[Terminé] I think I am a better ghost than I am a human being

« Sur ce point, on est égaux. » Marquant une petite pause, il presse ses lèvres l’une contre l’autre avant de reprendre. « Mon bras et le sérum me donnent un avantage mais, face à un mutant… C’est plus difficile. » Ne voulant pas achever ce sujet sur une note défaitiste, il s’arme de son sourire le plus réjouit — le mieux qu’il puisse faire vu les circonstances, du moins, avant de dire : « Ceci dit, ça nous a jamais empêché de foutre une raclée à ceux qui le méritaient. » Zemo. Il pense à Zemo. Et encore, il avait été bien trop doux avec cette enflure.

Mais quoique sa haine est toujours grande, il sait qu’il peut remercier Rocket de l’avoir empêché de totalement vriller ; si le Gardien n’avait pas été là, nul doute qu’il l’aurait tué, sans aucun remord. Rocket est son ami le plus fidèle mais aussi, et surtout, le plus précieux, c’est pourquoi il s’inquiète naturellement qu’il puisse se retrouver, malgré lui, mêler à cette chasse à l’homme particulièrement dangereuse. Heureusement, Rocket le rassure, et tous deux passent à un autre sujet, bien plus réjouit : la passion de Groot pour les consoles vidéos.

Il est vrai que cet engin technologique lui ferait passer le temps, à condition de ne pas en devenir accroc. Il n’y croit pas vraiment, n’ayant pas développé cette addiction avec le téléphone portable qu’il possède, mais qu’il n’utilise que rarement. « Oh, si tu me menaces avec Captain, alors… » Le chien, ayant entendu son prénom deux fois de suite, daigne se lever du canapé en croyant qu’on l’appelle ; il avance sa truffe vers le haut, renifle et… comme il n’y a rien d’intéressant à manger, il retourne se coucher. Il a le sens des priorités.

Ils abordent ensuite le récent emprisonnement du psychologue de Rcoket, fait-divers qui retient aussitôt l’attention de celui qui en a vu des dizaines — ou presque. Les paroles de Rocket lui font doucement froncer les sourcils tandis que, prenant quelques secondes pour réfléchir, il se permet de rire : « Eh, tu sais, j’ai pas de formation de psy mais… Je suis là, si tu veux parler. Rien ne te retombera dessus avec moi, j’espère que tu le sais. » Le ton est doux, mesuré, lent, pour ne pas le brusquer. Il se doute que le Gardien préfère parler avec quelqu’un de neutre, qui ne fait pas partie de son entourage, mais, il fallait qu’il lui dise.

Mais ne voulant pas qu’il reste triste, Bucky aborde un sujet qu’il pense plus joyeux pour son ami : sa belle June. Le début de phrase le fait sourire et le ‘’même si’’ l’oblige à tourner légèrement le menton, non pas en contrarié mais avec écoute. Il accueille ainsi les craintes de son ami sans s’en offusquer, bien au contraire, comprenant parfaitement ses craintes. « Elle est débarrassée d’HYDRA, maintenant. Alors oui, le chemin sera long avant qu’elle ait une vie normale mais… Elle va y arriver parce qu’elle n’est pas seule. Je sais que tu ne les laisseras jamais la reprendre. » Que peut-il dire d’autre ? Rocket sait combien HYDRA peut être aussi fourbe que déterminé. Mais pas autant que lui, car Rocket a bien trop souffert pour les laisser lui arracher le morceau de bonheur qu’il vient de trouver.

« Tout ira bien, j’en suis sûr. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils trouvent une autre cible. » Malheureusement pour elle, mais c’est un problème qu’ils régleront plus tard. Se levant de sa chaise, il attrape son sac de voyage pour commencer à répartir ses affaires dans chaque pièce, tout en disant, d’une voix grave : « Au fait. » Déposant une pile de linges sur le lit, il revient auprès de Rocket en disant « Si tu croises Clint, évite de lui parler de moi. On est comme qui dirait en froid. » Non, ça ne peut pas se passer de contexte alors il hausse légèrement ses épaules, se rapprochant de Rocket pour venir dépose ses coudes sur la table. « Il est venu me voir, il y a quelques jours. C’était d’un ridicule, t’aurais dû voir. Il est venu me faire la morale pour la rupture avec Wanda… Je ne savais pas qu’il était en couple avec nous pour être autant impliqué. » C’est dit sur le ton de l’ironie et avec un petit sourire mais, l’on peut sentir qu’il n’est en rien amusé par ce qu’il s’est passé, bien au contraire. « Du coup, je lui ai dit ce que je pensais : qu’il pouvait garder ses conseils pour lui parce que je ne lui avais pas demandé son avis, et que ça ne le regardait pas. » Avec HYDRA à ses trousses, la dernière chose dont il avait besoin était qu’on vienne jouer les moralisateurs ; il n’a pas mâché ses mots et les deux hommes se sont quittés ainsi. Soit. Au moins, maintenant Bucky sait à quoi s’en tenir : Clint est l’ami de Wanda, et non le sien.

« On est bien d'accord,comme pour Zemo par exemple! Et j'espère qu'on va continuer encore longtemps! » Évoquer le Baron Sokovien n’est jamais une partie de plaisir pour le Cyborg qui, encore des années après, lui voue une haine aussi féroce que durable. Il ne pourra sans doute jamais lui pardonner, car la rancune en son coeur est tenace, et cela peut se voir dans l’expression soudainement plus renfermée de son visage, bien qu’il conserve le même sourire. « Je n’en doute pas, on est coriaces toi et moi ! » Ils trinquent avec du jus de pomme, non pas à la santé du criminel en fuite mais plutôt à ses défaveurs. Il n’a pas oublié que, la dernière fois que leurs chemins se sont croisés, Bucky a failli le tuer ; il l’aurait d’ailleurs fait si son ami ne l’avait pas retenu.

Le sujet du Baron, heureusement, s’étiole bien rapidement car il ne mérite nullement qu’ils s’attardent là-dessus pour l’instant, pour laisser place à un chien qui, dormant paisible sur le canapé, se lève pour venir renifler auprès des deux amis : ils n’ont rien d’intéressant à lui offrir alors, l’air aussi déçu que contrarié, le vieux chien retourne dormir, sous l’œil amusé des deux comparses. « J'en connais un qui en loupe pas une.. » Un petit rire se faisant entendre, il tourne son menton vers Rocket pour lui dire, sur le même ton : « Il croyait qu’on allait lui donner un truc à manger, il est toujours à l’affût pour ça. »

Mais, encore un peu sous la surprise des confidences de Rocket, Bucky secoue son menton de gauche à droite en prenant une fine inspiration, revenant auprès de son ami pour lui dire, d’un ton sérieux, que son ami peut compter sur lui. « Oui je sais. Je n'y manquerai pas, mais je pense que je vais pouvoir me passer de traitement maintenant, alors je n'ai plus vraiment besoin de chercher un thérapeute. » Il ne sait pas trop si c’est une bonne nouvelle ou un quelconque déni de la part de son meilleur ami mais, comme lui-même ne supporte pas l’obligation de consultation, il ne va pas tenter de creuser sur ce sujet. Si Rocket dit qu’il n’a plus besoin de thérapeute, Bucky le croit, lui faisant entièrement confiance et se doutant que cette amélioration de son état mental vient de sa nouvelle relation avec la belle June…

À la mention de sa soeur de coeur, Bucky laisse un sourire prendre place sur ses lèvres tandis, surtout qu’il est amplement rassuré sur le fait qu’elle est en sécurité avec lui. « Ca, tu peux compter sur moi! qu'il viennent, ils seront recu a coup de blaster dans la tête! » Un petit rire secoue son torse tandis que ses paupières se plissent sous la vision de Rocket faisant semblant de tirer sur une cible invisible, car il est véritablement ému de savoir que son meilleur ami, qui le mérite plus que quiconque, connaît enfin le bonheur, et qu’il est prêt à se battre pour protéger celui-ci. « Sauf si on arrive a les détruire pour de bon. » Quel doux rêve… Haussant légèrement ses sourcils d’un air pensif, il reprend, avec un semblant d’espoir dans la voix : « Si seulement… Mais depuis le temps, je crois que toutes nos tentatives ont pu les affaiblir temporairement mais pas de manière définitive. » Il n’est pas amer — quoique, c’est discutable, mais tente plutôt d’être réaliste et de ne pas s’emballer pour une idée à laquelle il a longtemps cru mais, plus maintenant. Il leur faudra toujours comprendre contre eux et, après eux, d’autres prendront le relai. Il a l’impression que cette guerre ne finira jamais.

Le sujet provoquant un filet nerveux à ses veines, il se lève de son tabouret pour commencer à ranger ses maigres affaires dans l’appartement, juste pour s’occuper les mains et penser à autre chose mais, c’est un sujet tout aussi morne qui vient fleurir sur sa bouche : sa séparation avec Wanda et la dispute qui en a découlé avec Clint. « Désolé pour toi et Wanda... j'imagine que ce n'a pas du être facile. » Il est heureux de constater que Rocket a l’intelligence de se mettre à sa place, de voir sa douleur au lieu de simplement le condamner. « Non, en effet… Mais c’était le mieux à faire. Il y a eu trop de choses entre nous, tu comprends ? Je l’ai attendue alors qu’elle était avec Loki, je l’ai accepté, ensuite j’ai appris qu’elle avait été manipulée par son double par Loki, son emprisonnement au Raft… J’ai besoin de faire le point. » On tend à trop facilement oublier ses propres sentiments dans cette histoire mais, lui, ne s’oublie pas.

Déposant ses affaires de douche sur le comptoir de la cuisine, composées d’un set de serviettes et d’une trousse de toilette en cuir noir, il lève un regard vers Rocket, qui est un véritable soutien. « Je comprends. J'aurais pas aimé non plus. On fait déja de notre mieux, et parfois, on a l'impression que c'est jamais assez. T'en fais pas, je lui en parlerai pas. De toute façon, je suis même pas censé savoir ou tu es, donc la question ne se pose pas! » Les dernières paroles de Rocket lui décrochent un sourire franc tandis qu’il attrape ses affaires pour aller les porter à la salle de bain, tout en parlant, étant tout de même suffisamment proche dans le petit appartement pour être entendu : « Merci Rocket, ça me fait du bien d’entendre que tu ne me condamnes pas. Ça compte beaucoup pour moi. » L’amitié de Rocket est trop précieux pour qu’il veuille s’en séparer mais, l’horloge tourne, et l’heure des séparations approche…

Les sujets abordés avaient été difficiles, mais ils avaient permis à ce que Rocket s’attarde un peu, avant de le laisser seul avec ses pensées, ses doutes et ses inquiétudes. Comme d’habitude, les deux amis avaient pu échanger dans la pleine confiance, sachant pertinemment que l’autre ne sera jamais dans le jugement, bien au contraire : Bucky pouvait compter sur le soutien indéfectible de Rocket, et l’inverse était totalement réciproque. Leur amitié était sans faille, sans fausse note et sans malignité aucune, car ils se portaient une affection totalement sincère et véritable, que les épreuves n’éprouvait pas mais, au contraire, renforçait.

Enfin, le sujet de June vint sur la table : c’est un sujet mille fois plus joyeux que les autres et, lorsque Rocket avoue qu’il apprend encore aux côtés de sa belle, Bucky ne peut s’empêcher de lui sourire d’un air taquin, disant alors, d’une voix espiègle : « Oh, je suis sûr que tu apprécies les leçons. » Il le charrie volontiers en haussant ses sourcils avec amusement, parce qu’il est bienheureux que son frère ait trouvé quelqu’un avec qui partager de l’amour, avant de redevenir sérieux sous les paroles du petit Gardien qui, encore une fois, dit vrai…

Les gens heureux n’ont pas de leçon à donner aux autres, voilà une phrase qui résonne considérablement dans l’esprit du Cyborg car, mordillant le coin de sa lèvre en baissant légèrement le menton, il prend une fine inspiration en se répétant cette phrase. « Tu as raison… » Appuyant ses deux mains sur le comptoir, il soupire en relevant le menton pour regarder Rocket, disant alors d’une voix sincère : « Pour être honnête, je ne pense pas qu’il l’ait fait méchamment. Il est l’ami de Wanda, il était en colère parce que j’ai pris une décision qui ne lui plaît pas, mais il ne se met pas à ma place. Ce n’est pas lui qui a espéré dans le vide, et ce n’est pas non plus lui qui a été trahi, pas comme je l’ai été du moins. À aucun moment il ne s’est demandé comment j’avais vécu les choses, ce que ça m’avait fait de découvrir la vérité, entre elle et Loki. Il faudrait que je ferme ma gueule, tu vois. » Il n’est pas en colère, mais visiblement déçu : il a eu tort de croire que Clint était son ami et qu’il saurait faire la part des choses mais il s’est trompé.

Un petit sourire se dessinant sur les lèvres de Bucky, ce dernier pose un regard complice sur Rocket avant de lui dire, sur le ton de la plaisanterie mais en étant sincère : « Au moins, on est ensemble dans cette galère. »

La conversation se poursuit encore un peu puis, l’heure du départ sonne. Rocket descend de son perchoir pour aller dire au-revoir à Captain qui, bienheureux de recevoir quelques caresses, lui rend quelques léchouilles avant de descendre du canapé pour le suivre, lorsqu’il retourne vers Bucky. « Je comprends, ne t’inquiète pas pour moi. » dit-il en glissant les mains dans ses poches, se voulant rassurant envers son meilleur ami. « Fais attention à toi, surtout. Merci pour tout, Rocket. » Chose rare pour les deux compères, Bucky s’agenouille devant lui afin de le prendre dans ses bras, peut-être, pour la première fois ; les circonstances sont exceptionnelles et les deux ont sûrement besoin de réconfort. « Je te dis à bientôt, mon ami. » Sur ces mots, et sur ce dernier acte de tendresse, les deux amis se séparent, non sans avoir le coeur lourd…