La mention du Jour des Héros était une façon de remuer le couteau dans la plaie pour Erik. S'il ne regrettait pas nécessairement ses actions, qui servaient sa cause en démontrant sa force, il savait à l'intérieur que cet "excès" avait été provoqué par son instabilité et manqué de coûter cher à tout Genosha. Aussi ne s'agissait-il pas vraiment d'un souvenir heureux, même s'il faisait croire l'inverse.
Bien entendu, aussi, les réactions furent diverses. Il y avait ceux qui croyaient le gouvernement et les médias, il y avait ceux qui le portaient en héros, et ceux qui ne savaient pas sur quel pied danser. Mais contrairement à sa jeune recrue, Erik n'avait pas de mépris pour Mitch et sa bande. Non, il les prenait plutôt en pitié. Prisonniers d'un système qui les exclut et leur fait croire que c'est mieux ainsi.
"Vous êtes les bienvenus", répondit-il aux enthousiastes, "Nous avons besoins de tous les talents."
Pendant qu'ils récupéraient leurs affaires sous les regards effarés de ceux qui restaient derrière, toutefois, il s'adressa à Mitch.
"Les humains pensent que nous sommes des monstres, des aberrations. Au mieux ils nous tolèrent. Au pire ils nous chassent. C'est un fait inaltérable. Si un jour vous en avez assez. Si un jour vous vous sentez prêts à vivre plus qu'à survivre, venez au port. Nous vous accueillerons à bras ouverts."
Il ne s'attendait pas à une réponse ni à convaincre qui que ce soit de plus. Les humains se chargeraient de ça pour lui. Leurs persécutions ne cesseraient pas demain, ni le jour d'après. Mais il leur laissait une porte ouverte, un espoir. Qui sait, peut-être plus tard saisiront-ils cette chance ?
Le mutant remit son chapeau pour se diriger vers la sortie, accompagné des trois volontaires qui le suivaient. Il ne s'agissait pas de parler de Genosha à ceux qui ne le rejoignaient pas. Cela, il le gardait pour dehors, pendant qu'ils marcheraient dans les rues. Espérons qu'ils n'avaient pas peur de se mouiller, car la pluie n'avait pas cessé.
Erik sortit son parapluie pour s'abriter, veillant à ce que les jeunes gens le suivent. Les petits parcs étaient légion dans les parages, et peu de gens sortaient par ce temps, aussi fut-il simple de trouver un abri tranquille à l'écart des oreilles indiscrètes. Il s'agissait d'un petit coin de verdure au croisement de deux avenues, qui avait notamment quelques bancs abrités sous un toit supporté seulement par quelques poteaux. Ils étaient seuls sur place, mais Erik observa malgré tout les alentours pour s'assurer qu'ils n'étaient ni suivis, ni espionnés.
"Je n'ai pas besoin de vous expliquer la façon dont les humains traitent les mutants, je pense que vous en avez bien conscience. Sachez que ça ne date pas d'hier, malheureusement. Le temps passant, j'ai fini par comprendre que croire que les humains changeront est une utopie. J'ai donc décidé de prendre les choses en main.
J'ai fondé un pays, sur une île à l'abri des radars, des satellites et des espions. Un pays où les mutants se rassemblent et construisent ensemble leur avenir. Là-bas, on n'a pas à se contenter des miettes que l'on nous donne. C'est le mérite qui prime, chacun participe à sa façon. Certains s'occupent de l'île, d'autres construisent, d'autres se battent pour la protéger.
Cette île, nous l'avons baptisée Genosha. Tous les mutants y sont les bienvenus. Bien sûr, je sais à quel point il est difficile de quitter sa famille, c'est pourquoi j'accepte les proches également, même s'ils sont humains. À condition bien sûr qu'ils participent activement à la communauté et qu'il respectent les mutants.
Quant à ceux d'entre nous qui veulent se battre, que ce soit pour protéger Genosha, pour sauver les mutants ou traquer ceux qui cherchent à nous détruire, il y a la Confrérie des Mutants. C'est pour ainsi dire notre armée, et si elle ne rivalise pas en nombre avec celles des humains, elle n'ont rien à envier à leur puissance."
Erik marqua la fin de son discours avec un sourire de fierté qu'il ne chercha pas à masquer. La Confrérie comme Genosha était une vraie fierté pour lui, ils étaient le fer de lance de ses plans pour l'avenir des mutants. Et il était fier d'avoir rassemblé de telles forces pour l'aider à ses objectifs.
Erik nous souhaite la bienvenue, puis s'adresse à Mitch pour une dernière proposition. Il lui offre la possibilité de le rejoindre plus tard, malgré son caractère de merde. Il est plus patient et tolérant que moi. Si Mitch ne veut pas saisir cette opportunité, tant pis pour lui. Qu'il reste dans son petit quotidien moisi. Moi je pars à l'aventure.
Katia et Jimmy partent avec moi, et j'en suis ravie. Je suis pas du genre ultra sociable à être entourée de dizaines de potes. Je n'ai que quelques rares amis, et ils en font tous deux partie. Je nous imagine déjà former un trio de choc, à combattre l'injustice et l'imbécilité humaine. Je quitte le repère du "groupe de défense des droits mutants" sans le moindre regret.
A l'extérieur il pleut à verse, mais ça ne me dérange pas le moins du monde. J'ai toujours aimé la pluie. Erik nous amène dans un petit parc, au niveau d'un banc abrité. Je ne m'assois pas, je suis trop excitée pour ça. J'ai bien trop hâte d'entendre ce qu'il va nous proposer. Jimmy, comme Erik, observe les alentours, mais avec son petit truc en plus qui lui permet de voir à travers la matière. Après quelques instants à regarder autour de lui avec ses yeux blancs, il nous annonça simplement qu'on est tranquille pour discuter.
On écoute donc Erik avec la plus grande attention et quelques grimaces quand il parle de l'oppression humaine sur les mutants. J'ai pour ma part des étoiles dans les yeux quand il évoque une île cachée, un petit paradis pour les mutants. Quand arrive le sujet des familles respectueuses des mutants, Katia réagit en pouffant amèrement et en répliquant avec un sourire sans joie :
« Mes vieux m'ont foutu à la porte quand ils ont compris que j'étais une mutante. »
Je lui adresse un regard de soutien, même si moi j'ai la chance d'avoir une mère compréhensive. C'est dingue que ce genre de choses arrive encore, alors que l'existence des mutants est connue depuis des années et qu'il y a des mutants partout maintenant. Erik a raison, les humains sont trop cons pour nous accepter. Y'a qu'à voir ce qu'ont fait ces enfoirés d'Héritiers.
Erik nous parle aussi d'une armée, la "Confrérie des Mutants" - putain le nom claque ! - qui s'occupe à la fois de protéger les mutants et de traquer les humains qui cherchent à nous détruire. Je trouve l'idée excellente. Dangereuse, pour sûr, mais c'est exactement ce que je recherche. Mais y'a quand même un truc qui me gêne dans sa vision des choses, et comme je suis pas du genre à me taire quand quelque chose me dérange, je lui réponds :
« Franchement, votre histoire d'île mystérieuse pour les mutants, ça vend du rêve. Mais y'a quand même un truc qui m'dérange. Je vous l'ai dit, je suis fière de ce que je suis, et je ne m'en cache pas. Or votre projet, ça m'a tout l'air d'être du style "Pour vivre heureux vivons cachés", et je ne veux pas avoir à me cacher pour être libre. Pour moi c'est deux notions qui ne vont pas ensemble. »
Jimmy, quant à lui, s'est assis sur le banc et écoute la conversation sans rien dire, toujours avec son petit sourire aux lèvres. C'est pas toujours évident de savoir ce qu'il pense, mais quand il aura quelque chose de pertinent à ajouter, je suis sûre qu'il le dira.
Le pouvoir de ce James était sans aucun doute très utile. Il ferait un excellent éclaireur pour la Confrérie s’il décidait de s’engager, Erik se nota cette information dans un coin de la tête avant d’entamer son petit discours. Lorsque celle du trio dont il ignorait encore le nom fit remarquer l’attitude de sa famille, il ne montra même pas un signe de surprise. C’était bien trop courant. Hélas.
Puis vint le moment des questions. Le plus souvent, on l’interrogeait sur la véracité d’un tel endroit, parfois sur comment s’y rendre sans risque d’être pris, certains même en demandant comment cet endroit pouvait rester caché. Mais c’était la première fois qu’on questionnait sa raison d’être de façon si… pertinente.
Il était vrai que son discours et l’existence cachée de Genosha pouvaient sembler en opposition. Pourtant, c’était loin d’être le cas, mais les plans à long terme de ce genre échappaient sans doute à des jeunes gens comme eux. Erik émit un rire, avant de planter son regard droit dans celui de Lily.
"Ai-je l’air de me cacher, Lily ? Plusieurs fois déjà j’ai déclaré notre guerre d’indépendance. Plusieurs fois, la Confrérie est intervenue pour sauver les mutants. Nous agissons à visage découvert. Mais bien sûr, les humains changent l’information qu’ils veulent bien nous transmettre, à nous, les mutants. De sauveteurs, nous devenons terroristes. Et le tour est joué. Et pourtant, lorsque nous sommes absents… les mutants meurent."
Erik marqua un temps, afin que chacun comprenne qu’il faisait référence aux Héritiers. Il avait soutenu les nouvelles incessantes qui lui étaient parvenus. Tant de mutants étaient morts dans la terreur, tandis que des humains certains de leur supériorité les avaient assassinés sans le moindre remord.
"Genosha n’est pas un rêve féérique où les mutants vivent en paix dans un monde caché. Pour autant, nous ne sommes pas stupides : si les humains savaient où nous sommes, il nous assailliraient sans relâche.
Alors oui, aujourd’hui, nous sommes cachés. Nous œuvrons dans l’ombre. Nous renforçons nos rangs. Jusqu’à ce que nous soyons assez forts pour renverser la balance. Alors, nous nous révèlerons. Lorsque les humains se trouveront devant une nation mutante, ils seront impuissants."
Erik n'a pas l'air de mal prendre le fait que je remette en cause la cohérence de son projet. Il en rit, même. Je vois pas tellement en quoi c'est drôle. Si l'idée c'est de se planquer et de conspirer dans notre coin, ça ne m'intéresse pas. Je veux pouvoir faire avancer la cause mutante, pas me lancer dans un nouveau groupe qui ne se bougera pas par crainte des représailles. Mais Erik me rassure rapidement sur ses intentions. Il ne compte pas se cacher, mais le secret de l'île permet de protéger les mutants qui y vivent. Vu comme ça, c'est pas déconnant.
« En gros, si je comprends bien, Genosha c'est votre QG. »
Je n'avais jamais entendu parler de sa Confrérie avant qu'il se pointe dans notre salle de réunion pour nous la présenter. Je n'avais jamais entendu parler de lui non plus, si ce n'est comme « le type qui avait nargué les Avengers pendant le Jour des Héros ». Mais je veux bien le croire quand il parle de la manipulation des médias et des humains pour faire passer les mutants pour les méchants de l'histoire. Je veux bien croire qu'il se bouge vraiment pour sauver des mutants. Il a l'air d'avoir les épaules pour, contrairement à Mitch.
Il fait aussi allusion aux attentats des Héritiers, et s'ensuit un silence lourd de sens. Ça nous a tous profondément marqués, bien sûr. Si je veux m'engager plus activement pour la défense de la cause mutante, c'est aussi pour éviter que ce genre d'horreur ne se reproduise. Erik ne cache pas ses ambitions, il veut fonder une nation mutante, qui sera nécessairement supérieure à celles des humains. L'idée me plaît beaucoup. Il est grand temps que les humains nous considèrent mieux, à minima qu'ils nous foutent la paix, dans l'idéal qu'ils comprennent et reconnaissent notre supériorité sur eux.
« Je suis prête à me battre pour la cause mutante. Je vous suivrai, Erik. - Moi aussi. »
J'adresse un grand sourire à Katia et vais même jusqu'à lui taper dans la main avec enthousiasme. Puis on se tourne toutes les deux vers Jimmy, qui est toujours assis sur son banc. Il hausse les sourcils d'un air faussement naïf, comme s'il ne comprenait pas ce qu'on attendait de lui, puis il prend enfin la parole.
« Alors... Sans vouloir briser votre enthousiasme les filles, je dirais que cela mérite réflexion, et surtout préparation. Je ne peux pas tout plaquer sur un coup de tête et partir vers l'inconnu, il faut que j'en discute avec ma famille, que je m'organise vis-à-vis du boulot... »
Oh putain oui, le boulot ! J'adore mon boulot, ça me fait chier de le perdre. Mais bon, en même temps... une armée mutante, quoi ! Bah, j'aurais qu'à leur dire que je pars faire un tour du monde, ils me savent assez impulsive et aventurière pour gober ça. Ma mère aussi, d'ailleurs. Hors de question que je l'embarque dans cette histoire. Mais en tout cas Jimmy a raison (pour changer...), on ne peut pas partir comme ça sans rien dire à personne, on risquerait d'inquiéter les autres et d'attirer l'attention.
« Et merde, t'as raison... Ehm, c'est possible d'avoir un petit délai, genre quelques jours, histoire de préparer le voyage ? Je parlerai pas de Genosha ou de la Confrérie à mes proches, mais je peux pas disparaître comme ça, ce serait pas sympa pour eux, et puis ce serait louche. »
L'enthousiasme des jeunes femmes était plaisant à entendre, mais l'aspect plus terre-à-terre de James l'était tout autant. Erik avait besoin de personnes motivées et prêtes à faire des sacrifices pour les mutants, mais il avait aussi besoin de têtes pensantes capable d'estimer les risques et de trouver la meilleure façon d'agir pour éviter les pertes. Après tout, même s'il savait qu'il ne pouvait pas éviter les victimes, Erik voulait autant que possible préserver la vie de ses Confréristes, qu'il considérait comme des membres de sa famille.
Erik décida que si James décidait de s'engager, il l'entrainerai personnellement pour qu'il devienne un des chefs de la Confrérie. Si toutefois il était fiable sur le long terme, bien sûr. Et dans tous les cas, il n'entendait pas séparer ses trois là : leur camaraderie était une force indéniable.
"Rassurez-vous", répondit-il à Lily, "Je ne pensais pas que viendriez immédiatement. Vous avez vos vies, sauf cas particulier, c'est rare que quelqu'un plaque tout pour venir sur Genosha. J'ai un bateau sur les quais, qui fait la navette jusqu'à Genosha. Il sera encore présent d'ici la fin de la semaine, et reviendra au 10 du mois prochain, pour repartir une semaine plus tard. Ça devrait vous laisser assez de temps, j'imagine. Qu'en dites-vous ?"
Franchement je n'ai qu'une envie, monter dans le bateau d'Erik et partir à l'aventure ! Mais je sais que ce n'est pas raisonnable. Je suis une adulte, j'ai des responsabilités… Avoir quelques jours de préparation est une bonne chose, comme ça ils auront le temps de trouver quelqu'un pour me remplacer au refuge, je pourrai préparer mes bagages et dire au revoir à ma mère, je pourrai partir sereinement… Et je veux aussi pouvoir partir avec mes deux amis, vu qu'ils font partie des rares personnes que je peux appeler ainsi.
« Vous nous laissez quelques instants pour qu'on en discute entre nous ? »
La discussion est surtout pour définir à quel moment on va embarquer, vu qu'on a déjà tous les trois décidé de partir. Jimmy emmènera peut-être des membres de sa famille, selon ce qu'ils lui diront. Si ça lui fait plaisir, personnellement je m'en fous. Ma mère ne viendra pas, elle serait complètement paumée dans un cadre pareil. Elle ne saura même pas où je pars réellement, ni pourquoi. Et Katia n'a plus de famille, donc pas de problème. Bref, on prend le temps de se mettre d'accord, ce qui est assez rapide, puis on revient vers Erik en souriant.
« On viendra pour l'embarquement du 17 décembre. »
Ma mère sera sûrement triste de voir son dernier enfant partir, surtout aussi peu de temps avant noël, mais elle s'en remettra. Sinon, elle pourra toujours repartir dans le Texas pour se rapprocher de ses autres enfants. Je m'inquiète pas pour elle, c'est une femme forte.
On prend le temps d'écouter Erik pour savoir comment reconnaître le bateau - en l'occurrence via un fanion au dessin étrange et abstrait que je ne comprends pas mais qu'on comprendra peut-être plus tard - puis on quitte le parc avant de se séparer, chacun reprenant le chemin de sa maison avec de nouveaux rêves d'aventure plein la tête… Comme le temps va me sembler long jusqu'au 17 décembre !
CODE BY ÐVÆLING // arrangé par Sholarimas
HRP:
Et c'est une fin de RP pour moi ! Je te laisse conclure (ou signaler le RP terminé si cette fin te convient) puis me dire comment on gère la suite. De mon côté, je vais aller demander le changement de groupe pour passer Confrériste
Erik laissa volontiers de l'air aux jeunes gens pour qu'ils discutent entre eux. Il n'y avait pas de doute dans leur attitude, plutôt de la résolution. Trois nouveaux habitants de Genosha à venir. C'était encourageant. À chaque nouvel arrivant, le mutant s'approchait de son objectif. Avec les quelques nouveaux qu'il avait pu recruter dans la semaine, il se dit qu'il avait eu une période faste, même si elle était sûrement due aux actions des Héritiers. Il songea d'ailleurs qu'une expédition punitive allait être de mise pour ces derniers.
Lily revint lui donner la date de leur embarquement, auquel Erik acquiesça. Après quoi, ils se quittèrent le sourire aux lèvres. En revenant vers le bateau, Erik remarqua que la pluie avait cessé et secoua vigoureusement son parapluie trempé. En marchant vers son navire, il songeait déjà à l'entraînement qui allait être nécessaire pour ces jeunes recrues. Il se souvint de l'étrange salle dans laquelle Charles l'avait fait se défoulé en septembre. Les X-Mens avaient désormais plus d'entraînement que sa Confrérie, il allait devoir renverser la balance s'il voulait pouvoir progresser dans son projet. Un projet qui ne tarderait pas à faire surface...
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