Il était encore tôt ce matin là. Mais comme chaque jour, j'étais déjà réveillé et préparé. Mes habitudes militaires me faisaient lever encore tôt. Une routine qui pouvait paraître idiote maintenant que je n'étais plus en caserne, mais cela me permettait ainsi de profiter largement de ma journée. J'avais petit déjeuner. Rien de bien spécial, des toasts, un café, un jus d'orange. De quoi démarrer sympathiquement la journée.
C'était fou comme les coïncidences quelque fois prêtaient à sourire. C'était encore le cas ce matin. Sitôt l'endroit propre et rangé, je pensais au Lazarus Center et mon entretien avec Jericho. Je savais que le coup de fil ne tarderait pas. Je me tenais prêt, d'autant plus que tout semblait calme ces temps-ci. Je me souvenais de notre conversation. Il me tardait maintenant de montrer mon engagement. Nous étions Mardi et le temps semblait clément même s'il commençait vraiment à faire froid. Je me disait que c'était l'hiver qui s'installait et que c'était sûrement le moment où il fallait se montrer le plus disponible. L'hiver n'était pas tendre à New York. Et les pauvres gens qui devaient dormir dehors devaient trouver souvent des abris plus chaud. Les distributeurs de vivres chauds se faisaient plus nombreux en cette période. Je le croisais souvent.
Sitôt cette pensée allait s'évanouir que mon portable sonnait. Cela me sortait de ma torpeur et je regardais qui appelait. Cela venait du Lazarus. Un sourire au lèvre, je répondais. Je n'avais attendu bien longtemps. Je me doutais que les bras supplémentaires étaient toujours les bienvenues. Mais il avait du en parler un peu aussi aux autres pour les préparer à ma venue. Ce n'était pas tous les jours qu'un Avengers donnait du temps dans un centre. Je savais toutefois que j'aurais droit à des remarques, bonnes ou mauvaises. Les Avengers n'étaient pas tous bien vu par la population. Ils s'accompagnaient souvent de destructions et de blessés collatéraux, que nous évitions toutefois tant que possible. Mais lors d'attaques, nous faisions ce que nous pouvions. Hélas, cela ne fonctionnait pas toujours.
Je devais me rendre au centre et on m'expliquerait le déroulement de ma journée. Je me demandais bien ce que je devrais faire. Ce n'était pas les tâches qui manquaient, mais ma curiosité était normale. Je prenais donc une veste chaude, un bonnet et des gants. Je me couvrais au cas où nous devrions subir le froid mordant. Les livraisons par exemple, ou les distributions de vivres... Il fallait se couvrir. Et même si je restait au chaud, et bien j'avais ce qu'il fallait. Je poserais mes affaires et partirais à l'attaque de la nouvelle tâche qui m'attendait.
Je ne mettais pas longtemps pour rejoindre le centre. Le trafic était plutôt fluide et je trouvais une place pour me garer pas très loin. Cela promettait une excellente journée. Je marchais quelques minutes et me présentais tout comme la première fois :
- Bonjour, moi c'est Sam, j'ai reçu un coup de fil et je dois vous aider aujourd'hui. Est-ce que Jericho est là ?
Je ne connaissais encore personne vraiment, à part l'homme qui m'avait reçu, de vue et Jericho, avec qui j'avais parlé. Mais je ne doutais pas qu'on me présenterait sûrement. J'imaginais déjà les réactions. Mais avec le temps, elles s'effaceraient et on me verrait alors comme un gars ordinaire, donnant de son temps comme n'importe quel bénévole du centre.
Un bâillement s'échappe de ta bouche. Tu devrais être plus vigilant lorsque tu conduis la camionnette du centre d'aide. De plus, dois-je te rappeler que tu vas être en retard lors de ton travail ? Ce n'est vraiment pas sérieux de ta part… Tu es là à conduire d'une manière nonchalante sur la route en écoutant ton groupe de reggae préféré. Il faut croire que ce n'est pas la peine de te presser. S'il faut te rafraîchir la mémoire, permet-moi de le faire encore une fois. Tu as demandé à l'accueil de contacter Sam Wilson pour qu'il prenne ses marques lors de son premier jour. Tu pourrais me dire ce qu'il va penser de toi en voyant le gérant du lazarus center arriver à la bourre ? Tu me feras donc le plaisir d'arrêter avec cet air détaché et d'appuyer un peu plus sur le champignon. Lors de votre premier entretien il avait l'air d'avoir un avis positif envers toi. Alors, ne va pas tout gâcher en lui montrant ton aspect le plus paresseux.
« And left them all out ! And left them all out ! »
Crois-moi sur parole, j'aimerais sincèrement te laisser de côté et ne plus subir ta nonchalance, mais je suis relié à toi. Ce n'est pas en augmentant le volume que tu vas réussir à ne plus m'entendre ! Après ce moment de gène et de calvaire tu finis par arriver au Lazarus center et à te garer. Tu t'étais habillé chaudement pour ce qui allait arriver. En effet, à l'intérieur de cette camionnette il y avait des repas à faire réchauffer et des couvertures. De la livraison en perspective. Tu sors du véhicule en soufflant sur tes mains afin de tenter de les réchauffer comme tu le pouvais et tu rentres finalement dans le centre. Il était là et il est arrivé avant toi. Quelle surprise me diras-tu ! Il y en a certains qui se lèvent de bonne heure contrairement à d'autres. L'avengers semblait te chercher par ailleurs et c'est avec un sourire satisfait que tu viens à sa rencontre. Tu lui tends alors une nouvelle main amicale et c'est en te raclant légèrement la gorge que tu viens t'annoncer.
« Monsieur Wilson ! Merci d’être venu. Vous êtes prêt à monter en scelle dans le quotidien du Lazarus Center ? »
Oh il n'y en a pas à s'en faire je pense. Il t'a prouvé sa détermination lors de votre échange précédent. Cependant, les paroles sont une chose et les actes en sont une autre. Il va avoir l'occasion de mettre la main à la patte. Etant donné que nous étions le matin il n'y avait pas foule dans le centre et mise à part la chargée de l'accueil il semblait que même le Lazarus Center s'éveillait en même temps que New-York. Plutôt cocasse pour la ville qui ne dort jamais. La porte d'entrée s'ouvre à nouveau et les derniers bénévoles qui devaient venir font leurs entrées. James, Angelo, Tiphaine et Lance te salut chacun à leur tour. Certains d'entre eux dévisage le faucon en étant toujours surpris de la nouvelle recrue et d'autre comme Lance et Tiphaine lui lancent un sourire accueillant. Ma foi, les réactions sont plutôt mitigées. Il va pourtant falloir qu'ils travaillent en équipe et avec le faucon. Voyons voir comment les choses vont se dérouler.
« Merci d'être venu en renfort ! Nous allons avoir du pain sur la planche aujourd'hui. Par ailleurs, je vous présente Sam Wilson. C'est son premier jour ici »
Il était naturel que tu présentes le faucon au reste de la bande du jour. Malgré que tous ici le connaissent il faut qu'il se sente accueilli et intégré un minimum. Donc, voici venir le jour où le super-héros qui a sauvé l'humanité entière devient un simple bénévole d'un centre d'aide, un héros du quotidien en quelque sorte.
J'étais visiblement le premier, mais comme la circulation avait été très fluide pour moi, il n'en était sûrement pas de même pour tous. Certains devaient même prendre les transports en commun. Tous n'avaient sûrement pas les moyens de traverser la ville en voiture. Mais à cette heure de la journée, il était plus facile de circuler. Les fumées des pots d'échappement démontrant que le froid s'installait sur la ville. Il faisait froid, de plus en plus froid.
On me proposait un café. J'acceptait volontiers. Je pensais déjà à cette première journée qui m'attendait. Je n'avais pas peur de me salir les mains et porter des charges. Je savais faire pas mal de choses et je pouvais même cuisiner, si cela pouvait aider.
Une voix calme et déjà familière m'accueillait. Je me tournais, avec ma tasse déjà bien entamée. Je la vidais rapidement et la reposais sur le bureau en remerciant la personne qui me l'avait offert. Je marchais à sa rencontre et lui serrait la main.
- Ravi d'être là aussi... Ouais, je pense qu'on ne va pas s'ennuyer.
La porte s'ouvre de nouveau et d'autres personnes arrivent. Je comprend que ce sont mes futurs coéquipiers de la journée. Jericho les saluent et en profite qu'on soit tous dans la même pièce pour me présenter. Les réactions étaient diverses, comme je m'en étais douté. Mais ce n'était pas le plus important ici. Je pensais que cela passerait vite quand ils verraient que je sais m'impliquer. Je ne pouvais pas plaire à tout le monde après tout. Je serrais la main de tous et j'attendais maintenant le programme de la journée. Je ne doutais pas qu'il y aurait une foule de choses à faire.
Mince. Voilà une réaction à laquelle tu ne pouvais que t'attendre. Certains bénévoles étaient méfiant vis-à-vis de Sam Wilson. Pourtant, tu avais fait un briefing envers toute l'équipe. Rien n'y faisait. Certains avaient des regards étranges envers lui, d'autres étaient plus souples. Il allait falloir gérer cela d'une manière peu orthodoxe. Tu les comprends d'une certaine manière. Ce n'était pas tous les jours qu'ils avaient affaire avec un Avengers. En revanche, le faucon était un héros qui à tes yeux n'hésitait pas à donner de sa personne et cela il allait falloir qu'ils le comprennent ! Tu ne fais pas entrer n'importe qui au sein du Lazarus center et tu ne voulais pas non plus les mettre en difficulté. De toute façon, il était clair que la présence du héros ailé allait attirer des débats interminables sur sa réelle vocation ici. Le tout était de mettre les choses aux claires avec ton équipe et aussi avec les habitués du centre de soin.
« Bon. Pour ceux qui auraient loupé le bilan de la dernière fois. Nous accueillons Sam Wilson. Certains d'entre vous le connaisses de réputation. Au Lazarus Center il s'agit d'un bénévole comme les autres alors j'attends de vous que vous soyez accueillants et disponible envers lui. Est-ce que c'est bon pour vous ? »
Tout le monde acquiesce de la tête d’une manière positive. Tu ne pouvais pas t’empêcher de soupirer légèrement. Chambouler le quotidien de chacun demandait un certain sens du devoir. Bon, il fallait voir les choses sous un autre angle. Une recrue de choix était entrée dans ce centre et il fallait en profiter. Lors de votre dernier entretien, le natif de la Louisiane espérait sincèrement faire ses preuves et il allait avoir l’occasion de prouver sa bonne volonté. Cependant, il va falloir que ce soit toi qui encadres tout cela pour faire en sorte que tout se passe comme prévu. Réfléchi bien à tes prochains propos mon frère. C’est à toi d’encadrer tout ce beau monde. Après tout, c’est toi qui avais choisi cette vie en parallèle de ta vocation envers les maîtres des arts mystiques. Tu n’avais jamais choisi cette vie de protecteur du monde mystique auparavant. C’est à toi de transformer l’essai et de prouver à tes collègues magiciens que le social avait une place parmi la protection de cet univers.
« Ce matin, nous allons distribuer des vivres et du réconfort aux gens de Hell's Kitchen et de Manhattan. Pour cela, j'ai tout prévu dans la camionnette de l'association. »
Les directives ont été données. Tout avait été prévu dans ton esprit et si tout se passait bien l'organisation de cette matinée allait permettre à beaucoup de personnes de manger à leurs faims. Les bénévoles t'écoutent avec attention et il allait falloir un peu de discipline pour que tout se goupille, selon le bon fonctionnement que tu avais prévu. Par ailleurs, il allait falloir que Wilson ne perde pas une miette de tes directives. Le mieux pour lui, s'était qu'il apprenne sur le tas. Cela devait être une sinécure pour lui, vu son passé d'ancien militaire. Suivre un briefing et acquiescer. C'était quelque chose qu'il avait sans doute l'habitude d'avoir. Libre à lui d'en poser un bilan avec les choses notables et les choses à changer. Dans tous les cas, tu comptais sur lui en tant que soutien. C'était un jour ordinaire pour toi, mais un jour d'apprentissage pour lui. Si jamais il avait des questions, il pourrait t'en poser autant qu'il voudra. Tu seras sans aucun doute à sa disposition.
« James, Lance et Sam vous venez avec moi. Nous allons faire la distribution. Quant à vous, Angelo et Tiphaine. Vous gérez l'accueil du Lazarus en mon absence. Avez-vous des questions ? »
Si le faucon avait des interrogations et bien c’était le moment de te les soumettre. De toute façon c’était clair dans ta tête. Il allait t’accompagner dans le quartier de Hell’s Kitchen pour la distribution. Lui qui souhaitait venir en aide aux autres d’une manière ou d’une autre c’était un moment propice pour se faire les dents par rapport à l’associatif.
On sentait bien un certain malaise chez certains et rien de plus normal. Ils se posaient la question de savoir ce que je faisais dans un endroit pareil. Je les comprenait, mais j'étais un homme avant tout, avec mes envies et mes aspirations. J'avais toujours fait ce qui me semblait juste et je ne comptais pas changer mes habitudes parce que ces gens pensaient que j'étais incapable de faire autre chose que me battre et détruire en défendant les plus faibles. C'était simplement une facette de moi que je laissais au placard lorsque je quittais le QG des Avengers pour redevenir ce mec normal qui voulait vivre une vie normal.
Pour les nouveaux, Jericho expliquait de nouveau ce que je faisais là. J'étais simplement Sam, un bénévole du centre qui faisait sa première journée. Un briefing ordinaire pour une journée ordinaire. J'allais faire en sorte de faire oublier à mes détracteurs que j'étais ce faucon qu'il connaissait et n'appréciait pas tous. Tout le monde paraissait d'accord avec sur le fait de devoir travailler avec moi, mais la pratique, je le savais, serait tout autre. Et pour s'en assurer, Jericho allait devoir garder un œil sur moi. C'était regrettable, mais il pensait ainsi que mon intégration se passerait sans heurts.
Nous allions être divisés, deux personnes restant au centre pour gérer en l'absence de Jericho et je suivais le reste du groupe. Nous prendrions le van pour nous rendre à Hell's Kitchen. Je connaissais cet endroit. Tout le monde à New York le connaissait. Les instructions étant claires, je n'avais pas de questions particulières, du moins pas encore. Je comprenais qu'il voulait que tout se passe bien et prenait donc le commandement des opérations pour Hell's Kitchen. Le but serait de donner du réconfort et de distribuer de la nourriture à des gens qui n'en avait pas ou peu à l'approche de l'hiver mordant qui nous attendait. Le froid était déjà là et il y aurait donc du pain sur le planche.
J'imaginais que le fait de voir un Avengers dans les parages serait un réconfort de plus pour certains de ces gens qui en manquait cruellement. Autant que cette notoriété soit utile. Mes paroles pourraient aussi les soulager. J'étais d'ailleurs plutôt fort à ce jeu là. Je savais généralement trouver les mots qui touchaient les gens. Alors autant se servir de ce pouvoir pour les conforter. Et puis, de voir que j'étais capable de donner de mon temps peur eux pouvait aussi les réconforter, se disant que je n'étais pas là seulement pour me montrer, dans mon beau costume de faucon sans même leur porter la moindre attention, alors qu'ils l'auraient souhaité. C'était ma manière de redescendre sur Terre et de partager avec ces gens qui n'avait plus rien. Une simple parole, un bon repas, des vêtements chauds et des couvertures ne suffisaient pas toujours.
Comme tout le monde j'acquiesçais sans dire un mot. Je ne voyais pas de raison de pose de questions quand les instructions étaient aussi claire. Je voulais juste passer une bonne journée à aider, me concentrant sur la tâche à accomplir. Il était donc temps de prendre la route et de voir de quoi cette journée serait faites.
Bon… Eh bien personne ne sembla avoir de question ou des commentaires à faire et l'atmosphère se faisait légèrement pesante. Tu te retiens de soupirer et tu indiquas alors à Samuel, James et Lance de te suivre vers le van. Le briefing a été fait et il fallait maintenant passer à l'action. Des plats était à réchauffer et il y avait dans la cuisine du Lazarus un four qui permettait de faire cela. Chacun devait prendre sa barquette pour l'amener au point de chauffe. Sam n'avait qu'à suivre le rythme. Le silence était assez pesant. D'ordinaire, vous ne tardiez pas à parler de la pluie et du beau temps avec l'équipe. Là, il y a plus d'ambiance dans une chambre funéraire. Après quelques allers et retours entre la camionnette et la cuisine vous arrivez finalement à chauffer les derniers plats. La cuisson doit prendre un peu de temps et être mise sous aluminium pour éviter que les températures refroidissent la nourriture. Même si le plat pouvait tout autant se manger froid.
« Alors Lance… Tu dois être content de la victoire des Nets. »
« Ahah… Je ne te le fais pas dire ! Ça fait combien de temps que ton équipe n’a pas gagné face à nous ?! L’époque des Knicks de Patrick Erwing est bien derrière ! »
« Rappelle-moi de ne plus te poser ce genre question. »
Vous étiez là à attendre les derniers repas à chauffer et tu en avais profité pour lancer cet éternel sujet du basketball avec Lance. Vous parliez souvent de cela. Tu n'étais pas un assidu de la NBA, mais tu suivais de temps en temps avec plaisir. Cependant, le chambrage et les chamailleries bon enfant n'étaient jamais très loin. En effet, tu avais tendance à supporter les New-York Knicks et Lance était sous le charme des Brooklyn Net's. Deux équipes rivales de New-York et lorsque l'une perdait face à l'autre c'était l'occasion de se moquer gentiment de son adversaire. C'était aussi l'occasion pour toi de briser ce silence pesant d'une manière subtile et de détendre l'atmosphère. Il est à noter que la communication permettrait aussi d'intégrer l'Avengers dans l'équipe. Tu viens agripper les derniers plats sortis du four avec précaution afin de ne pas te bruler et tu te tournes légèrement vers le nouveau venu du Lazarus Center afin de le faire participer à la conversation.
« Et vous monsieur Wilson ? Vous suivez la NBA et le basketball en général ? Vous avez une équipe en particulier ? »
Si jamais il ne suivait pas la discipline sportive ce n'était pas bien grave en soit. Tu lui laisses le temps de répondre avant de faire un dernier retour vers la camionnette. Tout était prêt à être mis en place. Tu ouvras le coffre une dernière fois pour faire le calcul des couvertures et c'est d'un air rassurant que tu constatais que c'était bien le cas. Tu pris alors la direction du volant et toute l'équipe pouvait monter dans le fourgon pour partir en bonne et due forme. Il y avait une place libre à côté de toi et s'il le souhaitait Samuel pouvait s'y asseoir. Sinon, il pourrait toujours rejoindre le reste de l'équipe à l'arrière. Mettant la clef à nouveau sur le contact le moteur commença alors à ronfler. Tout était bon et les préparatifs étaient respectés. Il n'y avait plus qu'à prendre le chemin vers la misère de New-York et de Hell's Kitchen. James frissonna légèrement et plaça ses bras autour de lui comme pour se protéger ce froid mordant. En voyant cela, tu augmentes le chauffage du véhicule.
« Il fait vraiment un froid à tuer un ours polaire. »
« C’est toi qui devrais plus t’habiller. Tu ne crois pas ? »
Lance c’était un peu plus détendu, mais James ne t’avait pas répondu. Des deux lascars, c’était celui qui semblait le moins apprécier la présence du faucon. Tu espères vraiment qu’il ne va pas mettre la mauvaise ambiance durant cette matinée. Il faudra lui parler seul à seul pour encore une fois désamorcer les choses vis-à-vis de Wilson.
On ne pouvait pas dire que mes nouveaux camarades étaient bavards. Jericho tentais tant bien que mal de briser la glace. Je faisais ce qu'on me demandais, je trouvais mon rythme et je ne rechignais pas à la tâche. C'était agréable de faire autre chose que s'entraîner et se battre. Autant donner un peu de sa personne pour des chose bien plus utiles.
Le conversation s'orientait sur un domaine que je connaissais plutôt bien. Le sport, chez nous, les garçon était presque une religion. Et je suivais le basket autant que le baseball. Alors quand Jericho entamait le sujet, j'avais un sourire en coin parce que je savais qu'on allait me demander si je m'y intéressais.
Jericho tutoyais tout le monde. Mais il ne semblait pas encore oser le faire avec moi. Si je devais faire partie de l'équipe, il fallait se tutoyer, cela rendrait la chose moins solennelle.
- Alors c'est Sam, on va oublier monsieur Wilson, et puis, je pense qu'on peut essayer de se tutoyer. Si on est une équipe, c'est bien de commencer par ça. Et pour répondre à ta question, oui, je suis la NBA. Le baseball aussi. Mais en ce qui concerne les équipes de New York, Je vis à Brooklyn alors je pense que je vais faire des heureux apparemment, parce que je supporte les Nets et cette victoire est en effet la bienvenue... Désolé Jericho !
Je sentais l'air s'adoucir soudain. Le sport réunissait souvent les gens, alors peut-être que cela aiderait ici aussi. Et nous pouvions parler d'une chose qu'on avait en commun. Lance aurait un allié désormais parce qu'il semblait que Jericho suivait les Knicks. C'était aussi un bon moyen de se chambrer un peu sur les choix parfois douteux de ses amis et collègues. Rien ne changeait, déjà durant mes classes, le sport faisait parti des discussions animés et des paris douteux. Mais c'était la vie en communauté et le sport faisait parti du jeu.
Puis Jericho voulait continuer sur sa lancée pour parler du temps. Le froid mordant affectait tout le monde, mais cette année, il était arrivé bien vite et certains s'étaient fait avoir. J'avais pris de quoi me couvrir en sachant que les températures avaient terriblement baissées. Les blagues n'allaient pas tarder à fuser. Et oui, il fallait bien se couvrir. Mais de là à tuer un ours polaire !? C'était une drôle de métaphore.
Le jeune Wilson voulait s'intégrer et c'était pour cela qu'il t'avait demandé de l'appeler Sam et de le tutoyer. Il a raison. Si tu veux faire en sorte qu'il puisse s'intégrer convenablement au groupe alors il fallait oser la familiarité avec lui. Le fait qu'il t'avait affirmé qu'il supportait les Net's ne pouvait pas t'empêcher de te faire sourire. Ce sera du deux contre un pour les prochaines fois. Pour le moment vous aviez tous pris le van et vous étiez en train d'arpenter les rues de Hell's Kitchen. Lance se détendait et pouvait même discuter avec Sam s'il le fallait. Quant à James… C'était un peu plus compliqué. Finalement, vous arrivez devant une première personne qui semblait être dans le besoin. Un homme qui semblait être sans domicile fixe et qui faisait la manche vers une station de métro. Tu braquas ton véhicule pour trouver une place et tu fais alors ton plus beau créneau. Tu descends du véhicule en prenant un repas. Tu prends le temps d'observer si le reste de l'équipe suivait et tu t'approchas de l'homme qui était assis sur un tapis de fortune, qui possédait un bout de carton sur lequel il était marqué « I have no money, no place to sleep and no clothes. Please can you help ! ».
« Bonjour monsieur. Je suis du Lazarus Center et je me nomme Jericho. Je viens vous apporter un repas chaud et une couverture. »
« Le Lazarus Center vous dites ? Connais pas… Mais, j’apprécie l’geste ! »
« Je peux vous demander votre nom ? »
« Je m’appelle Walt. »
Tu lui offres alors un sourire en même temps que le repas. Tu ne sais pas si quelqu'un d'autre de l'équipe a pensé à prendre une couverture pour lui. Il y avait une manière bien spécifique d'aborder les hommes tel que lui. Il ne fallait pas trop être oppressant et être juste dans sa manière de communiquer. Il ne fallait pas trop être dans les lamentations pour que les personnes puissent rester dignes. Pour la plupart, les offres de nourritures et de réconforts étaient les bienvenues. Cependant, certains étaient moins réceptifs que d'autres et refusaient de la pitié d'un centre associatif et préféraient se débrouiller par leurs propres moyens. Ce n'était pas le cas du dénommé Walt qui prends la boite de nourriture chaude avec un remerciement. Enfin, ça c'était avant qu'il n'aperçoive le dénommé Falcon arriver vers lui. L'homme passe alors plus sur la défensive et devient un peu plus agressif. Tu ne pouvais pas t'empêcher de hausser un sourcil face à une telle réaction.
« Bordel, mais qu’est-ce qu’un Avengers fout ici ?! Vous travaillez avec ces types au Lazarus ?! »
« On se détend… Qu’est-ce qui vous arrivent tout à coup ? »
« J’avais un commerce à Manhattan figurez-vous. Les affaires marchaient moyennement bien, mais j’avais de quoi vivre ! Puis, le jour des héros est arrivé et mon magasin a été totalement détruit ! En à peine six mois j’ai tout perdu ! »
Voilà bien quelque chose que tu redoutais. Certaines personnes de la rue n’appréciaient pas les héros de notre époque et le faisait savoir. Les vengeurs étaient loin de faire l’unanimité et tu avais prévenu Sam à ce sujet. Tu ne pouvais pas t’empêcher d’avoir de la peine. Autant pour l’homme qui avait vu son commerce rasé que pour Sam qui devait sans cesse faire face à ce genre d’incivilité. C’est la voie qu’il a décidé de prendre, mon frère. C’est le fameux chemin de croix qu’il a décidé d’emprunter en rejoignant ton association à mi-temps et en prenant contact avec les gens de la foule. Tu ne pourras pas le protéger éternellement des critiques de la population et des gens comme ce sans domicile fixe. Il allait falloir qu’il ait les épaules solides s’il voulait se racheter auprès de la population. C’est ça quelque part qui fait l’étoffe d’un héros. Si le faucon se dégonflait face à la moindre critique, il ne pourrait sans doute plus espérer aider les gens dans le besoin.
« Alors, Falcon ! Vous avez quelqu'chose à dire face à ça ?! »
Tu te retournes vers le premier intéressé et tu lui laisses le soin d'entrer en contact avec l'homme. Tu étais perplexe vis-à-vis de la situation et si jamais les choses dégénéraient et bien tu t'en irais avec ton équipe. Tu n'as pas besoin que Sam se fasse plus remarquer qu'il ne l'a déjà. Soit patient Jericho et regarde le faire, tu pourrais être surpris.
La journée avait plutôt bien démarré. Je commençais à me sentir plus à l'aise avec tout le monde. J'arrivais même à discuter, à faire la conversation. Et même si je pouvais ressentir un peu de mépris venant de certains, pensant que je n'étais pas à ma place selon eux, cela allait. Je pouvais enfin me détendre un peu.
Arrivés sur Hell's Kitchen nous recherchions des gens à qui nos couvertures, nos repas et nos belles paroles pourraient aider. Jericho se stoppait soudain devant un homme, assis sur un lit de fortune, qui avait une pancarte en carton qui disait clairement dans quelle situation il était. Il prenait un repas et nous le suivions avec une bouteille d'eau et une couverture. J'étais le premier à vouloir lui venir en aide, mais Jericho faisait le premier pas. Il se présentait. L'homme ne semblait pas connaître le centre, mais peu importait. Jericho lui tendait le repas en lui demandant son nom. Son acolyte lui tendait la couverture. Il se présentait à son tour. Le ton de la conversation semblait neutre et l'homme semblait reconnaissant. Mais lorsque je montrais le bout de mon nez, le ton changeait et une scène que je redoutais s'engageait : "Bordel, mais qu’est-ce qu’un Avengers fout ici ?! Vous travaillez avec ces types au Lazarus ?!"
Jericho tentait de le calmer et demandait des explications. Evidemment le jour des héros avait laissé plus que des traces, il avait causé un véritable désastre et fait de nombreux blessés... et des sans abris aussi ! Et me voilà confronté à l'un d'eux. Alors que dire à ça ? Il avait tout perdu par notre faute. Et même si nous défendions la majorité de ces gens, certains perdaient tout. Je n'avais jamais été confronté directement à l'un d'eux auparavant. Mais aujourd'hui c'était le cas. Et il fallait assumer. Il attendait de moi des explications, mais ce que je voulais, c'était lui amener du réconfort et de la compassion plus que tout. Et je savais que Jericho m'attendait au tournant.
- Je suis sincèrement désolé. Je sais que mes paroles ne ramèneront pas ce que vous avez perdu... disais-je avec compassion. ... Croyez-le ou non, mais ce que je fais avec ces gens me permet justement de voir le mal fait. Je ne suis pas le responsable, mais j'en suis en partie la cause. Et je fais tout mon possible pour rattraper ces erreurs.
Je ressentais la détresse et la colère de cet homme. Mais j'œuvrais sur différents fronts pour que ces gens retrouve un semblant de vie.
- Sachez que ce n'est pas seulement de mon temps que je donne pour rendre à vous tous ce que vous avez perdu. Je prêche auprès du gouvernement, des institutions et des investisseurs pour qu'on vous aide aussi. Mais malheureusement ces choses là prennent du temps. Et à cause de ça, vous devez dormir dans la rue. Je suis conscient que c'est une goute d'eau dans l'océan, mais si tout le monde y met du sien, on peut changer ça.
Je ne tentais pas d'obtenir des excuses, mais de montrer ma détermination à corriger nos erreurs. Wanda était la cause de tout ce malheurs, mais elle n'était pas elle-même. Elle payait d'ailleurs pour ce qu'elle avait fait sous l'emprise de Willow, son double maléfique. Comment expliquer alors à ces gens que ce n'était pas notre faute alors que nous étions visiblement la cause de leur situation. Je n'étais pas le seul à donner de mon énergie pour venir en aide à ces gens, mais j'étais peut-être le seul à vraiment me montrer en face d'eux pour affronter leur jugement. Ils m'empêchaient de dormir la nuit. Je faisais encore aujourd'hui des cauchemars à cause de cette fameuse journée.
- Je sais que ma parole n'aura peut-être pas de valeur à vos yeux. Mais je fais tout ce que je peux pour que toutes les victimes des attentats soient rétribuées et qu'elle retrouve un semblant de vie.
Je m'étais fait porte parole pour que les habitations, les commerces et les rues reprennent leur aspect d'avant. En témoignage, les échafaudages, les grues et les hommes qui redonnaient vie lentement au quartier.
- Voyez devant vous, ces hommes qui reconstruisent ? Et bien voilà ce que j'essaye de faire pour vous aider, avec beaucoup d'autres des Avengers et des associés ainsi que des financeurs précieux. Nous tentons de vous rendre vos vies. Et je fais tout ce que je peux pour que cela vous soit rendu au plus vite.
Je ne savais pas si mes paroles avaient pu l'aider. Je savais qu'il nous en voulait, mais peut-être comprenait-il maintenant ma démarche. Seule ma présence n'avait aucun intérêt, aucune valeur, mais la preuve de ce que je faisais en coulisse, avec l'aide de tout le monde possible, permettait-il de prouver mon engagement. Montrer ma personne dans les rues était ma façon aussi de pouvoir leur donner une chance de s'exprimer, de pouvoir dire ce qu'ils avaient sur le cœur. Au moins, il avait une personne physique à qui exprimer leur mécontentement voir leur dégoût. Et c'était ma responsabilité de faire tout pour que ces gens puisse récupérer leur vie. Je faisais tout ce qu'il fallait pour cela.
Je sentais bien les regards autour de moi. Certains pensaient que je me serais défilé, défendu, que j'aurais nié, mais ils ne me connaissaient pas et ne pouvaient pas comprendre ma démarche pour vraiment aidé ces gens. Le temps que je donnais au Lazarus n'était qu'une infime partie du combat que je menais en coulisse pour ces gens.
Après réflexion, tu t'en voulais un peu de le laisser ainsi s'expliquer envers cet homme qui avait tout perdu. C'est son premier jour réel dans l'association et il doit déjà faire face à des reproches. Laisse-le faire, mon frère. Fais-lui un peu confiance sur sa manière de s'exprimer et ses méthodes et tu verras les qualités de Sam. Le faucon affirme qu'il prêche envers le gouvernement pour que toutes les victimes du jour des héros puissent retrouver un semblant de vie. Une bonne idée sur le papier, mais tu sais comme moi combien la politique et l'administratif pouvait ralentir le processus des choses plus qu'elle ne l'accélère. Cela se voyait que c'était un ancien soldat. Il jouait sur plusieurs fronts en même temps, mais est-ce qu'il est en train de mener des batailles dont il est difficile de gagner ? Probablement. Dans tous les cas, cela montrait qu'il avait du cœur. Malheureusement, pour lui, le dénommé Walt ne l'entendait pas de cette oreille. Forcément, il ne supportait sans doute pas d'entendre parler de gouvernement ou encore de politique.
« Oh vraiment ?! Alors, pourquoi les choses n'avancent pas pour nous ? Tout ce que vous faites n'est que de la poudre aux yeux ! »
Cela allait vraiment être compliqué… Aller dans le sujet des grandes instances n'était pas ce qui était le mieux au niveau de la population. Il allait falloir que Wilson trouve un autre angle s'il voulait réellement se faire comprendre. Tu allais commencer à intervenir, mais le natif de Louisiane enchaîna de plus belle. Laisse-lui le temps. Son esprit combattif ne l'a sans doute pas abandonné et il va continuer ce dialogue. Il prend l'exemple des grues et de la reconstruction locale qui pouvait se faire voir à quelques mètres de cela. Des bâtisseurs et des constructions qui ont pour but de faire en sorte que cette société prise à la gorge par un système « super-héroïque » puisse tout de même retomber sur ses pattes. Samuel souhaitait aussi reconstruire un monde plus juste pour des millions de personnes. Avec l'aide de financeurs et des associés. Pour le coup, l'homme qui le conspuait commençait à être pris au dépourvu et commençait à avoir les larmes qui montaient. Au final il s'agissait là de quelqu'un de malheureux et qui avait tout perdu.
« Je veux simplement retrouver ma vie d’avant… Je veux simplement être loin de ce genre de catastrophe. Pour moi et pour ma famille. »
C'est un triste constat qui se dessine à toi Jericho. En tant que maître des arts mystiques tu dois protéger ce monde spirituellement des menaces occultes et dimensionnel. Cependant, tu ne pouvais qu'observer cette misère qu'avait engendré l'apparition des super-pouvoirs et des héros de notre époque. Depuis la déclaration de Tony Stark en titre de Iron Man et même plus loin que cela, lors de la seconde guerre mondiale qui a vu apparaître un super soldat capable de retourner une bataille à lui seul. Le monde c'était enivré de super pouvoirs et de héros plus puissant les uns que les autres. Résultat, les dommages collatéraux ne pouvaient qu'être plus grands. Tu soupires face à toute cette tragédie et je pense que tu ne seras pas au bout de tes surprises aujourd'hui. Tu viens taper amicalement l'épaule de Wilson d'un air silencieux. Cela voulait dire qu'il avait bien parlé et qu'il pouvait être fier d'avoir désamorcé une situation aussi instable. Tu viens alors prendre le relai.
« C’est pour cela que nous mettrons tout en œuvre pour vous y aider. » Tu viens sortir une carte de ta poche pour donner au pauvre Walt « C’est le contact de Lazarus. Vous pourrez y trouver de l’aide au niveau administratif. Pour trouver un logement et aussi pour avoir une stabilité professionnel. Nous vous demandons simplement de nous faire confiance.»
Walt hésita un moment avant de prendre le contact. Un lien était finalement établi et c’était une bonne chose. Tu laisses un temps à Wilson de lui dire quelques derniers mots avant de tourner les talons en offrant au sans domicile fixe un dernier sourire. Il fallait avancer et ce n’était pas le seul homme de misère à trainer en ville à cette heure-ci.
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