[Terminé] La paradis des cœurs perdus

Ben en fait je crois que la situation le fait rire mais qu'il se fout pas vraiment de moi. Enfin, je veux croire qu'il se fout pas vraiment de ma gueule parce qu'il continue de parler et de donner son avis. Il est plutôt sensé comme gars et il trouve que je suis beau gosse. Donc j'ai toutes mes chances. En bref, il faudrait que je lui rejoue le même numéro mais en mieux. Mais on a fait connaissance en tôle. Je lui ai un peu sauvé la vie quand Drax voulait la zigouiller et pour parfaire le tout, pas facile de la séduire la demoiselle. Je me rappelle qu'à l'époque, avait pas eu l'effet escompté. J'avais failli y laisser une partie de moi-même si vous voyez ce que je veux dire... Mais Je lui ai sauvé la vie une seconde fois, alors qu'elle allait crever dans le vide spatial. J'étais tombé amoureux, c'était une évidence, mais pas elle. Le charme a été plutôt long à opérer.

Cette fois, il semblait que c'était Gamora qui avait un petit faible. La rencontre n'avait pas été géniale encore une fois. Sur le champ de bataille, avec Nebula à ses côtés, je la voix et n'en reviens pas, je veux lui caresser la joie et la minute d'après, je me retrouve par terre plié en deux. Pas reluisant. Alors comment aurait-elle réalisé que je pouvais lui apporter quelque chose ? J'en savais foutre rien. Mais comme je n'avais plus personne dans ma vie et qu'elle avait eu une immense place dans mon cœur, il était évident que j'aurais envie de retrouver ce qui avait fait de nous un couple.

J'étais conscient qu'elle était différentes à bien des niveaux. Elle n'avait pas connu tout ce que nous avions partagé avec ma Gamora. Tout ce qui nous avais amené à être ensemble. Donc je ne pouvais pas refaire ce qui avait été fait.

- Ben si je te suis, c'est pas vraiment la même Gamora. Elle ne m'a pas connu de la même manière. Je ne pourrais même pas lui refaire le même coup vu que la première fois, la séance séduction ne marchais pas. Ce sont les événements qui nous ont rapprochés. Je n'aurais pas les même événements ici. J'en viens à me dire qu'il vaudrait mieux la laisser revenir à son rythme. Mais sans refuser le dialogue et de voir où ça nous mène. Au moins, j'aurais pas a passé de nouveau pour un looser. Et on verra ce qu'il se passera.

Je pensais en effet que c'était la meilleure tactique en ce qui concernait Gamora. Elle devait avoir le sentiment de contrôler la situation. Et si nous devions nous retrouver, cela arriverait. Et sinon, je continuerais de la regarder de loin sans oser l'approcher. Au mieux elle serait une amie, une soeur de coeur, une partie de notre groupe. Je ne croyais de toute façon pas être vraiment prêt à refranchir le pas tout de suite. Je regardais mon verre vide un moment et regardait Reed.

- Allez, c'est ma tournée !

Plus la discussion avance et moins j'arrive à me concentrer sur la discussion. Mon cerveau est comme embrumé de diverses infos qui se mélangent les unes avec les autres et la fatigue qui commence à s'installer n'aide vraiment pas. Peter m'explique qu'il s'agit d'une Gamora différente. Ouais, j'avais pensé le contraire, mais en fait c'est lui qui a raison. C'est notre vécu, notre éducation et nos évolutions de vies qui déterminent notre mentalité, notre façon de penser et notre identité. Si cette Gamora a vécu des passages d'existence différent, alors cela l'impact au niveau de son état d'être. Il ne pourrait pas lui refaire son numéro de charme, ils sont tombés amoureux presque par une succession d'évènements précis et impossible à remettre en place. Finalement, c'est lui qui trouve la solution la plus sereine pour son crush et ancienne ex. Il souhaite voir où cette nouvelle et ancienne relation va le mener.

« Dans tous les cas ! Tes un champion ! Ne lâche pas le morceau Peter, tu mérites d’être heureux ! »

Bon sang. Dans d'autres circonstances et en étant dans une sobriété des plus totales je n'aurais jamais dit cela. J'arrive à peine à me tenir convenablement et en plus, il faut que je donne des encouragements des plus bidons. Il me regarde, je le regarde et je comprends. Oh non, il ne va pas faire ce que je crois… Si. Il le fait. Il paye sa tournée et je suis déjà bien amoché. Je pourrais faire preuve de sagesse et refuser. Invoquant le fait que j'ai déjà bien bu et simplement rentrer chez moi en le remerciant. Cependant, je suis à des années lumières d'être sage et mon système de récompense me pousse à accepter son offre. Je recommence alors à rire aux éclats, à me marrer sans aucune raison et à avoir les yeux dans le vide. Je frappe une nouvelle fois sur le comptoir et j'ai la sensation de me faire encore une fois remarquer par le serveur qui fronce définitivement les sourcils en me voyant faire.

« Tu es vraiment quelqu’un de généreux ! Une pinte pour moi ! »

« La dernière alors… Je vous observe depuis tout à l’heure et vous m’avez l’air déjà bien alcoolisés tous les deux. »

Ah bah tiens ! Voilà que le rabat-joie décide d'entrer en scène. La voix que je viens d'entendre, c'est celle du serveur qui prépare nos boissons. Si je devais exprimer la différence entre son opinion et ma bière, je dirais que la bière, je l'ai commandé. Ce qui n'est certainement pas le cas de son opinion. Il est payé à servir de l'alcool alors je me demande pourquoi il décide de jouer au moralisateur. Cet état d'ébriété, c'est moi qui l'ai voulu. Alors, il n'a pas à me faire la morale sur quoique ce soit. Il doit simplement se contenter de faire son travail et de toucher son salaire à la fin du mois. Ni plus, ni moins. Je tourne alors mon visage vers lui lorsqu'il vient nous apporter notre breuvage de réconfort et je me permets de le dévisager. Trou du cul. Je tourne ensuite mon visage vers mon acolyte en lui tendant mon verre afin que l'on puisse trinquer à cette nouvelle collaboration. C'est que je commence à avoir chaud moi. L'effet de l'éthanol peut-être.

« Je bois à la santé de cette Gamora et de toi-même ! Que cette relation future soit longue et pleine de bonheur ! »

Un claquement caractéristique des verres vient alors se faire entendre. Je ne sais pas s’il a bien voulu trinquer avec moi, mais dans tous les cas j’ai décidé de prendre les devants. C’est étrange, c’est comme si je n’avais plus vraiment le contrôle de mes propres gestes.

Je sentais bien que l'alcool avait déjà fait son effet. Je commençais à à parler de façon moins claire. Je voyais un peu le monde danser autour de moi, mais rien de bien méchant encore. Je connaissais très la sensation pour l'avoir expérimenté à maintes reprises lorsque j'avais enfin pu me poser et réaliser tout ce que j'avais perdu. Une longue route d'errance.

Mon pote de bar ne semblait guère mieux. Je pensais même que c'était bien pire. Ce serait donc la dernière. De toute façon le barman ne semblait pas vouloir nous en servir d'autre.

Reed pensais donc que je devais foncer malgré tout. Soit, en soi, c'était d'une logique humaine, implacable. Mais comment dire ça à ma tête qui se contentait de nager en pleine confusion et qui ne souhaitait pas en sortir. Je pensais que peu importait les conseils donnés, rien ne changerais mon état tant que je n'aurais pas eu une réelle conversation avec la personne concernée.

- Faut espérer que t'ais raison. J'ai encire le temps d'y réfléchir. Mais pour le moment trinquons.

Les verres viennent se placer devant nous sous l'œil critique du barman. Mais peu nous importe. Reed lève son verre, chancelant sur son siège et l'avance vers le mien. Je trinque et avale une large rasade. Je dais pertinemment que cette dernière pinte me mettra dans état pitoyable, mais peu m'importait. La confusions faisait moins mal après quelques verres. Alors je buvais.

Fallait en plus que je pense à rentrer. Rocket allait me fusiller pour m'être mis dans un pareil état. Mais je ne voulais pas non plus perdre cette confiance retrouver. J'allais devoir affronter ses regards, sa morale et tout ce qui suivait. Il aurait évidemment raison. Mais il ne me ferait pas la morale très longtemps j'en étais sûr. Et le plus important était rentré. J'allais devoir prendre un taxi parce que je n'étais pas vraiment sûr de pouvoir retrouver le chemin seul sans prendre une éternité à marcher tellement le monde tournait maintenant sous mes pieds.

- Ravi d'avoir fait ta connaissance. Moi je vais rentrer. Mais j'espère être heureux et je te souhaite la même chose l'ami.

Le verre désormais vide sur le comptoir, je pouvais faire appeler le taxi au barman non mécontent de nous voir partir. Reed allait sûrement faire de même. Je ne savais pas si je le reverrais un jour, ni même si j'arriverais à me rappeler de lui, mais le moment était tout de même sympathique. Je marchais légèrement en zigzag. Pas que j'étais complètement ivre, mais je n'en étais pas loin. J'étais encore un peu lucide. Et je pensais déjà au sermon de mon ami. Demain serait un autre jour et il allait falloir parler et raconter mes déboires amoureux. Cela m'avait toujours paru étrange de le faire avec lui. Mais malgré tout, il était toujours là pour moi. Je regrettais de ne pas l'avoir été pour lui. Mais la vie était ainsi faite.

Je marchais gentiment vers la sortie et le chauffeur me faisait signe. J'allais m'installer à l'arrière, le regard dans le vide. Et je posais ma tête sur la vitre pour somnoler légèrement. La route serait sûrement plus courte ainsi.

Parmi les nombreuses drogues que ce monde pouvait procurer, l'alcool et le tabac en étaient les pires. Pourquoi ? Parce que, tout simplement, ces drogues en question sont légales et totalement autorisés à travers le monde. L'alcool est l'un des plus grands addictifs que cette terre est connu. Il est l'une des plus vieilles drogues de cet univers. C'est pour cela que je suis tombé à pieds joints dedans. Le jeune Peter a d'ailleurs trouvé en l'éthanol quelque chose de réconfortant et c'est pour cette raison qu'il m'accompagne à l'heure actuelle. C'est comique. Nous espérons tous secrètement que notre situation change et nous nous laissons emportés par des pièges vieux comme Hérode. Le gardien de la galaxie trinque avec moi et ne se rend même pas compte que l'alcool est un pacte avec le diable. Pour dire la vérité, je ne m'en rends pas compte aussi. Il fallait que le barman rentre en scène pour faire en sorte que je ne continue pas sur cette lancée morbide.

« Trinquons ! »

Un dernier verre pour une dernière rencontre. Je l'aimais bien au final, ce type. Dommage qu'il décide de rentrer et décide d'avoir des derniers mots de politesse envers moi. Il veut s'en aller ? Comme c'est frustrant. Je comptais parler avec lui jusqu'au bout de la nuit. Néanmoins, je sais pertinemment que je suis déraisonnable. L'addiction a décidé de totalement prendre le dessus sur moi et je suis incapable de changer mon destin. De toute façon, à quoi bon ? Je me sens tellement libéré par l'effet que me procure cette sensation. C'est là que réside tout le problème. Se sentir libéré pour au final être emprisonné. J'ai conscience que je vaux mieux que cela, mais je me laisse plonger dans un abysse dont je ne soupçonne même pas le fond. Est-ce que le sauveur de cette terre le soupçonne, lui ? Malheureusement, je ne sonde pas les cœurs et ni les reins.

« Il faut être heureux de toute manière, sinon, à quoi bon vivre ? »

Il vient se lever du comptoir et il commence même à déambuler dans le bar jusqu'à la sortie. Je l'ai vue sortir quelque chose, un objet de communication pour appeler un véhicule de transport sans doute. Dans tous les cas, je le regarde s'en aller avec une certaine difficulté. Il en avait fini avec cette soirée. Lorsqu'il quitta le bar je me replonge un moment dans mes pensées et je finis d'une traite mon dernier verre. C'était à mon tour de tirer ma révérence. Je me lève et… Oh mon dieu, le monde semblait tourner autour de moi. Je règle ce que j'ai à régler et je titube à mon tour vers la sortie. Nous sommes en fin d’après-midi et… Oh merde… J'ai oublié de récupérer ma fille à son école. Je soupire et je viens sortir de l'établissement. Ma voiture est juste en face du bar et je rentre dedans d'une manière nonchalante. J'espère ne pas éveiller les soupçons concernant mon état. J'allume le contact et je démarre en direction de l'école de ma fille.

Jusqu'à où j'en suis arrivé sur cette voie ? Jusqu'à où je vais toucher le fond ?

La soirée risque d'être longue. Valeria risque de comprendre que je n'ai pas toutes mes capacités cognitives. Pour mon plus grand malheur, j'ai une fille très intelligente. Reste à savoir jusqu'à quel point. Je repense à Peter. Quel pauvre bonhomme. Il ne mérite pas la situation qu'il est en train de vivre. Je pourrais tout donner pour le soulager un peu, mais je ne peux rien faire pour lui. Je soupire. Demain sera sans doute un autre jour pour moi.