? Est-ce que leur histoire aurait connue une fin heureuse s’ils étaient restés dans le passé ? Il vaut peut-être mieux ne pas trop y songer. De toute façon, avec les préparatifs pour la secrète Babyshower de Raven, elle a trop à faire pour s'occuper de son propre anniversaire, et c'est sans nul doute mieux comme ça !

Secouant légèrement le menton en se laissant envahir d’un sourire tendre, elle jette une oeillade à l’horloge en face d’elle : si elle continue à rêvasser, elle va être en retard ! S’empressant donc de prendre une douche et d’effectuer une légère touche de maquillage — principalement du mascara pour sublimer son regard et un baume à lèvres coloré, la rousse s’habille en quatrième vitesse : un collant noir thermique caché sous un un pantalon noir moulant, des bottines de la même couleur, un pull en mailles beiges ainsi qu’un manteau de la même couleur. Ainsi vêtue, c'est après avoir attrapé son sac-à-main de grande marque, offert par Raven, que Jean quitte le manoir au volant de sa petite citadine, offert par Charles. Décidément.

Chantonnant au gré des chansons qui passent à la radio, la rousse arrive à New-York avec un brin de retard. Comme d’habitude. Qui pourrait s’en étonner ? Sûrement pas Raven, qui est la personne qui connaît sans nul doute mieux la rouquine qui, après s’être garée non loin du lieu de rendez-vous, y parvient en affichant un grand sourire aux lèvres. Pour rien au monde elle n’aurait voulu annuler cette journée shopping en compagnie d’une des personnes qu’elle aime le plus. Raven tient un rôle tout particulier dans sa vie, plus qu’une amie, plus qu’une soeur, elle est l’une des plus belles parties de son âme. « Pardon, je suis en retard ! » Dit-elle en arrivant à hauteur de la belle blonde, qu’elle enlace avec douceur faisant attention à son magnifique ventre rond, qui attire aussitôt son regard protecteur. « On devrait vite se mettre au chaud. » Et sans lui laisser le temps de répondre, la rousse glisse son bras autour du sien pour l'entraîner dans une rue marchande, encore joliment décorée. « Tu as faim ? On peut aller manger quelque chose, hein. » La mère poule, le retour.

Raven, connaissant bien la bête qui se précipite à sa rencontre, ne tient pas rigueur de son retard : sans nul doute est-elle bien trop habituée au manque de ponctualité de son ancienne élève pour s’en offusquer encore aujourd’hui. Peut-être devrait-elle lui offrir une montre pour son anniversaire, tiens ? « Je voulais me faire belle pour toi. Pour vous. » Tente-t-elle de justifier en mettant en évidence le sublime sac, griffé d’une marque luxueuse, généreusement offert par Raven.

Après une étreinte rendue brève par le volumineux ventre de la belle Mystique, car la grossesse n’enlève rien à sa beauté et à son charme, bien au contraire ! Mais c’est Raven qui complimente la jeune rouquine qui, grand sourire aux lèvres, rayonne sous les mots que la blonde lui accorde. Les compliments de Raven ont une saveur particulière, car ils proviennent d’une femme sublime ayant un goût certain pour les belles choses.

Seulement voilà, si elle accepte volontiers le compliment, elle déchante rapidement sous l’énonciation des magasins que Raven faut arpenter… que des magasins de luxe ! « Tu as conscience que je ne pourrai même pas acheter une chaussette trouée dans ce genre de magasins ? » Bien qu’étant la fille adoptive de Charles, la rouquine n’a jamais abusé de sa position particulière pour profiter de l’argent de son père, ou de Raven. Elle n’avait jamais été capricieuse, et n’avait jamais réclamé plus que le nécessaire, même enfant. « Le sac que tu m’as offert est la chose la plus chère de mon dressing. » Mais sa valeur pécuniaire est moindre aux yeux de Jean : elle l’aimerait tout autant s’il était d’une boutique plus modeste, et elle le mettrait tout aussi fièrement.

L’idée de Raven lui plait beaucoup, alors elle hoche son menton de haut en bas en pressant ses lèvres l’une contre l’autre, véritablement touchée de la volonté de Raven de marquer ce jour d’anniversaire. Si elle savait la surprise qui se prépare pour elle, aussi ! Plus que quelques jours à tenir et elle pourra passer une journée entourée de tous ceux qu’elle aime et qui l’aiment, comme elle le mérite. « D’accord mais tu m’aides à choisir ? Tu sais que je suis nulle pour ce genre de choses… » Tournant son menton vers les boutiques, elle demande alors, en pointant du doigt une boutique Swarovski : « Ici ? »

Le bruit de bouche de Raven lui fait réprimer un sourire amusé, tandis qu’elles marchent toutes deux dans la rue aux firmes luxueuses, affichant des magasins à la décoration de Noël élégante et épurée, où elle n’aurait jamais mis les pieds d’elle-même ; non pas par manque d’intérêt mais par manque de budget. Celui-ci ne semble pas être un problème aujourd’hui puisque Raven lui indique qu’elle ne doit pas se préoccuper du prix ; cela devrait être facile si ce n’est pas elle qui paye ! Mais qui paye, d’ailleurs ? « On dépouille Charles, c’est ça ? » Plaisante-t-elle avec humour en haussant ses sourcils à plusieurs reprises, avant de rire gaiement.

Impatiente, donc, de passer la journée en compagnie de la femme qui compte le plus à ses yeux, elle désigne un premier magasin arborant un signe de profil sur sa devanture ; une proposition plébiscitée par la belle blonde, qui intime le premier mouvement pour y entrer. Puisque c’est un très bon choix d’après son avis fiable, la rousse, pas peu fière, lui lance un sourire victorieux en entrant dans le magasin sans s’éloigner d’elle : « Je vous remercie, mademoiselle Darkhölme. » Fronçant son petit nez d’un air taquin, elle libère le bras de Raven quand celle-ci lui demande de faire un petit tour et de mettre de côté tout ce qui lui plaît ; elle n’est pas franchement à l’aise dans cet endroit de haut-standing mais, encouragée par la caresse presque maternelle de Raven, elle lui sourit avec tendresse avant d’hocher son menton de haut en bas. « C’est normal qu’il n’y ait pas les prix…? » Demande-t-elle d’un ton bas tout en se penchant légèrement vers Raven, avant qu’un homme en costume ne vienne les interrompre.

La belle blonde expose la raison de leur visite et, soucieux à la femme enceinte, il lui propose de s’asseoir. Jean, déjà penchée derrière un comptoir de bagues, pousse ses lèvres en avant dans une petite moue hésitante, tout en regardant de temps en temps sa main aux doigts tendues ; elle a l’impression d’avoir des mains d’enfant tant elles sont fines et petites, alors elle se décale de quelques degrés pour regarder d’autres bagues, les trouvant plus discrètes et donc plus adaptées à sa main mais… « Mademoiselle, ce sont des alliances que vous regardez là… » AHHH. Ah bah oui, c’est même écrit en gros. « Oui oui ! » Du coup ? Elle le regarde un instant en souriant d’un air gêné, lui-même étant perplexe, avant qu’elle ne fasse le tour, l’air de rien, pour finalement regarder les bracelets. Moins de risques.

« J’aime bien celui-ci. » Le jonc, tout en discrétion et légereté, et sortie de la vitrine pour être déposé sur un petit plateau noir, saisi avec grande délicatesse par les mains gantées de l’homme affichant un grand sourire. Jean, elle, balaye le magasin d’un regard circulaire pour trouver Raven, confortablement installée sur un des fauteuils élégants au fond : « On peut lui montrer ? » Il acquiesce et, plateau en mains, il se dirige vers le secrétaire pour y installer tandis que la rousse vient s’asseoir à côté de Raven en lui demandant, avec un doux sourire aux lèvres : « Tout va bien ? J’ai choisi un bracelet, il te plaît ? »

La rousse n’est pas parfaitement à l’aise dans ce magasin dont elle juge la marchandise hors-de-prix, mais n’ayant pas tous les codes et les usages contrairement à sa mentor qui, bien que souffrant de cette fin de grossesse qui vient avec une fatigue conséquence reste souriante et disponible, elle s’efforce de faire de son mieux pour ne pas l’incommoder ou lui faire honte. La plus jeune commet cependant une maladresse avec les alliances — il faut dire que cela ressemble à des bagues ordinaires de son point de vue, alors elle choisit finalement un jonc discret, toute en finesse et élégance, ouvert sur deux diamants qui se répondent en étant taillés en forme de petits rectangles.

L’homme, vêtu aussi sobrement que l’expression qu’il affiche, passe derrière le comptoir pour enfiler des gants blancs afin de manipuler le bijou qu’il dépose sur un petit plateau noir afin de lui soumettre mais, la jeune fille requière l’avis de la blonde confortablement installé à un secrétaire, un peu plus loin. Si Raven ne peut pas venir aux bijoux, c’est les bijoux qui viennent à elle !

L’avis de la belle blonde étant primordial aux yeux de la rouquine, celle-ci prend place à ses côtés en abordant un franc sourire, emprunt d’une attente à peine voilée : « Il te plaît ? » demande-t-elle en lançant des regards furtifs au bracelet, fermement tenu par l’homme qui doit espérer une réponse positive de la part de la blonde, sans quoi, il a compris, il ne pourra clôturer une belle vente. « C’est vraiment ton coup de cœur pour que tu n’en choisisses qu’un alors. » Le sourire de Jean s’agrandît sur ses lèvres tandis qu’elle fronce son petit nez en haussant légèrement ses épaules, tandis que la belle blonde examine le bracelet de plus près. « Il est discret, je l’aime bien. » Discret, comme elle… La rouquine ne réclame rien, et n’exige rien : loin d’être vénale ou capricieuse, elle est déjà comblée de pouvoir passer la journée en compagnie de celle qui est comme une soeur, et pour laquelle elle sacrifierait tout.

« Il est vraiment très beau. Puis-je lui mettre ?  » C’est autorisé ? Se demande Jean en se tournant vers l’homme qui acquiesce avec un sourire pincé, car peut-être est-il impatient de savoir si oui ou non il a bien placé son temps auprès d’elles. Comme la réponse est positive, elle tend volontiers son poignet pour que le jonc vienne y trouver sa place,  produisant un grand sourire à ses lèvres. « Alors qu’en penses-tu ? » Le temps de la réflexion ne dure pas bien longtemps ; c’est bien rapidement que la jeune femme hoche son menton de haut en bas en pinçant le coin de sa lèvre, mettant quelques secondes à remonter ses yeux dans ceux de Raven. « Il n’est pas trop grand, tu penses ? Sinon, je le trouve parfait. »

Sans attendre que la blonde donne son avis, craignant peut-être un mot défavorable qui ternirait le choix fait par la rousse, l’homme présente un miroir pour qu’elle puisse admirer l’effet de son nouveau bracelet à son bras, tout en enchaînant avec une voix tentatrice et flatteuse : « Je peux vous proposer un pendentif qui avec une chaine en or blanc ira divinement dans votre cou ainsi qu’une paire de boucle d’oreilles assorties si vous le désirez. » Cela va faire un peu beaucoup, non ? Elle n’ose pas abuser de la générosité de sa soeur, ni de son père, bien qu’elle connaisse la fortune colossale de ce dernier.

Un peu gênée de refuser, sans trop savoir pourquoi puisque rien ne l’oblige à acheter — peut-être le fait que le vendeur s’occupe d’elles et seulement d’elles, produisant sans doute un sentiment de redevance, Jean se tourne vers Raven en hochant son menton de gauche à droite, avouant alors : « Je n’ai pas besoin d’autant. Le bracelet ce sera parfait. » Et, laissant un sourire d’une infinie tendresse prendre place sur ses lèvres, elle poursuit pour Raven et seulement pour cette dernière : (Je suis déjà très heureuse de passer la journée avec toi.) Seulement voilà, le vendeur n’est pas là pour s’émerveiller de leur relation si suave : il fronce légèrement les sourcils un quart de secondes, avant de reprendre son air aimable et son sourire jovial, insistant d’une voix toujours courtoise, et en regardant surtout Raven car il devine que c’est elle qui possède la précieuse carte de crédit : « Madame, si vous me permettez, puis-je au moins vous montrer les modèles auxquels je pense ? Ce serait dommage de passer à côté d’aussi beaux bijoux, je puis vous l’assurer. » Encore un qui ne comprend pas ce que le non veut dire…

Malgré l’insistance plutôt désagréable du vendeur, qui ne voit en les deux jeunes femmes qu’une manière de prendre une belle commission rapidement et facilement, il se heurte à un mur qui n’a pas l’intention de céder ; quand bien même l’argent n’est pas un problème pour les emplettes qu’elles sont venues faire dans la boutique, hors de question de dépenser aveuglément.

« Nous prendrons donc le jonc. » Affirme Raven en regardant le bijou qui étreint le poignet de la plus jeune, lui produisant, en même temps, un sourire bien plus franc car elle attend l’aval de sa complice pour se réjouir pleinement ; quand bien même le bijou lui plaisait beaucoup, nul doute qu’elle l’aurait abandonné si Raven avait désapprouvé son choix. Mais le vendeur ne l’entend pas vraiment de cette oreille, car il a flairé l’odeur de l’argent et ne compte pas y renoncer aussi simplement ; il revient donc à la charge en promettant des merveilles pour accompagner le jonc, mais Raven le renvoie poliment, comme elle sait si bien le faire.
Enfin, l’homme comprend et se contente de s’éloigner avec la carte bancaire qui va finaliser l’achat, que Jean contemple durant quelques secondes avant de se retourner vers la belle blonde qui l’accompagne, l’une de ses mains se déposant sur la sienne tandis qu’elle lui murmure, d’une voix pleine d’affection et de gratitude, légèrement penchée en sa direction : « Je te remercie, ça me touche beaucoup. » Elle se permet de délicatement serrer la main de Raven dans la sienne, avant que l’homme ne revienne vers eux, tout sourire aux lèvres malgré sa déception évidente.

Gardant le jonc à son poignet, la rousse se lève en attendant sa comparse, et toutes deux sont escortés à l’extérieur, avec des mots aussi polis qu’hypocrites… Elle s’apprête d’ailleurs à faire une plaisanterie à ce sujet mais, interceptée par la main de Raven, elle se retourne en sa direction en haussant ses sourcils, découvrant son expression froissée avec inquiétude. « Ça va ?! » « Souffle. Ca va passer. On va aller manger un petit quelque chose si cela ne te dérange pas. » Ça va passer, c’est facile à dire… Grandement soucieuse de l’état de son amie, elle appose sa main libre dans son dos courbé tout en lui laissant tout le loisir de s’appuyer sur son bras. La mutante se tient prête à retenir la femme enceinte si celle-ci fait un malaise et se retrouve trahie par ses jambes mais, ses fameuses jambes se dirigent instinctivement vers un salon de thé, où Raven peut de nouveau s’asseoir. « Comment tu te sens ? » Dit-elle d’une voix inquiète en baissant les yeux sur son ventre, dans lequel elle sent toujours la présence des jumeaux… Elle entend également les battements de leurs cœurs, ce qui la rassure considérablement et, seulement alors, elle s’assoit en face de son amie, prenant le temps de se délester de son écharpe et de sa veste pendant que Raven dresse déjà sa copieuse commande. « Je vais prendre un chocolat viennois aux cookies, ainsi qu’un cookie au beurre de cacahuètes, une part de carrot cake, et un cheese cake au citron. Et toi Jean que prends-tu ? » Tout ça, vraiment ? L’attitude de Mystique la rassure autant qu’elle la fait sourire, si bien que toute son inquiétude retombe d’un coup d’un seul. « Voyons voir… » dit-elle d’une voix amusée en tendant son bras — et son bracelet scintillant, pour se saisir de la carte, qu’elle parcourt rapidement. « Un chocolat chaud et… Devine ce que je vais prendre ! » Pas difficile… « C’est moi qui paye, cette fois. » Et tout comme Raven avec le vendeur : c’est non négociable.

La serveuse arrive pour prendre leur commande, avant de s’éloigner pour aller préparer boissons et pâtisseries, permettant à la rouquine de reprendre la parole, d’une voix plus sérieuse : « Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu as eu mal ? Tu as vu un médecin ? » Sinon, elle peut l’emmener aux urgences. Tout. De. Suite.